Rêveries... - René Dassonville - E-Book

Rêveries... E-Book

René Dassonville

0,0

Beschreibung

Le Pouliguen, Rennes, L'Italie, voilà quelques-uns des lieux où se déroulent les nouvelles variées qui composent cet ouvrage : elles évoquent notamment l'histoire d'une marchande de silence, l'aventure de jumeaux facétieux ou des rencontres insolites. Vous pourrez aussi découvrir des récits d'épisodes authentiques pour l'essentiel. Ils relatent, entre autres, l'action d'un gendarme résistant, ou encore l'arrestation injustifiée d'un dirigeant d'entreprise au grand coeur. Vous apprécierez sans doute la narration, empreinte de sensibilité et d'humour. Rêve : grâce à ces histoires imaginaires, plus ou moins imaginables, vous vous évaderez du quotidien. Vous rêverez, vous sourirez parfois. C'est le rêve de l'auteur.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 86

Veröffentlichungsjahr: 2024

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



OUVRAGES DU MÊME AUTEUR

Autrefois… j’étais enfant

Éditions BoD (2019)

Calembours… Proverbes… Et autres divertissements

Éditions Saint-Honoré (2021)

L’affaire est dans le lac (Comédie policière)

Éditions du Panthéon (2021)

Braquage à La Baule (Comédie policière)

Éditions du Traict (2023)

Rire et Sourire

Éditions Amazon (2023)

Poèmes des quatre saisons

Éditions BoD (2023)

Merci à Maïthé et à Marie-Noëlle Rotat* pour leur aide précieuse.

Marie-Noëlle Rotat Correction et mise en page de [email protected]

SOMMAIRE

LA MARCHANDE DE SILENCE

LE VENT SUR LA GRANDE CÔTE DU POULIGUEN

LE FUGUEUR

1

CONNAISSEZ-VOUS OBERKOTZAU ?

LE CLEPTOMANE

L’INCROYABLE AVENTURE D’UN CHEVAL

RENCONTRE DE NOS HÉROS

RENCONTRE INCROYABLE

FRANÇOISE ET L’AVION

OUI, C’ÉTAIT BIEN LUI

UNE BELLE ÂME

1

JE VOUS ARRÊTE

1

JEUX D’ENFANTS

1

LES JUMEAUX

LES DÉLAISSÉS

IRÈNE ET RODOLPHE

1 Les faits et situations correspondent, pour l’essentiel, à la réalité.

LA MARCHANDE DE SILENCE

La nature, c’est du moins ce que l’on entend dire, a horreur du vide. Et l’humanité, n’aurait-elle pas, elle, horreur du silence ? Vu ce bruit qui nous agresse trop souvent, c’est la question que se posait Sylvie B., une femme dans la quarantaine, qui habitait, il y a déjà longtemps dans la presqu’île de Guérande. La vie lui semblait trop bruyante et le silence menacé de disparition. Pourquoi, se disait-elle, nous mettre de la musique dans les stations-service, dans les supermarchés et même dans les ascenseurs ? C’est alors que pour sensibiliser les gens à ce problème, il lui vint à l’esprit une idée quelque peu originale et dont la mise en œuvre pouvait s’avérer délicate. D’une façon paradoxale, cette histoire liée au silence, que nous allons vous raconter, fit grand bruit et certains s’en souviennent encore.

Sylvie B. voulait donc donner ou redonner aux gens le goût du silence. Et quelle meilleure façon pour cela que de leur en procurer ? Elle acheta donc un grand nombre de CD vierges et fit réaliser des pochettes distinctives pour les différents silences qu’elle voulait proposer. Puis, à la façon des marchands ambulants d’autrefois, elle arpenta les rues et les marchés en criant : « Du silence, messieurs, mesdames, achetez du silence, toutes les formes de silence. »

Quels silences proposait-elle à ses acheteurs ?

Les silences dans les œuvres de Mozart, dont Sacha Guitry a dit que c’était encore du Mozart.

Le silence d’un paysage enneigé qui nous accueille après les rumeurs de la vie tourbillonnante. C’est un paradis qui nous offre une renaissance dans l’harmonie céleste de la nature, dans la quiétude de nos âmes apaisées et confiantes.

Le silence d’un chat, qui nous contemple avec ses grands yeux, contre lesquels notre regard se brise, faute de pouvoir percer le mystère qui se cache derrière ses pupilles.

Le silence qui est respect et hommage dans la minute de silence.

Le silence qui est lâcheté, quand on ne dit rien contre l’injustice.

Le silence de ceux qui, sans l’avoir choisi, se retrouvent aussi seuls qu’un ermite.

Le silence que le musicien transforme en soupir.

Le silence réclamé par le juge : « Silence ! Ou je fais évacuer la salle. » À cette injonction, Landru eut un des succès que lui valurent ses bons mots : « Je ne demande pas mieux, Monsieur le Président ! »

Le silence de l’enfant qui n’ose pas avouer qu’il a fait une bêtise.

Le silence qui permet à un ange de passer.

Le silence des amoureux qui se regardent dans les yeux jusqu’à l’âme.

Et encore tellement d’autres silences…

Notons que quelques esprits malicieux lui dirent : « Vous voulez nous vendre du silence, mais vous en faites un de ces bruits, vous, en parcourant les rues tout en criant votre boniment ! » Sylvie B., ne sachant pas quoi répondre, s’enferma dans un silence embarrassé. Mais elle ne se faisait pas de soucis, car ses affaires marchaient bien.

On peut s’étonner que personne ne se soit aperçu de la supercherie. Mais cela peut se comprendre : quand les acheteurs écoutaient le CD, évidemment, ils n’entendaient rien, mais, oubliant l’agitation quotidienne, ils plongeaient au plus profond d’eux-mêmes et s’imaginaient « entendre le silence » qu’on leur avait vendu. Ils songeaient, ils étaient transportés dans un autre univers. Ils n’étaient plus tout à fait les mêmes.

Vous vous demandez combien de temps cela dura, comment cette histoire se termina. Eh bien, un jour, un fonctionnaire bien zélé (nous passerons son nom sous silence) compara les silences de tous les CD et, pour lui, tous ces silences étaient identiques. Il y avait donc tromperie sur l’étiquette et Sylvie B. dut renoncer à vendre ses CD.

Elle se consola pourtant en sachant qu’elle avait réussi à faire découvrir à un grand nombre la valeur du silence.

LE VENT SUR LA GRANDE CÔTE DU POULIGUEN

Un matin, j’étais parti pour une promenade sur la Grande côte, ayant laissé mon scooter tout près de la villa qu’avait achetée, il y a déjà longtemps, Uderzo, l’auteur de célèbres BD. C’est une maison qu’on ne remarque pas spécialement, si ce n’est qu’elle est la dernière de la pointe de Penchâteau. Elle est d’ailleurs bien défendue des regards grâce, notamment, à un haut mur de pierre. Ce n’est certes pas une défense à la Romaine, mais aucun Astérix ne s’est enhardi à la franchir. L’hydromel ne donne pas autant de force que la potion magique !

Il était donc très tôt et le soleil levant n’illuminait pas encore de ses rayons d’un éclat féérique les maisons de la pointe de Pierre plate. À ce moment de la journée, on rencontre parfois un sportif aux foulées hésitantes ou harmonieuses. Des piétons, rarement. J’étais heureux d’être ainsi seul avec la nature, de me sentir moi-même une partie de la nature.

C’est alors que j’aperçus, venant à ma rencontre, un personnage qui me parut quelque peu étrange, sans que je puisse vraiment dire pourquoi. Il était vêtu d’une façon soigneuse et élégante et, pourtant, il avait en lui un je ne sais quoi d’un peu désordonné.

Je compris qu’il hésitait, moi aussi. Puis, d’un commun accord muet, nous nous arrêtâmes tous les deux. Chacun fit alors part de son émerveillement devant ces adieux de la nuit et cet éveil d’un nouveau jour débordant d’espoirs.

Soudain, cet inconnu me demanda :

— Savez-vous qui je suis ?

Que répondre ? Certes, la question était moins embarrassante que celle d’une personne qui vous dit : « Savez-vous quel âge j’ai ? »

En fait, une réponse me vint presque instantanément à l’esprit :

— Un amoureux de la nature.

— Vous avez un peu raison, me dit-il, mais je vais vous étonner. Je crains qu’à l’instar de quelques autres personnes auprès desquelles j’ai révélé mon identité, vous ne me croyiez pas, mais ce que je vais vous dire est vrai. Je vous le jure par Zeus : je suis le dieu Éole. Malheureusement, tous les dieux de vos religions impies ont pris nos places, nous ont chassés, et plus personne ne croit en nous. Nous devons nous contenter de survivre un peu dans des expressions ou dans des questions de jeux télévisés. Cela nous a découragés d’apparaître aux humains. Vous voyez, aujourd’hui, j’ai quand même voulu tenter l’aventure.

— Vous me faites un bien grand honneur, de discuter avec moi. Mais quelle coïncidence ! j’ai commencé ma promenade devant une villa qui s’appelle Éole, c’était peut-être un signe.

— Peut-être. Je connais cette villa et je suis évidemment bien content que l’on pense parfois à moi. Mais, il y a un petit mais, j’aurais aimé qu’on y ait installé une girouette. J’adore les girouettes.

— Alors, me permettez-vous de vous dire un poème à ce sujet ?

— Bien sûr, cher monsieur.

— Merci. Alors voici :

Aux hurlements du vent, ma voix se fait plaintive,

Je tremble et je gémis comme d’un mal ardent,

J’implore l’adoucie, petite voix naïve,

Rien n’y fait, voici la tempête maintenant.

Aux rudesses du vent, mon âme s’écartèle,

La débâcle effrénée des nuages perdus,

Troupeau désemparé qu’un mauvais sort harcèle,

M’étourdit, me frappe d’un mal inattendu.

Je n’ai plus de pays, je n’ai plus de repères,

Où sont le nord et l’ouest ? D’où viendra le printemps ?

Toi qui viens ici-bas, est-ce aussi ta misère

Ou bien apportes-tu le renouveau chantant ?

— Écoutez, c’est bien, mais je n’ai pas le beau rôle.

— Oh, ne vous fâchez pas, je ne pensais pas du tout à vous être désagréable. D’ailleurs, j’aime beaucoup le vent et je vous promets d’écrire un poème qui vous fera chaud au cœur. Mais, au fait, quel bon vent vous amène ?

— Je vais vous le dire : si j’ai pris cette forme humaine, c’est pour voir dans les mêmes conditions que vous ce parc maritime qui s’orne de mon nom.

— Eh bien, vous avez de la chance : aujourd’hui, on distingue toutes les éoliennes, aussi nettement que sur un dessin d’architecte.

— Alors, elles vous plaisent ?

— Heu…, excusez-moi, mais pas vraiment.

— À moi non plus, vous savez. Je n’éprouve pas un grand plaisir à faire tourner ces pales de résine. Pendant des millénaires, j’ai caressé les feuillages des arbres, je suis passé comme un amant sur les cheveux de tant de belles femmes, j’ai fait bondir les vagues, j’ai transporté les oiseaux d’allégresse et, comme j’aime bien rire, j’ai fait s’envoler moult chapeaux et casquettes.

— Ô cher Dieu, je vais peut-être vous fâcher à nouveau. Vous semblez oublier les tempêtes et les ouragans que vous déclenchez parfois, les bateaux dont vous précipitez le naufrage, les maisons que vous décapitez, les arbres que vous arrachez.

— Non, non, vous ne me fâchez pas. On croit les dieux tout puissants, hélas non ! Les mauvaises langues diront que nous sommes des apprentis sorciers. En ce qui me concerne, sachez que je dois parfois faire face aux révoltes du vent. Le vent, lassé que je ne lui laisse pas la bride sur le cou, s’énerve et n’en fait qu’à sa guise. Regardez les chevaux : il leur arrive de ne plus obéir aux ordres et de partir au grand galop, sans que rien ne les arrête. Le vent, c’est pareil, parfois il m’échappe et, croyez-moi, j’en suis bien malheureux.

— Oui, je vous comprends parfaitement, je me fais parfois ces mêmes types de réflexion. Mais j’ai une question qui me vient à l’esprit : ne doit-on pas craindre qu’un jour vous vous lassiez et qu’il n’y ait plus un souffle de vent sur terre ?