Vivre avec nos fragilités - Diego Arfuch - E-Book

Vivre avec nos fragilités E-Book

Diego Arfuch

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Beschreibung

« Chacun d'entre nous fait l'expérience de sa propre fragilité et de sa faiblesse. Tout au long de la vie, nous accumulons des frustrations, des peurs. De grandes ou petites déceptions couvrent le chemin que nous parcourons. La vie n'est pas ce que nous aurions imaginé. La vie est belle, et en même temps elle s'impose avec rigueur : la maladie, la solitude, le vide et la tristesse nous visitent. Parfois, les gens autour de nous nous blessent involontairement, mais ils nous blessent de toute façon. Nous avons du mal à pardonner. Comme il est difficile de tourner la page. Parfois, nous voulons fuir tout, même nous-mêmes. La grâce rend possible en nous la vie de l'Esprit de Dieu, l'Esprit qui guérit nos blessures, fortifie nos faiblesses et nous permet de vivre une vie vertueuse de service généreux. »
Accompagner sur le chemin du pardon et de l'acceptation de sa propre vie, tel est l'objectif de ce petit livre au langage méditatif. Ces réflexions simples et directes, ancrées dans l'expérience concrète, touchent à des réalités fondamentales de notre vie et de notre foi chrétienne. Plus qu'un point d'arrivée, elles sont un point de départ. Afin de regarder nos vies à partir de Dieu. Un chemin de Carême.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Le père Diego Elias Arfuch est professeur de patrologie et de théologie spirituelle à l'université Teresianum de Rome. Il a travaillé comme professeur et formateur au Canada, en France, en Argentine et au Brésil.

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Vivre avec nos fragilités

Diego Elias Arfuch

Vivre avec nos fragilités

Chemin de guérison intérieure

Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.

© 2024, Groupe Elidia

Éditions Nouvelle Cité10 rue Mercœur – 75011 Paris9 espace Méditerranée – 66000 Perpignanwww.nouvellecite.fr

ISBN : 978-2-37582-572-3 EAN Epub : 9782375826027

Introduction

La Bible s’ouvre sur une vérité fondamentale, belle et poétique, une ouverture à grand orchestre : l’homme est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. L’être humain, point culminant de la création de Dieu, est tombé par faiblesse devant la tentation du mal. Le péché affaiblit et fait violence à la création divine. Chacun d’entre nous fait l’expérience de sa propre fragilité et de sa faiblesse. Tout au long de notre vie, nous luttons contre les tentations et les blessures que le péché ouvre dans notre cœur, dans nos relations avec les autres et avec Dieu, avec les choses et avec nous-mêmes.

Le péché est une réalité que nous vivons, mais nous savons que, sans la foi en Dieu, sans une vision guidée par la foi, il est impossible de parler de péché. Ceux qui n’ont pas la foi pensent que les fautes morales sont inévitables, ou que c’est simplement le fruit de l’ignorance ou de la culture, ou encore qu’il s’agit simplement d’une erreur. Pour le croyant, le péché est un non à Dieu, c’est un non aux autres, c’est une fermeture à la vie, à la plénitude que Dieu nous offre. Pour ceux qui ont la foi, c’est Jésus qui, par sa mort et sa résurrection, rend possible le « pardon des péchés ». Pour le croyant, cela est rendu possible grâce à la participation à la grâce que le Christ a confiée à son Église. Par les sacrements, nous recevons la vie divine qui nous préserve du mal, du péché et nous conduit à la plénitude de la vie. La grâce rend possible en nous la vie de l’Esprit de Dieu, l’Esprit qui guérit nos blessures, qui cautérise nos plaies et lave nos fautes.

C’est précisément cette grâce de Dieu qui, au cours de notre vie, fait œuvre de guérison, fortifie nos faiblesses et nous permet de vivre une vie vertueuse de service généreux.

Ce livre propose des réflexions simples et directes touchant à des réalités fondamentales de notre vie et de notre foi chrétienne. Ces pages sont des réflexions à haute voix qui espèrent être utiles. C’est vrai, les thèmes auraient pu être traités différemment, le choix des thématiques aurait pu être différent. Plus qu’un point d’arrivée, elles sont un point de départ. Vous trouverez ici de nombreuses expériences personnelles et réflexions que vous pourrez compléter avec votre propre expérience. Il n’y a pas toujours toutes les réponses, mais sûrement les questions se poserontelles dans votre cœur. Il s’agit de ceci : regarder nos vies à partir de Dieu, d’une manière théologale.

Ce ne sont pas des méditations sur le péché, mais sur la fragilité spirituelle. Parfois, nos péchés sont liés à nos fragilités, mais pas toujours. Nous découvrons qu’en de nombreuses occasions, notre manière d’être est marquée par la fragilité, la faiblesse.

Il y a des péchés, qui à force de les répéter et d’y tomber, deviennent des fragilités, et s’en libérer n’est pas toujours facile.

En d’autres termes, il ne s’agit pas de réflexions sur la théologie morale, mais plutôt sur l’ordre de la théologie spirituelle. Les méditations sont courtes et conservent un style dialogué, comme lorsque nous écoutons un ami nous raconter ses expériences.

De la connaissance de soi et de l’acceptation de notre condition d’enfants de Dieu, ayant besoin de la grâce, nous passons à un sujet extrêmement important et difficile à vivre : le pardon. Dans l’Église, le pardon est annoncé, vécu et célébré. Ainsi, renouvelés, nous pouvons aller vers les autres et découvrir la joie du service, de l’amour donné et offert, de la charité qui devient une mission dans la vie quotidienne.

Pour cela, cher lecteur, il serait bon de commencer chaque petit chapitre ou méditation avec cette prière au Saint-Esprit, pour mieux nous disposer à son souffle créateur et à son action sanctifiante :

« Viens, Esprit Saint, et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière.

Viens en nous, Père des pauvres, viens, dispensateur des dons, viens, lumière de nos cœurs.

Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur.

Dans le labeur, le repos, dans la fièvre, la fraîcheur, dans les pleurs, le réconfort.

Ô lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur

de tous tes fidèles.

Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme,

rien qui ne soit perverti.

Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé.

Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid,

rends droit ce qui est faussé.

À tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacrés.

Donne mérite et vertu, donne le salut final donne la joie éternelle. Amen. »

(Séquence de la Pentecôte)

I

La mémoire de l’argile

Nous sommes tous confrontés au drame de notre propre péché et de celui des autres. Nous devons tous, tôt ou tard, nous engager sur le chemin de la guérison, du pardon. Tout au long de la vie, nous accumulons des frustrations, des peurs. De grandes ou petites déceptions couvrent le chemin que nous parcourons. La vie n’est pas ce que nous aurions imaginé. La vie est belle, et en même temps elle s’impose avec rigueur, la maladie, la solitude, le vide et la tristesse nous visitent. Parfois, les gens autour de nous nous blessent involontairement, mais ils nous blessent de toute façon. Nous avons du mal à pardonner. Comme il est difficile de tourner la page. Parfois, nous voulons fuir tout, même nous-mêmes. Comme le chante un psaume : « Qui me donnera des ailes comme à la colombe que je m’envole et me pose ? » (Ps 55,7).

Une fois, Abla M., une Libanaise qui dans sa jeunesse avait émigré à Montréal (Canada), m’a montré son hobby : la céramique. Dans ses temps libres, Abla travaillait l’argile, modelait des verres, des récipients, des ornements avec ses petites mains infatigables. Ensuite, elle les mettait au four et quand le processus était terminé, elle organisait une foire dans la paroisse pour aider les plus pauvres. Or, il y avait un vase bleu vif qui a attiré mon attention. Il était fissuré en une partie. Avec son accent sonore, elle m’a dit :

« Oui, l’argile a de la mémoire. Elle se souvient de la façon dont nous la traitons. La faute est à moi, j’aurais dû le pétrir à nouveau, mais comme je suis impatiente je l’ai laissé comme ça et avec le temps les fissures se font jour. »

Abla m’a donné une grande leçon. En effet, quand on ne donne pas le temps nécessaire aux choses, le souvenir de la boue intervient et les fissures reviennent. Je pense beaucoup au travail du potier qui revient sur ses pas et pétrit à nouveau le pot. Je pense à l’image utilisée par le prophète Jérémie (Jr 18) en parlant de Dieu comme d’un potier qui commence sa tâche avec amour et patience, avec créativité et espérance.

Le pape François a récemment rencontré un groupe de prêtres étudiants à Rome. Et avec des mots concis et simples, il a parlé de fragilité.

« Il ne faut pas mettre de côté les fragilités : c’est un lieu théologique. Mes fragilités, celles de chacun de nous, sont le lieu théologique de la rencontre avec le Seigneur1. »

L’enseignement du pape pointe une réalité très profonde : les fragilités de chacun. En elles le Seigneur se manifeste. La faiblesse est le lieu de l’épiphanie, de la rencontre de la miséricorde divine qui vient à la recherche de l’homme. Car celui qui « connaît ses faiblesses et en parle avec le Seigneur, il marchera bien », dit le pape2. Il ne s’agit donc pas seulement de reconnaître les fautes, mais d’y trouver le baume d’une rencontre avec Jésus qui est venu briser nos chaînes, qui nous fortifie précisément là où notre argile le requiert.

Dans ces pages, de manière simple et directe, je veux proposer quelques voies pour accepter les faiblesses. Vivre avec elles et non malgré elles. C’est là que le Seigneur se manifeste, comme il dit à Paul : « Ma grâce te suffit, ma force est parfaite dans la faiblesse » (2Co 12,9). C’est le paradoxe de la faiblesse de l’homme et de la force que Dieu accorde pour que plus on s’ouvre à sa miséricorde, plus on expérimente sa force : « Quand je suis faible, alors, c’est quand je suis fort » (2Co 12,10).

Le pape, dans ce dialogue avec de jeunes prêtres, a fait référence aux ministres Superman : « Ils finissent mal, tous. » Je pense que nous pourrions aussi appliquer cette réflexion à chaque chrétien. Celui qui n’assume pas ses fragilités ne pourra pas trouver en elles la force qui vient de Dieu. Celui qui pense qu’il est un petit « Superman » n’ira pas très loin.

Quand tout semble perdu, quand le manque semble plus grand que le don, quand le péché semble cacher la lumière et l’espérance, au même endroit et au même moment se découvre l’infinie miséricorde de Dieu qui peut tout. Saint Jean XXIII a écrit dans son journal :

« Je suis forcé même à avouer ma misère. Je suis un pauvre pécheur, un serviteur infidèle et inutile… Je suis distrait, je suis ignorant, je ne suis rien. Jésus, miséricorde ! »

La conscience des limites et des fragilités est nécessaire pour accueillir la miséricorde. Pourtant, c’est le pardon, la grâce de Dieu, sa miséricorde qui ont la primauté. On pourrait dire que dans l’aventure de reconnaître nos faiblesses et nos frustrations, notre argile et nos fissures, si nous sommes sincères, nous savons que le triomphe appartient à Dieu, à son amour inconditionnel et à sa fidélité. « Dieu est fidèle, je le sais par expérience », m’a dit un jour Maria de los Ángeles, une religieuse qui mourait d’un cancer.

On dit qu’une fois saint Bernard de Clairvaux priait seul dans l’église du monastère et il ne trouvait aucune réponse de Dieu. Las du silence de Dieu, le moine interroge Jésus en disant : « Seigneur, je t’ai tout donné, et tu ne me réponds pas ! » Et à ce moment-là, le Seigneur répondit : « Bernard, tu m’as tout donné sauf tes péchés. Tu devais aussi me les donner. » La vérité que véhicule cette pieuse anecdote est extrêmement importante. On pense souvent que la seule chose qui nous appartient sont nos péchés, et ce n’est pas le cas. Il y a un certain orgueil caché dans l’attitude de « vouloir garder pour soi ses fautes et ses péchés ». C’est comme si Jésus lui disait :

« Tes péchés aussi m’appartiennent, je suis venu dans le monde pour te sauver du péché, pour eux je suis mort sur la croix, tu dois me les donner, tes fragilités doivent être sur ma croix, afin que ta faiblesse se transforme en force par ma grâce. »

Comme cela peut paraître paradoxal aujourd’hui que nous vivons dans les vitrines des réseaux sociaux, où nous-mêmes et nos « amis » (ou plutôt « connaissances virtuelles »), tous déterminés à montrer une vie parfaite, en super vacances, succès, amusement, rires et nourriture délicieuse. Et dans ce livre, nous parlons de faiblesse, de fragilité et de péché, de frustrations, de peurs et d’angoisse, d’échecs et de défauts.

Cher lecteur, je t’invite donc à un voyage vers l’intérieur, vers la fragilité, vers ce lieu que personne ne connaît, mais seulement Dieu et peut-être un peu toi aussi. Le chemin choisi n’est pas le chemin habituel. L’invitation est de découvrir que même « des pierres Dieu peut susciter des enfants à Abraham » (cf. Mt 3,9), que des blessures peut jaillir la paix, que la lumière peut entrer par elles. Puissent ces thèmes vous aider à rencontrer le Seigneur, précisément dans l’amertume, dans le péché, dans les ténèbres, ou à l’endroit où vous avez le plus besoin de son amour et de pouvoir lui dire à la fin de ces lignes : Seigneur, me voici avec mes fragilités !

1. Discours du pape François à la communauté du Collège SaintLouis-des-Français, Cité du Vatican, 7 juin 2021.

2.Ibid.

II

L’acceptation de soi