Vivre au cœur de l’Amour - Aurore-Claudie Mangold - E-Book

Vivre au cœur de l’Amour E-Book

Aurore-Claudie Mangold

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Beschreibung

Vivre au cœur de l’Amour trace un chemin de croissance spirituelle et d’épanouissement. Ce livre offre une combinaison de textes et de poèmes symboliques, enrichis d’exercices pratiques et de clés concrètes accessibles à tous ceux qui souhaitent progresser dans leur vie avec confiance. Il explore la transformation profonde du négatif en positif, révélant ainsi nos trésors pour une existence harmonieuse dans la sérénité et la paix intérieure.


À PROPOS DE L'AUTRICE 


Ostéopathe, coach-éclaireur et poétesse, Aurore-Claudie Mangold s’affirme comme une « jardinière de l’âme ». Elle met en lumière les ressources insoupçonnées de l’être humain à travers des mots simples et partage ses expériences, notamment son voyage initiatique en Inde. Avec cet ouvrage, elle contribue à l’évolution harmonieuse de l’humanité pour l’apaisement et l’épanouissement des chercheurs de sens.

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Aurore-Claudie Mangold

Vivre au cœur de l’Amour

Essai

© Lys Bleu Éditions – Aurore-Claudie Mangold

ISBN : 979-10-377-9833-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À Philippe, mon complice et mari,

à Marc-Antoine et Marie, mes enfants,

William, Clémence et Maëlia, mes petits-enfants.

En-vie d’écrire, en-vie de dire…

D’où vient cette impulsion ?

Partager, dévoiler mes émotions

Et comme par effet miroir

Me montrer, ce que je dois voir…

Une partie de moi vient me guider

Pour, en conscience, avancer

En apportant ma contribution

À vous lecteurs qui me liront.

Par les lanternes éclairées

Nous sentir de plus en plus liés

À la chaleur de nos cœurs

Partager notre bonheur

Envie de dire, envie d’écrire

Je vous aime, tout simplement

Envie d’écrire, envie de dire

Dans l’ici et maintenant.

Aurore-Claudie Mangold

En écho à ce poème, je vous invite à écouter ou lire le texte de la chanson de Renaud : « Les mots »

Minute papillon…

Oui, s’arrêter quelques instants

Et puis flâner dans l’air du temps…

Et si, et si ?

Soudain, chenille j’explore le monde

Et découvre la nature féconde,

Suis le relief en ondulant,

Croque la vie à pleines dents.

Et si, et si ?

Je pouvais lever mes grands yeux,

Simplement regarder les cieux…

La vie sur terre c’est fascinant,

Je grimpe, descends, c’est éprouvant !

Et si et si ?

Comme un bébé emmailloté,

Prenais un repos mérité.

Ah qu’il fait bon de se ressourcer,

Trouver des forces pour continuer…

Et si et si ?

Dans mon cocon entortillé,

J’osais me métamorphoser…

Je ne me sens plus comme avant,

Chrysalide, je suis à présent.

Et si, et si ?

La magie de la Vie faisant

J’étirais mon enveloppe lentement ?

M’entraîne ainsi à me muscler

Pour bientôt mes ailes déployer

Et si, et si ?

Alors, Imago je m’éveille,

Ainsi parée, je fais merveille.

Soudain, la lumière m’inonde.

Je me sens dans un nouveau monde.

Et si, et si ?

Je ne suis plus dans le labeur,

Je vole et rends visite aux fleurs.

Dans la beauté et l’harmonie

Je danse sur le flux de la Vie.

Dans l’immensité retrouvée

Je redécouvre la liberté !

Et si, et si ?

Aurore-Claudie Mangold

Amitié

Ô l’Ami(e), quand je te vois,

Mon regard s’illumine, mon cœur se met en joie.

C’est comme une pluie d’étoiles qui soudain m’inonde,

Un bain rafraîchissant qui vient d’un autre monde.

Ta présence réveille mon âme,

Je me sens devenir encore plus belle femme.

Plus vivante et brillante à la fois.

Une autre partie de moi se révèle grâce à toi,

Ô l’ami(e), quand je sais te retrouver

Mon cœur se prépare à des moments légers.

Qu’est-ce ce sentiment étrange, quelle est cette magie

Qui fait qu’auprès de toi je me sens plus en vie ?

Serais-tu le miroir, la psyché

Qui dévoilent gracieusement mes trésors cachés ?

De sorte que chaque jour, je m’aime davantage

Et ainsi, ouvre mon cœur encore plus au partage.

Ô l’ami(e), quand l’heure est grave

Je sais que je peux compter sur toi, sur ton courage.

Mes blessures, tu sais alors panser,

Grâce à ton écoute, je les sens se fermer.

Quand je songe à toi, ô l’ami(e)

Mon âme est secrètement ravie

Me reviennent alors tes douceurs passées

Tes délicates attentions, nos moments d’amitié.

Qu’il est bon avec toi, de faire quelques pas,

De rire ou pleurer ou les deux à la fois.

Ô bel (le) ami(e), tu le sais, je t’aime aussi

Et pour qui tu es, ami(e), mille mercis…

Aurore-Claudie Mangold

Mise en route…

Imaginez-vous en train de ranger la maison. Soudain, vous êtes traversé par une fulgurance, animé par un élan, une envie irrépressible d’écrire un livre. Le titre vous est donné. Par curiosité, vous prenez votre plume, ou plutôt votre clavier : vos doigts dansent sur les touches, comme par magie (l’âme agit). Le sommaire s’écrit avec fluidité, puis le premier chapitre, tout cela sans cogitation, votre main semble guidée par la Grâce…

Voilà ce qui m’est arrivé un beau matin alors que j’œuvrais aux tâches ménagères… Avez-vous remarqué que le plus souvent, elles libèrent l’esprit ?

Le propos de ce livre m’est donc dévoilé : il s’agit de vous révéler un chemin de conscience, de spiritualité (à ne pas confondre avec la religion), de Vie, en l’occurrence le mien, ainsi, j’espère vous encourager à prendre du recul, à porter votre attention sur vos ressentis, sur les messages qui vous arrivent de l’intérieur (votre Soi, nommé ainsi par Karl Jung) et du plus vaste ou si vous préférez de l’Univers, du Grand tout, de Dieu ou encore de la Conscience universelle, source de création…

Cet ouvrage est le fruit de multiples expériences vécues tout au long d’une vie. Il comprend deux parties : Le texte à proprement parler et des poésies. Afin de l’enrichir, cet écrit est agrémenté par des mots en langue des oiseaux et des exercices pratiques.

– Le texte, émaillé d’exercices pratiques, relate un parcours de progression de la conscience grâce aux divers défis et épreuves et événements que la vie m’a présentés. Ce récit s’adresse principalement aux lecteurs qui cherchent à être confortés, guidés dans leur compréhension par du concret, des faits. Le déroulement choisi des chapitres a pour but de générer progressivement en vous une évolution intérieure, un cheminement appropriable grâce aux clés divulguées progressivement pour peu que vous les laissiez infuser dans votre cœur, c’est-à-dire en vous laissant toucher intérieurement. Pour ce faire, il convient donc de cheminer pas à pas en respectant l’ordre des paragraphes. Toutefois, je tiens à préciser qu’en aucun cas les expériences que j’ai vécues s’avèrent nécessaires à l’évolution de chacun. Aujourd’hui, nous avons changé de paradigme1 et bénéficions du travail spirituel effectué par les générations qui nous ont précédées sans oublier nos contemporains qui œuvrent actuellement. Ce travail dans l’ombre écourte le chemin à parcourir pour l’humanité. Ces expériences ne sont pas transmissibles. Elles sont simplement citées dans le but de vous interpeller, d’attiser votre curiosité et de vous inciter à vivre totalement les vôtres quelles qu’elles soient, puis les intégrer, ceci pour en découvrir le sens et en tirer les bénéfices ultérieurs. À chacun son chemin…

OSEZ.

– Les poésies font écho à chaque chapitre correspondant du livre. Elles viennent « de mon cœur, taper votre cœur », comme le dit justement Christian Bobin, le célèbre poète. Leurs strophes viennent apporter un autre éclairage : l’envers (en vers) du décor, des apparences. En effet, l’art est pour moi un véhicule qui permet de passer de l’intime à la conscience universelle. Il s’adresse à notre sensibilité, à notre intuition, à notre cœur. Vous serez sans doute surpris d’apprendre que, déjà publiés pour certaines d’entre elles, ces poésies ont été écrites au fil de ma vie bien avant que me vienne l’envie de rédiger cet ouvrage. Par amusement et légèreté, m’est alors venu l’idée de marier un à un, chapitres et poèmes, pour engendrer une unité et toucher tout à la fois votre mental et votre âme.

De plus, afin de vous interpeller et initier en vous une vivacité d’esprit, vous trouverez entre parenthèses des mots écrits en langue des oiseaux. Ceci consiste simplement à changer l’écriture d’un mot tout en gardant sa consonance. Cela ouvre alors votre esprit à un mode de pensées plus créatif, source de transformation, en invitant votre mental à lâcher l’interprétation habituelle.

Puissent ces trois formes d’expression complémentaires vous permettre d’aborder agréablement ce thème si délicat qu’est la spiritualité ou Conscience universelle souvent considérée par certains comme dérangeante ou réservée à une élite.

En effet, s’il est un sujet qui fut longtemps tabou, c’est bien celui de la Conscience et de ses manifestations spirituelles. Il est à noter, d’ailleurs, qu’il existe peu de mots pour décrire ces dernières. Les mots sont liés à la pensée ; or la Conscience est absence de pensée, elle se vit tout simplement au présent. De nos jours, certains scientifiques se penchent sur ces phénomènes souvent qualifiés, à contresens, de paranormaux ou états modifiés de conscience et les expérimentent, les observent sur des personnes particulièrement sensibles, comme Mathieu Ricard, célèbre moine bouddhiste scientifique par exemple.

À l’aune de la physique quantique1, bon nombre de certitudes sont maintenant remises en question… Il est admis aujourd’hui que des phénomènes subtils interviennent entre l’expérimentateur et l’expérimentation, phénomènes pour l’instant non quantifiables. La physique quantique montre aussi que tous les atomes sont liés entre eux de manière indicible. Nous sommes, par conséquent, tous reliés dans un espace infini, sans vraiment en avoir conscience pour la plupart d’entre nous !

Voit-on la pesanteur, l’électricité, l’attraction de la lune ? Non. Nous pouvons cependant en constater les manifestations tangibles. Les expériences dites spirituelles ou paranormales existent depuis l’aube des temps. Les personnes les manifestant publiquement ont souvent été considérées comme hérétiques, sorcières ou folles et condamnées au bûcher. Pourtant, à la lecture passionnante de la vie de Jehanne d’Arc entre autres, nous pouvons nous poser cette question : qui étaient les plus fous ; Jehanne la Pucelle, Charles VII qui perdit la foi en elle ou encore les Anglais qui l’ont portée sur le bûcher ?

Toutes ces réactions violentes à l’encontre de ces personnes différentes ont, par conséquent, engendré secrets, mystères et clandestinité.

Serait-ce donc que la mise en lumière d’un pan occulté de notre être, notre part féminine, mariée à notre partie masculine, soient source d’une plus grande énergie et révèlent un fonctionnement différent de celui habituellement utilisé ? Certaines capacités, alors dévoilées, peuvent-elles générer, voire accroître, une forme de pouvoir comme celui de l’imagination (i-magie-nation) ? C’est sans doute la raison pour laquelle, dans notre société organisée sur un modèle pyramidal, basé sur l’avoir et le paraître, la prise en compte de cette part immanente de nous-mêmes a été le plus souvent dissimulée, au plus grand nombre, réservée aux tout puissants, élites, initiés : les pharaons, les incas, les chamanes et plus près de nous par les religions chrétiennes. Pourtant, certains d’entre eux : Mozart, Léonard de Vinci, Saint Vincent de Paul… nous ont laissé un message universel qui parle encore à notre âme…

Par ailleurs, de plus en plus de personnes évoquent et partagent leurs expériences : voyage astral, rencontres avec des êtres de lumière, guidance, dialogues avec des défunts, « channeling » ou canalisation2.

Ces personnes sont-elles de plus en plus nombreuses à les vivre ou, simplement, l’ouverture d’esprit, l’acceptation de plus en plus grande des différences entre chacun permettent-elles aux langues de se délier ?

Il est à noter que certaines tribus comme celles des Amérindiens ont conservé leur sagesse et leurs rituels, ce qui leur permet de rester en contact avec l’invisible.

À notre époque, où le matérialisme n’apporte plus le bonheur escompté, de plus en plus d’Occidentaux se tournent vers eux à travers le chamanisme pour redécouvrir cette part occultée d’eux-mêmes. Le bouddhisme, l’alchimie, le yoga… font également des émules. La pratique de la méditation se répand maintenant dans le monde profane.

Cependant, aujourd’hui encore, nous pouvons être jugés, tout simplement pris pour un charlatan ou rejetés par les nôtres par des réflexions qui peuvent leur paraître extravagantes.

Le propos de ce livre est de lever le voile sur une partie invisible, subtile, peu connue de nous-mêmes appelée « âme » qui baigne dans une sorte d’arrière-plan ou plan de conscience. Dès notre tendre enfance, le mental, résultat du conditionnement sociétal occidental, passe petit à petit au premier plan, l’avant-plan. Il essaie le plus souvent de supplanter l’âme en voulant, pour « notre sécurité », tout contrôler, maîtriser. Il compromet ainsi le fonctionnement harmonieux de notre être. Pourtant, notre âme nous permet d’accéder à des strates plus éthérées, plus subtiles de la matière, à la source originelle infinie !

Comme le disait Steve Jobs :

… Ayez le courage de suivre votre cœur et votre intuition. Ils savent déjà d’une certaine façon qui vous voulez vraiment devenir. Le reste est secondaire.

En cette période de mutations, d’élévation du niveau de conscience, puisse cet ouvrage vous inviter à redécouvrir votre nature profonde et avec elle vos possibilités enfouies, à l’image du petit enfant curieux et émerveillé, au cœur pur originel. Puissiez-vous prendre votre bâton de pèlerin, pour oser vivre votre aventure si personnelle, singulière. Ainsi, en tant qu’être unique, vous révélerez avec confiance, bonheur et gratitude vos trésors cachés, source de complétude, ceci à vous-même et aux autres. Dès lors, vous pourrez accéder à votre bien-être, voire de la joie. Par voie de conséquence, un grand nombre de personnes et la planète en bénéficieront en retour…

De la séparation à l’éveil

La vie pour moi était amère

J’étais un mouton égaré

Un mouton qui n’a de re-père

Je ne me sentais pas liée3…

Aujourd’hui, je t’ai retrouvée

Mon âme alors me parle d’amour

De douceur, de sérénité,

C’est comme un tout nouveau retour.

Je prônais mon indépendance

Et la liberté à tout prix,

Me sens dès lors dans la reliance

À toi, à tous, à l’infini…

La pierre, la fleur, le papillon

Et les nuages aussi je suis,

En ce jour, la célébration

De l’Amour vrai qui nous unit.

Dans le présent et le sacré

Expansée je suis aujourd’hui

Le voile est maintenant tombé

À toi la Vie je dis merci.

Aurore-Claudie Mangold

1

De l’innocence… à l’illusion de la séparation

Le temps de la petite enfance

Souvenez-vous… Vous savez tout juste marcher, vous êtes à la campagne… vous observez les fleurs, les insectes, les nuages sans vous soucier du temps qui passe. Vous êtes absorbé par ce qui est. Vous composez avec tout votre cœur un bouquet de « clocliclos », de « boutons dorés » et de « marguites » glanés sur le bord de la route, pour l’offrir à maman. Vous êtes naturellement heureux. C’est comme si le temps n’existait pas ! Vous êtes ici, là où « ça » se passe, vous êtes totalement présent à ce qui est. Moment béni, enchanté de la petite enfance où vous vous laissez porter par le flux de la Vie, par l’Amour, sans vous poser de questions. Vous baignez dans le « Grand tout. »

Nous sommes en 1950… Affublés d’un énorme sombrero, mon petit frère en barboteuse et moi en jupette et sandalettes, nous parlons aux moutons du pré situé en face de la maison louée par mes parents pour des vacances dans le Massif Central. Ces imposants chapeaux, si originaux, sont une idée rigolote de ma mère. Ils s’avèrent très efficaces pour nous protéger du soleil, ils ralentissent toutefois nos déplacements en raison de leur équilibre instable dû à la largeur de leur bord. Ma mère cultive légumes et fleurs dans le jardin attenant à la maison. Nous faisons des promenades dans les bois à la découverte de la nature à laquelle je suis alors intimement liée par mes sens en éveil. Je suis à l’affût du moindre bruit. J’entends les couleuvres qui se glissent dans les feuilles, je m’émerveille devant les somptueuses libellules bleues, j’observe le lézard qui se ressource au soleil. Je pars à la découverte des fraises des bois, ah ! ce petit fruit rubis, quel délice ! Avez-vous remarqué, aujourd’hui, qu’à peine posée sur votre langue, telle la madeleine de Proust, elle n’a pas son pareil pour faire remonter chez la plupart d’entre nous de merveilleux souvenirs d’enfance ? Le goût est en effet le sens le plus rapide à solliciter notre mémoire.

À savoir : Vous pouvez décrire le plus précisément possible vos ressentis de fraise des bois à la personne qui vous écoute, celle-ci ne pourra pas, à son tour, en ressentir le goût tant qu’elle n’en aura pas fait personnellement l’expérience.

Je savoure également les mûres tout en m’égratignant aux ronces, je sens, ou plutôt, « je hume » l’odeur de l’humus dans les sous-bois. De magnifiques chenilles ondulent sur les branches. Des papillons sublimes volettent de fleur en fleur. Ah ! la vie des papillons, quelle belle métaphore pour nous humains ! Quelle magie de passer de l’état de chenille qui rampe près du sol (à l’horizontale) à celui d’un papillon en habit de lumière qui s’élève dans le ciel (à la verticale) tout en restant en contact avec la terre par ses visites rendues aux fleurs… Le chemin nous est ainsi montré : celui d’être lié dans l’instant présent tout à la fois à la terre et au ciel !

L’observation de tous ces êtres vivants, accompagnée du chant des oiseaux, contribue à mon bonheur, ma sérénité et à l’épanouissement de mes sens. C’est l’époque bénie de l’insouciance, la spontanéité, l’innocence…

Le temps de la maternelle

À l’âge de trois ans, revêtue d’un tablier écossais qui protège et même cache mes vêtements, ornée de superbes nœuds amidonnés dans les cheveux, je « fais ma rentrée » à l’école maternelle. La classe est gaîment décorée, nous formons autour de la maîtresse comme un bouquet de fleurs avec nos blouses diversement colorées. Cependant, la séparation d’avec le cocon familial est pour moi difficile à vivre. Me voilà subitement propulsée dans un autre monde plus concret. Cela vient briser cette douceur de vivre et estomper, du moins, apparemment, mon lien avec la Source originelle… Je me sens devenir une personne à part entière, je dis « Je ». Le « Moi », cette construction issue du conditionnement sociétal prend petit à petit le devant de la scène pour chacun d’entre nous. Dès lors, paradoxalement, j’oscille entre une attitude narcissique répondant ainsi à certains de mes besoins, notamment celui de me relier à mon âme, puis de l’autre côté à la soumission aux préceptes d’éducation pour plaire à mon entourage.

« Vite, vite, il faut être à l’heure, dépêche-toi, nous n’avons pas le temps de rêver ! ». Je trouve plus juste maintenant de remplacer le mot « rêver » de ma mère par le fait de s’arrêter pour observer, sentir, humer, se laisser traverser par la Vie tout simplement.

Tout est dit. Par éducation, nous basculons progressivement dans le monde des « réalités » comme disent les grands… Intervient désormais la notion de temps : avant, après, mettant le « présent » entre parenthèses. Il est à noter que la plupart des personnes vivent accrochées à leur passé, d’autres se projettent sans cesse dans l’avenir. De fait, ils éprouvent de la difficulté à être pleinement ancrés et attentifs à l’instant présent4.

Histoire : En écrivant ces lignes, me vient à l’esprit l’histoire de deux moines chinois. La connaissez-vous ? Laissez-moi vous la raconter :

Deux moines marchaient en silence sur un chemin boueux. Sur le bord, une jeune fille en kimono hésitait à traverser afin de préserver sa tenue immaculée. Un des moines prit la jeune fille dans ses bras et lui fit passer l’obstacle. Puis les deux moines continuèrent leur chemin sans mot dire. Arrivés à destination, le moine qui avait observé la scène quatre heures auparavant sort de son silence. « Tu n’aurais pas dû porter cette jeune femme. Nous les moines, sommes censés ne pas toucher une femme ! ». Et l’autre de répondre : « Ah ! Tu es encore en train de la porter, moi je l’ai posée il y a quatre heures de cela ! »

Dénuée de racines, élevée à Paris dans une famille rude, matérialiste, le travail est l’unique objectif pour espérer se maintenir en vie. La douceur et la fantaisie n’ont, apparemment, pas beaucoup d’intérêt. Pourtant, par son activité de couturière, « 1re main » chez Nina Ricci, ma mère m’insuffle, sans en être consciente, sa créativité. En effet, j’admire déjà sa manière inventive de marier entre elles diverses étoffes opportunément récupérées, en jouant sur leur texture, leur couleur et leur brillance. Je me souviens être fière de porter, telle une princesse, une robe en taffetas écossais confectionnée de ses mains. Par le bruit du textile, je me fais alors remarquer au moindre déplacement. Je me sens ainsi exister momentanément aux yeux de mon entourage…

Ingénieuse, ma mère rattrape « ses bêtises » quand elle découpe malencontreusement son tissu en maugréant. Je garde en mémoire cette phrase imagée : « ah ! mince, j’ai fait un oiseau ! » Il m’a fallu du temps pour découvrir le sens de ces mots… Il s’agit d’un coup de ciseau inopportun sur une double épaisseur de tissu. En le dépliant, celui-ci révèle une fente en forme de V symbolisant un oiseau.

De longs moments j’observe aussi mon père, dans son atelier d’ébéniste, sans mot dire ou si vous préférez sans maudire en langue des oiseaux5 ! Vêtu d’une salopette marron, il sifflote en « bichonnant ses meubles ». Je ressens son amour du bois, sa fierté et sa joie au travail. Il m’inculque, entre autres choses, l’amour du beau, le goût du bel ouvrage et la patience… Là, l’occasion m’est donnée d’affiner mon odorat grâce aux senteurs des différentes essences de bois, l’odeur de la cire chaude et celle de l’essence de térébenthine. Mon père laisse opportunément un tampon de mèches de laine posé sur les meubles prêts à être livrés. J’ai fini par découvrir l’utilité de ce chiffon : ainsi, à chaque fois qu’il passait devant le meuble concerné, il l’astiquait amoureusement pour lui donner, au fil du temps, une belle patine.

Petit à petit, j’ai appris à reconnaître les diverses essences de bois, développé ma qualité d’observation et de concentration satisfaisant ainsi ma curiosité d’apprendre. Je découvre alors la magie qui s’opère lors de la transformation d’un simple morceau d’arbre en un meuble utile et magnifique grâce à la main de l’homme. Ah ! le symbole de l’arbre !

Si la vie à la maison n’a pas toujours été douce pour moi, aujourd’hui je comprends qu’elle a forgé mon caractère. Pour moi, les fêlures de la Vie nous permettent d’accéder à un monde plus vaste. De plus, comme des portes entr’ouvertes, elles laissent s’échapper notre lumière intérieure…

Je tiens, cependant, à remercier ici mes parents pour leur optimisme, leur gaîté et l’éducation qu’ils m’ont donnée. Ceci a contribué à ce que je devienne qui je suis. Prenant en compte leur origine sociale populaire, les troubles des deux guerres, les aléas de la vie, je reconnais qu’ils ont fait de leur mieux. Comme le dit, à juste titre Jean-Paul Sartre :

L’important n’est pas ce qu’on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu’on a fait de nous.

« Maman regarde le ciel, tu as vu, on dirait le traîneau du Père Noël entre le gros nuage là et les trois petits… »

« N’as-tu pas autre chose à faire ? Tu ferais mieux d’apprendre à “faire les rosettes” de tes chaussures, par exemple ! » autrement dit à nouer tes lacets.

Faire, toujours faire. Nous sommes encore de nos jours dans une société du faire (du fer). C’est malheureusement le fonctionnement le plus adopté actuellement dans notre société matérialiste occidentale. Faire pour avoir. Avoir pour s’octroyer du bonheur, de l’amour, du pouvoir, du moins le croit-on ! Faire pour produire, faire pour consommer. Ainsi, fruit d’une société industrialisée, nous nous tournons vers la prospérité matérielle. Le mode « Avoir » prend le pas de manière galopante sur l’Être qui est gommé petit à petit. Ainsi, éduquée, mes besoins profonds passent au second plan et je me mets au service de mon entourage, ceci afin de me faire accepter, de me faire aimer.

Par ce fonctionnement basé sur « l’Avoir », insidieusement distillé pour favoriser la consommation en créant des besoins artificiels, nous espérons atteindre le bonheur. Cependant, il n’en est rien. Quand nous satisfaisons un désir, une envie (en vie), nous éprouvons un plaisir fugace qui, très vite, laisse place à un nouveau manque. Ce dernier engendre donc la recherche d’un nouveau moyen susceptible de combler notre satisfaction. Quant au mode « Être », lié au présent, il engendre un bonheur, une joie intérieure stable, un sentiment de complétude.

Le sens sacré de la vie et son respect sont ainsi gommés aujourd’hui pour beaucoup d’entre nous. Clin d’œil à Alain Souchon qui a illustré ce propos dans sa chanson « Foule sentimentale ».

Une question cruciale se pose donc aujourd’hui à chacun d’entre nous : le progrès de l’humanité consiste-t-il à consommer chaque jour davantage ou bien faut-il changer de comportement afin de privilégier la qualité plutôt que la quantité, autrement dit, vivre en harmonie avec nous même, avec les autres et avec la nature ?

Alors, pour échapper à l’injonction « du faire » de notre société, je me réfugie alors, de temps à autre, dans l’imaginaire.

Je me réjouis, par exemple, de trouver les réponses aux devinettes des images d’Épinal, illustrations, dans lesquelles il s’agit de découvrir la forme d’un objet caché. Chez ma grand-mère, je regarde les motifs du carrelage de la cuisine qui, suivant ma manière d’observer, en fixant mon attention sur le vide ou le plein, il laisse apparaître des formes géométriques différentes. J’observe également les nuages et le VIDE (anagramme DIEV= Dieu !) laissé par le ciel bleu.

À cette époque, déjà, et de manière inconsciente, je découvre qu’il existe deux façons d’appréhender le monde : une spontanée, intuitive, créative et l’autre apprise, rationnelle et logique.

À la grande école

Je me souviens de l’entrée à la « grande école », un petit cartable à la main. L’odeur des crayons fraîchement taillés, des livres recyclés chaque année, de l’encre violette versée dans l’encrier de porcelaine blanche inséré dans chaque pupitre. Chaque matin, nous découvrons sur le grand tableau noir, la leçon de morale écrite à la craie blanche, avec la belle écriture policée de la maîtresse… Je vois encore les portemanteaux alignés sur lesquels figurent les noms des élèves. J’éprouve alors une grande fierté d’y voir figurer le mien : il signe mon identité, ma différence. Je ressens encore l’ambiance studieuse voulue par la maîtresse. Je me vois, tirant la langue avec l’envie de bien former les lettres sur mon premier cahier d’écriture… À l’époque, en guise de feutre, nous utilisions des règles de bois taillées en pointe avec un taille-crayon et trempées dans la fameuse encre violette à l’odeur âcre, si caractéristique. Imaginez la qualité de l’écriture ! Attention alors aux « pâtés » ou tâches d’encre qui nous valent une punition ! Ce sont parfois des tours de cour pendant la récréation avec le cahier maculé accroché au dos avec des épingles à nourrice de sorte que chaque élève peut venir se moquer de notre incompétence passagère. Heureusement, cela a bien changé !

Plus tard, nous aurons soit des plumes « sergent major » soit des « plumes mousse ». Ma préférence ira à la « plume mousse », car elle danse sur le papier, le caresse et fait naître pleins et déliés qui donnent à l’écriture un côté vivant et artistique. La plume « sergent major », quant à elle, est plus raide, elle gratte le papier, augure moins de fantaisies. Elle engendre toutefois une écriture contenue, plus régulière qui confère plus de clarté et de lisibilité à l’ensemble… Un sourire me vient aux lèvres en écrivant ces derniers mots. Ils me ramènent quelques lignes au-dessus de ce chapitre sur les deux manières d’appréhender le monde : une mentale et l’autre créative. Je fais ici un lien avec ces deux sortes d’écriture…

Chemin faisant, comme le retentissement de la cloche dans la cour de récréation signalant la fin de l’amusement, de notre insouciance, surgit LA fameuse question sérieuse posée à tout enfant faisant son entrée à la grande école : « Que veux-tu faire comme métier quand tu seras grande ? » Comme le lapin qui sort du chapeau du prestidigitateur par magie (l’âme agit), la réponse jaillit d’un trait du fond de mon être… « Je veux aller en Inde ! » répondis-je. Ma mère éclate de rire. « Drôle d’idée » dit mon père, ce n’est pas un métier aller en Inde, mais d’où sors-tu cela ?

À vrai dire, je ne sais pas encore d’où me vient cette idée. En effet, aucun membre de mon entourage ne me parle de ce pays. Peut-être, cela m’est-il venu en savourant des contes qui se déroulent dans cette contrée lointaine où tout est si différent de chez nous. « Ce doit être un lieu merveilleux pour les enfants ? ».

Je comprendrai par la suite qu’aller en Inde n’est certes pas un métier, mais, pour moi, un rêve prémonitoire, un élan que je porte au plus profond de moi !

Au collège

À l’entrée en 6e, je souffre. Revêtue, comme toutes les élèves de la classe, d’une même blouse bise gommant les différences sociales, je me sens comme amputée d’une partie de moi-même. Qui suis-je dans cet accoutrement ? De plus, cette couleur bise (nous dirions maintenant grège ou gris beige) sur mon dos, me donne la sensation de ne pas être claire, authentique. Je me sens comme mal lavée. Je porte donc cette blouse à contrecœur, c’est-à-dire sans tenir compte du ressenti de mon cœur, qui est pourtant un précieux guide pour progresser.

Je me détache alors, pour un moment, de l’Unité dans laquelle je baigne pourtant en permanence pour découvrir et entrer en relation avec le monde qui m’entoure et engrange des données, d’où la sensation illusoire d’être séparée de la Conscience Universelle. Petit à petit, l’âme qui brille en chacun de nous comme un soleil dans un ciel immaculé est voilée par des nuages de compréhension : le mental prend place !

Je reconnais pourtant, aujourd’hui, que l’école ouvre des portes sur la connaissance. Elle est, de plus, un véritable laboratoire du « vivre ensemble ». Elle gomme cependant souvent les différences de chaque individu, différences qui font en fait la richesse de notre humanité.

Pour pallier le mal-être engendré par cette éducation, au gré de mon chemin, je rentre dans les églises pour, l’espace d’un instant, hors de l’agitation, retrouver la paix intérieure appréciée dans ma petite enfance, me ressourcer, me sentir être tout simplement. Je m’échappe ainsi des contraintes quotidiennes de la civilisation qui laisse souvent de côté notre âme. Je lis des livres religieux pour m’évader, au grand dam de mon père libre penseur.

Fort heureusement, en classe de 5e, la couleur bise des blouses a été substituée par le rouge. Là, je découvre une tout autre manière d’enseigner que celle habituellement pratiquée par les professeurs. Suivant le programme, pendant notre temps libre, Madame Carré nous demande de partir, le nez au vent, en petit groupe, « en reportage » soit au Louvre, dans les vieilles rues de Paris ou encore dans des ateliers à la rencontre d’artisans… À notre retour, nous constituons, en groupe, un dossier complet sur un thème choisi préalablement dans une liste proposée, faisant écho à notre programme. Nous planchons par exemple sur l’Égypte ancienne et ses différents dieux, la Mésopotamie et son écriture cunéiforme ou encore les vieux métiers et leurs enseignes. Le tout est agrémenté par nos dessins, photos ou images découpées. Nous partageons ensuite au reste de la classe le fruit de notre enquête à travers un exposé. Je tiens aujourd’hui à rendre hommage à ce professeur génial, nous apprenant tour à tour le français, l’histoire et la géographie. Il fut également notre professeur principal. Elle a d’ailleurs été honorée par les palmes académiques pour la qualité de son travail. Elle nous disait toujours « il ne suffit pas de recevoir un savoir, il faut le faire entrer en soi ». Ce n’est que beaucoup plus tard que je prendrais conscience de la manière simple de faire passer l’information reçue de l’extérieur à l’intérieur de moi. Je reviendrais sur ce sujet ultérieurement. Je suivais donc à la lettre les directives de « cette prof. » tout à la fois très sévère, mais juste, que j’aimais malgré ses multiples punitions. Par exemple en français si on oubliait la cédille à un « c » dans un mot, elle nous faisait copier mille fois la phrase : « je suis entrepreneur de “maconnerie”. » Imaginez la tête de certains parents choqués par sa manière de faire, mais les enfants intégraient ses préceptes aisément. Son enseignement était vivant. Je la revois encore : de stature imposante, les cheveux permanentés poivre et sel et les lunettes métalliques sobres qui sertissaient un regard vif…

Aujourd’hui, je pense que c’est Madame Carré qui m’a donné le goût des mots justes et bien écrits complétés par une grammaire, une conjugaison et une syntaxe irréprochables. Ceci engendre ainsi des phrases bien construites, agréables à lire. De cette période découle probablement mon plaisir d’écrire. Ses approches des matières enseignées étaient vivantes et novatrices pour l’époque (1958). Elles prenaient en compte aussi bien notre pensée, notre mental (cerveau reptilien logique, analytique, gauche lié à la quantité) que notre âme créatrice (cerveau cortical intuitif, synthétique, droit lié à la qualité). Madame Carré a su également attiser ma curiosité, ma soif d’apprendre. « Adieu Madame le professeur, je ne vous oublierais jamais » comme le dit Hugues Aufray dans sa chanson. Cette manière d’apprendre par la pratique me captivait.

J’ai eu également la chance de rencontrer une super prof. de musique. Elle nous faisait écouter de la « grande » musique en nous donnant, dans un premier temps, juste le nom du compositeur et le titre du morceau choisi. Ensuite, elle nous demandait de bien nous laisser imprégner par l’œuvre pour à la fin exprimer nos impressions par un dessin, une peinture, une craie au choix. Enfin, elle terminait son cours par la biographie du compositeur et son interprétation de l’œuvre. Là encore, son cours était très vivant et intéressait les élèves, même les profanes en musique dont je faisais partie.

La 3e est pour toutes, l’année de la blouse bleue.

À savoir : À l’époque, il y avait l’école des filles et celle des garçons qui eux portaient des blouses d’un gris chiné, dans toutes les classes.

J’ai mûri comme on dit et la question de l’orientation devient pressante.

Pour en revenir à la fameuse question :

« Je souhaite faire les Beaux – Arts », dis-je à mon père. En y réfléchissant maintenant, j’ai trouvé là un moyen d’exprimer ce que je vis à l’intérieur de moi puisqu’il n’y a pas de mots pour le dire.

« Toujours différente Mademoiselle, n’est-ce pas ? » dit mon père.

« Sais-tu qu’à moins de devenir un très grand peintre ou sculpteur, tu “crèves la faim et traînes la savate” quand tu es artiste ! N’y pense pas. »

« Alors, j’aimerais suivre les études pour devenir médecin afin d’accompagner les gens dans leur guérison ; autrement dit, pour qu’ils puissent guérir (gai-rire). En effet, pour moi le rire est une manifestation spontanée de la Vie. »

« Voilà déjà plus concret ma fille et louable, mais les études sont très longues. Si tu as un enfant avant la fin de celles-ci, tu seras dans l’obligation de les arrêter et n’auras aucun diplôme pour espérer gagner ta vie »…

Je reconnais bien là mon père, pragmatique qui vise en priorité le concret pour assurer, plus tard, l’autonomie financière et par la même la liberté matérielle de sa fille. La question du métier reste donc, pour ce moment, en suspens.

Tout au long de ma scolarité, je souffrirais du « formatage », du conditionnement qui m’est imposé aussi bien par la société que par mes parents : je me sens rabougrie, étriquée, étouffée. J’ai l’impression de devenir une espèce d’oie que l’on gave de savoirs utiles somme toute, surtout pour vivre dans ce que l’on appelle notre « société moderne ».

Comme le dit Montaigne dans Les essais :

L’enfant n’est pas un vase qu’on remplit, mais un feu qu’on allume.

Peu de place est laissée à mes sentiments, à ma créativité, à mon être intérieur. Je reconnais cependant que notre cerveau ne peut pas capter, dans un même temps, les informations infinies contenues dans l’univers. Par conséquent, une sélection s’impose.

Histoire :Tout en écrivant ces lignes, me vient à l’esprit l’histoire de l’éléphanteau. La connaissez-vous ? En Inde, le cornac accroche dès son plus jeune âge son éléphanteau à un piquet à l’aide d’une petite chaîne de sorte qu’il ne se sauve pas. L’animal essaie de déterrer le piquet, en vain. Il se résigne donc à rester accroché là où son cornac l’a placé.

L’éléphanteau a maintenant grandi, il est devenu très gros, très puissant. La chaîne et le piquet sont quasiment toujours les mêmes. L’éléphant en qui a été gravé le sentiment d’impuissance dans son enfance n’essaie même pas, pour retrouver sa liberté, de déterrer le piquet devenu minuscule pour lui aujourd’hui.

Alors ne pensez-vous pas qu’à notre époque il est grand temps pour chacun d’entre nous d’essayer de casser la chaîne auquel nous sommes accrochés pour redevenir LIBRES ?

Pensez-vous que l’école remplisse aujourd’hui sa mission « d’élever l’élève » ? Je reconnais qu’elle ouvre, au plus grand nombre, des portes sur des savoirs. Nicolas Mathieu prix Goncourt 2018 nous porte à réflexion en disant :

L’école nous est vendue comme un outil d’égalité, mais en réalité c’est une gare de triage, un tamis.

Thierry Marx, le célèbre chef étoilé, renverse la vapeur, si j’ose dire, quand il dit :

Dans mon école « Cuisine Mode d’Emploi » on n’apprend pas pour faire, on fait pour apprendre.

La plupart du temps, les programmes scolaires sont élaborés avec une vision purement matérialiste de la société, ceci depuis la révolution scientifique au XVIe