Vivre ou se laisser vivre - Laurent Berthiaume - E-Book

Vivre ou se laisser vivre E-Book

Laurent Berthiaume

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Beschreibung

Personne ne devrait devenir invalide à 20 ans. C’est la phrase que toute ma famille et m’est proches s’est répétée lors de mon accident survenu le 31 octobre 1979.
Les heures, les jours et les mois qui se sont écoulés par la suite ont été parsemé d’horreur mais aussi d’espoir.
Avec beaucoup de courage, j’ai entrepris le chemin de la guérison intérieure jusqu’à me dire que mon fauteuil roulant n’était que finalement un instrument qui me « rendait » mes jambes.
Dans ce récit intimiste, vous serez aux premières loges des moments de désespoir que j’ai pu vivre, mais aussi de la vie presque normale que j’ai su me céer.
"Vivre ou se laisser vivre" est un rappel cruel mais nécessaire que notre passage sur Terre est rempli de défis.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Laurent Berthiaume est né en 1959 à Saint-Elzéar de Beauce où il demeure toujours. Victime d’un grave accident survenu le 31 octobre 1979 alors qu’il est à peine âgé de 20 ans, il entreprendra des études, aura son propre appartement, se mariera, aura un fils, Hugo. Un homme qui n’a pas hésité à foncer et à garder espoir qu’un jour il puisse marcher à nouveau.

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La photographie de la page couverture a été prise par : Véronique Côté, photographe

La photographie de la page couverture arrière a été prise par : Véronique Côté, photographe

Merci à Sophie & Maxime pour le décor de la ferme pour les photos.

Couverture et mise en page : Ecoffet Scarlett

Rédaction : Gwen Bobée

 

Toute représentation partielle ou totale est interdite sans le consentement explicite de l’auteur.

 

La révision linguistique de cet ouvrage est assurée par : Stéphanie Brière

 

Cette publication est dirigée par :

Téléphone : 418-271-6578

Courriel : [email protected]

Site Web : editionsenoya.com

 

 

 

 

 

 

 

Je dédie ce livre à tous ceux qui en feront

la lecture. Si cela peut apporter certaines

réflexions sur votre propre vie, j’en serai

grandi d’avoir pu contribuer à vous aider.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

REMERCIEMENTS

 

 

Je désire remercier mes trois sœurs, qui ont su apporter leurs contributions afin que je puisse mieux cheminer dans cette épreuve.

 

Je ne peux passer sous silence la présence de mon fils, qui a apporté un sens à ma vie.

 

J’aimerais remercier mes précieux amis et cousins avec qui j’ai eu de si beaux voyages de pêche pendant plus de 20 ans et même deux fois avec mon fils dans Charlevoix. Vous m’avez permis de vivre ces moments uniques, comme si j’avais tous mes moyens.

 

Je remercie finalement Gwen Bobée, ma rédactrice et éditrice. Son apport à écrire ce manuscrit a permis qu’un livre voit le jour et sans ce livre, il y aurait eu un manque à ma vie.

 

PRÉFACE

 

 

Lorsque j’ai vu Laurent pour la toute première fois, c’était dans le cadre de son témoignage dans l’émission : C’est ça la vie. Je ne dois pas être la seule à avoir été profondément admirative de sa joie de vivre. J’avais envie de rajouter : sa joie de vivre malgré ce qui lui est arrivé. Au fil de mes rencontres pour de la rédaction de manuscrits, je fais la connaissance de différentes personnes, toutes plus intéressantes les unes que les autres, mais je dois dire que Laurent m’a vraiment fait sourire plusieurs fois grâce à son humour, et son côté bon vivant. Et ce qui lui est arrivé le 31 octobre 1979 n’a pas altéré cet amour de la vie.

Lorsque je l’ai contacté pour écrire l’histoire de sa vie, c’est un Laurent heureux, mais aussi un peu réticent que j’ai rencontré. J’ai vite compris que sa personnalité était ainsi faite : prudent, mais une fois le projet démarré, c’est davantage un Laurent fonceur qui se présentait à moi.

Jamais il n’a manqué, retardé, annulé une entrevue. Dans le petit restaurant où nous nous donnions rendez-vous chaque semaine, je savais avant même d’arriver qu’il serait là, fidèle au poste, avec son café en main.

 

Laurent écrit dans sa dédicace que si ce livre peut faire œuvre utile et aider les gens à cheminer, il en sera grandi. Eh bien, je dois dire que c’est mon cas. Vivant moi-même avec un handicap, la force de Laurent, sa façon de voir la vie, les émotions qu’il a su me communiquer tout au long de l’écriture de sa propre vie m’ont poussée à la réflexion. J’ai cheminé. Grâce à lui.

 

Voici une histoire qui ne pourra vous laisser indifférents, elle laisse telle une empreinte, sa marque dans nos vies.

 

En gardant un esprit ouvert, je vous souhaite une bonne lecture,

GwenÉditrice

Les Éditions Enoya

AVANT-PROPOS

 

Depuis plus de quatre ans, j’avais envie d’exprimer ce récit de ma vie et par le fait même, grâce à ces écrits, mieux comprendre mon chemin de vie, mais aussi l’acceptation de ce qui m’est arrivé ce 31 octobre 1979.

 

En relisant les étapes qui ont jalonné ma vie, cela me permet d’être plus épanoui intérieurement et de vivre plus sereinement le reste de mon existence.

 

Après avoir fait la vidéo largement diffusée sur la chaîne Youtube dans le cadre de l’émission : C’est ça la vie, il m’est apparu évident, que c’était le bon moment pour moi de faire ce livre.

 

Comme si tout avait été orchestré, j’ai rencontré Marie-Noëlle Sylvain, celle qui allait me faire découvrir Gwen, qui justement l’avait contactée quelques semaines auparavant pour la rédaction d’un manuscrit.

 

De fil en aiguille, nous sommes entrés en contact, Gwen et moi, et j’ai foncé. Au fil de nos entrevues, je racontais les différentes étapes de ma vie et recevais dans la semaine même mon récit de vie. Certains passages m’ont fait sourire, d’autres, pleurer. Chose certaine, ce livre atteint l’objectif que j’avais au départ : comprendre et assimiler davantage ce qui m’est arrivé lors de cet accident, et l’influence qu’il a eue sur tout le reste de ma vie jusqu’à maintenant.

 

Je crois que sans ce livre, il manquerait un morceau du casse-tête de ma vie.

 

Bonne lecture,

Laurent

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1979

 

J’ai lutté contre moi, j’ai crié, souffert, esseulé dans

la nuit de mon âme et ma vie en lambeaux

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 1 La fin

 

« La vie et la mort boxent dans la même catégorie. » Martine Mairal

 

 

31 octobre 1979

 

Cette nuit, il a neigé… On dirait que l’hiver a pris sa place en une seule nuit. Dehors, il fait doux et froid à la fois. Environ -4 degrés, le froid nous semble toujours plus mordant au début de la saison. Comme chaque matin depuis maintenant quelques mois, je me lève à l’aube, toujours à la même heure : 5 :45, je crois que même sans cadran, mon corps sait que c’est l’heure de la traite des vaches. La ferme familiale abrite maintenant plus d’une centaine de vaches. À huit heures, mon petit déjeuner est pris et je sais ce que j’ai à faire : charger mes voyages de purin et aller les vider au champ. Je pars chercher une citerne d’eau pour la vider le plus possible. Nous sommes mécanisés à la ferme, et ça aide beaucoup à la productivité du travail que nous avons à faire. J’ai trois voyages de purin à effectuer.

 

Dès 8 :15, mon premier voyage est prêt. Je pars avec le tracteur et vais étendre mon contenu au champ. Vingt minutes plus tard, je suis déjà de retour pour charger mon deuxième voyage. Il n’est que 9 :30 lorsque ma besogne de deuxième voyage est terminée. J’envoie la main à ma mère, qui regarde par la fenêtre de la maison. Elle me fait son petit salut habituel. Je me réinstalle pour une troisième fois devant la citerne à purin qui a une profondeur de 12 pieds. Notre pompe n’est pas jeune, elle date au moins de 1974, et l’enveloppe qui protège le joint n’est pas complètement recouverte. Le tracteur est en marche, c’est lui qui tire le voyage de purin. Je prépare le troisième voyage, je le remplis de purin, mais il en reste encore un peu. Étant sur le bord de la citerne, je fais brasser le purin avec la pompe. Je suis bien équipé pour faire face au froid sec de cette journée, j’ai plusieurs couches d’épaisseur : shorts, combines, jeans, t-shirt, gilet col roulé de laine, veste de mouton et pour couronner mon habillement : un manteau de hockey. Comme le tracteur est chauffé, je laisse mon manteau ouvert.

 

La pompe à purin tourne à 1800 tours à la minute. Je me tourne et en moins de temps qu’il n’en faut, mon manteau ouvert prend dans le joint, qui est connecté au tracteur. Je n’ai pas le temps de réaliser ce que je suis en train littéralement de vivre : je me fais complètement ramasser. Déshabiller serait plus exact. Je fais un quart de tour sous le shaft de la pompe qui tourne à vive allure. De position debout, je me retrouve assis de force, il y a un espace de 30 pouces, je me ramasse dessous. Je me cogne la tête. Le shaft de la pompe me déshabille pour ne me laisser qu’une manche de col roulé et le collet et une manche de manteau, avec une moitié de ma paire de jeans. J’essaie de bouger, je ne sens plus rien du torse à mes pieds. Je me mets à crier, une forte panique s’empare de moi. Il fait tellement froid. Je suis couché, j’ai le dos dans les cylindres, avec une petite coupure apparente au cou, rien d’autre. Mais bouger m’est impossible, seul mon bras gauche est encore capable de mouvement. Je crie de toutes mes forces. La bâtisse de la ferme est environ à 75 pieds de moi. Les gens à l’intérieur entendent le bruit du tracteur, mais vont-ils entendre ma voix ? Je continue de crier. Un jeune électricien en stage à la ferme finit par m’entendre. Il arrive, me voit, nu comme un ver, il fige comme une statue. Je lui crie :

 

— Arrête le tracteur ! Arrête le tracteur !

 

Il est incapable de faire un quelconque mouvement, tout son être est figé.

Deux minutes plus tard, mon cousin Réjean arrive sur les lieux. Réjean est né sur la ferme et sait ce qu’il doit faire. Il éteint le tracteur immédiatement. J’ai tellement froid, je suis transi. Je ne cesse de répéter :

— J’ai froid ! J’ai froid !

 

L’impact a déplacé 15 vertèbres dans mon dos. Je suis complètement désaligné. Je ne le sais pas encore… Je ressens un choc et un mal inexplicable. Je ne suis pas en hypothermie, mais presque.

 

Une fois que Réjean a éteint le tracteur, les autres arrivent… Christian, un employé, puis mon père… Je ne crie plus. Je dis simplement :

 

— Amenez-moi dans la maison, j’ai trop froid.

 

Ils s’y prennent à quatre pour me transporter jusqu’à la cuisine, où ils m’étendent sur la table. Je suis nu. Je perds connaissance dès que je suis couché. Ils m’assoient sur le bord de la table. Je reviens à moi. Ma mère court dans tous les sens, elle m’installe des oreillers pour me maintenir. Tout le monde s’affaire autour de moi. Ma mère perd son sang-froid devant son garçon qui n’en mène plus large. Je perds des petits bouts, j’ai quelques absences.

 

Mon père prend la situation en main en disant :

 

— On n’appellera pas l’ambulance, le temps qu’elle arrive, il a le temps de mourir.

 

C’est décidé, on m’installe dans la voiture de mon père. Encore une fois, ils s’y prennent à quatre pour me transporter. Ma mère est à genoux dans le fond de la voiture et répète en boucle :

 

— Sauvez-le… Sauvez-le… Sauvez-le…

 

Elle pleure à fendre l’âme.

J’ai la sensation que je vais mourir. Et pendant que je suis entre la vie et la mort, les comptables chargés de la vérification fiscale de la ferme font comme si rien n’existait mis à part les chiffres de l’entreprise. Mon père leur crie :

— Mon fils a failli mourir. Je vais avec ma femme à l’hôpital, vous partez d’ici, sinon, moi, je vais vous faire sortir !

 

Comme la froideur des gens peut être dévastatrice en de pareils moments.

Le voyage vers l’hôpital de l’Hôtel-Dieu-de-Lévis se fait rapidement. Mon père conduit vite. L’urgence de l’hôpital est appelée, ils m’attendent…

Le 30 octobre 1979 a été le dernier jour de ma vie normale. En ce 31 octobre 1979, je ne sais pas ce qui m’attend. Le monde cruel et inconnu se présente à moi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La ferme familiale telle qu’elle était au moment de l’accident (photo prise à l’été 1982)

 

 

 

 

1959

 

Où que nous allions, cette famille est notre forteresse

Chapitre 2AU CŒUR DE MA FAMILLE

 

 

« L’amour et le travail sont les deux seules choses réelles dans nos vies. »

Marilyn Monroe