1,99 €
« Depuis longtemps, j'ai été frappé de voir que le déroulement normal des grèves comporte un important cortège de violences ; quelques savants sociologues cherchent à se dissimuler un phénomène que remarque toute personne qui consent à regarder ce qui se passe autour d'elle. Le syndicalisme révolutionnaire entretient l'esprit gréviste dans les masses et ne prospère que là où se sont produites des grèves notables, menées avec violence. Le socialisme tend à apparaître, de plus en plus, comme une théorie du syndicalisme révolutionnaire, - ou, encore, comme une philosophie de l'histoire moderne en tant que celle-ci est sous l'influence de ce syndicalisme. Il résulte de ces données incontestables que, pour raisonner sérieusement sur le socialisme, il faut avant tout se préoccuper de chercher quel est le rôle qui appartient à la violence dans les rapports sociaux actuels. Je ne crois pas que cette question ait été encore abordée avec le soin qu'elle comporte ; j'espère que ces réflexions conduiront quelques penseurs à examiner de près les problèmes relatifs à la violence prolétarienne » G.S
Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:
Veröffentlichungsjahr: 2016
copyright
Réflexions
Introduction
I
II
III
IV
V
Avant-propos
Chapitre I
I
II
Chapitre II
I
II
III
Chapitre III
I
II
III
IV
Chapitre IV
I
II
III
Chapitre V
I
II
III
IV
Chapitre VI
II
III
IV
Chapitre VII
I
II
III
IV
V
Avertissement
Appendice I
II
III
IV
V
Appendice II
Appendice III
Également Disponible
Notes de bas de page
Copyright © 2016 par FV Éditions
Image utilisée pour la couverture : Pixabay.com
ISBN 979-10-299-0287-1
Tous droits réservés
Georges Sorel
1908
Mon cher Halévy,
J'aurais sans doute laissé ces études enfouies dans la collection d'une revue si quelques amis, dont j'apprécie fort le jugement, n'avaient pensé que je ferais bien de placer sous les yeux du grand publie des réflexions qui sont de nature à mieux faire connaître un des phénomènes sociaux les plus singuliers que l'histoire mentionne. Mais il m'a semblé que je devais à ce publie quelques explications, car je ne puis m'attendre à trouver souvent des juges qui soient aussi indulgents que vous l'avez été.
Lorsque j'ai publié dans le Mouvement socialiste les articles qui vont être maintenant réunis en un volume, je n'avais pas l'intention de composer un livre. J'avais écrit mes réflexions au fur et à mesure qu'elles s'étaient présentées à mon esprit; je savais que les abonnés de cette revue ne seraient pas embarrassés pour me suivre, parce qu'ils sont familiarisés avec les théories qu'y développent mes amis depuis plusieurs années. Je crois bien que les lecteurs de ce livre seraient au contraire fort désorientés si je ne leur adressais une sorte de plaidoyer, pour les mettre à même de considérer les choses du point de vue qui m'est habituel. Au cours de nos conversations vous m'avez fait des remarques qui s'inséraient si bien dans le système de mes pensées qu'elles m'ont amené à approfondir quelques questions intéressantes. Je suis persuadé que les considérations que je vous soumets ici, et que vous avez provoquées, seront fort utiles à ceux qui voudront lire avec profit ce volume.
Il y a peut-être peu d'études dans lesquelles apparaissent d'une manière plus évidente les défauts de ma manière d'écrire ; maintes fois on m'a reproché de ne pas respecter les règles de l'art, auxquelles se soumettent tous nos contemporains, et de gêner ainsi mes lecteurs par le désordre de mes expositions. J'ai bien cherché à rendre le texte plus clair par de nombreuses corrections de détail, mais je n'ai pu faire disparaître le désordre. Je ne veux pas me défendre en invoquant l'exemple de grands écrivains qui ont été blâmés pour ne pas avoir su composer ; Arthur Chuquet, parlant de J.-J. Rousseau, dit : « Il manque à ses écrits l'ensemble, l'ordonnance, cette liaison des parties qui constitue le tout 1. » Les défauts des hommes illustres ne sauraient justifier les fautes des hommes obscurs, et j'estime qu'il vaut mieux expliquer franchement d'où provient le vice incorrigible de mes écrits.
Les règles de l'art ne se sont imposées d'une manière vraiment impérative qu'assez récemment; les auteurs contemporains paraissent les avoir acceptées sans trop de peine parce qu'ils désirent plaire à un public pressé, souvent fort distrait et parfois désireux avant tout de s'éviter toute recherche personnelle. Ces règles ont d'abord été appliquées par les fabricants de livres scolaires. Depuis qu'on a voulu faire absorber aux élèves une somme énorme de connaissances, il a fallu mettre entre leurs mains des manuels appropriés à cette instruction extra-rapide ; tout a dû être exposé sous une forme si claire, si bien enchaînée et si propre à écarter le doute, que le débutant en arrive à croire que la science est chose beaucoup plus simple que ne pensaient nos pères. L'esprit se trouve meublé très richement en peu de temps, mais il n'est point pourvu d'un outillage propre à faciliter le travail personnel. Ces procédés ont été imités par les vulgarisateurs et les publicistes politiques 2. Les voyant si largement appliquées, les gens qui réfléchissent peu ont fini par supposer que ces règles de l'art étaient fondées sur la nature même des choses.
Je ne suis ni professeur, ni vulgarisateur, ni aspirant chef de parti ; je suis un autodidacte qui présente à quelques personnes les cahiers qui ont servi pour sa propre instruction. C'est pourquoi les règles de l'art ne m'ont jamais beaucoup intéressé.
Pendant vingt ans j'ai travaillé à me délivrer de ce que j'avais retenu de mon éducation; j'ai promené ma curiosité à travers les livres, moins pour apprendre que pour nettoyer ma mémoire des idées qu'on lui avait imposées. Depuis une quinzaine d'années je travaille vraiment à apprendre ; mais je n'ai point trouvé de gens pour m'enseigner ce que je voulais savoir; il m'a fallu être mon propre maître et, en quelque sorte, faire la classe pour moi-même. Je me dicte des cahiers dans lesquels je formule mes pensées comme elles surgissent ; je reviens trois ou quatre fois sur la même question, avec des rédactions qui s'allongent et parfois même se transforment de fond en comble ; je m'arrête quand j'ai épuisé la réserve des remarques suscitées par de récentes lectures. Ce travail me donne énormément de peine; c'est pourquoi j'aime assez à prendre pour sujet la discussion d'un livre écrit par un bon auteur; je m'oriente alors plus facilement que dans le cas où je suis abandonné à mes seules forces.
Vous vous rappelez ce que Bergson a écrit sur l'impersonnel, le socialisé, le tout fait, qui contient un enseignement adressé à des élèves ayant besoin d'acquérir des connaissances pour la vie pratique. L'élève a d'autant plus de confiance dans les formules qu'on lui transmet, et il les retient par suite d'autant plus facilement qu'il les suppose acceptées par la grande majorité ; on écarte ainsi de son esprit toute préoccupation métaphysique et on l'habitue à ne point désirer une conception personnelle des choses ; souvent il en vient à regarder comme une supériorité l'absence de tout esprit inventif.
Lesen Sie weiter in der vollständigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollständigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollständigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollständigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollständigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollständigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollständigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollständigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollständigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollständigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollständigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollständigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollständigen Ausgabe!
Lesen Sie weiter in der vollständigen Ausgabe!