Sermons - Tome 2 - Léon Le Grand - E-Book

Sermons - Tome 2 E-Book

Léon Le Grand

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Beschreibung

Les homélies de saint Léon prononcées au cours des célébrations qu’il présidait comme évêque de Rome, parcourent toute l’année liturgique. Elles sont assez brèves, écrites dans une langue latine superbe, d’une grande précision théologique. De Noël à la Pentecôte, en passant par le Carême, le temps de la Passion et ce sommet qu’est la célébration de Pâques, saint Léon explique aux fidèles le cœur de la foi chrétienne, le mystère de l’Incarnation, extraordinaire « abaissement » du Fils de Dieu qui se fait homme pour sauver tous les hommes et les faire participer en un « admirable échange » à sa divinité. Le Pape Léon, par son action et ses écrits avait largement contribué à l’élaboration des définitions du Concile de Chalcédoine, devenues le fondement même du dogme chrétien.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Léon Ier le Grand fut pape de 440 à 461. Il est connu pour son intervention dans les controverses christologiques du Ve siècle. Face au délitement du pouvoir impérial, Il négocia en 452 avec Attila la retraite des hordes Huns et en 455 avec Genséric la survie de Rome. Il meurt le 10 novembre 461

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Seitenzahl: 118

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Léon Le Grand

Tome 2

Sermons pour le temps de Carême et de Pâques

Extraits

La collectionLa Manne des Pères

Collection dirigéepar Sœur Marie Ricard, Bénédictine de Martigné-Briand (49)

La liste des ouvrages déjà parus se trouve en fin de volume.

Couleurs des bandeaux de la collection

rouge : IIe siècle

vert : IIIe siècle

jaune : IVe-Ve siècle

terre de Sienne : VIe siècle et au-delà

Envoi de manuscrit ou de projet audio :

Saint-Léger éditions

1, chemin des pièces Bron

49260 Le Coudray-Macouard

02 41 67 79 30

Léon Le Grand

Tome 2

Sermons pour le temps de Carême et de Pâques

Extraits

Nombreux sont nos contemporains qui découvrent avec plaisir les Pères de l’Église.

Grâce à leurs écrits, leurs prédications, c’est la foi chrétienne qui est nourrie.

Il n’est donc pas surprenant que cette étude engendre un vrai bonheur chez tous ceux qui l’entreprennent, en même temps qu’elle participe à un accroissement de leur témoignage dans le monde d’aujourd’hui.

Je me réjouis profondément de cette traduction rendant accessibles au plus grand nombre ces textes essentiels de notre patrimoine spirituel. Je forme tous mes vœux pour la fécondité de cette entreprise.

Angers, le 24 septembre 2014† Emmanuel Delmas, évêque d’Angers

L’éditeur remercie très fraternellement

Mère Céline Guilbot osb, prieure des Bénédictines de Martigné-Briand (49), Père Jean-Pierre Longeat osb, président de l’Alliance Inter Monastères (92) et Lydie HK Rivière, Xavière.

© Saint Léger éditions, 2019.Tous droits réservés.

Texte source

Léon le Grand, Sermons. Traduction, notes de René Dolle, moine de l’abbaye de Clairvaux : Paris, Cerf, Sources Chrétiennes 49 (1957/1976) et 74 (1964/2004)

La mise en français fondamental a été faite par Sr Michèle-Marie Caillard, moniale de Valognes (Sermons pour le Carême) et Sr Marie Ricard (Sermons pour la Semaine Sainte).

Introduction

Nous renvoyons au Tome 1 pour les Jalons. Les introductions au début de chaque sermon sont de : Sr Michèle-Marie (Carême) et Sr Marie (Passion).

* * *

Les Sermons ont été reçus selon différentes collections adoptant des classements propres. Nous avons opté pour celui des Sources chrétiennes (volumes 49 et 74). Au début de chaque Sermon de nos volumes, on trouvera en note le numéro correspondant à l’ordre du volume 54 de la Patrologie Latine, de Migne.

Un « Livret général », donnant des repères historiques, est édité à part et offert pour l’achat d’un exemplaire de la collection La Manne des Pères.

À demander à votre libraire.

Il est aussi téléchargeable sur :

saintlegerproductions.fr

dans l’espace La Manne des Pères

Quel chemin pour revenir de l’impiété à la justice, de l’affliction au bonheur ? Il y fallait le juste se penchant vers les impies, le bienheureux vers les affligés.

1er Sermon sur la Passion, §2

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INTRODUCTION

Le premier tome des Sermons (N° 19, dans la collec-tion La Manne des Pères) a longuement présenté la vie et l’œuvre de Léon le Grand (v. 390-461), ainsi que la période historique dans laquelle il s’inscrit, marquée à la fois par les troubles politiques et les grands débats théologiques. Homme de foi et de paix, saint Léon a, entre autres actions fortes, eu un rôle déterminant dans la définition, la mise en mots (autant que faire se peut, mais il le faut !) de la foi chrétienne.

Rappelons que nous sommes alors au cœur des débats sur la Personne du Christ. La foi chrétienne oscille, quasi naturellement, entre deux excès : le Christ est seulement homme, une créature en rien égale à Dieu (ce sont l’arianisme et ses corollaires) ; il est Dieu et on tente toutes les articulations possibles pour rendre compte du fait qu’il soit apparu comme homme (une des positions extrêmes est celle du moine Eutychès qui ne voit en lui que la nature divine). En bref, la grande et unique question derrière toutes ces positions, c’est : Jésus-Christ peut-il vraiment être à la fois Dieu et homme ? Et surtout bien sûr : comment ?

« Bonne » question : elle est celle qui traverse les siècles et aussi la vie de chacun de nous. L’évêque de Rome ne craint pas de donner à ses fidèles une nourriture solide : rien moins que les définitions des Conciles qu’il va distiller au fil des Sermons prononcés d’année en année.

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On retrouve dans ces Sermons, adressés, rappelons-le, à des auditoires souvent très simples, les débats théo-logiques contemporains avec les termes « techniques » que l’évêque n’hésite pas à utiliser tout naturellement !

Notre premier volume a présenté quelques Sermons du Temps de la Nativité (Noël et Épiphanie). Pour celui-ci, nous avons choisi le Carême et « la célébration pascale » – il faut entendre par là la Semaine Sainte qui débouchera sur Pâques. Un troisième volume complé-tera cette trilogie, en donnant quelques Sermons du Temps pascal.

Et pour ouvrir la lecture de cette nouvelle série, voici le début du 3e Sermon sur la Passion :

Voici, bien-aimés, ce que transmet la foi catholique, ce qu’elle demande de croire :

nous devons savoir que dans notre Sauveur, deux natures se sont unies ;

en chacune les propriétés demeurent, et ainsi l’unité qui s’est faite des deux est si grande qu’il n’est plus permis de penser qu’il est Dieu sans penser qu’il est homme ni qu’il est homme sans penser qu’il est Dieu,

cela depuis le moment où pour répondre à ce que néces-site une naissance humaine,

« le Verbe est devenu chair » (Jean 1,14), dans le sein de la bienheureuse Vierge.

La vérité de l’une et l’autre nature se traduit en des actions différentes, mais aucune ne casse son union avec l’autre. Rien n’est sans réciprocité ; l’humilité est tout entière dans la majesté, et la majesté est tout entière dans l’humilité.

L’unité n’entraîne pas la confusion, et les propriétés ne rompent pas l’unité.

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Texte superbe qui rassemble toute la doctrine que les Conciles ont eu tant de mal à fixer. Les Petites précisions théologiquesqui suivent aideront à se repérer dans les termes si précisément choisis par saint Léon.

VOCABULAIRE

Comme toujours dans un texte latin, nous butons sur la difficulté de traduire les mots dans toute leur richesse originelle ! La difficulté se renforce quand il s’agit de termes que nous croyons comprendre, parce que leur équivalence française semble possible ; or, ce sont parfois de « faux amis » qui, en toute innocence, nous entraînent sur de mauvaises pistes. Il nous a paru plus simple de ne pas vouloir toujours chercher des synonymes ou périphrases, mais de garder généralement le mot « brut », en l’expliquant dans ce petit glossaire.

Quelques « faux amis »

Justice

Le risque du terme justice est celui d’évoquer des images de tribunal, de jugement, d’égalité, quelle qu’elle soit – il faut que justice soit faite… Sans prétendre bien sûr éliminer cette dimension judiciaire, pour le monde latin, il nous faut entendre d’autres harmoniques, à chercher du côté de l’ajustement. Est juste ce qui est conforme à l’ordre, l’ordre étant une donnée plus large que la bonne façon, sociale et morale, de se comporter. La justice est une vertu qui nous ajuste à l’ordre du monde, pour la philosophie antique, et à l’économie du salut, dans la langue des Pères (le dessein de Dieu,

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son projet de salut qui se réalise dans le Mystère de l’In-carnation. Voir par exemple le 2e Sermon de Carême, §3, P. 49).

Parler de justice deDieuouvre à la tentation d’en faire un juge qui brandit les foudres de la colère (les peintures, récits et autres représentations, hélas, ne manquent pas). Certes, Dieu est juste, et même le seul juste, mais parce qu’il est simple, c’est-à-dire (étymo-logiquement) sans pli : parfaitement UN. Seul, il peut, dans une unique vision, une même visée, embrasser amour et vérité, réconcilier ce que nous avons faussé : l’unité de la vie.

Cela ne doit pas gommer cette réalité : rétablir cet ordre de la création, voulu bon, suppose d’assumer désobéissances, mépris, haine, bref, le péché. Traverser la souffrance et la mort pour les transformer est une épreuve coûteuse, même si la souffrance n’est pas un « prix à payer », une « réparation » que Dieu réclamerait et dont le Christ s’acquitterait à notre place ; ce qui sauve, c’est l’amour qui va jusqu’au bout, y compris l’angoisse de la mort.

Quel chemin pour revenir de l’impiété à la justice ? de l’affliction au bonheur ?

Il y fallait le juste se penchant vers les impies, le bien-heureux vers les affligés.

Dans le Christ, Dieu véritable, homme véritable, nous contemplons cette justesse.

Piété, pieux, impie

Si un mot en français a perdu de sa saveur, c’est bien celui de piété ! La piété renvoie une image fade et

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désuète, ce qui est bien dommage quand on pense à la richesse du champ de signification que le mot pietas a en latin. Elle est, dit le dictionnaire Gaffiot, « le sentiment qui fait reconnaître et accomplir tous les devoirs envers les dieux, les parents, la patrie, etc. » Évidemment, la sécheresse d’une rubrique de dictionnaire n’est pas très exaltante : elle est pourtant intéressante, car elle ouvre sur une gamme très étendue qui évoque l’affection, la bonté, le respect amoureux envers Dieu, la douceur… Sans oublier que la pietas (et surtout son équivalent grec : eusebeia) sous-entend une dimension fondamen-tale : la rectitude de la foi. L’exigence est tout à la fois doctrinale, spirituelle et morale. Dans le 7e Sermon de Carême (§ 1), saint Léon parle de « celui qui est affermi par la vérité et la piété » (voir la note P. 83).

Celui qui est pius (pieux), loin d’être ennuyeux ou rigide, se tient paisible et droit (ajusté !) dans la vie, sur laquelle il jette un regard de bienveillance.

De même qu’il n’y a qu’un seul juste, il n’y a qu’un seul pius, le Christ Jésus. « Pie Jesu » : le répertoire grégo-rien aime invoquer le Christ sous cette appellation.

Qu’est-ce que ce mystère accompli par les deux natures ensemble ?

Un débordement de miséricorde et une œuvre de bonté (piété). [1er Sermon sur la Passion, §2]

Alors, l’impie sera celui qui ne parvient pas à se situer face à Dieu, à autrui, à la vie en général. Les psaumes et, ici, nos Sermons, sont pleins de ces impies qui ne marchent pas droit, qui font tout pour entraîner les autres dans la chute ; l’impie par excellence est l’esprit du mal, Satan, celui qui ne peut accepter justement cette bonté inconditionnelle.

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Mystère et sacrement

Les textes latins emploient, surtout à partir du 4e siècle, indifféremment l’un ou l’autre mot. Sacramentumsemble être plus primitif : c’est un mot latin. Mysterium est la forme latinisée du grec mysterion.Les deux termes ont le même sens ; il semble que, peu à peu, mysterium a pris plus de place face à sacramentum, notamment sans doute sous l’influence de la traduction en latin de la Bible par saint Jérôme (Vulgate).

Mysterium (ou sacramentum) : un terme théologique très riche. Mystère, signe, sacrement… Sous le mystère (ou sacrement), sensible, se cache une réalité profonde, invisible aux sens, mais fondamentale, essentielle. Sous le mystère de l’Incarnation se cache et se révèle en même temps, la divinité du Verbe de Dieu. Ce thème était particulièrement abordé dans les sermons pour le temps de Noël.

Mysterium/sacramentum renvoie à ce que nous appelons les sacrements (les Orientaux appellent la liturgie eucharistique lesSaints Mystères), mais il désigne aussi et surtout les différents aspects du dessein de Dieu sur l’humanité : Incarnation, naissance virginale du Christ, Sacrifice du Christ, Rédemption. Il est à la fois le signe efficace, comme l’est le baptême, de la nouvelle naissance, et mystère du salut, réalisé par la Pâque du Christ, en sa vie, sa mort et sa Résurrection. Le mystèrepar excellence, c’est le Christ lui-même, sacrementde l’amour de Dieu.

Restauration, nouvelle naissance

Nous n’allons pas ici répéter les grands thèmes détaillés dans le Tome 1 (Voir Jalons, P. 109). Il est

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bon de simplement rappeler qu’il ne faut pas voir dans cette restaurationla réparation d’une malformation de naissance ; la nature originelle n’est pas mauvaise : quelle idée du Créateur induit une telle affirmation ? ! Restauration et nouvelle naissance (expressions tradi-tionnelles, déjà chez saint Paul) n’effacent pas, elles rendent à ce qui a été gauchi, l’élan qui ramène à la vie.

Cela, une action de l’extérieur (un réparateur anonyme) ne peut le réaliser.

Si la nature divine seule avait combattu pour les pécheurs, la puissance plus que la justice aurait vaincu l’esprit du mal.

Si, au contraire, la nature mortelle seule avait agi en faveur des êtres humains qui étaient tombés,

elle n’aurait pu se dégager de leur condition puisqu’elle reste liée à la race humaine.

Il a donc fallu la rencontre de la nature divine et de la nature humaine en notre unique Seigneur Jésus- Christ : alors, par le Verbe devenu chair, l’homme nouveau et dans sa naissance et par sa Passion, est venu au secours de notre condition mortelle. [5e Sermon sur la Passion, §1]

Rappelons que Dieu nous « sauve » par l’Incarna-tion en son ensemble ; c’est l’ensemble du mystère de l’Incarnation qui restaure. La naissance humaine du Seigneur et sa Passion sont deux sommets, pourrait-on dire1, mais la vie entière du Christ ne peut se morceler : c’est sa vie entière qui porte le salut…

Le salut ? le Christ lui-même, rayonnement de la gloire du Père, Dieu au milieu de nous, enfin accueilli. Toute l’existence terrestre de Jésus l’attend et le réalise.

1. Voir 3e Sermon de Carême, §1.

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Vertu

En latin, le mot virtusa une dimension plus large que la compréhension souvent étriquée que le mot vertu a prise au fil du temps. C’est d’abord la force, la qualité virile (même étymologie) qui fait de l’être humain, tout sexe confondu ! une