Un meurtre, une vie - Collectif - E-Book

Un meurtre, une vie E-Book

Collectif

0,0

Beschreibung

Un roman policier Collectif qui met en lumière les conséquences d'une erreur judiciaire...

Que se passe-t-il dans la tête d’Olivier M. à l’instant où sa vie bascule ? Il se retrouve incarcéré à la prison de Fresnes, coupé des siens, désigné à la vindicte populaire comme un meurtrier sans scrupules. Faut-il chercher la vérité dans ses rapports familiaux conflictuels, ou plutôt dans les tensions politiques auxquelles étaient confrontés ses parents ? Ces derniers avaient publiquement désapprouvé l’arrivée d’une dizaine de migrants en provenance d’Érythrée dans leur commune d’Île-de France lors d’une séance du conseil municipal particulièrement houleuse. Le mécanisme implacable de notre système judiciaire est au cœur de l’intrigue de ce polar.

Découvrez ce roman à dimension sociale; un partenariat Editions Marie B - Samu Social de Paris.


À PROPOS DES AUTEURS

Ce roman est une œuvre collective à dimension sociale, fruit d’un atelier d’écriture organisé par Stéphane Tutiau, animateur au Samu social de Paris. Le récit au style concis et réaliste est l’aboutissement de deux ans d’échanges et de rencontres mensuelles au sein du centre Romain-Rolland de Montrouge.

Hassan, passionné de cuisine et de pâtisserie - Amel, juriste de formation - Nadia, titulaire d'un doctorat en littérature arabe, fait du bénévolat - Nicole, à la retraite, a fait sa carrière comme secrétaire de direction - Giovanni, 26 ans, est passionné d'informatique, il milite activement dans la vie associative - Stéphane, à l'origine de ce projet d'atelier d'écriture est animateur au Samu social Paris depuis 18 ans.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 74

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Couverture

Page de titre

Le présent texte est une œuvre de fiction.

Toute ressemblance avec une ou des personnes existantes ou ayant existé serait purement fortuite…

Toute ressemblance avec des situations existantes ou ayant existé serait pure coïncidence.

AVANT-PROPOS

Il y a six ans, animateur, j’initiais la création d’un atelier d’écriture au sein du centre d’hébergement Romain-Rolland, à Montrouge. Après trois ans d’existence et la production de plus de quatre cents textes, le Samu social de Paris, auquel nous sommes rattachés, avait accepté l’idée d’une autoédition regroupant une sélection.

Il y a maintenant deux ans, dans la continuité de cette réalisation m’est venue l’idée un peu folle de construire un roman collectif.

J’ai proposé un événementiel dans le centre, au cours duquel tous les résidents ont pu transmettre un sujet. S’est ensuivi un grand vote qui a vu le plébiscite du thème suivant : « une erreur judiciaire ».

Cinq participants ont alors décidé de rejoindre le projet sans vraiment savoir où celui-ci nous mènerait.

Une écriture à douze mains, c’est une grande première ! Cela demande beaucoup de rigueur pour ne pas sortir de la route…

Six auteurs qui ont accouché de ce qui me semble être un bel objet : ce roman que nous vous livrons ici, au sujet si dur mais empli d’humanisme.

Stéphane Tutiau

Chapitre I

Ce silence m’est insupportable. Cette nuit qui me recouvre et m’engloutit. Ce silence omniprésent pour seule réponse. Cette nuit au-delà de tout horizon fini qui se termine contre des parois. Je ne sens plus mon corps, je n’arrive plus à m’évader de ce point figé en moi vers lequel je reviens interminablement. Je voudrais hurler, courir jusqu’à perdre haleine et m’effondrer de fatigue à en mourir. On m’a mis à l’isolement pour éviter que je n’attente à ma vie. Je suis un rat piégé qui n’a même pas son reflet pour lui adresser la parole. Les heures n’en finissent pas de s’étirer dans cette chape formelle qui m’ôte la seule délivrance qui pourrait s’offrir à moi : trouver le sommeil. Ce qui s’agite est plus pernicieux, impitoyable, accusateur : je suis plaqué à un matelas moisi, je ne sais plus si j’ai chaud, froid, la terreur me réduit à tourner et retourner sans cesse comme dans la cour de promenade, sauf qu’il n’y a pas de place dans mon esprit pour autre chose que cette projection fixe et cependant informe bien loin d’une pensée construite et que pour tout bleu du ciel, une fenêtre minuscule et barrée laisse entrer un filet de nuit noire.

Au matin, je capitule et sombre dans un sommeil terrible : pour ne parvenir qu’à me réveiller en sursaut, hanté, maudit, sans qu’aucune rémission ne puisse m’apporter de répit. L’ouverture de la porte est étrangement la meilleure chose qui m’arrive et même la voix respectueuse et monocorde du gardien est un évènement salutaire dans ma supplication permanente : un humain m’adresse la parole et semble ne pas me juger pour au contraire faire preuve de bienveillance dans l’exercice de ses fonctions. Il m’invite à essayer d’avaler quelque chose, il me donne comme perspective d’aller m’emplir les poumons dans la cour, de me détendre sous une douche réparatrice. Je m’exécute, comme un enfant malhabile qu’il faut tenir par la main. Tête basse, je dois avoir le regard d’un chien désespéré qu’on aurait soumis à des privations. Le gardien s’en rend évidemment compte ; je ne suis pas le premier gars dont il a la charge. Il sait aussi que je me trouve au fond d’un entonnoir et que sans épaulement c’est dans le siphon que je finirai. Il me passe la main sur l’épaule, un geste qui signifie que s’il n’est pas Jésus, il serait un moins que rien s’il ne faisait preuve d’un minimum de compassion. Que peut-il bien se dire à ce moment précis ? Constate-t-il dans mon regard l’impossibilité de passer à l’acte ou en bon professionnel, arrive-t-il à faire abstraction de l’horreur pour éviter de me juger ? Un citoyen lambda qui a toute sa présence d’esprit ne trahit-il pas à travers son regard la culpabilité ou ne sue-t-il pas l’innocence ?

Respirer l’air du Printemps me donne un peu de réconfort, c’est humain, même chez les monstres. L’eau chaude m’a lavé de la crasse épaisse agrippée à moi comme une seconde enveloppe nauséabonde. Le Soleil monte haut dans le ciel, comment croire que l’enfer peut s’insinuer dans une si belle saison ? Et pourtant, la guerre n’existe-t-elle pas quand le temps est radieux ?

De retour dans ma cellule (c’est le principe de tout acte à expier) le jour filtre et je suis là assis comme un paquet inerte sur mon lit en attendant un hypothétique évènement. Vide de toute substance, il me reste encore une décharge lacrymale à expédier pour peser moins lourd. Je chiale comme un moribond peut chialer toutes les larmes de son corps. Je libère en détention des râles qui sont les premiers sons que j’émets depuis mon arrivée ici.

Enfin, qui peut dire au bout de combien d’heures mon « geôlier » se manifeste et m’annonce la visite de mon avocat. Lui, je le connais, dans ma vie d’avant il défendait déjà mes intérêts, bien qu’à part des conflits de voisinage… Ah, non, c’est vrai, il ne fait pas de pénal et m’a conseillé un cabinet taillé sur mesure… Alors, allons faire connaissance avec mon chevalier servant, celui qui sauvera ma tête du billot de la Justice.

Maître Renam est un avocat confirmé dans les affaires telles que la mienne : il m’assure qu’il mettra tout en œuvre pour me représenter mais je ne l’écoute que de loin comme une rumeur qui me parviendrait en écho… Comme je ne suis pas trop idiot, je pourrais prononcer ses mots à sa place. Il est très surpris d’apprendre que je n’espère rien du tout, que j’ai tout perdu et que je ne le retrouverai jamais… Du ton détaché avec lequel j’affirme cela… Qu’il y avait ma vie d’homme ordinaire pas si banale et que ma situation est bien trop inextricable pour la défaire. Il prétend qu’il croit en moi, comme si j’étais le fils prodigue, qu’il n’a jamais rencontré à ce jour de client qui mentirait aussi bien, que confronté à ma personne, on ressent même que respire l’honnêteté. Pense-t-il vraiment ce qu’il affirme, je l’ignore et je m’en contrefiche, dans un quelconque sursaut de survie j’ai décidé de suivre les recommandations de mon ancien avocat… Je dis « ancien » car nous ne sommes pas près de nous revoir… Je prends la parole et lui rétorque que j’ai fait une erreur en lui demandant de me représenter, que je lui paierai comme il se doit les honoraires auxquels il peut prétendre puisque mon compte en banque me le permet. Celui de la Banque de France, on ne garde pas les gens louches sur un compte classique… Il insiste en m’assurant qu’il refuserait l’affaire s’il n’était pas persuadé de mon innocence… Il enrobe son argumentation par le bruit qu’il va faire dans les médias, puisque je suis l’ennemi public à abattre, un salopard de première… Je réitère ma demande : qu’il abandonne ses efforts, inutiles à mes yeux car je suis résigné à attendre la sanction… Je ne crois plus en mon destin… À la justice des hommes… À un miracle divin… À une main secourable qui me tirera de ma fange… Je ne crois plus en l’Amour… Plus en l’humanisme, plus en tous ceux qui m’ont tourné le dos et qui continueront de se regarder dans la glace sans culpabiliser… Qui hier me disaient « je t’aime », « tu es un mec bien », « quelqu’un qui sort de l’ordinaire »… Surtout, qu’on me foute la paix avec une histoire de « karma » ou d’épreuve sur le chemin de la vie…

J’AI 34 ANS ET L’ON ME SUSPECTE D’AVOIR POIGNARDÉ MES DEUX PARENTS SOUS LE COUP DE LA COLÈRE LORS D’UN REPAS DE FAMILLE… LA DRPJ EST CATÉGORIQUE : TOUTES LES PREUVES SONT CONTRE MOI ET DE TOUTE FAÇON, L’ENQUÊTE A MONTRÉ QUE J’ÉTAIS EN GRAVE CONFLIT AVEC EUX… QUE JE FEINS TRÈS BIEN LE DEUIL ALORS QUE JE NE MONTRE AUCUNE ÉMOTION POUR QUELQU’UN DE DÉVASTÉ… QU’ILS NE VONT PAS ME LOUPER… DEUX PARENTS QUI SE SONT SACRIFIÉS POUR MON ÉDUCATION… ALLEZ, AVOUE LE PARRICIDE, LIBÈRE TA CONSCIENCE, COMMENT VAS-TU VIVRE AVEC ÇA ?

Chapitre II