Mon histoire - Patrice Cahuzac - E-Book

Mon histoire E-Book

Patrice Cahuzac

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Beschreibung

« Un jeune marin, me voyant, se mit à trembler, à devenir livide. Qu’avais-je donc dit et lui, que faisait-il ? Voilà l’effet que mon uniforme faisait. J’étais, comme lui, déplacé. Au bout d’une semaine, je fus conduit à l’infirmerie, déprimé, abattu, même mon ami psychologue ne me reconnaissait plus… »


À PROPOS DE L'AUTEUR


Patrice Cahuzac prend sa plume afin de partager avec les lecteurs les différents épisodes marquants de son existence qu’il appelle « ses sept vies ». Cette autobiographie intitulée Mon histoire vient s’ajouter aux divers ouvrages qu’il compte déjà à son actif.

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Seitenzahl: 107

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Patrice Cahuzac

Mon histoire

Roman

© Lys Bleu Éditions – Patrice Cahuzac

ISBN : 979-10-377-5296-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

07/01/2020

Introduction

La chance et moi

Pour être encore là à décrire mon passé, il faut de la chance pour arriver aux sixties four et même plus. Enfant, bercé par les musiques nouvelles, les révolutions ; et les scarabées chantaient (when i get old loosing my hair, many years from now, will you need me, will you love me, when i’m sixty four), j’y suis, même plus de cette limite de la jeunesse, que je chantais insouciant et pourtant, non loin des soixante-neuf, sportif, et heureux, je me dis que la chance est généreuse avec moi et je la remercie.

En effet, ce que je nomme la chance ce sont de bons choix dans des moments difficiles ou tout se joue, oui ou non, 0 ou 1, chers à notre époque, et à chaque bonne décision permet de continuer intact ; ces choix proposés drôlement tous les dix ans, tu arrêtes ou tu continues, une chance sur deux.

À seize ans au club Méditerranée, je fis par un jour de mer agitée, après la tempête, mon baptême de plongée à plus de quarante mètres de fond à Cadaqués, près de chez Dali. Comme un cheval fou, je descendis au fond, et l’eau troublée, abîmée me fit perdre les autres plongeurs ; devenu hippocampe je remontai en toute vitesse à la surface, personne dans le bateau, et je décidai de redescendre pour retrouver le groupe, sage décision, car j’avais, on me l’apprit, trois minutes pour que l’azote ne reste dans mes veines sans se diluer, je ne vous raconte pas les conséquences !

À vingt-six ans, je passais pour joyeux vers Rio et l’escale à Montevideo, un passager ayant feint l’amitié me demanda de passer un pot trop encombrant pour l’aider à la douane, ce que je fis. Mais plus tard, après coup, j’en ai froid dans le dos, je ne saurais jamais ce que contenait ce pot, mais à la lecture des journaux, je lus que peut-être ma vie se serait arrêtée là, en pleine entrée de mon paradis.

À trente-six ans, j’habitais, ingénieur, dans un quartier chic de Toulouse, place Saint-Georges, dans un immeuble vétuste du centre-ville, il y avait partout de grands rideaux, même dans ma chambre. À cette époque, je fumais, j’enfumais pour créer autre chose que des informations, des zéros et des uns, des volutes artistiques en quelque sorte, j’en emmenais même dans mon lit, un jour (la clope au bec), je m’assoupis dos tourné à la fenêtre, me retournant machinalement, je vis les papiers de la corbeille à papier près du lit brûler, là où j’avais fait tomber un mégot. En quelques instants, de mes couvertures, j’étouffais le feu prêt à prendre d’assaut les rideaux, puis l’immeuble et moi cerné par les flammes, entouré des rideaux embrasés à jamais, sans Saint-Georges sauveur.

À quarante-six ans, j’écumais Montpellier, et une belle effrontée me la fit traiter de sorcière, et malheureusement c’était vrai. Elle jeta son dévolu et sa magie sur un sergent allemand de la Légion étrangère, ils filaient le guilledou aux restaurants de la ville ; bras dessus, bras dessous ; un autre combat pour ce sergent détourné par passion, ensorcelé par elle ; un beau jour au café irlandais, autour d’une bière ; il a bien été accompagné.

Je n’aime pas moi traîner dans les bars où parlent les soi-disant hommes, je rentrai chez moi, et un peu plus tard je revins au bar d’Irlande. Ils étaient les trois toujours là, un peu plus éméchés, le sergent me demanda de sortir pour parler, « on t’a suivi, dit-il, tu t’es retourné, on s’est arrêté. » Il m’ordonna, lui en tenue de légionnaire, moi en Burberry, « retire les mots que tu as dits à ma femme ». Je répondis, regardant son œil droit, prêt à bondir, « je ne retire jamais ce que j’ai dit, ici ou sous terre ». Il ne savait que faire, lui l’apprenti tueur, « tu n’as pas de parole continua-t-il », et à moi de répondre « ma parole, je la garde, mort ou vif », et j’attendis. Il ne fit signe de réagir à ceci, et repartit boire une autre Guinness.

J’avais deux amis Richard 66 ans un aristo de Montlauzun, perdu à Montpellier, nous étions partenaires de Bridge, et Paul, un vieux monsieur parisien aux yeux bleus séducteurs, ancien des artistes de son époque, il avait 72 ans. Il avait fait de la danse, du billard à Clichy, et même du poker, était appelé le tueur, ayant éliminé tous les autres joueurs concurrents à vie de Montpellier, ruinés par ses soins. On se voyait tous les midis, des personnages hors du commun, un plaisir de se retrouver ensemble, loin des superficiels discours locaux, il dit écoutant mon histoire « tu dois te sentir fort après cela ». Moi, rien de tout cela pensais-je, et même il dit un jour à mes discours, il y a du Rimbaud en toi ; j’avoue, je préfère ! ce compliment a du Rambo.

À cinquante-six ans avec Polyanna, et Phellyppe, petit de six ans, nous allions un dimanche à une fête d’enfants, là où Polyanna habitait : Bonsucesso, une des favelas les plus dangereuses. Phellyppe dans sa poussette, moi, bien habillé, marchant sur le trottoir, à peine entré, quatre jeunes d’à peine seize ans, kalachnikov en bandoulière approchent ; je me mets en plein milieu de la rue pour les éviter, et j’avance sans écouter, ils auraient dit « sors de la route », je continue mon chemin, à cause de Phellyppe et de la poussette, rien n’arriva. Une scène semblable est arrivée, peu après, dans le journal ; il ne faut pas passer au milieu de la rue, c’est leur loi ; enfin un homme a répondu, il reçut une balle dans les pieds ; puis une dans la tête ; mais où passer ? Il vaut mieux se taire, quand la loi n’est pas de votre côté.

Enfin à soixante-six ans, je décidai de fuir Rio où, à coup sûr, les lois ne sont pas les mêmes, et sans argent, privé de sous gardés par la banque, sans droits pour mes enfants, et sans mon retour en tout, ou tiens, « ma carte bancaire passe ou non ? »

Pour dire que j’ai beaucoup de chance.

04/09/2020

Mes sept vies

D’entre chats !

Je pense avoir passé dans ma vie des épisodes différents, bien distincts, comme des vies séparées, mes sept vies !

1 La danse à Paris (1978-1981) ;

2 Ingénieur à Toulouse (1981-1986) ;

3 Dans la cave de mon père à Cachan (1996-1991) ; et mes voyages pour en sortir !

4 Bridgeurs à Pau avec Andréa (1991-1994) ;

5 Montpellier, danseur, bridgeur (1994-2000) ;

6 Rio De Janeiro avec Polyanna, père de famille (2000-2019) ;

7 Enfin, à partir de 2020, poète à Paris.

04/02/19

Il était ma vie

Tous se mettent à parler d’eux, alors pour mes fils Phellyppe et Henry, je m’y mets aussi.

Toute histoire tient à ses racines, qui lui donnent une couleur. Pour moi, c’est le bleu. Les histoires belles du passé ont forgé mon courage et m’ont donné une ligne de conduite, un lien à transmettre.

Mon grand-père paternel Antoine, petit-fils de garde-barrière, est passé du guichet à receveur interclasse des postes à Marseille, une honnêteté dans son travail, le premier arrivé avant les fonctionnaires, à l’ouverture du bureau. Il finit sa vie de chrétien à faire les comptes pour le secours catholique, et même la cote des films posés sur le portail de l’église Saint-Jean à Castelnaudary, un bonhomme comme diraient les cathares !

Ma grand-mère, une sainte aux dires des autres, était la fille de la mercière du faubourg. Son père, et elle en était fière, était gendarme. Il avait son chevalet, un bel uniforme, et un carnet des activités dues et tenues qu’elle conservait religieusement. Après beaucoup de boutons, le printemps arriva, l’amour a parlé et la belle Marguerite s’est mariée (si tu veux faire mon bonheur, Marguerite, si tu veux faire mon bonheur, Marguerite, donne-moi ton cœur). Antoine a été heureux, je crois, malgré la guerre de 14 ; il avait 25 ans au début, elle 23. À chaque permission, il faisait un enfant : Henriette, puis Pierre et Mimi, les enfants de la guerre. Plus tard, il y eut Paulette, et bien plus tard, un soir d’égard, une nuit de fête Michel.

Henriette avait 22 ans, Pierre, 19. Mon père tombait du ciel, entouré de bonheur, et de mères, ses grandes sœurs. Moi, j’ai été élevé comme lui avec ma sainte grand-mère Marguerite et Antoine, des enfants de la belle époque, des bals sur l’île de la Cybèle au grand bassin, en souvenir de la guerre et des tranchées. Il nous servait son humour guerrier un « l’eau bue éclate » suivit d’un grand éclat de rire dérisoire. La guerre, il l’avait en travers de la gorge, il avait la qualification de chef des liaisons téléphoniques avec le front, alors sachant que l’armistice allait être signée le lendemain, il laissa ses soldats au repos ce soir-là. Cette désobéissance lui coûta la croix de guerre, lui qui avait toujours donné l’exemple !

Une belle histoire, une belle évolution sociale, elle a donné pour mes cousins deux polytechniciens, deux pilotes de ligne, un directeur d’hôpital psychiatrique, un docteur sans frontières, un ministre, et moi-même, un peu à part, tombé du ciel un peu comme Jo Mich, Joseph devenu Michel, mon père ; une sorte de père, plutôt de frère, mon AMI.

Je suis né, il avait vingt ans à quelques jours près, il avait eu Hélène, 19 ans, en faisant la cueillette des cerises dans les champs au printemps à la récréation pas pour lui besoin de faire la révolution ! Une graine est tombée, plus tard Hélène est née, puis moi en cette époque du (baby-boom). Ma mère était belle, on l’appelait princesse. C’était une vraie Gauloise aux yeux bleus et aux cheveux blonds et on la courtisait. Lui, le malin, savait y faire, et Hélène est née, on dut faire appel à la permission présidentielle pour le marier, il avait à peine dix-huit ans ; et pour la fille du directeur de la banque Hervé et lui, le fils du receveur des postes, pas d’autre solution que le mariage, et voilà la famille formée en route, mais chez les Lepretre, la famille est très différente de chez les Cahuzac, et encore à cause d’une histoire d’amour, qui est plutôt du genre « enlèvement des Sabines » ; le grand-père, lui aussi monté à la force du poignet, originaire de la bourgeoisie de Bourges était parti d’en bas, du guichet, à la position de directeur de la banque Hervé. Il tomba éperdument amoureux d’Aimée, ma grand-mère. Elle vivait avec la grand-mère Charrette, sa mère, qui habitait Menetou Salon dans le Berry et qui vivait seule avec ses lapins. Son mari, le père d’Aimée, était mort au début de la guerre de 14 et Aimée n’a pas voulu que mon arrière-grand-mère se remarie. Elle a été élevée par elle seule, cette arrière-grand-mère travailleuse dès 14 ans tuait et déshabillait les lapins. Nous étions bien nous quatre, les petits-enfants, à Menetou durant les vacances ; on jouait, Hélène, Dominique, Jean Michel et moi, dans la grange, dans le foin ; près du lavoir, Jean Michel et Dominique sont les enfants de Jany, le frère de ma mère Janette.

Chez la grand-mère Charrette, on dormait beaucoup, on prenait des douches gelées tout nus ; on mangeait des gâteaux aux noisettes. Elle avait une médaille en or, une pension laissée à un bailleul, une Charrette, qui était de la dernière garde de Napoléon à Sainte-Hélène, je crois qu’Aimée l’a perdue. Elle nous apprenait dans les bois de Menetou à chercher les champignons et à nous défendre des aspics. Quand elle est partie, je fus très triste, comme si un monde de simplicité France profonde avait abandonné.