Abécédaire Félix Éboué - Jean-Claude Degras - E-Book

Abécédaire Félix Éboué E-Book

Jean-Claude Degras

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Beschreibung

"Abécédaire Félix Éboué – Éthique et résistance 1884-1944 en 1000 mots" a pour objectif non seulement de célébrer le 80 anniversaire de la mort de Félix Éboué en 2024, mais également de rappeler son action émancipatrice au service de la France, de l’homme et de l’humanité. Quatre-vingts ans après le terrible fléau du nazisme qui a ravagé l’Europe et le monde, cet ouvrage s’inscrit dans un devoir de mémoire. Il met en lumière la vie et la courageuse action de cette éminente personnalité lors des Trois Glorieuses, qui a doublement contribué à gagner la guerre et préserver des acquis de notre civilisation, favorisant l’enrichissement mutuel des cultures et des valeurs de liberté et de fraternité.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Juriste de formation, Jean-Claude Degras a exercé des fonctions de direction au sein de collectivités locales avant de conclure sa carrière au ministère de l’Outre-mer, à l’Agence nationale pour l’Insertion des Travailleurs d’Outre-mer, désormais connue sous le nom de LADOM. Il a publié plusieurs ouvrages consacrés à des figures emblématiques de sa nation, parmi lesquels "Camille Mortenol – Le capitaine des vents" et "Eugénie-Tell Eboué – Histoire d’une passion". Il est également l’auteur d’une bande dessinée dédiée à Félix Éboué, "héros de la France libre".

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Veröffentlichungsjahr: 2024

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Jean-Claude Degras

Abécédaire Félix Éboué

Éthique et résistance 1884-1944

en 1000 mots

© Lys Bleu Éditions – Jean-Claude Degras

ISBN : 979-10-422-4620-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Copyright @Jean-Claude Degras

Toute l’histoire de France fut ponctuée de défaites et de victoires depuis l’Empire romain, la capitulation de Vercingétorix à Alésia, le moyen-âge, les invasions germaniques, les croisades, les guerres européennes, la Révolution française et les guerres coloniales ; lesquelles n’ont pas autant marqué notre pays, que le plus terrible conflit mondial de 1945 qui faillit l’emporter définitivement sans le coup de force inespéré de deux hommes : Charles de Gaulle et Félx Éboué.

L’espoir de la revanche n’est pas mort ; il revit depuis qu’Adolphe Hitler, adepte de la théorie de l’espace vital, décida de faire de l’armée allemande la première du monde. On n’en douta point, devant cette montagne d’acier et de fer sortant des usines de guerre et qui, selon les stratèges, devaient avoir raison de tous les ennemis du IIIe Reich, pendant mille ans. Le 14 juin les troupes allemandes entrent dans Paris. C’est le début d’une longue occupation qui coupera la France en deux pendant cinq longues années. Mais la providence en juin 1940 va révéler au grand jour l’action d’un homme exceptionnel, que l’histoire retiendra, parce que subordonné à la mission qu’il s’est assignée. Il a envers et contre tout réussi le plus incroyable des paris, que le Général de Gaulle jugea lui-même providentiel : assurer la justesse de la cause d’une petite colonie d’Afrique contre le cœur de la première puissance européenne et mondiale. Lors de ce que l’on appellera « Les trois Glorieuses », le 26, 27 et 28 août 1940, il provoqua le ralliement de toute l’Afrique-Équatoriale française à la France Libre du Général de Gaulle. Cet acte de courage exceptionnel, symbole de la résistance, donnera définitivement à la France Libre, une légitimité politique, militaire et morale, pour que demain comme hier avec la même foi, vive la République et la liberté.

26 Août 1789 : L’Assemblée nationale adopte la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

26 Août 1940 : Félix Éboué au Tchad rallie la France Libre du général de Gaulle.

26 Août 1943 : Les forces allemandes parviennent à Stalingrad.

26 Août 1944 : Paris est délivré par les forces de la France Libre.

26 août 1945 : les plénipotentiaires japonais montent à bord du cuirassé américain « Missouri » en baie de Tokyo pour prendre connaissance des conditions de réédition de leur pays.

1944-2024

Quatre-vingts ans après le terrible fléau du nazisme hitlérien qui ravagea l’Europe et le monde, il est de notre devoir de rappeler à l’heure de la commémoration du débarquement en Normandie le 6 juin 1944, la mémoire de cet événement historique qui n’aurait pu avoir lieu sans la décision ultime de cette éminente personnalité d’envergure nationale et universelle que fut le Gouverneur général Félix Éboué. Sa courageuse action lors des Trois Glorieuses du 26-27-28 juin 1940 consistant à répondre à l’appel du Général de Gaulle depuis Londres a non seulement permis de gagner la guerre, d’apporter la paix, mais aussi et surtout de sauver les acquis de la civilisation que nous partageons par l’enrichissement mutuel des cultures, des valeurs de liberté et de fraternité. L’anniversaire en 2024 de sa mort concomitante au débarquement allié sur les côtes de Normandie a pour but à travers cet « Abécédaire » de rappeler son action émancipatrice au service de la France, de l’homme et de l’Humanité.

@TDR

Préface

Charles de Gaulle et Félix Éboué furent par la force des circonstances deux exilés éloignés de leur terre d’origine.

– De Gaulle qui veut résister dans le réduit breton se voit conseiller par Georges Mandel de rejoindre l’Angleterre, pour mener à son terme la résistance.
– Félix Éboué, peinant à convaincre les élus guadeloupéens de la justesse de sa mission, se voit en 1938 muté au Tchad par Georges Mandel, ministre des colonies.

Contre toute attente, l’aigle a remplacé le bonnet phrygien. Toute la structure politique, économique, historique et sociale de la France est balayée d’un revers de main. L’heure fait désormais place aux dénonciations et aux exécutions sommaires.

S’engage alors un combat décisif pour la liberté et la dignité des hommes.

À Londres, de Gaulle « Le rebelle », exilé dans le fog anglais, et Félix Éboué exilé dans les brumes de sable du Tchad, sont tous deux contraints de livrer bataille, ailleurs que sur la terre de France.

Un seul discours les réunit : La France a perdu une bataille, mais la France n’a pas perdu la guerre. La flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas.

Souvent une légende naît et se bâtit dans une période agitée à travers les trémolos et les mots de l’histoire. Mais alors que celle-ci se construit avec un véritable meneur de guerres, pourfendeur d’armées ennemies, aux victoires éclatantes, capable de détruire en puissance sur son passage, édifices, royaumes et nations. Point de tout cela chez Félix Éboué. Sa légende ne surfe ni sur l’ombre immense du pouvoir ni sur les flots de vengeances et de couronnes mortuaires.

Disciple de la France Libre. Une étoile est née sous les mots de sa fille : Et de fait, il surgit de temps à autre des êtres qui, à eux seuls, changent le cours des événements ; Éboué était de ceux-là. Petit noir, grandi en Guyane, à des milliers de kilomètres de la vieille civilisation européenne, il avait pris au pied de la lettre les enseignements de l’Antiquité, du Christianisme et des grands révolutionnaires, glanés au lycée de Cayenne. Ils se résumaient pour lui en un seul grand principe auquel il est demeuré passionnément attaché ; la personnalité humaine est sacrée. Les moindres actes de sa vie privée et publique furent empreints de ce respect fondamental qu’on doit aux êtres, à la vie. Il recommandait aux jeunes de développer leur culture. C’est par là, disait-il, que vous arriverez à vous évader des misères du temps et à vous forger, quoi qu’il arrive, la seule indépendance réelle : l’indépendance de l’esprit.1

Le rôle d’administrateur des colonies a été pour Félix Éboué un éternel voyage à travers l’Afrique et les Antilles. Voyage qui dévoile le dessous des cartes, révélant au détour de chaque piste, de chaque village, de chaque contrée, une faune, une flore, et la richesse culturelle des peuples, avec leur religion, leur culture, leurs coutumes, leurs relations de caste, leur architecture, leur destin. Bref, un monde merveilleux de routes sinueuses et surtout de rencontres humaines qu’il nous invite à découvrir comme une aventure exceptionnelle. Des bouts d’existence en somme dans l’existence d’une vie.

Réalité ou mythe. Tel est le dilemme, tant on a du mal à séparer le vrai du faux. Vivant, Félix Éboué échappe au mythe. Mort, il entre debout dans la légende. Ses compagnonsy compris de Gaulle l’ont magnifié, placé si haut sur un piédestal, qu’il a pris la forme du génie. Un mythe humain gonflé parfois d’idolâtrie, auquel s’opposent indifférences, oublis et rancœurs négationnistes. Néanmoins, ayant changé de siècle et de millénaire et malgré l’avalanche des sentiments diffus ou confus, il nous a paru utile de traduire ou d’expliquer quatre-vingts ans après sa disparition au Caire, la palette historique et imagée de cette légende, depuis les bords du fleuve Mana jusqu’à Brazzaville, capitale de la France Libre. Bien des écrivains, des romanciers, des polémistes ont enrichi ce travail qui explique le passé et induit l’avenir.

De A comme ABBAS à Wotan (passagère de 3e classe), en passant par Caliban ou Malraux, ce dictionnaire de près de 1000 entrées, illustrées en fin de volume par une dizaine de photos qui, sans être exhaustif, répond à un grand nombre de noms, de mots usuels et de questions qui ont croisé sa vie. Des noms, des concepts, aussi divers que variés, qui au gré des rencontres l’ont accompagné. Ils replacent le personnage dans son contexte. Sa naissance, sa famille, sa vie d’étudiant, de gouverneur et de résistant jusqu’à son entrée au Panthéon avec Victor Schœlcher le 17 mai 1949. Tous ces mots sont ici éclairés sous un jour nouveau. Compilation de faits et de noms connus et moins connus. Cet ouvrage est une référence pour les passionnés d’histoire et, pour tous, une mine d’informations et d’anecdotes à piocher au hasard des pages.

A

ABBAS (Ferhat) (1899-1985)

Militant de la cause algérienne. Originaire de Taher (Constantinois), il fait des études de pharmacie, tout en militant activement à l’Association des étudiants musulmans. En 1943, dans le Manifeste du peuple algérien, il revendique la nationalité algérienne et un gouvernement fédéré à la France. La répression contre les manifestants de Sétif2 le 8 mai 1945 fera 45 000 morts. Face à la colonisation, les prises de position de Félix Éboué avant l’heure favoriseront l’émergence d’idées nouvelles et de mouvements identitaires.

ABOLITION

L’esclavage est aboli sur tout le territoire, colonies comprises le 4 février Pluviôse. Mais la traite des Noirs reprendra dès 1799 au Sénégal et l’esclavage sera rétabli par Napoléon en 1802, pour être définitivement aboli en 1848.

ABYMES (Les)

Félix Éboué inaugura le 26 décembre 1937, le monument dédié à la mémoire des quarante-quatre Abymiens (Guadeloupe) tombés au champ d’honneur durant la première guerre mondiale de 1914-1918. Œuvre de l’artiste Boldear, cette cérémonie eut lieu le jour anniversaire de la naissance de Félix Éboué, en présence de Max-Clairville-Bloncourt, maire de la commune.

ACCRA

Capitale du Ghana, située en bordure du golfe de Guinée, le port de Takoradi sera la tête de pont des approvisionnements en armes, munitions et marchandises débarquées à Pointe-Noire au Congo et destinées aux armées alliées lors du débarquement pendant la Seconde Guerre mondiale.

ADAM

Successeur du Gouverneur Fourneau en 1910.

ADMINISTRATEUR

Dans la France coloniale, l’administrateur est l’autorité administrative d’une circonscription, appelée aussi « Le Commandant », en relation constante avec les chefs de villages, de canton et de tribus. Autant d’unités territoriales administratives autochtones, dont les caciques assurent avec l’administrateur une mission de liaison, relative à l’ordre public, le travail, la santé et l’éducation. Acteur polyvalent, ce dernier est tout à la fois, médecin, comptable, gestionnaire, géomètre, chargé de l’état civil, juge, ou conciliateur en matière de conflits. Henri Brunschwig décrit les prédécesseurs de ses élèves : « En 1912 encore, les deux tiers des administrateurs n’avaient pas dans leurs études dépassé le niveau du baccalauréat. 12 % seulement entre 1900 et 1914 étaient passés par l’École coloniale. »3

ADOLPHE BAILLY (Louis)

Négociant connu sur la place de Cayenne et conseiller général, il fut le parrain de Félix Éboué4.

AÉRONAUTIQUE

L’entrée du Tchad dans le monde de l’aéronautique date de la guerre. Si le sol tchadien ne connaît pas d’opérations terrestres, il subit néanmoins des attaques aériennes. Un avion allemand isolé lance le 22 janvier 1942, 15 bombes de 50 kilos sur l’aérodrome de Fort-Lamy, mettant le feu au dépôt d’essence. Entre septembre et novembre 1941, des avions allemands et italiens attaquent Bardaï et Zouar à plusieurs reprises. On put craindre une tentative de reconquête du Tchad par les forces de Vichy venant du Niger, notamment à la suite des accords Huntziger-Warlimont du 28 mai 1941 et des projets de « Phalange africaine ».5 Le général Ingold évaluera le mouvement aérien à Fort-Lamy en 1942 à 2 994 atterrissages et 6 944 survols. Il faut y ajouter environ 2 500 chasseurs britanniques et 250 convois de bombardiers allant de Maiduguri à Ati et Djeneïna ainsi que 5 bombardiers par jour allant directement de Maiduguri à Djeneïna. Ces derniers chiffres sont « approximatifs ». Ont atterri à Fort-Lamy 2 115 avions de la R.A.F, 378 de la B.O.A.C. (civils anglais), 295 de la P.A.A. (civils américains), 153 avions militaires américains et 63 « divers ». Après le débarquement d’Afrique du Nord, le trafic diminua. Il ne paraît pas excessif de fixer à 25/30 000 le nombre d’avions, parvenus sur le front égyptien par le Tchad6.

AÉROPORT

Le 11 décembre 2009, la CCIG a autorisé son Président, M. Jean-Paul Le Pelletier, à consulter les différents partenaires pour parvenir à une nouvelle dénomination de l’Aéroport Cayenne-Rochambeau avant de se prononcer, elle, en faveur du Gouverneur Félix ÉBOUÉ.

En octobre 2009, Le Cercle Félix ÉBOUÉ, l’Association présidée par M. Yvan Chérica créée pour la promotion et la vulgarisation de l’œuvre de Félix Éboue propose dans son programme d’actions culturelles, la nouvelle dénomination de l’aéroport Rochambeau au profit précisément de Félix Éboue. Le 3 juin 2010, la ville Cayenne, à l’unanimité, lui emboîte le pas. Et le 18 octobre 2011, le Conseil régional, au terme d’une pétition par internet, opte à son tour pour Aéroport Cayenne-Félix Éboue. La consultation populaire recueille 49 % des internautes a pour Félix Éboue contre environ 35 % à Sépélu. Autrefois Aéroport Rochambeau, le changement de dénomination de l’aéroport a été officialisé le 4 janvier 20127enprésence des plus hautes personnalités, notamment du président de la République Nicolas Sarkozy, de Charles Éboué, fils du Gouverneur et de Marie-Françoise Éboué son épouse.

AFRIQUES

Près de 30 millions de km2 du Caire au Cap et de la Sénégambie à l’Océan indien. Déjà pour Hegel l’Afrique était un Un continent sans histoire, sans philosophie, sans religion. Des conditions physiques et climatiques souvent hostiles. Victor Hugo à la fois écrivain et intellectuel engagé aura un discours peu éloigné de ses contemporains : Quelle terre que cette Afrique ! L’Asie a son histoire, l’Amérique a son histoire, l’Australie elle-même a son histoire, qui date de son commencement dans la mémoire humaine… cette Afrique farouche n’a que deux aspects : peuplée, c’est la barbarie, déserte, c’est la sauvagerie. .. l’Afrique n’a pas d’histoire ; une sorte de légende vaste et obscure l’enveloppe… Allez peuples ! emparez-vous de cette terre. Prenez-la. À qui ? À personne ! Prenez cette terre à Dieu. Dieu donne la terre aux hommes, Dieu offre l’Afrique à l’Europe. Prenez-la et pourtant l’Afrique est la mère de l’humanité. Un continent qui illustre mieux que quiconque l’extrême diversité de ses peuples, de ses cultures. Une diversité qui est le résultat de l’extraordinaire histoire de l’humanité8.

Un héritage historique douloureux. Mais Félix Éboué, en défendant le principe de l’égalité des races a non seulement par esprit de concorde et de paix largement contribué à la victoire de la liberté contre le fascisme et le racisme, mais montrée que l’Afrique pouvait être la lumière du monde et démontré aussi la capacité des peuples africains à assumer les plus grands sacrifices dès lors que la liberté était en jeu.

AFRIQUE CENTRALE

Région d’Afrique couvrant le bassin du Congo, du lac Tchad, de la Sanaga (fleuve du Cameroun) et de l’Ogooué au Gabon. Administrateur des colonies en 1908, Éboué est affecté notamment en Oubangui-Chari. Durant 24 ans, il y assure la construction de routes, d’écoles et s’imprègne de la culture et des traditions locales9.

AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE (A.E.F)

En 1895, la France partagera ses colonies d’Afrique en deux fédérations l’A.O.F et l’A.E.F. Lorsque Félix Éboué arrive en 1908 en A.E.F, les frontières de cet immense territoire sont à peine connues. La convention franco-anglaise du 21 mars 1899 avait laissé à l’influence anglaise la vallée du Nil et de ses affluents, et à l’influence française les territoires s’étendant jusqu’au lac Tchad et jusqu’à la ligne de partage des eaux entre le Nil et le Congo. L’A.E.F considérée dans les milieux administratifs comme le « refuge des pécheurs » fut l’objet d’un découpage territorial en 1910, regroupant dans une même fédération les quatre colonies françaises d’Afrique Centrale :

– Gabon, protectorat depuis 1839 (388 000 hab), chef-lieu : Libreville ;

– Moyen-Congo (664 000 hab), chef-lieu : Brazzaville ;

– Oubangui-Chari (1 091 000 hab), chef-lieu : Bangui ;

– Tchad (1 053 000 hab), chef-lieu : Fort-Lamy.

2 900 000 km2, près de six fois la France. Les deuyx départements situés au sud de Fort-Lamy qui jouxtaient le Cameroun étaient le :

– Mayo-Kébri (groupement de quatre subdivisions : Bongor, Fianga, Léré et Pala) ;
– Le Logone avec cinq subdivisions de Moundou (chef-lieu), Doba, Laï, Kelo et Baïbokoum.

Capitale de la fédération : Brazzaville, bâtie sur les domaines du roi Makoko, offerts à Savorgnan de Brazza. Fang ou Pahouins, Batékés, Badouma, Bamilékés, ou encore Foulbés peuplant ces territoires, appartiennent au groupe ethnique « bantou », le plus important de l’Afrique centrale et australe. Au lendemain de la guerre 1914-1918, la Société des Nations (SDN) confia à la France, l’administration du Cameroun. Sous l’autorité d’Éboué, l’effort de guerre sur un territoire de 2 510 000 km2 conduit à la mobilisation des ressources minières et végétales des colonies : bois (acajou, ébène, palissandre, okoumé), café, coton, bananes, mil, riz, caoutchouc, huile de palme.

Pour des raisons hautement historiques, l’Afrique a été sur le plan politique et littéraire après-guerre à la croisée du destin des chantres de la négritude que sont Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor et Gontran Damas. Ce continent a été le vecteur et l’espace de valeurs humaines partagées dont ils ont su projeter le potentiel des forces créatives.

AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE

Découpage territorial appelé fédération, par décret du 16 juin 1895. Union de sept, puis huit territoires français10 : Guinée, Côte d’Ivoire, Sénégal, Dahomey, Soudan (devenu le Mali), Niger, Mauritanie, Capitale Dakar. 4 700 000 km2 de régions prioritairement désertiques, avec 10 millions d’habitants à sa création.

AFRIQUE ORIENTALE ALLEMANDE

Nom d’une colonie allemande (1880), avec les régions du Ruanda-Urundi et du Tanganyika confiées à la Belgique et à la Grande-Bretagne par la SDN, après la Première Guerre mondiale.

AFRIQUE ORIENTALE BRITANNIQUE (Bristish East Africa)

Nom donné aux anciennes possessions britanniques d’Afrique orientale : Kenya, Ouganda, Tanganyika, Zanzibar.

AFRIQUE ORIENTALEITALIENNE (AOI)

Territoire créé en 1936, avec l’Éthiopie, la Somalie et l’Érythrée, après la Seconde Guerre italo-éthiopienne. La défaite italienne en Afrique de l’Est, en 1941. abrégera son existence. Pour la Grande-Bretagne, si l’Italie occupe le Soudan, le risque d’encerclement de l’Égypte du canal de Suez existe. Mais l’A.O.I est isolé du fait de la quasi-inexistence de liaison avec l’Italie.

AFRIQUE ORIENTALE PORTUGAISE

Colonies lusophones, le long de la côte africaine du sud-est, notamment le Mozambique découvert par Vasco de Gama en 1498 avec le port de Beira, poumon économique pour les exportations des ressources du pays (sucre, coton, maïs, cuivre, plomb, charbon).

AGRICULTURE

À côté d’un système concessionnaire qui faisait la part belle aux structures monopolistiques, Félix Éboué accorde une place essentielle à l’agriculture et à la paysannerie. Son leitmotiv : permettre aux paysans de vivre de leurs revenus. Pour ce faire, il a cherché à innover et à développer des formes d’agriculture différentes, adaptées aux besoins économiques locaux. Mise en valeur de dynamiques agraires, en accord avec le savoir-faire et les techniques maîtrisées par lespaysans. Introduction de cultures nouvelles : riz et coton en Oubangui-Chari.

Ne pas confondre avec l’Atakora qui est une chaîne de montagnes du Bénin. Akotara est un terme générique qui en langue Sango signifie les grands-parents ou plutôt ceux qui au sens mémoriel ont fait l’histoire. C’est aussi le titre d’un livre qu’a consacré Alain DÉGRAS sur les vicissitudes de la colonisation française au Congo11.

ALAURENT (Jean André)

Né le 28 mars 1908 à Auxerre, il est le fils du général de division Auguste Alaurent (1883-1970). Issu de l’École Nationale de la France d’outre-mer (promotion 1938), il est en poste au Moyen-Co, go au moment de la déclaration de la guerre. Officier de réserve, il participe largement au ralliement de l’Oubangui-Chari et met sur pied un peloton motorisé de combat à la tête duquel il prend une part brillante aux campagnes du Fezzan et de Tripolitaine. Détaché au quartier général du maréchal Montgomery pendant la campagne de Tunisie, il exerce à cette occasion une mission d’officier de liaison et de renseignement et devient par la suite Aide de camp du général de Gaulle. De 1959 à 1961, il exercera plusieurs missions en qualité d’urbaniste en Côte d’Ivoire auprès de Raphaël Saler, ministre des Finances12.

ALBRAND(Médard)

Né le 8 juin 1898 à Petit-Canal (Guadeloupe). Il fut l’un des principaux artisans de l’élection frauduleuse de Maurice Satineau aux élections législatives de 1936 en attribuant à Satineau, pour l’ensemble de la commune de Petit-Canal (903 voix) (99,7 %) contre 3 (0,3 %) à son adversaire. La même technique appliquée par d’autres maires à Petit-Bourg (99,9 %), Baie-Mahault (92,8 %) et Sainte-Anne (tenue par Satineau et son lieutenant Raslas-Séjor), permit à Satineau d’être proclamé député alors qu’il avait été battu dans toutes les autres communes de l’arrondissement13.

Président du Conseil général de la Guadeloupe (1943-1944) et malgré toutes ses dérives politiques, il exprima à la mort de Félix Éboué son admiration et la reconnaissance du peuple guadeloupéen à l’adresse de l’illustre gouverneur.

ALFASSA MATTÉO (Maurice Mathieu)

Gouverneur du Congo de 1919-1922. Gouverneur général par intérim du gouverneur en titre Antonetti (1924). Secrétaire général du Gouvernement de l’Afrique Équatoriale Française Une lettre d’André Gide au gouverneur Alfassa figure dans son livre « Voyage au Congo – carnets de route » Galimard 1927. Il fut nommé gouverneur de la Martinique par décret du 5 juillet 1934. Alfassa fit l’éloge de Félix Éboué avant la nomination de celui-ci en Guadeloupe en 1936. J’ai connu au cours de ma longue carrière de gouverneur beaucoup d’administrateurs. J’en connais peu qui aient assuré avec autant de succès trois intérims de Gouverneur ayant l’autorité du tact, du sang-froid, une érudition coloniale très appréciée et un caractère témoignant d’une parfaite éducation14.

En 1937, il fut l’initiateur d’un éphémère Bulletin de recherches soudanaises au Soudan, mais la revue ne survécut pas à son départ. Officier de la Légion d’honneur en date du 19 mai 1926 et Commandeur de la Légion d’honneur.

ALIBERT (Raphaël) (1887-1963)

Chef de cabinet de Georges Clemenceau, il deviendra lors des événements du Front populaire, l’arbitre des négociations entre patronat et syndicats. Son évolution politique l’amènera à devenir directeur de cabinet du maréchal Pétain, puis sous-secrétaire d’État à la présidence du conseil et Garde des Sceaux. Il sera signataire du statut des juifs en octobre 1940. Exilé en Belgique, il sera condamné à mort par contumace le 7 mars 1947 et finalement amnistié en 1959.

ALIKER (André)

Membre du groupe communiste Jean-Jaures et rédacteur du journal « Justice », il fut assassiné en janvier 1934, après avoir dénoncé un scandale politico-financier à deux volets :

1/une fraude fiscale de huit millions de francs impliquant Eugène Aubery, dit le dragon, l’une des plus grosses fortunes de la Martinique.

2/ Une accusation de corruption pour soutien à des journaux parisiens, « Le Figaro » et « Le soir » par de hautes personnalités (un juge, des députés, un ministre) qui inquiète Paris. Les émeutes du 6 février liées à l’affaire Stavinsky renforcent la méfiance à l’égard des politiques, particulièrement sensible aux Antilles. Pierre Laval, ministre des colonies (de février à novembre 1934) rappellera le gouverneur de la Martinique Louis Gerbinis et son secrétaire général Félix Éboué.

ALLAL EL FASI (Mohamed) (1910-1974)

Nationaliste marocain. Selon lui, « Panislamisme » et « Panarabisme »15 ne font qu’un. Il fonde en 1937, le Parti national : el hizb el ouatani, et son journal El Magrheb. Contraint à l’exil par l’État français au Gabon (création du parti indépendantiste marocain « l’Istiqlal ») puis au Congo (hébergé non loin de Brazzaville et traité avec toute la déférence voulue à son statut). Pour Henri Laurentie, Secrétaire général de Félix Éboué : « Allal el Fasi est venu déjeuner plusieurs fois chez moi. J’ai beaucoup appris de lui. Nous avions en général beaucoup à apprendre ».16

ALLYS (Léopold)

Secrétaire général du gouvernement à l’arrivée en 1936 de Félix Éboué en Guadeloupe, il assura au départ de ce dernier en 1938, son intérim jusqu’à la nomination du gouverneur Constant Sorin nommé par Vichy. Il rejoindra Félix Éboué au Tchad.

ALLEGRET (Marc)

Parti le 18 juillet 1925 de Bordeaux, Marc Allégret accompagne André Gide das un long voyage de plus de dix mois à travers l’Afrique-Équatoriale Française dont le Congo belge. Leur itinéraire les conduit du Cameroun (actuelle République du Congo) au Tchad en République centrafricaine (ancien Oubangui Chari où se trouve Félix Éboué qu’il rencontrera ainsi que d’autres officiels coloniaux. Il s’intéressera particulièrement aux populations locales, les filme, les photographie dans leur vie quotidienne, leurs coutumes, leurs mœurs, danses, etc. L’ouvrage de André Gide est considéré comme l’un des premiers à critiquer le régime colonial.17

AMICALE DES ORIGINAIRES DE L’AEF

L’Amicale des originaires de l’A.E.F créée par André Matswa en 1926 pour venir en aide aux originaires de l’A.E.F, libérés du service militaire en France. Cette Amicale qui au départ est non politique se mit à encourager le développement du syndicalisme africain en raison des nombreux abus qui naissaient du système colonial. De retour en Afrique, André Matswa est incarcéré par l’administration coloniale qui redoute son influence grandissante sur la population noire. Il est déporté au Tchad, où il meurt en 1941 dans des conditions à ce jour non totalement établies.

AMILAKVARI Dimitri (1906-1942)

Né en 1906 en Géorgie dans un milieu aristocratique qui choisit l’exil devant une Armée rouge victorieuse. Saint-Cyrien, il poursuit une carrière militaire au sein de la Légion étrangère et rejoint Londres avec une dizaine d’officiers de la 13e DBLE (20 juin 1940), avant de s’illustrer sur tous les théâtres d’opérations en Afrique et en Syrie, où, promu lieutenant-colonel, il prend le commandement de son unité. Adjoint du général Kœnig à Bir-Hakeim, il est mortellement blessé à la bataille d’El Alamein.

ANTILLES (Les)

Chapelet d’îles unissant les deux Amériques du cap Sable au sud de la Floride à l’embouchure de l’Orénoque. Leur nom rappelle celui de l’île imaginaire d’« Antillia », vainement recherchée par les navigateurs à la fin du XVe siècle. Elles ont été découvertes par Christophe Colomb et se divisent en plusieurs groupes : les îles Bahamas, les Grandes Antilles, les Petites Antilles formant un arc de cercle dont la convexité est tournée vers l’Atlantique. Elles ont fait la fortune des puissances européennes du 17e au 19e siècle, en raison de l’esclavage adopté comme système de production. De puis 1946, la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane sont des départements français à part entière.

ANTONETTI (Raphaël Valentin Marius)

Administrateur colonial, né en 1872. Gouverneur du Dahomey de 1909-1911, du Sénégal de 1914-1917 et de Côte d’Ivoire de 1918-1924. Il deviendra Gouverneur général de l’Afrique-Équatoriale française de 1924 à 1934. Son nom reste attaché à la construction titanesque du Chemin de fer Congo-Océan, Brazzaville/Pointe-Noire, avec la « Société de construction des Batignolles », coûteuse en vies humaines. Près de 20 000 morts d’épuisement, de maladies tropicales et de mauvais traitements infligés par l’administration18. On lui attribue cette phrase terrible : Il me faut mes 10 000 morts. Monsieur, mais il me faut mon chemin de fer. René Maran19 André Gide20 et Albert Londres 21 alerteront l’opinion française, sidérée par la découverte de ce scandale, jugé indigne d’une nation civilisée. En avril 1931, Antonetti reçoit à Brazzaville, Félix Éboué en partance pour la métropole. Malgré les réticences du gouverneur, Félix Éboué sera nommé Administrateur en chef des colonies22.

ANGOULVANT(Gabriel-Louis)

Né le 8 février 1872, à Longjumeau (Seine-et-Oise). Diplômé de l’École coloniale (major de promotion 1894) ; diplôme de l’École des Langues orientales (annamite, chinois). Administrateur en Indo-Chine ; vice-consul en Chine ; sociétaire général des colonies à Djibouti, au Congo, à la Guadeloupe ; gouverneur à Saint-Pierre-et-Miquelon, dans l’Inde et à la Côte d’Ivoire. Il fut gouverneur général en Afrique Équatoriale (1917-1920) et en Afrique occidentale française (Intérim 1918-1919). Gouverneur général honoraire et commissaire fédéral de l’exposition interalliée. Administrateur de sociétés et membre du syndicat de la compagnie forestière Sangha-Oubangui (1920). Administrateur des Caoutchoucs et cacaos du Cameroun (1926) des Exploitations forestières africaines, des plantations et palmeraies de l’Ogooué.23

ANTIONIOTTI(Roméo)

Né le 6 janvier 1914 à Cassis dans une famille de mineurs. Refusant la défaite, et ayant entendu l’Appel, il s’engage dans les Forces françaises libres. Avec la Brigade de Mitrailleurs (BM3), il prend une part active à la campagne d’Érythrée au cours de laquelle il s’illustre, blessé par balle et par éclats d’obus, le 21 février 1941, lors de l’attaque de Kub-Kub. Évacué sur le Soudan, il est promu sergent en juillet 1941. Il participe ensuite au combat en Afrique du Nord, puis à la campagne d’Italie et de France en débarquement. Démobilisé avec le grade de sergent-chef, il retourne à la vie civile. Il s’éteint le 23 avril 1990 à Marseille et est inhumé à roquefort la Bédoule dans les Bouches du Rhône. Compagnon de l’ordre de la Libération par décret du 23 juin 1941.

APPEL (Charles de Gaulle, 18 juin 1940)

La France a perdu une bataille !

Mais la France n’a pas perdu la guerre !

Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s’est mis en rapport avec l’ennemi pour cesser le combat. Certes, nous avons été, nous sommes submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne de l’ennemi. Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils sont aujourd’hui. Mais le dernier mot est-il dit ? l’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !

Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et qui vous dis que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire. Car la France n’est pas seule. Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser sans limites l’immense industrie des États-Unis… Le destin du monde est là… quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. Demain, comme aujourd’hui, je parlerai à la radio de Londres.

Aucun enregistrement sonore de cet appel. Discours très peu entendu, mais diffusé le lendemain par les radios étrangères et publié dans la presse écrite.

Félix Éboué confiera plus tard : « … ceux qui ont eu le privilège d’entendre cette allocution, ce cri d’espérance lancé pendant que les piresmalheurs s’abattaient sur la France, ceux-là, tout comme moi, doivent convenir que c’était la chose la plus émouvante à entendre.24 »… Le général de Gaulle envoie à Félix Éboué le 15 juillet 1940, le télégramme suivant : J’apprends la décision prise par vous et par le territoire du Tchad de continuer la guerre dans l’honneur au service de la France. Cet événement est capital et aura une grande répercussion. Ma joie et ma fierté en tant que Français et en tant que chef sont extrêmes. En attendant, je vous envoie de tout mon cœur mes amitiés et ma confiance.

APPEL FÉLIX ÉBOUE

Le 21 février 1941, Félix Éboué adressa une circulaire, aux chefs du territoire :

Je veux voir une forte émulation amener les territoires à rivaliser entre eux de générosité. Vous devez faire valoir non seulement l’exemple du Cameroun ou des autres territoires de l’A.E.F., mais à l’intérieur de votre territoire, la contribution la plus forte, de tel ou tel département qui sera signalé par un esprit de sacrifice et parfois une ingéniosité plus grande. […] Trop de gens […] n’ont pas encore conçu la réalité vivante de ces quinze millions d’enfants français voués au froid, à la famine, à l’ennemi [...]. Il faut pour amener vos administrés à comprendre cela et en tirer les conséquences inévitables, donner de l’argent, à défaut de vivres.25

APPERT(Raymond) (1904-1973)

Né à Saint-Quentin dans l’Aisne en 1904. Il entre à Saint-Cyr en 1925. Officier d’Infanterie coloniale, il effectue la presque totalité de sa carrière outre-mer. Présent à Djibouti lors de l’armistice, il rallie immédiatement les forces françaises libres et rejoint Londres. Il est alors envoyé Khartoum avec pour mission de tenter de ramener les Somalis dans la guerre. En avril 1941, il est envoyé avec le lieutenant-colonel Brosset et le capitaine Magendie au Somaliland, pour prendre des contacts avec la Côte française des Somalis et récolter des renseignements. La mission ayant échoué, il reste sur place pour travailler avec Gaston Palewski, délégué politique et militaire de la France libre dans l’Est africain et constitue un détachement des Forces françaises libres de la Côte française des Somalis en liaison étroite avec les Britanniques. Avec son régiment, il prend ensuite part au combat de France et d’Allemagne. Il est promu après-guerre colonel et devient chef de cabinet de l’Amiral Thierry d’Argenlieu. Il termine sa carrière en tant que commandant supérieur des Troupes du pacifique en 1962 et s’éteint le 17 avril 1973 à Saint-Mandé. Il est inhumé à Saint-Quentin, dans l’Aisne, sa ville natale. Compagnon de l’ordre de la Libération par décret du 31 décembre 1942.

AOUZOU (Bande d’Aouzou)

Partie septentrionale du Tchad (114 000 km2), lieu d’affrontement entre l’Italie et la France en 1935-1936. Le compromis du traité de Rome (1935) avec Mussolini, jamais ratifié du fait du ralliement à l’Allemagne, attribue ce territoire à l’Italie fasciste, en rappel d’un accord de 1919. Ce territoire constitue une plate-forme stratégique pour le contrôle de l’unité administrative Borkou-Ennedi-Tibesti (BET). La défaite met en lumière la sensibilité stratégique du lieu. En effet, la Convention d’armistice signée à Rome le 24 juin prescrit la démilitarisation du Nord tchadien et l’accueil d’une commission de contrôle italo-allemande. Félix Éboué eut à contenir une éventuelle et probable attaque italienne de 1938 à 1940. Suite au traité d’amitié conclu entre la France et la Libye, le colonel Kadhafi l’annexa militairement en 1973. Hissène Habré en chassa les Libyens. La Cour internationale de justice de La Haye prit une décision définitive en faveur du Tchad.

ARGENLIEU (Georges Louis Marie Thierryd’) (1889 -1964)

Père Saint Louis de la Trinité et Amiral, né à Brest. Il entre à l’École navale en 1906. Officier de marine, la guerre de 1914-1918 le conduit au Maroc et en Méditerranée, avant d’intégrer l’ordre du Carmel en 1920. Très croyant, il eut l’occasion en 1915 de faire un pèlerinage à Paray-le-Monial et de lire les écrits de trois grandes figures du carmel : Sainte Thérèse d’Ávila, Saint-Jean de la Croix et Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus. Il devient en 1932 Supérieur Provincial à la province des Carmes. En 1939, il est mobilisé à Cherbourg en tant que lieutenant de vaisseau. Prisonnier, évadé, il rejoint le général de Gaulle, qui le nomme Chef d’état-major des Forces navales françaises libres. Avec Leclerc, les opérations de ralliement du Gabon se concrétisent par l’arraisonnement du « Bougainville » en novembre 1940. En 1941 : mission au Canada, puis nomination en tant que haut-commissaire de France pour le Pacifique. Wallis et Futuna se rallient à la France Libre. Commandant des Forces navales en Grande-Bretagne, puis vice-amiral. À bord de La Combattante, il escorte le généralde retour sur les côtes françaises le 14 juin 1944, après son entrevue en Afrique avec le général Giraud. Après la guerre, il est nommé haut-commissaire de France et commandant en chef pour l’Indochine, où il tente en 1946 d’extraire la Cochinchine de l’influence Viêt-Minh. Sa mission patriotique accomplie, il rejoint le carmel et redevient le Père Louis de la Trinité. Grand-croix de la Légion d’honneur, Compagnon de la Libération, Titulaire de la Médaille militaire et Croix de guerre avec trois palmes.

ARIEL

Génie de l’air, esprit bienfaisant dans la Tempête de Shakespeare, opposé au monstre Caliban, synonyme de violence et de mort. Esprits que sait appréhender Prospero, quelque peu magicien, duc de Milan, déchu et exilé par son frère sur une île déserte, avec sa fille Miranda. Félix Éboué dit dans son discours : Jouer le jeu, c’est se pénétrer que ce n’est pas en tuant Caliban que l’on sauvera Ariel.26 Caliban et Ariel, revisités par Aimé Césaire,27 symbolisent les peuples primitifs, jouets des puissances coloniales.

ARMISTICE

Une convention d’armistice est signée le 22 juin 1940, à Rethondes28 entre la France et l’Allemagne, puis entre la France et l’Italie. L’armistice prévoit notamment une ligne de démarcation entre la zone occupée au nord de la Loire et la zone libre au sud. Point de départ de divergences fondamentales entre Vichy et Londres, pour Pétain, il y a la nécessité de conserver un territoire, un gouvernement, des hommes, des colonies, une marine et des forces armées. Pour de Gaulle, c’est la faillite d’un système, le déshonneur, la fin de la République. Cette soumission à l’ennemi, sans avoir réfléchi à d’autres voies, c’est La France pillée, la France asservie, la France livrée.29

Dès le 12 juin 1940, Félix Éboué adresse à sa tutelle un télégramme : N° 279/C – Réponse circulaire 56 entrée en guerre Italie sur place Tchad à poste d’honneur et tous nous remercions gouvernement sa confiance-stop. Chacun jusqu’au bout fera son devoir Stop. Au nom, tous européens et indigènes je vous confirme notre indéfectible et inébranlable dévouement et de notre absolue confiance en victoire des Alliés. Ce concours inespéré renforce l’action du chef de la France Libre à l’heure où les États-Unis conservent des relations diplomatiques avec le Maréchal Pétain et que le 3 juillet 1940, les Anglais détruisent la flotte française à Mers-el-kébir.

ARNAUD(Michel) (1915-1990)

Né à Bourg-en-Bresse le 27 novembre 1915. Entré à Saint-Cyr, il choisit l’infanterie coloniale. En 1939 il est en poste au Tchad. Refusant l’armistice, il participe au ralliement de cette colonie. Il prend part à la bataille de Koufra auprès du colonel Leclerc en 1941. Attaqué par des avions en février, le lieutenant Arnaud organise une riposte efficace, mais est grièvement blessé au bras. Il est alors évacué au Cameroun puis à Beyrouth. Physiquement handicapé, il occupe des postes de chef de bureau puis de renseignement au sein de la 2e Division blindée (DB) de Leclerc jusqu’à la libération de Strasbourg. À la fin de la guerre, il poursuit une brillante carrière militaire et finit général de corps d’armée en 1974. Il s’éteint à Fréjus le 1er août 1990 et est inhumé à Grenoble (Isère). Compagnon de la Libératon par décret du 7 juillet 1945.30

ARRON (Augustin)

Né le 20 novembre 1911 à Anse-Bertrand en Guadeloupe, il se fait connaître par ses nombreux succès en athlétisme où il remporte de nombreux records et titres de champion tant sur le plan local que national du 100 aux 800 m, saut en longueur et cross-country. De 1935 à 1940, pour partie sous l’exercice du Gouverneur Éboué (1936-1938 – il préside la Commission d’Athlétisme de la Ligue sportive de la Grande-Terre et entraîne les élèves du lycée Carnot et du Club Athlétique Pointois. Il occupera par la suite d’éminentes responsabilités au sein des instances sportives locales.

ARVET (Jacques)

Directeur-fondateur à Bamako du journal « l’Économiste du Soudan français », il fit paraître en 1934 un livre sous le titre « Un remède à la crise », dans lequel il fit ressortir la question des combustibles et carburants africains indispensable à ses yeux, au développement des colonies africaines. Pour lui il était indispensable de produire de l’alcool industriel à partir des matières alcooligènes comme le jus de sisal. Le carbone végétal étant hautement productif, celui-ci est utile pour assurer le ravitaillement de la motorisation africaine. Un certain nombre d’expérimentations eurent lieu dans des laboratoires à Bamako de 1932 à 1937, principalement dans la station expérimentale des carburants africains qui reçut dès le départ une mission d’exploitation de la part de Blaise Diagne Sous-Secrétaire d’État des Colonies. Félix Éboué fut en son temps sollicité pour apporter son appui aux études, recherches et prospections.

ASKIA(Tombeau)

La mosquée connue au Mali (ex-Soudan français) sous le nom de Tombeau de l’Askia (à proximité de Gao) où fut enterré en 1538, l’Askia Mohamed, empereur du Songhaï. Cet immense empire s’effondra à la fin du XVIe siècle sous les coups des Marocains. Ce site archéologique a été inscrit au patrimoine mondial.

ASNIÈRES

Ville située au nord-ouest de Paris, sur la rive gauche de la Seine. C’est là que, de retour de la Martinique, le couple Éboué fit l’acquisition d’une villa grâce à un héritage acquis en Guyane. Eugénie Éboué-Tell y fut conseillère municipale de 1958 jusqu’à son décès en 1972 auprès de Michel Maurice-Bokanowski, maire de la commune et Compagnon de la Libération. Elle est inhumée au cimetière de Pantin, au nord de Paris (21e division), où repose à ses côtés son petit-fils, Guy Senghor, enfant de leur fille Ginette et de Léopold Sendar Senghor.

ASSAINISSEMENT (Quartier de l’)

Quartier populaire de Pointe-à-Pitre marquant la limite territoriale avec la ville des Abymes, créée au 19e siècle sans schéma précis. Quartier insalubre, régulièrement inondé lors des fortes pluies, dont la rénovation fut inscrite dans le programme d’assainissement de Félix éboué, gouverneur de la Guadeloupe de 1936 à 1938. Les premières réalisations sont enregistrées pendant la période du gouverneur vichyssois Sorin.31 Aujourd’hui réhabilité, ce quartier regroupe des logements sociaux, l’Hôtel de Ville, la Chambre de commerce et d’industrie, l’Institut d’émission des départements d’outre-mer (I.E.D.O.M), le Palais de la Mutualité.

ASSIER de POMPIGNAN (Charles, André Maurice)

Né le 30 novembre 1889 à Saint-Pierre (Martinique), il est administrateur maire de Brazzaville de 1925 à 1927, de Fort-Lamy (Tchad) en 1929 et de Libreville au Gabon de 1932 à 1941. Nommé inspecteur général de l’A.E.F par Félix Éboué, il est du 30 mai 1942 au 26 août 1943 gouverneur du Gabon, membre du conseil d’administration de l’A.E.F et gouverneur du Dahomey de 1943 à 1945. Il participera à la conférence de Brazzaville, comme dix-sept autres collègues, dont Félix Éboué de l’A.E.F, André Capagorry de la Réunion, et Raphaël Saller de l’Oubangui…

ASSIMILATION

Processus d’adhésion des immigrés aux normes de la société d’accueil, corollaire de la colonisation. Le but est d’homogénéiser les individus, d’effacer les particularismes.32 « … Stratégie de différenciation et de ségrégation fondée sur la présupposition qu’il y avait des différences entre les colonisés et les métropolitains ». 33

Néanmoins auparavant, la loi du 24 avril 1833 application limitée aux quatre vieilles colonies, Antilles, Réunion, Guyane) accorde l’égalité civile, mais nulle intégration sociale et économique. Abolition de l’esclavage en 1848 : tous les affranchis des quatre vieilles colonies deviennent « citoyens français ».

Loi du 15 juillet 1889 : extension du service militaire aux colonies, appliquée en 1913 à la veille de la Première Guerre mondiale. Administration des colonies par un gouverneur, assisté d’un Conseil général,34 qui délibère sur toutes les questions d’intérêt local. Félix Éboué gouverneur par intérim en Martinique (1932-1934), le fut à ce titre en Guadeloupe (1936-1938).

ASTIER de VILLATTE (Jean)

Né le 25 novembre 1900 à soturac (Lot). Refusant la défaite, il est l’un des premiers à rejoindre les Forces françaises libres. En 1941, il participe avec son unité aux opérations sur Koufra en soutien des groupes de Leclerc et bombarde les positions italiennes. Il prend ensuite part à la campagne d’Abyssinie en mars et avril 1941 et assure des missions de pilonnage des voies de communication et de convois depuis Khartoum. Le mois suivant, il prend le commandement des Forces aériennes françaises libres (FAFL) du Moyen-Orient. Promu colonel en décembre 1941, il poursuit ses missions en Afrique jusqu’en 1944, date à laquelle il reprend sa profession d’ingénieur en qualité de Directeur général de l’Office des bois de l’Afrique Équatoriale Française. Il s’éteint le 6 octobre 1985 à Paris et est inhumé au cimetière de Cavagnac (Lot).35 Compagnon de la Libération par décret du 23 juin 1941.

ASSOCIATION

Félix Éboué fut membre fondateur de « l’Association Générale Fédérative des originaires des colonies » dont le but était de défendre les hommes et les femmes de ces territoires. Le président en était Paul Vivien et Félix Éboué membre du bureau en fut le secrétaire en compagnie de Barquissau et Ribet.36

AUBAME (Jean-Hilaire) (1912-1989)

Homme politique gabonais de l’ethnie fang. Élève des missions, employé des douanes à Brazzaville, il devient président de la municipalité de Poto-Poto (1943), et ce, grâce à l’adoption de la nouvelle Politique indigène de 1941 et la mise en œuvre des communes de Libreville et Brazzaville qui furent notamment érigées en municipalités indigènes. Membre de l’Organisation de la France libre, Secrétaire général des colonies à Bangui, il devient à la mort de Félix Éboué conseiller de André Bayardelle, nouveau gouverneur général de l’A.E.F. Député du Gabon (SFIO) 1946-1958, Président de l’assemblée territoriale (1952) et fondateur du parti de l’Union Démocratique et sociale Gabonaise (UDSG), il jouera un rôle actif après l’indépendance de son pays.37

AUBÉRY (Eugène)38

Membre d’une des familles aisées de la Martinique, au cœur d’une affaire de corruption et de fraude fiscale, qui défraie la chronique locale, liée à la mort du journaliste André Aliker. Ce notable dit le dragon est condamné à payer une somme de près de huit millions de francs pour fausse déclaration fiscale. Ses nombreuses protections politiques, dont celle du gouverneur Gerbinis l’en dispense. Ce que dénoncera André Aliker, rédacteur en chef du journal communiste Justice. L’assassinat de ce dernier laisse supposer un lien entre les deux affaires. Secrétaire général et collaborateur du gouverneur Gerbinis, Félix Éboue vit son séjour écourté en Martinique, puisque rappelé par le ministre des colonies, en même temps que le gouverneur.

AUGAGNEUR(Jean-Victor)

Né à Lyon le 1er mai 1855. Médecin, professeur agrégé de chirurgie (1906) et député du Rhône (1904-1919), maire de Lyon (1900), membre du parti socialiste, ministre dans les gouvernements Caillaux (1911-1912) et Viviani (1914-1915). Gouverneur de Madagascar (1905-1910), il succéda à Gallieni. Il fut gouverneur général de l’Afrique Equatoriale (1920-1923), afin de renouveler l’organisation sanitaire et entreprendre la construction de la ligne de chemin de fer « Congo-Océan » si décriée39.

AUGOUARD (Philippe) (1852-1921)

Vicaire apostolique pour le Haut-Congo et l’Oubangui-Chari, il fut en 1891 le fondateur de la cathédrale Sainte-Anne à Brazzaville qui, devenue trop petite pour accueillir tous les fidèles, sera décentralisée et construite dans le quartier de Poto-Poto grâce à l’action et au concours de Félix Éboué. Homme de littérature, il fut l’auteur d’un rapport sur les maladies vénériennes et sur la prostitution. Fin politique, il fut l’homme à tout faire dans cette région déshéritée de l’Afrique-Équatoriale Française.

AURIOL (Vincent)

Il milite dès 1905 dans les rangs du parti socialiste, et fut député de la SFIO de la Haute-Garonne de 1914 à 1942. Président de la commission des finances et ministre des Finances dans le gouvernent Blum du Front populaire (1936), puis ministre de la Justice dans le v-cabinet Chautemps (1937). Ayant opposé un refus à Pétain, il rejoint Londres en 1943. Premier Président de la IVe République française (1947-1954), après de nombreuses fonctions ministérielles de 1936 à 1946. Président de l’Union française, il fit un voyage en Afrique noire et noua de fructueuses relations avec le sultan du Maroc et le Bey de Tunis. Membre de la SFIO, ancien résistant, arrêté par le gouvernement de Vichy, il préside avec son gouvernement, les cérémonies de transfert des cendres de Victor Schœlcher et de Félix Éboué au Panthéon le 20 mai 1949. Il fut le premier président de la République française à faire après-guerre, une visite officielle en Afrique, accompagné notamment par Gaston Monnerville, président du Sénat.

AUTONOMIE

Lors de la conférence de Brazzaville le 30 janvier 1944, de Gaulle affirma le droit des territoires àune l’émancipationdans le cadre de l’Union française.De Gaulle souligna la nécessité d’amener les Africains à participer à la gestion de leurs propres affaires,40 mais avec une restriction importante : Les fins de l’œuvre de civilisation accomplie par la France dans les colonies, dit-il, écartent toute idée d’autonomie, toute idée d’évolution hors du bloc français de l’Empire. À l’initiative d’Éboué, la conférence prévoit des réformes réelles dans les colonies, mais dans un contexte où les mots « autonomie » et « décolonisation » sont tabous. « L’idéal demeurait toujours qu’un Africain français devînt un Français africain » 41 quinze ans après (1960), l’indépendance des anciennes colonies d’Afrique sera effective.

AYMERICH

Général, ancien commandant supérieur des troupes de l’A.E.F en 1913. Il prit une part importante à la conquête du Cameroun sur les Allemands. Anglais et Français se partageant le pays, ces derniers occupent la majeure partie. Nommé commissaire de la République fin 1916, il fait de la langue française la matière principale de l’enseignement. En 1928, il préface l’ouvrage du lieutenant-colonel Jean Ferrandi sur la conquête du Cameroun-Nord (1914-1915), puis en 1933 celui du général E. Howard Gorges sur la guerre dans l’Ouest africain (Togo, août 1914 – Cameroun, 1914-1916). Enfin, en 1933, il fit paraître chez Payot, à Paris, un ouvrage in -8 intitulé « La Conquête du Cameroun (1er août 1914 – 20 février 1916) » dans lequel il relate toute la campagne, ainsi que son mandat de Commissaire de la République durant l’année 1916. Retiré à Toulon, il s’éteint dans cette ville en 1937.42

AYOUME(Jean-Rémy)

Gabonais et protégé de Félix Éboué, ils ont tous deux souvent évoqué le statut des évolués. Suite à la circulaire du gouverneur sur la Politique indigène, il deviendra rédacteur de la revue L’UNION intégrée dans le premier centre culturel africain créé par Félix Éboué et qui possédait quatre sections (conférence, bibliothèque, Musique, Théâtre). À la conférence de Brazzaville en 1944, l’ébauche d’un statut pour ces Notables africains s’inscrira dans la perspective d’une timide décolonisation :

– Respect des coutumes, mais interdiction de parler les langues locales dans l’enseignement.
– Promesse de suppression progressive des peines de l’indigénat à partir de la fin de la guerre ; mais ignorance du droit à la citoyenneté.
– Rétablissement de la liberté du travail par rapport au régime du travail forcé, dans un délai de cinq ans.
– Travail obligatoire d’un an pour les jeunes gens non incorporés dans l’armée.

Il a parfois été accusé par ses adversaires d’avoir voulu légitimer la colonisation en parlant des « évolués » et des « primitifs ».

AYMONIER (Étienne)

Saint-Cyrien de formation, il s’intéresse très tôt aux cultures asiatiques, poursuivant de nombreuses recherches et explorations en Cochinchine (Khmers, Chams, etc.). Nommé en 1889 délégué de l’Annam à l’exposition universelle, il prend la direction de l’École coloniale dans laquelle Félix Éboué fit sa formation d’administrateur de 1905 à 1908. Membre de plusieurs comités scientifiques et culturels, dont l’Alliance française, il sera en 1908 membre fondateur de l’École française d’Extrême-Orient qui assure la conservation du temple d’Angkor. Il fait partie parmi d’autres, tous savants accomplis, de cette école de la pensée française (ethnologues, anthropologues, géographes, historiens, hommes de lettres, etc.) qui ont construit à la suite des campagnes militaires, la valeur de l’esprit de la connaissance et du savoir.

AZIKIWÉ (Nmamdi)

Dans le mémorandum « la charte de l’Atlantique de l’Afrique occidentale britannique » publiée en 1943 par plusieurs journalistes, Nmandi Azikiwé, réclama l’application aux colonies africaines, le droit des peuples à choisir leur forme de gouvernement. Il fondera l’année suivante le « Council of Nigeria and Cameroons » (NCNC).

B

BA(Amadou Hampaté) (1901-1991)

Né à Bandiagara au Soudan dans une famille d’origine peule, Hampaté Bâ incarne la sagesse ainsi que l’histoire des croyances et des traditions africaines. Admis à l’École Wiliam Ponty de Dakar en 1921, il obtiendra un poste d’interprète en 1933 auprès du gouverneur de Bamako ; période qu’il relatera plus tard dans « l’Étrange destin de Wangin ». Il est resté célèbre pour avoir déclaré à l’UNESCO : En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle.

BAGNE

Créé sous le Second Empire le 30 mai 1854 par Napoléon III, il a pour objectif d’incarcérer aux travaux forcés tous les proscrits de la République qui seront parqués dans plusieurs camps, dont Cayenne, Saint-Laurent-du-Maroni Sinamary et les îles du Salut. L’affaire Dreyfus relancera la polémique sur son existence et son utilité. Albert Londres en dénoncera également les méfaits et lur ce qu’il considère être la honte de la République. Le 17 juin 1938, Gaston Monnderville, élu secrétaire d’État, fera voter une loi destinée à le supprimer. Décision qui sera effective qu’en 1946 après le vote sur la départementalisation des anciennes colonies d’outre-mer. Cinquante-deux mille transportés et seize mille relégués auront transité par ce funeste bagne.

BAGUIRMI

Le sultanat de Baguirmi (1522-1897) se développa à l’est de Fort-Lamy (actuelle N’Djamena) sur fond de commerce d’esclaves destinés à l’Empire ottoman. Son premier souverain fut : Dokengué (1522-1536). La dynastie se convertit à l’Islam en 1640 et entra en conflit avec les royaumes d’Ouaddaï et du Bornou. À la suite de nombreux conflits avec le conquérant Rabah et le sultan Gaourang, le sultan de Baguirmi sollicita la protection de la France après s’être engagé à supprimer la traite (1897).

BAILLY (Louis Adolphe)

Parrain de Félix Éboué, négociant et Conseiller général de la Guyane.

BAKER(Joséphine)

« Dès le début de la seconde guerre mondiale en septembre 1939, Joséphine Baker devient une agente du contre-espionnage, traité par jacques Abtey (chef du contre-espionnage militaire à Paris). À cet effet, elle fréquente la haute société parisienne. Après la bataille de France, elle s’engage le 24 novembre 1940 dans les services secrets de la France Libre toujours via le commandant Abtey, qui reste son officier traitant jusqu’à la libération, en France puis en Afrique du Nord où elle était sous la protection de Si Ahmed Belbachir Haskouri, chef du cabinet khalifien du Maroc espagnol. Elle s’acquitte durant la guerre de missions importantes, et reste connue pour avoir utilisé ses partitions musicales pour dissimuler des messages. Engagée ensuite dans les forces féminines de l’armée de l’air, elle débarque à Marseille en octobre 1944 et poursuit ses activités pour la Croix-Rouge, et chante pour les soldats et résistants près du front, suivant avec ses musiciens la progression de la 1 ère armée française. Décorée de la Médaille de la Résistance, elle recevra plus tard les insignes de la Légion d’honneur et la croix de guerre 1939-1945 avec palme des mains du général Martial Valin »43. En villégiature à Paris en 1926, Félix Éboué la rencontre à l’occasion d’une manifestation consacrée aux écrivains et artistes noirs. Joséphine Baker qui est la cendrillon et la star des années 20 aux Folies Bergères où travaille Guillaume Tell, le beau-frère du gouverneur.44 Elle fut également représentante de la résistance en Afrique du Nord. Inhumée au Panthéon depuis le 2022.

BAL (Du gouverneur)

Dès l’époque de la colonisation… une tradition folklorique européenne, le carnaval, sert de point d’appui aux coutumes africaines…45 À l’opposé, l’organisation de bals somptueux chez le gouverneur est réservée aux notables à partir du 18e siècle. En juillet 1932, Félix Éboué reprend cette tradition. Une soirée de gala est organisée au palais du gouvernement à son initiative, qui relève la gageure d’inviter l’ensemble de la société martiniquaise, blanche, noire et mulâtre. Le fiasco annoncé par ses détracteurs se transforma en un énorme succès avec la réception de plusieurs centaines de personnes reçues dans les salles et jardins du palais. Pour la première fois dans l’histoire de l’île, la société blanche côtoyait noirs et mulâtres martiniquais au « bal du gouverneur ».

BAMAKO

Bamma Kô ou le « marigot du crocodile » serait né de l’alliance de plusieurs familles Mandé avec d’autres, originaires de Ségou. Elle est devenue la capitale du Soudan français en 1920. Située sur le bord du fleuve Niger. Félix Éboué, Secrétaire général et Gouverneur par intérim de l’ex-Soudan (Mali) de 1934 à 1936. Installé au palais du gouverneur de Koulouba, construit de 1905 à 1907, suite au transfert de la capitale de Kayes à Bamako, sur une colline surnommée la colline du pouvoir. Au lendemain de la guerre, une statue du gouverneur Éboué est érigée sur une des places de la ville par les autorités françaises46. Sur le socle de grès rouge du pays, une plaque de marbre gravée de l’insigne de la France Libre, le « V », encadré de la croix de Lorraine portait la mention : « Au Gouverneur général Éboue, premier résistant d’Afrique française, Bamako 1935 – Brazzaville 1940. Le monument avait été inauguré par le général de Gaulle le 8 mars 195347 ». Félix Éboué promeut le Bulletin de Recherches soudanais (1936), publié jusqu’à la déclaration de la Seconde Guerre mondiale. Avec ses amis français, le « Soudan Club » à Bamako est le rendez-vous de l’élite européenne, convaincue par Éboué de rejoindre la France Libre.48 Au gouverneur du Soudan, Jean Desanti, Félix Éboué envoie des messages « radio », pour l’inviter à s’engager.

BAMBARAS

« Ceux qui ont refusé de se soumettre 49». Principale ethnie du Soudan (actuel Mali), de la grande famille Mandé (un des premiers états d’Afrique de l’Ouest, datant de 750 à 1420, connu sous le nom d’Empire du Ghana), les Bambaras appartiennent au groupe des Malinkés, comme les Soninkés, les Dioulas ou les Soussous. En 1914 et en 1940 les les tirailleurs sénégalais, furent prioritairement d’origine bambara.

BAMBARI

District d’environ 20 000 habitants en 1925, avec des villages le long des pistes et du fleuve : Banda Langbassi (village ou noms de peuples ?) Banziri, village de pêcheurs. Ville de tradition cotonnière grâce à l’introduction de cette culture par Félix Éboué en 1926, alors qu’il était administrateur du Mbomou, à la lisière du Congo alors belge. L’Oubangui-Chari fut la première colonie française productrice de coton. Bien que cette culture ne soit pas la mieux adaptée à cette région en raison du taux d’humidité et des parasites, ce fut à cette époque une réelle réussite qui malheureusement ne fut pas poursuivie par les autorités coloniales.

BANDA

Félix Éboué s’est beaucoup intéressé aux coutumes des différentes ethnies de l’Oubangui-Chari. On ne sait d’où viennent exactement les Banda. Certains affirment qu’ils sont originaires de l’est de l’Oubangui-Chari, d’autres qu’ils viennent du Congo-Belge. Le nom donné à l’affluent de l’Oubangui, la Ouaka, semble confirmer la deuxième hypothèse. Aoua signifiant chemin et KA barre. Cette frontière naturelle aurait arrêté les Banda au cours de leur pérégrination vers l’Ouest en territoire Gbayas et ceux-ci leur donneront l’appellation de Banda-Haï (viande) Ils occupaient la zone comprise entre Bocaranga et Bozum.50 Dans la liste établie par Delafosse sur les races du Soudan, ses caractéristiques attribuent l’origine du nom banda à celui de BAN ou ABA qui signifie igname et N’DA case, ce qui veut dire l’homme qui cultive l’igname autour de sa case. Ce groupe se divise en nombreux sous-groupes qui suivent les régions suivantes :

– La Ouaka : District de Bamlbari (Linda, Djoto, N’Gapou, Vara, Ouassa) ;
– De Grimari : N’Gapou, Bongo, Dacpa, Gbaga, N’Bi ;
– De Baakala (Dacpa, N’Gapou N’Dacpa, Norouba, Souabanga).

Ils s’étendent depuis Ndélé au nord, Mbrès à l’est de Kaga-Bandoro, à Bria à l’est et Bambari qui est leur capitale.51 Ils sont fétichistes. Les principaux fétichistes sont le Nakouala, le Soumali, le Btokolo, le Badagui, le Cuya, le Yanga qui donnent lieu à des sociétés secrètes. La plus redoutable était le N’Gakola.

BANDA(Ngbugu)

Les Ngbugu font partie de l’ethnie Banda. Ils sont voisins directs des Sangos qui vivent au bord de l’Oubangui. En revanche ils vivent plus à l’intérieur des terres entre Mobaye et Alindao52.

BANDIAGARA

Ville en pays dogon (Mali). Bandiagara est un lieu de pèlerinage érigé en souvenir d’EL-Hadj-Omar qui fut chassé de Tombouctou par Amadou Cheikou. Les mines de Bandiagara ont servi aussi de lieu de détention pour certains prisonniers politiques. Éboué, administrateur en chef des colonies y signale des fouilles néolithiques (haches polies, casse-tête, bijoux, pétroglyphes)53

BANI (Le)

Gros affluent du fleuve Niger situé à 40 km de la ville de Ségou au Soudan [actuel Mali].

BANGASSOU