Sang et diamants - José Moselli - E-Book

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José Moselli

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Beschreibung

ette aventure, John Strobbins ne la voulut pas. Et pour cause !
Il fut cambriolé, inculpé, emprisonné, et peu s’en fallut qu’il ne finit sur la chaise électrique. Peu s’en fallut qu’il ne périt d’une autre manière, mais aussi misérablement…
Ayant vendu sa villa de Los Angeles, pour ne plus rencontrer à chaque pas les « têtes à l’huile » du cinéma, John Strobbins, qui aimait le soleil, avait traversé les États-Unis et avait acheté un petit bungalow, situé sur la côte sud de Floride, à moins d’un demi-mille de Romano-Inlet.
Romano-Inlet était, il y a quelques années, un misérable village de pêcheurs. La côte floridienne étant devenue à la mode, Romano-Inlet fut acheté par des spéculateurs. Ils n’eurent pas de peine à exproprier à coups de dollars les malheureux pêcheurs, et, une fois maîtres du terrain, bâtirent trois palaces, un casino, une estacade et annoncèrent dans les journaux de New-York et dans ceux de Chicago, que Romano-Inlet était « véritablement » la succursale du Paradis terrestre, que le climat y était idéal, la mer plus bleue qu’ailleurs, et que le terrain, à deux dollars le pied carré, constituait une splendide occasion, a splendid opportunity.

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José Moselli

SANG ET DIAMANTS

John Strobbins, le détective-cambrioleur

1926

© 2022 Librorium Editions

ISBN : 9782383833932

I

Cette aventure, John Strobbins ne la voulut pas. Et pour cause !

Il fut cambriolé, inculpé, emprisonné, et peu s’en fallut qu’il ne finit sur la chaise électrique. Peu s’en fallut qu’il ne périt d’une autre manière, mais aussi misérablement…

Ayant vendu sa villa de Los Angeles, pour ne plus rencontrer à chaque pas les « têtes à l’huile » du cinéma, John Strobbins, qui aimait le soleil, avait traversé les États-Unis et avait acheté un petit bungalow, situé sur la côte sud de Floride, à moins d’un demi-mille de Romano-Inlet.

Romano-Inlet était, il y a quelques années, un misérable village de pêcheurs. La côte floridienne étant devenue à la mode, Romano-Inlet fut acheté par des spéculateurs. Ils n’eurent pas de peine à exproprier à coups de dollars les malheureux pêcheurs, et, une fois maîtres du terrain, bâtirent trois palaces, un casino, une estacade et annoncèrent dans les journaux de New-York et dans ceux de Chicago, que Romano-Inlet était « véritablement » la succursale du Paradis terrestre, que le climat y était idéal, la mer plus bleue qu’ailleurs, et que le terrain, à deux dollars le pied carré, constituait une splendide occasion, a splendid opportunity.

Aux États-Unis, on a le dollar facile. En quelques mois, Romano-Inlet compta plusieurs centaines de villas, un Impérial Yacht Club, deux hippodromes et plusieurs organisations de contrebande d’alcool…

Romano-Inlet était déjà « lancée » lorsque John Strobbins vint s’y établir. Le bungalow qu’il acheta était en dehors de l’agglomération proprement dite. Situé sur une presqu’île rocheuse, et défendu, du côté de la route, par une double haie de cactus géants, il avait été construit, quelques mois auparavant, par un ancien spéculateur sur les riz, M. Collman, lequel y avait entassé les bibelots chinois et japonais rapportés par lui d’Extrême-Orient.

M. Collman n’avait pas joui longtemps de son bungalow ; un mois après son installation, il y était mort d’une congestion cérébrale due à l’abus du whisky frelaté.

John Strobbins, donc, avait acheté le Kikhou-House. Kikhou : en japonais, signifie chrysanthème.

À la vérité, les bibelots collectionnés par feu M. Collman n’avaient pas une valeur bien grande, mais ils étaient amusants, John Strobbins avait laissé l’installation telle qu’elle était.

Arrivé avec son fidèle lieutenant Reno et son boy Teao, un Hawaïen qu’il avait ramené d’Honolulu, il s’était fait inscrire à l’Impérial Yacht Club sous le nom de William Ashland. Comme il apportait plusieurs lettres de recommandation signées d’un sénateur fédéral, d’un juge au Tribunal Suprême et de plusieurs grands industriels de Los Angeles et de San-Francisco, il avait été bien accueilli partout.

Il ne s’était pas prodigué, d’ailleurs, se bornant à faire quelques visites, pour les présentations.

Après quoi, il n’était plus guère sorti du Kikhou-House.

Il y séjournait depuis une vingtaine de jours, lorsqu’un soir, alors que Reno était resté en ville et qu’il avait donné congé à Teao, il lui sembla entendre un grincement de gravier dans le jardin…

Il se trouvait dans le fumoir, une petite pièce située au rez-de-chaussée et donnant sur la galerie de cèdre qui entourait le bungalow. Comme il le faisait souvent, il avait éteint la lumière électrique afin de s’abandonner plus complètement à ses rêveries en fumant un cigare authentiquement havanais…

Il se dressa du vaste fauteuil où il était affalé, et, vivement, s’approcha du rideau de bambou tressé pendant devant une des fenêtres.

Entre deux massifs de bougainvilliers dont la clarté lunaire argentait les fleurs, il distingua une silhouette humaine. Une silhouette qui se dirigeait non pas vers le bungalow, mais vers la grille du jardin.

— L’animal paraît pressé ! songea le détective-cambrioleur. Il ne regarde même pas derrière lui.

« Sa démarche est, pour ainsi dire, assurée : il a fait son coup et ne songe plus qu’à une seule chose : déguerpir ! Autrement dit, il vient de me voler quelque chose… Mais quoi ?

L’homme, quel qu’il fût, avait disparu au détour d’une allée.

John Strobbins eut une seconde d’hésitation. Pendant cette seconde, il songea qu’il n’avait pas sommeil, que l’horloge marquait un peu moins de minuit, que Reno ne rentrerait pas avant une heure du matin. Il songea à tout cela. Il songea aussi que ce cambrioleur méritait d’être châtié de son audace. Il songea surtout que ce serait peut-être intéressant de savoir où il allait…

S’étant donné toutes ces raisons, John Strobbins bondit dans l’antichambre, se coiffa de son feutre et bondit à la poursuite du « voleur ».

Il avait aux pieds des souliers de toile à semelles de caoutchouc ; aussi ne fit-il aucun bruit. En quelques secondes, il eut atteint la grille du parc. Elle était fermée. L’homme avait dû escalader la muraille.

John Strobbins ouvrit doucement la grille, avança d’un pas au dehors et aperçut son « cambrioleur » qui filait bon train sur la route, dans la direction opposée à celle de Romano-Inlet.

Il n’avait aucun paquet. John Strobbins se demanda ce qu’il avait volé, et continua sa filature.

L’inconnu, qui ne se doutait de rien, ne prenait même pas la précaution de tourner la tête. Il n’avait qu’une idée : aller vite.

En quelques minutes, il eut atteint le bois de sycomores qui s’étendait au nord-est de la ville et disparut entre les arbres.

John Strobbins, de plus en plus intrigué, continua sa filature.

Elle devint bientôt très difficile. Sous bois, c’était l’obscurité à peu près complète, et il avait toutes les peines du monde à ne pas perdre son homme, d’autant plus que celui-ci filait à grandes enjambées, sans jamais hésiter…

Une demi-heure durant, il avança ainsi.

Soudain, John Strobbins entendit le cri du chat-huant, et devina que c’était son inconnu qui l’avait poussé. Peu après, le détective-cambrioleur distingua, droit devant lui, une masse sombre. Il put bientôt reconnaître que c’était une maison qu’entourait une murette surmontée d’une grille.

L’homme poussa la barrière d’entrée, traversa un jardinet abandonné et alla frapper contre la porte de la maison. Celle-ci ne s’ouvrit qu’après un long intervalle. L’homme franchit le seuil. Le battant se referma sur lui.

John Strobbins, s’étant dissimulé dans un massif de lauriers-roses, attendit que l’inconnu ressortit.

Après quelques minutes de guet, il décida de tenter de pénétrer dans la mystérieuse bâtisse. Il sortit de sa cachette, marcha vers la barrière qu’il poussa, traversa le jardinet, contourna la maison, et, s’aidant d’un tuyau de gouttière, grimpa sur le toit de tuiles.

Ayant gagné en rampant la grosse cheminée placée au milieu du toit, il se pencha sur l’ouverture, et crut entendre un bruit de voix.

Il écouta. Plus rien. Il crut s’être trompé. Comme le silence persistait, il s’assura que le browning qu’il avait dans sa poche était chargé et prêt à tirer, puis s’introduisit dans le conduit de la cheminée.

Il en eut rapidement atteint l’extrémité, non sans s’être abondamment badigeonné de suie, et prit pied dans l’âtre.

Autour de lui, c’étaient les ténèbres. Il tira de sa poche son petit briquet de fumeur à monture d’or et l’alluma.

Il eut un haut-le-corps : à moins d’un mètre de lui, un homme était étendu sur le sol, à plat ventre, un mince poignard planté entre les deux épaules.

Cet homme, c’était son inconnu ; il reconnaissait son imperméable marron, son pantalon de toile blanche et jusqu’à son chapeau en paille de Panama.