Une promenade de santé… - Marc Vincent - E-Book

Une promenade de santé… E-Book

Marc Vincent

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Beschreibung

Expliquer n’a jamais été le point fort du corps médical, trop souvent retranché derrière un vocabulaire hermétique. Cependant le changement de paradigme est en cours. Profitez de cet élan pour redevenir dépositaire de votre santé plutôt que « pris en charge » par les sachants médicaux. L’auteur vous invite à tisser les liens entre des savoirs sans cesse émergents et la compréhension de notre système humain. À contre-courant des dogmes, des modes, des réponses symptomatiques… venez… Il vous convie à une promenade de santé.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Marc Vincent est ostéopathe et formateur à Montpellier. La passation de savoirs est une deuxième nature qui se loge entre la course à pied, les abeilles, l’écosystème, la glisse et les lectures… Des années de pratique dans les soins et l’enseignement lui donnent envie de partager un florilège d’explications sur « la santé ». L’écriture s’impose comme un pied de nez à sa dysorthographie.

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Marc Vincent

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une promenade de santé…

Essai

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Marc Vincent

ISBN : 979-10-377-6729-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

1

Introduction

 

 

 

Au fil des pages, nous allons tenter de découvrir et comprendre notre corps, son fonctionnement, ses qualités mais aussi ses travers.

Pour cela, nous essayerons de nous dégager d’un regard anthropo-centré et, à l’instar de Galilée, tenterons d’appréhender notre corps comme une structure en mouvement dans un environnement lui aussi en mouvement.

Nous tenterons de ne pas succomber à la facilité en nous jetant tête baissée dans des raccourcis trop faciles entre causes et effets.

Nous appréhenderons le fonctionnement chaotique de l’humain dans un monde tout aussi chaotique où l’imprévisible est la règle et où la certitude, le prévisible, sont les exceptions.

Mon souhait, le plus cher, serait que ces quelques lignes permettent à chacun de se connaître, se reconnaître, se repérer dans la diversité des typologies, que chacun prenne conscience de sa place dans son monde et dans le Monde.

Nous avons des bases, des fondements communs, mais notre individualité fait notre singularité.

Il est donc temps de comprendre l’humain générique et à partir de là… se comprendre.

Alors, bienvenue dans une promenade de santé…

 

 

 

 

 

2

« Fumer tue »… Non ? Sans blague ?

 

 

 

L’injonction est toujours stérile.

Nous devrions pourtant l’avoir bien compris. Même les non-fumeurs savent à quoi ressemble un paquet de cigarettes aujourd’hui en France. De quelles horreurs, il se fait le support. De plus, compte tenu des campagnes d’information sur la toxicité du tabac, comment expliquer que les fumeurs n’arrêtent pas plus massivement leur consommation ? La dépendance nicotinique ? certes, mais cela ne suffit pas ! De nombreux chercheurs et penseurs proposent depuis longtemps des modèles éducatifs qui peuvent réellement infléchir les comportements12. Ces modèles éducatifs passent invariablement par une éducation et non une injonction. Ainsi, comme le suggérait Spinoza : Comprendre est le commencement d’approuver.

C’est dans cet esprit que je souhaitais aborder quelques thèmes qui reviennent en boucle lorsque la personne (corps et âme) est en souffrance.

 

Commençons sur le champ cet exercice de compréhension. Quelques-uns de mes patients m’ayant déclaré avoir arrêté de fumer à la suite d’un échange sur ce qui fait la toxicité du tabac, pourquoi ne pas commencer par-là ?

 

Le tabac est universellement reconnu comme un facteur de risque majeur dans la survenue d’Accidents Vasculaires Cérébraux (AVC) et d’Infarctus du Myocarde (IDM). Ces deux grandes familles d’accidentologie vasculaire trouvent leur source le plus souvent dans la présence puis la migration de plaques d’athérome au sein de notre « tuyauterie » artérielle.

La plaque d’athérome est en fait une blessure de la paroi interne de l’artère, comme une « croute » qui se constitue après que nous nous soyons égratignés par exemple. Or, quel est l’élément le plus susceptible de blesser nos parois artérielles ? Le Monoxyde de Carbone (CO)3. Ce Monoxyde de Carbone est dégagé lors d’une combustion incomplète. Il est malheureusement tristement célèbre chaque hiver, lorsque des familles entières parfois succombent dans leur sommeil, intoxiquées, asphyxiées par ce gaz mortel. Dans ces cas malheureux, c’est la qualité asphyxiante du CO qui est en cause.

Le CO se fixe irrémédiablement sur l’hémoglobine qui ne peut plus alors recevoir l’oxygène. La personne décède par anoxie, c’est-à-dire avec un sang totalement privé d’oxygène.

Mais revenons à notre fumeur… Il n’est pas en anoxie totale lui, il a simplement une capacité altérée à fixer l’oxygène, mais il se trouve que le monoxyde de carbone présente une toxicité supplémentaire ! Il a une fâcheuse propension à balafrer l’intérieur des artères et à créer ainsi des cicatrices, constituant potentiellement, chacune, autant de plaques d’athérome.

Parmi tous les toxiques de la cigarette, le CO occupe donc une des premières si ce n’est la première place.

Cette mise au point étant faite, analysons maintenant cette fausse bonne idée qui consiste à augmenter considérablement le prix du tabac et « inciter » à passer aux cigarettes roulées puisque, de l’avis de tous : « on en fume moins » !

L’augmentation rapide du prix du tabac a logiquement conduit à une augmentation de 20 % des ventes de tabac à rouler, a priori moins onéreux à consommation égale. Sur la même période de 2009 à 2013, la vente globale de tabac, sous toutes ses formes (à rouler compris), baissait de 10 %4.

Les utilisateurs le savent, la cigarette manufacturée a l’inconvénient de se consumer seule dans le cendrier si on l’y abandonne. La cigarette roulée quant à elle devra être rallumée si on ne « tire » pas dessus. La combustion est bien plus incomplète dans le cas du tabac à rouler.

Dit autrement, la cigarette roulée se trouve de facto bien plus toxique du point de vue du monoxyde de carbone que la cigarette manufacturée. Ne nous réjouissons donc pas trop vite de la baisse globale de vente du tabac si, dans le même temps, le mode de consommation devient plus nocif !

Peut-être qu’avec le recul nécessaire aux statistiques, constaterons-nous que la prévalence des maladies cardio-vasculaires n’a pas accompagné la baisse globale de la quantité de tabac consommée.

Tout comme nous constatons déjà qu’une consommation qui se féminise de plus en plus ramène les femmes sur un pied d’égalité avec les hommes du point de vue de ces maladies.

Alors, sans attendre les statistiques pourquoi ne pas expliquer, éduquer chacune et chacun sur ce qui se trame en aval de la « taf » : les différences entre la cigarette manufacturée et l’artisanale qui, contre intuitivement peut être, est, c’est sûr, bien plus toxique ?!

 

 

 

 

 

3

Allopathie et Ostéopathie…

 

 

 

Il est des praticiens, déclarés Ostéopathes, qui se centrent sur la description symptomatique que leur fait le patient et exécutent des techniques réputées « Ostéopathiques ».

On a donc souvent ce genre de dialogues :

« j’ai mal au dos »… « Je vais vous remettre la vertèbre en place ».

« Mon genou me fait souffrir »… « on va manipuler les ménisques (du genou bien sûr) ».

« J’ai de l’acidité gastrique »… « c’est l’estomac qui ferme mal ».

« j’ai des migraines atroces »… « on va s’occuper des os du crâne »… etc.

 

Ils ne se soucient pas du pourquoi du symptôme. Toute l’attention du praticien s’engouffre dans le symptôme du patient et même si la plaque du praticien spécifie bien « Ostéopathe D.O », il reste assujetti à un mode de pensée occidentale moderne, où on s’attaque à l’expression du mal mais, pas nécessairement, à sa racine. Le patient a mal au niveau de la 6e vertèbre thoracique ? … Qu’à cela ne tienne… « l’Ostéopathe » manipule ladite vertèbre ! Malheureusement encore aujourd’hui, pour beaucoup l’Ostéopathie c’est ça : faire craquer la vertèbre là où ça fait mal !

 

Il est des médecins, non formés à l’ostéopathie, qui, face à une plainte de leur patient, prennent la peine et le temps de déployer un arsenal investigatoire allant de l’interrogatoire à l’imagerie moderne en passant par des tests cliniques, palpatoires.

Ils ne se contentent pas de donner un anti-inflammatoire si inflammation il y a, un anti acide (IPP) si vous avez des acidités gastriques, un anti dépresseur ou encore un antalgique pour soulager le symptôme. Ils vont plus loin, ils « voyagent » ainsi dans la globalité de leur patient, armés de leurs connaissances et de leurs capacités de réflexion.

 

Ce qui me paraît fondamental, n’est pas tant le titre affiché par le professionnel de santé, que son choix philosophique dans sa façon de pratiquer. Quelle est l’envie de comprendre, décrypter ce qui se joue lorsqu’une personne est en souffrance ? Qu’est-ce qui l’a conduite et l’entretient dans la maladie ? Qu’est ce qui pourrait freiner ou empêcher la naturelle cicatrisation ou régénération automatique à la suite d’un traumatisme ?

Ce mode de pensée n’est donc sûrement pas l’apanage de l’Ostéopathie. Mais pour ma part, c’est dans un premier temps l’Ergonomie, puis l’Ostéopathie, à travers mes formations puis une pratique quotidienne qui m’ont permis d’embrasser définitivement cet angle d’attaque, cette façon d’être face à mon patient et cette façon de l’aider dans son processus de résilience.

 

Il est, je crois, autant de praticiens formés à l’ostéopathie qui n’en font pas que de médecins non-Ostéopathe, qui à l’instar de Monsieur Jourdain avec sa prose, en font sans le savoir…

 

Ce préambule introduit la notion de diagnostic dont nous allons reparler, qui semble avoir été dévoyée depuis l’avènement de la réponse symptomatique directe. Ce mode de raisonnement, amené et entretenu par l’industrie pharmaceutique, propose une réponse immédiate : un symptôme un remède. Mais alors… qui se soucie de l’articulation de plusieurs symptômes entre eux ? Une réponse analytique, systématique, à chaque symptôme n’a pas la même efficacité ni la même toxicité qu’une réponse systémique où on cherche l’origine, l’intelligibilité de la cohorte symptomatique que présente un individu dans sa singularité.

Trop de personnes cumulent encore de grandes quantités de médications. Chaque spécialiste y va de sa recette, du point de vue de sa lorgnette. La personne n’est plus une entité, mais un système circulatoire (et encore… artériel) pour le cardiologue, qui laisse les veines au Phlébologue, le Poumon au Pneumologue. Notre amas d’os articulés va au Rhumatologue ; une énigme hormonale ? C’est pour l’Endocrinologue… la liste serait longue. Toutes ces spécialités sont autant de fleurons, de trésors de connaissances dans la compréhension de l’homme et c’est un progrès fantastique qui nous accompagne depuis près d’un siècle. Mais n’avons-nous pas laissé sur le chemin celui qui devrait être le grand organisateur, celui qui devrait coordonner et avoir « le dernier mot », celui que Joël de Rosnay appellerait le pilote du Macroscope5 : le médecin généraliste. Avec sa consultation à 25 €, il se voit légitimement contraint de multiplier les actes pour vivre dignement de son travail après un Bac + 9 !

 

Ce modèle, appliqué à la santé, ne serait-il pas à l’œuvre dans tous les domaines de la vie ? Nous vivons l’époque de l’instantanéité sans vouloir comprendre que le long terme et le court terme ne sont pas antinomiques, mais pourraient se compléter généreusement.

 

Jadis, dans les campagnes françaises, il était de règle pour une jeune couple de mariés, de prendre 15 jours de « vacances »… Rien a changé me diriez-vous… ?

Un détail tout de même… ces vacances étaient alors consacrées à la plantation d’une parcelle de forêt, matière première des générations futures.

Cette forêt, plantée par les jeunes mariés servirait 2 à 3 générations plus tard pour la construction et le chauffage des petits voire arrières petits-enfants.

Aujourd’hui, cette coutume semble totalement perdue, car ô combien décalée, dans le monde de l’instantanéité qui est le nôtre ! C’était pourtant il y a moins d’un siècle…

 

 

 

 

 

4

L’humain et le quantique

 

 

 

Un processus est chaotique lorsque son aboutissement à long terme ne peut être prévu, quelle que soit la précision, nécessairement limitée, de la connaissance de l’état initial6.

 

Comment ne pas faire nôtre, pour nous, praticiens ostéopathes, cette définition du « chaos », applicable à l’homme en général, l’homme dans ses rapports avec son environnement, l’homme dans tous ses états, sa santé en particulier ?

Le principe même de la médecine allopathique qui s’attache bien souvent à traiter le symptôme (parfois sans en connaître la cause première) peut s’assimiler à la philosophie déterministe causale développée par Laplace7, juste avant le renouvellement de la pensée physique proposée au vingtième siècle par la théorie quantique.

Ce premier modèle en « science physique » reste bien sûr fort intéressant et même indispensable puisque cette systématique nous a permis, en biologie, d’accéder à l’anatomie tout d’abord, mais aussi la physiologie, l’embryologie, etc. autant de disciplines fondamentales qui sont à la base de notre art ostéopathique.

Cependant, dès que l’on touche à la « pathologie », le modèle de la description systématique perd de sa superbe, d’autant plus que l’on garde en point de mire le but ultime : soulager, voire guérir (l’aider à recouvrer son état de santé) le patient.

Que dire a fortiori de la capacité de ce modèle à nous aider dans une optique de prévention ?

Comment être capable de prévenir alors qu’il faut que le symptôme apparaisse pour proposer une action « correctrice » ? Ne faudrait-il pas plutôt éduquer le thérapeute à une réelle démarche diagnostique telle qu’évoqué un peu plus loin (0), de prévention et non de constatation ?

Prenons un exemple. Sous le terme générique d’Épicondylalgie (le fameux tennis-elbow), proposé par la classification des pathologies, nous autres, ostéopathes, savons bien que l’origine, et donc la résolution de ce problème, peut aussi bien avoir un point de départ ostéo-articulaire (malposition de la tête radiale), musculaire (dys-synergie des groupes fléchisseurs et extenseurs du carpe), ligamentaire (mise en tension du Ligament Latéral Externe), neuro-dystrophique (via des atteintes nerveuses neurovégétatives, centrales et/ou périphériques), etc. Sans oublier, bien sûr, qu’il s’agit le plus souvent d’un savant mélange de toutes ces étiologies possibles, elles-mêmes souvent découlant d’autres dysfonctions à distance !

 

Sachant cela, il faut bien se rendre à l’évidence, face à une telle complexité, un « chaos » au sens défini par Albert Jacquard, la seule connaissance de l’homme et de son fonctionnement, si parfaite soit-elle, ne peut suffire à embrasser tous les cas de figure possibles.

 

Quel meilleur « système » alors, que l’homme lui-même, avec sa complexité propre, mais surtout avec ses facultés d’intégration et sa capacité à développer des heuristiques, serait en mesure d’appréhender le plus totalement possible les « dysfonctionnements » de l’un de ses semblables ?

 

Voilà pourquoi, l’Ostéopathe choisit sa main, qui, parfois de façon apparemment subjective, et évidemment, pour une part inconsciente, le guide dans son cheminement diagnostique, et donne ainsi un point de départ pour démêler l’écheveau lésionnel du patient.

Il n’y a rien à cela de magique, ésotérique, ou encore surnaturel ; il suffit parfois de faire confiance à sa perception, à ses intuitions pour pouvoir se déplacer au sein de l’ensemble ouvert et non borné qu’est l’homme… en l’occurrence, notre patient.

Aujourd’hui encore, bon nombre de fonctionnements de la « machinerie » humaine restent inexplorés et hors de portée, notamment dans le domaine des neurosciences, mais pourquoi se refuser aujourd’hui le droit d’agir dans un ensemble que l’on ne maîtrise pas entièrement ? N’oublions pas tout de même que la science est née de cet empirisme et que c’est ainsi que bon nombre de pans de connaissances se sont révélés à nous avec les progrès que l’on sait.

 

Un nouveau paradigme biologique est en train de voir le jour avec l’avènement de nouvelles théories évolutionnistes, ni néo-darwiniennes, ni lamarckiennes, où est largement intégré maintenant le volet épigénétique8.

Bien que cet accouchement se fasse parfois dans la douleur pour des chercheurs et des chercheuses qui s’aventurent hors du « mainstream », il est intéressant pour nous de lire et sans doute de rattacher notre expérience aux théories anthropologiques du développement crânio-facial. (cf. Anne Dambricourt9)

Il est en effet stupéfiant de lire certains auteurs, qui, sans jamais parler d’ostéopathie, amènent de l’eau à notre moulin quand il s’agit de comprendre la « dynamique » crânienne.

 

Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas, il existe, dans un compartiment de notre boîte à outils d’ostéopathe, des principes et des outils, que l’on nomme thérapie Crânio Sacrée. Cette partie de l’ostéopathie s’appuie sur la perception d’une « double balançoire ». Une première, dont le plateau serait le Sacrum, et l’autre, la base du crâne : l’Occiput.

Même si la théorie paraît farfelue, force est de constater que pour peu qu’on s’y attarde et qu’on focalise ses mains sur le bon niveau de perception… ça balance pas mal ! Pour ma part, la découverte fut loin d’être instantanée et il fallut trois années laborieuses de pratique pour arriver à me mettre en phase avec ces « balançoires ». Ce qui m’a aidé à accepter cette perception et ne pas la refouler comme une hallucination auto induite, c’est le parallèle que j’ai pu faire à cette époque avec les images stéréoscopiques.

Bien que passées de mode, certains d’entre vous se rappellent sans doute ces images. Il s’agit d’une feuille que l’on vous présente et où on ne voit objectivement que des points de couleurs mais absolument aucune image, du moins en première intention, en première attention ! Généralement, un initié vous dit « mais si regarde mieux, tu vas voir des dauphins en relief ». Incrédule dans un premier temps on cherche à la fois à faire plaisir et dans le même temps la curiosité nous pousse à essayer de changer de point de vue, c’est littéralement le terme. Au bout de quelques contorsions oculo-cérébrales, on perçoit d’abord une profondeur de champ. Première victoire ! Puis les contours, généralement par bribes… jusqu’à ce qu’enfin, les dauphins vous apparaissent… en 3D !

Rien de miraculeux, ésotérique ou fantastique puisque n’importe quelle personne initiée verra les mêmes dauphins !

Il est donc toujours passionnant de corréler cette pratique ostéopathique « crâniosacrée », qui disons-le n’a pas toujours bonne presse, avec des découvertes « fondamentales » qui personnellement me conforte dans ma pratique et m’aide à comprendre une partie du « perçu ».

Normalement, un ostéopathe sait très bien que l’humain ne peut pas rentrer dans un modèle mathématique. Il doit sans cesse s’attacher à maîtriser et enrichir ses connaissances dans les disciplines fondamentales, mais il doit, avec la même ardeur, pratiquer et pratiquer sans cesse pour que sa main devienne experte tout en restant indépendante et devienne également la plus sûre possible.

 

 

 

 

 

5

Changeons de paradigme…

Mais attention au tournant !

 

 

 

Prenons garde aux marchands de compléments vantant les mérites de telle ou telle substance, qui, sous le couvert d’être « naturelle » est forcément sans danger et bonne pour la santé… !

 

Ces marchands (avant d’être des thérapeutes) s’appuient le plus souvent sur des allégations à « l’emporte-pièce » du genre : « le lait de vache est mauvais pour la santé » ou « les statines sont dangereuses et inefficaces contre le cholestérol… prenez donc de la levure de riz rouge »… Il se trouve que les levures de riz rouge sont certes naturelles mais contiennent elles-mêmes… des Statines : la Monacoline10… !

Pour ce qui est du lait de vache, nous y reviendrons plus loin.

 

Parfois, viennent à l’appui des études dites « scientifiques » pour corroborer ces allégations.

Mais, avons-nous la mémoire si courte ? Quelle était, quelle est, la façon de faire des grands laboratoires de l’industrie pharmaceutique « classique » ?

 

Première phase

 : diligenter des études « sponsorisées » par le labo, qui, forcément, démontrent l’innocuité et la grande efficacité de leurs produits.

Deuxième phase

 : orchestrer une campagne d’information, ou devrait-on dire de publicité, auprès des professionnels de santé et du grand public.

Phase de fond

, visant à balayer toute interrogation ou objection relative à leurs produits, par un lobbying puissant. Lorsque de rares études publiques indépendantes remettent en question certains produits, les industriels organisent des campagnes de dénigrement systématique afin de saper le plus en amont possible tout mouvement contestataire.

 

À notre époque, avec la montée en puissance de la « santé naturelle », j’ai la désagréable sensation que la démarche commerciale est strictement la même. Elle est simplement recyclée. Les mêmes acteurs promeuvent désormais avec les mêmes techniques, des produits « naturels », là où jadis, ils vantaient les produits « chimiques » conspués, légitimement d’ailleurs, aujourd’hui.

Les modes et les consommateurs passent, mais les techniques commerciales, et le plus souvent les acteurs, restent. L’éthique, la réflexion, la compréhension n’ont pas leur place, seul compte le sacro-saint chiffre d’affaires, et peu importe si c’est « chimique » ou « naturel »… du moment que ça se vend bien. Belle démonstration, s’il en est, de ce que le dogmatisme s’accommode assez bien du cynisme.

Plus inquiétant encore, les canaux de communication passent désormais par la montagne des réseaux sociaux. Or, on peut s’alarmer du danger que représentent de tels modes de « communication » : ils n’ont rien de pluriels et encore moins d’objectifs.

On peut se réjouir cependant, d’observer qu’il n’a jamais été aussi facile grâce à ces multiples canaux, de fédérer des personnes autour de projets, autour de pensées pour le meilleur… mais aussi pour le pire.

Serions-nous donc « échec et mat » ? D’un côté, prolifération de fausses informations qui pourraient être orchestrées par une poignée de « puissants » ; de l’autre côté, renforcement de la protection des secrets industriels et lutte contre les « fake news ».

L’heure est plus que jamais venue de cultiver nos esprits critiques, nos capacités à réfléchir, comprendre, analyser et décider réellement de nos comportements. Comme le suggère Edgard Morin11 il est urgent d’enseigner à vivre dans ce monde moderne si différent de celui d’il n’y a même pas 50 ans.

 

L’échelle de notre santé n’est pas si différente de celle de la Santé du monde.

Il s’agit de prendre conscience pour agir sur soi… comme sur le monde.

 

Les algorithmes, qui gèrent ce qui nous est donné à voir sur la toile, nous embrigadent dans la pensée unique. Avons-nous seulement conscience de l’avant-gardisme de Georges Orwell12 ?

Cherchez par exemple une seule fois des huiles essentielles via ces moteurs de recherches hégémoniques. Quel « miracle » : ces algorithmes vous proposeront dorénavant tout ce qui tourne autour des huiles essentielles. En d’autres termes, une fois qu’on a mis un doigt dans cet engrenage, il est difficile de s’en extraire.

Peut-être vous est-il arrivé la même mésaventure que des milliers d’utilisateurs de tels moteurs : madame cherche une idée de petite escapade d’un week-end à deux, afin de faire une surprise… et monsieur dans sa recherche d’un nouveau matelas sur le même ordinateur verra apparaître pléthore de séjours à Venise ou autres… adieu les surprises ! Venise pour l’un et matelas pour l’autre… je vous laisse juge des surprises respectives.

 

Il est d’autant plus difficile de percevoir cet insidieux « guidage » que nous avons réellement l’impression de tenir les connaissances du monde dans nos smartphones.

Ceci reste pourtant possible, mais à une condition. Que chacune de nos recherches soit « privée », c’est-à-dire qu’aucun robot ne puisse remonter à votre requête sur les huiles essentielles. Dans le cas contraire, vous risquez d’être étiqueté « huile essentielle », quelles que soient vos recherches futures.

Adieu l’ouverture d’esprit et la diversité qui plane désormais comme un mirage sur le web.

De tels moteurs existent ; mais acceptons-nous maintenant de payer ne serait-ce qu’une modique somme pour conserver notre liberté de pensée ? C’est à chacun d’en juger, mais en toute conscience.

 

Non, je ne me laisse pas aller à la théorie du complot, ce sont de simples constatations, observables par tous. Plus que jamais, sans tomber dans la paranoïa et encore moins le repli sur soi, le corporatisme, il est temps de garder l’esprit ouvert, d’aérer nos neurones et simplement développer un esprit critique bienveillant et constructif.

 

Mais revenons au tournant « naturel » que nous sommes en train de prendre.

Prenons en exemple donc, une publicité reçue il y a quelque temps via ma boîte mail :

« Formule Minceur » :

– Le thé vert agit spécifiquement sur le surpoids abdominal ;
– La Capsaïcine accélère votre métabolisme ;
– La caféine stimule la combustion des graisses ;
– La Fucoxanthineaugmente votre dépense énergétique.

Avec, à chaque fois des études pour montrer le bien-fondé « scientifique » de ces informations.

– Attention toutefois à ne pas sortir les études référencées de leur contexte.
– Attention également de ne pas s’appuyer sur une seule étude ou même quelques études univoques.
– Attention à ne pas amalgamer, cumuler des ingrédients dont on ne sait rien de la synergie d’utilisation. L’effet cocktail, bien réel, que les mêmes personnes brandissent lorsqu’il s’agit de l’exposition aux pesticides, doit nous interroger de la même façon sur les mélanges de substances naturelles.

Une fois de plus, arrêtons de penser que si c’est « naturel », c’est sans danger… je pense que Socrate, qui a fait la triste expérience de consommer un « jus de légumes » à base de Ciguë, ne nous démentirait pas ?!

– Attention de ne pas perdre de vue que chaque personne est unique dans sa dimension physique, psychique, métabolique, génétique, microbiotique… et j’oublie d’autres « ique ». Et, par conséquent, ce qui a tel effet sur telle personne peut avoir une tout autre action sur telle autre.

 

Je pense que les erreurs passées nous ont enseigné qu’il vaut mieux comprendre, déchiffrer, décrypter sa Santé pour savoir ainsi la cultiver.

Les plus anciens se rappellent peut-être que la cigarette a même été recommandée par les médecins… jusque dans les années 60 !

Le changement de paradigme que j’appelle, que j’attends et que j’espère toujours, est le passage d’un dogme allopathique au dogme de la compréhension de l’individu et des besoins qui lui sont propres. Par pitié, ne succombons pas non plus au dogme du « tout nature », sans danger et omnipotent.

 

Dans ces quelques pages, nous allons essayer d’apporter la contradiction, la compréhension ; la culture du doute mais une critique constructive dont on ne devrait jamais se départir.

 

Le tableau suivant proposé par Joël de Rosnay13 il y a plus de 40 ans résume bien deux approches qu’il défendait déjà à l’époque comme complémentaires.

Il faut bien reconnaître que l’une d’entre elles fût hégémonique durant ces 40 dernières années ! Regardons ensemble si cela nous semble avoir évolué.

 

 

 

 

Approche analytique

Approche systémique

Isole : Se concentre sur les éléments

Relie : Se concentre sur les interactions entre les éléments

Considère la nature des interactions

Considère les effets des interactions

S’appuie sur la précision des détails

S’appuie sur la perception globale

Modifie une variable à la fois

Modifie des groupes de variables simultanément

Indépendante de la durée : les phénomènes considérés sont réversibles

Intègre la durée et l’irréversibilité

La validation des faits se réalise par la preuve expérimentale dans le cadre d’une théorie.

La validation des faits se réalise par comparaison du fonctionnement du modèle avec la réalité

Modèles précis et détaillés, mais difficilement utilisables dans l’action (exemple : modèles économétriques)

Modèles insuffisamment rigoureux pour servir de base aux connaissances, mais utilisables dans la décision et l’action (exemple : modèles du Club de Rome)

Approche efficace lorsque les interactions sont linéaires et faibles

Approche efficace lorsque les interactions sont non linéaires et fortes

Conduit à un enseignement par discipline (juxta-disciplinaire)

Conduit à un enseignement pluridisciplinaire

Conduit à une action programmée dans son détail

Conduit à une action par objectifs

Connaissance des détails, buts mal définis

Connaissance des buts, détails flous.

 

« Sans être exhaustif, ce tableau a l’avantage de situer deux approches complémentaires (approche analytique et approche systémique), mais dont l’une (approche analytique) a été favorisée de manière presque disproportionnée dans tout notre enseignement. » Joël de Rosnay, Le Macroscope : vers une vision globale (Paris, France : Éditions du Seuil, 1975).

 

De nos jours, notre représentation du monde va plus dans le sens d’une connaissance et d’une compréhension quasi totale de son fonctionnement. Notre environnement, les progrès colossaux que nous avons vécus et vivons encore notamment dans le domaine du multimédia nous poussent insidieusement à penser que notre connaissance est maximale. Que cette fois-ci « ça y est », on sait, et comprend l’immense majorité des tenants et des aboutissants de notre vie. Effectivement, il est difficile de résister à cette impression tant il est aisé pour n’importe qui, en une fraction de flux de kilobits, d’accéder à l’encyclopédie du monde.

C’est oublier que cette encyclopédie reste alimentée par les connaissances amassées par certains spécialistes et que dès lors, certes l’accessibilité aux connaissances a exponentiellement explosé, mais les connaissances produites, elles, n’ont pas pu suivre au même rythme !

Il s’agit là certainement d’un premier leurre. Mais le second est bien plus inquiétant encore.

 

Richard Buckminster Fuller (1895-1983), promoteur de la tenségrité et génie moderne très en avance sur son temps, appliquait à sa vie son concept le « lifelog ».

Ceci consistait à enregistrer et archiver toutes les informations de sa vie.

Textes, informations visuelles, enregistrements audio, activité média, données biologiques provenant de capteurs sur le corps14.

À cette époque (1945), les moyens d’enregistrement média et stockage n’étaient pas les mêmes. Photos argentiques rares, enregistrements audio exceptionnels, données corporelles basiques… et pourtant ses propres archives correspondent à un rayonnage de plus de 8 km ! Imaginez si aujourd’hui nous devions archiver « en dur » l’équivalent d’une vie avec toutes les capacités d’enregistrement que nous avons ?

On comprend aisément que la quantité de traces numériques que nous laissons tous les jours est simplement ahurissante. Je ne parle pas simplement de nos « navigations » sur la toile, il y a aussi les achats carte bleue, et même la trace GPS !

Nous l’avons vu plus haut avec les moteurs de recherches qui nous proposent des résultats en adéquation avec nos recherches passées. N’avez-vous pas remarqué que certaines applications GPS de smartphone vous proposent automatiquement votre trajet le jour et l’heure où vous avez l’habitude de le faire ? Cette proposition peut paraître géniale et confortable au premier abord mais devient inquiétante si on y regarde de plus près ! George Orwell était donc bien en deçà de ce qui fait notre quotidien.

Beaucoup d’investissements sont faits aujourd’hui dans ce que l’on appelle le « big data ». Le concept est simple et s’appuie sur la phénoménale capacité de calcul grâce à l’augmentation de la vitesse des processeurs, et la colossale capacité de stockage en termes de mémoire.

Il n’y a donc plus qu’à stocker toutes les traces binaires que nous laissons.

La seconde partie de ce « concept » consiste à développer des algorithmes susceptibles de faire émerger de ces données des courants des tendances, des intentions.

En parallèle se développe aussi « l’intelligence artificielle » à une vitesse phénoménale puisqu’un « programme » a battu en mars 2016 le champion de monde du jeu de Go, pourtant réputé être le dernier bastion à résister aux algorithmes… les irréductibles Gaulois sont bel et bien définitivement vaincus.

Imaginons maintenant que « l’intelligence artificielle » soit adossée aux « big data ». Certes, la perspective paraît séduisante et même rassurante face à la montée du terrorisme mondial par exemple, mais qu’en est-il de l’inventivité, de l’intuition humaine, de la capacité propre de notre cerveau à faire des « ponts » entre diverses disciplines, de sa capacité à déployer des heuristiques et ainsi découvrir peut-être des pans entiers du puzzle infini de la vie et de l’univers.

 

Ce qui se passe déjà à l’échelle de nos ordinateurs comme nous l’avons évoqué plus haut, à savoir la présélection de nos recherches, fonction de nos requêtes précédentes, ne pourrait-il pas se passer à l’échelle mondiale à travers ces « big data » traitées par une « intelligence artificielle » ? Si tel était le cas, nous balayerions rapidement l’inventivité et la créativité qui nous ont élevées au rang de civilisation et plongerions immanquablement dans le « main stream » qui guette chaque civilisation à son pinacle15.

Là encore, comme nous y invite Edgar Morin16, il me semble nécessaire, salutaire, de vite nous recentrer, inverser ce sentiment de tout connaître, tout comprendre et tout maîtriser. Je reprendrais intégralement sa très belle métaphore : » Il faut accepter de naviguer sur un océan d’incertitudes parmi des îlots de certitudes, et non l’inverse ».