Prier 15 jours avec Marie Skobtsov - Laurence Varaut - E-Book

Prier 15 jours avec Marie Skobtsov E-Book

Laurence Varaut

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Issue de l'intelligentsia de Saint-Pétersbourg, exilée à Paris après le renversement du tsar, Marie Skobtsov (1891-1945), née Élisabeth Pilenko, est passée d'un quasi athéisme au don total de soi à Dieu. Devenue moniale après deux mariages et trois maternités, elle a consacré sa vie aux pauvres et aux plus fragiles, en particulier aux émigrés russes en France, considérant que la seule chose importante était de voir en l'homme l'image de Dieu.

Elle a publié des poèmes, des articles, des petites pièces de théâtre et des récits autobiographiques. Mais son ambition principale était de « christifier » sa vie. Le secours des Juifs persécutés fut son ultime action. Déportée à Ravensbrück, elle fut menée jusqu'au martyre, comme plusieurs de ses compagnons de l'association Action orthodoxe du 77 rue de Lourmel, à Paris. Reconnue Juste parmi les nations à Jérusalem, elle a été canonisée par le patriarcat de Constantinople en 2004, sous le nom de sainte Marie de Paris.




À PROPOS DE L'AUTRICE

Laurence Varaut, Parisienne, de confession orthodoxe, ancienne attachée de l'administration de l'État, est l'auteure de "Poèmes d'Engadine et d'une biographie", "Marie Skobtsov. Sainte orthodoxe victime du nazisme" (1891-1945).




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Prier 15 jours avec

MARIE SKOBTSOV

COLLECTION PRIER 15 JOURS

• Des livres sources

– pour passer quinze jours en compagnie d’un maître spirituel à la manière de ces temps de retraite qui ouvrent une brèche dans notre univers quotidien.

• Des livrespratiques

– un rappel biographique en début de volume ;

– un itinéraire balisé en introduction ;

– une entrée dans la prière répartie sur les quinze chapitres de l’ouvrage ;

– pour aller plus loin, une bibliographie expliquée.

• Des livres accessibles

– un ressourcement qui va à l’essentiel pour des chrétiens actifs ;

– une information donnée de l’intérieur ;

– pour un public plus large.

DU MÊME AUTEUR

Maria Skobtsova, Renastarea, 2017 (en roumain).

Marie Skobtsov, sainte orthodoxe victime du nazisme (1891- 1945), Salvator, 2014.

Mat’Maria, Sanpaolo, 2002 (en italien).

Mère Marie, 1891-1945 : Saint-Pétersbourg-Paris-Ravensbrück, Perrin, 2000.

Annonciation, Jacques Vernière, 1984.

Poèmes d’Engadine, Gallimard. Édition originale : La Table Ronde, 1978.

Prier 15 jours avec

MARIESKOBTSOV

Sainte orthodoxe, Juste parmi les nations

LAURENCE VARAUT

nouvelle cité

Composition : Richard Garcia

Couverture : Richard Garcia

Illustrations de couverture :

p. 1, Marie Skobtsov

p. 4, portrait de l’auteur

© Jean-Edouard Lipa

© La Bible de Jérusalem (Cerf, 2000)pour les citations bibliques en français.

© 2024, Groupe ElidiaÉditions Nouvelle Cité10 rue Mercœur75011 PARIS

www.nouvellecite.fr

ISBN : 978-2-37582-575-4ISSN 1150-3521

BIOGRAPHIE

Enfance, adolescence, jeunesse

Marie Skobtsov naît Élisabeth Pilenko le 8 décembre 1891 à Riga (Russie). Son père est substitut du procureur impérial. La famille s’installe quelques années plus tard dans leur propriété d’Anapa, sur les bords de la mer Noire. C’est un grand domaine viticole, où l’enfant mène une vie de grand air et de lectures. En 1902, Élisabeth, que l’on surnomme Lisa, entre au lycée de Novorossisk. L’hiver se passe en partie chez une grand-tante de Saint-Pétersbourg. Alors qu’elle est encore enfant, sa personnalité est remarquée par un des plus importants personnages de l’Empire, Constantin Pobiédonostsev, un ami de sa grandtante. Ils ont des relations confiantes et de vraies conversations.

Après la révolution de 1905 et la mort du père d’Élisabeth, en 1906, la famille déménage à Saint-Pétersbourg. Élisabeth poursuit ses études secondaires au lycée, tout en donnant des cours aux ouvriers, le soir. Elle est attirée par les idées progressistes, voire révolutionnaires.

La jeune fille écrit de la poésie ; elle rencontre le poète Alexandre Blok, pour lequel elle éprouve de la pitié et un sentiment quasi maternel. Elle obtient l’autorisation de suivre par correspondance les cours de l’Académie de théologie, dont elle sera bientôt la première femme diplômée. En 1910, elle épouse le jeune avocat Dimitri Kouzmine-Karavaiev, un social-démocrate avec lequel elle fréquente les milieux littéraires.

Mais cette vie ne la satisfait pas. Élisabeth revient à Anapa en 1912 et met au monde sa fille Gaïana l’année suivante, sans doute le fruit d’une brève liaison. Elle s’engage dans le parti socialrévolutionnaire. En 1916, elle publie un recueil de poèmes et divorce de son mari.

Révolution de 1917, second mariage et émigration à Paris

En 1917, Élisabeth milite en tant que socialiste-révolutionnaire, mais, au mois d’octobre, elle comprend qu’elle doit se mettre en retrait, car elle ne veut pas être du côté de la violence et décide de rentrer à Anapa. Elle y sera élue maire en 1918, ce qui est inédit pour une femme.

Antibolchevique, modérée, Élisabeth se consacre à sa fille et à l’écriture d’icônes. Lorsque les « Blancs » (contre-révolutionnaires) prennent la ville, elle est arrêtée. Lors de son procès, elle est remarquée par un militaire Blanc de 32 ans, Daniel Skobtsov. Coup de foudre et mariage avec Skobtsov – Élisabeth a alors 28 ans.

En 1920, c’est la débâcle des armées tsaristes. Toute la famille, qui comprend aussi la mère d’Élisabeth, fuit en Géorgie, où naît Georges, dit Youra, en 1921. Pendant ce voyage, qui dure deux ans, la famille connaît la misère. Ils transitent par Constantinople, avant de passer par les Balkans. Élisabeth met au monde en 1922 son troisième enfant, Anastasia, en Serbie.

La famille arrive en France en 1923. Ils sont munis de passeports Nansen, les papiers des émigrés russes déchus de leur nationalité et donc apatrides. Daniel Skobtsov, qui est officier et possède un permis de conduire, peut heureusement devenir rapidement chauffeur de taxi. Élisabeth fait des travaux de couture.

Mort d’Anastasia et engagement dans la vie de l’Église

Anastasia meurt à l’âge de 3 ans, d’une méningite bactérienne. Élisabeth a passé deux mois à son chevet ; elle a dessiné plusieurs portraits de l’enfant pendant ses derniers jours. Ce deuil est une rupture radicale dans sa vie. Membre de l’Action chrétienne des étudiants russes (ACER), cofondée par le père Serge Boulgakov et le philosophe Nicolas Berdiaev. Élisabeth décide d’y prendre une part plus active. Elle entre au bureau exécutif de l’organisation et en devient la secrétaire itinérante.

L’ACER tient aussi un foyer, une cantine, organise des camps de vacances pour enfants et un réseau d’aide. Élisabeth sillonne la France et découvre de ses yeux ce qu’elle pressentait : la grande détresse de beaucoup d’émigrés russes, l’alcoolisme, les cas de dépression. Elle veut devenir une mère pour tous. Dès qu’elle donne une conférence, on l’attend à la sortie pour se confier. Élisabeth se détache de sa vie conjugale et Daniel Skobtsov finit par accepter la séparation et la dissolution canonique du mariage par l’évêque Euloge. Gaïana rejoint une école en Belgique, où réside son père devenu prêtre catholique. Youra, qui a six ans, vit chez son propre père. Élisabeth habite avec sa mère. Une famille peu commune, une famille décomposée, mais dont tous les membres sont chrétiens.

Consécration comme moniale et installation de l’Action orthodoxe

Euloge, qui avait été nommé archevêque et métropolite des paroisses d’Europe occidentale, vient de prendre position en faveur des chrétiens persécutés en Russie. Il est démis de ses fonctions par le nouveau patriarche, Serge, et décide de se placer sous la protection du patriarche de Constantinople.

C’est Euloge qui décide de consacrer moniale Élisabeth, le 7 mars 1932, et cela contre toute attente puisqu’il s’agit d’une mère de famille. Il est persuadé que c’est là la véritable vocation de cette femme et il a l’intention de l’aider. Élisabeth choisit le prénom de Marie, en mémoire de Marie l’Égyptienne, sainte des premiers siècles qui, après une jeunesse vécue dans la débauche, se retira au désert.

Mère Marie s’installe au 9 villa de Saxe, dans le 7e arrondissement de Paris. Elle est rejointe par quelques moniales d’un type plus classique, des femmes consacrées dans leur prime jeunesse. Il y a, outre les cellules, une salle de conférences où l’on sert des dîners de bouillies et de thé. Les offices monastiques sont célébrés plusieurs fois par jour dans la chapelle. Mère Marie fait de la menuiserie, peint et brode des icônes. Broder des icônes et y incruster des pierreries est rare, la plupart du temps elles sont peintes (« écrites », disent les Russes).

Débordée par la demande d’aides diverses, la moniale se met en quête d’un espace plus grand qu’elle trouve au 77 rue de Lourmel, dans le 15e arrondissement, qui est à cette époque un quartier modeste. C’est une grande maison Second Empire à l’abandon, avec dix-huit chambres et des dépendances. Il n’y a pas d’eau courante, il faut monter l’eau dans des brocs. Dans d’anciennes écuries, mère Marie et ses proches construisent une chapelle consacrée à la Protection de la Mère de Dieu. Elle installe un foyer pour des conférences et les repas en commun, des logements sont aménagés pour le recteur de la paroisse et quelques permanents comme les religieuses, les hôtes de passage ou la mère de mère Marie, Sophie Pilenko. La communauté accueille tous ceux qui sont dans le besoin : depuis les chômeurs jusqu’aux délinquants.

En 1935, mère Marie crée l’association Action orthodoxe pour consolider l’aide sociale et se consacrer aux humbles. Les membres les plus éminents en sont le père Serge Boulgakov, le philosophe et théologien Nicolas Berdiaev, les professeurs George Fedotov, Constantin Motchoulski et Théodore Pianov. L’association ouvre une résidence pour convalescents à Noisyle-Grand. Rue François-Gérard, de l’autre côté du pont Mirabeau, elle installe un foyer pour des familles et en ouvre un autre pour hommes seuls dans le 15e.

En 1936, mère Marie apprend la mort de sa fille aînée Gaïana d’une épidémie de typhus, lors d’un séjour en URSS. C’est la deuxième fois qu’elle perd un enfant.

Seconde Guerre mondiale, occupation et secours des Juifs

En 1939, Mgr Euloge nomme le père Dimitri Klépinine recteur de la rue de Lourmel. Klépinine a 35 ans, il est père de famille. Il succède au père Cyprien Kern, moine traditionnel et un peu austère auquel la vie à Lourmel, qui ne ressemblait pas à celle d’un monastère classique, ne pouvait pas convenir. Les membres de l’Action orthodoxe et de la paroisse forment une communauté ecclésiale. Avec la guerre, mère Marie obtient que sa cantine soit reconnue par l’administration, ce qui lui permet d’être approvisionnée par un centre distributeur.

Youra Skobtsov commence des études à la Sorbonne et se prépare au sacerdoce. Il est ordonné sous-diacre.

Après juin 1941, c’est la rupture du pacte germano-soviétique. À Paris, une centaine de détenteurs du passeport Nansen sont raflés par les nazis. Deux membres de l’Action orthodoxe sont parmi eux. Les Russes doivent se soumettre à des contrôles constants à la Direction des affaires de l’émigration russe à Paris, au 4 rue Galliera.

Le « groupe de Lourmel » aide les Juifs par tous les moyens. Ils fournissent notamment des certificats de baptême, soit parce qu’ils ont procédé à un baptême, soit parce qu’ils acceptent de fournir un certificat alors qu’aucun baptême n’a eu lieu, à en-tête de l’église orthodoxe de l’Intercession-dela-sainte-Vierge. Les « faux certificats » sont codés par la lettre « t ».

La promptitude et l’efficacité de leurs actions vont finir par être trop remarquées. Mère Marie ne se donne aucune limite lorsqu’il s’agit d’aider qui le lui demande. Fondamentalement, elle considère que la vie chrétienne est d’aider les plus pauvres ou les personnes en détresse et, pendant l’occupation, elle est totalement vouée à la protection des plus faibles.

Lors de la rafle du Vel d’Hiv, qui a lieu à quelques centaines de mètres de la rue de Lourmel en juillet 1942, mère Marie se présente et va parvenir à y entrer, puis à sortir en cachette quelques enfants. Repérée et trahie, elle sera désormais surveillée de près. Une convocation lui parvient pour une explication sur ses agissements : elle doit se rendre au siège de la Gestapo rue des Saussaies.

Déportation et décès à Ravensbrück, canonisation

Le 10 février 1943, mère Marie est arrêtée avec Youra, le père Dimitri et Théodore Pianov. Ils sont emmenés au fort de Romainville, puis à Royallieu. Les hommes sont déportés à Buchenwald et Dora. Seul Théodore Pianov survivra.

Mère Marie se trouve dans le convoi du 22 avril, qui déporte des résistantes à Ravensbrück. On lui attribue le matricule 19263. Parmi ses compagnes qui ont survécu, on compte Rosane Lascroux, Jacqueline Péry d’Alincourt, Geneviève de Gaulle, Anise Postel-Vinay, Marie-José Chombart de Lauwe.

Elle soutient avec douceur et expérience toutes les codétenues qu’elle rencontre et organise des commentaires de l’Évangile ainsi que des prières en cachette. Au camp, elle apprend (ou devine) la mort de son fils à Dora : c’était le seul enfant qui lui restait… Le 31 mars 1945, elle est envoyée à la chambre à gaz – on ne sait pas si c’est elle qui a été sélectionnée ou bien si elle a pris la place d’une autre déportée. Ravensbrück est libéré le lendemain. Rosane Lascroux en rapportera, roulé autour de sa taille, un foulard brodé par mère Marie, représentant le Débarquement dans le style de la tapisserie de Bayeux.

Le père Dimitri Klépinine et mère Marie ont été inscrits comme Justes parmi les nations, au monument de Yad Vashem à Jérusalem en 1997.

Mère Marie a été canonisée en 2004, dans la cathédrale de l’archevêché des églises de tradition russe en Europe occidentale, 12 rue Daru à Paris, ainsi que son fils Georges Skobtsov, le père Dimitri Klépinine et Élie Fondaminski.

INTRODUCTION

Si une femme peut être à juste titre qualifiée d’« iconique », c’est bien Marie Skobtsov, sainte orthodoxe et Juste parmi les nations. Iconique et influente, puisqu’elle fut, de son vivant, où qu’elle se trouvât, une personnalité qui marquait profondément ceux qui la rencontraient.

Mais l’objet de cet ouvrage est de reconstituer ce que fut son cheminement à travers la prière.

Un cheminement qui est celui d’un retournement, puisque Marie Skobtsov est passée d’un quasi-athéisme au don total de soi. Sa prière n’est pas celle d’une moniale traditionnelle qui aurait tôt choisi cette voie, mais celle d’une extraordinaire artiste, femme politique et mère de famille. Son intuition de poète et sa lucidité de sainte lui firent entrevoir assez tôt que sa vie serait tragique, et qu’elle ne s’y déroberait pas.

J’ai eu le privilège de rencontrer des témoins de cette vie, en particulier deux de ses camarades de camp : Geneviève de Gaulle et Rosane Lascroux. De leurs témoignages, qui complètent leurs écrits, je retiens que la prière est l’un des fils conducteurs de son existence. Le mot de « fil » est justifié pour cette artiste qui brodait avec un talent exceptionnel. Ces fils, entre ses mains, devenaient des broderies qui ornaient les vêtements sacerdotaux ou les pauvres chiffons de Ravensbrück qu’elle magnifiait. Ils devenaient aussi des instruments de prière car tout était prière pour cette femme forte qui n’avait pas un caractère contemplatif. La contemplation lui vint à la fin de sa vie.

Accompagnée de son vivant par les membres de sa famille et par ceux de l’association orthodoxe qu’elle avait contribué à organiser, elle n’était pas une moniale à l’écart de la société. La fama sanctitatis – réputation de sainteté – et le podvig