Physiologie du chapeau de soie et du chapeau de feutre E-Book

Ligaran

• Herausgeber: Ligaran
• Kategorie: Fachliteratur
• Sprache: Französisch
• Veröffentlichungsjahr: 2016

Seitenzahl: 23

Beschreibung

Extrait : "Il importe au chapelier intelligent et délicat d'avoir des appréciateurs éclairés rendant justice à son mérite et dont les rapports soient faciles et agréables. Par ces motifs, je tâcherai, dans cet opuscule, de faire comprendre aux consommateurs les règles qui doivent les guider dans leurs achats. Je passerai en revue toutes les exigences ainsi que les plaintes qui surviennent journellement dans la chapellerie".

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• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

Leseprobe

Le consommateur et le chapelier

Tout le monde sait à quelle anarchie l’industrie est livrée et tout le monde s’en plaint. Chacun est mécontent de son métier et personne n’est capable d’un effort pour l’améliorer, et surtout d’un effort profitable tout à la fois à soi, à ses confrères et aux consommateurs.

Entre toutes les industries malades, la Chapellerie est une des plus souffrantes : industrie de luxe, plus encore que de nécessité, elle subit toutes les fluctuations, tous les caprices, toutes les exigences du luxe, sans en avoir les profits. Il n’en est point pour qui le consommateur soit aussi exigeant, aussi impitoyable, parce qu’aucune n’influence aussi souverainement l’aspect de la physionomie. Pourtant, malgré cette importance, il n’est point de fournisseur à qui l’on donne aussi peu d’argent qu’à son chapelier. Il n’est pas de dépense à laquelle on regarde plus.

On trouve toujours que son chapeau est trop cher et qu’il ne dure jamais assez. Si l’on a été malade, si l’on a vieilli, si l’on se trouve laid, si l’on est malheureux en amour, on s’en prend à son chapeau : c’est lui qui coiffe mal. Si l’on reçoit une averse, si le chapeau a été broyé dans un spectacle, dans une foule, si l’on a été souvent en voiture, si on l’a plus porté, si l’on a plus fatigué avec que de coutume et qu’il n’ait pas résisté, on s’en prend au chapelier qu’on accuse de déloyauté, souvent bien a tort, car le consommateur exige presque toujours les choses dont plus tard il se plaint.

La cause de ces difficultés est dans l’ignorance du consommateur sur toute manutention chapelière, et dans le peu d’attention qu’il accorde aux observations de son chapelier. En tout marché, le vendeur est toujours soupçonné d’avoir un intérêt contraire à celui de l’acheteur, comme si l’intérêt véritable du vendeur n’était pas avant tout de contenter sa pratique pour le plus longtemps possible. Toute observation du premier est toujours mal interprétée par le second ; et le vendeur placé, pour un moment, entre la nécessité de plaire et la crainte de déplaire, consent à tout, promet tout ce qu’exige sa pratique, au risque de recevoir plus tard des reproches qu’il espère conjurer.

En toute chose, l’ignorance est un malheur, et sont coupables ceux qui l’exploitent.

Il importe donc au consommateur d’avoir quelques connaissances en chapellerie, surtout de celles qui sont à la portée de toutes les intelligences. Il importe donc de lui faire appliquer, en chapellerie, le même raisonnement qu’il apporte au jugement des choses les plus vulgaires.