Vivre est dangereux... mais c’est tellement beau - Guy Michel - E-Book

Vivre est dangereux... mais c’est tellement beau E-Book

Guy Michel

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Beschreibung

« Pour apprendre la vie en respectant l’autonomie du lecteur, je lui propose d’apprendre de la vie. Ce n’est pas une conception du monde qui lui est présentée, mais un regard passé au prisme des attributs que l’histoire de la vie biologique révèle. Dans un monde qui distille la peur, je souhaite qu'il puisse se forger l’invincible espoir, pareil à celui qui habite le vieil homme que je suis. Le texte principal est complété par un “Abécédaire au fil de la vie” d’une cinquantaine de mots associés à des citations de grands penseurs. Sa lecture guidée par une imagination fugace favorise un cheminement personnel… »


À PROPOS DE L'AUTEUR


Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Cachan, agrégé d’Économie et de Gestion, et enseignant-chercheur retraité ayant exercé les fonctions de directeur de l’IUT de Colmar et de vice-président de l’Université de Haute Alsace, Guy Michel est riche de perceptions issues de ses expériences et de ses interactions sociales. Avec Vivre est dangereux... mais c’est tellement beau, il met en avant des valeurs fortes et profondes sous le couvert de son analyse de l'histoire de la vie.

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Guy Michel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vivre est dangereux…

mais c’est tellement beau

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Guy Michel

ISBN : 979-10-377-8879-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Écrire, c’est en somme donner de l’avenir au passé.

Annie Ernaux

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans le texte principal, les mots suivis du symbole * (astérisque) figurent dans l’abécédaire.

 

 

 

 

 

La vie dont je parle lorsque je dis que « c’est tellement beau » est celle que j’ai ressentie dans mon corps lorsqu’une émotion me serre la gorge. C’est aussi le papillon qui se pose sur une fleur, le soleil qui se lève derrière l’horizon, le sommet d’une montagne gravi au bout de l’effort. De même, c’est la vie que j’ai sentie dans l’odeur de la forêt encore humide après la pluie, ou dans la senteur des acacias en fleur. C’est celle du doute du soir qui se réveille en volonté d’agir. C’est surtout celle des regards qui brillent, des rires des enfants et avant tout celle partagée avec ceux que j’aime.

 

 

Mais ce n’est pas mon histoire que je veux te conter, c’est celle de la vie, la vie élémentaire, simple, sans tous les artifices que notre « intelligence » et le business lui ont greffés jusqu’à en faire un simulacre. La vie, aventure fascinante qui garde ses mystères mais m’a appris l’essentiel pour agir et penser.

Le monde, que tu vas progressivement découvrir, distille la peur dans tous les domaines : peur pour sa santé, peur de ne pas réussir, peur de perdre ce qu’on possède, peur de l’autre, peur de la nature, peur de l’inconnu, peur des violences en tout genre…

Bien sûr, la peur existe, je l’ai connue, mais elle ne doit pas empêcher la réflexion, la décision et l’action, sous peine de te précipiter vers d’autres dangers, peut-être pires. Avec la peur, ton regard se focalise sur ce qui est, elle t’empêche d’imaginer et de bénéficier de ce qui pourrait être, le champ des possibles se réduit, tu es alors vulnérable, elle risque d’aliéner ta personnalité. Plus globalement, avec la peur omniprésente, la vie n’est plus cette aventure qu’elle est depuis son origine, elle devient une histoire dictée par des connaissances acquises dans le passé, ignorant ainsi la créativité, une histoire écrite par des spécialistes sans humanité, une histoire programmée par des techniques asséchées de vie. 

Je voudrais que tu puisses connaître l’aventure de la vie avec enthousiasme sans être paralysé par la peur,découvrir sans cesse, apprendre sans relâche.

C’est en me penchant sur les récentes découvertes concernant l’origine de la vie et son évolution sur quelques milliards d’années que j’ai retrouvé des idées-forces qui ont jalonné ma pratique quotidienne et mes réflexions. Le fait de pouvoir connecter ces caractéristiques, à l’origine de la vie et de son évolution, à des valeurs qui ont structuré mon parcours, m’a incité à vouloir les partager avec quelqu’un qui démarre. C’est l’objet de mon survol des récentes découvertes sur l’origine de la vie dans le chapitre « Le mystère de la vie ».

Puissent ces idées-forces t’aider dans ton action et ta pensée.

Comme tous les parents et grands-parents, je souhaiterais te faire profiter de mon vécu. Mais ce n’est pas une conception du monde et de la vie que je veux exposer ; ton autonomie est un bien trop précieux, je ne veux pas te transmettre des idées prêtes à être consommées. C’est mon « Regard sur la vie et le monde », passé au prisme des idées-forces que je te proposerai.

 

Puissent ces coups d’œil t’aider à développer ton propre regard

et donner du sens là où il fait défaut.

L’observation du vécu, le mien et celui des autres, me conduit à reconsidérer mon métier d’enseignant avec beaucoup de modestie. L’école t’a probablement appris des choses essentielles qui te permettront d’observer, de mémoriser, parfois de comprendre. Mais il reste à apprendre à vivre, et là, il n’y a qu’une seule école : la vie elle-même. Il te faudra observer « Ce que la vie nous révèle ».

 

Apprendre à être, apprendre à vivre,

apprendre entouré(e) d’autres vies,

apprendre sans certitudes

afin de te lancer dans l’aventure de la vie.

 

 

 

 

 

 

 

A

Le mystère de la vie

 

 

 

S’interroger sur « c’est quoi la vie » conduit à évoquer deux aspects du mot « vie ». L’un se réfère à la durée de l’existence d’un individu : avoir une longue vie, une vie heureuse ; l’autre renvoie au phénomène biologique qui caractérise le monde du vivant. Je te propose un rapide survol du processus biologique qui a conduit à l’émergence de la vie puis à l’apparition des êtres vivants. La connaissance minimale de cette longue histoire me semble être une clé pour se forger une conception du monde et de la vie, celle-ci pourra te servir de guide dans l’aventure qui t’attend.

Si l’histoire de la Terre était racontée dans un livre de 1000 pages, voilà quand apparaîtraient quelques évènements marquants : la vie serait mentionnée pour la première fois à la page 185 et resterait unicellulaire (bactéries, virus…) jusqu’à la page 700, la vie sortirait des eaux à la page 916, les dinosaures figureraient à la page 950, les premiers hominiens à la page 998 et Homo Sapiens serait cité dans les toutes dernières lignes de la toute dernière page.

Deux étapes très éloignées l’une de l’autre sont intéressantes à découvrir :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1. La vie, un processus biologique

 

 

 

Focus

Sous son angle biologique, la vie peut être appréhendée comme un système non finalisé, ouvert sur son environnement, fait d’éléments en interaction qui s’auto-organisent et sont capables de se multiplier et de s’adapter en permanence.

L’interaction est à mon sens la propriété la plus pertinente pour caractériser la vie. Elle exige l’ouverture réciproque des éléments entre eux pour rendre possible l’échange d’informations et d’énergie. Elle a pour conséquence la complexification qui permettra l’émergence de la vie puis l’apparition de l’humain. Dans les processus qui ont permis l’apparition et le développement de la vie, il est intéressant de noter que le hasard et les contraintes du moment ont joué un rôle primordial. Ces processus n’ont pas été déterminés par une cause extérieure ; dès l’origine, la vie a été une aventure (suite de péripéties et rebondissements) au cours de laquelle l’adaptation aux contraintes et la coopération entre les éléments ont autorisé la poursuite.

 

L’histoire démarre il y a environ 3,8 milliards d’années, peu après la formation de notre planète, la Terre il y a 4,5 milliards d’années. Dans un environnement qui nous serait insupportable, vraisemblablement au fond des océans, dans de l’eau plutôt chaude, un bouillonnement de molécules chimiques va donner naissance à des macromolécules complexes. Dans cet univers agité, se produit alors un évènement qui n’a pas de cause apparente ou connue à ce jour : l’apparition d’une membrane qui va enfermer des molécules complexes et former ainsi une cellule.

 

 

Il ne s’agit pas d’une évolution mais d’une rupture, car dans cet univers agité la matière chimique inerte vient de donner naissance à la vie. 

Le mouvement caractérise désormais la vie

Cette membrane qui sépare l’intérieur de l’extérieur donne naissance à des processus chimiques qui vont transformer des éléments puisés à l’extérieur en énergie. L’échange entre la cellule et son environnement est possible du fait d’une propriété fondamentale de la vie : l’ouverture. La membrane n’est pas une frontière* qui coupe la cellule de son environnement mais elle a pour fonction de prendre en charge l’échange entre le tout que constituent une cellule et son environnement. La photosynthèse en est un exemple, il est aisé de comprendre que la fermeture est synonyme de mort*.

L’ouverture est une condition à la vie

Un autre processus permet à la cellule de se multiplier, en fait elle se divise et donne naissance à deux cellules qui ont en commun certaines caractéristiques mais ne sont pas totalement identiques ; cette faculté de se reproduire est une autre caractéristique essentielle de la vie. La vie est ainsi apparue, sous une forme très rudimentaire mais avec des facultés extraordinaires : se multiplier, se complexifier, s’adapter. 

Par la suite, les cellules se sont multipliées ; elles sont entrées en interaction et ont fait émerger des organismes multicellulaires. L’interaction entre les cellules se fait par des échanges d’informations, d’énergie, de matières et par des processus de coopération. Le phénomène d’interaction* est une troisième caractéristique de la vie ; elle a été à l’origine des molécules complexes qui ont été enfermées dans la cellule, elle sera présente à toutes les étapes de l’aventure avec son corollaire, la complexification*.

L’interaction caractérise la naissance et l’histoire de la vie

Au sein d’un organisme, les cellules vont se spécialiser et donneront naissance à des organes hautement sophistiqués, comme pour l’humain, le foie, le cerveau, le cœur… Nulle part n’était écrit un objectif à atteindre. Le hasard* et les contraintes ont fait évoluer des molécules en cellules, certaines cellules en organismes multicellulaires, certains organismes multicellulaires en espèces vivantes (végétales ou animales) ; ces espèces vont ensuite se diversifier, l’humain en sera une occurrence parmi d’autres. La science a découvert comment les informations étaient codées notamment dans l’ADN, mais nulle part il n’y a de programme global stocké et exécuté pour déterminer le processus qui mène de la cellule à l’être vivant.

 

 

La complexité* a été un prérequis à l’apparition de la vie, elle a accompagné son évolutionpour en être définitivement un attribut immuable.

 

Les 9 mois d’une grossesse sont un raccourci saisissant de l’histoire de la vie longue de près de 3,8 milliards d’années. Au cours de cette période, on passe d’une cellule née de la fécondation à un petit humain par multiplication et spécialisation des cellules.

 

 

Dans la longue histoire de la vie, à chaque étape, la nouvelle structure vivante s’auto-organise pour répondre aux messages reçus et aux contraintes de son environnement. Ce processus est mémorisé dans nos cellules, nous sommes un condensé de cette évolution en même temps qu’une étape dans une aventure* extraordinaire et mystérieuse. 

Après avoir décrit le processus qui a conduit à l’apparition de la vie dans son livre Aux sources de la vie, Éric Karsenty note « On voit bien d’où peuvent provenir les composants du tout. En revanche, comment le tout s’est mis à fonctionner en un système reste un mystère. »

 

 

 

 

 

 

 

Éveiller ta curiosité 

Pour ouvrir ton horizon, je veux évoquer l’interaction dans l’autre monde du vivant : le végétal.

L’échange d’informations et d’énergie entre les plantes elles-mêmes et avec leur environnement est aujourd’hui un phénomène reconnu. L’information stockée sous une forme chimique est révélée grâce à un processus d’activation des substances chimiques par des molécules. Une fois activées, ces substances chimiques sont le support d’une communication que l’on peut qualifier d’inconsciente.

 

Voici deux exemples :

Les plantes perçoivent le toucher comme par exemple la sensitive (mimosa pudica) dont les feuilles se rétractent dès qu’on les touche. Autre exemple, les hêtres modifient leur croissance pour s’adapter aux vents dominants afin d’éviter d’être arrachés. 

Plus surprenant et plus proche de nos pratiques : dans les années 1980, des chercheurs ont découvert que des acacias en Afrique du Sud ont développé en quelques heures des molécules anti-digestives parce que les antilopes étaient trop envahissantes et menaçaient leur survie, des acacias situés à quelques mètres en ont fait autant. N’est-ce pas une preuve que les arbres communiquent entre eux et exploitent les informations pour s’adapter. Cet exemple m’interroge sur la communication inconsciente entre les humains.

 

 

 

 

 

 

2. Évolution vers l’être l’humain

 

 

 

Focus

Pendant des millions d’années, la complexification d’une part des cellules du cerveau et d’autre part de la structure du cerveau vont successivement conférer aux hominiens l’intelligence puis la pensée consciente. Mais c’est l’interaction* entre les individus qui va faire émerger des valeurs communes et leur apporter la conscience* d’être parmi d’autres consciences d’être. Par des sauts successifs, on va ainsi passer du monde purement physique à celui de la pensée. Cette évolution peut être vue comme le passage de la matière (les neurones) au spirituel (la pensée), du troupeau sans culture à la société, d’un tas inorganisé à un tout organisé. C’est donc non seulement un processus biologique qui nous fait naître, mais aussi la société tout entière qui nous engendre. Pour l’avenir, l’évolution de notre espèce sera principalement non biologique et essentiellement culturelle. Soyons donc vigilants envers la santé de notre société.

 

L’évolution biologique qui a donné naissance à des organismes vivants ne s’est pas arrêtée lorsque sont apparus nos lointains ancêtres bipèdes avec lesquels nous partageons un certain nombre de caractéristiques.

 

Apparition de l’intelligence

Au départ, les traitements effectués dans le cerveau étaient purement mécaniques, déterminés physiquement par le réseau anatomique de neurones.

 

 

C’est seulement il y a environ 1,6 million d’années qu’une première forme d’intelligence (Cf. dans l’abécédaire Q.I.*, l’intelligence) apparaît chez les hominiens qui avaient déjà près de 5,4 millions d’années d’existence, pour mémoire la première cellule était apparue environ 3,8 milliards d’années avant.

Puis un seuil est franchi dans la complexité du cerveau, cela va permettre à cet hominien de disposer d’une « machine universelle à comprendre » (expression de Stanislas Dehaene, chercheur en neurosciences).

Cette « machine universelle à comprendre » est un héritage du passé. Au cours de millions d’années, sous l’effet des contraintes et de la sélection, les cellules ont mémorisé l’évolution et permis l’émergence de cet organe de plus en plus complexe qui traite les informations et bien plus encore… car il va être capable de se développer au contact des stimuli de son environnement. Le cerveau s’auto-organise, il n’est pas seulement l’héritage d’une évolution passée. 

Notre « machine universelle à comprendre » est donc le produit et la mémoire de l’histoire de l’humanité,mais en même temps elle est aussi le produit de nos perceptions présentes, de nos émotions, et ce dès notre plus jeune âge.

En effet, le développement du cerveau humain est essentiellement post-natal, tant par son volume (le cerveau d’un nouveau-né a une taille d’environ 10 % de sa taille adulte) que pour sa structure. Ce n’est pas le cas chez les autres grands singes (ce pourcentage est d’environ 50 % pour un chimpanzé). Il en résulte que la structuration sociale du cerveau de l’humain est fondamentaleet beaucoup plus forte que pour les autres espèces animales.

 

À partir des stimuli provenant de notre environnement, le cerveau va stocker des informations brutes puis il va construire des représentations, des concepts, des simulations. La complexification particulièrement élevée du cerveau humain lui a permis de développer des fonctions réflexives capables de générer à partir de données stockées de nouvelles données et des données sur des données (métadonnées), de nouveaux concepts et des concepts de concepts (méta-concepts). C’est essentiellement par cet aspect que le fonctionnement du cerveau humain se distingue de celui des autres espèces vivantes.