Psy, convertie à l'islam et féministe - Dominique Thewissen - E-Book

Psy, convertie à l'islam et féministe E-Book

Dominique Thewissen

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Beschreibung

Qu’est-ce qui peut bien pousser une femme, mère et grand-mère, née dans une famille catholico-protestante mâtinée d’athéisme à se convertir à l’islam ?

C’est le parcours inédit de Dominique Thewissen, femme engagée, professeur de religion islamique, conférencière écoutée et psychothérapeute en prise directe avec le terrain.
Aujourd’hui, où le monde musulman est en proie à des soubresauts terribles, beaucoup de voix s’élèvent dans la sérénité, le partage et l’ouverture. Celle de Dominique est de celles-là.
Son histoire, qu’elle croque avec humour et la profondeur de l’introspection, est celle d’une femme qui s’est battue contre le mépris, la violence et la douleur qui ont parsemé sa vie personnelle. Son récit ouvre la porte, avec justesse, sur une communauté arabo-musulmane qui est de plain-pied dans le monde d’aujourd’hui.

Un témoignage fort qui transmet un message de tolérance et d'ouverture d'esprit !

EXTRAIT

Assise au milieu du salon presque vide de l’appartement dans lequel nous venons d’aménager, en ce samedi de mars 2007, âgée de 44 ans, je prononce la shahada qui fait de moi une musulmane.
Il y a Dieu, les anges, moi, mon mari, ma première prière, mon petit livre à la main, derrière mon mari, des souvenirs flous, un peu comme dans un rêve.
Je n’ai rien dit à personne, cela ne regarde personne que Dieu et moi. Et puis, que dire, à qui, et comment en parler, je ne le sais pas encore. J’ai juste la sensation d’avoir fait ce qui me semblait juste, ce vers quoi je me sentais irrésistiblement poussée. Je flotte, à la fois sereine et consciente que rien ne sera plus jamais comme avant, j’ai franchi… Je ne sais quoi au juste, mais sans retour.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Je trouve son témoignage très intéressant et instructif. L’auteure nous donne beaucoup de matière à réfléchir et elle devrait être lue par beaucoup de monde, croyants ou non. - Le blog de Poppy

À PROPOS DE L'AUTEUR

Issue d’une famille mosaïque aux origines diverses, Dominique Thewissen est est psy, musulmane, enseignante, conférencière, auteure et, plus que jamais, féministe.

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© La Boîte à Pandore

Paris

http ://www.laboiteapandore.fr

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ISBN : 978-2-39009-159-2 – EAN : 9782390091592

Toute reproduction ou adaptation d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est interdite sans autorisation écrite de l’éditeur.

Dominique Thewissen

Psy, convertie à l’islam et féministe

Les fleurs du bien

À mon oiselle

À l’enfant qui me ressemble

À ma lioncelle nommée Soleil

À Yussuf, mon âme jumelle, mon havre

À mon frère de cœur d’un endroit plus au sud

Avant-propos

Le regard de quelques personnes, parmi les plus significatives dans ma vie, sur ces mots que je livre aujourd’hui…

D’oiselle à Arc-en-ciel,

Ce récit raconte notre vie et pourtant, la pudeur avec laquelle tu as écrit ce livre est merveilleuse.

Ton expérience et ton combat face à cette vie difficile sont et seront un soutien, un exemple et un modèle pour les gens qui ont vécu des choses difficiles à surmonter.

La conclusion à en tirer est que la vie vaut la peine d’être vécue, malgré les hauts et les bas ; les étapes sont parfois destructrices, mais permettent d’en sortir grandi, le tout est de combattre et d’essayer de se relever.

Être croyant ou non n’est pas le plus important à mes yeux, mais que chacun puisse évoluer avec des valeurs, que chacun puisse donner un sens à sa vie, que chacun puisse se sentir bien dans ce monde parfois cruel.

Ton oiselle est très fière de toi, de tout ce que tu as fait pour elle, et ne te remerciera jamais assez pour les combats que tu as menés pour elle.

Je t’aime du plus profond de mon être.

Merci également à notre bonne fée de m’avoir aidée à me reconstruire après ces étapes compliquées ; il faut savoir se faire aider lorsque la souffrance est trop forte.

J’espère que ce récit permettra à chacun de se dire que rien n’est insurmontable, qu’avoir la foi peut également donner un sens à sa vie, s’en remettre à Dieu et à ce qu’il a mis sur notre chemin.

Je ne suis pas croyante, mais je respecte et soutiens tous ceux qui ont la foi, nous ne sommes finalement que des êtres humains et sommes tous semblables.

Essayons de vivre en paix, quelles que soient les barrières à franchir, rien n’est impossible.

Voici le message que j’aimerais personnellement faire passer.

Ton oiselle, qui s’est enfin envolée vers un monde meilleur

***

Ma petite maman préférée, tu m’as montré une fois de plus que l’on pouvait réussir tout ce qu’on voulait dans la vie.

Je te remercie de m’avoir transmis cette force qui me permet d’accomplir ce que j’entreprends.

Nénuphar

***

Je suis fière de te ressembler autant.

Soleil

***

Au nom de Dieu, le très Clément, le très Doux,

À ma chère Dominique,

Ma sœur, mon amie, ma collègue,

Tu nous montres à quel point l’épreuve peut forger un grand cœur, une grande dame... Celle que tu es.

Tu nous montres combien notre histoire, aussi douloureuse soit-elle, peut nourrir notre engagement vis-à-vis des autres, vis-à-vis de Dieu.

Le plus grand des exemples que nous ayons est celui de notre doux Prophète, paix et salut sur lui, qui, au travers de sa vie parsemée d’épreuves, a porté et incarné le message d’amour qui lui a été confié.

La vie n’est pas un long fleuve tranquille... Mais, Dieu soit loué, Il nous donne des ressources et nous accompagne pour traverser nos épreuves.

Il a mis sur ton chemin ces cadeaux précieux qui t’ont aidée à foncer vers les sommets, et Il a fait de toi l’un de ces cadeaux précieux pour des femmes, des hommes et des enfants qui ont croisé ta route.

Il a fait de toi une pionnière, au sein de la communauté de foi musulmane, dans le champ de l’accompagnement psychothérapeutique.

Ce témoignage autobiographique vient s’inscrire dans ton histoire. Il vient prendre place dans cette vie. Il est touchant, il est fort.

Tu l’as vécu comme un accouchement. Nous l’accueillons comme une naissance, qui ancre dans cette vie ta personne, ton passage sur terre.

En effet, il continuera à te faire vivre le jour où tu rejoindras le Très Haut...

Pour celles et ceux qui te connaissent, ils trouveront dans ce livre tes valeurs et tes traits : la transparence, la cohérence, la lucidité, le souci de justice, l’amour, la générosité, la spiritualité... Et la liste est longue.

Je suis honorée de laisser ma petite trace dans ce bouquin. Qu’elle soit témoin pour nous, dans notre vie dernière, du lien d’amour et de fraternité qui nous lie. Amine...

En effet, notre lien est particulier, il est multiple !

D’abord, il a été thérapeutique.

Tu m’as accompagnée avec amour et bienveillance à un moment douloureux de ma vie. Tu m’as vue passer d’un fossé à... une colline ! D’une tristesse à un bonheur.

Tu es celle qui a nourri en moi l’envie de me former à la thérapie familiale et de pouvoir ouvrir ma porte, comme tu l’as fait, pour accompagner des personnes dans leur chemin de vie.

Et puis, un lien d’amitié et de fraternité est né...

Nous nous sommes retrouvées sur des valeurs fortes qui nous animaient. Cette belle amitié, sincère et profonde, a tenu bon face aux secousses et aux moments de transition. Elle est vraie, elle est forte !

Et puis, notre lien s’est étendu à un engagement commun...

Nous avons retroussé nos manches pour travailler ensemble, en portant nos idéaux, nos valeurs communes. Le réseau Santé mentale et spiritualité a vu le jour. Il est novateur et s’inscrit dans une dynamique d’ouverture à la diversité. Cela a du sens. On a besoin d’en donner !

Merci pour ce soutien et cette ressource que tu as été pour moi.

Merci pour ton amitié et ta fraternité. Je te promets que, si tu retournes à Dieu avant moi, tu seras, toute ma vie durant, présente dans mes invocations, celles qui relient les cœurs. Et je compte sur les tiennes si je repars la première.

Merci pour cet engagement partagé.

Puisse Dieu t’accompagner, toujours, ma chère sœur, mon amie sincère, ma collègue déterminée !

Avec tout mon amour,

Naïma Amezziane,

l’une de celles qui ont vu pousser tes petites fleurs...

***

Un jour, alors que j’assistais à une conférence sur l’amour en islam, Dominique fit une petite intervention. Elle souligna avec une telle pertinence et une telle douceur « l’estime de soi » qu’à la fin de la séance, au lieu d’aller vers les conférenciers, c’est vers elle que je me suis tournée. Elle était dans le public, mais ce qu’elle venait de soulever, c’était de l’ordre d’une montagne, avec tant de clairvoyance.

Ce n’est pas une simple thérapeute, c’est une femme, une mère et, avant tout, elle fut une enfant blessée malmenée qui a su maîtriser le paradoxe ; attirée par la lumière, en quête de cohérence et en harmonie avec la nature, elle a composé avec ses différentes nationalités et nous offre une personnalité digne de ce nom.

Il n’y a pas si longtemps, tu m’as dit, Dominique, que tes trois filles représentent chacune une part de toi. Je ne peux qu’en être convaincue, je t’ai suivie dans ce récit extraordinaire, au fur et à mesure.

Ton aînée qui peut enfin déployer ses ailes qui sont aussi les tiennes, ta deuxième et toute la discrétion qu’elle reflète de ta personne, tous les silences en attendant qu’on la regarde. La lumière qui brille enfin avec la venue de Soleil, dont les ombres d’une vie peuvent atténuer la lueur et la chaleur pendant un temps.

Je suis honorée d’être ton amie car, par tes enseignements, ta bonté et ton amour, j’ai pu aussi briller.

Si je pouvais ajouter une image te représentant, tu serais une fée à qui on a longtemps caché dans l’ombre du secret qui elle était, mais à qui, par le biais de ceux qu’elle rencontrerait, Dieu le lui révèlerait.

Je t’aime.

Souad Fila, auteure

***

Dominique, ma frangine en Dieu, psyslamiste reconnue et appréciée, fait partie de ces personnalités éthiques et authentiques qui ébranlent à la première rencontre. Vous l’appréciez ou non, c’est selon, mais vous ne pouvez y rester insensible. Et l’oublier, certainement pas.

En ces temps de communications détournées, dans une société de rapports superficiels et une communauté de non-dits permanents, son récit s’impose comme un lingot d’or jeté dans la mare. Il remue l’eau trouble de notre complicité à la vase de l’indicible, que l’on préfère cacher, et vient s’y déposer afin de nourrir cette dernière d’une matière riche qui rayonne de criantes vérités : on ne ment jamais qu’à soi-même. Ce qui compte n’est pas tant ce qui nous arrive, mais bien ce que l’on en fait.

Emportés par le courant de nos faiblesses, immergés dans la tourmente par le poids de l’ancre de nos frustrations auxquelles nous sommes enchainés, son parcours est une véritable branche de chêne à laquelle s’accrocher pour prendre une bouffée d’oxygène et se décider à nager vers la berge d’un avenir apaisé.

Denis Toisoul, président d’Euroislam

***

In Sha Allah

préface d’une aube nouvelle, sous la plume d’un franc-maçon

C’est à l’aube que faire l’amour présente le sens le plus profond ; Dominique, dite Aïcha, fusionne avec le meilleur de l’humain pour élever sa conscience vers le divin, l’indicible dont nous sommes des poussières d’étoile, des rayons de lumière ; son chemin va vers l’éblouissement, pas l’aveuglement.

Sa route n’est pas dépourvue d’embûches ; elle en triomphera, à coup sûr.

Dominique, la musulmane féministe d’origine belge, qui a choisi l’Islam comme référent, m’a sollicité pour préfacer son ouvrage teinté de qualités humaines, d’une force tranquille et d’une foi positive en ses actes, en l’honneur de tous et des femmes en particulier, sachant que je suis franc-maçon, parce que j’y ai occupé diverses charges qui m’ont « dévoilé ».

Son souhait m’a interpelé, vu sa démarche de convertie atypique à une religion du livre et son profil unique, que je salue avec l’immense respect que mérite son action au sein de sa communauté de cœur.

Son désir m’est ensuite apparu très vite comme irrésistible à l’aune de la cause qu’elle soutient, laquelle a provoqué, d’abord, une véritable « conversion » de mon regard sur un océan aux richesses mal connues ; c’était avant même Yussuf.

Aïcha ne fait pas de prosélytisme ; elle ne cherche pas à convertir ni à recruter ; elle œuvre avec conviction et bonne foi pour un monde meilleur tolérant ; elle garde le recul qui sied à toute personne de pensée libre ; pas simple en ce monde cloisonné où d’aucuns s’érigent en diviseurs de l’Amour, la grande loi.

Toute révélation ou vérité passe par le crible de sa critique et est tamisée avec une intelligence éclairée, dont la spiritualité est le moteur.

Elle ne sait pas que j’ai atteint le degré initiatique ultime du cheminement maçonnique aréopagique de l’écossisme ancien et accepté ni ma contribution dictée par ma « foi » maçonnique d’homme libre, ni ma définition personnelle du Grand Architecte de l’Univers et elle ne savait pas que, pour moi, Dieu est.

C’est pour moi un honneur que de coucher quelques lignes et d’ainsi apporter une modeste pierre à l’édifice qu’Aïcha construit dans une paix ruisselante d’amour, avec une sérénité allant au-delà de la croix, du croissant et de tout autre symbole, à travers ce texte de préface que je signe au nom de la tolérance.

Plus qu’un livre issu de la pensée forte d’une femme aimante à la foi vraie, ancrée dans un investissement altruiste sans faille envers tous, notamment à travers un accompagnement psychothérapeutique relevant d’un défi passionné, empreint d’une compétence non contestable, l’ouvrage autobiographique de Dominique est un diamant.

Son livre n’est à mon sens qu’un commencement vers des lendemains qui chantent, le début d’un vaste chantier digne des plus grands penseurs ; il vient du fond de sa sensibilité fertile, comme celle du croissant du même nom, ayant vu naître la civilisation entre les fleuves Tigre et Euphrate, c’est-à-dire l’écriture ; Aïcha donne au sens une signification, la sienne.

Les diverses pensées, philosophies et religions génèrent du sens, mais les hommes se divisent sur leur signification ; Aïcha ramène à sa juste place la signification qui devrait rassembler le yin et le yang, la croix, le croissant, l’équerre et le compas, sous la forme d’un éclairage permanent de valeurs librement consenties.

Aïcha va au-delà des contraires, de l’absence de choix sclérosante et de l’esprit non éclairé où règnent les ténèbres.

Ce qu’elle relate avec pudeur et poésie donne le frisson et des ailes à la vie pour qui comprend bien l’Art royal menant à la Lumière.

Ce qu’elle fait de sa vie force l’éblouissement de la finesse intelligente.

Son texte fait chanter le cœur, comme l’amour fait chanter la vie ; il est imprégné d’une humanité exemplaire, laquelle induit, tout en douceur, un respect, une sorte d’admiration telle que celle que génèrent, avec abnégation, des pionnières exceptionnelles, qui, dans des domaines différents et à des degrés divers, ont fait pour un mieux, sans relâche, appuyées sur une volonté bien trempée.

Citons, sans être exhaustif, Sémiramis à l’époque sumérienne, qui fut brillante de grandeur, Hatchepsout qui monta sur le trône d’Égypte il y a ٣ 500 ans environ avec un brio inégalé, Balqis venant du Yémen, à l’époque du roi Salomon, la Reine de Saba ayant réussi à élever son peuple et sa conscience du juste au-delà de ses contemporains, Guenièvre à l’époque des chevaliers de la Table ronde, qui fut la muse de Lancelot, Jeanne d’Arc qui bouta l’Anglais hors de France avec courage, Marie Curie, dont l’intelligence fit progresser la science, ou encore de manière plus discrète, June, la compagne bienfaitrice d’Alan Turing, plus brillante que lui en toute discrétion, lors de la Seconde Guerre mondiale, dont la dernière pomme croquée à 42 ans, devint le logo d’Apple, in memoriam au père de l’ordinateur, qui inaugura une ère nouvelle.

Au sein de la communauté musulmane, Aïcha est une référence prisée, tant pour son investissement de qualité que pour la pureté de son cœur et celle de ses intentions ; c’est une femme probe et libre ; elle n’a pas de préjugé et ne saurait s’accommoder de chaînes de l’esprit.

Je cite Aïcha : « J’ai besoin de me sentir libre d’avoir des appartenances multiples, à l’image de ce que je suis d’ailleurs : multiple par mes origines, éclectique dans mes goûts et centres d’intérêt. Chaque fois qu’une organisation ou une personne a voulu tisser autour de moi un filet d’appartenance exclusive, ou quelque chose que je vivais comme tel, je me suis sentie étouffer et je me suis éloignée, la plupart du temps définitivement. »

Jamais Dominique ne cherche à convaincre ; elle se donne pour aider et n’attend rien en retour ; c’est de l’Amour inconditionnel ; In Sha Allah…

Elle m’apparaît comme une franc-maçonne sans tablier, cette déclaration pouvant surprendre, vu sa conversion à l’islam, mais il n’y a aucune incompatibilité, dès lors que l’on n’accepte pour vrai que ce qui est librement consenti.

Se convertir relevait pour elle, à la fois, d’une option spirituelle exercée librement et d’un choix philosophique ressortissant à un acte de foi intime ; c’est une manifestation de la liberté de pensée pleine de noblesse d’âme.

Embrasser une vision de reliance, le terme « religion » venant du verbe du latin religere (relier), s’apparente à prendre une direction, pour lui donner tant du sens que de la signification, pour soi et pour les autres, dans le respect de leurs convictions.

Les religions du livre conjuguent une spiritualité et des allégories à connotation morale, outre des faits historiques ; elles sont issues d’un contexte de pensée et doivent encore évoluer pour être en phase avec une humanité à élever vers le haut et la sagesse.

Elles sont issues d’une situation géopolitique et philosophique précise, à une époque donnée, et se doivent d’être évolutives tout autant qu’ouvertes, pour prospérer dans l’harmonie et pour laisser éclore les « fleurs du bien » d’un œcuménisme porteur qui soit de nature à élever l’humanité dans la sagesse, la force et la beauté, baignant dans un bonheur pacifique.

Nous avons un devoir de bonheur ; la pensée unique est entropique pour l’intelligence.

La richesse de l’humanité provient de sa diversité, les différences étant des outils de perfectionnement de la construction d’un monde meilleur, plus juste.

Antoine de Saint-Exupéry écrivait dans son Petit Prince : « Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis. »

Isaac Newton écrivait :« Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts.»

Telle la flamme de la bougie qui scintille et forme, pendant quelques nanosecondes, des diamants avant de se fondre dans l’éther, par son élévation parfois droite ou fébrile, l’esprit humain a toujours aspiré à s’élever, à vivre une transcendance qui lui permette de se dépasser ; Aïcha y invite sans ambiguïté.

Sa lecture du Coran est celle d’une femme libre et respectueuse, celle d’une personne éclairée et avant-gardiste, à moins que ce ne soit, tout simplement, celle de quelqu’un qui a lu ce qui est évident : le respect auquel invite le Livre de façon univoque envers la femme, qui doit sans cesse être honorée.

Son ouvrage et l’œuvre de sa vie quotidienne sont une ode au cheminement vers la liberté responsable, postulant la liberté de pensée, engendrant une liberté qui donne un sens responsable à notre vie, afin d’éviter de donner raison à Shakespeare, qui écrivait dans Macbeth, qu’elle est « une histoire contée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien ».

Selon cette opinion, notre vie ressemble à un chaos, et il ne tient qu’à notre volonté de se donner la sagesse d’y rétablir l’ordre, tâche ardue et possible.

« Ordo ab Chao », disent les francs-maçons des hauts grades, comme on peut le lire dans tout ouvrage en bibliothèque publique.

Chacun peut choisir son chemin, le vivre ou le subir.

Cette liberté implique des choix de conscience ; la liberté n’est pas aisée à exercer.

Le contraire serait de ne pas avoir tiré les leçons du Discours sur la servitude volontaire de La Boétie.

Ce n’est pas si simple d’être libre, sinon Monod n’aurait pas écrit Le hasard et la nécessité où l’Homme, une sorte de sans-logis aux aspirations tsiganes, évolue au sein d’un univers désenchanté, errant au hasard dans un espace indifférent.

Et Sartre n’aurait pas écrit La Nausée, où Roquentin se heurte à l’existence contingente jusqu’à en souffrir ; ses réactions aux faits de la banalité quotidienne l’étonnent d’ailleurs lui-même.

La liberté de pensée fait peur à certains et peut être un poids trop lourd à porter, d’où le refuge facile auprès de l’ignorance coupée de tout questionnement.

Cette liberté-là est comme l’univers, impossible à embrasser complètement, car vaste au point d’induire la peur et de provoquer un dommageable repli sur soi dans l’obéissance aveugle, l’indifférence illégitime de l’Homme ou la fuite, par crainte de réfléchir à ce qui paraît compliqué, en apparence.

Exercer sa liberté de pensée, cela peut être « philosopher », c’est-à-dire, notamment, réfléchir au monde et à l’humanité avec sagesse et détachement, interpréter l’invisible et analyser le visible avec mesure, pour comprendre l’invisible, pour aller au-delà des apparences de l’existence, avec le cœur, ou agir en ce sens, choix additionnel d’Aïcha.

Par son état de sapiens sapiens, l’Homo serait-il condamné à se construire dans l’exercice de la liberté de pensée et dans la responsabilité de ses mots, de ses actes, de son comportement ?

Peut-être, mais mieux vaut cela que le contraire ; mieux vaut se fixer cet objectif qui grandit l’Homme que de sombrer dans l’amoralité, l’absence de vertu, la dictature de la pensée et les interdits sans motif résistant à la raison.

Il existe des humains qui font le mal, parfois même en se réclamant du bien, qui se fichent pas mal de leur impureté, qui se souillent au quotidien, pour qui ce qu’ils voient est forcément la réalité et pour qui l’invisible n’existe pas, bref tout le contraire de ce qui vient d’être exposé.

Qui a raison ?

L’idéal de la liberté et de l’évolution vers la perfection (même appelée sérénité, paix, paradis ou nirvana) suppose une solide révolution intérieure pour bien des gens, une remise en question.

Entre deux efforts, celui qui est le plus ardu est souvent celui qui offre le plus de satisfaction ensuite, une fois qu’il est accompli, que l’obstacle est vaincu.

Alors, soit on est prédisposé à se comporter pour naviguer vers la pureté, et la chose se fera d’elle-même, soit cette navigation coûte un réel effort, et la satisfaction sera au rendez-vous, débouchant sur d’autres valeurs plus nobles, et donc pourquoi pas faire le pari qu’il vaut mieux faire le choix difficile de la liberté de pensée, de la connaissance, de la morale, de la vertu et, somme toute, de cheminer vers la perfection ?

Aïcha a fait un choix ; son livre s’intitule Les fleurs du bien.

Les religions, surtout monothéistes, ont toutes les trois un projet de société.

Comme le disait Marie Jean de Caritat, marquis de Condorcet, dans son Discours sur les conventions nationales, en avril 1791, « la vérité appartient à ceux qui la cherchent et non point à ceux qui prétendent la détenir ».

Chercher, toujours il faut chercher, car, pour citer Albert Einstein, « quiconque prétend s’ériger en juge de la Vérité et du savoir s’expose à périr sous les éclats de rire des dieux puisque nous ignorons comment sont réellement les choses et que nous n’en connaissons que la représentation que nous en faisons ».

L’islam, une religion à tendances (sunnisme, chiisme, etc.), qui semble unir ses croyants au-delà des peuples et des différences culturelles ; tous les croyants ressentent une appartenance à une communauté, la Umma (« mère» ) ; il y a environ ١,٣ milliards de musulmans, ce qui l’érige au rang de première religion du monde.

Il est facile d’entrer dans l’islam (« soumission » ), via un initiateur et une purification par des ablutions et le prononcé, en toute sincérité, de la profession de foi (chahada), mais la question n’est pas là ; encore faut-il que cette conversion procède d’un libre choix conscient et d’être en mesure de lire et de comprendre l’essentiel, celui qu’on ne voit bien qu’avec le cœur.

À partir de là, on comprend mieux que, selon le Coran, celui qui abjure l’islam mérite la mort ; donner un parole est déjà un acte fort ; faire acte de foi par un serment mérite que l’importance de cet engagement soit soulignée.

Le franc-maçon qui trahit ses serments ne mérite pas mieux, tout aussi symboliquement ; il en va de même au sein de la chrétienté par l’excommunication (aujourd’hui, car hier la mort guettait, pour de vrai).

En outre, et pour me référer à des événements médiatisés récemment, on peut rire de tout, mais peut-être pas, par respect qui s’impose au nom de la tolérance, de ce qui blesse les convictions, car elles sont le fruit d’un choix respectable qui se courrouce de la moquerie, bien que cela ne puisse pas non plus induire la violence.

Qui accepterait que l’on raille son élue ou son élu aimé ?

Les principes de l’islam sont clairs, les dix commandements aussi, comme le sont les préceptes maçonniques ; tous ont pour « noyau dur » l’invitation à faire le bien et à être juste et bon ; nous avons tous à nous comporter en personne de bonne volonté, digne et respectueuse, à être des « fleurs du bien »...

En cela, Aïcha est un exemple.

Lorsque Charles Baudelaire a écrit son recueil de poésie Les Fleurs du Mal, en 1857, il s’est inscrit dans la beauté qui grandit l’Homme. Ce recueil est l’une des œuvres majeures de la poésie moderne occidentale. Ses quelque cent cinquante « pièces » sont empreintes d’une nouvelle esthétique où l’art poétique juxtapose une réalité vue par le poète à la beauté la plus ineffable.

« Je sais que la douleur est la noblesse unique,

Où ne mordront jamais la terre et les enfers,

Et qu’il faut pour tresser ma couronne mystique,

Imposer tous les temps et tous les univers.

Mais les bijoux perdus de l’antique Palmyre,

Les métaux inconnus, les perles de la mer,

Par votre main montés, ne pourraient pas suffire,

À ce beau diadème éblouissant et clair ;

Car il ne sera fait que de pure lumière,

Puisée au foyer saint des rayons primitifs,

Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur entière,

Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs ! »

Par ses Fleurs du bien, Dominique s’est inscrite, en toute modestie, dans cette lignée de beauté.

Elle a intégré à sa contribution autobiographique des poésies, lesquelles donnent à penser qu’elle ne prend pas le contrepied de Baudelaire, mais au contraire qu’elle s’inscrit, et c’est toute sa vie, dans la volonté inébranlable de faire le bien pour l’amour du bon et du juste, ce qui syncrétise les pensées diverses et se situe potentiellement bien au-dessus des divergences.

Par la psychologie, l’amour, l’altruisme, la liberté de pensée, la cause des femmes dans la communauté musulmane, Aïcha agit au nom du bien, du souverain bien de Platon et s’inscrit dans la lignée de Baudelaire avec humilité et sincérité.

Allah a révélé sa parole par un texte, le Coran, via un prophète, Mohammed. Pour les musulmans, il n’est pas l’auteur du texte qu’il a reçu de l’ange Gabriel, en vingt-trois ans dont une partie à La Mecque et l’autre à Médine, le Coran étant la référence suprême.

Le musulman récite les textes autant que possible, prie en principe cinq fois par jour, a fait profession de foi, réalise au moins un pèlerinage sur les lieux saints, outre l’aumône et le jeûne, des piliers qui ont à se confronter au temps.

Pour le musulman, la Torah et les Évangiles sont sacrés, comme le Coran en ses 114 sourates. Jésus est considéré comme un prophète antérieur à Mohammed, mais les musulmans rejettent qu’il soit mort « sacrifié » sur une croix, par esprit critique.

Le Coran, né au VIIe siècle, invite à l’amour universel ; ce fut le support d’un nouveau monothéisme, alors que la région de sa naissance était polythéiste, ce qui impliqua à l’origine que Mohammed fut, non seulement, un prophète charismatique aux moyens financiers non négligeables, mais aussi un chef de guerre qui a imposé sa révélation.

L’islam propose une société susceptible de favoriser un épanouissement bien compris. Lorsque l’islam rayonnait à travers le monde, à l’époque de son âge d’or, pendant que l’occident avait le nez plongé dans la Bible, ses intellectuels ont permis des progrès immenses en de nombreux domaines.

La découverte de la philosophie grecque à travers des manuscrits traduits d’abord en syriaque, à l’époque des premiers souverains abbassides, amènera la création d’une école « mutazilite » qui tentera de mettre en place une nouvelle exégèse coranique, bâtie sur une grille de lecture philosophique rationnelle, invitant à une lecture qui ne fasse pas du Coran un mythe intouchable, fruit d’une dictée surnaturelle devant échapper par obligation à un travail d’exégèse ou de discussion (au sens du latin disputare).

Après la mort du prophète, lorsque l’islam s’est divisé entre les tenants d’une légitimité fondée sur son gendre Ali et les tenants de son compagnon proche, Abu Bakr, lorsque cet islam prometteur s’est éclaté entre sunnisme et chiisme, division qui persiste à ce jour, le mouvement mutazilite s’est formé à Bassorah (Irak), puis à Baghdâd ; il fut encouragé par le pouvoir abbasside qui admettait la supériorité du raisonnement sur les diktats de la foi religieuse.

Le philosophe Al Kindi l’a exprimé comme suit en 866 : « Nous ne devons pas avoir honte de la vérité et de la faire nôtre quelle qu’en soit la source ».À l’époque, théologiens musulmans, chrétiens et juifs argumentent en toute liberté. Les mutazilites vont donc s’opposer à un enseignement rigoriste et expliquer les dogmes selon une méthode rationnelle donnant ainsi à la religion musulmane une aisance susceptible pour rivaliser avec d’autres idéologies.

Aujourd’hui, le mouvement néo-moutazilite, développé en Tunisie, en Égypte et dans les universités occidentales, reprend force et vigueur, et ses adeptes sont parmi les promoteurs intellectuels du Printemps arabe.

La défense du libre-arbitre, notamment, les rapproche de la franc-maçonnerie. En effet, le recul de l’islam sur lui-même à travers les intégrismes peut inquiéter, mais il ne manque pas de musulmans éclairés, la très large majorité, qui retient de l’islam un message de bonheur, d’amour et de progrès moral ; il y a des musulmans qui prêtent les mêmes vertus que les maçons à l’Évangile de Saint-Jean, dit de lumière…

L’universitaire marocaine Fatema Mernissi, avec un grand courage, se moque des salafistes : « Cet intégrisme politico-religieux tourne à l’ubuesque puisque pour les islamistes, si l’on sépare l’islam de l’État, plus personne ne croirait à Allah, ce qui voudrait dire que l’islam, sans la police, n’a rien à offrir ! »

Le grand poète syro-libanais Adonis regrettait, en novembre 1995, que « l’Islam se soit transformé dans l’esprit de la plupart des musulmans d’aujourd’hui en chaînes et prisons ». L’image de l’islam en Europe souffre des excès antidémocratiques de ses intégristes qui essaient à nouveau de prendre le pouvoir en 2011 en bafouant le Printemps arabe.

La franc-maçonnerie orientale n’a pas besoin de l’apport de la franc-maçonnerie occidentale pour s’identifier dans sa recherche de spiritualité ; elle a sa grandeur. Au Liban, par exemple, les francs-maçons se rencontrent dans un esprit de fraternité, hors de tout préjugé, et s’estiment malgré leur divergence religieuse : ils retrouvent une unité de pensée qui dépasse les clivages politiques, religieux et ethniques, un cheminement personnel situé au-delà des divergences et des oppositions, le chemin du milieu, celui de la paix, de l’épanouissement. Ce fut là le message du Bouddha, à une époque où, au nord de l’Inde, au VIe siècle avant notre ère, il prit conscience de la condition humaine misérable et teintée de souffrances.

L’époque foisonne de sages ayant marqué la pensée pour les siècles à venir, jusqu’à notre époque, et probablement encore demain. Ainsi ont été contemporains de Bouddha, né au Népal en -563, Confucius (-551 à -479), Lao Tseu (-570 à -490), Pythagore (-570 à -500), Zarathoustra (-650 à -583) et Héraclite (-576 à -480) ; tous ont initié un message d’amour universel, une invitation à l’épanouissement humain et un projet de société juste, pacifique et heureuse, améliorée donc.

Ce message d’amour, les francs-maçons y souscrivent pleinement, qu’ils travaillent au progrès de l’humanité, à la gloire du Grand Architecte de l’Univers, en Occident ou en Orient. Quant à la croyance, elle relève du choix individuel intime et donc éminemment personnel.

Les francs-maçons anglo-saxons, les plus nombreux, posent, à toute personne qui souhaite le devenir et y être initié, cette fameuse question ouverte : do you believe in a personnal God ? God, Dieu, Yahvé, Allah, Grand Architecte de l’Univers, combien de noms revêt l’indicible qui rejoint la notion de Lumière ou ce que chacun y apporte ?

Il existe d’ailleurs bien plus de points de convergence entre l’islam éclairé et la maçonnerie ouverte qu’on ne l’imagine. Il y a de nombreuses loges en Islam, dont les membres sont bien sûr des musulmans. C’est à Baghdâd que le cheikh Abdelqader El Jilani (XIIe siècle) crée la première confrérie (tariqa) qui conserve encore aujourd’hui une réelle influence. Les membres des confréries se retrouveront dans les mosquées, particulièrement le vendredi après-midi, ou dans des locaux, appelés « zaouïa » au Maghreb, « ribât » (« Rabat » au Maroc) ou « khanqa » au Proche-Orient et en Asie Centrale.

La confrérie des Chaziliya sera fondée au Maroc au XIIIe siècle, celle des Mevlevis par Jalaleddine Roumi en 1273 à Konya, l’Ordre des Naqchbandiyya en Asie Centrale par le cheikh Behaeddine Naqchbandi au XVe siècle, celui des Tijaniyya au Maroc au XVIIIe siècle. Au XIXe siècle, les Senousiyya en Libye, les Mirghaniyya au Soudan, les Rifaïyya en Somalie seront constitués en confréries par trois disciples d’un même cheikh marocain à la Mecque.

Les tariqas pratiquent l’initiation progressive à quatre degrés : mourid, mouqadem, nasib et cheikh, soumis au respect du secret. L’initié modèle est le prophète lui-même qui proclame : « Je ne sais pas lire ». L’épreuve dans une caverne de la révélation des premiers versets est comparée à une initiation soufie, car Mohammed en ressort prophète. La translation qui le conduira de Médine à Jérusalem et de Jérusalem au septième ciel permet d’acquérir le plus haut grade dans la hiérarchie confrérique. Le voyage est décrit dans Le Livre de l’Échelle de Mohammed,ensemble de récits arabes relatant l’ascension jusqu’à Dieu.

Les rituels principaux des mystiques soufis sont des litanies, des répétitions d’oraisons, de « remémorations » (dhikr) scandées pour souligner la présence de Dieu. Comme les yogis de l’Inde, certains disciples ont appris des techniques respiratoires qui les conduisent dans des états de transe spectaculaires. Les initiés se voient remettre un chapelet de 33 grains (Qadiris), de 66 ou 99 (Naqchbandis), basés sur la valeur numérique du nom « Allah » qui, en lettres arabes, est l’équivalent de 66. Certaines confréries utilisent la danse ; 9 disciples représentent les planètes et tournent autour du maître-soleil, comme en Turquie, à Konya, les « derviches tourneurs ».

Être un humain, c’est être soi-même avant tout, en harmonie avec la pureté des intentions et du cœur. Support de la sagesse ouvrant les portes de la vérité, le cheminement vers la véritable connaissance postule une pensée pure, sans quoi la cécité perdurerait, endurcie par les préjugés, les passions, l’ignorance et l’inéluctable intolérance qui en découlent.

« Quand nos passions prennent figure de vérités, de réalités dans le monde, d’oracles et de volontés surhumaines dans le monde, tout est dit. Le fanatisme est le plus redoutable des maux humains. »

Sans être libre, en effet, comment apprendre à voir le monde tel qu’il est ? Se libérer des entraves des convenances incomprises, se débarrasser des chaînes du brouet préparé par qui mise sur le manque d’érudition des autres, voilà qui signe l’intelligence humaine, quelle que soit sa foi, celle d’un musulman, d’un chrétien, d’un bouddhiste ou d’un franc-maçon.

À défaut de ce faire, le monde resterait opaque pour l’esprit encombré de ténèbres, et plutôt qu’un « athanor spirituel », notre cerveau s’identifierait alors à un « étouffoir de lumière » ; au lieu de vivre et d’évoluer, notre esprit survivrait, jusqu’à la sclérose intellectuelle.

Avec le philosophe Abennour Bidar (Lettre ouverte aux musulmans, Plaidoyer pour la fraternité, etc.), j’ose dire que la pureté et la simplicité originelles de l’islam pourraient sauver cette religion, belle en soi, du dogmatisme qui, depuis des siècles, pèse sur les musulmans comme une chape de plomb.

Ne dénaturons pas un beau message fort de sagesse par peur d’éroder la puissance d’un islamisme fragile à ne pas confondre avec l’islam !

Bâtissons un édifice de pensées, une planète, un univers d’amour fraternel à vocation universaliste !

La nature, l’univers, la mort, la précarité de la vie, la fragilité de la planète, la solitude au milieu de tant d’étoiles, voilà autant de raisons pour les humains de s’aimer, et la fraternité y invite.

Plus avant, je faisais référence à une pensée maçonnique « Ordo ab chao » et, curieusement, Dominique intitule son ouvrage Les fleurs du bien et… Du chaos naissent les étoiles.

Elle se réfère de toute évidence à son vécu et à celui de ceux qu’elle aime, mais plus en profondeur, à sa pensée intime dévoilée par une psychologie fine à décrypter, d’où la référence notamment à June, qui aida, en paix, à gagner une guerre, sans verser une goutte de sang, juste par son intelligence, par son esprit hors du commun, esprit qui me fait fondre.

L’ordre vient du chaos et du chaos naissent les étoiles, ces soleils qui font briller notre univers ; étoiles dont nous sommes issus, étoiles qui proviennent de la naissance de l’univers ; univers dont la naissance n’a pas fini de nourrir les recherches qui feront peut-être se dépasser la science et les religions autour d’une même réalité, celle de la pure Lumière, celle de la beauté de Baudelaire, celle de toutes celles et de tous ceux qui feront le monde de demain, dans l’amour, la justice et la joie.

Je ne peux résister à reprendre ici un poème de Rudyard Kipling intitulé La Loge mère, écrit en 1896, éloquent de tolérance et de cette diversité qui induit la richesse dans l’égalité (traduction libre).

« Il y avait Rundle, le chef de gare,

Beazeley, des voies et travaux,

Ackmman, de l’intendance,

Dankin, de la prison,

Et Blake, le sergent instructeur,

Qui fut deux fois notre vénérable,

Et aussi le vieux Franjee Eduljee,

Qui tenait la boutique «Aux denrées européennes».

Dehors on se disait : «Sergent, Monsieur,

Salut, Salam» Dedans c’était «Mon frère»

Et ça ne faisait de mal à personne.

Nous nous rencontrions sur le niveau,

Et nous nous quittions sous l’équerre.

Moi, j’étais second expert dans ma loge, là-bas !

Il y avait encore Bola Nath, le comptable,

Saül, le juif d’Aden,

Din Mahomed, du bureau du cadastre,

Le sieur Babu Chuckerbutty Amir Singh, le Sikh,

Et Castro, des ateliers de réparations,

Le vrai catholique romain !

Nos décors n’étaient pas riches,

Notre temple était vieux et dénudé,

Mais nous connaissions les anciens devoirs

Et les observions scrupuleusement.

Quand je jette un regard en arrière,

Souvent, il me vient à l’esprit,

Qu’il n’existe pas d’incrédules,

Si ce n’est peut-être nous-mêmes !

Chaque mois, après la tenue,

Nous nous réunissions pour fumer.

Nous n’osions pas organiser d’agapes,

Pour ne pas heurter les vœux de caste de certains frères.

Et à cœur ouvert nous parlions de religions et d’autres choses...

Chacun de nous se rapportant au Dieu qu’il connaissait le mieux.

L’un après l’autre, les frères prenaient la parole,

Et aucun de nous ne s’agitait.

L’on se séparait à l’aurore,quand s’éveillaient les perroquets,

Et le maudit oiseau porte-fièvre.

Comme nous nous en revenions à cheval,

Mahomet, Dieu et Shiva

Jouaient étrangement à cache-cache dans nos têtes.

Bien souvent, étant de service,

Mon pas vagabond s’est hâté,

Et j’ai porté de fraternels saluts,

Aux loges de l’Est et de l’Ouest,

Selon que les ordres reçus

M’envoyaient à Kohart,

Ou bien à Singapour.

Mais combien je voudrais les revoir tous,

Ceux de ma loge mère, là-bas !

Comme je voudrais les revoir,

Mes frères noirs ou bruns

Et sentir le parfum des cigares indigènes

Pendant que circule l’allumeur

Et que le vieux limonadier

Ronfle sur le plancher de l’office,

Et me retrouver parfait maçon

Une fois encore dans ma loge d’autrefois.

Dehors on se disait : «Sergent, Monsieur,

Salut, Salam» Dedans, c’était «Mon frère»

Et ça ne faisait de mal à personne.

Nous nous rencontrions sur le niveau

Et nous nous quittions sur l’équerre.

Moi, j’étais second expert dans ma loge, là-bas ! »

La cause d’Aïcha est belle, la femme aussi.

Elle s’inscrit dans un islam éclairé, celui des Lumières, celui de la tolérance, avec en prime l’objectif de rendre à la femme sa place légitime, de faire ce qui est juste.

En qualité de maçon ouvert, attentif aux croyances et aux traditions, respectueux des choix intimes, et tourné vers la Lumière, j’ai toujours défendu la cause des femmes en ce monde, quelque peu phallocratique, qui ne le fut pas toujours ; du temps de Sémiramis et des Celtes, une égalité complémentaire régnait.

En Islam et en d’autres pensées où nous sommes liés de fraternité, la cause d’Aïcha ne peut que triompher puisqu’elle est elle-même une « fleur du bien ».

Comme une sœur jumelle, je l’aime sincèrement pour ce qu’elle est ; puisse-t-elle réussir en son entreprise tenant du divin s’il est Lumière ; au nom de tous ceux qui partageront le sens de cet écrit, merci d’exister, Aïcha !

Que Dieu, sous ses noms divers, facettes de l’Un et de l’Absolu, indicible, soit source de lumière pour elle.

La petite fille blonde aux yeux clairs est devenue une femme brune mûre au regard clairvoyant ; elle s’est hissée vers la Lumière et chemine vers elle à pas de géante ; si la foi renverse les montagnes, Aïcha bouscule non pas la tradition, mais les préjugés, au nom de l’humanité de demain.

« Ashhadou an lâ ilaha illa’llah wahdahou lâ sharika lahou wa ashadou ana Mohamadan ‘abdouhou wa rassoulouhou » (comment pourrait-on attester autre chose qu’il n’y a de dieu que Dieu ; la maçonnerie écossaise affirme aussi que Dieu est ; son essence précède son existence).

Prétendre que Dieu « est » constitue une assertion autre que celle de dire que Dieu « existe » ; dire que Dieu est, rien de plus, est fécond ; prétendre le décrire, c’est réducteur pour la richesse de l’esprit de l’homme libre.

Toute croyance relève d’ailleurs de l’intimité personnelle ; le mahatma Gandhi disait : « Mon expérience générale m’a convaincu qu’il n’y a pas d’autre Dieu que la Vérité. »

L’auteur des Fleurs du bien est une amoureuse de la vérité, de la tolérance et une musulmane éclairée tout autant que progressiste.

Pour l’œuvre de Dominique,

In Sha Allah. Salam alaykoum, Aïcha.

Philippe