Propos - Jacques Sourmail - E-Book

Propos E-Book

Jacques Sourmail

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Beschreibung

Tirés d'un manuscrit ancien, dont l'origine n'a pu être identifiée, les Propos se présentent comme un bréviaire de la vie intérieure. 

Jacques Sourmail a souhaité les mettre à la disposition du public, dans un langage qu'il s'est efforcé de rendre aussi accessible que possible, tout en restant proche du texte originel. En de courts chapitres, les règles essentielles de la route spirituelle nous sont ici présentées comme autant de balises lumineuses pouvant servir de repères fiables dans un monde sans cesse en mouvement. 

À lire et relire périodiquement pour en apprécier la profondeur et la puissance. 

Pour en savoir plus : https://lespropos.fr/FR/


À Propos DE L'AUTEUR 

Jacques Sourmail est un mathématicien et occultiste qui a développé depuis les années 1990 le concept de "politique ésotérique". Il est l'auteur de différents ouvrages sur ce sujet tel que l'histoire secrète du Japon, de l'Allemagne et de l'Inde.


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Jacques Sourmail

PROPOS

Janvier2011

UNE RENCONTRE

Ce dimanche là, sifflait sur Paris le triste vent d’octobre. De rares feuilles jaunies, poussiéreuses et bruissantes, filaient dans les rafales. A la hauteur de la rue d’Hauteville, à l’angle d’un café, un grand passant à physionomie jupitérienne, au menton glabre, à la démarche altière, aux longs cheveux grisonnants, s’était arrêté devant moi. Levant son feutre d’un geste qui sentait son autrefois, il me salua avec gravité : - Monsieur, - me dit-il, d’une voix dont les accents laissaient transparaître une autorité sereine, - Monsieur, nous aimerions vous voir exécuter un petit travail pour nous ; et, me tendant une liasse de papiers jaunis : « Puisque vous êtes un disciple du Maître que j’ai également l’honneur de servir, vous pourrez sans doute exploiter ce manuscrit, et dresser un recueil des propos qui s’y trouvent ». Sur le dessus de la première feuille était l’empreinte d’un sceau que les occultistes nomment le cachet de Melchisédek, l’antique étoile. « Prenez, me dit le vieil homme, et jugez ensuite ce qu’il convient de faire. Il nous semble que cela mérite d’être mis à la disposition du public, mais non sans avoir été tout d’abord retravaillé par une main moderne ».

Rentré chez moi, je me plongeais dans la lecture des feuillets. Je ne fus pas long à me convaincre qu’il y avait là quelque chose d’important.

C’était un ensemble de leçons très solides, dites dans un style simple et concret, prononcées par un homme qui semblait bien connaître les hommes, par un sage qui avait expérimenté la valeur constructive de la vraie philosophie. « C’est l’enseignement d’un Adepte », avait affirmé mon mystérieux émissaire. (Adepte, adeptus : celui qui est arrivé, celui qui a atteint la Réalisation)

Chacun sait que de tels êtres s’abstiennent de composer des livres ; ils ont bien d’autres tâches à remplir, et de plus importantes. Ce n’est pas ainsi que ces sages manifestent leur rayonnement. Il y avait donc eu quelque preneur de notes qui avait fixé cette parole vivante au moment où elle s’envolait ; comme Porphyre l’avait fait jadis pour Plotin, ou certaines filles de Sainte-Marie pour le bienheureux François de Sales. Peut-être même ne s’agissait-il que de résumés exécutés par des auditeurs transformés en secrétaires clandestins.

J’ignore et ne veux rien savoir de l’identité de cet Adepte, non plus que de celles des scribes bien intentionnés qui ont couché par écrit ses enseignements. Mon interlocuteur m’assura qu’à l’origine, ce qui avait été relevé était de nature à former la matière de deux ou trois gros volumes, mais que la plupart des feuilles avaient été malheureusement perdues, et que ce qu’il me confiait là était tout ce qui restait de ces précieuses pièces. « Ce ne sont que des miettes, me dit-il, mais elles peuvent encore remplir bien des corbeilles pour la nourriture des âmes ». Voici donc, rassemblées ici, ces « miettes », qui constituent le résumé substantiel de la parole d’un haut initié. J’ai tenté de reconstituer à l’intention du lecteur, non seulement ses phrases, sa pensée, ses expressions, mais encore, chaque fois que cela était possible, le mouvement même de son élocution, pleine de saveur. Si quelques chercheurs sincères parviennent à puiser dans ces fragments deux ou trois leçons de vie assez solides pour les guider dans leur progression spirituelle, je ne me serai peut-être pas trop mal acquitté de la tâche que m’a confiée mon étrange promeneur.

Quant à ma contribution à la mise en forme des textes qu’on va lire, qu’il me suffise de dire, avec Montaigne : « Messieurs, je n’ai fait ici qu’un bouquet de fleurs choisies, et je n’ai rien fourni de moi que le lien qui les attache ».

I - PRESENTATION DUTEXTE

Chacun sait que lorsqu’un Adepte parle sur des sujets communs, c’est toujours avec une force qui n’est pas commune. L’énergie qui l’anime lui fait traiter les moindres matières avec tant de vigueur, qu’un feu se communique à ceux qui l’écoutent, imprimant en eux respect et vénération pour tout ce qui regarde l’Âme. Ainsi, lorsque notre Inconnu parle de la manière de conduire nos méditations, de la connaissance de nous-mêmes, du renoncement à notre propre volonté, de l’abandon et de la confiance en l’Âme, de la reconnaissance de ses bienfaits, du bon usage des épreuves qu’elle nous envoie, ou encore de l’humilité, du détachement et d’autres choses encore qui appartiennent à la vie du disciple, ces choses-là, il les porte très haut quant à la pratique et quant à l’expression. J’en connais peu qui en parlent comme lui avec autant de justesse, de pertinence et d’amour, sans apprêt et sans formalisme. Sous leur apparence de décousu, ses petits sermons se tiennent si serrés, sont si bien reliés, les arguments y sont accrochés les uns aux autres avec tant de logique et d’adresse, qu’on est aussitôt pris dans leur calme engrenage. Puis il les reprend, les entrouvre et les ouvre, comme on détaillerait, après l’avoir fait respirer, une fleur, pour en révéler l’une après l’autre chaque feuille, chaque pétale. Cela fait de chacune de ses leçons un enchantement. On le lit en souriant avec un plaisir pur auquel on ne peut s’arracher.

Avec cela, il y a cette grâce du style. Notre Inconnu sait que l’éclosion des idées ne va pas sans le bonheur de l’expression, que « le bien dire est le chemin du vrai dire » (Alain). Aussi sa langue est-elle belle et souple. Simple, aussi, avec de beaux mots de la langue commune, des mots tels que cœur, vertu, âme, conscience… derrière lesquels on entend vibrer une voix chaude et convaincante. Car ces phrases, que l’on pourrait croire glacées par le temps et inanimées, ont gardé leur entrain, leur chaleur. Nous y trouvons des leçons pour nos exercices spirituels, des remèdes pour nos infirmités, des armes contre les mirages, des encouragements dans nos épreuves, des consolations pour nos faiblesses, des conseils pour nos paroles, et mille traits de prudence pour corriger le mal sans blesser personne et insinuer le bien sans ostentation.

Les jolis accents ! comme ils sonnent ! La chaude gentillesse ! Les mots, les idées, les sentiments, les conseils, les instructions, tout cela, administré semble-t-il au hasard, pêle-mêle, et dans une absence apparente de synthèse qui peut déconcerter, tout cela est néanmoins bien à sa place, amical et limpide, dans l’ordre qu’il faut. C’est, encore une fois, du langage le plus courant, terre à terre et qui trouve le moyen d’atteindre l’éloquence et l’élévation à force de zèle et de sincérité, de frémissement, de volonté, de ténacité sereine. Il ne craint pas les redites, il semble au contraire qu’il les recherche afin d’enfoncer toujours de plus en plus, chez ceux qui l’écoutent, ses convictions d’initié. Prenons l’Âme, par exemple. Il l’évoque sans cesse, il la met au centre de tout, il se réfère à elle à chaque instant, pour la montrer dans sa plénitude, pour prouver jusqu’à l’évidence que, de quelque côté qu’on regarde les événements de nos vies, elle en est l’organisatrice attentive et bienveillante. Et quand on croit qu’il a fini de parler d’elle, il recommence, il y revient, encore et toujours, tant, si l’on peut dire, il l’a « dans le sang », dans sa conscience inépuisable et forte.

Et ce sont ainsi des gouttes de pensée qu’il fait tomber exprès, sans interruption, parce qu’il sait qu’à s’écraser toujours au même endroit sur nos esprits, elles finiront par y creuser leur chemin et par s’y enfoncer.

Aussi, le meilleur moyen de s’incorporer ces belles leçons, à ce que je crois, est-il de les relire beaucoup et souvent. On trouvera le temps qu’il faut en prenant sur les feuilletons télévisés et sur les jeux vidéo.

L’absence apparente de synthèse, que nous avons déjà soulignée dans les propos de l’Inconnu, peut déconcerter et inquiéter. A meilleure réflexion, elle nous invite à respecter quelques règles de consultation de ces textes.

Fixons d’abord la première règle de lecture et d’interprétation. L’enseignement d’un Adepte ne se présente jamais comme un développement à partir de notions ou de définitions : c’est un effort pour faire partager une expérience. Cette expérience est celle de la vie dans un Ashram1. Cette vie dans un Ashram est un épanouissement grâce à une fidélité de plus en plus profonde aux exigences de l’Âme.

Vie dans un Ashram : n’oublions jamais que les « frères » auxquels ces leçons s’adressent sont des disciples engagés que l’Adepte a mobilisés autour de lui pour le service des hommes. Nous voyons ainsi, dans ces textes, comment s’y prend un fondateur d’Ashram – ce que sont tous les Adeptes – pour imprimer ses maximes et ses façons d’agir dans la conscience de ses disciples et pour leur communiquer l’esprit dont lui-même est animé ; leur donnant, pour ainsi dire, la sève de son Âme, afin qu’ils soient unis à lui comme les pampres de la vigne auxceps.

De façon périodique, il les rassemble autour de lui. « Spontanément, familièrement », il prend contact avec eux, circule au milieu des siens, éprouve discrètement leurs réactions, sonde leurs auras. Sa parole chaude et convaincante lui permet de les former, de les diriger, de les stimuler. Son verbe est si clair ! Il suffit de l’entendre pour le comprendre et le retenir. Pas de grands mots ni de grandes phrases. Le moins d’effets possible. Une causerie : des regards, des sourires… une effusion constante du cœur et de l’âme.

Rien de magistral chez ce maître. Ce sont les propos d’un ami qui pense avec vous tout haut, – jamais trop haut, – en disant ce que vous pensez et qui le dit mieux que vous.

Parfois, au détour d’une phrase, on croit apercevoir, dans un éclair, sa haute silhouette qui s’avance. On imagine une étonnante physionomie. Un vaste front de pierre, une face brunie couleur de terre, où le soc du sacrifice a creusé tous ses sillons. L’humble et sereine majesté du patriarche… Sans s’arrêter de discourir, il va et vient, marche de l’un à l’autre, observant et visitant pour ainsi dire chacun, lui touchant le cœur, lui frappant l’esprit.

Lorsqu’il s’adresse à ceux dont la mission est d’enseigner, il détaille pour eux la bonne manière de le faire, comment préparer et composer un cours, et ensuite comment le prononcer : ne pas parler trop haut (mieux vaut trop bas, parce que au moins cela force à prêter l’oreille), s’exprimer franchement et simplement. Avec quelle gaieté pleine de malice et quelle mordante bonhomie, nous l’entendons railler les prédicateurs prétentieux au verbe haut et à l’emphase déphasée ! « Qu’est-ce que toute cette fanfare ? Quelqu’un veut-il montrer qu’il est bon rhétoricien ? bon dialecticien ? Chose étrange, il en prend mal le chemin : pour acquérir l’estime des sages, il faut persuader son auditoire de faire ce qui est conforme à la volonté de l’Âme et le détourner de ce qu’il doit éviter.

Or cela ne consiste pas à bien trier ses paroles, à bien agencer ses périodes et à prononcer son discours d’un ton élevé, d’un ton de déclamateur. Ces sortes de prédicateurs atteignent-ils leur but ? Persuadent-ils fortement l’amour de la vertu ? Les hommes sont-ils touchés et s’en trouvent-ils améliorés ? Rien moins. Rien moins ! »2

La seconde règle est que pour bien comprendre l’enseignement d’un Adepte, il faut sans cesse se référer aux « constantes de l’Âme ». Quelles sont-elles ? Comment s’orientent en nous ces lignes invisibles et invariables ?

La première constante de l’Âme est sans aucun doute une Volonté farouche et inconditionnée d’atteindre ses objectifs spirituels, de réaliser en tout sa vocation surnaturelle. Cette Volonté se nourrit et s’enveloppe dans un Amour qui adore et adhère d’avance à tout ce que le Dessein divin montrera ou révèlera demain.

La seconde constante, très explicite dans les propos de notre Adepte, c’est l’inébranlable décision de ne jamais abandonner le monde, ni ceux qui s’y trouvent emprisonnés. Sans doute ce monde connaît le pouvoir du mirage et des illusions. Toutefois, notre Âme a choisi d’être présente dans ce monde. Sans cesse elle y travaille. En tout temps, en tout lieu, elle y prolonge sa mission de sacrifice et de salut.

Tâchons, pour conclure, de résumer l’essentiel du message de notre Adepte. Que dit-il ? Que chaque homme a le pouvoir de devenir maître et possesseur de lui-même, d’accéder ainsi à une forme de liberté et de réalisation. Mais cela ne peut s’effectuer que par une perpétuelle vigilance et par un effort de tous les instants. Car la conscience n’est pas naturellement maîtresse de ses états. Par nature, la conscience est solidaire d’un sac de peau dont elle subit constamment les soubresauts. Ce qui importe, c’est que l’homme soit toujours capable de se reprendre grâce à sa raison et grâce à sa volonté, aiguillonnée par celle de l’Âme. Si nous sommes assez vigilants pour tenir notre mental en bride, et surtout pour ne jamais laisser échapper les occasions d’agir et de servir qui nous sont offertes à chaque instant, nous parviendrons à trouver la paix de l’esprit.

C’est une philosophie qui met un homme debout et en marche, tout en le réconciliant avec lui-même, avec ses semblables et avec le monde.

D’aucuns diront que notre Adepte ne dit rien ici qu’on ne puisse trouver ailleurs, qu’il est possible de reconnaître dans son enseignement les traits classiques d’une métaphysique universelle. Il se peut ; mais j’incline à croire, comme instructeur, que la lecture attentive et renouvelée de certains passages, en particulier de certains propos, est de nature à mettre du ressort dans la poitrine de nos étudiants et de leur apporter une certaine sérénité.

Enfin il faut que j’avoue par ma propre expérience qu’il n’y a rien de si touchant, rien qui m’émeut tant, rien de tout ce que j’ai lu, vu ou entendu, qui me pénètre à l’égal de cet enseignement.

1. Par Ashrams, il faut entendre, ici, des groupes d’étudiants de niveaux divers, qui suivent les enseignements d’un être de très haute stature mentale et spirituelle, - d’un « Adepte » ; afin de progresser dans leur vie intérieure, tout en collaborant avec Lui au service de l’humanité.

2. Voir infra, pages 3 et 4 du chapitre sur la simplicité.

II - MÉDITATION

Donnez-moi un homme qui sache vraiment méditer, un expert en l’art de la méditation : il sera capable de tout. Il pourra dire avec le sage rishi : « Je suis toute chose ».3

Un Ashram ne subsiste qu’autant que l’art de la méditation y est pratiqué, parce que la méditation est comme un rempart qui met les disciples à couvert contre toutes sortes d’attaques ; elle est un mystique arsenal qui leur fournit toutes sortes d’armes pour se défendre et mettre en déroute les pensées les plus nuisibles.

La méditation est un moyen qu’on se donne à soi-même pour extirper les vices de notre personnalité et pour y planter les vertus de l’âme.

Je vous recommande de tenir ferme dans ce combat ; mais aussi d’aller doucement dans la manière d’agir, et de ne pas vous rompre la tête à force de vous appliquer et de vouloir obtenir des résultats ; d’élever votre esprit vers l’Âme et de l’écouter, parce qu’il arrive qu’un seul de ses murmures, un seul de ses chuchotements fasse plus que mille raisonnements et que toutes les spéculations de notre entendement.

Voyez la différence qu’il y a entre la lumière d’une bougie et celle du soleil. La bougie nous éclaire, mais sa lueur ne va pas plus avant, tandis que le soleil remplit et vivifie tout par sa lumière ; il ne découvre pas seulement l’extérieur des choses, mais, par une vertu secrète, il pénètre au-dedans, il les fait agir et les rend même fructueuses et fertiles.4 Or, les pensées et les considérations qui viennent de notre entendement ne sont que de petites bougies, qui montrent seulement un peu le dehors des objets, et ne produisent rien de plus ; tandis que la lumière de l’Âme, répandue dans nos cerveaux par la méditation, pénètre jusqu’au plus intime de notre conscience, qu’elle stimule et porte à opérer des transformations merveilleuses. Il faut donc que ce soit l’Âme elle-même qui nous éclaire et qui nous inspire. Toutes les considérations hautes et recherchées ne sont point méditation ; ce sont plutôt des surgeons de l’orgueil. Il ne faut ni s’y arrêter ni s’y complaire, comme le ferait un prédicateur qui se pavanerait dans ses beaux discours, qui prendrait tout son plaisir à voir les assistants satisfaits de ce qu’il leur débite. Il est évident que ce ne serait pas le feu de l’Âme, mais plutôt le feu de l’orgueil qui travaillerait son entendement et pousserait au dehors toutes ces belles phrases ; ou, pour mieux dire, ce serait le Gardien du Seuil qui l’exciterait et le ferait parler de la sorte. Il en va de même lorsque, dans la méditation, l’on recherche de belles considérations, qu’on s’entretient dans des pensées extraordinaires, particulièrement lorsque c’est pour les débiter au dehors afin que les autres en aient de l’admiration. C’est là une espèce de blasphème ; c’est, en quelque façon, être idolâtre de son esprit ; car si, en communiquant avec l’Âme dans la méditation, vous recherchez de quoi satisfaire votre orgueil, alors vous employez cet exercice sacré à combler votre amour-propre et à vous complaire dans la belle estime de vous-même ; oui, vous sacrifiez à cette idole de la vanité !

Gardons-nous bien de cette folie ; ne recherchons dans la méditation que ce qui peut davantage nous porter à la pratique solide des vertus.

Le principal fruit de la méditation consiste à bien se résoudre, à se résoudre fortement, à fonder solidement ses résolutions, à s’en convaincre, à bien se préparer à les exécuter.

D’où pensez-vous que provient le plus souvent le fait que nous manquons à nos résolutions ? C’est que nous nous fions trop à nos petites forces, que nous comptons trop sur notre instable caractère. Voilà pourquoi, après que nous avons pris quelque décision, il faut s’engager dans une méditation, il faut invoquer instamment la grâce de l’Âme, afin qu’elle nous communique la force nécessaire pour faire fructifier cette résolution.

La première chose que l’on doit faire dans la méditation, c’est de bien s’établir dans la présence de l’Âme, considérant que l’Âme nous voit, qu’elle abaisse ses regards vers nous, qu’elle a son Œil fixé sur nous. Ensuite on fait les exercices accoutumés5, et on passe à la seconde partie de la méditation, qui est le corps de la méditation, où l’on focalise le mental sur le support choisi, qu’il s’agisse d’une vertu que l’on désire s’incorporer, ou de quelque mystère qu’on voudrait percer.

Aussitôt ce support enflamme la volonté. Oui, de lui-même, il enflamme la volonté.