Priscilla in New York - Iban Lavigne - Urchoeguia - E-Book

Priscilla in New York E-Book

Iban Lavigne - Urchoeguia

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Beschreibung

Quand on mène une vie sans accroc, le plus dur est d’encaisser un drame soudain.

Elle vivait à Los Angeles, en Californie.

Elle pensait que sa vie était parfaite, mais un jour, tout bascula. Un jour, ses parents se concertèrent et décidèrent de la scolariser dans une école située à New York.

« Un point c’est tout », furent les quatre petits mots qu’employèrent ses parents, 4 petits mots qui scellèrent la discussion et qui l’expédièrent à New York.

Elle quitta tout : ses amies, sa maison, sa famille pour redémarrer une nouvelle vie à l’autre bout des Etats-Unis.

Cela aurait pu être un scénario classique : elle s’habitue tant bien que mal à sa nouvelle vie, elle se fait quelques amies, elle a des bonnes notes…

Mais ça ne s’est pas du tout passé comme ça.

En effet, en entrant dans son nouvel établissement scolaire, elle sentit quelque chose d’étrange : elle sentit l’aura et l’imposance que dégageaient l’école. Oui, elle en était sûre, quelque chose de spécial se produisait dans cette école. Lorsqu’on y entrait, on était sûr de voir sa vie chamboulée, pour le meilleur et pour le pire…

Si seulement elle avait su…

Si seulement elle avait su que cette école changerait, du tout au tout, sa vie…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Iban Lavigne-Urchoeguia est un élève de troisième au collège Sainte Marie, à Saint-Jean-de-Luz. Âgé de 14 ans, il nourrit une passion pour l’écriture depuis son plus jeune âge. Dès 7 ou 8 ans, il rédigeait de très courts livres à la main, souvent truffés de fautes, mais avec les années, son style s’est affiné : plus fluide, plus captivant, plus subtil, mais aussi plus amusant. Il a notamment écrit plusieurs tomes relatant les aventures qu’il vivait en classe de primaire.

Il y a deux ans, il s’est lancé dans l’écriture de "Priscilla in New York", un projet qu’il rêvait de voir publié… et ce rêve s’est concrétisé !

En dehors de l’écriture, il apprécie particulièrement la lecture, notamment les romans d’Agatha Christie. Il aime également écouter de la musique, en privilégiant des artistes américains. La danse occupe aussi une place importante dans sa vie : il la pratique trois fois par semaine et consacre de nombreuses heures à créer des chorégraphies dans sa mezzanine.

Doté d’une personnalité bienveillante, généreuse et sensible, Iban se distingue par sa créativité et sa passion pour les arts.









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Veröffentlichungsjahr: 2025

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Couverture

Page de titre

 

 

 

Priscilla in New York

Tome 1

 

de Iban Lavigne Urchoeguia

 

 

Dessin de Couverture : Romane Lavigne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le temps d’un roman

Editeur

Collection «Roman»

 

 

 

 

Tome 1

 

 

 

Chapitre 1

 

- Tu vas voir, tu vas bien t’amuser, là-bas ! s’écria Lana. Tu pourras te faire de nouveaux amis ! Oh, je suis sûre que seras très bien dans cet établissement !

- C’est une blague ? s’exclama Priscilla. Tu veux que j’aille dans cette école pourrie ?

Priscilla et sa mère, Lana, étaient dans le salon de leur grande maison. Priscilla tenait un prospectus d’une grande école renommée de New York : la Magic Academya. Un nom pas vraiment recherché au goût de la jeune fille.

- C’est moi qui vous le dis, c’est clairement hors de question que j’y mette les pieds ! s’énerva Priscilla.

- On ne te laisse pas le choix, en fait, déclara Lana.

- Oh ! Mais papa, dis quelque chose !

Son père se trouvait avec elles dans le salon, il ne disait rien, il était de marbre. On aurait dit qu’il venait d’apprendre une terrible nouvelle.

- Ta mère a raison, finit par déclarer Joe, car c’était son nom, tu dois aller dans cette école, un point c’est tout.

- Mais papa !

- Un point c’est tout ! s’emporta le mari de Lana.

A ce moment-là, les yeux de Priscilla s’emplirent de larmes et elle courut dans sa chambre, désespérée. Elle attrapa son téléphone d’une main tremblante et elle appela sa meilleure amie, Laetitia. Cette dernière était en train de se tartiner de maquillage quand elle vit que Priscilla tentait de la joindre.

- OMG ! Priscilla ! T’as une tronche d’enterrement, là ! Oh ! What is happening, chérie ?

- Laetitia ! C’est horrible ! Mes parents veulent m’envoyer dans une école très renommée à New York ! Tu te rends compte, à New York ? J’ai aucune envie d’y aller, je veux pas quitter Los Angeles ! Et encore moins toi ! C’est horrible ! Je sais pas pourquoi ils ont eu cette idée-là !

Laetitia lâcha son gloss et s’écria :

- Oh no no no no no ! C’est pas possible, ça ! Toi, loin de me ! Never ! Cela dit, New York, c’est super good ! C’est là d’où je viens !

- Je sais, je sais mais j’ai pas envie d’y aller, moi !

- Mais t’as expliqué ça à tes parents ?

- Oui, mais ils ne me laissent pas le choix !

A ce moment-là, quelqu’un frappa à la porte de la chambre de Laetitia, c’était son majordome.

- Entrez ! ordonna Laetitia.

- Bonjour Mademoiselle Laetitia, votre père m’envoie vous offrir ces présents. Et joyeux anniversaire de sa part. Si je puis me permettre, je vous souhaite également un très joyeux anniversaire.

- Thank you Raymond ! répondit Laetitia d’un air attendri, mais pourquoi my father n’est pas venu lui-même me les apporter ?

- En ce moment, il est à Bangkok, Mademoiselle, il rentre dans 3 semaines.

- Bon, thank you !

- You’re welcome ! rétorqua le majordome avec un petit clin d’œil.

Puis il partit. Aussitôt, Laetitia reprit sa conversation avec sa meilleure amie qui se rattrapa en lui disant :

- Oh, mince, Laetitia ! J’ai complètement oublié de te souhaiter un joyeux anniversaire ! Désolée…

- C’est pas grave, don’t worry !

Il y eut un petit blanc dans la conversation.

- Alors ton père est à Bangkok, toi ! s’exclama Priscilla, j’aurais apprécié qu’il accompagne mes parents ! Et ta mère, alors, elle est où ?

- A Paris, à un défilé de mode.

- Donc, t’es toute seule ?

- Alone, mais y’a Raymond, mon majordome, il est très sympathique et funny. Je l’aime bien !

Laetitia et Priscilla sont les meilleures amies depuis qu’elles ont 3 ans. Elles sont maintenant âgées de 15 ans, cela fait donc longtemps qu’elles se connaissent. Laetitia est née dans une famille très riche, ses parents sont tout le temps en déplacement, par conséquent, elle ne les voit pas souvent. Elle n’a ni frère ni sœur et malgré la présence de son majordome, elle s’ennuie. Tout le luxe qui l’entoure ne remplace pas la présence de ses parents.

- Puisque mes parents ne sont pas là et que mon pote Raymond est en train de cuisine mon favourite dish, je vais ouvrir les cadeaux devant toi.

- Ok !

Laetitia ouvrit le premier paquet, c’était un collier en diamant, le deuxième contenait une soixantaine de liasses de billets et le dernier, les clefs d’une Bugatti, le dernier modèle qui venait de sortir.

- Et je ne sais même pas conduire ! s’exclama Laetitia.

Priscilla fut impressionnée, mais pas Laetitia.

- T’es pas contente ? demanda Priscilla.

- Oh yes ! Mais j’aurais préféré que mes parents soient with me pour ouvrir les cadeaux… Ça fait 1 month que je ne les ait pas vus ! Ils me manquent…

- Je comprends, compatit Priscilla.

Il y eut un autre blanc mais Laetitia le brisa :

- So ! Je vais appeler mes parents et leur dire que je suis so happy ! Et ensuite, j’irai manger avec Raymond ! Et toi, Priscilla, pense à une chose : New York, c’est une beautiful city et on aura sûrement l’occasion de se voir ! Aller, bye darling !

Et Laetitia raccrocha.

Priscilla soupira et s’étala de tout son long sur son lit. Elle pensa à ses parents. Elle pensa à Laetitia. Elle pensa à la Magic Academya de New York, l’aventure qu’elle vivrait si elle y allait. Puis les pensées de Priscilla s’interrompirent subitement pour laisser place au vide, au néant. Priscilla s’était endormie.

Elle se réveilla 2 heures après. Elle ouvrit lentement les yeux et jeta un coup d’œil sur son réveil. Il était maintenant 20h et, comme à leur habitude, les Howart, car c’était leur nom de famille, s’assirent tous ensemble pour dîner. Mais Priscilla semblait contrariée. Elle ne mangea même pas le pain de viande préparé par sa mère, c’était pourtant son plat préféré. Dix minutes plus tard, elle se leva et repartit dans sa chambre sans rien dire.

Arrivée près de son lit, elle n’essaya pas de résister et pleura doucement. Elle pleura longtemps et longtemps jusqu’à ce que le sommeil l’emporte au pays des rêves.

 

- - - - - - - - - -

 

« Chers passagers, je vous annonce que le vol Los Angeles – Montréal est retardé d’une heure. Nous vous prions de nous excuser pour ce retard. »

On non ! râla la foule de gens qui s’agitait dans l’aéroport.

Priscilla était là, au milieu d’une grande pièce où circulaient sans arrêt des tas de gens. Il y avait autour d’elle, des dizaines de magasins de nourriture, de vêtements. Il y avait également des cafés et des restaurants et toutes sortes de choses que l’on peut trouver dans un aéroport.

Priscilla était figée au milieu de ce grand hall, se faisant pousser sans cesse par des passants qui râlaient de la pluie ou du beau temps. Elle était là, avec deux valises et trois sacs. Elle était là, avec son nouveau manteau offert par ses parents le jour de son anniversaire. Elle était là, avec le nouveau carré Hermès que lui avait offert Laetitia pour la même occasion. Elle était là, neutre, stoïque, dépourvue de toutes émotions.

Elle était là.

Subitement, ses parents vinrent à sa rencontre. Ils avaient les bras chargés de grosses barres de chocolat Toblerone et de bonbons Dragibus.

- Il y avait une promo ! s’écria Lana, alors on n’a pas pu résister !

- Ces deux grosses barres de Toblerone, c’est pour toi ! renchérit Joe, on sait que tu adores ce chocolat donc tu pourras les manger tranquillement, assise dans l’avion !

Priscilla ne daigna même pas les regarder. Alors, son père posa sur elle les deux barres de chocolat et il l’embrassa. Puis il partit. Sa mère ne tarda pas à faire de même. Elle se pencha sur sa fille et lui caressa le cou gentiment. Priscilla laissa échapper une larme mais ne pleura pas. Lana semblait émue. Elle se mit doucement à sourire. Mais ce sourire n’était pas un sourire de gentillesse. Il ressemblait plutôt à celui d’un démon. Dans tous les cas, quelque chose était sûr : ce sourire ne présageait rien de bon.

- Ne t’en fais pas, ma chérie, murmura Lana, je suis persuadée que tu te sentiras très bien dans cette école. Les modes d’enseignement sont excellents et les activités proposées à la fin des cours sont très intéressantes également.

- Mais… Mais…, bredouilla Priscilla, co… co… Comment tu… Comment tu sais que c’est aussi bien ?

Lana soupira longuement. Plus le temps passait, plus elle se transformait en diablesse.

- Disons qu’il y a certaines choses que je ne t’ai pas dites. J’ai séjourné dans cette école et, ce qui est sûr, c’est que mon passage a marqué les esprits et mon souvenir restera à jamais indélébile. J’y ai mis un capharnaüm sans nom et je suis sûre que tout le monde se souviendra de Lana Howart…

Il y eut un long silence. Priscilla était à présent tétanisée par les propos de sa mère.

- Enfin, bon, tu t’en rendras vite compte, arrivée là-bas…, ajouta Lana.

A ce moment-là, il se passa quelque chose de tout à fait extraordinaire. Lana, déjà métamorphosée en démon, commença à trembler de tout son corps. On aurait dit que Satan en personne venait pour prendre possession de son corps, de sa tête et de son esprit. Ses yeux grossirent et atteignirent ceux d’un poulpe. Elle hurla puissamment avant de s’effondrer sur le sol de l’aéroport.

- Maman ! cria à son tour Priscilla.

Elle s’assit sur sa mère, à priori inconsciente, et pleura. Son père, Joe, accourut rapidement et des passagers présents à l’aéroport appelèrent le SAMU qui arriva en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Les infirmiers s’affairèrent sur Lana. Joe, impatient questionna :

- Alors, comment elle va ?

- Ne vous inquiétez pas ! le rassura l’infirmier. Elle a juste fait un petit malaise. Elle sera sur pied dans très peu de temps ! En revanche, nous devons l’emmener à l’hôpital pour passer des examens attestant que tout va bien.

- Merci beaucoup ! s’exclama Joe, rassuré.

Le SAMU installa Lana sur un brancard. Priscilla, inquiète pour sa mère, se pencha sur elle et interrogea :

- Maman, maman ! Réponds-moi, je t’en conjure ! Dis-moi, maman, est-ce que tu vas mourir ?

- Non… Rassure-toi, je ne vais pas mourir…, répondit Lana d’une voix faible.

A priori, l’infirmier avait raison, le malaise n’était absolument pas grave étant donné que la victime venait à l’instant de se réveiller.

- Ouf ! souffla Priscilla.

- S’il- vous -plaît, Mademoiselle…, bredouilla un infirmier, je m’excuse mais nous devons la transférer à l’hôpital…

- Oh oui, je m’excuse, merci beaucoup, répondit Priscilla.

Avant que la civière n’entre dans le camion bleu et blanc, Lana sourit diaboliquement à Priscilla.

Les dires de Lana laissèrent Priscilla songeuse. Elle s’approcha de Joe, son père, et l’embrassa.

- Tu es sûre que tu veux tout de même partir, mon poussin ?

La question de Joe laissa place au silence. On aurait dit que Priscilla était en train de réfléchir. Puis finalement, elle daigna répondre à son père :

- Maintenant, oui, je veux aller à New York.

Sans attendre une seconde de plus, elle courut vers la zone d’embarcation de son avion qui s’envola rapidement après quelques consignes de sécurité.

A ce moment-là, Priscilla ressentit en elle deux émotions : la joie et la peur. Deux émotions qui sont souvent liées.

Que lui réservait la Magic Academya de New York ? Est-ce que sa mère lui avait raconté des mensonges quand elle lui avait parlé des traces indélébiles qu’elle avait laissées lors de son ancien séjour ? Allait-elle briser la glace sur les secrets non résolus ? Et surtout, allait-elle apprécier l’expérience d’aller dans cette école ?

Il n’y a qu’un seul moyen de le savoir…

 

Priscilla in New York

Chapitre 2

 

Il faisait grand soleil quand l’avion atterrit à New York après 6 heures de vol. Priscilla fut contente d’arriver enfin. Durant le trajet, elle avait eu le temps de manger deux grosses barres de chocolat offertes par ses parents ainsi qu’une autre qu’elle s’était prévue au cas où. Elle avait également eu le temps d’appeler Laetitia, cette dernière était en Bugatti avec Raymond. Comme Laetitia n’avait pas son permis, c’était son majordome qui conduisait. Raymond avait « gentiment » accepté de conduire la voiture. « Tu m’étonnes ! » pensa Priscilla. Ils étaient donc en train de s’éclater à 200 km/h avec la dernière Bugatti. Normal, quoi.

Quand Priscilla sortit de l’avion, une bouffée d’air chaud lui sauta au visage, elle se sentit un peu fatiguée également. Elle se rappela que New York était 3 heures en avance par rapport à Los Angeles mais elle se rassura aussitôt :

- Je suis déjà partie au Maroc et il y avait 9 heures de décalage donc ça va passer crème ! se dit la jeune fille.

Elle descendit alors les marches de l’avion avec beaucoup d’émotion. Se dire qu’elle était à New York était incroyable pour elle. Elle remarqua rapidement les tours et les grands buildings à n’en plus finir. Et tout à coup, Priscilla fut emplie d’une joie indescriptible : elle se mit à danser et à chanter sur la piste d’atterrissage si bien que le personnel de l’aéroport dut la sortir de là car un avion était sur le point d’arriver. Elle prit ses bagages, fit le nécessaire pour sortir de l’aéroport et s’en alla. Elle arriva à l’arrêt de bus que son père avait sélectionné afin qu’elle puisse arriver à bon port. En voyant cela, elle se mit à penser à son père et elle fut triste de le savoir loin d’elle. Mais elle se souvenait que la déprime n’amenait à rien donc elle décida de se reprendre. Le car roula 30 minutes puis fit une pause. Priscilla demanda au conducteur combien de temps il restait avant d’arriver à la Magic Academya. Celui-ci lui répondit : « une vingtaine de minutes ». La jeune fille, rassurée, descendit à la cafétéria de la station-service et commanda un chocolat chaud. Elle en profita pour appeler de nouveau Laetitia.

- Allô, honey ! Ça va ? répondit Laetitia.

- Coucou Titi ! s’exclama Priscilla avec amusement. Je suis en train de boire un chocolat chaud dans une station-service. Mon bus arrive à la Magic Academya dans 20 minutes !

- 20 minutes ? répéta Laetitia, oh, i’m so happy for you ! A ton sourire, je vois que t’as changé d’avis sur New York ! Hein ! Allez, Priscilla, avoue !

- Je n’ai pas changé d’avis sur New York, j’ai juste appris à voir les côtés positifs de New York ! nuança Priscilla, Do you understand ?

- Oh ! C’est trop cool ! You’ll see, après, tu ne voudras plus revenir à Los Angeles ! Tu aimeras trop New York !

- Bon, je n’ai même pas encore vu l’école, pas la peine de s’emballer non plus…

- You’ll see !

- De toutes façons, même si j’adorais New York, je reviendrais pour te voir !

- J’espère ! Et tu rentreras voir tes parents aussi ! s’écria Laetitia.

- Non.

- Comment ça ?

- A la limite, je reviendrai pour voir mon père, mais pas ma mère.

Il y eut un blanc dans la conversation.

- En fait, avant que j’embarque, ma mère m’a dit qu’elle avait fait une partie de sa scolarité à la Magic Academya et qu’elle y avait mis le bazar. Apparemment, son passage est indélébile. Puis après m’avoir dit tout ça, elle a commencé à être parcourue de spasmes et… Euh, Laetitia, tu sais ce que c’est des spasmes ?

- Euh… No…, avoua Laetitia.

- Eh ben en fait, c’est qu’elle tremblait de tout son corps et puis pof !, elle s’est évanouie. Coïncidence ? Je ne crois pas…

- Oh my god ! La pauvre ! se lamenta Laetitia.

- Pffff… Tu parles !

- Mais qu’est-ce qu’elle a fait pour que son passage soit indélébile ?

- J’en sais strictement rien ! Ce que je sais, dans tous les cas, c’est qu’elle m’a forcé à aller dans cette école et qu’elle me parle de choses dont je n’ai pas la moindre idée, simplement pour me faire peur.

- Ne sois pas si dure with her, pria Laetitia. Tu m’appelles vite, ma chérie.

- Ok, je te tiens au jus, ne t’inquiète pas ! Et toi, t’es où, là ?

Laetitia tourna la caméra. Priscilla vit alors une longue route qui s’étendait à perte de vue. Quelques mètres plus loin, elle put apercevoir Raymond, le majordome de Laetitia.

- Mais c’est où ? questionna Priscilla qui ne reconnaissait pas ce lieu pourtant culte.

- I’m à la road 66, darling ! s’écria Laetitia.

- Génial ! s’exclama la fille de Lana.

- Et tu devineras jamais with who i am ! murmura Laetitia.

- Laisse-moi deviner… Hum… Raymond, peut-être…, tenta Priscilla en accompagnant sa réponse d’un froncement de sourcil ironique.

- You won ! Raymond, dis hello ! ordonna Laetitia à l’intention de son majordome.

- Hello ! répondit ce dernier.

- Déso, Laetitia mais je crois que je dois repartir…, dit Priscilla. Ne t’inquiète pas, on s’appellera bientôt ! Et surtout, éclate-toi bien avec ton majordome !

- Yeah, thank you, bye !

Et Laetitia raccrocha.

A la réflexion, Priscilla trouva que la dernière chose qu’elle avait dite à sa meilleure amie était un peu insolite…

Elle prit ses affaires, partit payer son chocolat chaud et remonta dans le bus. « Allez » se dit-elle, « plus que 20 minutes avant que j’arrive à cette fameuse Magic Academya ! ».

Malheureusement, elle ne se doutait pas que le trajet en bus qu’elle s’apprêtait à faire serait pour le moins mouvementé…

 

- - - - - - - - - -

 

Priscilla choisit une banquette située au milieu du bus. Le car était rempli, Priscilla fut donc obligée de s’asseoir à côté de quelqu’un d’autre. La personne qui était installée à côté d’elle était très musclée, et, bizarrement, elle était menottée… « Étrange… » se dit-elle, « pourquoi il a ça, lui ? ». Elle commença à paniquer. Mais à peine eut-elle prononcé ces mots que le bus démarra sur les chapeaux de roues. Dès le départ de l’engin, le chauffeur s’écria :

- J’vous préviens, vous avez intérêt à bien vous tenir sinon j’hésiterai pas à attraper mon flingue !

- Euh…, bredouilla Priscilla, pourquoi il dit ça, lui ?

- T’as fais quoi pour être ici ? demanda agressivement la personne assise à côté de Priscilla.

- Euh… Rien… J’ai pris un avion et…

- Ah ouais ! s’étonna-t-il, t’as pris en otage les personnes d’un avion, pas mal, respect.

- Non, ce que j’ai dit, c’est que…

- Moi, j’ai cambriolé une usine de chocolat, expliqua le menotté à Priscilla, les keufs ont essayé de m’arrêter et j’en ai blessé deux.

Priscilla ouvrit d’énormes yeux et se décala lentement de la personne située à côté d’elle.

- Remarque, j’suis un gentil garçon, au fond. Mais j’suis adepte au sucre. J’en ai pris pour 5 ans et 150 000 balles.

Il soupira, on pouvait remarquer à son air attristé qu’il regrettait son geste.

- Y’a pire que moi ici ! Hervé a pris 23 ans ! Lui, par contre, je peux pas te dire ce qu’il a fait, c’est trop !

La jeune fille était maintenant tétanisée, elle ne bougeait plus.

- Ça va ? questionna le menotté, j’te sens pas super bien…

La jeune fille fit tout de même un effort pour demander :

- Mais on est où, là ? C’est quoi cet engin ?

- Bah…, répondit l’homme, c’est un bus de prisonniers et là, on va être emmenés à la prison.

- C’est une blague ! hallucina Priscilla, c’est pas le bus qui part pour la Magic Academya ?

- Euh, à ton avis, on a des têtes à aller à la Magic Putacademya ?

- Oh purée ! C’est pas possible ! J’ai dû le louper ! paniqua la jeune fille.

Elle se leva et décida de partir en direction du chauffeur afin de lui expliquer le quiproquo. Dès qu’elle fut près de lui, elle commença ses explications :

- M’sieur, je me suis complètement trompée de bus ! Moi, je veux juste aller à la Magic Academya ! Laissez-moi descendre ou conduisez-moi à ma destination !

A ces mots, le chauffeur se mit à rire :

- Ah ah ah ! On ne me l’avait jamais faite, celle-là ! Bien essayé ! T’as une bonne imagination, petite, mais j’suis pas bête non plus ! Allez, dépêche-toi de retourner t’asseoir.

- Mais monsieur, y’a un gros malentendu ! Je…

Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase que le chauffeur du bus aperçut quelqu’un qui essayait de sortir du véhicule :

- Eh, toi ! rugit le chauffeur, repars t’asseoir, on n’est pas encore arrivés !

- M’en fous ! s’écria le prisonnier qui était en train d’essayer de s’évader.

La personne qui était assise à côté de Priscilla se leva et s’exclama, à l’intention de la meilleure amie de Laetitia :

- Eh, p’tite ! C’est lui Herv…

Lui non plus n’eut pas le temps de finir sa phrase, le chauffeur du bus attrapa brusquement un revolver et tira une balle.

Hervé y échappa tout juste. Tout le monde fut horrifié, en particulier Priscilla. Elle s’énerva et paniqua à la fois :

- Mais vous êtes complètement malade ! Vous n’avez pas le droit de faire ça !

- Reste en dehors de ça, p’tite ! rétorqua le chauffeur.

Il reprit son arme et tenta de tirer une deuxième fois. Mais au moment où son majeur allait appuyer sur la détente, Priscilla accourut et arracha le revolver de la main du conducteur. Elle brisa la vitre du bus à l’aide de l’objet rouge qui ressemble à un économe et qui sert en cas d’urgence. Après avoir cassé le carreau, elle jeta l’arme qui retomba lourdement sur la route. Le chauffeur du car lança des injures. Il arrêta immédiatement le bus et partit chercher le revolver en s’exclamant :

- Vous êtes tous cons ! C’est une arme collector !

Il laissa donc seul les détenus en compagnie de Priscilla.

- Mais c’est lui qui est con ! s’énerva Priscilla, s’il laisse les prisonniers seuls, ils vont s’évader !

Elle ne croyait pas si bien dire…

- Merci, p’tite ! lança une voix dans la foule, on te revaudra ça !

L’homme qui était assis à côté de Priscilla vint la voir et lui dit :

- Merci énormément, tu nous as beaucoup aidés sur ce coup-là !

Priscilla soupira :

- Moi, je voulais juste aller à la Magic Academya ! Je sais pas comment je vais faire pour y arriver, maintenant !

Le prisonnier réfléchit longuement puis tenta de rétablir le calme à l’aide de grands gestes accompagnés de puissants « s’il-vous-plaît ! ». Mais, noyées par les cris de joie des prisonniers, ses supplications ne se firent pas entendre. Il soupira longuement avant de siffler bruyamment. Maintenant que ses collègues l’écoutaient, il commença sa requête :

- Les mecs ! Cette petite fille, c’est celle qui nous a sauvés, et au départ, elle voulait juste rejoindre la Panic Academya !

- Magic Academya…, rectifia Priscilla

- A la Titanic Academya !

- Toujours pas…

- Bon, tu m’aiderais pas un peu, par hasard ? s’énerva l’homme.

- Oui, oui, désolée.

- Donc elle devait aller à cette académie sauf qu’elle s’est trompée de bus et maintenant, elle est paumée. Il faut qu’on l’aide, on lui doit bien ça !

Les prisonniers opinèrent de la tête et un des détenus eut une idée :

-Et !, Hervé, t’es le seul ici à avoir ton permis de conduire, tu pourrais l’emmener à sa Pjousdix Academya !

Priscilla inspira afin de dire quelque chose, mais à la réflexion, elle se retint.

Les autres détenus approuvèrent l’idée de leur compagnon.

- Bof… Chais pas, les gars ! Je…, hésita Hervé.

Ils le regardèrent avec dureté.

- Bon allez…, murmura Hervé, si vous m’accompagnez, ça devrait le faire !

Priscilla sauta de joie et enlaça les prisonniers qui trouvèrent cette étreinte gênante.

- Bah quoi…, bredouilla la meilleure amie de Laetitia, on ne vous a jamais fait de câlins dans votre vie ?

- Ben… Ici, on a tous eu une enfance difficile et nos parents ne nous ont jamais aimés, ils ne nous manifestaient pas de marques d’affection, alors, oui, ça nous fait bizarre…

- Ah…, bafouilla Priscilla, je suis désolée si ça vous a intimidés, alors…

- Non, non, c’était même plutôt agréable ! rétorqua Hervé, bon, allez, ce bus ne va pas nous emmener tout seul à cette Waxix Academya, hein !

- Vas-y, Hervé ! acclamèrent tous les prisonniers.

- Accrochez vos ceintures, on y va !

Priscilla se demanda pourquoi Hervé ordonnait à chacun de ses collègues de boucler leur ceinture de sécurité, étant donné qu’il n’y en avait tout bonnement pas.

Elle comprit bien assez vite…

 

 

Chapitre 3

 

Je ne sais pas si vous êtes déjà montés dans un bus conduit par un prisonnier. Si vous désirez en faire l’expérience, je pense que Priscilla vous laisserait bien sa place à ce moment-là. Son état faisait pitié à voir. Elle avait les yeux qui sortaient presque de ses globes oculaires, ses belles tresses n’étaient plus dignes de porter un tel adjectif et on aurait dit que la forme légèrement ondulée de ses cheveux avait passé une demi-heure sous un sèche-cheveux. Ses oreilles fouettaient le vent car les détenus avaient décidé de briser toutes les vitres du car pour, je cite : « mieux rigoler ». Mais, en l’occurrence, s’il y en avait une qui n’avait pas l’air de rigoler, c’était bien Priscilla. Elle criait comme une folle à chaque rebond du car. Ce dernier était apparemment tout terrain puisqu’il roulait dans des lacs comme dans des champs de maïs. Malheureusement, Priscilla se rappela qu’elle était justement allergique à cette plante. Elle commença à gonfler tel un ballon de baudruche.

- Eh les gars, regardez la p’tite, on dirait le soufflé au fromage cramé de ma grand-mère ! commenta un prisonnier.

Les détenus rirent quand Priscilla, ayant entre-temps égalisé la taille d’une montgolfière, s’énerva :

- Arrêtez de vous moquer d’moi, j’fais une allergie !

- Oh merde ! lança un prisonnier.

Le bus continuait à rouler à vive allure quand Hervé, le conducteur, s’écria :

- C’est Tobey ! C’est lui qui saura gérer au mieux cette situation, laissez-le passer !

Les prisonniers se décalèrent pour laisser place à un jeune d’homme appartenant à la même tranche d’âge que Priscilla. Il possédait des yeux d’un vert profond qui s’accordaient merveilleusement bien à sa chevelure brune. Des tâches de rousseur ornaient son visage ce qui lui donnait plus un air d’enfant qu’un air d’adolescent. Il était menu et petit. Il paraissait de nature plutôt timide bien que, grâce à ses yeux, on devinait une grande vivacité d’esprit. Il s’approcha à pas lents vers Priscilla, qui au passage, se transformait en clafoutis mal cuit à cause des gros boutons rouges qui apparaissaient en grand nombre sur son visage. Tobey adressa un timide « bonjour » à Priscilla avant de lui injecter une lotion orange dans la bouche. Après l’ingurgitation du liquide, Priscilla manqua de tout vomir sur les banquettes du bus : le goût du breuvage était tellement écœurant ! Un des détenus la taquina :

- Alors, tu te régales ?

Et bien vous savez quoi ? Elle ne répondit même pas !

Que la potion ait été gustativement bonne ou non, elle fut, quoi qu’il en soit, efficace : les gros boutons rouges disparurent complètement du visage de Priscilla et la tête de la jeune fille rapetissa afin de retrouver une taille normale. Elle se regarda sur le miroir de son téléphone, incrédule. Tandis qu’elle était en train de préparer une phrase de remerciement destinée à Tobey, ce dernier se lança dans un long discours :

- Là, je t’ai donné de l’agropotasse de nitatine orange pour que tu puisses retrouver ton aspect normal mais il n’est pas adapté pour qu’on le prenne comme médicament. Donc, étant donné que tu risques d’avoir des effets secondaires un peu étranges, comme celui-ci, tu devras te préparer toi-même un mélange. Il faudra que tu prennes une bouteille vide, tu y mettras 3 cuillères à café de nitropotassium iodé avec 8 cuillères à soupe d’Elixir rose. A ça tu ajouteras un soupçon de sirilotassumerium blanc cassé et pour finir, trois verres d’eau gazeuse. Tu boiras deux gorgées et demie seulement de cette lotion et tes effets secondaires disparaîtront aussitôt. Les effets secondaires ne seront pas fréquents, parfois tu pourras vivre plusieurs années sans connaître de rechute. Mais le problème c’est que ces rechutes surviendront jusqu’à la fin de ta vie.

- Ah…, commenta Priscilla.

- Quoi qu’il en soit, ne panique pas si tu as un effet secondaire, tu auras ma recette et, de toutes façons, un effet secondaire dure au maximum 1 heure.

Priscilla ne put s’empêcher de se jeter dans les bras de Tobey. Ce dernier trouva également l’étreinte inattendue. Il eut donc tout d’abord un geste de refus avant de comprendre que ce câlin n’était pas là pour lui faire du mal.

- Bon…, bafouilla-t-il gêné, je ne voudrais pas te gêner mais je vais te donner les ingrédients pour que tu puisses te préparer toi-même la potion si tu as un effet secondaire.

- Ah oui, oui…, bredouilla Priscilla, vas-y…

Il rassembla plusieurs flacons de couleurs différentes qu’il disposa dans un sac en toile avant de le tendre timidement à Priscilla.

- Merci…, bafouilla-t-elle gênée.

- Oh… Mais je t’en prie…

Un petit rire brisa le silence qui s’était installé dans le bus. C’était Hervé qui ne pouvait s’empêcher d’étouffer un rire devant la discussion embarrassante et embarrassée de Priscilla et Tobey. Ces deux derniers pivotèrent simultanément leurs deux têtes vers Hervé et lui jetèrent un regard tellement noir que le détenu baissa les yeux.

- Euh…, bafouilla un des prisonniers, je suis désolé de t’interrompre mais, par pur hasard, ce serait pas ton école, ça ?

Priscilla se retourna donc et vit un immense bâtiment fait de pierres, au bord de la mer. Elle n’avait jamais vu une construction aussi imposante. Elle ouvrit les yeux autant qu’elle le put, ahurie devant l’immensité de l’édifice.

Son école était bien là. Cette école qu’elle avait tant attendue. Elle était là, sous ses yeux.

La construction paraissait assez récente bien qu’elle avait l’aspect d’une bâtisse archaïque. L’édifice était doté d’un immense jardin orné de fontaines élégantes qui étaient disposées un peu partout sur l’étendue verte. La Magic Academya possédait également un bord de plage privée pourvu d’une eau où se reflétait le soleil.

- Putain ! C’est pas de la camelote, ton truc ! commenta Hervé.

Le car arriva devant l’entrée de l’école toujours aussi rapidement. Il se gara hâtivement avant de ralentir brusquement. Cette fois-ci, la conduite agressive d’Hervé ne dérangea pas Priscilla, trop occupée à admirer le paysage qui s’offrait à elle. Les portes du bus s’ouvrirent et Priscilla descendit les marches lentement, incrédule. La personne assise auparavant à côté de Priscilla et qui s’appelait en fait Joël décida de décharger les deux grosses valises de Priscilla et ses trois sacs.

- T’es sûre que t’as pris assez de vêtements ? ironisa-t-il, essoufflé.

Il déposa les bagages de Priscilla à côté de la jeune fille et la salua :

- J’ai été très content de te connaître ! s’exclama-t-il.

- Merci à vous de m’avoir emmenée jusqu’ici, répondit Priscilla, sans vous, rien de tout cela ne serait arrivé !

- C’est réciproque ! rigola Joël.

Soudain, un coup de klaxon puissant retentit. Priscilla et Joël durent se boucher les oreilles tant le bruit était fort. C’était Hervé.

- Bon, salut, toi ! Merci de nous avoir libérés ! J’espère qu’on se reverra !

- La même !

- Allez, Joël ! s’écria Hervé, on doit y aller !

- J’arrive !

Joël rentra dans le bus et au moment où les portes se refermèrent, Tobey s’exclama :

- Hervé, attends !

Surpris, Hervé coupa le moteur et rouvrit les portes. Tobey se glissa par l’ouverture et vint à la rencontre de Priscilla.

- Est-ce que…, bafouilla-t-il, ça t’embêterait de me donner ton… euh, ton… ton numéro de téléphone… s’il-te-plaît ?

Il se mit à rougir fortement, il paraissait très embarrassé. Priscilla, voyant que Tobey se mit à rougir, rougit elle-même.

- Euh… Non… Non… Ça ne me gêne absolument pas… Tiens, regarde…       

Elle montra son téléphone à Tobey qui recopia les 10 chiffres qui composaient le numéro de Priscilla en tremblotant. Pour ne rien arranger, Hervé s’écria :

- Wouh, wouh ! Chaud, chaud, chaud !

Tobey et Priscilla virèrent à un violet comparable à celui d’une aubergine.

- Bon…, bredouilla le jeune homme, je te souhaite de bien… de bien te sentir dans ta nouvelle école…

- Oui…, bafouilla Priscilla, je croise les doigts.

- Bon… Et j’espère te revoir bientôt…

- Mo… moi aussi…

Tobey remonta les marches qui le séparaient du bus, puis adressa un timide signe de la main en guise d’au-revoir. Priscilla fit de même. Ces deux-là s’étaient décidément bien trouvés ! Le jeune homme se rassit dans le bus à sa place habituelle et se mit à admirer le paysage extérieur. Le car vrombit et démarra sur les chapeaux de roues, accompagné d’un tonitruant coup de klaxon. Tobey dessina un cœur destiné à Priscilla sur la buée des vitres. Cette dernière laissa apparaître sur son visage un large sourire (tout en continuant à rougir) tandis que le car s’engageait sur la route principale.

Priscilla n’était pas du genre à faire étalage de ses sentiments, donc pour rien au monde elle ne se serait dévoilée : mais à cet instant précis, elle avait ressenti plus que de l’amitié pour Tobey…

A partir de ce moment-là, Priscilla se retrouva seule. Elle était devant la Magic Academya. THE Magic Academya ! La tant désirée Magic Academya ! Elle avait tellement parcouru de chemin jusque-là, vécu tant et tant d’aventures qu’elle laissa quelques larmes couler sur son visage. Elle commença à marcher vers l’édifice situé à seulement 200 mètres d’elle. Mais le laps de temps où elle dut marcher lui parut tellement long ! Elle était toujours munie de ses deux grosses valises et de ses quatre immenses sacs (dont celui que lui avait donné Tobey pour ses allergies). Entre temps, la pluie s’était mise à tomber dru mais cela ne dérangeait absolument pas Priscilla, elle était même plutôt contente. Elle était tellement trempée qu’on aurait juré qu’elle venait de prendre une douche tout habillée.

Puis elle se mit à rire.

Elle riait fort. Elle riait jusqu’aux larmes sans raison particulière. Comme quoi certaines expressions sont vraies : on peut passer du rire aux larmes et vice-versa. Oui, il n’y a pas de raison particulière pour rire. Si le corps le demande, il faut l’écouter et surtout ne pas se gêner. Priscilla riait de façon forte et on aurait pu l’entendre à des kilomètres à la ronde. Mais ce rire-là n’était pas exagéré, non, c’était tout ce qu’il y avait de plus naturel au monde

Maintenant, Priscilla était devant l’entrée de la Magic Academya. Elle avait poussé lentement la porte afin d’entrer dans l’établissement. Elle n’imaginait pas ce qui l’attendait…

 

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« Ce n’est pas le bon endroit, c’est pas possible… » se dit Priscilla à ce moment-là.

En effet, il était très dur pour la jeune fille de croire que cette immense construction s’avérait être la Magic Academya. Le hall principal était immense et des dizaines de gens y circulaient sans cesse. Des panneaux étaient disposés un peu partout, indiquant la direction de chaque activité ou matière enseignée dans la classe concernée. Tout était merveilleusement bien organisé. Les élèves ne portaient pas d’uniforme et étaient libres de s’habiller à leur guise tout en respectant le règlement vestimentaire. Priscilla était très émue, très touchée d’être là. Elle admirait les murs du hall quand la sonnerie de son téléphone retentit. Elle regarda l’écran et vit que c’était Laetitia qui l’appelait. Les élèves circulant dans la pièce principale murmurèrent un grand « chut » en entendant la sonnerie du portable de Priscilla.

- Les téléphones sont interdits, ici ! s’exclama une jeune fille en passant devant la meilleure amie de Laetitia.

- Oui, oui, désolée…, rougit Priscilla.

Accompagnant le geste à la parole, Priscilla s’apprêta à appuyer la touche rouge de son portable quand une voix grave résonna dans le hall :

- Les téléphones sont proscrits dans l’établissement !

Cette voix-là, Priscilla ne la connaissait pas encore. Non, elle ne la connaissait pas encore et ignorait tous les ennuis qu’elle s’attirerait avec. Pauvre de toi, Priscilla, si tu savais !

 

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Priscilla se retourna aussitôt.

- Je répète : les téléphones sont proscrits dans l’établissement !

Reprenant ses esprits, Priscilla répondit :

- Oui, oui… Désolée.

Elle raccrocha à Laetitia pour poursuivre :

- À vrai dire, je viens d’arriver dans l’établissement, je ne connais pas les règles…

Il y eut un silence.

- Tu es Priscilla Howart ? questionna la directrice.

- C’est ça ! répliqua la jeune fille du tac au tac.

- Il me semble que nous avions rendez-vous à quinze heures dans mon bureau afin de faire le point ? questionna la directrice d’un ton peu aimable.

- C’est exact…, bafouilla Priscilla, anxieuse à l’idée de passer cette entrevue.

- Tu te fiches de moi ? s’énerva la directrice.

- Euh… Non…, bredouilla Priscilla, pourquoi ?

- Il est dix-sept heures passées ! tonna la cheffe d’établissement.

Priscilla blêmit. Elle regarda sa montre et se rendit compte que sa folle aventure avec les prisonniers lui avait fait perdre beaucoup de temps. Elle trembla de peur occasionnant la chute de sa montre à terre. Elle ne voulut pas la ramasser de peur de provoquer une nouvelle colère chez la directrice. Elle sortit son téléphone pour regarder plus précisément l’heure. Malheureusement, Mme Lersiçte rugit d’une voix tellement forte que Priscilla en eut mal aux oreilles pendant un long moment :

- Les téléphones sont proscrits dans l’établissement !

Prise de peur, la jeune fille fit tomber son téléphone. Ce dernier chuta au sol avec un grand fracas. Autour des deux femmes, les élèves s’étaient arrêtés et s’étaient attroupés devant le sketch, si on pouvait appeler ça un sketch. Et encore, les élèves n’avaient rien vu : Priscilla ramassa son téléphone et essaya de l’éteindre afin de calmer la directrice. Mais, toute tremblante, la jeune fille activa involontairement la fonction « lampe torche ». La puissante lumière se jeta sur la cheffe d’établissement qui en fut aveuglée :

- Mais fais attention, un peu ! hurla-t-elle.

- Oh pardon ! improvisa Priscilla.

La jeune fille rougit brusquement et tâcha de switcher son téléphone en mode avion. La cheffe d’établissement était rouge également, mais rouge de colère.

- Est-ce que tu te rends compte que tu as plus de deux heures de retard ? Ce n’est pas digne de notre école, ça ! cria la directrice.

La directrice était très grande et très imposante. Elle avait des cheveux rouges coiffés en un chignon serré et des yeux noirs perçants. Elle portait une longue robe bleu marine et des bottines de cuir marron. Son eyeliner était tellement tiré qu’on aurait pu la confondre avec la chanteuse Amy Winehouse. Priscilla était terrorisée devant cette présence si imposante. Elle ne savait pas quoi dire, quoi penser, quoi faire mais surtout quelles émotions afficher sur son visage. Il y eut un long silence.

- Et ben alors ! meugla la cheffe d’établissement, t’as perdu ta langue, ou quoi ?

A ce moment-là, Priscilla paniqua et décida soudainement de prendre la fuite. Elle ne savait pas où aller, où se réfugier mais elle savait qu’elle voulait se trouver loin de cette nouvelle directrice tyrannique. Elle courut très rapidement pendant un petit moment, zigzaguant, bousculant les nombreux élèves de la Magic Academya. Elle finit par trouver une porte menant à une pièce, où, semblait-il, il n’y avait personne. Elle y entra violemment et mit ses mains sur ses genoux, haletante. Quelques secondes après son entrée fracassante dans la pièce, Priscilla décida d’allumer la lumière. Elle tâta les murs afin d’y trouver l’interrupteur puis le pressa. Elle poussa alors un cri de stupeur :

- Ah !

Priscilla attrapa rapidement un balai qu’elle brandit en l’air devant ce qu’elle voyait : une ombre immense qui se tenait sur le mur en pierre. Un visage effrayant doté d’une bouche accompagnée de dents acérées ressemblant à celles d’un rat radioactif se dessinait sur la paroi. Priscilla était dès à présent tétanisée : « mais c’est quoi cette école ? » pensa-t-elle. Tandis qu’elle essayait de s’enfuir en tournant la poignée, une main se posa sur son épaule droite. La jeune fille se retourna, horrifiée. Alors, qu’allait-t-il se passer et surtout qui était la personne, ou la chose, qui faisait tellement peur à Priscilla ?

 

 

Chapitre 4

 

Elle poussa un sourire de soulagement quand elle découvrit que sa peur n’était pas due à un rat radioactif mais à une femme.

- Oups…, bredouilla la femme, je suis désolée de vous avoir fait peur… J’ai un dentier assez effrayant quand on le voit dans le noir et encore plus quand je bâille…

- C’est… c’est… c’est p-p-pa-pas g-g-… gra… grave…, murmura Priscilla encore sous le choc.

- Enchantée de te connaître ! s’exclama la femme, je m’appelle Solange Duboeuf !

Puis elle tendit sa main à Priscilla. Mais sa main dégoulinait de sang ! Priscilla prit peur et elle tomba. Solange, qui avait compris la raison de l’effroi de Priscilla, se dépêcha de se justifier :

- Oh non, c’est pas du sang ! C’est mon produit de nettoyage, il est très rouge ! Je suis désolée…

- Non, non, non…, murmura Priscilla, c’est pas grave…

Elle se releva difficilement tandis que la femme frottait frénétiquement sa main afin d’y enlever la lotion rougeâtre.

- Je me présente : Solange Duboeuf !

Elle réfléchit à ce qu’elle venait de dire puis rectifia :

- Oh, zut… Je vous l’ai déjà dit, ça…

- Vous pouvez me tutoyer ! s’exclama Priscilla, amusée.

- Ah d’accord ! Et bien vous aussi, du coup ! Oh non, zut !

Priscilla pouffa.

- Je suis un peu maladroite, à vrai dire, avoua Solange.

- J’ai cru comprendre ! rit la meilleure amie de Laetitia, moi, c’est Priscilla, enchantée !

Solange sourit maladroitement puis attacha les mèches de cheveux qui la gênaient.

- Tu es nouvelle, ici ? s’enquit cette dernière.

- Oui ! rétorqua Priscilla, je suis un peu perdue, à vrai dire…

- Ne t’inquiète pas ! s’écria Solange, je vais te faire visiter, si tu veux !

- C’est gentil, murmura la jeune fille.

Il y eut un long silence.

- Et si je comprends bien, tu es la femme de ménage de l’école ? conclut Priscilla.

- Tout à fait ! répondit Solange, le sale boulot !

- Ah… Mince…

- C’est pas que je n’aime pas mon métier, au contraire ! Mais le problème, c’est que j’aurais aimé l’exercer dans n’importe quelle école, mais pas dans celle-là !

- Pourquoi ? interrogea Priscilla.

Solange réfléchit comme si elle cherchait des mots qui ne seraient pas des insultes.

- Eh bien, disons que la directrice n’est pas tout à fait charmante…

- Ah ! s’égosilla Priscilla, ben je crois que je viens à l’instant de faire sa connaissance !

A ce moment précis, la porte du cagibi s’ouvrit dans un grand fracas :

- J’ai entendu du bruit, par ici ! tonna la silhouette qui venait de s’introduire dans le cellier, qu’est-ce que c’est que ce pataquès ?

Priscilla pâlit d’un coup : la personne qui venait d’entrer dans le cagibi n’était autre que la directrice ! Elle se hâta de se cacher derrière un grand meuble à l’aide de Solange.

- Solange ! rugit la cheffe d’établissement, que se passe-t-il donc dans ce cellier ? Et d’où provient tout ce vacarme ? Et le ménage, alors ? Rah ! Cette pièce est aussi sale que le grenier de ma défunte grand-mère ! Oh, et puis lavez-vous, enfin ! Vous dégagez une odeur tout sauf agréable ! S’il-vous plaît, mon enfant, veillez à ne pas ternir la réputation de notre école ! Oh, Solange ! Bon sang de bonsoir !

Solange fut gênée. Elle rougit et remonta ses lunettes au niveau de son nez quand soudain une voix retentit :

- Vous pourriez traiter Solange autrement, tout de même ! fit Priscilla, sortie de sa cachette, vous ne savez pas ce que c’est de nettoyer les saletés des élèves de votre école si « digne » !

Priscilla était intervenue pour la simple et bonne raison qu’elle était triste de voir comment la directrice traitait la femme de ménage.

- Oh ! Priscilla ! rougit Solange, gênée.

La cheffe d’établissement changea de tête en voyant Priscilla. Elle s’énerva :

- Priscilla Howart ! rugit-t-elle, que fais-tu ici, petite morveuse ? Cette discussion ne te regarde absolument pas ! Sors immédiatement d’ici !

Priscilla hésita à sortir du cagibi. Elle était intervenue, comme elle le voulait, mais elle ne désirait pas engendrer un scandale, à peine 10 minutes après son arrivée ! A contrecœur, elle sortit de la pièce mais ne put s’empêcher d’ajouter, à l’intention de Solange :

- Solange, ignore ce que dit la directrice, elle ne vaut pas mieux que toi !

Elle avait fait exprès de prononcer cette phrase à Solange afin que la cheffe d’établissement, toujours présente dans le cellier, entende le message. Puis, Priscilla quitta la pièce prise d’un léger remord : laisser Solange avec le monstre de la Magic Academya. Elle marcha et alla s’affaler par terre, contre un mur. Mais elle n’était pas encore au bout de ses peines : après s’être relevée et avoir commencé à marcher vers une destination inconnue, elle bouscula involontairement une jeune fille qui était en face d’elle. Elle s’excusa d’une brève parole avant de reprendre sa route, la tête baissée.

- Euh ? demanda agressivement la fille que Priscilla venait de bousculer, tu fais quoi, là ?

- Quoi je fais quoi ? fit Priscilla en rajoutant donc une question.

- Tu viens à l’instant de me bousculer ! s’exclama la fille de plus en plus acerbe, tu crois quand même pas que tu vas t’en tirer comme ça ?

Cette fille ne paraissait pas commode. Elle était grande, brune et portait une robe fuchsia avec des collants gris épais. Les deux éléments ne s’accordaient absolument pas mais cela n’avait pas l’air de la déranger puisqu’elle accentuait sa tenue horrible avec un sac vert fluo ignoble. Elle avait une queue de cheval tirée en arrière tenue par un élastique orange, fluo également. Elle était tellement maquillée qu’on aurait dit un clown de cirque. Son gloss était tellement flashy que Priscilla aurait presque pu tomber dans les pommes rien qu’à le voir. D’ailleurs, cette dernière y manqua de peu : tout le monde s’était arrêté pour assister au spectacle de la fille « girly » contre la p’tite nouvelle, ce qui, vous le comprendrez, fut très gênant pour une élève fraîchement arrivée comme Priscilla. Cette dernière ne ratait décidément pas son arrivée ! «  Oh non ! » paniqua-t-elle, « pas encore ! ». La fille très féminine toisait sévèrement Priscilla tout en mastiquant un chewing-gum tellement fort que la nouvelle élève craignait chaque seconde que la fille « girly » se morde la joue. Mais là, c’était plutôt Priscilla qui était en mauvaise posture… La pauvre ! Elle qui désirait seulement s’enfuir de cette école sordide !

- Tu sais qu’tu viens de me bousculer, là ? répéta la fille très féminine.

- Oui, ben j’ai pas fait exprès et je t’ai dit pardon ! s’énerva Priscilla.

- Tu crois peut-être que s’excuser ça suffit ? s’enflamma la fille « girly », tu viens de bousculer LA reine de l’école.

Priscilla rit jaune bruyamment. Elle venait à peine d’entrer dans cette école et elle ne l’aimait déjà pas. Elle en avait ras-le-bol des gens prétentieux.

- Tu vas immédiatement te calmer ! s’écria Priscilla, y’a pas de reine ou de roi, ici ! Ce que je vois, en revanche, ce sont les gens orgueilleux, et ça, crois-moi, y’en a à la pelle !

La fille fronça les sourcils, peu habituée à ce qu’on la rembarre. Elle tâcha de ne pas montrer son ébranlement en se moquant :

- Ah ouais, ok ! T’es nouvelle, toi ! Ben tu comprendras vite que la queen, ici, c’est moi !

Priscilla recommença à rire tant la personne qui se trouvait en face d’elle était pitoyable. Mais cette fois, ce ne fut pas un rire jaune : ce fut un vrai bon rire. Elle était si contente de s’esclaffer à nouveau qu’elle manqua d’aller embrasser la fille à laquelle elle était confrontée. La fille « girly » était accompagnée de deux amies au regard tout aussi méprisant que leur amie. Elles étaient les trois blondes, on aurait dit des « copiées-collées ». « Eh ben ! » rit Priscilla au fond d’elle,