Shut up ! And save me - Tome 3 - Karolyne C - E-Book

Shut up ! And save me - Tome 3 E-Book

Karolyne C

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Beschreibung

Toby rencontre Jana, une jeune femme de caractère, dans un bar de son quartier. Leur idylle naissante semble être parfaite, mais un secret du passé de Jana pourrait tout faire basculer...

Seul célibataire de son groupe d’amis, Toby cherche une échappatoire à son train de vie misérable. Ainsi, il devient un habitué du nouveau bar de son quartier. C’est ici qu’il rencontre Jana, une jeune femme au caractère bien trempé et qui n’est autre que la barmaid de l’endroit. Son physique avantageux attire toute l’attention de la gent masculine. Tombé sous son charme, Toby va tenter de la séduire, brisant peu à peu les barrières qu’elle s’est bâties au fil des années, afin de se protéger.
S’en suivra alors des nuits sans lendemain, qui conduiront malgré tout à l’éclosion de sentiments et d'une affection sincère.
Pourtant, le secret que cache Jana pourrait tout faire basculer. Comment Toby réagira face à cette révélation ?
Mais lorsque un fantôme du passé de la belle rousse refait surface, mettant en péril leur idylle naissante, Toby mettra tout en œuvre pour lui venir en aide.
Qui sauvera l’autre en premier ?

Que feront-ils face au fantômes du passé de la jeune femme ? Qui sauvera l'autre en premier ? Découvrez sans tarder le troisème tome de cette romance à suspense entre Toby et Jana.

EXTRAIT

À pas de loup, je m’approche et m’assois à ses côtés. La couverture remontée jusqu’aux yeux, je contemple ce visage qui ne connaît pas la peur ni la souffrance. Je me nourris de sa beauté et me demande ce que je ferais sans lui. Je dépose un baiser sur son front et lui souhaite bonne nuit, avant de quitter la chambre.
Semant mes habits derrière moi, je me dirige droit vers mon lit et me plonge directement dans les draps froids. Il est plus de vingt-trois heures et mes yeux ne veulent pas se fermer.
Le regard au plafond, j’observe les pales de mon ventilateur tourner. Le sommeil est quelque chose de crucial, mais il ne s’invite pas souvent dans ma vie. Morphée m’a lâchement abandonné depuis mon départ de la maison familiale, il y a plusieurs années. C’est cette peur qui me noue le ventre et m’empêche de dormir.
Après plusieurs heures de somnolence, je finis par m’endormir d’épuisement. Mon seul but dans la vie, c’est de nous protéger, quoi qu’il en coûte.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE - À propos du tome 2

Serena, Jeff, un shaker. Prenez un peu des deux, mettez tout dedans et remuez. Vous voyez? le résultat est pétillant, mousseux et tellement sensuel [...] La plume de l’auteur reste douce et légère et addictive comme à son habitude. Merci encore une fois pour ce SP merveilleux que j'ai lu d'une traite un dimanche, ne m'arrêtant que trente minutes pour manger! J’ai hâte de découvrir la suite de Shut Up 3 ! - Urga, Booknode

À PROPOS DE L'AUTEUR

Karolyne C - J’ai 27 ans. J’habite Marseille, j’y suis née aussi. Je suis en couple depuis bientôt 13 ans. Nous sommes pacsés depuis presque deux ans. J’ai un diplôme de travailleur social, mais malheureusement je ne travaille pas dans ce domaine. Je suis secrétaire médicale dans un hôpital, je gère les admissions et les interventions des patients. Je suis quelqu’un de très passionnée (par beaucoup de choses d’ailleurs). Une dévoreuse de livres depuis toute petite. J’aime aussi cuisiner, et je passe mon temps libre à regarder des centaines de séries TV ou alors à lire. Je partage cette passion avec ma maman, qui est mon premier fan, et qui me relit depuis que je me suis mise à l’écriture. J’ai deux amies avec qui je partage ma passion de l’écriture. C’est de l’entraide et ça me booste à continuer. Je suis une personne très nerveuse et soucieuse du bien-être de mes proches. Je suis très proche de ma famille et espère avoir la mienne très bientôt.

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SHUT UP! And Save me

Tome 3

 

 

 

 

Karolyne C.

 

RomanceEditions « Arts En Mots »Illustration graphique : © Val

 

 

CHAPITRE 1 - Toby.

 

C’est encore une fois seul, que je marche dans les rues de Seattle. Sous la pluie battante, je m’arrête devant le bar qui a ouvert en bas de chez moi il y a plusieurs mois. Je pousse la porte de l’établissement, quand la musique, qui tambourine à tue-tête, m’envahit. Il n’est que vingt-deux heures, et pourtant, j’ère, encore, dehors. Il m’est impossible de trouver le sommeil.

Quelle journée de merde !

J’ai cette femme dans la tête depuis que nos chemins se sont croisés, sauf qu’elle n’a d’yeux que pour Aiden. Rien n’y fait, je n’arrive pas à la chasser de mon esprit. Je ne veux pas risquer mon amitié avec lui, pour une fille. Alors je bois pour oublier. M’éloignant peu à peu de mes amis essayant d’occulter Ava coûte que coûte.

Je pousse la porte du Masha’s et prends place au comptoir quand mon regard entre en contact avec la belle rousse qui tient le bar. La fille se tourne. Un sourire naît sur son visage quand elle me reconnaît.

— Oh, vous êtes de retour ? dit-elle, surprise.

— Comme vous pouvez le voir, réponds-je, en souriant.

Ce regard vert, ces cheveux d’un rouge flamboyant et ce sourire pourraient faire tomber n’importe quel homme. Pourtant, elle a dans les yeux, comme une tristesse ou une rage non assouvie. Je ne saurais pas dire ce qui la rend particulière.

 

Quand j’ai découvert ce bar, je n’avais envie que d’une chose, boire et oublier le fait que celle qui me plaît est amoureuse d’un autre.

— Je vous sers quoi ? me demande la jeune rousse.

— Une bière, s’il vous plaît.

Elle part dans l’autre direction pour récupérer ma commande, quant au passage, elle se fait huer par un groupe de mecs, assis dans la salle. Mon regard se tourne vers eux, et je secoue la tête en me disant que de nos jours, les hommes n’ont plus aucun respect pour le sexe féminin.

La jolie rousse revient vers moi et me dépose ma bière en me souriant.

— Merci, dis-je doucement.

— Ça n’a pas l’air d’aller ? demande-t-elle.

— J’ai connu mieux, réponds-je en levant les yeux vers elle.

— Vous voulez en discuter ? Il n'y a pas beaucoup de monde, ce soir.

— Il n’y a pas grand-chose à dire en vérité. Je me suis fait jeter en beauté. Je m’en remettrai.

— Le problème de beaucoup de gens, je crois. Donc, vous venez boire pour oublier vos malheurs ?

— Tout à fait, et rencontrer de jolies demoiselles, ajouté-je en souriant.

Elle rigole, posant la main sur sa poitrine et essuie le comptoir du bar.

— Quel charmeur, vous faites !

— Vous le méritez. Au fait, Je suis Toby.

— Jana, enchantée, me dit-elle en souriant.

Elle se détourne et continue à servir ses clients, pendant que je sors mon téléphone de la poche de mon jean. Il n’arrête pas de sonner depuis une heure, mais je me refuse à répondre. Je décline une nouvelle fois l’appel, et rempoche le mobile.

Plaçant mon visage entre mes mains, un long soupir m’échappe, tandis que d’une main, je porte la bouteille à mes lèvres pour en boire une gorgée. Mon cellulaire retentit à nouveau, je décroche avant de perdre patience.

— Oui ? demandé-je.

— Toby ! Tu fais quoi de beau, mon vieux ? me questionne Jeff.

Jeff est mon meilleur ami depuis de nombreuses années, il a été d’un soutien sans faille depuis le début. Il a monté sa propre entreprise de management sportif et m’y a intégré de suite. Jeff et moi formons une très bonne équipe. J’adore travailler avec lui. Nous avons recruté des athlètes de qualité et la boîte ne fait que grandir. Nous pensons beaucoup à l’international et surtout, aller chercher de futures stars en Europe.

— Je suis dans un bar.

— Tu bois maintenant ? Et seul en plus, me demande-t-il en rigolant.

— Y a de ça, oui.

— Tu veux de la compagnie ? Serena n'est pas là, ce soir.

— Elle t’a abandonné ?

— Elle passe la soirée avec Ava.

Je ne réponds pas et continue de m’enfiler ma bière à la vitesse éclair.

— Toby ?

— Oui, pardon. On peut se rejoindre si tu veux ?

— Ça marche, on se retrouve chez moi. Dans vingt minutes ?

— OK, je pars de suite. À plus !

Nous raccrochons. Je prépare ma monnaie pour régler ma consommation. Jana revient vers moi :

— Vous partez déjà ? dit-elle en penchant la tête sur le côté.

— Non pas que votre compagnie me déplaise, mais je dois rejoindre un ami.

— Au plaisir de vous revoir, bientôt.

— Je reviendrai…

Je dépose l’argent sur le comptoir quand ses doigts viennent toucher les miens. Nos yeux se croisent et une décharge électrique me surprend. Jana retire tout aussi vite sa main et me sourit en s’excusant. Il y a quelque chose de bizarre dans ce contact. Un sentiment me parcourt sans que je n’arrive à le comprendre vraiment.

— Ne vous excusez pas. À bientôt, Jana.

Son sourire se fait plus intense tandis qu’elle s’éloigne en continuant de me regarder. Je reste pantois quelques instants, avant de me lever, pour quitter le bar.

 

Je retrouve la pluie torrentielle et commence à marcher le long du trottoir pour trouver un taxi. Cela fait des années que Jeff me répète de m’acheter une voiture, mais la marche m’est plus agréable que de m’encombrer d’une voiture qu’il faut entretenir.

Un taxi s’arrête près de moi, j’y monte et donne l’adresse de Jeff.

 

Une fois au pied de son immeuble, j’entre dans le hall et prends le premier ascenseur qui arrive. Sortant de l’appareil, je me stoppe devant la porte de mon ami et toque plusieurs fois. Jeff m’ouvre et me laisse entrer en me demandant ce que je veux boire.

Soyons fous, buvons une autre bière.

Nous nous installons sur le canapé et discutons de tout et de rien.

— Bon, et toi avec la jolie Serena ?

— Rien de neuf. Nous sommes amis.

— Amis ? Tu me prends pour un idiot ?

— Que veux-tu que je te dise ? J’adore cette fille, mais je ne suis pas capable de m’engager, tu le sais bien.

— Ton histoire avec Adriana est finie depuis des années, Jeff. Tu dois tourner la page, dis-je, en insistant sur la fin de ma phrase.

— Facile à dire. Adriana était l’amour de ma vie, et malgré tout ce que je pourrai ressentir pour Serena, je n’arrive pas à débloquer ce petit truc en moi.

— Serena s’accroche à toi, tu le sais, non ?

— Je sais. Je ne veux pas la perdre ni la faire souffrir.

— Alors, arrête les frais. Cette fille est une perle.

— Tout comme Ava, ajoute-t-il.

— On ne parle pas d’Ava, là, mais de Serena. Alors si tu n’es pas capable de t’engager ou de lui dire ce que tu ressens, arrête tout et laisse-la faire sa vie.

 

Jeff ne répond rien et boit une gorgée de sa bière. Je fais de même en ayant un œil sur la vue de la ville, par la baie vitrée.

 

Nous finissons la soirée, par un mélange d’alcool peu recommandé, et je termine ma nuit sur le canapé de Jeff. Il n’y a qu’en me mettant dans cet état que j’arrive à occulter toutes les merdes de ma vie.

 

CHAPITRE 2 - Jana.

 

Ce fut encore une soirée calme, bien que l'établissement soit ouvert depuis un petit moment. Les clients se ruent dans la boîte à la mode. Tout le monde oublie le petit bar qui a besoin de faire son chiffre d’affaires.

 

Quand Kendall m’a embauchée, l’excitation était à son comble. Depuis, je me familiarise avec la clientèle et leurs consommations. Mon patron est une patte, j’ai tellement de chance d’être tombée sur lui.

Il m’a donné un boulot alors que je n’avais aucune expérience, m’a appris tout le métier de barmaid et me soutient dans tout ce que j’entreprends. Il faut dire que je n’ai pas fait grand-chose dans ma vie, à part quitter ma ville natale, Indianapolis, il y a maintenant trois ans.

 

Fuir était ma seule possibilité. Quand on a vécu ce que j’ai vécu durant mon adolescence, le truc à faire c’est partir, le plus vite et le plus loin possible, sans se retourner.

 

Je claque la porte de mon petit appartement et remercie ma voisine pour son aide. J’embrasse Karina, sur la joue, la raccompagne et ferme à clé derrière elle. Mon sac sur la console, j’enlève mes chaussures et me dirige dans le couloir menant aux chambres. Tout doucement, j’actionne la poignée et, dans le noir, observe cette petite masse blottie dans le lit. À pas de loup, je m’approche et m’assois à ses côtés. La couverture remontée jusqu’aux yeux, je contemple ce visage qui ne connaît pas la peur ni la souffrance. Je me nourris de sa beauté et me demande ce que je ferais sans lui. Je dépose un baiser sur son front et lui souhaite bonne nuit, avant de quitter la chambre.

 

Semant mes habits derrière moi, je me dirige droit vers mon lit et me plonge directement dans les draps froids. Il est plus de vingt-trois heures et mes yeux ne veulent pas se fermer.

Le regard au plafond, j’observe les pales de mon ventilateur tourner. Le sommeil est quelque chose de crucial, mais il ne s’invite pas souvent dans ma vie. Morphée m’a lâchement abandonné depuis mon départ de la maison familiale, il y a plusieurs années. C’est cette peur qui me noue le ventre et m’empêche de dormir.

Après plusieurs heures de somnolence, je finis par m’endormir d’épuisement. Mon seul but dans la vie, c’est de nous protéger, quoi qu’il en coûte.

 

***

À sept heures quinze, une petite boule chaude se colle à moi, me demandant des câlins. Il m’enlace en passant ses bras autour de ma taille.

— Maman ! Lait !

— Oui, mon chat. Maman va te faire ton lait, réponds-je, endormie.

Encore tout ensommeillée, mon corps s’extirpe du confort de mon lit, mes pas me mènent à la cuisine où je prépare le petit-déjeuner. Pendant que le lait chauffe, je me tourne et vois mon fils arriver en trottinant, tenant son doudou bien fermement dans ses mains. Je l’attrape et le pose sur le comptoir de la cuisine, puis laisse mes doigts vagabonder dans sa chevelure rousse, tandis que mes lèvres embrassent son front.

— Tu as bien dormi ? demandé-je.

— Ça va. Tu es rentrée tard, dit-il en baissant la tête.

— Je sais, mon chat, mais maman doit gagner de sous pour manger, tu comprends ?

— Pour acheter des céréales ? demande-t-il en souriant.

— Oui, bébé, pour acheter les céréales, réponds-je en rigolant doucement.

Je souris, l’embrasse sur les deux joues et retourne à mes fourneaux. Ensemble, nous prenons le petit-déjeuner, confortablement installés sur le canapé, tout en regardant le dessin animé préféré de Paul.

— Bébé, tu vas t’habiller pendant que maman range ? Il faut que je te dépose à l’école avant de partir travailler.

Mon fils boude et me fait non de la tête. Je me place face à lui et relève son visage.

— Qu’est-ce qu’il se passe ? demandé-je, inquiète.

— Je veux pas aller à l’école ! répond-il, du tac au tac.

— Pourquoi ? demandé-je.

— Parce que Nicholas est méchant avec moi, il veut pas qu’on joue tous les deux.

— Oh, mais ne t’inquiète pas. Tu vas en trouver d’autres des copains.

— Non ! Je veux pas y aller.

— Écoute, Paul, on n’a pas le choix. Tu dois aller à l’école, et moi au travail, d’accord ?

Il ne me répond pas, alors je relève sa petite tête et dépose un baiser sur ses cheveux.

— Ce soir, c’est moi qui viens te chercher, d’accord ?

Ses yeux s’illuminent et il hoche frénétiquement la tête. Paul se redresse d’un coup et court dans sa chambre pour se préparer. Il est vrai que j’ai rarement l’occasion d’aller le chercher à l’école, mais Kendall a bien voulu changer mes horaires pendant quelque temps. J’irai récupérer Paul ce soir, et retournerai travailler quand il sera au lit. Heureusement que Karina, ma petite voisine, accepte de me le garder autant de fois que nécessaire. Cette petite est une perle, mais elle ne trouve pas de boulot, donc j’en profite tant qu’elle n’a rien de concret. Ils s’entendent à merveille avec Paul. J’ai beaucoup de chance.

 

Sur le chemin de l’école, Paul me raconte sa journée d’hier et me dit ce qu’il a fait comme travaux manuels, avec Cynthia, sa maîtresse. Il est bon élève. Son avenir est ma priorité numéro un. Il doit réussir où je n’ai pas pu, son futur doit être brillant et surtout, très éloigné de l’univers que j’ai connu plus jeune.

Je quitte mon fils au portail de son école et retourne chez moi me préparer, avant d’ouvrir le bar, vers onze heures. Il faut croire que boire est un passe-temps génial, vu que nous avons des clients si tôt dans la journée.

Après une bonne douche et un peu de maquillage, je claque la porte de chez moi et descends les escaliers pour rejoindre l’entrée du Masha’s. Il se situe juste au pied de mon immeuble. Kendall a eu la gentillesse de me louer un de ses appartements, pour une somme dérisoire. Ce qui me permet de mettre de l’argent de côté. Quand le moment sera venu, je pourrai peut-être trouver quelque chose de plus grand.

 

Je déverrouille la porte, pousse le battant, tout en prenant soin de bien fermer derrière moi. Nous n’ouvrons que dans une heure, ce qui me laisse de temps de faire toute la mise en place.

Après avoir rangé ma veste et mon sac dans mon casier, j’enfile un tee-shirt, au nom du bar, et attache le tablier autour de ma taille. En passant devant le miroir des vestiaires, j’ébouriffe mes cheveux et essuie quelques traces de maquillage qui ont déjà coulé. Ça fera amplement l’affaire.

 

Arrivée dans la salle, je tombe sur Kendall qui descend les chaises des tables. Je l’embrasse sur la joue et rejoins le bar pour mettre en avant mes verres et préparer mes alcools.

— Comment va le petit, ce matin ? me demande mon patron.

— Un peu râleur, comme d’habitude, réponds-je en rigolant.

— Le même caractère que sa mère, je vois ! dit-il en souriant.

— C’est un trait de famille, vois-tu !

Kendall me sourit et vient s’accouder au bar.

— Aussi beau que sa mère !

— Merci, Kendall.

— Allez, au boulot, miss. La mise en place ne se fera pas toute seule.

Je ris, tout en commençant à nettoyer mes verres. Mes yeux observent le va-et-vient des habitants de Seattle, par la fenêtre du bar.

 

CHAPITRE 3 - Toby.

 

Je suis retourné au Masha's, un nombre incalculable de fois, depuis ce fameux soir où je l’ai rencontrée. Mon envie de la revoir, de lui parler à nouveau a été plus fort que tout. Je prends place, au même endroit, tous les jours depuis un mois. C’est toujours pareil, elle me sourit, me sert ma bière et nous discutons de tout et de rien. D’ailleurs, il m’arrive souvent de faire la fermeture avec elle.

 

Je n’arrive même pas à comprendre ce qu’il se passe dans mon cerveau chaque fois que je pense à elle. Ses yeux sont hypnotisant et j’oublie tout quand elle me sourit. Elle n’a rien de particulier, si ce n’est peut-être, son caractère qui a l’air d’être bien trempé. Il y a une sorte de connexion entre nous que je n’arrive pas à déterminer et pourtant, elle en fait fuir plus d’un. Son répondant, son caractère et sa manière d’être pourraient faire flipper. Elle a l’air de tenir les hommes à bonne distance d’elle. Soit ! Il n’en faut pas plus pour attiser ma curiosité.

 

En franchissant le seuil, ce soir, je ne m’attendais certainement pas à voir autant de monde. Pour passer toute la salle et atteindre le bar, je suis obligé de jouer des coudes. Quand mes mains se posent enfin sur le bois, Jana me sourit et s’approche de moi en mettant ses avant-bras sur le bar.

— Bonsoir ! Tu as réussi à passer ?

— Il y a bien du monde, qu’est-ce qu’il se passe ? demandé-je, en regardant autour de moi.

— Match de foot ! Ils se sont tous rués ici pour le regarder sur le grand écran, répond-elle en me montrant la télévision derrière moi. Cela dit, je suis contente, ça mène enfin du monde, ajoute-t-elle.

— Je comprends mieux le mouvement de foule. J’aurais dû savoir qu’il y avait du sport, dis-je en secouant la tête.

— Pourquoi ? Tu es fan ?

— J’ai une boîte de management sportif.

— Et tu ne savais pas qu’il y avait un match ? Honte à toi, jeune homme !

Je ris à sa phrase et détourne le regard pour observer la foule qui se presse au comptoir. Jana n’est pas seule, ce soir, elle a du renfort pour servir, et même le patron est présent.

Ce qui se passe entre nous est assez indescriptible. Nous nous cherchons à chaque fois, mais elle refuse de parler d’elle et de sa vie. Nous flirtons néanmoins, tous les soirs depuis un mois. Je vais arriver à la faire craquer…

— Kendall est là ?

— Il y a trop de monde, dit-elle en essuyant des verres. Il était bien obligé de venir mettre de l’ordre et de me ramener des serveuses. On n’a jamais été aussi plein qu’aujourd’hui.

— Sinon, quoi de neuf ?

— Oh, depuis hier, rien de spécial, rit-elle. Tu viens tous les soirs depuis un mois, Toby ! Tu sais comment je vais.

— Je vois surtout que tu as calculé le nombre de fois où je suis venu.

— Tu me colles à la peau, Kane ! Pas trop le choix, tu restes planté devant moi tous les soirs que Dieu fait. On dirait que je te plais ! dit-elle en me souriant.

C’est un petit jeu entre nous. Tous les soirs je lui demande de sortir boire un verre avec moi et tous les jours elle me répond en rigolant.

— Tu vas sortir avec moi, maintenant ? Parce que ça fait quand même un mois que je te le demande.

— Même pas en rêve, Toby, dit-elle en se tournant. Je ne sors pas avec les clients, même s’ils sont sexy !

— Je suis sexy ? demandé-je, surpris.

Jana s’accoude devant moi, son décolleté sous les yeux, je louche étrangement. Elle pose son doigt sous mon menton et relève mon visage.

— Lève les yeux, Toby, mon visage est plus haut. Et pour répondre à ta question, je trouve que tes cheveux bouclés te donnent un air enfantin et c’est carrément sexy, mais j’ai une règle : au boulot pas de mecs !

— Ta règle est pourrie, ma belle.

— Oui, peut-être, mais ma vie ne s’accorde pas avec une relation amoureuse.

— Ouais, enfin tu ne me connais pas encore, c’est pour ça.

— Je vous connais tous. Vous êtes tous pareils ! Cela me suffit, dit-elle en me servant une autre bière. C’est pour la maison.

J’acquiesce de la tête pour la remercier, bois une gorgée de ma bière, quand je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. C’est Jeff.

— Un revenant ! dis-je à mon ami, en rigolant.

— Ne te fous pas de moi, Toby. Je passe une semaine de merde, me répond-il.

— Adriana t’en fait voir de toutes les couleurs ?

— Je ne sais pas quoi faire avec elle, vieux. Ce qu’elle m’a dit me trotte dans la tête. Je n’arrive pas à croire qu’elle était enceinte, putain !

Son ex, Adriana, est revenue dans sa vie, sans crier gare. Au moment même où il s’apprêtait à franchir le pas avec sa jolie métisse, Jeff s’est fait alpaguer par l’histoire sordide de son ex et depuis, il a le cerveau retourné.

— Arrête d’y penser, Jeff. Appelle plutôt Serena, elle doit être morte d’inquiétude.

— Je ne sais pas quoi lui dire. Je ne veux pas lui faire du mal.

— Tu comptes te remettre avec Adriana ?

— Non ! Jamais de la vie, dit-il précipitamment.

— Alors, appelle Serena et explique-lui. Elle est intelligente, elle comprendra.

— Peut-être, bon, je te laisse. À plus !

Nous raccrochons, je finis ma bière, et regarde le match qui se joue à l’écran. Mon regard se porte plusieurs fois sur la jolie Jana et je rêve qu’un jour, elle finisse dans mon lit.

Elle est devenue mon obsession, sans même que je ne sache pourquoi.

 

***

C’est un numéro inconnu qui me sort de mon sommeil à sept heures trente du matin.

Putain ! J’étais en plein rêve avec la jolie Jana.

— Allô ?

— Monsieur Kane ?

— Oui, dis-je en me redressant.

— Hôpital du comté, bonjour. Nous vous appelons car vous êtes la personne à prévenir dans le dossier d’un de nos patients.

— Qui ça ? demandé-je, curieux.

— Nous venons de recevoir Jefferson Withaker qui a eu un accident de la voie publique. Pourriez-vous venir, s’il vous plaît ?

Le sang me monte à la tête et mon cerveau fait un blocage. La personne tousse dans le combiné pour me ramener à la réalité.

— Comment ça, un accident ? Il va bien ?

— Pouvez-vous venir rapidement ? demande la personne à l’autre bout du fil.

— Je suis en chemin, réponds-je rapidement.

Je me lève immédiatement, sors de mon lit en me prenant les pieds dans la couette. Je me retrouve lamentablement sur le sol de ma chambre, les jambes toujours dans les draps. Me redressant à la va-vite, je rassemble mes affaires et quitte l’appartement en m’habillant sur le chemin.

Je monte dans le premier taxi que je vois et lui saute pratiquement dessus pour qu’il s’arrête. Je grimpe dans le véhicule, donne l’adresse de l’hôpital et appelle mes amis durant le trajet, pour les informer. La conversation avec Serena est la plus compliquée, leur histoire l’est déjà de base, et le retour d’Adriana l’a été d’autant plus.

Cela fait une semaine qu’il n’a plus donné signe de vie à personne, et j’ai dû aller taper chez lui des tonnes de fois pour le voir, ne serait-ce qu’une seule fois.

 

Dix minutes plus tard, le taxi s’arrête devant l’entrée de l’hôpital. Je rejoins mes amis qui sont arrivés tout aussi vite, même par une heure aussi matinale. Je prends Serena dans mes bras et lui dit que tout va s’arranger. Nous entrons dans le hall et allons directement à l’accueil.

— Bonjour, je cherche monsieur Withaker, dis-je à la secrétaire.

Elle se met à taper sur son clavier à toute vitesse et nous indique le service des soins intensifs. Rien que le nom me donne des frissons dans tout le corps. Il est hors de question que je perde mon meilleur ami.

 

Nous avons tout vécu ensemble, le meilleur comme le pire. Je l’ai connu à une époque de ma vie où l’idée, ne serait-ce que de mettre un pied dehors me faisait peur. Mes parents biologiques m'ont abandonné quand j’étais un bébé, puis ballotté de foyer en foyer jusqu’à mes douze ans, où mes pères m’ont adopté.

Quand Jeff est entré dans ma vie, il a été le salut de mon quotidien. Grâce à lui, mes journées ont été moins dures à supporter et mon avenir beaucoup plus serein. Il s’est battu pour moi, avec moi aussi, pour que l’on m’accepte avec mes deux pères, et une famille différente des autres. Mes parents ne font rien dans le normal, tout est extravagant avec eux, mais je les aime comme ça. Moi, au contraire, je n’ai rien à voir avec eux, je suis d’un naturel tellement calme et timide par-dessus le marché. Le seul truc qui me sort de ma coquille, c’est la drague. En soirée, je ne passe pas une minute sans flirter ou aborder une fille.

Pathétique, me direz-vous !

Une main se pose sur moi et me fait sursauter. Nous sommes tous les cinq dans l’ascenseur qui mène au service où se situe notre ami. Je me tourne vers cette main, Aiden me regarde en souriant et presse mon épaule en tenant Ava par la taille. Cette dernière caresse le dos de Serena en lui disant que tout va bien.

Nous sortons de l’ascenseur et nous dirigeons vers la chambre indiquée par l’infirmière. Quand j’arrive devant la fameuse porte, mon corps entier se met à trembler. Serena passe son bras sous le mien et me le presse de son autre main. Nos regards se croisent, mon sourire forcé ne doit pas être bien convaincant. Aiden pousse la porte, et nous suivons ses pas.

Quand mes yeux se posent sur le corps inanimé de Jeff, Serena pousse un cri et enfouit son visage dans mon cou. Je la prends dans mes bras et la serre contre moi.

Putain ! Ce n’est pas possible.

 

CHAPITRE 4 - Jana.

 

Tous les soirs, il m’est difficile de comprendre, ou même de savoir ce que peuvent penser, ressentir ou vivre, les gens quand ils arrivent devant moi.

Ils n’ont rien d’autre à faire ?

Je vois bon nombre de personnes, bourrées, ternes, les yeux cernés et la mine déconfite. Ils boivent plus que de raison et ressortent à moitié vivants du bar. Je ne sais plus combien de taxis il a fallu appeler, ce soir. D’autant plus, avec le match, nous avons essuyé quelques débuts de bagarres entre les deux équipes. Je suis restée sagement derrière mon comptoir, regardant ce sinistre défilé de vieux poivrots, venus assouvir leur insatiable besoin d’alcool.

 

Mais, il est arrivé. Je ne pensais pas le voir. Son sourire a éclairé la pièce. Il faut bien avouer que ses yeux donnent envie de plonger dedans. Je l’ai observé une bonne partie de la soirée, nous avons discuté, le temps est passé tellement vite. C’est sympathique de parler avec lui, nous rions et flirtons tout de même un peu.

Il y a chez cet homme, un je ne sais quoi qui m’apaise. Parler de tout et de rien avec lui a le don de me faire oublier mon quotidien. Je ne saurais pas l’expliquer. De toute manière, je ne cherche pas à le faire.