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Les tendances suicidaires sont une réalité qui peut toucher quiconque, indépendamment de la personnalité ou du statut social. Pour aborder ce sujet sans jugement, Pascal Carausse et Aline Raelisoa présentent une compilation de cas réels de personnes ayant envisagé ou tenté le suicide, avec des résultats variés. Ce livre n’est en aucun cas une glorification du suicide, mais plutôt un avertissement contre de tels comportements. Il examine les mécanismes conduisant à de telles extrémités sans tomber dans le misérabilisme.
À PROPOS DES AUTEURS
Initialement intéressé par une carrière dans l’enseignement de l’histoire et de la géographie,
Pascal Carausse a dû abandonner ce projet lorsqu’il a été victime d’une hémiplégie. Depuis lors, il s’est tourné vers l’écriture de romans historiques, fusionnant ainsi sa formation académique avec sa passion littéraire. / Dès son plus jeune âge,
Aline Raelisoa est attirée par le monde du chant. Elle collabore avec différents artistes en réussissant à se hisser jusqu’à la scène de l’Olympia. Au tournant des années 2000, elle rencontre Pascal Carausse et décide de s’associer à lui pour se lancer dans l’écriture.
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Seitenzahl: 169
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Pascal Carausse
&
Aline Raelisoa
Vivre est pourtant tellement beau
Roman
© Lys Bleu Éditions – Pascal Carausse & Aline Raelisoa
ISBN : 979-10-422-2406-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À Denis et Alexis Carausse, en leur souhaitant de faire preuve d’un équilibre psychologique suffisant
pour ne jamais en arriver aux extrémités exposées ici.
Pascal
À ma propre personne, qui a connu des velléités suicidaires, et n’en est sortie que plus forte encore, ainsi qu’à tous ceux qui ressentiront les mêmes pulsions, sans jamais passer à l’acte. Enfin, à mon mari Vincent Geiger
qui m’a toujours appuyée dans tous mes projets.
Aline
De mourir, ça ne me fait rien, mais ça me fait de la peine de quitter la vie. Ça me fait de la peine de penser que je ne reverrai plus ma femme, ni mon fils César […]
Il s’agit là des paroles que Marcel Pagnol, dans son film César, troisième volet de sa trilogie, fait prononcer à Fernand Charpin qui incarne maître Panisse. Les exemples que nous allons vous narrer dans cet ouvrage présentent des motivations foncièrement différentes dans l’intention, puisqu’ils évoquent une sorte d’étude de cas de personnes qui n’éprouvaient aucune peine à l’idée de quitter la vie. Réellement ou non. Pour preuve, chacune a tenté au moins une fois, avec ou sans succès, de mettre fin à ses jours. Tous les cas sont réels, mais les noms et prénoms masqués. Quels enchaînements d’événements ont bien pu contribuer à pousser ces individus, parfois des victimes, parfois non, à sauter le pas et tenter de commettre l’irréparable ? Quelles pouvaient bien être les motivations qui les ont amenés à adopter un comportement suicidaire ?
Il convient de préciser que la conception du suicide elle-même varie en fonction des civilisations. Dans la religion animiste des Inuits d’avant la christianisation, par exemple, il existe un paradis spécialement réservé aux suicidaires. La raison en est simple : étant données les conditions de vie particulièrement âpres et rudes de l’Arctique, le suicidé rendait presque un service à ses proches en cessant de peser sur la communauté. De même au Japon, le suicide suivant le rituel du Seppuku – improprement appelé en occident hara-kiri – permet à la fois de recouvrer un honneur perdu, voire d’exprimer sa désapprobation face à une décision hiérarchique considérée comme inique. Il en va tout autrement dans les grandes religions monothéistes : Judaïsme, Christianisme, Islam, où le suicide constitue alors le meilleur moyen de se fermer définitivement les portes du paradis. Nous ne chercherons pas à savoir qui a tort ou raison. Simplement, fermement ancrés dans notre siècle, nous essaierons après chaque « enquête » de fournir une explication psychologique. Nous devons bien prévenir que celle-ci n’a rien de scientifique. Personne parmi nous n’est diplômé en psychologie. Mais c’est en autodidactes que nous avons effectué des recherches, qui nous permettront peut-être d’éclairer le lecteur, et l’aider à mieux appréhender les cas de figure qui lui sont présentés.
Bonne lecture à tous.
Aline et Pascal
L’amour est un genre de suicide.
Jacques Lacan
Aliénor était originaire d’une île exotique au large des côtes africaines. D’une taille dans la moyenne basse, son visage était très fin, sa peau plutôt mate, ses yeux marron, ses cheveux ondulés. Sa corpulence demeurait conventionnelle. Elle s’était toujours distinguée par sa coquetterie. Jean-Luc, lui, résidait dans un département du sud de la France, en Provence. Il était de grande taille, aux cheveux raides, châtain clair et à la peau blanche. Ce qui frappait surtout de prime abord chez sa personne résidait dans son expression naturelle totalement neutre sinon carrément éteinte, proche du zombie. C’est alors qu’Aliénor se trouvait en train de flâner dans un grand magasin qu’elle fit fortuitement la connaissance d’une femme native de son archipel. Cette dernière avoua se prénommer Almaze. Parfaitement proportionnée, la peau mate, le visage respirant la gaieté d’une finesse peu commune, les cheveux châtain foncé et ondulés, particulièrement souriante, au regard évoquant la bienveillance, pétillant d’une évidente lueur de malice et d’intelligence. Une femme que l’on pourrait sans la moindre hésitation qualifier de très désirable. Elles sympathisèrent tout de suite. Ladite Almaze n’était que de passage chez sa cousine Évelyne, et s’apprêtait à rentrer chez elle. C’est dans ces circonstances qu’Aliénor et Évelyne devinrent de réelles amies. Évelyne affichait une taille moyenne sinon grande, sa peau était très foncée et ses cheveux crépus. Ses yeux étaient d’un noir de jais et son expression naturellement souriante. Malgré sa coquetterie naturelle, elle affichait un certain embonpoint. Quelques jours plus tard, Évelyne invita Almaze à venir passer quelques jours chez elle, en tant que cousine. Ce furent là des jours des plus festifs. Peu de temps après vint le tour d’Aliénor, qui invita les membres de son entourage à venir festoyer chez elle. C’est à cette occasion qu’elle raconta à Almaze ses déboires dans sa vie de couple, ainsi que son dégoût de se trouver avec ce Jean-Luc qu’elle prétendait n’avoir jamais aimé. Pourquoi, alors, l’avoir épousé, sinon pour obtenir des papiers français ? Même s’il ne s’agissait là que d’une simple hypothèse émise par Almaze, cette dernière n’allait pas tarder à être détrompée en se heurtant à la réalité. En effet, dans l’immédiat, Aliénor n’en avait pourtant même pas encore fait la demande, à moins qu’Almaze ne l’ignore. Dans tous les cas, il était sûr qu’elle n’avait toujours pas obtenu la nationalité tant convoitée. Or, Aliénor se révéla être une manipulatrice. C’est en effet sans le moindre scrupule qu’elle comptait entrer en possession des papiers français, pour à terme faire venir son amant insulaire, et tromper son mari sans vergogne. Car ce ne serait d’ailleurs pas son coup d’essai, puisqu’elle avait déjà été infidèle à celui-ci à plusieurs reprises lors de certaines fêtes, et ce malgré la présence de ce dernier, après l’avoir assommé à coup de somnifères. Son intimité avec son amant était dès lors totale, et ce au sein même du domicile conjugal. C’est à ce moment que lui vint l’idée de faire venir sa fille, née d’un premier lit, et restée dans l’hémisphère sud. Elle obtint malgré tout la bénédiction de Jean-Luc qui se montrait même tout disposé à l’adopter. La jeune fille devait avoisiner les neuf-dix ans. Les tractations furent plutôt rapidement expédiées, la fillette rejoignit assez vite la France, et fut relativement rapidement scolarisée. C’est alors qu’Almaze décela un certain dysfonctionnement dans leur foyer. À l’image de sa mère, l’adolescente – puisqu’elle avait dès lors dépassé la puberté – ne montrait aucun respect pour son beau-père, et tentait éventuellement de dresser systématiquement sa mère contre lui. La situation semblait donc se diriger vers une impasse et ne pouvoir qu’empirer. Almaze les rencontrait de manière assez espacée, et ne pouvait se faire une idée véritablement précise de l’ambiance réelle qui régnait dans leur foyer. C’est finalement la rumeur publique qui lui fit savoir qu’il se trouvait de l’eau dans le gaz dans leur couple. Elle apprit même que Jean-Luc s’était occasionnellement montré violent, et avait ressenti un profond désespoir au point d’effectuer une tentative de suicide. Il a donc absorbé une quantité de somnifères conséquente avant d’aller se coucher. Ce n’était visiblement pas son heure, puisque Aliénor, finalement alarmée par la profondeur du sommeil de son époux, appela les secours et parvint à le sauver in extremis. Fut-ce en réalité un mal pour un bien ? Toujours est-il qu’Aliénor sembla se trouver changée, peut-être en fait plus empathique, et donna l’impression de se rapprocher davantage de celui qui avait tenté de mettre fin à ses jours pour elle. Il avait alors fait la preuve d’une évidente faiblesse psychologique. Une brèche venait manifestement de s’ouvrir, dans laquelle elle allait pouvoir s’engouffrer en toute tranquillité, en toute quiétude. Elle s’appliqua alors à lui faire mener une vie toujours plus impossible. C’est lorsqu’ils se sont rendus en couple sur l’île d’Aliénor que celle-ci lui présenta sa sœur Samantha, ainsi que ses deux jeunes filles. Sur le moment, Jean-Luc ne soupçonna aucune supercherie. Car pour quelle raison, en tout état de cause ? Et cela jusqu’à ce qu’Aliénor envisage la possibilité d’échanger sa place avec sa sœur Samantha ! Pour commencer, elle divorcerait d’avec Jean-Luc, qui par la suite épouserait Samantha. Ce mariage ne se fit toutefois jamais. Au vu du calvaire qu’il subissait au quotidien, Jean-Luc commença tout d’abord par donner son accord. Aliénor, plus manipulatrice que jamais, parvint à le convaincre, avant d’engager toute procédure, d’adopter les deux filles de Samantha. La démarche fut progressivement menée à terme. Parallèlement, ils acquirent un terrain outremer, sur lequel ils firent construire une maison. Ils ne demeurèrent toutefois pas sur l’île très longtemps, et finirent par regagner la France en couple. Les deux filles de Samantha les retrouveraient plus tard, confiées pour l’heure à leurs grands-parents. Une fois rendus en métropole, ils avaient l’intention que celles-ci les rejoignent et fassent la connaissance des deux enfants que Jean-Luc possédait déjà. Ces derniers avaient beau avoir exprimé leur désapprobation concernant le choix de leur procréateur, que pouvaient-ils bien y faire ?
Refusant de voir Aliénor, ces derniers finirent par se détacher progressivement de leur père. Si douloureuse soit la séparation… Rien, donc, de plus propice à l’éclatement d’une famille déjà durement éprouvée. Celui qui apparemment le vécut le plus mal demeurait Jean-Luc, qui continua peut-être à ce moment à s’enfoncer dans la dépression et son dégoût de la vie. Et ce n’était certainement pas Aliénor qui allait pouvoir le soutenir dans sa détresse psychologique et existentielle. Le temps passant, les enfants n’allaient pas tarder à arriver. Cela ne suffit pas à restaurer chez Jean-Luc un moral suffisamment solide, puisqu’il effectua une seconde tentative pour mettre fin à ses jours. L’élément déclenchant provint probablement du fait du rejet de ses deux enfants qui rompirent tout lien avec lui après avoir appris l’adoption de ceux de Samantha. À plus forte raison s’il avait l’outrecuidance de se mettre en couple avec cette dernière. Si le procédé suicidaire restait le même, par cachets, il ne fut toutefois pas plus efficace. Différence notable : il n’avait pas cette fois attenté à ses jours à son domicile, mais sur son lieu de travail. Ce sont donc ses collègues qui lui ont cette fois sauvé la vie, en appelant rapidement les secours. C’est alors qu’il lui fut conseillé – notamment par son patron – d’entamer une cure de désintoxication alcoolique, couplée à une psychothérapie. Sa consommation de spiritueux était en effet devenue de notoriété publique, tout comme le fait d’avoir tenté à deux reprises d’interrompre sa vie. Tout cela laissait soupçonner de graves problèmes psychiatriques. Il a donc entamé les deux, sans hélas mener à son terme la désintoxication alcoolique.
Chaque fois qu’Almaze rejoignait Évelyne, c’est-à-dire en général en été, un pique-nique entre insulaires était organisé, où toutes les confidences possibles et imaginables étaient échangées. Il s’agissait par ailleurs du seul moyen que possédait Almaze de « prendre la température » au sujet des relations concernant les membres de son entourage. C’est à l’occasion d’un lundi de Pâques qu’Almaze, une artiste célèbre dans sa communauté tout autant que conviviale, honora l’assistance de sa présence. C’est en sympathisant avec une certaine Juliette qu’elles s’aperçurent qu’elles possédaient des connaissances en commun : Évelyne et Aliénor. Juliette était de taille à peu près moyenne, assez corpulente, à la peau très claire, aux cheveux ondulés et châtain foncé. Ses yeux marron avaient toutefois du mal à dissimuler un regard tout à fait sournois et des plus faux. Il se trouvait en plus qu’Aliénor et Juliette étaient presque voisines, même si elles ne s’étaient pour l’heure jamais croisées. En effet, les bâtiments qu’elles habitaient se faisaient face, séparés par une simple allée goudronnée. Une fois le pique-nique terminé, tout le monde fut invité chez Aliénor pour clore les festivités. Le repas fut des plus conviviaux, au point que Juliette invita Almaze à passer quelques jours chez elle quelque temps plus tard. Cette dernière accepta, et leur entente fut telle que Juliette confectionna même sur Almaze une nouvelle coiffure constituée de tresses africaines. Pendant ce temps, la rumeur enflait concernant les problèmes de couple d’Aliénor et Jean-Luc, au point que le compagnon de Juliette préfère rompre tout contact avec sa voisine. Peut-être cherchait-il de la sorte à protéger son propre couple. C’est en sortant dans le but d’effectuer quelques achats avec Juliette qu’Aliénor aperçut Almaze, la héla, et l’invita à manger le soir même, avant qu’elle s’en aille. Almaze, connaissant les antécédents du couple d’Aliénor, commença par hésiter à répondre favorablement à l’invitation. Elle s’en ouvrit à Juliette, qui la laissa totalement libre de sa décision, tout en insistant sur le fait qu’elle serait, elle, absente quoi qu’il arrive. Elle conseilla toutefois à son amie de quitter les lieux dès lors que le couple hôte commencerait à se disputer, ce qui a priori ne saurait manquer. Almaze, guère plus rassurée, honora tout de même l’invitation, et finit par se rendre chez Aliénor et Jean-Luc. Tout se passa au mieux, et malgré l’incontournable dispute qui se fit jour au sein du couple, les choses ne se sont pas envenimées au point d’avoir recours à la police, cette fois. Parmi les convives, ceci dit, se trouvait un couple d’Asiatiques, en plus d’un jeune homme ultramarin, qui parvinrent à faire retomber l’agressivité ambiante. Lorsque Almaze raconta sa soirée à Juliette, celle-ci fut formelle : le jeune homme en question ne pouvait être que l’amant d’Aliénor… Bien plus tard, Aliénor invita à nouveau Almaze, à l’occasion de son anniversaire, mais cette fois avec le nouveau compagnon de cette dernière. Une fois de plus, les incessantes disputes entre Aliénor et Jean-Luc mirent prématurément un terme aux festivités. Almaze, sans le savoir, venait de voir Jean-Luc pour la dernière fois. Deux ans plus tard, Aliénor tenta de renouer avec Almaze, lors de son passage dans le sud de la France, qui lui opposa une fin de non-retour. Elle justifia sa décision par le mauvais accueil qu’avait ressenti son compagnon à l’occasion de leur dernier séjour chez elle. Évelyne intervint peu après, porteuse d’une mauvaise nouvelle. Jean-Luc était en effet décédé… Juste après avoir offert à sa femme une automobile rutilante en guise de cadeau d’anniversaire. Almaze demanda tout naturellement ce qui avait bien pu se passer. Sur le moment, elle n’obtint aucune réponse en dehors du fait qu’il ait modifié son procédé, pour choisir cette fois la pendaison comme mode de suicide. Celle-ci avait d’ailleurs été effectuée sur son lieu de travail. Une fois surmontée la stupeur, Almaze fut forcée de conclure que la chose était prévisible, et que cette fois, Jean-Luc était enfin parvenu à ses fins. À l’annonce du décès de son mari, Aliénor eut du mal à dissimuler sa satisfaction. Elle commença par chasser sans vergogne les enfants de ce dernier, et prit vigoureusement en main la gestion du patrimoine de son ex-époux. Les funérailles furent des plus simples, et même son amant y assista. Ils allaient pouvoir désormais vivre ensemble, tout simplement après un déménagement. Jean-Luc était à peine froid qu’Aliénor s’employa à faire venir en France les deux enfants de Samantha que son défunt mari avait adoptés. Ils arrivèrent assez rapidement, le temps que toutes les démarches administratives soient expédiées. Aliénor pouvait donc désormais filer le parfait amour avec son amant, sans la moindre entrave. Elle utilisa le montant de l’assurance-vie de Jean-Luc, ainsi que celui de la vente de leurs deux véhicules pour s’acheter une belle maison, et une nouvelle voiture à quatre roues motrices. L’assurance-vie, toutefois, ne couvrait pas l’intégralité du coût de leur nouvelle demeure, et ils contractèrent donc un crédit. Almaze, plutôt déçue par le comportement pour le moins désinvolte d’Aliénor, finit par prendre ses distances. À peu près un an plus tard, elle se rendit à Lyon pour enregistrer en studio, en tant que choriste pour un chanteur des îles. Elle serait logée chez son employeur. La communauté ultramarine n’est pas énorme en France, et nombreux en son sein se connaissent. C’est ainsi qu’à Lyon, Almaze et son prestataire reçurent au domicile de ce dernier des connaissances insulaires amies d’Aliénor. Au cours de la conversation, les convives en vinrent à déplorer la tristesse du sort de Jean-Luc, qu’ils connaissaient par ailleurs. Ils envisagèrent alors d’aller se recueillir sur sa tombe, à environ une heure de route d’où ils se trouvaient. Almaze, qui n’avait pas vu non plus cette dernière, se porta volontaire pour les accompagner. Elle suggéra tout de même d’appeler Aliénor. Celle-ci était en effet la seule à connaître l’emplacement exact de la sépulture de Jean-Luc. Devant le manque de motivation du groupe, la décision fut prise de passer chez Aliénor par surprise, et d’éventuellement aller au cimetière si malheureusement elle était absente. La chose fut promptement exécutée, et comme Almaze l’avait pressenti, Aliénor n’était effectivement pas chez elle. Ils se rendirent donc tous au cimetière, le seul dans le village où ils se trouvaient. Restait alors à chercher une aiguille dans une botte de foin… Où pouvait bien avoir été placée la tombe recherchée ? De plus, le cimetière possédait deux accès. Le groupe entra par l’entrée qui se situait à quelques encablures seulement du tombeau prospecté. Simplement, ils passèrent devant sans le voir. Ils se séparèrent donc pour rendre leurs investigations plus efficaces. Almaze proposa alors d’appeler Aliénor afin qu’elle puisse les aiguiller jusqu’au point convoité. Sitôt dit, sitôt fait. Et Aliénor, une fois remise de son étonnement, demanda tout naturellement quel était l’objet de cet appel téléphonique inattendu. Une fois renseignée, elle prit très mal le fait que ses amis se soient rendus au cimetière sans la prévenir téléphoniquement. Elle fut également vexée de la surprise que ceux-ci avaient envisagé de lui faire, qu’elle trouvait du dernier mauvais goût. Pourtant quelle importance, puisqu’elle n’avait de toute façon jamais aimé son mari ! Concernant l’emplacement du tombeau de ce dernier, elle se contenta de lancer laconiquement.
Démerdez-vous !