Récit d'une ex-gisante - Lysandre Cyr-Langford - E-Book

Récit d'une ex-gisante E-Book

Lysandre Cyr-Langford

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Beschreibung

Lysandre Cyr-Langford est originaire des Îles-de-la-Madeleine, du petit village de Grande-Entrée, plus précisément.

Un de ses rôles principaux est celui de maman. La vie lui a permis de mettre au monde deux enfants. Son fils Jaoh, a huit ans et sa fille, Lora, a six ans et ce sont de très grands enseignants pour elle.

Elle anime des retraites Bien-être, guide des méditations, offre des soins Access Bars et déparasitage énergétique, en plus de consacrer beaucoup de son temps à l’écriture et à ses deux enfants en bas âges. Elle est maintenant aussi célébrante funéraire, mais avant tout célébrante de la vie.



À PROPOS DE L'AUTRICE

Lysandre Cyr-Langford est passionnée de l’être humain. Empathique de nature et dotée d’une présence calme et posée, elle a accompagné beaucoup de personnes en fin de vie pour leur dernier voyage. Elle a été infirmière clinicienne pendant dix ans dans le système public.

En 2020, elle fait face à la dépression. Elle se doit de prendre un temps d’arrêt et c’est pendant ce temps qu’elle se découvre un intérêt marqué pour l’écriture pendant qu’elle pratique les pages du matin, un exercice proposé lors d’un programme qu’elle suit avec la docteure Sophie Maffolini.

Ces écrits s’inspirent de son expérience vécue. Elle se livre avec authenticité et vulnérabilité.








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Pour commentaires ou pour commander : [email protected] ou lysandre.ca

La photo de la page couverture est l’Île du Corps-Mort, tout près des Îles-de-la Madeleine. La photo a été prise par l’auteure.

 

Crédit photo Nigel Quinn pour la photographie de la couverture arrière du livre. 

 

Couverture et mise en page : Ecoffet Scarlett.

 

Toute représentation partielle ou totale est interdite sans le consentement explicite de l’auteure.

 

La révision linguistique de cet ouvrage est assurée par Stéphanie Brière.

 

Cette publication est dirigée par :

 

 

Téléphone : 418-271-6578

Courriel : [email protected]

Site Web : editionsenoya.com

 

 

 

 

 

À mes ancêtres,

À mes parents, Germain et Monique, qui ont fait ce qu’ils ont pu avec ce qu’ils avaient,

À mes enfants, Jaoh et Lora, qui m’enseignent tant,

À mon conjoint, Jean-Denis, qui me soutient du mieux qu’il peut,

Et pour toutes les générations futures.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Synopsis

 

Par synchronicité, par curiosité, par goût de vivre et de trouver des réponses à son mal-être intérieur, l’auteure s’est découverte au cours de son cheminement, un syndrome du gisant, d’où le titre du livre : Le récit d’une ex-gisante.

 

Ce syndrome est peu connu à ce jour, mais est bel et bien présent dans notre société et beaucoup plus que l’on pense. C’est par la pleine conscience et en lisant, entre autres, le livre de Salomon Sellam : Le gisant que l’auteure trouve des réponses à ses questions, enfin.

 

Le syndrome du gisant est un enfant de remplacement qui nait avec de lourdes charges émotionnelles qui ne lui appartiennent pas, mais qui appartiennent plutôt au clan familial à la suite d’un décès subit dit inacceptable ou jugé inadmissible. On peut faire référence au suicide, à toute personne qui décède en bas âge, au meurtre.

 

Suivront plusieurs comportements spécifiques et problèmes psychologiques chez l’enfant à naitre, dont le mal-être profond, la dépression et le suicide, qui seront abordés dans ce livre.

 

Elle se fait porte-parole afin d’éveiller la population à ce syndrome. Elle souhaite aux gens atteints de ce syndrome, tout comme elle l’était, que leur cheminement soit peut-être plus facile que le sien en leur apportant son témoignage et des outils concrets afin de pouvoir se sortir de cette loyauté familiale et de vivre leur vie intensément.

Elle aborde également le chemin du deuil et plus particulièrement comment il est important de demander de l’aide, de parler du deuil et de le transcender, puisque lorsque le chemin du deuil se bloque à une étape, les conséquences peuvent être lourdes sur les générations futures.

Parlons-en et libérons-nous!

 

Avant-propos

 

C’est une drôle de question : d’ailleurs, tu fais quoi dans la vie? Vous l’a-t-on déjà posée? C’est une question qui vous donne la réelle impression que le seul fait de vivre ne suffit pas. Romain Gary le Grec

 

Dès ma très jeune enfance, j’ai souvent l’impression qu’on ne me comprend pas. Je me sens souvent incomprise. Je teste les limites jusqu’au bout, on dit de moi que je ne suis pas une enfant facile. Je suis enfant unique. J’observe beaucoup ce qui se passe alentour de moi et je suis pas mal plus éveillée que l’on pense, mais je ne laisse rien paraitre.

 

Mon primaire se déroule assez aisément, mais clairement, je suis loin d’être première de classe. Ma professeure de maternelle me confie dernièrement qu’elle se souvient très bien de moi. Elle me dit : « Lysandre, elle fait à sa façon! » Ce sera par la suite une de mes forces, mais à ce moment-là, je me sens plutôt mouton noir. À la fin de ma 6e année, ça se corse un peu. J’entre à la polyvalente, en cheminement temporaire, ce qui veut dire que je me retrouve dans un groupe d’élèves avec des problèmes d’apprentissage légers à modérés. Je me souviens avoir beaucoup pleuré, mais ça ne m’a aucunement empêchée de continuer mon chemin, à ma façon, par la suite. Finalement, je termine mon secondaire, avec sur papier, des mathématiques 426 et 526. Je suis très fière de moi et je sais très bien qu’au fond, quand je veux, je peux réussir. Je suis très persévérante. C’est d’ailleurs à ce moment que je prends goût à la lecture avec mes premiers romans, Tristan et Yseult et Harry Potter. C’est le début d’un amour sans fin avec la lecture. J’y trouve refuge, mon imaginaire est plus que satisfait et, petit à petit, je trouve des réponses à mes questions. Je fais beaucoup d’apprentissages en lisant et je me dirige rapidement vers les livres de développement personnel.

 

Le secondaire terminé, je décide de partir à l’Université de Charlottetown avec une de mes amies pour apprendre l’anglais. Je dois apprendre l’anglais, c’est très important, ce que mon père me répète depuis mon très jeune âge. Je n’y resterai qu’une session. Je rencontre des gens de différentes cultures. Notre meilleur ami est originaire du Bangladesh. Beaucoup d’immigrants sont présents sur le campus. C’est mon premier contact avec la différence culturelle. Il faut dire qu’aux Îles-de-la-Madeleine, on ne rencontre pas beaucoup de personnes avec la peau noire et je suis très peu confrontée à la différence culturelle. Je retourne finalement aux Iles, après une session, car je m’ennuie trop de mon copain qui est encore là-bas. Une relation toxique.

 

Finalement, je ne reste que très peu de temps parmi les miens : j’ai d’autres projets. J’ai soif de liberté. Je décide de m’inscrire à Monde Aupair, qui est un programme de gardiennage d’enfants, un peu partout dans le monde. Je pars prochainement pour le nord de la Colombie-Britannique, à Prince Georges, où je vais m’occuper d’enfants et faire quelques tâches ménagères dans une famille. C’est la première fois que je vois mon père verser une larme de ma vie. Sa fille de dix-huit ans qui part, seule, pour la Colombie-Britannique! Je sens qu’il y a comme une première coupure qui s’installe entre moi et mon père et c’est correct ainsi. Un moment donné, le cordon doit être coupé. J’y reste un mois environ et encore une fois, je reviens au bercail.

 

Par la suite, je décide de poursuivre mes études et je fais une demande d’inscription au cégep en radiologie, du côté de Québec, car vous savez, aux Îles-de-la-Madeleine, les choix d’études sont quelque peu limités. Je reçois une lettre de refus. Loin d’être découragée, je décide de faire une autre demande, mais cette fois-ci, au cégep de Limoilou en sciences infirmières. Réponse positive. Personne de ma famille ne comprend mon choix. Ils me répètent que je ne vais pas réussir et qu’il est impossible que je devienne infirmière. Je décide de faire ma technique en quatre ans au lieu de trois ans (normalement). Je trouve le programme trop chargé, je décide de prendre un an de plus, je ne suis pas pressée. Je finis par graduer comme infirmière après quatre ans de cégep.

 

Je vise toujours la note de passage, pas plus ni moins. Ma mère me répète souvent que l’important, c’est d’avoir la note de passage et non 100%. Je lui en suis vraiment reconnaissante. Aujourd’hui, je vois tant de gens aux prises avec la performance scolaire. Donc, je l’écoute et c’est ce que je fais. Si j’ai plus, je suis très heureuse, mais sinon, je me contente de peu. Je n’ai jamais confondu ma valeur avec mes notes. Je comprends très tôt que je suis plus qu’une note scolaire.

 

Pendant que je fais mes stages comme infirmière, sur le terrain, je me rends compte que je suis douée, rapide, et que le contact avec le patient se fait facilement. À l’inverse, avec les notes à l’école, je suis ordinaire. Je vois certains élèves dans ma classe qui ont de très bonnes notes scolaires, mais pour qui sur le terrain, c’est plus difficile. Je dois avouer que je me sens à part des autres encore une fois.

 

Je finis ma technique et je décide de me diriger à l’université. Je sais que je suis capable, même si, encore là, bien des gens doutent de mes capacités. Je choisis l’UQAR, un petit milieu qui me convient parfaitement. Je ne veux surtout pas fréquenter l’Université Laval : trop gros et trop de monde. Je suis un peu sauvage et je n’aime pas les foules.

 

Je fais mon BAC en sciences infirmières tout en travaillant à l’hôpital de l’Enfant-Jésus. Le BAC se passe très bien, j’ai de bonnes notes comme jamais, c’est beaucoup plus facile que le cégep. Comme projet de fin de BAC, je travaille avec la direction des soins infirmiersde l’hôpital de l’Enfant-Jésus, afin de monter un programme de soins et de surveillance pour les patients trachéotomisés, une spécialité de l’hôpital. Encore une belle réussite et je suis fière de ce projet. Je ne sais même pas comment j’ai fait pour mener à terme ce gros projet.

 

Pendant mon BAC, je prends de l’expérience à l’hôpital de l’Enfant-Jésus. Je commence sur le département de chirurgie. Dans mon temps, on appelle ce département le Vietnam. J’ai fait des stages déjà sur ce département et c’est là que je veux travailler. En même temps, je découvre les soins palliatifs, car les deux départements sont reliés. J’adore les soins palliatifs. Je m’y sens à ma place, mais je finis par me lasser. Je découvre les soins intensifs via un stage en soins critiques à l’université et, comme j’ai soif d’apprendre, je décide de changer de département et de me diriger vers les soins intensifs pour le peu de temps qu’il me reste à Québec. Bientôt, je finis l’université et je retourne aux sources, aux Îles-de-la-Madeleine, c’est clair dans ma tête.

 

Après vient l’examen de l’Ordre des Infirmières. Je suis convaincue que je devrai reprendre l’examen : Ben non, je passe du premier coup. Quelle fierté, encore une fois!

 

J’adore apprendre et l’apprentissage fera partie de toute ma vie. Ce dont je me suis rendue compte avec les années, c’est que j’aime apprendre, mais je veux avoir le loisir de choisir le sujet et le bon moment. Je suis très autodidacte.

 

Dans mes temps libres, j’aime fréquenter les librairies à la recherche de livres sur le développement personnel, pour tenter de comprendre certains de mes comportements. Je veux trouver un sens à ma vie. Tout bonnement, je lis du Boris Cyrulnick, neuropsychiatre et psychanalyste. Je me souviens également de lire deux livres de Catherine Bensaid, Qui aime quand je t’aime? Et mon premier livre sur les anges, La musique des anges. C’est mon premier contact avec les anges et c’est beaucoup plus tard que je découvrirai ce lien spécial qui m’unit au monde des anges. Les autres jeunes de mon âge, quant à eux, ont d’autres intérêts.

 

Je me pose beaucoup de questions existentielles et je cherche déjà un sens à ma vie.

 

Je reviens finalement pour m’établir aux Iles. Je fais la bonne et gentille petite fille. J’ai un bon emploi, je travaille comme infirmière dans le CLSC juste à côté de mon village, exactement ce que je veux, et je fonde ma famille avec mon conjoint. Mon père est fier. Il ne me le dit pas ainsi, mais je le sens. Sa fille travaille pour le gouvernement, elle fait de l’argent, a une retraite assurée, etc.

 

Pendant ce temps, ma santé mentale se détériore. Je me questionne sur le sens profond de ma venue ici sur Terre. Je me sens de moins en moins à ma place et j’ai ce mal de vivre qui s’amplifie toujours, de jour en jour, malgré le fait que je semble avoir tout pour être heureuse. Je m’éteins complètement.

Introduction

 

De l’incompréhension à la compréhension

Sans la compréhension, la connaissance et la pratique ne sont pas d’une grande utilité.Gyalwa Dokhampa

 

C’est à partir du diagnostic de la dépression, en mai 2020, que je me rends compte que le système ne peut rien pour moi et que je dois chercher mes réponses ailleurs. Je sais au plus profond de moi que je dois me tourner vers des approches non conventionnelles et que le chemin ne sera probablement pas facile, car je sors des sentiers battus. Le système de santé a bien ses limites et c’est correct ainsi. À chacun ses forces et ses faiblesses. Je me tourne alors vers d’autres approches, à débuter par la méditation pleine conscience qui change ma vie à tout jamais.

 

Je découvre également une autre approche de la santé qui se rapproche plus de ma vision, de ma vérité : celle de l’approche globale féministe de la santé. Il est clair que la prévention et la promotion de la santé sont une clé essentielle et le système de santé actuel l’oublie. Dans cette approche, l’être humain est vu comme un tout, indivisible de la nature, par exemple : nous sommes la nature. Il est important également de tenir compte du corps, du cœur, de l’esprit, qu’on ne peut dissocier, de remettre le pouvoir entre les mains de la personne. C’est elle qui décide, qui sait et qui est maitre de sa vie. Ramener les gens à l’intérieur d’eux est primordial, au lieu de se fier sur tout ce qui est extérieur : les médecins, le voisin, les amis, la famille, etc. Encourager les gens et les rendre autonomes le plus possible pour qu’ils puissent se fier à leur intuition, écouter cette petite voix intérieure qui leur parle, mais que nous faisons taire la plupart du temps est nécessaire. Nous devons avoir accès à notre vérité, pas à celle du voisin ni de notre famille. Notre vérité et notre propre chemin. À chacun son chemin, à chacun sa vérité, mais c’est à vous seul de la trouver et moi, je suis le phare, la lumière qui éclaire. Nous sommes tous différents, mais en même temps, si semblables.

 

Une phrase me revient sans cesse de Frédéric Lenoir : « Comment réussir ma vie pour qu’à l’instant de ma mort physique, je puisse partir en paix et regarder derrière moi le cœur serein ? »

 

C’est comme si présentement, à ce moment précis, où le chaos se fait sentir de plus en plus, à l’extérieur, que ben moi, je trouve enfin un sens à ma vie. J’ose enfin sortir de ma coquille. Je me sens à ma place pour la première fois de ma vie et je réussis enfin à moins me poser de questions. À juste être là, paisible, en paix et à apprécier la vie.

 

Je suis prête à m’incarner pleinement, à prendre la place qui me revient. Je choisis la vie et de servir dans cette époque charnière. Je suis prête à témoigner qu’il est possible de sortir de la loyauté familiale et de vivre sa vie intensément.

 

Je suis paix, amour et lumière.

Vous êtes paix, amour et lumière.

Nous sommes tous paix, amour et lumière.

 

Le nord

 

Le nord représente l’hiver, la sagesse, l’adaptation et le mystérieux. Il nous guide vers la résolution des conflits. C’est aussi les étoiles, la divinité et il nous élève vers l’éternité. Il peut être lié à la recherche de soi et il est associé à l’élément eau qui signifie la fluidité, la guérison et les émotions. C’est également nos ancêtres et notre lignée familiale.

 

Étape 1 Un pas à la fois, si petit soit-il

 

La maternité

 

Je suis présentement en congé de maternité de mon deuxième et dernier bébé. Je savoure chaque instant, car je sais que ces moments ne reviendront pas. Je suis à la maison avec mes deux enfants depuis presque deux ans et quelle belle expérience je vis ! La maternité transforme ma vie pour le mieux. Je m’installe une routine, je profite de l’extérieur, du plein air chaque jour ou presque. Je passe du temps de qualité avec mes enfants, je profite de chaque instant, je vis dans le moment présent pour une des premières fois de ma vie. La vie est belle. Je suis dans mon élément. J’allaite mon bébé, je me laisse guider par mon intuition pour savoir quels sont ses besoins. On apprend à se connaitre. Il faut dire que j’attends ces moments depuis très longtemps. Je sais depuis toujours que j’aurai des enfants et j’avais très hâte. Materner, ça fait partie de moi, c’est naturel et j’étais prête à vivre cette belle aventure qui est celle de devenir parent. Par le fait même, je savais que mes enfants allaient m’aider à panser mon mal-être qui perdurait depuis très longtemps. Les enfants, c’est la vie, et je suis éteinte depuis trop longtemps. Je découvre par la suite combien ma fille, Lora, est dans ma vie pour me rappeler la joie de vivre. Ma fille, c’est la joie en personne et je la remercie de mettre tant de joie dans nos vies. Mon fils, quant à lui, est ma copie conforme. Il ressent tout, il est très éveillé et il m’amène à explorer et à accepter toutes les émotions. Je lui apprends du mieux que je peux que toutes les émotions ont leur place, que tout passe et que nous ne sommes pas nos émotions. J’accueille ses émotions. Je me rappelle une journée où il était en crise. Je suis dépassée et je décide de m’assoir par terre pour respirer et pour mieux accueillir ses émotions. Après un long moment en crise, il finit par se calmer. Plus tard, il me dit : « Maman, merci d’avoir gardé ton calme pendant ma crise. » J’étais tellement émue et contente de voir que cette technique fonctionne. Mon chum me reproche souvent cette façon de faire, ou plutôt, de non-faire. Pour lui, c’est comme si je ne faisais rien, mais parfois, ne rien faire peut s’avérer être la meilleure des solutions. Mon fils est également un très bon communicateur et il aime parler avec les gens. Il est très sociable, à l’inverse de moi, qui ai tendance à me refermer sur moi-même et à m’isoler. Donc encore une fois, il devient un très bon enseignant.

 

Vient le temps de retourner au travail et juste à y penser, j’angoisse. Je suis infirmière clinicienne dans un CLSC tout près de chez moi. Je vois venir les gardes 24/7, la gestion des enfants, les appels 911, car je suis du fait même, infirmière première répondante. Je suis incapable de retourner au travail, je dois demander de l’aide. Un mois avant mon retour au travail, je fais appel à une consultante en développement personnel. J’entends parler d’elle depuis longtemps, mais je repousse le moment de notre rencontre, car je sais que si je débute un travail sur moi-même, il se peut que ce soit très long. Je suis très consciente qu’il y aura des changements à faire et le changement ben ça fait peur.

 

Avec l’aide de celle-ci, je réussis à retourner au travail et à étirer l’élastique pendant deux ans. Je me promène entre « je gère la situation » et « je me décompose », alors à ce moment je l’appelle pour un rendez-vous. Au secours, ma sauveuse.

 

Mon chum, pendant ce temps, me répète que je suis en dépression, mais je fais la sourde oreille. Je ne suis pas encore prête à y faire face.

 

Le Taï-chi

 

Entre-temps, je me mets au taï-chi. Ma mère et ma tante le pratiquent depuis des années. Elles m’en parlent souvent et m’incitent à les accompagner, mais je n’en ai jamais ressenti le besoin. Elles me mentionnent à quel point le taï-chi leur est bénéfique pour diminuer le stress et également au niveau de la souplesse, mais rien à faire, je ne suis point prête.

 

Vient ce moment où je suis un peu au bout de mes ressources, me trouvant beaucoup dans mes pensées et où je sens que c’est peut-être le bon moment de l’essayer. J’ai vraiment besoin de me ramener dans le moment présent et de mettre le petit hamster sur pause le temps d’un moment. Je vis beaucoup de stress au travail que je n’arrive point à gérer. J’ai des pensées quelque peu négatives et je m’imagine les pires scénarios en lien avec mon travail. Alors quelle révélation ce fut de découvrir ce monde. J’adhère tout de suite. Comme par magie, pendant les cours, je réussis à vivre dans le moment présent, le temps s’arrête et le calme s’installe. Mon corps également apprivoise de nouveaux mouvements, je me suis même surprise à éprouver des courbattures comme un gros entrainement au gym, mais tout en faisant des mouvements en douceur, en souplesse. Ce qui est intéressant avec le taï-chi et qui m’a plu tout de suite, c’est que c’est à toi d’apprendre par la répétition, en regardant les autres. Le professeur explique les mouvements, mais ne se concentre point sur ta performance. Il te laisse aller et c’est à toi de trouver ton rythme, ton équilibre et de faire des ajustements au besoin.

 

Ce qui est intéressant aussi, c’est l’effet de groupe et de partage. Je me souviens d’une journée complète de débutant où j’assiste. Nous pratiquons pendant tout l’avant-midi, chacun à notre rythme avec les explications et les démonstrations du professeur. Lors de la pause, chacun partage les bienfaits de cet art sur sa santé. Certains viennent pour briser l’isolement, socialiser, échanger avec les autres, d’autres, pour leur santé physique : plusieurs sont aux prises avec des problèmes arthritiques et le taï-chi leur permet de diminuer les douleurs. Pour d’autres, c’est comme un remède à la dépression. Écouter les gens, des femmes et des hommes, s’ouvrir en toute vulnérabilité est venu me toucher droit au cœur et je me suis sentie à ma place et acceptée. Pour le diner, chacun prépare un petit plat, un pot luck, en toute simplicité et en ouverture à l’autre. Nous nous sommes bien régalés. À la fin du repas, nous avons tous mis les mains à la pâte, que ce soit pour débarrasser la vaisselle ou la nettoyer dans un esprit de collaboration.