Préhistoire, la grande Histoire - Stéphane Montal - E-Book

Préhistoire, la grande Histoire E-Book

Stéphane Montal

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Beschreibung

Toutes les grandes fresques dessinées de la Préhistoire, qu’elles soient de France ou de la péninsule Ibérique, racontent la même histoire. De plus, d’autres éléments plus isolés trouvés dans l’art mobilier ou sur une paroi rocheuse sont toujours sur le même thème. Et cela, voyez-vous, ça change tout ! Le dessin peut maintenant être déchiffré. Il s’agira dans un premier temps de déterminer la signification de concepts et d’éléments en commun présents dans les fresques ou dans des dessins plus isolés, par la suite le thème de cette grande histoire se dévoilera petit à petit. La difficulté est que suivant les régions ou les époques les animaux peuvent changer, avec eux certains concepts évoluent un peu différemment, mais cela n’altère en rien les thèmes et la structure de cette histoire qui restent plus ou moins toujours les mêmes.

D’autre part, je tiens à vous prévenir que la lecture de cet art est bien différente de tout ce que nous connaissons. Ces Hommes ont une manière de faire, une façon de s’exprimer avec leurs dessins, et la force qui en émane dépasse souvent notre mode de fonctionnement. Par ces nouveaux codes et cette lumineuse expression, l’aventure que je vous propose est bien plus qu’un simple déchiffrement, c’est un voyage, c’est un très grand voyage dans la Préhistoire ! Mais pour entrer dans ce nouveau monde ...

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Couverture

Page de titre

INTRODUCTION

La Préhistoire n’était pas pour moi un centre d’intérêt majeur. C’est tout simplement le hasard, ou appelez-le comme vous voulez, le destin, la fatalité qui allaient un jour me placer devant ces fantastiques dessins de la Préhistoire. Sans doute en avais-je déjà vu par le passé, mais à cette époque, mon regard et mon intuition n’étaient pas assez aiguisés, je n’étais tout simplement pas prêt. Cependant, la vie fit son œuvre et lorsque je me retrouvai de nouveau devant ces dessins, un fort ressenti vint en moi, l’impression que dans cet art se cachent une logique enfouie et un sens à déterminer. Cette sensation me suggérait peut-être la possibilité d’un déchiffrement, alors pourquoi ne pas tenter d’illuminer enfin cette grotte obscure ?

Ces dessins, évidemment, ne laissent personne indifférent. Cet art fascine et ils sont nombreux tous les chercheurs qui s’y sont intéressés. Ainsi beaucoup d’ouvrages avec leur lot d’hypothèses ont fleuri pendant plus d’un siècle. En faisant l’état des lieux des différentes théories avancées, c’est là que j’ai compris que je pouvais me lancer sans complexe dans des recherches sur la signification de ces dessins. Les chercheurs n’ont véritablement jamais eu la bonne démarche ni les bonnes méthodes dans ce domaine, puisqu’il n’y a pas vraiment la volonté d’un déchiffrement. Depuis le début, dans l’effort de compréhension de cet art, il ne règne que de l’arrogance, de la suffisance et un manque de rigueur totale. Je suis désolé de dire cela, mais les recherches menées sur la signification de ces dessins ne me laissent pas le choix, elles sont faibles et il est donc important de relever que la démarche des chercheurs n’a jamais été la bonne, sinon ils continueront dans leurs erreurs. Pourtant, j’ai du respect pour les préhistoriens qui, dans la plupart de leurs disciplines respectives, démontrent très souvent leurs compétences, leur rigueur ou même leur passion. Aussi, c’est dans cette démarche et ce professionnalisme qu’ils parviennent à de bons résultats. Et c’est là tout le paradoxe, parce que lorsque des chercheurs font face à l’art de la Préhistoire, ils oublient la rigueur, ces dessins semblent être pour eux comme un exutoire. On peut ainsi se lâcher, se défouler et proposer une hypothèse, plus besoin de rigueur, on est juste là pour jouer et avancer une théorie comme on lance une boule à la roulette d’un casino : on ne sait jamais, avec un peu de chance le numéro peut sortir.

Vous savez ce que je leur reproche ? Pas une seule fois, je n’ai ressenti chez eux cette humilité fondamentale pour aborder ces dessins. Elle pourrait se résumer en une phrase : « Je m’incline devant le génie de ces Hommes, devant leurs dessins, et devant ce savoir si puissant que je ne comprends pas, alors en toute humilité, avec rigueur et professionnalisme, je vais tenter d’entrer dans votre monde et de vous comprendre. »

Telle sera ma démarche. Je ne suis pas un scientifique et mes connaissances de la Préhistoire, avant que je ne m’attaque à l’étude des dessins, se résumaient à bien peu de choses, mais je savais que cela n’était en rien un handicap parce que dans ce genre de domaine, vous devez repartir de zéro, et toutes les connaissances scientifiques n’ont plus beaucoup de valeur. Et c’est vraiment ce point de vue que les grandes sommités de la Préhistoire ont du mal à admettre, par conséquent elles commettent l’erreur fatale, l’erreur de la vanité, de l’arrogance, celle que l’on retrouve toujours dans l’approche de cet art. Ces personnes sont tellement obnubilées par leur savoir qu’elles imposent leurs idées aux dessins et en oublient la chose essentielle : se concentrer et regarder afin de comprendre. On n’apporte pas l’art de la Préhistoire sur son propre terrain en imposant ses idées, c’est plutôt lui qui doit nous guider vers un monde inconnu où tout est à découvrir, à redéfinir.

Je ne possède pas de diplôme spécifique, je suis ce qu’on pourrait appeler un chercheur amateur en quête d’un objectif très précis et j’entends peut-être déjà des griffes s’affûter, celles de l’ensemble des grandes sommités de la Préhistoire qui se préparent à me renvoyer d’un coup de patte. Devant la science de ces dessins et de ces anciens Hommes, je le répète, vos diplômes et votre savoir moderne n’ont plus aucun sens, on ne peut plus se reposer sur un socle solide de connaissances. Nous sommes à la base, et c’est elle que nous devrons définir. Mais si tout de même certains tentaient de discuter mes résultats sur une vague histoire de diplôme, ils perdraient leur temps. Dans le grand art de la Préhistoire, je n’ai qu’un seul devoir, faire renaître au grand jour les dessins et la mémoire de ces anciens Hommes.

Probablement qu’un grand nombre d’entre vous se posent logiquement cette question : comment prouve-t-on avec les dessins de la Préhistoire ? Et comment être certain de leur signification ? C’est aussi d’ailleurs une des raisons pour laquelle les préhistoriens n’ont que très peu consacré leur temps à une véritable recherche dans le déchiffrement de cet art, parce qu’eux ils savent, enfin ils pensent savoir.

Pour eux, les interprétations sur la signification de ces dessins sont pratiquement vouées à l’échec, le but est juste de proposer une vague hypothèse, parce que de toute façon on a bien compris que le véritable sens ne pourra jamais être prouvé, alors on peut avancer quoi que ce soit, en fin de compte, on ne saura jamais. C’est un point de vue intéressant, mais qui oublie un facteur, le facteur ! Celui qui ne peut se découvrir qu’avec des recherches déjà bien avancées.

Toutes les grandes fresques dessinées de la Préhistoire, qu’elles soient de France ou de la péninsule Ibérique, racontent la même histoire. De plus, d’autres éléments plus isolés trouvés dans l’art mobilier ou sur une paroi rocheuse sont toujours sur le même thème. Et cela, voyez-vous, ça change tout ! Le dessin peut maintenant être déchiffré. Il s’agira dans un premier temps de déterminer la signification de concepts et d’éléments en commun présents dans les fresques ou dans des dessins plus isolés, par la suite le thème de cette grande histoire se dévoilera petit à petit. La difficulté est que suivant les régions ou les époques les animaux peuvent changer, avec eux certains concepts évoluent un peu différemment, mais cela n’altère en rien les thèmes et la structure de cette histoire qui restent plus ou moins toujours les mêmes.

D’autre part, je tiens à vous prévenir que la lecture de cet art est bien différente de tout ce que nous connaissons. Ces Hommes ont une manière de faire, une façon de s’exprimer avec leurs dessins, et la force qui en émane dépasse souvent notre mode de fonctionnement. Par ces nouveaux codes et cette lumineuse expression, l’aventure que je vous propose est bien plus qu’un simple déchiffrement, c’est un voyage, c’est un très grand voyage dans la Préhistoire ! Mais pour entrer dans ce nouveau monde et comprendre les dessins, il vous faudra un temps d’adaptation ou un apprentissage. Notre première approche consistera donc à une immersion dans la technique d’expression de ces Hommes. On y découvrira ses secrets, ses codes et ses concepts qui nous feront pénétrer petit à petit dans cet univers. Cependant, je tiens dès à présent à prévenir qu’il faut oublier tout ce que vous avez entendu auparavant sur ces Hommes, leurs dessins et cette vague idée que vous pourriez vous en faire, sinon vous risqueriez de tomber de haut, de très haut. Dès lors, ne soyez pas trop surpris si au début vous sentez que ces Hommes et leurs dessins vous surclassent, vous dépassent, c’est tout à fait normal ! Mais la grande force d’esprit qui se dégage de cet art ne doit pas pour autant vous décourager, il vous faudra juste un peu de temps pour assimiler un nouveau mode d’expression.

Avant de commencer notre grand voyage, je souhaiterais en premier lieu remercier les découvreurs des grottes, ceux que l’on appelle les inventeurs. Il faut parfois prendre des risques inconsidérés afin d’accéder à ces dessins, et sans eux nous n’aurions pas ces très grands témoignages de la Préhistoire. Par conséquent, je tiens à les saluer tout particulièrement. Je remercie aussi toutes les personnes qui ont participé à la conservation, et parfois à la reconstitution de dessins et de gravures que l’on retrouve dans l’art mobilier ou rupestre. Je remercie enfin toutes les professions en relation avec cet art, notamment tous ceux qui ont partagé ces dessins avec le plus grand nombre d’entre nous à partir de livres ou de sites Internet souvent très bien réalisés.

Dans ce livre, j’ai fait le choix de reproduire les dessins à l’aide d’un logiciel pour plusieurs raisons. La photographie d’ensemble d’une fresque ne nous retransmet pas véritablement une bonne visibilité et une parfaite approche des choses, parce que d’une part certains éléments altérés se perçoivent mal et il faut s’en approcher afin de mieux les définir, d’autre part certains détails ne se révèlent pas dans les aspérités de la paroi rocheuse entre ombre et lumière. De plus, ces fresques sont parfois tellement grandes qu’on a du mal avec une photographie à en définir les contours, le schéma et toute la vue de l’ensemble. De ce fait, avec un dessin sur une surface plane où je peux préciser tous les traits et mieux représenter le schéma de la fresque dans son ensemble, cela donnera plus de clarté et plus de force à mes explications. Je tiens à souligner que l’original de ces dessins sera totalement respecté, peut-être n’aurai-je pas parfaitement les traits de ces artistes de l’époque, mais je serai contraint de toute façon à une grande fidélité pour une raison simple : avec ces dessins, chaque détail a son importance. Notre préambule arrive à sa fin et il est temps maintenant de commencer notre immersion dans ce monde de la Préhistoire.

L’IMMERSION

Afin d’entrer dans ce monde, il faut tout d’abord ne rien lui imposer. Il s’agit de s’immerger, de sentir des odeurs, de capter des indices qui nous mettraient sur une voie, n’importe laquelle, même infime.

Je vais vous reproduire quatre dessins, situés en France, appartenant pour deux d’entre eux à la grotte du Pech Merle (Cabrerets, département du Lot), un à la grotte Chauvet (Vallon-Pont-d’Arc, département de l’Ardèche), et un dernier à la grotte de la Tête du Lion (Bidon, département de l’Ardèche). Ces dessins n’appartiennent pas à une grande fresque, ils sont plutôt isolés, mais ils dégagent tout de même certaines idées intéressantes. Dans cette première approche, il n’est pas question de définir un sens exact, il s’agit plus de percevoir un thème, un début de ressenti.

1. Reproduction d’après un dessin de la grotte du Pech Merle.

2. Reproduction d’après un dessin de la grotte du Pech Merle.

3. Reproduction d’après un dessin de la grotte Chauvet.

4. Reproduction d’après un dessin de la grotte de la Tête du Lion

Dans ces premiers dessins, il faut admettre que je n’ai pas été très rigoureux dans l’absolu avec tous les détails parce que pour le moment, cela n’est pas utile. Ce qui nous intéresse ici, c’est une première approche : que ressort-il de ces dessins ? Quelle impression ? Je vais vous dire ce qu’ils m’ont évoqué : une lumière ! Ces dessins font ressentir une luminosité, je ne sais véritablement dans un premier temps ni pourquoi ni comment, mais c’est dans cette direction qu’il faut aller chercher.

•Dans le dessin 4 de la grotte de la Tête du Lion, les points jaunes pourraient exprimer une certaine luminosité associée à un aurochs, comme si ce dernier créait lui-même cette lumière ou la recevait.

•Le dessin 2 de la grotte du Pech Merle me donne la sensation d’une luminosité crépusculaire entre le rouge et le noir. De plus, une tête sombre dans le haut du dessin pourrait évoquer une entité dans le ciel obscur, tandis qu’à son intérieur un animal paraît plus éclairé en rouge. Celui-ci suggère probablement la silhouette d’un bison.

•Dans le dessin 1 de la grotte du Pech Merle, encore une fois, ces chevaux me semblent flotter entre la nuit et le jour, entre le blanc, le rouge et le noir dans les lumières d’un crépuscule.

•Dans le dessin 3 de la grotte Chauvet, la panthère semble transmettre à la face d’un ours ses points rouges, de sorte que si ces derniers définissaient une lumière, alors la panthère pourrait éclairer la face de l’ours de la même façon qu’elle éclairerait la face de la lune.

Tout cela est bien peu de choses, je vous l’accorde, mais on avance de cette manière dans ce monde, par petites touches. On s’imprègne d’effluves, de sensations, on se laisse diriger par ces dessins et peut-être nous mèneront-ils quelque part ? La direction que nous suivrons sera en rapport avec une luminosité crépusculaire et aussi une luminosité lunaire. C’est donc avec cette notion et sous cet angle d’attaque que nous allons aborder maintenant les grandes fresques de la Préhistoire.

La première démarche qui sera la mienne aura pour objectif de démontrer la parfaite cohérence des grandes fresques, possédant toutes une même ossature, une même structure qui va les rapprocher ou les relier entre elles. En d’autres termes, je vais montrer que quand ces Hommes dessinent, ils savent très bien ce qu’ils font et où ils vont ! Dans cette première approche, nous étudierons quatre fresques du sud de la France qui ont comme dénominateur commun un mammouth. Nous découvrirons la fresque noire de la grotte du Pech Merle (Cabrerets dans le Lot), une fresque rouge et une fresque noire de la grotte Chauvet (Vallon-Pont-d’Arc dans l’Ardèche), et une dernière fresque avec la grotte de Baume Latrone (Sainte-Anastasie dans le Gard).

Reproduction de la fresque noire de la grotte du Pech Merle.

Une fresque de la Préhistoire, c’est cela ! J’ai reproduit ci-dessus un dessin de la grotte du Pech Merle et le premier conseil que je souhaite vous donner, c’est de ne pas vous laisser impressionner par autant de complexité, face à tous ces animaux dont les traits se chevauchent. À titre d’exemple, imaginez cette situation que vous avez certainement connue, lorsque vous entrez dans la salle de classe d’un professeur, celui-ci vient de faire une démonstration au tableau dont vous n’avez aucune base ni aucun concept, vous allez alors regarder le tableau comme vous regardez ce dessin de la grotte du Pech Merle. C’est exactement la même chose parce que ces fresques de la Préhistoire sont une science, celle de ces anciens Hommes, et pour la comprendre nous devons d’abord acquérir les bases et les concepts. Par conséquent la première des choses que nous allons faire, c’est de simplifier tout cela !

Reproduction simplifiée de la fresque noire de la grotte du Pech Merle.

C’est déjà moins impressionnant, j’ai reproduit la même fresque, mais en effaçant un grand nombre d’éléments et c’est à partir de cette simplification que nous commencerons notre analyse. On peut observer sur toute la partie droite de la fresque plusieurs mammouths qui ne semblent pas en grande forme. On y voit un mammouth mouillé et pas très alerte, un autre situé dans la partie complètement à droite semble mouillé, mais aussi blessé, et enfin on observe un troisième élément, une carcasse de mammouth. Sur la partie totalement à gauche, on peut y voir des mammouths beaucoup plus alertes, l’un d’eux se lève droit sur ses deux pattes, il est debout. À ses côtés, on distingue un autre mammouth, celui-ci est assez sombre, mais il semble très vif. Au milieu de la fresque, entre les mammouths un peu en déliquescence de la partie droite et ceux qui suggèrent plus de vie sur la partie gauche, on trouve un cheval. Notre première analyse avec cette fresque simplifiée est terminée, il faut juste en retenir ces éléments pour le moment, c’est-à-dire des mammouths en décomposition à droite et des mammouths plus vivants à gauche, avec au milieu un cheval.

Nous pouvons maintenant aborder un nouveau dessin, il s’agit de la fresque rouge de la grotte Chauvet.

Reproduction de la fresque rouge de la grotte Chauvet.

J’ai reproduit ci-dessus la fresque rouge de la grotte Chauvet. Quelques éléments étaient bien trop effacés pour que je puisse les dessiner, ils ne sont pas très nombreux et cela ne nous empêchera pas de comprendre le sens général de cette fresque. Comme précédemment, simplifions ce dessin.

Reproduction simplifiée de la fresque rouge de la grotte Chauvet.

Sur la partie droite, on remarque un mammouth blessé qui ne semble pas en très grande forme. Tout en bas, j’ai fait le choix de laisser un rhinocéros afin d’introduire une conception que nous allons juste évoquer sans véritablement la justifier pour le moment. Ce mammouth blessé s’éteindra dans ce rhinocéros. Je ne prouve évidemment rien dans ce sens pour l’instant, mais cette évocation fait entrevoir quelques concepts. Au centre de cette fresque, nous trouvons un cheval. Il n’est pas vraiment au milieu dans cette simplification parce que j’ai éliminé des éléments, sinon le cheval est assez proche du centre de la fresque. Sur la partie complètement à gauche du dessin, nous trouvons un rhinocéros que je vais agrandir.

Reproduction d’un dessin de la grotte Chauvet.

Quand on observe ce rhinocéros, on remarque que son trait qui relie le dessus de sa tête à sa dorsale est beaucoup trop haut. Ces artistes l’ont fait de cette façon pour exprimer une idée, c’est l’un des grands secrets de cet art où tous les traits, les détails et les manières de les dessiner traduisent une idée. Au-dessus de la tête de ce rhinocéros, on observe en fait l’apparition d’un mammouth, celui-ci se crée, il est à peine perceptible, mais présent. Regardez comme on voit sa tête qui dépasse. Ce rhinocéros est très complexe, il y a beaucoup de choses en son intérieur. Nous retiendrons pour le moment qu’un mammouth sort de lui, mais si vous n’êtes pas totalement convaincus, ce n’est pas très grave. Je reconnais que ce rhinocéros n’est pas si facile à définir au premier coup d’œil, alors retenons l’évidence : sur la partie droite de cette fresque, un mammouth blessé sans grande vivacité et au milieu le cheval comme dans la fresque de la grotte du Pech Merle, et comme dans cette dernière, soulignons aussi peut-être la présence d’un mammouth plus vif et plus alerte sur la partie gauche de la fresque rouge de la grotte Chauvet. Continuons de la même manière notre approche avec un nouveau dessin, la grande fresque noire de la grotte Chauvet.

Cette fresque noire dessinée au charbon de bois est incomparable, elle est exceptionnelle à tous les points de vue, autant par la force de son art que par la puissance d’esprit qui s’en dégage. Afin de ne négliger aucun détail, j’ai essayé d’être le plus fidèle possible à ces dessins, tout comme je le ferai sur l’ensemble de cet art, car chaque élément a son importance. Je n’ai rien oublié et j’ai parfois forcé le trait sur des dessins un peu altérés. Cependant, même aidé d’un logiciel je ne peux reproduire tous les effets artistiques de ces Hommes. Ils arrivent à dessiner d’un petit coup de trait le moindre détail, des toutes petites subtilités qui ne sont pas toujours faciles à retranscrire, mais les reproductions que je proposerai seront largement suffisantes pour ce que nous voulons en faire, déchiffrer cet art !

Reproduction d’une partie de la fresque noire de la grotte Chauvet.

La fresque n’est pas représentée dans sa totalité, elle se poursuit en fait sur tout le côté droit, mais nous n’avons besoin pour le moment que de cette partie. Encore une fois, nous allons simplifier ce dessin qui semble bien complexe.

Reproduction simplifiée de la fresque noire de la grotte Chauvet.

Reproduction simplifiée d’un dessin de la grotte Chauvet.

Comme précédemment, nous retrouvons dans la partie droite un mammouth sombre et très maigre, il ne semble pas en grande forme, tandis que plus haut sur la partie gauche, l’animal qui semble pousser un cri au-dessus du grand rhinocéros. C’est un jeune mammouth bien plus vivant que celui de droite. Mais nous n’allons pas constamment tourner autour du pot avec des comparaisons, il sera bien plus agréable d’aborder ces dessins en les lisant. Il est grand temps de plonger dans ce monde avec une première lecture, celle de la version simplifiée de la fresque noire de la grotte Chauvet.

Le mammouth sombre et maigre se décompose dans la soirée, et il symbolise la luminosité solaire qui se couche. Dans ses derniers instants, ce mammouth s’éteint et se délite à l’intérieur du rhinocéros. Nous sommes dans la dernière phase du soir, le rhinocéros porte désormais en son intérieur l’entité éteinte de la luminosité solaire.

Ce rhinocéros, avec cette entité éteinte en son ventre, se déplace vers le côté gauche, il nous mène alors vers l’aube et un rhinocéros au ventre vide.

Reproduction simplifiée d’un dessin de la grotte Chauvet.

Reproduction simplifiée d’un dessin de la grotte Chauvet.

Le rhinocéros en bas et au ventre vide s’est libéré de l’entité qu’il portait, il recrée ainsi les tout premiers éclairements du lion, c’est-à-dire les premières lueurs de l’aube. Ce lion de l’aube s’efface, disparaît dans les rougeurs de l’aurore et est mangé par un grand rhinocéros qui recréera le mammouth, la luminosité solaire représentée sur ce dessin par un jeune mammouth criant comme un bébé à sa naissance.

Pour le moment, je ne développerai pas plus toutes ces notions, nous les découvrirons tout au long des lectures à venir sur différentes fresques. C’est la récurrence qui prouvera, mais aussi le grand secret, c’est-à-dire la véritable fonction de ces dessins, et c’est elle qui refermera la boucle. Dans cette lecture, je n’ai pas évoqué le cheval, nous le ferons plus tard. Je l’ai dessiné dans cette fresque simplifiée juste pour souligner que, comme dans les dessins précédents, un cheval est encore au milieu de la fresque. Nous avons évoqué le mammouth de la luminosité solaire qui s’éteint et qui se lève, le lion dont nous préciserons plus tard qu’il est en fait une lionne, mais ne compliquons pas trop les choses, ce lion représente les premières luminosités du matin, celles de l’aube ! Je n’ai représenté dans ce dessin simplifié que les lions de la partie gauche. Des lions sont également présents dans la partie droite, celle où le mammouth s’éteint. Et pour mieux les comprendre, nous utiliserons une partie de la fresque rouge de la grotte Chauvet.

Reproduction simplifiée d’un dessin de la grotte Chauvet.

Reproduction d’un dessin de la grotte Chauvet.

J’ai une nouvelle fois simplifié toute la partie droite de la fresque et n’ai gardé que des éléments dont nous avons besoin pour le moment. Le mammouth blessé est la luminosité solaire qui s’éteint, tandis qu’au-dessus de lui se forme le lion des derniers éclairements du soir, c’est-à-dire les dernières luminosités de la fin du crépuscule qui apparaissent dans la décomposition du mammouth. C’est d’abord la naissance du jeune lion, puis la tête du lion mature donnera toute sa force lumineuse, tandis que le mammouth n’est plus, et les derniers éclairements du vieux lion sur la droite s’éteindront bientôt eux aussi. Dans ce cycle des derniers éclairements du soir, un lion va entrer à l’arrière d’un animal, ici un rhinocéros, celui-ci se place tout en haut à gauche du dessin précédent, je l’ai reproduit ci-contre. Ce lion éclaire la première moitié du rhinocéros ! Sur la même thématique, continuons avec la grande fresque noire de la grotte Chauvet.

Reproduction simplifiée d’un dessin de la grotte Chauvet.

Il n’est représenté ci-dessus que la partie dont nous avons besoin, le mammouth en fin de vie et en déliquescence, autrement dit les derniers instants de la luminosité solaire. Lorsque le mammouth déliquescent s’éteint dans le rhinocéros, un lion apparaît au-dessus de lui, le lion des derniers éclairements du soir. Celui-ci va une nouvelle fois entrer dans l’arrière d’un animal pour éclairer sa première partie. Cet animal est un bison et sa première moitié sera en concordance, en fusion avec le lion des derniers éclairements du soir. Rendons-nous maintenant à la fresque de la grotte du Pech Merle.

Reproduction d’un dessin de la grotte du Pech Merle.

J’ai représenté ci-contre un dessin de la partie droite de la fresque du Pech Merle, c’est toujours le même instant qui est décrit lorsque le mammouth va se décomposer et s’éteindre. Le lion n’est pas présent parce que ce concept se raconte différemment dans cette fresque. Le mammouth mouillé définit la lumière solaire qui s’éteint, dans ses derniers moments il ne sera plus qu’une carcasse. Dans la déliquescence de ce mammouth, on voit apparaître au-dessus des formes diffuses, étranges. Ce sont des mammouths fantomatiques qui entrent à l’arrière d’un bison, ils sont les derniers éclairements du soir comme les lions de la grotte Chauvet. L’idée est simplement évoquée avec une façon différente. Quand le mammouth s’éteint, il se crée au-dessus de lui une luminosité diffuse et un peu morte, ce sont des mammouths fantomatiques.

Reproduction d’un dessin de la grotte du Pech Merle.

De la même manière, dans le dessin ci-contre et présent dans la partie gauche de la fresque du Pech Merle, on aperçoit un mammouth debout sur ses deux pattes et celui-ci est encore une fois très évasif, très diffus avec les traits mal définis. Il est le mammouth fantomatique qui se lève, car il évoque les premières lumières de l’aube et éclairera encore une fois l’arrière d’un animal, cette fois-ci un aurochs. Tandis que le bison associé au soleil couchant était, lui, éclairé à sa droite et par son arrière, cet aurochs est tourné dans l’autre sens, il est lui aussi éclairé par son arrière, mais du côté gauche.

Vous l’avez peut-être compris, cela a un rapport avec les phases de la lune, car comme nous le verrons plus tard, ce qui intéresse ces Hommes, ce sont les derniers éclairements du soir et les tout premiers éclairements du matin. Mais ces luminosités crépusculaires ne sont pas toujours identiques, elles vont parfois être associées à une autre lumière, celle de la lune. C’est en grande partie le thème des dessins, car cette fusion de luminosités crépusculaires et lunaires va déterminer toute la vie de ces Hommes. Elle définira leurs moments de chasse, leurs moments de pêche et même leur spiritualité, tout est raconté dans les fresques et vous saurez tout !

Avant une présentation plus précise des différents concepts, je souhaiterais terminer notre approche de ces dessins par la fresque de la grotte de Baume Latrone. Celle-ci se démarque, car son style est un peu différent, un peu plus schématique, mais tous les points importants sont présents. Et c’est cela le charme du déchiffrement de cet art : suivant les endroits, les époques, les mêmes idées s’expriment différemment.

Reproduction de la fresque de la grotte de Baume Latrone.

Nous retrouvons le mammouth en déliquescence tout en bas, la luminosité solaire qui s’éteint et à proximité un rhinocéros s’apprête à recevoir cette dernière entité du mammouth. Le crépuscule approche de ses derniers instants, alors se forme le lion des tout derniers éclairements. On remarque que sur ce dessin la partie du soleil couchant est plus développée (c’est souvent le cas). Soulignons quand même que le mammouth du soleil levant se recrée en haut à gauche. Nous n’irons pas plus loin pour le moment, je vous lirai cette fresque plus tard. Retenez simplement le mammouth de la luminosité solaire qui s’éteint et qui se lève, ainsi que le lion des derniers éclairements qui va se créer au-dessus du mammouth en déliquescence.