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Marqués par un passé cruel, Amon et Sati s'en sont toujours tenus à une seule et même philosophie : Ne pas s'attacher. Jamais. Mais lorsque le coeur cherche à s'exprimer, la volonté suffit-elle pour s'en tenir à ses convictions ? Après tout, il n'y a pas de mal à se faire du bien. Plongez dans l'Egypte ancienne, au beau milieu des rue de Thèbes, dans cette romance historique et érotique.
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Seitenzahl: 58
Veröffentlichungsjahr: 2023
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©2023, Héca Riou
Tous droits réservés
ISBN : 9782322480197
Edition : BoD – Books on Demand, Norderstedt
« Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays. L’auteur ou l’éditeur est seul propriétaire des droits et responsable du contenu de ce livre. Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. »
Pourvu que ma mère ne tombe pas là-dessus.
Il était tout pour moi. Après qu’il m’ait recueillie, mon univers entier s’était mis à tourner autour de lui.
Il m’avait tout appris. Chacun de ses tours, chacune de ses techniques, et surtout, comment survivre dans ce monde façonné par les hommes, pour les hommes. J’avais grandi à ses côtés, l’imaginant parfois père plus que mentor, et il me regardait avec cette même bienveillance qui me poussait à me surpasser chaque jour pour ne jamais cesser de l’impressionner.
J’étais devenue son plus bel atout, sa disciple, et il m’emmena ainsi partout avec lui, me faisant parcourir le pays à la recherche de tous ses trésors cachés, dont il était si avide. Il soignait les malheureux sur notre passage, maniant à la perfection l’art de la médecine, tout autant que celui de la persuasion, nous offrant toujours plus d’opportunités.
Je lui avais confié ma vie, qui avait si peu de valeur jusqu’à ce que je croise sa route, moi, l’orpheline sans nom, tout juste bonne à voler le grain des poches des marchands, avec un espoir aveuglé par la légende qu’il représentait. Il m’intimidait, non moins qu’il me fascinait. Il était mon précepteur, mon modèle, et m’avait fait la grâce de m’apposer sa marque dans ma nuque, indélébile, comme la preuve d’une réciprocité dans la confiance que je lui témoignais.
Mais du jour au lendemain… Je n’étais plus rien.
Il était parti, sans un mot, me laissant seule et inconsciente au milieu du désert, dans l’espoir sans doute que je n’y survive pas.
L’avais-je finalement déçu ? Étais-je trop faible à son goût ? Ou s’était-il simplement désintéressé de moi avec le temps ?
Tout ce dont je me souvenais, c’était de la chaleur écrasante lorsque je me suis éveillée, bercée par la marche lascive du chameau sur lequel me transportait mes « sauveurs », et la douleur lancinante dans mon cœur, alors que je comprenais que l’homme pour qui j’avais été prête à tous les sacrifices avait fini par m’abandonner.
J’étais Sati, brillante élève du guérisseur Shaa-em-uas, vouée à un grand avenir dans la cour des plus grands de ce pays. Je n’étais plus que Sati. Sans le moindre nom, et ancienne apprentie d’un des désormais plus grands criminels de l’Égypte.
Et cela, je peux vous le dire, sur un CV, ce n’était pas très reluisant.
Il leur a fallu des mois, entre détention préventive et interrogatoires musclés, avant de déterminer que je ne représentais pas un danger. Et « pire » encore, que je ne pouvais leur fournir que peu d’informations sur mon mentor en fuite, aussi violentes que leurs tortures pussent être.
Mais tous ces jours de souffrance, sans voir la lumière du jour, et sans savoir quand viendrait le prochain quignon de pain pour me nourrir, n’étaient rien en comparaison du vide que je ressentais en moi, perdue dans des souvenirs qui ne revenaient pas, effarée de découvrir que l’homme que j’avais tant admiré n’avait rien en commun avec celui que l’on me décrivait désormais, et anéantie à l’idée de ne plus avoir le moindre objectif devant moi.
Ou peut-être un.
Voir le fond de cette infâme cruche de bière, que je sirotais tranquillement, assise sur les hauteurs de Thèbes.
L’alcool était devenu mon meilleur allié, depuis que j’avais été autorisée à reprendre une vie « normale ». Je noyais plus que régulièrement ma mémoire défaillante dans une jarre, et quand je dépassais enfin cette sainte limite entre réalité et ivresse, j’étais bien. Tellement bien…
J’allais justement atteindre ce doux instant, quand une voix lasse, et pourtant si sexy à mes oreilles me tira prématurément de la saveur si enivrante de « la gorgée de trop ».
— Je ne pensais pas que la place était déjà prise, s’excusa faussement le responsable de ma contrariété naissante.
— J’ignorais qu’elle t’était attitrée, Amon, lui répliquais-je, sur un ton cinglant, oubliant toute forme de bienséance exigée par mon maigre rang.
— Ce n’est pas ce que j’ai dit, souligna l’homme ténébreux dans un soupir contrarié, non sans pour autant s’asseoir à mes côtés.
— Tu comptes réellement rester ici à gâcher mon instant de bonheur personnel ? Je ne suis pas en service, là, des fois que cela t’aurait échappé.
— Encore en train de te ridiculiser ? Ne compte pas sur moi pour te ramener chez toi, cette fois. Et est-ce que j’ai vraiment besoin d’attendre que tu sois en service pour te parler ?
Bon, au moins, je sais comment je suis arrivée dans mon lit la dernière fois… et sans doute toutes les fois précédentes. Il est vrai que de tous mes clients, il était bien le seul à n’avoir même pas levé les yeux sur moi. Il payait pourtant bien chèrement la tenancière de la maison close où j’avais été reléguée après ma libération, tout cela pour prendre une chaise, et me parler de choses diverses, ou bien encore me lire des papyrus entiers d’histoires qu’il disait avoir écrites. C’était étrange, et en même temps, comment aurais-je pu me plaindre, puisqu’il m’accordait un peu de tranquillité dans un milieu où l’on n’hésitait pas à vous surexploiter ?
— Tu es venu jusqu’ici pour me faire la leçon ?
Silence. Il était à nouveau plongé dans l’un de ses fichus parchemins. Où en étais-je ? Ah oui, ma heneqet !
Alors que la dernière goutte roulait enfin dans le fond de ma gorge, un nouveau soupir vint gâcher la saveur de cet ultime instant.
— Quoi encore ? soufflais-je, profondément agacée.
— Tu devrais vraiment arrêter ces conneries.
— Je ne vois pas ce que ça peut te faire. Moi, ça me convient comme ça, grognais-je involontairement, sous l’effet de l’alcool qui embrumait mon cerveau pourtant bien moins que ce que j’espérais.
— Tu as raison, ça ne me regarde pas. Mais pour ton information, ta réputation va bien au-delà de l’enceinte de Thèbes.
— Tant qu’on parle de moi… Et puis ce n’est pas comme si j’avais quoi que ce soit pour m’en faire une meilleure.