Six heures : La Salle d'armes - Georges Ohnet - E-Book

Six heures : La Salle d'armes E-Book

Georges Ohnet

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Beschreibung

Extrait : "— Parez quarte… ripostez… une, deux… d'plomb, monsieur le baron, d'aplomb ! Feinte de coup droit… dégagez… Ah! le pied est parti avant la main… En garde… remettez-vous… — Flûte ! J'en ai assez ! geignit le baron, en jetant à la volée son fleuret et son masque sur le large divan qui entourait toute la salle. Il se laissa aller, comme une masse, à côté du fleuret et du masque, ses petites jambes allongées sous ses courtes cuisses, écroulé, lamentable."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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– Parez quarte… ripostez… une, deux… d’aplomb, monsieur le baron, d’aplomb ! Feinte de coup droit… dégagez… Ah ! le pied est parti avant la main… En garde… remettez-vous…

– Flûte ! J’en ai assez ! geignit le baron, en jetant à la volée son fleuret et son masque sur le large divan qui entourait toute la salle. Il se laissa aller, comme une masse, à côté du fleuret et du masque, ses petites jambes allongées sous ses courtes cuisses, écroulé, lamentable, suant et hors d’haleine.

– Ah ! monsieur le baron, vous maigrissez ! dit en souriant le prévôt penché vers son élève qui se tamponnait la tête avec une serviette-éponge… Le régime suit son cours. Vous allez perdre encore une livre !

– Eh ! sacrebleu ! Je ne perds rien du tout ! s’écria l’escrimeur éreinté. Ce mouvement enragé me donne un tel appétit que je dévore, et que je regagne aussitôt, par l’excès de la nourriture, ce dont j’ai diminué par la violence de l’exercice.

– Ah ! Si vous ne savez pas vous contenir !

– Vous me la fichez belle ! Si ma vie n’est plus que privations, j’aime encore mieux rester gros !

Dans la vaste et luxueuse salle d’armes du cercle, plusieurs jeux de fleuret ou d’épée étaient engagés, pendant que groupés, avant de se déshabiller dans les cabinets de toilette, quelques escrimeurs de valeur diverse, mais de notoriété égale, causaient ou regardaient, souriants et courtois. Car c’est un fait à consigner que la pratique des armes semble affiner les mœurs, comme si une politesse spéciale, reste d’ancienne chevalerie, résultait de l’habitude de manier l’épée.

Il était six heures. La nuit déjà close, l’électricité répandait à flots sa lumière dorée. Et pendant que les femmes, élégantes et coquettes, bavardaient dans les salons amis en prenant le thé avec leur flirt, les maris, comme le gros baron, arrosaient de leur sueur le plancher uni de la salle d’armes.

C’était l’heure charmante où, la journée terminée, pour les gens occupés et pour les gens oisifs, chacun n’a plus à penser qu’à la distraction ou au plaisir. Le notaire et le banquier ont fui leur cabinet, le peintre, dans la clarté finissante du jour, a rangé sa toile et ses pinceaux, l’homme de lettres, las de raffiner sur les sentiments, se sent pris du besoin des violents exercices. Le mondain, après ses flâneries du jour, avant de commencer ses flâneries de la nuit, vient tendre ses énergies physiques, pour se donner du ton. C’est un repos pour les uns, de l’hygiène pour les autres. Pour tous un agrément.

*
**

De tout temps l’escrime a été pratiquée en France et aimée à tel point que, par l’excès de cette passion, les Français ont acquis, de par le monde, une réputation batailleuse, qui n’est malheureusement pas aussi usurpée que bien d’autres qu’on leur a faites.

Dès l’antiquité, les plus redoutables gladiateurs, n’étaient-ils pas ces gigantesques et blonds Gaulois, que les riches Romains faisaient venir à grands frais, quand ils ne trouvaient pas à les acheter parmi les prisonniers ? Placés sous la direction des Lanistes, qui étaient alors les professeurs d’escrime, ils apprenaient à combattre avec vigueur, et à mourir avec grâce, sous les yeux de César.

Ce goût pour les combats en champ clos se développa et se régularisa par les tournois, qui, dès les premiers âges de la France, mirent aux prises les guerriers dans des passes d’armes, où la renommée s’acquérait à grands coups de lance et d’épée. C’était pour plaire aux belles dont les combattants portaient les couleurs sur leurs armes, que le sang coulait dans l’arène. Les joutes se terminaient par le couronnement du vainqueur, à qui la Reine des Amours, présidente du tournoi, remettait publiquement le prix de sa valeur. Les princes et les rois ne dédaignaient pas de descendre dans la lice. Pépin le Bref combattait un lion, sous les yeux de toute sa cour, et Henry II se faisait tuer par Montgomery, en luttant contre lui, à armes courtoises, en l’honneur de Mme de Valentinois.