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"Sobriété éditoriale le guide pour écoconcevoir vos contenus"
Produire toujours plus de contenus est grandement facilité par des outils, comme l'intelligence artificielle.
Pourtant, de nombreux contenus restent invisibles dans un paysage saturé en informations. Les publics souffrent de plus en plus de fatigue informationnelle. Et les communicants s’épuisent, perdant le sens et portant une charge de travail toujours plus lourde.
Le guide "Sobriété éditoriale" vous propose de faire un pas de côté pour réinterroger vos contenus et les écoconcevoir.
Avec pour objectifs :
• rationaliser les usages pour rendre votre communication robuste,
• redonner davantage de sens à la communication et de légitimité à la prise de parole de votre organisation,
• contribuer à réduire l’empreinte environnementale de la communication.
À qui s’adresse ce guide ?
Premier guide méthodologique en sobriété éditoriale, cet ouvrage concerne les rédacteurs, producteurs et responsables de contenus, chefs de projets éditoriaux, et plus largement les communicants et étudiants.
Il vous permet de mettre en œuvre une communication plus responsable.
Il apporte également un cadre conceptuel pour nourrir les autres disciplines du numérique responsable : accessibilité, design, écoconception, qualité web, référencement, UX/UI, etc.
Didactique, pragmatique et concret, ce guide "Sobriété éditoriale" propose une approche opérationnelle pour des contenus faciles à produire, à comprendre et à utiliser.
Que vous apporte cette 2e édition ?
48 bonnes pratiques révisées en collectif et validées sur le terrain,
1 méthodologie simple pour mettre en œuvre la sobriété éditoriale,
• 3 nouvelles rubriques : les réseaux sociaux, le Print / supports imprimés, l'IA générative,
• 1 référentiel de sobriété éditoriale, utile pour évaluer vos dispositifs de communication.
Ferréole Lespinasse, experte en sobriété éditoriale & langage clair
Au sein de Cyclop Éditorial, Ferréole accompagne et forme entreprises, organisations et collectivités publiques, en sobriété éditoriale et langage clair, depuis plus de 15 ans.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Ferréole Lespinasse est experte en sobriété éditoriale et langage clair. Fondatrice de Cyclop Éditorial, elle accompagne depuis plus de 15 ans les organisations dans la refonte de leurs contenus et stratégies de communication responsables. Auteure du premier guide francophone sur la sobriété éditoriale, elle milite pour une information utile, lisible et écoconçue. Formatrice et conférencière, elle sensibilise aux enjeux de surcharge informationnelle, d’éthique éditoriale et de réduction de l’empreinte environnementale de la communication.
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Seitenzahl: 238
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Publishroom Factorywww.publishroom.com
ISBN : 978-2-38625-718-6
Le Code de la propriété intellectuelle et artistique n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l’article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ferréole Lespinasse
2e édition
Sobriété éditoriale, le guide pour écoconcevoir vos contenus
#SobriétéÉditoriale#CommunicationResponsable#NumériqueAcceptable
•Marie Bastide, consultante et formatrice en Numérique Responsable et Marketing, fondatrice de l’agence Pollen
•Virginie Eidel, consultante en communication et digital
•Muriel Gani, consultante en stratégie de contenus
•Bérangère Leyritz, UX content designer, fondatrice de l’agence Berley
•Sébastien Rufer, expert en écoconception Web
•Aurélie Baton, UX designer, co-autrice du guide d’écoconception de services numériques et membre de l’association Designers Éthiques
•Isabelle Canivet, autrice et consultante au sein de Yellow Dolphins
•Christophe Clouzeau, expert RGESN
•Bela Loto-Hiffler, observatrice attentive de l’ébriété numérique, fondatrice de Point de M.I.R
•Thomas Mesplede, chargé de mission au sein de l’alliance Green IT (AGIT)
•Valérie Martin, cheffe du service mobilisation citoyenne et médias, ADEME
•Sophie Provost, conseil, formation, transformation des organisations au sein du Groupe Isia, membre active de l’Institut du Numérique Responsable (INR)
•Frédéric Bordage, expert de la sobriété numérique, fondateur du collectif GreenIT.fr
→Création et maintenance du dépôt de données contenant les fichiers d’échange de données (JSON, YML…) permettant l’accès au référentiel par desAPI
•Bertrand Keller, expert accessibilité et numérique responsable
•Lise Janody, consultante en gestion et en stratégie de contenu
Étape1Caractérisation de l’organisation et du contenu
Web
Réseaux sociaux
BP #1 La présentation de l’organisation est singulière. (p. 83)
BP #2 Les engagements de l’organisation sont vérifiables.(p. 87)
BP #3 Le discours est cohérent dans toutes les prises de parole de l’organisation.(p. 90)
BP #4 Le message global de chaque support recherche l’objectivité.(p. 94)
BP #5 Les objectifs du support sont compréhensibles de manière immédiate.(p. 99)
BP #6 Le site web présente les réalisations de l’organisation.(p. 103)
BP #7 Le contenu est utile pour l’utilisateur.(p. 105)
BP #8 Le texte est spécifique. (p. 111)
BP #9 Les médias associés au contenu apportent une valeur ajoutée.(p. 113)
Étape2Structuration des contenus
BP #10 La page d’accueil répond aux intentions des publics les plus courantes.(p. 121)
BP #11 Les menus sont clairs et compréhensibles.(p. 124)
BP #12 Le pied de page est utile pour l’utilisateur et complémentaire au menu.(p. 127)
BP #13 Un fil d’Ariane guide l’utilisateur.(p. 133)
BP #14 Les pages de navigation contiennent un sommaire des niveaux inférieurs.(p. 135)
BP #15 Les informations sont faciles à trouver dans le message.(p. 138)
BP #16 L’ensemble des éléments de la page web accompagne la compréhension de son contenu.(p. 142)
BP #17 Les pages similaires reproduisent la même structure.(p. 146)
Étape3Rédaction des contenus
BP #18 Le message est facile à comprendre.(p. 153)
BP #19 Les informations sont faciles à utiliser.(p. 158)
BP #20 Les titres et sous-titres sont compréhensibles.(p. 161)
BP #21 Le chapô résume le contenu de la page.(p. 164)
BP #22 L’accroche complète le titre.(p. 166)
BP #23 Les phrases sont concises.(p. 169)
BP #24 La structure des phrases est claire(p. 174)
BP #25 Les phrases sont précises. (p. 180)
BP #26 Les mots sont concrets.(p. 183)
BP #27 Le texte est rythmé.(p. 186)
BP #28 Le langage favorise l’égalité des représentations.(p. 188)
BP #29 L’orthographe, la grammaire et la ponctuation sont correctes.(p. 191)
BP #30 Le micro-rédactionnel est soigné.(p. 193)
Étape 4
Optimisation des contenus
BP #31 Les informations visent à l’essentiel.(p. 201)
BP #32 La rédaction de l’information simplifie sa compréhension.(p. 206)
BP #33 L’information est découpée en petites unités.(p. 209)
BP #34 La mise en page favorise le balayage de l’information.(p. 212)
BP #35 La police est lisible.(p. 216)
BP #36 Le contenu respecte les règles d’accessibilité.(p. 219)
BP #37 Les libellés des liens de navigation sont évidents.(p. 223)
BP #38 Les pages sont optimisées pour le référencement. (p. 226)
BP #39 La balise Title annonce l’objectif de la page.(p. 230)
BP #40 La balise Metadescription décrit le contenu de la page.(p. 233)
BP #41 Les liens présents dans le contenu sont pertinents.(p. 236)
Étape5Gouvernance éditoriale
Web
Réseauxsociaux
BP #42 Le choix des supports de communication est cohérent avec les publics et les objectifs de l’organisation.(p. 241)
BP #43 La publication de l’information est encadrée.(p. 246)
BP #44 La compréhension du contenu est soutenue par un format adapté et sobre.(p. 250)
BP #45 Un nombre limité de publications est déterminé pour chaque support.(p. 254)
BP #46 Le cycle de vie de chaque contenu est défini.(p. 259)
BP #47 Le contenu est à jour.(p. 265)
BP #48 L’efficacité du contenu est évaluée régulièrement.(p. 268)
Notre société souffre d’infobésité. Véritable fléau de notre siècle, cette surcharge permanente d’information n’en finit plus de croître. Tandis que prolifèrent les fake news, cette « dictature » de l’immédiateté nuit au bien-être humain : saturation cognitive, chute de l’attention et fatigue informationnelle. Dans le même temps, nous prenons de plus en plus conscience de la matérialité sous-jacente du numérique et de ses impacts sur l’environnement. Rien que pour la France, les dernières publiées conjointement par l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse) et l’ADEME (Agence de la transition écologique) le prouvent : le numérique représente déjà 4,4% de son empreinte carbone annuelle et 11% de sa consommation électrique. Et ces chiffres augmentent constamment !
Dans ce contexte, la sobriété éditoriale constitue un des fondements d’une communication plus responsable. Elle intervient en complémentarité des notions de sobriété et d’écoconception numérique. Face à des flux informationnels toujours plus denses, où la quantité prime souvent sur la qualité, il devient urgent de redonner à la communication ses lettres de noblesse : celle d’un message utile, pertinent et vérifié. Limiter l’impact environnemental des outils numériques mène également à s’interroger sur leurs usages. Le récent avis de l’ADEME « Numérique et Environnement : entre opportunités et nécessaire sobriété1 » est sans ambiguïté sur ce point. Nous devons notamment maîtriser la croissance des usages, c’est-à-dire « impulser des changements de comportements et la mise en œuvre de politiques de sobriété numérique afin de réduire le nombre d’équipements utilisés et de limiter nos usages en interrogeant systématiquement nos besoins ».
S’inscrire dans une démarche de sobriété éditoriale, telle que prônée par Ferréole Lespinasse dans cet ouvrage, répond à plusieurs objectifs : rendre sa communication plus robuste, c’est-à-dire centrée sur l’essentiel. Et surtout lui apporter une nouvelle légitimité. Dans un monde saturé de messages superflus, l’utilité, la sincérité et l’authenticité deviennent les piliers de l’action éditoriale. Autant de gages pour regagner la confiance de ses publics.
Avec la sobriété éditoriale, il s’agit de mettre en œuvre une nouvelle relation à l’information : produire moins, mieux et surtout autrement. Apporter une valeur ajoutée au lecteur, se centrer sur son intérêt, veiller à l’empreinte écologique de son organisation sont autant de voies qui assurent plus d’efficacité à la communication. Cette approche exige de se poser les bonnes questions : ce message est-il nécessaire ? Est-il exact ? Est-il utile pour mon audience ? Par voie de conséquence, se pose la question d’y renoncer. Ce qui exige du courage et un renouveau des critères d’efficacité de la communication. Ils sont trop souvent fondés sur une obligation de moyens liés à la sur-occupation d’un espace numérique déjà sur-saturé : nombre de likes, de posts publiés, de newsletters, de publicités, etc. ! Pourtant, différentes études présentées dans ce guide le démontrent : loin de nuire à la visibilité des informations, cet effort de simplification et de rigueur rend la communication plus pertinente, solide et surtout audible.
Dans une société toujours plus technologique, cette préface ne peut faire l’impasse sur le rôle croissant de l’intelligence artificielle (IA) dans la production éditoriale. Bien que son potentiel soit immense, l’utilisation de l’IA soulève des questions majeures, notamment en ce qui concerne son impact environnemental croissant et ses implications éthiques. Certes, dans certains cas bien précis, la production de contenus peut être facilitée. Cependant, l’IA fonctionne grâce à des données influencées elles-mêmes par des biais algorithmiques. Le danger sous-jacent réside dès lors dans une création éditoriale automatisée, standardisée et insuffisamment validée, voire même fabriquée. La possibilité de réaliser des messages en abondance risque d’entraîner une diminution de leur qualité et de leur pertinence. Alors, devrions-nous continuer à produire du contenu simplement pour produire et alimenter des algorithmes ?
La sobriété éditoriale invite, au contraire, à résister à cette facilité, en apportant hauteur, recul et esprit critique. Ce guide est conçu pour vous accompagner dans cette démarche. C’est un défi, certes, mais surtout une formidable opportunité de réinventer la manière dont nous transmettons nos idées et nos valeurs. Véritable « passeur de sens », le communicant renouvelle alors son importance au cœur de la création de contenus. La communication quitte un rôle utilitariste lié aux outils pour se placer au service de la stratégie.
Bonne lecture, et bienvenue dans l’ère de la sobriété éditoriale.
Valérie Martin
Cheffe du service mobilisation citoyenne et médias,ADEME
1https://librairie.ademe.fr/consommer-autrement/7883-avis-de-l-ademe-numerique-environnement-entre-opportunites-et-necessaire-sobriete.html
« J’ouvris la bouche, et il me fit manger ce rouleau. Il me dit : Fils de l’homme, nourris ton ventre et remplis tes entrailles de ce rouleau que je te donne ! Je le mangeai, et il fut dans ma bouche doux comme du miel » (Ezéchiel 3:2-3).
Nous nous nourrissons d’information et cette « in-formation » nous forme de l’intérieur. Aussi est-il intéressant de s’interroger sur la nature et la qualité de celle-ci. Tout comme la malbouffe augmente le risque de développer toutes sortes de maladies, il me semble que, de même, l’excès de contenu de mauvaise qualité génère nos déviances éditoriales : l’infobésité, les pages zombies, mais aussi ce bouillon de « déjà lu » qui métastase la toile, pour ne citer que ces trois-là.
Dans les formats éditoriaux, ne parle-t-on pas aujourd’hui de snack content, qui, aussitôt consommé, nous laisse sur notre faim, à la manière d’un « Triple Mac » qui, en bonus, nous laisse un goût amer de temps perdu ? Le contexte de l’intelligence artificielle a vu naître le mot « slop »2qui désigne des contenus de mauvaise qualité générés en masse. À l’origine, le « slop » est une mixture alimentaire pour les cochons, souvent de qualité médiocre. Et sans doute qu’à force d’avaler cette bouillie pratique et fade, nous rêverons à nouveau d’un bon plat du terroir mijoté pendant des heures. Il est probable que, au détour d’un article prêt-à-penser, nous tomberons encore sur une pépite de chocolat confectionnée par un esprit étoilé qui se démarque, avec du vrai cacao et sans graisse végétale. Ce goût du vrai et du bon dans le grand bazar du marché éditorial nous donnera sans doute envie de renouer avec une nourriture saine qui prend le temps de se dire, sans graisse, sans colorant, sans additif. Un éditorial au service de l’information et du lecteur en premier lieu.
Pour éviter de tomber dans « l’éditorial de la malbouffe », sans doute faut-il œuvrer dans un certain état d’esprit qui agira comme un garde-fou. Il pourrait tenir en trois points.
Premièrement, pesons le pour et le contre avant d’écrire. Le Verbe est une épée. Si vous la sortez de son fourreau, maniez-la avec la précision d’un mousquetaire, l’élégance d’un Aramis et la sagesse d’un Athos. Droit au but, tranchant et clair, en calculant les nuisances du vent sur la trajectoire de la lame. Déployez votre Verbe pour célébrer la sobriété avec justesse et discernement.
Deuxièmement, créez du lien. Et pour ce faire, soyez authentique en gardant ce grain et ces aspérités qui font de nous des humains et des communicants, capables de communier, et qui sortent du spectre de la machine. Écrivez d’âme à âme en replaçant l’humain au centre de votre communication. Y compris, et surtout, pour les écrits administratifs qui ne devraient jamais commencer par un article de loi.
Troisièmement, désobéissez ! Choisir la sobriété dans une société de (sur)consommation et de surproduction est un acte de résistance. Ne suivez donc pas les tendances. Pierre Rabhi, figure de proue de l’agroécologie, disait : « La vraie révolution est celle qui nous amène à nous transformer nous-mêmes pour transformer le monde. » Mettons en œuvre cette sobriété éditoriale tant dans notre production que dans notre consommation éditoriale, en cohérence et en conscience.
Jadis, on intimait aux enfants de tourner sept fois leur langue dans leur bouche avant de parler. On était encouragé à communiquer moins et mieux. Communiquer moins et surtout mieux vous fera sortir du lot, bien au-dessus de cette soupe saumâtre qui nous est servie au quotidien, faute de temps et faute d’idée. Et c’est exactement cela que le livre de Ferréole nous invite à faire. Chaque contenu ne sera produit que s’il est utile, utilisable et utilisé.
Structuré autour de 48 bonnes pratiques, « sobriété éditoriale, le guide pour écoconcevoir vos contenus » vient inspirer notre démarche de production avec pragmatisme.
Une légende amérindienne raconte qu’un jour, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux atterrés observaient, impuissants, le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d’un moment, le tatou, agacé par cette agitation qui lui semblait dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »
Alors, que chacun et chacune fasse sa part… En vous souhaitant une sobriété éditoriale heureuse !
Isabelle Canivet
Autrice, consultante en architecture d’information et SEO Yellowdolphins.com
2 Le très élégant Mark Darcy dans « Le Journal de Bridget Jones » parlerait de « diarrhée verbale ».
La multiplication des canaux de communication et la multi-potentialité des outils, augmentée avec l’intelligence artificielle (IA) générative, entraînent un leurre : croire que, puisqu’une action est possible, il faut obligatoirement la réaliser.
Et si nous chaussions ensemble de nouvelles lunettes ? Celles d’une communication choisie, qui se concentre sur les essentiels.
Osons faire différemment !
Pour mieux comprendre le contexte de cette démarche, voici quelques chiffres.
•54 % des Français souffrent de surcharge informationnelle, constate une étude de la Fondation Jean Jaurès (2024)3.
•Ce qui entraîne 70 % d’entre eux à limiter, voire à cesser la consultation d’informations.
À force de trop publier, nous, les producteurs de contenu, sommes responsables de l’invisibilité de nos messages.
•Au travail, 26 % des actifs se disent affectés par la fatigue informationnelle, toujours d’après cette même Fondation en 20244.
L’abondance d’informations entraine une baisse de la qualité de vie au travail : les actifs touchés se sentent souvent débordés, moins performants et plus stressés.
Elle devient une nouvelle forme de pénibilité au travail due à la surcharge cognitive.
•30 % des actifs déplorent des difficultés de concentration du fait d’interruptions par des mails ou des notifications professionnelles.
Sachant qu’il faut 1 minute en moyenne pour reprendre son travail après avoir consulté sa boîte mail, une enquête totalise 1h30 perdue chaque jour de travail pour récupérer des interruptions liées aux e-mails5.
D’autant que les messages publiés ne sont pas nécessairement lus comme le mentionne Gerry McGovern dans World Wide Waste6 : « A 2018 study by Ahrefs found that 91 % of all pages they analyzed got zero traffic from Google. (…) Up to 90 % of digital data is not used. We collect. We store. We create and then don’t use. (…) What sort of society accepts 90 % waste7 ? »
Notons que l’étude AHREFS mise à jour en décembre 2023 indique désormais que « 96,55 % des contenus en ligne ne reçoivent aucun trafic de Google »8.
Pourquoi produire autant de contenus, s’ils ne sont pas visités ?
Citons également une infographie de WeDodata9 qui illustre le recours massif au copié-collé dans les médias en ligne :
•19 % des documents en ligne n’ont aucune originalité,
•37 % ont entre 1 et 20 % d’originalité,
•seulement 21 % sont entièrement originaux.
Et au-delà des seuls médias, il est courant de voir un article sur un site dupliqué dans bon nombre d’autres.
Le numérique a des impacts catastrophiques dans bien des domaines et notamment : vie privée10, santé et addictions11, inclusion12, sécurité, risques de pénuries13, démocratie, géopolitique et souveraineté14.
Les impacts concernent également l’environnement :
•4 % : ce sont les émissions mondiales des gaz à effet de serre, dues à la pollution numérique, soit autant que l’aviation civile (chiffres 2019, GreenIT.fr). Notons que ce chiffre, s’il donne un repère initial, est à manier avec précaution : un tel calcul au niveau mondial est estimatif. Datant de 2019, il n’intègre pas l’usage massif et exponentiel du numérique exacerbé par celui de l’IA générative.
•4,4 % : c’est l’empreinte carbone nationale en 2022, soit autant que les poids lourds (avis 2025, ADEME15).
■50 % des émissions de gaz à effet de serre françaises sont attribuées aux objets numériques,
■46 % aux centres de données (data centers) en France et à l’étranger,
■4 % aux technologies réseaux.
•10 % : c’est la part du numérique dans la consommation électrique mondiale (étude ARCEP – ADEME 202516).
•11 % : c’est la part du numérique dans la consommation électrique en France (ADEME).
•70 % : c’est la hausse de l’empreinte numérique entre 2020 et 2022 (ADEME17).
Pour fabriquer des terminaux informatiques, bon nombre de métaux rares sont nécessaires. Nous avons encore 10 ans de ressources pour certains18. En l’état actuel des connaissances, il n’est pas possible de les remplacer par d’autres alternatives.
Notons également que tous ces chiffres ont été calculés avant l’arrivée et l’adoption de l’IA générative dont l’empreinte environnementale est conséquente : consommation énergétique des data centers, besoins en eaux, utilisation des métaux rares.
Le système digital actuel repose sur l’utilisation de l’électricité et des ressources pour fabriquer des matériaux. Or, les scénarios du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) démontrent que la stabilité de nos systèmes n’est plus assurée, et ce, dans un futur proche.
Face à un tel constat, et en résonance avec l’impératif de décroissance qui devrait interpeller tout un chacun, dans la sphère privée ou professionnelle, préférer une communication sobre et centrée sur les essentiels semble une évidence.
Il ne s’agit pas de ne plus communiquer, mais de dimensionner les actions au regard des résultats à atteindre et des besoins à nourrir.
La facilité avec laquelle nous créons du contenu et le stockons entraîne un écueil majeur : oublier de mettre en perspective l’utilité et l’efficacité de ses actions.
Un vieux fantasme en communication - et qui perdure aujourd’hui - dimensionne la performance de l’action au nombre d’outils mis en place ainsi qu’à la quantité de contenus diffusés. Au détriment du bon sens et de la qualité.
L’arrivée de l’IA générative nourrit encore plus cette croyance, tellement il est facile de générer du contenu pour qui sait manier le prompt.
N’oublions pas qu’en communication « il y a une obligation de moyens. Alors, on tape partout et très fort au cas où, pour éviter de se faire taper sur les doigts.
Car, et c’est bien connu, si l’action ne fonctionne pas, la faute reviendra à la communication, éternel fusible dans les organisations.
Prenons un exemple : si un événement n’a pas le succès escompté, est-ce la faute d’une mauvaise communication ? Ou est-ce parce que l’événement n’intéresse pas du tout ? »19
Dans la même veine, une idée erronée persiste, nourrie par les plateformes : plus la publication d’articles, de « posts », de newsletters est importante, plus l’organisation sera visible. Mais son message est-il audible ?
En effet, dans le même temps, la crédibilité des marques s’émousse : la publicité inspire la défiance, la communication de masse n’atteint plus personne.
La facilité d’utilisation et la rapidité des outils d’IA ne doivent pas occulter une réalité : pour bien les utiliser, il est nécessaire de maîtriser le sujet.
Pour plusieurs raisons :
•Tout d’abord, être en mesure de jauger de la fiabilité du contenu. Comme le prouve l’étude d’OpenAI, ChatGPT et Claude totalisent plus de 50 % d’erreurs20. Nous voici donc avec une encore plus grande profusion de contenus de qualité discutable et potentiellement erronés publiés sur le web. Contenus qui alimenteront ensuite les sources des IA pour générer à nouveau des textes. Bref, le serpent se mord la queue.
•Ensuite, la qualité éditoriale. Savoir préciser sa ligne éditoriale, construire une identité, écrire de manière claire, se référencer sont autant de qualités à maîtriser pour qui veut se lancer dans la création et la publication de contenus. Il est nécessaire de connaître les ressorts de ces pratiques pour juger de la pertinence ou non des propositions générées par l’IA.
Et c’est une ambition de ce guide, vous fournir les bonnes pratiques nécessaires pour maîtriser les qualités éditoriales. Il vous appartient ensuite d’utiliser ou non l’IA dans vos productions. Après avoir lu ce guide, vous pourrez le faire en connaissance de cause, avec un œil critique et affiné sur le sujet21.
Et si nous envisagions une autre posture de communication ?
La sobriété éditoriale invite à penser autrement la communication, dans une vision élargie.
Elle apporte un regard critique et constructif à tous les niveaux de la création des contenus : pertinence et choix de communication, création et cycle de vie, rédaction en langage clair.
Dans un paysage saturé en information où les messages deviennent inaudibles, cette approche invite à communiquer moins, mieux et autrement afin de contribuer à :
•respecter la charge mentale des publics et des communicants,
•alléger l’impact environnemental de la communication,
•augmenter la performance, la visibilité et la cohérence des actions de communication.
Cette démarche sobre propose de s’affranchir des habitudes de communication « parce qu’on a toujours fait comme cela ou parce que les autres le font, ou encore parce que c’est facile à produire. »
Entamer un cheminement de sobriété éditoriale, c’est s’offrir le temps de prendre de la hauteur, de questionner ses actions de communication pour revenir à un bon sens heureux.
Pour reprendre le pouvoir au lieu d’être asservi à des outils de communication et à des indicateurs de mesure, comme si notre survie en dépendait.
Pour anticiper des changements et construire une communication robuste, rationaliser nos usages, quand c’est encore un choix et non pas une contrainte.
Si, en 2000, la mémoire immédiate22 permet de se souvenir d’un message durant 12 secondes, elle chute à 8 secondes en 2013, soit de 25 %. La capacité d’attention sur un sujet est estimée, quant à elle, à 9 secondes23.
Cette logorrhée de contenus dans une page web ou imprimée provoque une surcharge mentale chez le lecteur : une sollicitation excessive du cerveau durant laquelle le traitement et la gestion de l’information sont parasites. La fonction cognitive arrive d’autant plus vite à saturation, que le trop-plein d’information est grand : plus fréquente est cette saturation, plus il y a un risque d’anxiété.
« À la longue, les conséquences de la saturation informationnelle sont délétères pour la santé, une pression permanente du mental amène au stress chronique, à l’anxiété, la dépression, l’incapacité à vivre le moment présent, voire au burn-out24 ».
Plus la diffusion de l’information par de multiples canaux est grandissante, plus les internautes sont entraînés dans une phobie moderne : la FOMO, c’est-à-dire la Fear Of Missing Out, ou « peur de manquer quelque chose » en anglais. Une mécanique pernicieuse et négative.
« Cette recherche compulsive de nouvelles informations provoque une augmentation rapide de la dépression et des troubles mentaux.
Cette incertitude [liée à la FOMO] génère un mal-être qui peut entraîner des troubles du sommeil, un stress chronique, des comportements déplacés et des symptômes dépressifs. (…) Associée aux addictions aux smartphones, avec des symptômes proches de la dépendance aux substances toxiques, ainsi que des troubles anxieux, la FOMO envahit les préoccupations quotidiennes de celles et ceux qui en sont atteints. L’intérêt pour la vie réelle est remplacé, par exemple, par les vidéos réalisées pour se mettre en scène et partager des aspects de soi, activité qui devient essentielle. »25
Notons d’ailleurs la notion d’extimité proposée par Serge Tisseron : « le processus par lequel des fragments du soi intime sont proposés au regard d’autrui afin d’être validés26. »
De nombreuses études et articles comparent ainsi les contenus web et les réseaux sociaux à la malbouffe, qui rend accro.
« Internet est vu comme un distributeur géant de sucre et de mauvais gras destiné à nous faire perdre toute notion de satiété. »27
Pour preuve, aujourd’hui, des compagnies d’assurance intègrent, dans les risques psychosociaux, une consommation déraisonnable du numérique, qui altère la santé mentale, renforce l’isolement et l’addiction.
« Ce phénomène est d’autant plus négatif qu’il ne nous apporte pas toujours la bonne information. Les fake news sont un fléau déjà bien réparti, qui mettent à mal nos connaissances individuelles, et donc, impactent l’ensemble de nos sociétés. »28
L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) dénombre 13 points de vigilance considérés comme risques à prévenir dans le milieu professionnel29 :
•la « dictature » de l’immédiateté,
•la multiplication des moyens de communication, sans structuration,
•les interruptions du flux de travail,
•l’envahissement de la vie personnelle par les communications professionnelles,
•l’utilisation de réseaux sociaux et l’exclusion associée,
•la dépendance aux marqueurs numériques de reconnaissance sociale,
•la non-participation ou la pseudo-présence lors des visioconférences,
•le décalage de référence entre émetteur et récepteur,
•l’infobésité,
•la peur de rater une information (FOMO - Fear Of MissingOut),
•la déconnexion impossible (forme particulière de FOMO),
•le travail sur écran,
•les distractions lors des déplacements à pied ou lors de la conduite de véhicules ou d’engins.
Ces risques, pourtant réels, sont souvent méconnus et minimisés.
Notons d’ailleurs que le Collectif Attention30 propose d’instituer un droit à la protection de l’attention, c’est-à-dire la reconnaissance de l’attention comme bien à défendre31, au même titre que l’eau ou l’air.
De plus, en 2023, est créé l’Observatoire de l’Infobésité et de la Collaboration Numérique32. Il publie chaque année un référentiel issu de « l’étude des impacts sociaux, organisationnels et environnementaux de la surcharge informationnelle. Il quantifie, décrypte et anticipe les mutations du travail grâce à l’analyse des données des usages des outils collaboratifs ».
Résister à la surenchère des multiples réseaux sociaux et au rythme de publication devient vital pour les communicants et producteurs de contenu.