Un homme peut en cacher un autre - Patrice Gicquel - E-Book

Un homme peut en cacher un autre E-Book

Patrice Gicquel

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Beschreibung

Alors que le triathlète Hervé Ducasse dispute la course de sa vie, son fils cadet disparaît. Fugue ? Enlèvement ? Au domicile, la femme d'Hervé reçoit une lettre de menace anonyme. Marc Bouleau, journaliste sportif et ami de longue date d'Hervé, décide de mener discrètement l'enquête. Objectif ? Retrouver la trace du corbeau et Alexis...

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DU MEME AUTEUR

Histoire

Un siècle de vélo au pays des Sourds, Editions L’Harmattan, 2002 (prix des Mains d’Or 2004)

Il était une fois… les sourds français, Editions BoD, 2011

Biographie

Le fabuleux destin de Robert Mathé, Editions L’Harmattan, 2005 (en collaboration avec Domas)

Laurent Marsollier, la vie en courant, Editions Edilivre, 2014

Faits divers

Le monde!ncroyable des Sourds, Editions L’Harmattan, 2005

Roman d’aventure

Thaï, Editions Edilivre, 2008

Témoignage

Petits Mémoires d’un triathlète pas comme les autres, Editions Edilivre, 2013

Les livres de Patrice GICQUEL sont disponibles sur son site internet : www.patricegicquel.fr

« Le coupable est celui à qui le crime profite. »

Sénèque

Sommaire

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Chapitre 29

Chapitre 30

1

Nice. Il était six heures vingt-cinq. Un dimanche du mois de juin 2014. Temps splendide.

Sur la plage Beau Rivage, deux mille cinq cents triathlètes, dans leurs combinaisons noires, bonnets de bain verts sur la tête et lunettes de plongée sur les yeux, attendaient avec impatience le coup de départ d’une des plus belles et dures courses de triathlon au monde : l’Ironman (3,8 kilomètres de nage en mer et 180 kilomètres de vélo puis le marathon).

Devant, l’enthousiasme des spectateurs : cris, sifflets, applaudissements retentissaient.

Le speaker prononça un par un le nom des élites : Mc Gregor, Jimenez, Bevilacqua, Oubron…

Un beau plateau avec des triathlètes de talent. Parmi eux, n’oublions pas les outsiders. Des amateurs qui pouvaient parfois remporter la course au nez et à la barbe des pros.

Y figuraient deux sourds bretons.

Les Ducasse, père et fils.

D’un côté, Hervé, trente-neuf ans, grand et musclé. De l’autre Guillaume, jeune homme discret au gabarit géant, dans la vingtaine.

Le plus âgé clamait depuis longtemps qu’il voulait gagner Nice après deux secondes places et une troisième place en sept ans.

Sur son visage se lisaient adrénaline et détermination.

Côté supporters, dans les gradins surplombant la promenade des Anglais, Marc Bouleau, le très réputé journaliste sportif sourd, lorgnait avec passion les nageurs.

Vêtu d’un jean’s et d’un pullover noir, il avait une tête de beau gosse. Des lunettes Ray-Ban finissaient la panoplie du play-boy. La quarantaine passée, il avait remporté de nombreuses courses de triathlon dont un titre de champion de France espoir avant de devenir rédacteur en chef du magazine Triple Effort Breton, trois ans auparavant.

Le journaliste sportif doit informer et relater les événements auxquels il assiste tout en apportant un regard critique. Ce métier fait beaucoup rêver les mordus de sport, mais on ne compte pas plus de trois mille journalistes sportifs en France dans la presse écrite, à la radio, à la télévision, dans les agences de presse et sur Internet.

Fort heureusement, doté d’une bonne culture sportive, connaissant parfaitement ce milieu et ses règlements, Marc avait toujours fait preuve de culot, de ténacité et de talent.

Un jeune homme lui tapota l’épaule et le journaliste se tourna vers lui.

- Bonjour, fit l’inconnu en langue des signes.

- Bonjour. Vous êtes?

- Je m’appelle Corentin. Je vis dans l’arrière-pays niçois depuis ma naissance.

- Vous venez encourager les triathlètes?

- Oui… mais je viens plutôt pour Hervé Ducasse que j’admire. C’est mon idole!

- Ah bien… Vous savez que son fils est également présent?

- Ah bon.

- Oui. D’ailleurs, il est passé à l’échelon supérieur depuis tout juste une semaine.

Marc sourit, souhaitant que Corentin le laisse enfin tranquille mais ce dernier continua à signer.

- D’après l’article que j’ai lu dans votre magazine, vous pensez vraiment qu’Hervé va enfin gagner cette compétition?

Le journaliste hésita un moment avant de lui répondre par l’affirmative.

- Oui, je l’ai vu hier à l’hôtel. Il m’a dit qu’il était prêt à tout pour l’emporter. On verra bien cet après-midi.

Subitement, le portable de Marc vibra. Il l’ôta de sa poche.

- Excusez-moi… A bientôt.

- A tout à l’heure, répondit Corentin qui se perdit rapidement dans l’immense foule.

Les SMS sont une invention géniale pour les sourds qui ne pouvaient pas téléphoner ni communiquer à distance et en temps réel.

C’était Natacha, la femme d’Hervé. Elle n’avait pas voulu venir car elle avait préféré rester avec Alexis, le frère cadet de Guillaume.

Marc lut le message.

Bonjour Marc.

Je suis inquiète pour Alexis.

Il m’a dit hier soir qu’il allait en boîte et qu’il allait

revenir dans la nuit.

Ce matin, je suis allée jeter un coup d’œil dans sa

chambre mais il n’était pas rentré.

Alors, je l’ai appelé mais son portable ne répond pas.

J’ai peur. Je ne sais pas trop quoi faire.

Marc songea d’abord simplement à une fugue comme cela arrivait assez souvent aux enfants de notre époque. Cependant, un enlèvement était toujours possible.

Au même moment, le coup de canon libéra enfin les triathlètes. La mer méditerranée se transforma en machine à laver.

Voulant rassurer Natacha, Marc envoya un texto disant qu’il allait la rejoindre sitôt la course finie.

2

La natation fut une grosse bagarre : un groupe de dix triathlètes se disputaient la tête de la course.

Ce fut l’Italien Bevilacqua qui sortit premier avec un temps de cinquante minutes et trente-cinq secondes à parfaite égalité avec Rémy, un amateur.

La surprise vint du jeune Ducasse qui finissait à une incroyable troisième place devant certains favoris.

Bevilacqua, tentant le tout pour tout, se lança seul en tête sur la partie cycliste qui n’était pas du tout plate. Il ne relâchait pas son effort.

Hervé figurait dans le groupe des poursuivants. Il avait concédé six bonnes minutes en natation. Il avait donc roulé fort pour revenir presque à la hauteur de son fils.

Le jeune Guillaume lui adressa un clin d’œil.

- Ça va?

- Oui oui, concentre-toi donc!, répondit son géniteur.

L’Italien boucla magistralement en quatre heures et quarante-cinq minutes les cent quatre-vingt kilomètres du parcours vallonné.

Il arriva dans le parc de transition avec plus de cinq minutes d’avance sur le groupe des poursuivants.

L’Australien Mc Gregor était là. Les autres favoris aussi et le surprenant Aubert accompagné d’une autre figure connue, Vasseur.

Malheureusement pour lui, Guillaume fut victime d’une crevaison dans les dix derniers kilomètres! Il dût réparer seul… ce qui l’empêcha de jouer les premiers rôles dans la course à pied.

La partie pédestre qui suivait consistait en quatre allers-retours au bord de mer.

La ville de Nice tournait rarement le dos à la mer, mais aujourd’hui la plage semblait vide. Le spectacle était sur la promenade des Anglais : plus de soixante mille spectateurs formaient une haie d’honneur ininterrompue.

Hervé alla-t-il enfin s’imposer? Le sourd était en tout cas l’un des plus rapides à pied.

Au premier passage, Bevilacqua était toujours en tête, il résistait et semblait tenir l’allure.

Mais sur un Ironman, rien n’est jamais acquis.

Finalement, l’Italien faiblit après quinze kilomètres. Mais il resta à portée de fusil d’Hervé qui le rejoignit au semi. Les deux hommes coururent épaule contre épaule.

La lutte fut terrible.

Trop pour le Transalpin qui céda au trentième kilomètre, tétanisé par les crampes.

Pour la première fois de sa vie, Hervé mena la course à Nice.

Moment d’intense émotion qui ne dura guère car derrière, un concurrent avalait les kilomètres à toute vitesse.

C’était Mc Gregor. Personne ne put lui résister. Il reprit le sourd et continua sa chevauchée fantastique, tandis qu’Hervé le suivait tant bien que mal.

Le sourd se battait comme un lion.

La course devint admirable.

Encore un demi-tour, c’était le dernier passage.

Qui allait gagner? L’un ou l’autre…?

De fait, le suspense restait total.

A l’approche de la flamme rouge, ils étaient toujours au coude à coude.

L’écran géant diffusa les images de leur dernier kilomètre. Au milieu de la foule bigarrée, Marc, le reporter, les suivit attentivement tout en prenant des notes sur un calepin.

A cinq cents mètres du but, Mc Gregor craqua et laissa partir Hervé qui coupa, les larmes aux yeux, la ligne d’arrivée.

Il était quatorze heures vingt.

Marc Bouleau, légèrement en retrait, observa la scène, impassible. Il attendit un peu de calme pour féliciter le héros.

A trente-neuf ans et après plusieurs tentatives ratées, Hervé Ducasse inscrivit enfin son nom au palmarès.

A cet instant-là, Hervé n’oublia pas de remercier la foule venue en nombre incalculable.

Des encouragements qu’il n’avait pas pu entendre mais qu’il avait ressentis et qui lui faisaient chaud au cœur.

3

Muni de sa carte de presse qu’il portait autour du cou, Marc essaya de s’approcher d’Hervé. Mais le grand vainqueur du jour était assailli par une horde de reporters et de photographes, dont les caméras de Stade 2 et de France 3 Méditerranée.

Par chance, Hervé l’aperçut et lui fit signe de venir vers lui.

- Félicitations, Hervé! fit Marc avec un sourire, tout en agitant haut les mains.

- Merci beaucoup.

Marc et Hervé se connaissaient bien.

Jadis, ils avaient participé ensemble à de nombreuses compétitions de course à pied, de natation ou de triathlon, que Marc avait gagnées la plupart du temps.

Depuis la retraite sportive de Marc, Hervé se sentait un peu seul lors des épreuves de triathlon.

Et il disait souvent : « Avant, je me battais contre lui. Maintenant, je me bats contre moi-même! ».

Cette fois, le visage marqué par les efforts surhumains, il semblait fatigué mais heureux.

Marc faillit lui balancer la mauvaise nouvelle mais se retint à temps.

- Je peux t’interviewer maintenant dans un coin tranquille à l’ombre? demanda-t-il simplement en langue des signes.

- Oui.

Le calepin toujours à la main, Marc commença à lui poser des questions :

- En gagnant ici, tu as accompli le rêve de ta vie?

- Oui. Je la tiens enfin, cette victoire. Je suis vraiment très heureux. C’est un rêve d’enfant qui s’est concrétisé. Je suis soulagé car cela faisait sept ans que je courais après.

Soudain, le visage d’Hervé afficha un grand sourire quand il vit son fils, ruisselant de sueur. Ils s’étreignirent un long moment. Guillaume pressa son visage dans le creux de l’épaule de son père et le serra contre lui.

- Je suis heureux pour toi, papa!

- Merci. Et toi, ça va?

- Ouais…

Quand enfin ils se séparèrent, Hervé se tourna à nouveau vers Marc qui enchaîna l’interview.