Protecteur Sans Égal - Tina Folsom - E-Book

Protecteur Sans Égal E-Book

Tina Folsom

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Beschreibung

Lorsqu'une vision prédit la mort de Pearce des mains de l'humaine Daphne, il part à sa poursuite pour essayer de changer son destin. Après avoir fait carrière comme pirate informatique et avoir eu quelques démêlés avec la justice, Daphne décide de changer de voie en devenant analyste en cybersécurité. Toutefois, lorsque son frère a des problèmes avec un usurier, elle est contrainte d'utiliser ses compétences pour régler sa dette. Cet acte la met sur la voie des Gardiens de la Nuit et de leurs ennemis jurés, les Démons de la Peur. Ce qui commence comme une mission pour éviter que Daphne ne tue Pearce se transforme en une course contre la montre pour empêcher les démons d'acquérir la clé menant à la destruction assurée des Gardiens de la Nuit et de l'humanité. À PROPOS DE LA SÉRIE Capables de se rendre invisibles, les Gardiens de la Nuit immortels protègent depuis des siècles les humains de la puissance obscure des Démons de la Peur. Les Gardiens vivent dans des bastions invisibles pour les humains comme pour les démons, mais le danger n'est jamais loin. Seuls les Gardiens de la Nuit s'interposent entre l'humanité et les plans diaboliques des démons, qui veulent régner sur l'humanité. Tout en protégeant les humains des démons et de leur chef maléfique Zoltan, le Grand Leader, ils doivent risquer leur propre vie pour accomplir leur mission sans que les humains ne découvrent qui ils sont. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Et même les gardiens immortels peuvent tomber amoureux. ⭐️ ⭐️ ⭐️ ⭐️ Lara Adrian, auteure de la série Midnight Breed, best-seller du New York Times : "Préparez-vous à une aventure fantastique ! Les Gardiens de la Nuit sont la seule chose qui se dresse entre l'humanité et une race démoniaque déterminée à dominer le monde. Pour une romance paranormale au rythme effréné et aux enjeux majeurs, ne manquez pas d'ajouter Tina Folsom à votre liste de lectures à ne pas manquer !" Les Gardiens de la Nuit Amant Révélé (#1) Maître Affranchi (#2) Guerrier Bouleversé (#3) Gardien Rebelle (#4) Immortel Dévoilé (#5) Protecteur Sans Égal (#6) Démon Libéré (#7) Les Vampires Scanguards La belle mortelle de Samson (#1) La provocatrice d'Amaury (#2) La partenaire de Gabriel (#3) L'enchantement d'Yvette (#4) La rédemption de Zane (#5) L'éternel amour de Quinn (#6) Les désirs d'Oliver (#7) Le choix de Thomas (#8) Discrète morsure (#8 ½) L'identité de Cain (#9) Le retour de Luther (#10) La promesse de Blake (#11) Fatidiques Retrouvailles (#11 ½) L'espoir de John (#12) La tempête de Ryder (#13) La conquête de Damian (#14) Le défi de Grayson (#15) L'amour interdit d'Isabelle (#16) La passion de Cooper (#17) Le courage de Vanessa (#18) La séduction de Patrick (#19) Autres séries : Les Vampires de Venise Hors de l'Olympe Nom de Code Stargate La Quête du Temps Le club des éternels célibataires Thriller : Témoin Oculaire La série Gardiens de la Nuit a tout pour plaire : des coups de foudre, des ennemis devenus amants, de jolies rencontres , des héros alpha, des compagnons prédestinés, des gardes du corps, une bande de frères, des demoiselles en détresse, des femmes en danger, une identité cachée, l'invisibilité, des âmes sœurs, des héros torturés, un écart d'âge, un amour de la seconde chance, un amant en deuil, le retour d'entre les morts, un bébé secret, des enlèvements, des amis devenus amants, un admirateur secret, le dernier à savoir, un amour non partagé, un amour interdit, des partenaires dans la lutte contre la criminalité.

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Seitenzahl: 423

Veröffentlichungsjahr: 2025

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PROTECTEUR SANS ÉGAL

GARDIENS DE LA NUIT #6

TINA FOLSOM

TABLE DES MATIÈRES

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Chapitre 29

Chapitre 30

Chapitre 31

Chapitre 32

Chapitre 33

Chapitre 34

Chapitre 35

Chapitre 36

Chapitre 37

Ordre de Lecture

Autres livres de Tina

À propos de l’auteur

RÉSUMÉ

Lorsqu’une vision prédit la mort de Pearce des mains de l’humaine Daphne, il part à sa poursuite pour essayer de changer son destin.

Après avoir fait carrière comme pirate informatique et avoir eu quelques démêlés avec la justice, Daphne décide de changer de voie en devenant analyste en cybersécurité. Toutefois, lorsque son frère a des problèmes avec un usurier, elle est contrainte d’utiliser ses compétences pour régler sa dette. Cet acte la met sur la voie des Gardiens de la Nuit et de leurs ennemis jurés, les Démons de la Peur.

Ce qui commence comme une mission pour éviter que Daphne ne tue Pearce se transforme en une course contre la montre pour empêcher les démons d’acquérir la clé menant à la destruction assurée des Gardiens de la Nuit et de l’humanité.

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Édité par Anne-Lise Pellat et Céline Gaudard

©2025 Tina Folsom

Scanguards® est une marque déposée

1

— Tu vas mourir !

À ces mots, Pearce se retourna, les cheveux dégoulinants, les pieds nus, et faillit faire tomber la serviette nouée autour de sa taille. Cependant, il parvint à maîtriser son geste, tandis qu’il observait attentivement l’intrus.

Une règle non écrite du bastion voulait que personne n’entre dans les quartiers privés d’un guerrier sans y être invité. Depuis qu’il vivait à Baltimore, personne n’avait jamais violé son intimité. Même s’il y avait des serrures sur les portes, personne ne les utilisait jamais. À quoi cela aurait-il servi ? Un Gardien de la Nuit pouvait se faufiler à travers les murs et les portes, tel un fantôme, annulant ainsi toute nécessité de verrouillage. Toutefois, pour les épouses humaines de ses camarades, c’était une autre paire de manches : elles ne possédaient pas les capacités de leurs maris surnaturels. C’était également le cas de la femme médium qui se trouvait parmi eux. Bien qu’elle possède des pouvoirs surnaturels, elle n’était pas capable de traverser les murs. Elle avait donc simplement ouvert la porte sans frapper ni attendre d’invitation.

— C’est quoi ce bordel, Winter ? lui lança-t-il en grognant.

Sans prêter attention à la réprimande, Winter s’approcha.

— N’as-tu pas entendu, Pearce ? Tu vas mourir, te faire poignarder !

— Oui, je te crois. Si Logan te trouve dans mes quartiers !

Le partenaire de Winter, son collègue Gardien de la Nuit Logan, était un individu jaloux et habile avec son arme mortelle. S’il découvrait Winter dans les quartiers de Pearce, vêtue d’un peignoir par-dessus sa chemise de nuit délicate, avec Pearce à moitié dévêtu pour couronner le tout, il déchaînerait les enfers. Au mieux, il lui casserait la figure ; au pire, il l’attaquerait avec sa dague, une arme capable de tuer un immortel.

— Tu es complètement folle de venir ici ! Que se passerait-il si Logan te surprenait chez moi ?

Elle leva la main, exprimant son indifférence.

— Ne t’en fais pas, il prend sa douche.

— Oui, moi aussi, répondit Pearce d’un ton sec, en accompagnant son geste de sa main libre, celle qui n’était pas encore en train de tenir la serviette. Maintenant, je souhaite me changer.

Il désigna la porte du doigt.

— Sans témoin, spécifia-t-il.

— Tu ne comprends pas, insista Winter, la voix empreinte de frustration. Ce n’est pas Logan qui va te tuer, mais plutôt Daphne.

L’eau coula dans les yeux de Pearce, qui s’essuya le visage avec la main et brossa ses cheveux mouillés, qui avaient besoin d’une coupe, vers l’arrière.

— Qui est cette Daphne, bordel ?

— C’est elle qui t’a tué dans ma vision.

— Tu as vu quelque chose à mon propos ?

Elle s’affala sur le canapé en soupirant.

— Enfin, tu comprends. Si tu es aussi lent à la détente, ce n’est pas étonnant que tu te fasses tuer.

Pearce leva les yeux vers le plafond.

— Tu aurais pu commencer par ça.

— Par quoi ?

— En mentionnant d’abord que tu as eu une vision, et en frappant ensuite.

— Eh bien, je suis désolée de m’inquiéter, mais mes visions sont toujours justes.

Elle soupira et se leva.

— Mais, si tu préfères courir le risque sans te préparer, vas-y.

Elle se dirigea vers la porte.

— Winter, je suis désolé. Reste, je t’en prie.

À la porte, elle hésita un instant, puis se retourna lentement.

— Tu me crois enfin ?

— Je n’ai jamais douté de toi. Ce qui me dérangeait, c’était simplement ta manière de dévoiler la vérité. Ce n’est pas tous les jours qu’on me dit que je vais être tué.

— Poignardé par une dague des Gardiens de la nuit, pour être plus précis, dit-elle. Par une femme !

— Une femme-démon, rectifia Pearce.

Winter hocha la tête avec hésitation.

— Je ne pense pas. Je ne suis pas sûre, mais je crois qu’elle était humaine.

— Pourquoi penses-tu ça ?

— Son bras était blessé. Le sang coulait, rouge.

— Pas de sang vert ? Tu en es certaine ?

Il existait deux manières de distinguer un démon : son sang vert, et ses yeux.

— Ses yeux ? Étaient-ils verts ?

— Je ne pouvais pas distinguer leur couleur, mais ils n’avaient pas l’air vert-poison comme j’ai pu le voir chez d’autres démons.

Winter avait rencontré plus de démons qu’elle ne l’aurait souhaité. Heureusement, elle avait triomphé de cette épreuve. Si un individu autre qu’un Gardien de la Nuit pouvait reconnaître les yeux verts d’un démon, c’était bien Winter.

Pearce réfléchit un instant aux paroles de Winter.

— Elle aurait pu mettre des lentilles de contact colorées.

— Oui, mais il reste le bras qui saigne.

— Humm.

Le risque de mourir aux mains d’un démon était inhérent au fait d’être un Gardien de la Nuit, mais être tué par un humain ?

— Comment connais-tu son nom ?

— Tu l’appelais Daphne avant qu’elle ne t’enfonce un couteau dans le cœur. Tu la connaissais.

Pearce hocha la tête.

— Je suis désolé, mais je ne connais personne qui s’appelle Daphne.

— Pourtant, dans ta vision, tu en connaissais une.

Il chercha dans sa mémoire, mais il était convaincu de n’avoir jamais connu de femme nommée Daphne.

— Qu’est-ce que tu as d’autre ? Où cela se passera-t-il ?

Winter semblait sur le point de hausser les épaules, mais se reprit et redressa le dos, comme si un souvenir lui revenait.

— C’était assez inhabituel. On aurait dit les coulisses d’un théâtre ou d’un plateau de tournage de cinéma, comme dans les émissions de télévision. Le décor aurait pu être celui d’une pièce ou d’un spectacle médiéval.

— S’agit-il d’un studio de cinéma ?

— Oui, c’est un théâtre.

— Parle-moi encore de cette femme, demanda Pearce.

— Je ne sais pas trop quoi te dire à son sujet.

— Tu sais, l’âge, la couleur des cheveux, la taille, si elle est moche ou belle, mince ou grosse…

Winter fixa un point distant, semblant chercher un souvenir.

— Je dirais qu’elle avait environ trente ans. Mais je suis incapable d’estimer l’âge des femmes. Disons qu’elle avait plus de vingt-cinq ans, mais moins de quarante. Elle avait une silhouette sportive et élégante, mais pas maigre.

— Masculine ?

Winter leva les yeux au ciel.

— Les hommes ! Non, elle n’était pas masculine. Elle avait juste l’air de prendre soin d’elle, de faire de la musculation et de bien manger. Elle était également belle, avec de longs cheveux noirs et un joli visage.

— Super ! s’exclama Pearce, un brin ironique. Je vais mourir entre les mains d’une femme, et ce sera une belle femme. Ce n’est pas plus mal. Je ne voudrais pas mourir en regardant le visage d’une femme laide, soupira-t-il. Désolé, continue. De quoi d’autre te souviens-tu ?

— Elle portait des vêtements bizarres.

— Quoi ?

— En réalité, c’est plutôt un déguisement, comme une superhéroïne.

— Cela n’a aucun sens, dit-il en haussant les épaules.

— Tu n’étais pas habillé de façon plus conventionnelle, tu portais une sorte d’uniforme médiéval. C’est comme si vous vous apprêtiez tous les deux pour une soirée d’Halloween.

Pearce secoua la tête.

— Je ne participe jamais à ces soirées. As-tu remarqué autre chose ?

— Oui, quelque chose de vraiment bizarre.

Elle hésita.

— Quoi ?

— Tu ne t’es pas défendu.

— Excuse-moi ?

— Quand elle t’a poignardé, tu l’as juste regardée comme si tu voulais qu’elle le fasse.

Winter se mit à sourire maladroitement.

— Peut-être que j’ai juste imaginé ça. Mais ton expression, la façon dont tu l’as regardée… Ça m’a fait drôle. Tu n’avais pas l’air d’être en colère contre elle ou de la considérer comme une ennemie. C’est presque comme si tu lui faisais confiance.

— Cela n’a aucun sens.

— Au contraire, répondit Winter. Elle pourrait être une espionne, une sorte de Mata Hari, qui t’attire, te séduit, puis te trahit.

— Oh, s’il te plaît ! Comme si j’étais assez stupide pour ne pas voir quand une femme essaie de m’utiliser. Je ne me laisserai pas berner. De plus, je ne connais personne du nom de Daphne.

— Ce qui est une bonne chose, car cela signifie que tu peux encore façonner ton avenir.

Il hocha la tête en signe d’approbation.

— Tu as raison. Je dois éliminer cette menace.

Winter avala difficilement.

— Éliminer ? Ce n’est pas pour ça que je t’ai parlé de ma vision. Je ne veux pas que quelqu’un soit blessé.

— Winter, tu devrais avoir appris depuis le temps que quelqu’un sera toujours blessé.

Et qu’une menace devait être éliminée avant qu’il ne soit trop tard.

— Mieux vaut que ce soit mon assassin potentiel plutôt que moi.

— Alors, que vas-tu faire ?

— Je dois savoir qui elle est.

Et il avait une idée pour accomplir cette mission.

— Pourrais-tu la reconnaître à partir d’une photo ?

Winter fronça les sourcils.

— Mais tu disais juste à l’instant que tu ne connaissais personne du nom de Daphne. Comment peux-tu avoir des photos ?

— Ce n’est pas moi qui les aies, mais le service des immatriculations.

— Il doit y avoir des milliers de Daphne dans toutes les bases de données d’immatriculation aux États-Unis.

— Nous allons commencer par le Maryland. Il ne devrait pas y en avoir trop. Ce n’est pas un nom très populaire. Nous avons aussi des paramètres pour limiter la recherche : une femme aux cheveux noirs âgée de vingt-cinq à quarante ans.

— Je ne restreindrais pas la recherche aux seuls cheveux noirs. Et si elle avait changé de couleur de cheveux ?

— C’est un bon point, mais il ne doit pas y avoir beaucoup de femmes qui s’appellent Daphne. Rejoins-moi au poste de commandement une fois que Logan sera parti en mission. Je lancerai des recherches en attendant, puis nous passerons en revue les photos.

Winter hocha la tête en signe d’approbation.

— Bien.

Alors qu’elle se dirigeait vers la porte, Pearce ajouta :

— Et, Winter…

Elle se retourna et le regarda.

— Oui ?

— Ne dis rien à personne concernant ta vision, pas même à Logan. Je ne veux pas que quelqu’un le sache avant que je comprenne ce qui se passe ici. D’accord ?

— Pour l’instant, ça me va. Mais une fois que nous saurons qui elle est et pourquoi elle veut te tuer, nous devrons en parler aux autres.

— Il faut y aller étape par étape, répondit-il en regardant Winter quitter ses appartements.

Une fois qu’il connaîtrait l’identité de cette femme, il prendrait les mesures appropriées.

2

Winter finit par entrer dans le centre de commandement en milieu de matinée, où Pearce était assis devant une rangée d’ordinateurs.

— Qu’est-ce qui t’a pris tant de temps ?

Il ne voulait pas paraître accusateur, mais son impatience était perceptible. Ce n’était pas tous les jours qu’il apprenait qu’il allait se faire assassiner. Il tourna la tête pour voir si personne d’autre n’était là.

— Désolée, marmonna-t-elle, en baissant les yeux.

Pearce fixa l’éclat doré qui recouvrait son visage et son cou, ainsi que chaque partie de peau exposée. Il secoua la tête, incrédule.

— Tu te moques de moi !

Winter s’assit sur la chaise voisine, évitant de le regarder directement.

— Quoi ?

— Oh, s’il te plaît.

Enfin, elle leva les yeux vers lui.

— Qu’aurais-je dû faire ? Logan a reçu un appel disant que sa réunion était retardée de quelques heures. Il était donc libre.

— Bien sûr qu’il l’était, dit Pearce d’un ton sec.

Libre de faire l’amour à son épouse selon le rituel des Gardiens de la nuit, en répandant sa virta, son essence vitale, en elle, pour accroître son plaisir et la mener à l’extase à chacun de leurs contacts. Et tant que sa virta coulait dans ses veines, elle brillait d’un éclat doré. Quatre des guerriers de son bastion étant désormais liés, Pearce pensait s’être habitué à voir leurs femmes se promener avec le reflet doré révélateur de temps à autre. Pourtant, cela le secouait encore. Après avoir quitté le domicile familial pour s’installer dans le bastion réservé aux gardiens, entouré principalement d’hommes célibataires et d’une femme gardienne de la nuit, il n’avait guère eu l’occasion d’observer ce phénomène.

— Si j’avais dit non, Logan aurait su qu’il y avait un problème.

Pearce poussa un profond soupir.

— Oui, bien sûr, c’est pourquoi tu l’as laissé te traîner jusqu’au lit, soupira-t-il. Ton homme est insatiable.

Winter sourit.

— Tu as tout à fait raison.

Manifestement, sa remontrance ne l’avait pas atteinte. Peine perdue !

— Eh bien, tu es là maintenant.

Il fit remonter une fenêtre sur laquelle il avait travaillé plus tôt pour la montrer à Winter.

— J’ai déjà limité les recherches.

— Attends. Qu’as-tu fait ?

— J’ai procédé au recensement. Depuis 1880, on compte plus de 30 000 filles prénommées Daphne aux États-Unis. Ce prénom a atteint son apogée de popularité en 1962.

Il jeta un regard vers Winter.

— Il y avait plus de mille bébés prénommés Daphne cette année-là. Toutefois, toute Daphne née à cette époque serait trop âgée aujourd’hui. Tu as dit qu’elle avait peut-être 25 ou 30 ans ?

— Oui, mais je suis incapable de deviner l’âge d’une autre femme. Alors, tu ferais mieux de faire une recherche plus large. Peut-être de 20 à 40 ans, juste au cas.

— Pas de problème, d’accord.

Il changea de fenêtre et afficha le site de données sur les immatriculations, géré par l’administration des véhicules à moteur du Ministère des Transports du Maryland. Il l’avait piraté plus tôt. Il s’était laissé une porte dérobée afin d’y revenir facilement. Il entra ses critères de recherche.

— Voyons : femme, âge compris entre 20 et 40 ans, prénommée Daphne.

Il pressa la touche « Entrée » et observa une petite roue tourner.

— Je crois qu’il n’y en aura pas trop, n’est-ce pas ? demanda Winter. Même si mille Daphne venaient au monde chaque année pendant vingt ans dans tous les États-Unis, elles ne pourraient pas toutes résider dans le Maryland, qui est un petit État.

— C’est vrai. Cependant, nous ne pouvons pas affirmer qu’elle vient du Maryland, ni qu’elle possède un permis de conduire dans cet État. S’il n’y a pas de résultats concluants ici, nous devrons consulter les bases de données des immatriculations des États voisins. Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs.

Il n’y avait pas de raison de s’inquiéter de quelque chose qui pourrait ne pas être un problème.

Ding !

Le carillon de l’ordinateur annonça la fin de la recherche.

— Cinquante-quatre enregistrements, lut Pearce. Tu as dit qu’elle avait les cheveux noirs. Nous pourrions encore restreindre davantage la recherche.

Il s’apprêtait à taper quelque chose lorsque Winter l’arrêta.

— Je ne ferais pas ça. Ses cheveux pourraient être teints, et le dossier d’immatriculation pourrait indiquer une couleur différente.

— C’est vrai. Alors, commençons par examiner les dossiers.

Il tourna légèrement l’écran pour que Winter puisse mieux le voir.

— Tu vois ?

— Oui. Allons-y.

Lentement, Pearce fit apparaître les permis de conduire des femmes figurant dans les résultats de la recherche. La première femme avait la peau foncée.

— Élimine toutes les femmes noires, ordonna Winter sans hésiter. Elle était clairement blanche.

— D’accord.

La photo suivante représentait une femme blanche. Winter se pencha pour l’examiner.

— Non, elle était bien plus séduisante. Son visage n’était pas rond. Suivante.

Chaque photo était accompagnée de commentaires supplémentaires qui éliminaient une femme après l’autre. Les options se réduisaient considérablement.

— Attends une seconde, s’exclama Winter en pointant du doigt une photo. Elle lui ressemble un peu, mais ses cheveux sont mal peignés. Peux-tu garder celle-là pour qu’on la regarde plus tard ?

Pearce hocha la tête et rangea la fiche de la dame dans un dossier distinct.

— C’est réglé.

Cinq fiches plus loin, Winter l’interrompit à nouveau.

— Elle me dit quelque chose. Mais ses cheveux sont trop courts. Ça lui change radicalement le visage. Mais, s’ils étaient plus longs, ça pourrait être elle.

— D’accord, je la mets de côté.

Ils ne leur restaient plus que dix dossiers à analyser. Plusieurs d’entre eux appartenaient à des Afro-Américaines, un à une Asiatique et un à une femme dont la joue était ornée d’une tache de naissance de la taille d’un kiwi.

— Non, répondit Winter.

Les autres personnes ne correspondaient en rien à l’image que Winter avait eue dans sa vision.

— Très bien, concentrons-nous sur celles que nous avons déjà enregistrées, proposa Pearce, qui ouvrit le dossier et aligna les deux permis de conduire.

— Hum.

Winter pencha la tête.

— Les deux ont en commun quelques-unes des caractéristiques de la femme de ma vision. Le visage, le nez et le menton me semblent très familiers. Bien sûr, elles ont l’air plus jeunes toutes les deux. Quant aux cheveux, ils me font douter. Chacune d’entre elles a des cheveux différents de ceux de Daphne, telle que je l’ai vue. Et j’ai du mal à imaginer à quoi elles ressembleraient avec des cheveux longs et noirs. Ça pourrait être n’importe laquelle des deux options. Désolée.

Pearce hocha la tête en signe d’approbation.

— Ne t’inquiète pas. Les photos ont été prises il y a environ 10 ans. On doit juste aller les voir toutes les deux pour voir à quoi elles ressemblent maintenant.

Il vérifia de nouveau les permis de conduire.

— Je vais faire quelques recherches supplémentaires sur ces deux-là pour savoir où elles travaillent et si elles habitent encore au même endroit que ce qui est inscrit sur leur permis. Après cela, nous quitterons les lieux.

— Nous ?

Il se tourna pour rencontrer le regard interloqué de Winter.

— Bien sûr nous. Tu es la seule à avoir vu cette femme. Tu es la seule à pouvoir l’identifier.

— Tu ne peux pas aller prendre une photo des deux et revenir me la montrer ?

— Tu pourras mieux identifier la femme si tu la vois de près. Une photo peut déformer les choses, ce n’est pas fiable. Nous devons être certains.

Parce que, si cette femme voulait vraiment le tuer, il devrait peut-être prendre des mesures extrêmes pour s’en débarrasser avant qu’elle ne puisse lui faire du mal.

— Mais Logan n’aime pas que je quitte le bastion, dit-elle.

— Il ne le saura jamais.

— Mais bien sûr !

Pearce soupira.

— Tu resteras invisible tout le temps.

Et ce n’était pas seulement parce que, dans son état actuel – chatoyant et doré – elle ne pouvait pas être vue en public. Les démons la poursuivaient toujours pour son don psychique. Si Winter tombait un jour entre leurs mains, elle deviendrait l’outil parfait pour anéantir les Gardiens de la Nuit.

— Allez, lui dit-il, je suis convaincu que tu rêves de sortir après avoir passé autant de temps enfermée ici.

— D’accord, je te suis.

Il ne fallut que quelques minutes pour qu’ils trouvent les informations sur les deux Daphne et découvrent où elles travaillaient. Ils mirent encore vingt minutes pour quitter le bastion de manière furtive et se rendre au travail de la première Daphne. C’était une école maternelle.

Pearce sentit son cœur s’accélérer lorsqu’ils entrèrent dans le petit bâtiment abritant l’école. Allait-il y rencontrer sa tueuse en puissance, alors que des enfants de cinq ans et moins jouaient sans inquiétude, sans se soucier du monde ? La femme qui allait le tuer se faisait-elle passer pour une institutrice ?

Pearce prit le bras de Winter et l’escorta dans le couloir étroit, en lisant les indications sur les portes. Bien que le couloir semble désert, il garda le silence et, plutôt, pointa du doigt l’une des portes, y dirigeant Winter. Sur le panneau, on pouvait lire : « Classe de Mlle Daphne Atherton ». Une fenêtre dans la porte leur permettait de voir ce qui se passait dans la pièce.

Il perçut des mouvements derrière la porte et vit plusieurs enfants courir autour d’une femme distribuant des friandises sucrées. Il s’écarta pour donner à Winter suffisamment d’espace pour explorer la pièce, tout en gardant un œil sur le couloir pour prévenir toute éventualité.

Winter se détourna de la fenêtre de la porte moins de trente secondes plus tard puis secoua la tête, articulant silencieusement :

— Non.

Il comprit et hocha la tête. Sans bruit, ils s’éclipsèrent du bâtiment. Dehors, toujours invisible, il demanda :

— Tu es sûre ?

— À cent pour cent.

— D’accord, allons voir l’autre Daphne.

3

Un café au lait à la main, un grand sac en bandoulière, Daphne sortit sa carte d’identité de la poche de sa veste. Le cordon s’emmêla avec son téléphone portable, qu’elle avait fourré au hasard dans la même poche, et l’arracha. Il tomba sur le sol en pierre avant qu’elle ne puisse le rattraper.

— Merde, maugréa-t-elle, tout en entendant l’agent de sécurité ricaner.

Elle lui jeta un regard agacé, décrocha le téléphone et prit soin de ne pas renverser la boisson chaude. Après avoir examiné l’écran, elle se réjouit de voir que l’étui résistant avait rempli sa fonction. Néanmoins, elle ne put s’empêcher de réagir au rire de l’agent de sécurité.

— Ça n’arriverait pas si vous ne me demandiez pas de montrer ma carte d’identité tous les jours. Pour l’amour du ciel, Gus, vous savez qui je suis !

Gus se plaça à côté de son bureau et poussa son ventre à bière dans sa direction.

— Politique de l’entreprise. Vous la connaissez. Pas d’exception. Même pas pour vous, Daphne.

— Je ne comprends pas pourquoi. Je suis ici depuis six mois.

— Oui, mais qu’arriverait-il si vous étiez renvoyée demain ? Si je ne reçois pas immédiatement la note de service, nous ne pouvons pas laisser entrer des personnes non autorisées. La sécurité informatique débute à la maison.

Il désigna du doigt le lecteur de cartes voisin.

En grommelant un juron, elle posa sa carte sur le lecteur. Une lumière verte clignota.

— Vous voyez, s’exclama Gus d’un air suffisant, maintenant je sais que vous ne vous êtes pas encore fait virer. Ce n’était pas si compliqué, n’est-ce pas ?

— Bonne journée à vous aussi, répondit-elle en ajoutant une pointe d’ironie dans sa voix.

Elle posa sa sacoche sur un plateau et le passa au scanner. Un deuxième agent de sécurité inspecta le contenu via un écran d’ordinateur.

— Essayez de ne pas vous faire virer aujourd’hui, s’écria Gus alors qu’elle marchait dans le détecteur de métaux. Nos conversations matinales me manqueraient.

Derrière le scanner, Daphne reprit son sac, puis attendit devant les portes de l’ascenseur jusqu’à ce qu’elles s’ouvrent avec un « ding ». Elle jeta un coup d’œil à Gus, mais il ne la regardait pas. Elle appréciait cet homme d’âge mûr au crâne rasé, mais elle n’aimait pas les règles. Or, entrer subitement dans le monde du travail impliquait maintenant pour elle de respecter ces règles, même si cela lui était pénible.

D’une manière ou d’une autre, elle avait eu de la chance. Si son avocat n’avait pas négocié un accord avec Cyberhack, une entreprise mondiale spécialisée dans la sécurité informatique qui comptait d’anciens hackers parmi ses rangs, elle aurait passé plusieurs années derrière les barreaux pour piratage informatique. Contre toute attente, le magistrat s’était montré clément et elle s’en était sortie avec un simple sursis. L’arrangement judiciaire stipulait un emploi de trois ans chez Cyberhack. Et elle devait se tenir tranquille. Elle était autorisée à effectuer des piratages, mais seulement pour servir l’entreprise en testant ses propres logiciels.

Ce travail était satisfaisant, il lui permettait de bien gagner sa vie, et elle bénéficiait d’horaires flexibles. Tant qu’elle accomplissait les tâches que son patron lui confiait chaque jour, elle pouvait fixer ses propres horaires. Bien sûr, des règles régissaient le milieu : elle n’avait pas le droit de fréquenter les autres ex-pirates que l’entreprise employait. Elle respectait cette règle non pas parce que c’était une directive de l’entreprise, mais parce que, franchement, elle n’avait pas envie de les fréquenter.

Elle avait tourné la page sur cette partie de sa vie. Elle avait passé suffisamment d’années dans des appartements minables sentant la pizza froide et les boissons gazeuses éventées, à s’entasser avec des hackers partageant les mêmes idées et voulant perturber le gouvernement, changer le monde, réveiller les gens sur les problèmes auxquels le monde faisait face. Et où cela l’avait-il menée ? Au tribunal. Et, presque en prison. Maintenant, elle était dehors, et elle allait suivre le droit chemin. Elle allait respecter les règles et agir en conformité avec la loi.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent au quatrième étage. Daphne en sortit et avala rapidement une gorgée de son café au lait, puis elle continua vers son bureau à cloisons. La plupart des box étaient occupés par d’autres spécialistes en sécurité informatique, qui tapaient frénétiquement sur leurs claviers. Les autres arriveraient une fois sortis du lit. Daphne, quant à elle, souhaitait éviter d’arriver après dix heures, car elle préférait consacrer ses soirées à ses propres activités plutôt que de rester tard. Mais ce matin, elle ne s’était pas réveillée.

Le secteur où se situait l’entreprise laissait à désirer, et une fois la nuit venue, des individus suspects erraient dans les allées obscures environnant le bâtiment. Elle mettait un point d’honneur à quitter le travail alors que les trottoirs grouillaient encore d’autres travailleurs. Il n’était pas question pour elle de mettre sa vie en danger. Même si elle avait un casier judiciaire, elle n’avait jamais perpétré de crime violent, et elle ne voulait certainement pas en être victime. Comme elle était sous surveillance judiciaire, elle ne portait pas d’arme pour se protéger des voyous qui sortaient de leur tanière la nuit.

Daphne posa son café au lait sur le bureau de sa petite cabine, croisa le regard de quelques-uns de ses collègues en hochant la tête, puis laissa tomber son sac sur le sol, s’assit sur sa chaise et alluma l’ordinateur. Au fur et à mesure que la machine se mettait en marche, elle fouilla dans son sac et en sortit son casque antibruit, qu’elle glissa sur ses oreilles. Ainsi, elle pouvait écouter de la musique pendant son travail, ce qui l’aidait à se concentrer.

Une fois connectée, elle passa rapidement en revue la mission de travail que son patron lui avait envoyée sur l’écran. Elle haussa les épaules. Si son supérieur savait qu’elle pouvait terminer les tâches qui lui sont confiées en une demi-journée, il augmenterait certainement sa charge de travail. Mais elle ne laissait jamais entendre qu’elle pouvait en faire davantage. Après tout, pourquoi devrait-elle être pénalisée pour travailler plus vite et plus efficacement que les autres employés ?

Au moment où Daphne allait enfiler ses écouteurs, son téléphone portable vibra dans sa poche. Elle se redressa rapidement sur sa chaise pour regarder par-dessus le bureau en verre de son patron. Il n'appréciait pas que les employés reçoivent des appels sur leur téléphone personnel, mais heureusement, il était en train de parler avec un autre collègue. S’affalant sur sa chaise, elle saisit son téléphone et observa l’écran.

— Putain, jura-t-elle à voix basse.

Quand le nom de son frère apparut à l’écran, elle ressentit une douleur soudaine à l’estomac. Elle envisagea de ne pas décrocher, mais elle savait qu’il continuerait à appeler et à envoyer des SMS jusqu’à ce qu’elle réponde.

— Qu’est-ce que tu veux ? demanda-t-elle à voix basse, se servant de sa main libre pour protéger sa bouche afin que sa voix ne porte pas dans le bureau.

— Écoute attentivement.

L’instruction la fit sursauter involontairement. La voix ne correspondait pas à celle de son frère. Elle semblait étouffée, comme si quelqu’un parlait à travers une couche de vêtements.

— Qui es-tu, putain ?

— Mon nom importe peu.

— Alors, tu as volé son téléphone, hein, connard ?

Cela ne la surprit pas. En vérité, les gens que fréquentait son frère n’avaient que du mépris pour les biens d’autrui.

— Je l’ai emprunté, s’exclama l’homme. Mais, tu m’écoutes maintenant…

— Passe-moi mon frère !

— Il ne peut pas parler pour le moment. On l’a un peu attaché.

Daphne perçut un rire étouffé dans l’arrière-plan.

Super ! Son frère s’était donc saoulé et ses amis lui faisaient une farce. Elle n’avait pas de temps à perdre avec leurs jeux.

— Tu sais quoi ? Dis à mon frère de grandir !

Elle appuya sur le bouton de fin d’appel et jeta son téléphone sur un tas de papiers.

— Connards !

Son voisin de box, Neil, qui portait des lunettes à la John Lennon et une barbiche, passa la tête par-dessus le mur du box.

— Un problème ?

Elle leva les yeux au ciel puis le regarda.

— La famille.

Il se pinça les lèvres.

— Oui, le mieux est de les ignorer. C’est ce que je fais.

— C’est exactement mon plan, convint-elle, et elle le regarda plonger à nouveau.

Quelques instants plus tard, elle l’entendit taper sur son clavier.

Prête à travailler, Daphne ouvrit une nouvelle fenêtre sur son écran. Avant que le programme ne soit entièrement chargé, un carillon sur son téléphone l’avertit qu’elle avait reçu un message. Elle l’attrapa et vit qu’il venait de son frère. Quelle grande surprise ! Évidemment, il était furieux qu’elle ne participe pas à son petit jeu. À contrecœur, elle lut le message.

Tu n’as pas intérêt à m’ignorer, sinon ton frère mourra.

Le message la fit sursauter pendant une seconde. Ce type semblait sincère, mais elle hésitait encore sur la manière de réagir et sur la pertinence d’une réponse. Alors qu’elle se posait ces questions, un nouveau message arriva.

Regarde la vidéo.

Quelle vidéo ?

Un nouveau message, cette fois avec une vidéo en pièce jointe.

— Je vais te tuer moi-même, Tim, si tu m’envoies du porno, se murmura-t-elle.

Elle allait bien regarder cette maudite vidéo, puis elle lui lirait l’acte d’accusation. Elle enfila ses écouteurs et brancha la prise sur son téléphone pour s’assurer que personne dans le bureau ne puisse l’entendre.

Avec un long soupir, elle toucha l’écran, relançant ainsi la lecture.

Au départ, elle était perplexe quant à ce qu’elle voyait. L’endroit semblait être un sous-sol, plongé dans l’obscurité, jusqu’à ce qu’un rayon de lumière soit dirigé vers un point central. C’est là qu’elle reconnut finalement son frère aîné, âgé de 27 ans, bien qu’il lui soit presque méconnaissable. Ses cheveux étaient en désordre, sa chemise était déchirée et du sang tachait sa poitrine, ainsi que le tour de son nez et de sa bouche. Un de ses yeux semblait enflé. Ses bras étaient attachés derrière le dos.

Daphne réprima un soupir. Oh, mon Dieu, que se passait-il ?

Tout à coup, Tim fixa la caméra droit dans les yeux.

— Daphne, je compte sur toi. Je me suis mis dans le pétrin. Je leur dois beaucoup d’argent. S’il te plaît, aide-moi. Ou ils vont me faire du mal.

À première vue, ils l’avaient déjà fait.

La vidéo s’arrêta subitement. Elle resta pétrifiée, incapable de cligner des yeux, horrifiée par ce qu’elle venait de voir. Elle avait toujours su que son frère avait un problème de jeu et qu’il avait de la difficulté à gérer son argent de manière responsable. Cependant, elle ne réalisait pas à quel point il s’était enfoncé.

Crétin !

Le téléphone retentit à nouveau, annonçant l’arrivée d’un autre message.

Es-tu prête à parler maintenant ?

Elle n’eut pas d’autre choix que de répondre.

Oui.

Quelques instants plus tard, le téléphone se mit à vibrer, indiquant un autre appel provenant du numéro de son frère. Elle décrocha l’appel et garda son casque sur la tête, en parlant dans le microphone inclus, tout en maintenant sa voix aussi basse que possible pour que son collègue de bureau ne puisse pas l’entendre.

— Si tu lui fais du mal...

— Tais-toi ! l’interrompit l’homme. C’est moi qui parle maintenant. Je suis content que nous ayons réussi à attirer ton attention. La prochaine fois, ne me raccroche pas au nez, ou je pourrais bien m’énerver.

Il marmonna quelque chose d’incompréhensible.

— Qui es-tu ?

— Tu peux m’appeler Guido.

Il gloussa pour lui-même.

Daphne ne trouva pas ça drôle.

— Qu’est-ce que tu veux ?

— Ton frère nous doit beaucoup d’argent. Il nous a implorés de ne pas lui faire de mal et a affirmé que tu l’aiderais à rembourser sa dette envers nous.

— Je n’ai pas d’argent.

Son frère savait qu’elle avait du mal à joindre les deux bouts.

— Nous sommes au courant. C’est pourquoi tu vas nous dépanner.

— Vous dépanner ?

Elle avait du mal à concevoir quelle assistance elle pourrait apporter à cet individu pour faire évader son frère. Mais elle n’osa pas exprimer son scepticisme.

— Il dit que tu possèdes des compétences.

Elle avait du mal à avaler. Elle n’avait pas besoin de posséder un QI élevé pour comprendre de quoi il parlait. Elle se dit que son frère s’était mis à tout déballer à la moindre douleur physique.

— Je ne comprends pas ce que tu veux dire, mentit-elle.

— Sois raisonnable, Daphne. Est-ce que ça te dérange si je t’appelle Daphne ?

Il n’attendit pas de réponse.

— Nous savons tout sur ton passé : le piratage et l’arrestation.

Elle murmura quelques jurons.

— Ne t’inquiète pas. Ton secret est en sécurité entre nos mains.

— Ce n’est pas un secret.

Mais Guido, ou peu importe son nom, continua sans se décourager.

— Tu dois donc accomplir une petite tâche pour nous. Il s’agit d’esquiver un dispositif de sécurité, de voler quelque chose, comme on dit. Une fois cette opération terminée, la dette de ton frère envers nous disparaîtra, lui permettant ainsi de prendre ses distances.

Mais merde, ils attendaient d’elle qu’elle participe à un braquage ? Une banque, sans aucun doute ?

— Jamais de la vie.

Si elle s’impliquait dans quelque chose d’aussi grave et que ça tournait mal, l’accord judiciaire serait annulé, et elle irait en prison pendant une longue période.

— Tu n’as pas le choix.

Non, elle ne pouvait pas faire ça. Cela lui ruinerait la vie. Il devait y avoir une autre solution.

— Fais-le, sinon nous commencerons à t’envoyer des parties du corps par la poste.

Ils bluffaient. Tim ne pouvait pas fréquenter le genre de personnes qui mettaient vraiment leurs menaces à exécution. Au fil de sa carrière de pirate informatique, elle avait vu suffisamment de bluffeurs pour les reconnaître instantanément. Elle ne se trompait presque jamais.

— Je ne pense pas, déclara-t-elle. Parce que, si tu le fais, ni moi, ni mon frère ne pourrons te rembourser ce qu’il te doit.

— Tu crois que je mens ?

Son cœur s’affola dans sa gorge.

— Laisse-le s’en aller. Maintenant. Il te remboursera. Nous trouverons une solution.

— Ça ne fonctionne pas ainsi.

— Laisse-le tranquille, ordonna-t-elle à nouveau.

— Ici, c’est moi qui donne les ordres.

Sa voix devint plus distante, et elle réalisa qu’il ne lui parlait plus.

— On dirait que ta sœur ne veut pas jouer le jeu. Par quel doigt devrions-nous commencer ?

Tout à coup, des cris retentirent en arrière-plan, qu’elle reconnut comme ceux de son frère. Puis la communication fut interrompue.

Daphne, le cœur battant comme un marteau-piqueur, fixa son téléphone. Que devait-elle faire maintenant ? Elle devait le rappeler et tenter de le convaincre. Les secondes s’écoulèrent. Elle pourrait peut-être feindre d’accepter le plan, puis en parler à son agent de probation, qui comprendrait la situation. La police pourrait alors organiser une opération secrète et libérer son frère des mafiosos. Oui, c’était son plan.

Les doigts tremblants, elle parvint à composer le numéro de son frère. Cependant, avant qu’elle ne puisse l’appeler, un autre message s’afficha : une photo.

Elle redoutait de devoir l’examiner, mais elle savait qu’elle devait y faire face.

La photo montrait un doigt maculé de sang. Un doigt qu’on avait tranché.

Son estomac se retourna et elle faillit vomir le petit déjeuner qu’elle avait pris ce matin. Guido s’était fait comprendre. Il était très sérieux.

Ses doigts tremblaient encore plus qu’auparavant. Elle tapa un court message et l’envoya :

C’est d’accord. 

Le message de Guido arriva presque immédiatement.

Nous reprendrons bientôt contact avec les détails. Nous te garderons à l’œil. Alors, ne fais pas l’idiote. C’est pour le bien de ton frère.

Elle comprit ce que cela voulait dire. Impliquer les autorités n’était pas une option.

4

Pearce, les yeux rivés sur le bâtiment qu’il avait identifié comme le lieu de travail de Daphne Butler, la deuxième tueuse potentielle sur leur liste, demanda à Winter de rester près de lui.

Winter hocha la tête, consciente de la procédure à suivre. Pour assurer leur sécurité, Pearce saisit maintenant le bras de Winter, de sorte que même s’il perdait sa concentration mentale, son toucher la maintiendrait invisible. Car, si quoi que ce soit lui arrivait au cours de cette sortie extrascolaire, Logan aurait sa peau.

À la porte d’entrée vitrée, qui était fermée, ils durent attendre quelques instants que quelqu’un l’ouvre et entre, et ils purent se glisser à l’intérieur derrière cette personne. Si Pearce avait été seul, il aurait pu passer à travers la vitre, mais, pour Winter, c’était impossible. Seuls les Gardiens de la Nuit possédaient le pouvoir de dématérialiser leur corps pour traverser des objets solides.

Dans le vaste hall d’accueil, un agent de sécurité était installé à son bureau. Il se leva pour saluer l’arrivée d’un livreur portant une enveloppe. Pendant que l’agent de sécurité signait pour l’obtenir, Pearce fit passer Winter devant le bureau. Il repéra les ascenseurs et fit deux pas de plus. Soudain, il réalisa où il se trouvait. Mais il était trop tard.

Winter et lui étaient déjà en train de passer sous le détecteur de métaux. Des alarmes retentirent et des lumières rouges clignotèrent au-dessus de leurs têtes, probablement déclenchées par l’ancienne dague que Pearce cachait dans sa botte. Sans hésiter, Pearce tira Winter vers le côté et l’éloigna de l’agent de sécurité qui surveillait les bagages à main.

— Qu’est-ce que ce bordel ? s’exclama-t-il en courant vers le détecteur de métaux. Quelque chose ne va pas avec ce maudit appareil maintenant ?

L’agent de sécurité qui avait terminé de signer pour la livraison le regarda avec exaspération.

— Je n’en ai pas la moindre idée. C’est toi le technicien, non ?

Alors que les deux agents de sécurité s’efforçaient de comprendre pourquoi l’alarme s’était déclenchée et comment réinitialiser la machine, Pearce appuya sur le bouton pour appeler l’ascenseur. Tandis qu’ils patientaient, il examina l’annuaire de l’entreprise affiché sur le mur près de l’ascenseur. Il localisa rapidement l’information recherchée.

Une fois que les portes de l’ascenseur se furent ouvertes, il vérifia que la cabine était déserte avant d’inviter Winter à y entrer. Du coin de l’œil, il remarqua l’un des gardes qui regardait vers lui.

— Pourquoi l’ascenseur s’est-il soudainement ouvert ? demanda l’un des agents de sécurité à son collègue, en lui tapotant l’épaule.

Pearce y pénétra et appuya sur le bouton du quatrième étage. Lentement, les portes se refermèrent.

— Nous devrions appeler la maintenance, entendit-il le deuxième gars de la sécurité suggérer, avant que les portes ne se referment complètement et que le silence ne les entoure.

— On a eu chaud, déclara Winter.

— Ce n’est pas grave.

Néanmoins, il se sentait idiot de n’avoir pas pensé que son poignard, et probablement aussi son téléphone portable, déclencheraient le détecteur de métaux. Il attribua ce manque de discernement à son réveil brutal. Un homme qui venait d’apprendre qu’une femme allait le tuer dans un futur proche avait certainement droit à quelques erreurs.

— Alors, nous allons nous approcher d’elle le plus possible. Dès que tu auras bien regardé et que tu seras certaine que c’est bien la femme que tu as vue dans ta vision, tu lèveras ton pouce en l’air et on sortira de là. C’est compris ?

— J’ai compris. Mais ne me presse pas. J’ai besoin de m’assurer que c’est elle, dit-elle d’un ton hésitant. Devras-tu l’éliminer ?

Il inspira profondément. Il ne s’attendait pas à la question directe de Winter.

— Alors ?

— Si tu es certaine qu’elle m’a poignardé avec une dague des Gardiens de la Nuit, alors je n’ai pas le choix.

Lorsqu’un regard triste passa sur le visage de Winter, il ajouta :

— Mais pas aujourd’hui. Pas avant d’avoir la certitude absolue. Je te promets que je trouverai un moyen pour que ce soit rapide et indolore.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent au quatrième étage avant que Winter n’ait pu réagir.

La majeure partie de cet étage était un vaste espace de travail ouvert, avec des cabines alignées les unes à côté des autres. Un ensemble de bureaux transparents étaient alignés d’un côté, tandis qu’une cuisine, quelques machines de bureau et des armoires de fournitures remplissaient l’autre moitié. Localiser le box de Daphne Butler aurait été une tâche ardue sans les étiquettes signalant l’accès à chaque petit bureau.

Le bureau de Daphne Butler semblait désert, mais elle devait être à proximité. L’ordinateur était allumé, mais l’écran était verrouillé. Des objets personnels étaient éparpillés sur le bureau. Une tasse de café était posée à côté du téléphone, et une veste pendait sur la chaise. Pearce regarda autour de lui. Le voisin de box de Daphne, un geek aux petites lunettes rondes et à la pilosité faciale, picorait sur son clavier, inconscient du monde qui l’entourait. Les employés des autres boxes faisaient de même. Tout le monde gardait la tête baissée.

Winter tira sur la manche de sa veste, et Pearce se retourna vers lui. Elle articula silencieusement : « Là », et elle lui montra la porte des toilettes pour dames, qu’une jeune femme était en train de fermer. Une colonne empêchait Pearce de bien voir le visage de la femme, mais il n’eut pas à attendre longtemps avant qu’elle ne s’approche du box où Pearce et Winter faisaient du surplace.

La tête baissée, elle essuyait une tache sur son pull en jurant quelque chose d’inintelligible. On aurait dit qu’elle avait renversé quelque chose sur elle, car la tache était humide. Ses cheveux se distinguaient totalement de la description que Winter en avait faite : ils étaient courts et noirs, mais pas comme ceux d’un garçon manqué. Ils ressemblaient plutôt à la coupe de cheveux d’une Française. Une coupe de cheveux au carré, tendance, légère, sexy. Le vêtement ample qu’elle portait laissait deviner partiellement sa silhouette. Toutefois, son jean moulant ne suffisait pas à dissimuler ses longues et fines jambes ; Pearce en déduisit donc que son torse devait être tout aussi séduisant.

Lorsqu’elle arriva à son box, le geek du box voisin lui dit :

— T’as réussi ?

Surprise, elle releva la tête, leur offrant ainsi un premier aperçu de son visage.

— Je crois, dit-elle à son collègue.

Pearce resta interdit. Il ne pouvait que la regarder passer devant lui pour entrer dans le box vide où était accroché son badge, « Daphne Butler ». Winter tira encore une fois sur sa manche. Elle lui fit un geste en désignant Daphne, puis hocha la tête. C’était bien elle, celle de sa vision, celle qui allait le tuer un jour. Il fit un signe à Winter pour lui dire qu’il comprenait.

Il déglutit avec difficulté et regarda Daphne. Winter avait omis de mentionner que son tueur en puissance était d’une beauté saisissante, avec des yeux d’un vert profond et apaisant. Ce vert n’était pas celui d’un démon, mais celui d’une promesse de sensualité et de passion. Avec sa coupe de cheveux noire et sa peau impeccable, elle avait l’air d’une déesse qui devrait afficher son visage sur un panneau d’affichage de film, et non pas travailler dans une entreprise de logiciels. Ou tuer un Gardien de la Nuit.

Il devait se souvenir qu’elle le tuerait un jour. Si Winter l’avait vu, c’était que cela arriverait. Mais quand ? Personne ne le savait vraiment. Mais les prémonitions de Winter ne s’étaient jamais trompées.

Il s’approcha d’un pas, entrant dans le box quand Daphne tourna soudain la tête vers lui, comme si elle avait entendu quelque chose, alors qu’il était resté silencieux. C’est à ce moment qu’il l’aperçut pour la première fois. Ses yeux semblaient rouges et son visage était gonflé, ce qui expliquait pourquoi elle s’était rendue aux toilettes : elle avait pleuré.

Lorsque Daphne se retourna vers son ordinateur et déverrouilla l’écran, il se tourna vers Winter et lui prit le bras. Ils devaient partir. Il était impuissant sur place, malgré son désir de l’éliminer sur le champ. Et soudain, il hésita à l’exécuter. Comment pouvait-il éteindre le souffle d’une femme qui semblait si fragile ? Comment pouvait-il croire qu’elle était capable de le tuer ? Les traces de ses larmes témoignaient d’une femme profondément émotive, remplie de compassion et d’amour. Comment pouvait-il simplement enlever cela du monde ?

En quittant les lieux, Pearce évita soigneusement le détecteur de métaux, désireux de ne pas compliquer la tâche des deux agents de sécurité manifestement dépassés. Quand ils furent dans une ruelle déserte, à quelques rues de là, il s’arrêta.

— Est-ce bien la femme de ta vision ? La femme qui va me tuer ?

— J’en suis certaine. Même si ses cheveux sont différents, c’est bien son visage. Tout correspond. Peut-être qu’elle laisse pousser ses cheveux, et que l’évènement que j’ai vu ne se produira pas de sitôt. Peut-être qu’elle portait une perruque dans mon rêve, car elle était habillée comme si elle allait à une fête déguisée. Et maintenant ?

— Je n’en sais rien encore.

Il se passa une main dans les cheveux, réfléchissant aux différentes possibilités qui s’offraient à lui.

— Nous pourrions organiser une réunion et échanger avec les autres. Je suis persuadée qu’ils t’aideront à déterminer la démarche à suivre, lui proposa-t-elle.

— Non.

Il n’appréciait pas que quelqu’un suggère qu’il ait besoin d’aide.

— Je vais m’en charger moi-même.

Même s’il ne savait pas encore comment.

— Je vais te ramener. Mais tu dois me promettre de garder le secret sur tout : la vision et notre petite excursion. Tu ne peux pas même le dire à Logan.

— Je ne peux pas te le promettre. Pas tant que tu ne m’auras pas expliqué tes projets.

Elle mit les mains sur les hanches. Il avait su dès le départ que les rousses avaient la réputation d’être têtues, et cette rousse en particulier semblait en être affligée à double dose.

— Ne te mêle pas de mes affaires, Winter.

— C’est aussi mon affaire, rétorqua-t-elle en appuyant l’index sur le torse de Pearce. Ma vision, ma responsabilité.

— Je te décharge de cette responsabilité.

— Pff ! s’exclama-t-elle avec un geste peu délicat. J’en ai rien à foutre !

— Et c’est avec cette bouche que tu embrasses Logan ?

— Ne change pas de sujet. Tu vas me dire ton plan ici et maintenant.

Elle plissa les yeux. Il soupira.

— Tu veux savoir mes projets ? Je n’en ai pas la moindre idée, bordel !

Il désigna de la main l’édifice où travaillait Daphne.

— Tu dis que tu as vu cette femme me poignarder à mort avec une dague de Gardien de la Nuit. Si je le dis aux autres, ils s’attendront à ce que je l’élimine. Sinon, ils n’hésiteront pas à le faire eux-mêmes. Est-ce bien ce que tu désires ? Voudrais-tu que je l’élimine pour éviter qu’elle ne m’élimine, ou que j’essaie de la sauver ?

Un long silence s’installa, durant lequel aucun d’entre eux ne prononça un mot. Puis Winter déposa une main sur son bras.

— Je suis navrée. J’ai seulement pensé à ta sécurité. Tu fais désormais partie de ma famille, toi et tous les autres dans le bastion. Si quelque chose t’arrivait et que je ne l’empêchais pas, alors que je le pouvais, je ne me le pardonnerais jamais, soupira-t-elle. Mais tuer un être humain… Je sais que c’est une décision difficile. Je crois donc qu’il serait préférable que tu en discutes avec les autres.

— Il doit y avoir une autre manière. L’avenir reste encore à écrire.

Alors qu’il croisait le regard de Winter, il se remémora quelque chose.

— Te souviens-tu des prémonitions de ta mort, causée par des démons ?

Elle hocha la tête en signe d’acquiescement.

— Elles ne se sont jamais réalisées, car tu as changé l’avenir en rencontrant Logan. Il t’a sauvée de ton destin. Peut-être que je peux faire de même en découvrant qui est Daphne et pourquoi elle pourrait avoir envie de me tuer.

— Mais comment ?

— En apprenant à la connaître. En découvrant ses motivations et ses intentions.

Winter secoua la tête, semblant perplexe.

— C’est insensé ! Peut-être que c’est en apprenant à la connaître que tu déclencheras l’événement. Mon avertissement visait à t’en protéger. Si tu l’évites et ne cherches pas à la comprendre, elle ne te fera pas de mal. Il te suffit de rester à distance. Peut-être que c’est aussi simple que cela.

— Tes visions se révèlent souvent complexes, déclara-t-il. Tu sais qu’elles peuvent évoluer. C’est ce qu’elles ont fait lorsque tu as rencontré Logan. Quand il est tombé amoureux de toi et qu’il a mis sa vie en danger pour te protéger des démons, ton avenir a pris un nouveau tournant, malgré la vision. S’il te plaît, accorde-moi la même opportunité de modifier le cours des événements.

Winter laissa échapper une longue respiration.

— Tu sais que Logan va me tuer quand il découvrira que j’ai gardé cette vision secrète.

— Je m’occuperai de Logan. Et puis, son affection pour toi est si profonde qu’il ne pourra pas rester en colère contre toi plus d’une minute.