Accidentelles - Jean-Marc Ortéga - E-Book

Accidentelles E-Book

Jean-Marc Ortéga

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Beschreibung

Vous ne retiendrez moins que rien de ce livre, car il n'y a rien derrière les mots en moins. Il ne restera même pas le poids d'un duvet de poussin sur votre âme. Et c'est l'absence de ce poids qui compte et qui fait l'objet de ce foutoir poétique.

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Seitenzahl: 102

Veröffentlichungsjahr: 2024

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A mes racines andalouses, mes parents fleurant bon le safran, le piment fumé et la gentillesse.

A Romain Gary, maître heureusement non maîtrisé de l’à peu près.

Post-avant-propos

J’écris cet avant-propos après avoir terminé ce livre.

Je vis donc le terme « avant-propos » comme une usurpation du temps, comme le hold-up du bric-à-brac de mon identité dont ce discours décousu fait partie et contribue à m’indéfinir.

Ainsi, comme moi-même, vous ne retiendrez de ce qui suit qu’une vague impression de jamais vu… qu’une vague impression…

qu’une vague… qui déferle dans la mousse crémeuse de vos neurones en un émoi si futile.

Après avoir lu ce livre, vous ne retiendrez rien car il n’y a moins que rien derrière les mots en moins.

Il ne restera même pas le poids d’un duvet de poussin sur votre âme.

Et c’est l’absence de ce poids qui compte et qui fait l’objet de ce que j’ai souhaité garder secret en le partageant avec vous à travers ces mots de traviole.

Cela m’a couté car ce foutoir, balancé dans des mots hasardeux, dit autant ce que je suis que ce que je ne suis pas, ce que je n’ai jamais été, comme ce que je ne serai jamais…

Merci donc de ne pas me lire et de passer votre chemin.

C’est mieux.

Ou moins bien…

Qui sait ?

Tout ceci est tellement extime…

Jean-Marc Ortéga

Table

1 Née coiffée, morte rasée

2 L’esprit crie

3 Des âmes qui se frôlent

4 Quand j’étais petit, j’étais fou

5 Sombre éblouissement

6 Tendre éveil

7 Fleur de sagesse

8 Quand il pleut

9 Qui ne suis-je pas ?

10 La soie de la brutalité

11 Les enfants de la vie

12 Tout au fond, l’amitié

13 Douce mélancolie

14 Prédestination aquatique

15 Accroche-cœur

16 Nectar de l’amitié

17 La fée du métro

18 L’irréductible destin de l’être

19 Le colibri lumineux

20 Mourir dans les prés

21 Trouble maritime

22 Hommage caché

23 La girafe en caoutchouc

24 Nébuleuse divagation

25 L’absence et les bulles

26 Poétique de la vie quotidienne

27 La vie est un poème

28 Méditation sur l’ombre

29 Le monde cotonneux des nuages

30 Collé contre la vitre

31 Délicatesses ouatée

32 Charmante prédatrice

33 Nous ne sommes pas qui nous sommes

34 Les forêts cathédrales

35 Astuce karmique

36 Sous la suie

37 Contact furtif

38 Écrire ou mourir

39 Une vie de bac à sable

40 Contemplation du soir

41 Lire l’inécrit

42 La terre ne tourne pas rond

43 Contemplation océanique

44 Sentir le réel

45 Humeur marine

46 Chacun son monde

47 Une vie de papier

48 Baume en rimes

49 Raison dingo

50 Les bons enfants

51 La petite magicienne

52 Dissolution nocturne

53 Respect des fleurs

54 Je sais que c’est toi

55 La claire lumière

56 L’aigle-vent

57 Échouée sur le trottoir

58 Vivre de l’absence

59 Regard égaré

60 Gare aux murs

61 Le livre fermé

62 Les larmes de la colère

63 Présence

64 Nos cabanes

65 Un jour ordinaire

66 Guérir la colère

67 La lettre partie

68 Les pierres du silence

69 La fièvre au front

70 Le dormeur ailé

71 Les gentils cartons

72 Les amis parlent au silence

73 Sacré petit bonhomme !

74 Drame du soir

75 Sous les sourires

76 Ouvrons les bras

77 La plume perdue

78 S’apprendre et s’éprendre

79 Portes closes

80 Humour en danger

81 Une montagne sur le cœur

82 L’apprenti

83 Angoissant

84 Mon chien est un poète

85 Regrets d’automne

86 Détecteur d’âmes

87 Se perdre pas avidité

88 Fêlure

89 Croire au beau temps

90 Derrière mon visage

91

L’amour

92 Les pas messages

93 Face cachée

94 Brrr ! Grrrr !

95 Platitude

96 Trace séraphique

97 Quand le monde pleut

98 Nous sommes satisfaits

99 Au fond du puits

100 Tendre rêve

101 Révélation évaporée

102 Les mamans qui regardent

103 La bonne étoile

104 Quand l’heure viendra

105 L’instant enchanté

106 Évidence existentielle

107 Ce soir, je ne dormirai pas

108 La prière et le talent

109 Les yeux baissés

110 Je vois les morts

111 Embrassons-nous

112 Les âmes douces

113 Les femmes bleues

114 Sous le regard de la lune

115 Fermer son livre

116 Tourisme spirituel

117 La floralie des avanies

118 Les livres aimés

119 Le mur des anges

120 Ce qui manque

121 Les petites choses

122 Du sable entre les doigts

123 Parler bas

124 Requiem de la dévoration

125 L’alchimiste du silence

126 L’Ange-Gardien de l’instant

127 La fée des montagnes

128 Les autres toi

129 L’homme dentelle

130 L’Évangile de l’instant

131 Les yeux ouverts

132 La comédie humaine

133 Miettes de vie

134 Triste amertume

135 La fortune

136 Drame rural

137 L’art de l’attente

138 Prier ou agir

139 Voir le temps

140 La vérité nue

141 Accidentelles

142 Les balancements de l’âme

143 Pouvoir spirituel

144 Le lac muet

145 Horripilation

146 L’expérience insensée

147 Le bébé intérieur

148 Attente et déception

149 La possibilité d’un choix

150 Le bal des faux-culs

151 Les nouvelles dents

152 La prophétie de l’escalier

153 Les enfants roses

154 Être jeune

155 Je suis une rose

156 Les mots qui passent

157 La nécessité des bêtises

158 Ivresse spirituelle

159 Au gré des émois

160 L’hostie oubliée

161 Le centre du monde

162 Admonestations

163 Le remède

164 Les fils de la vie

165

Derrière les masques

166 L’ange-homme

167 Mais que fait Dieu ?

168 De l’inutilité des choses

169 À l’école des souvenirs

170 Là où rêvent les papillons

171 D’étranges voisins

172 Un homme à sa fenêtre

173 Chuuut, chute

174 Ah, les fleurs !

175 Du haut de l’armoire

176 Là où nous nous sommes aimés

177 Besoin d’insignifiance

178 Bibliographie

Née coiffée, morte rasée

Roses et rouges sont ses cheveux,

comme un arc-en-ciel dans les cieux.

Elle les coiffe en mille façons.

Tresses, épis fous et chignons.

Être remarquée, c’est se faire aimer.

Le style libre et déchainé,

elle déambule tout ébouriffée

dans les méandres obscures de sa psyché,

entre ses murs tagués de pourpres et d’anathèmes,

en deuil de la prude paroissienne qu’elle était

avant que son amant mange son cœur et boive son sang.

Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui,

a dit l’Apôtre Jean, indigent de l’oubli.

Il a mangé son âme jusqu’à l’os noir.

Il a bu jusqu’à la lie son sombre nectar.

Puis, quand il l’a abandonné,

sa honte bue,

sa fierté ravalée,

d’un coup, d’un seul, elle s’est rasée.

Et, face au miroir, le crâne nu, elle voit son ombre.

Une inconnue.

Dans le tain son spectre est gravé à l’eau-forte.

L’acide Christique a mordu la morte.

L’esprit crie

J'ai cru pouvoir traverser

le miroir de l'immensité de mon âme

par la force de mon chagrin,

nu et gratuit comme un vagin

emprisonné dans l’hiver virginal

d’une perverse autorité pontifical.

Je me suis donc replié tout rond,

en boule comme un petit hérisson,

dans la prison intérieure de mon être,

sans trous de souris,

sans portes et sans fenêtres,

tentant d’accomplir une raisonnable mort,

tentant de savoir mourir

dans le respect du corps,

ce sanctuaire que dieu a déserté,

me laissant crucifié dans la puberté

trainante de mon corps adolescent.

Passant de concupiscent à confessant,

la terre tremble et le ciel tonne,

puis, l’esprit crie et l’âme pardonne.

Traversant le miroir, mon chagrin s’estompe.

Je tombe alors en paix,

l’âme vagabonde.

Des âmes qui se frôlent

Quand le néant frappe, personne ne songe au soin de l’âme.

Nous sommes si incomplets, tellement superficiels.

Nous parlons, à fleur de peau, des mots inspirés qui se perdent.

Nous n’avons plus la force de lécher les cicatrices

sur les onomatopées malades et les paroles mortes.

Les regards glissent les uns sur les autres sans vraiment se voir.

Nous ne sentons plus les pleurs sur les joues nus qui frissonnent.

Les voix laissent échapper des plaintes de coton, comme en écho.

Les baisers ne font qu’effleurer des lèvres inhabitées.

Nous nous croisons au lieu d’aller nous rencontrer dans les entrailles.

C’est si triste. Si triste. Si triste.

Quand j’étais petit, j’étais fou

Quand j’étais petit, j’étais fou.

La folie de la douceur m’enfiévrait.

J’étais un enfant du silence, un timide invisible.

Pour moi, la gentillesse avait les yeux verts,

ceux de ma maîtresse d’école.

Les mots étaient des draps de soie,

ceux avec lesquels ma mère me bordait le soir après l’histoire.

Pour moi, les mains n’ont pas de doigts

mais des petites plumes duveteuses.

Je me souviens des mains-plumes de mon père

qui caressaient mon front humide et brûlant lorsque j’étais malade.

Maintenant que je suis grand, je ne suis plus fou.

Je suis raisonnable. Trop grand.

Je me sens tellement seul.

J’aimerais redevenir fou.

Sombre éblouissement

La nuit était noire comme un venin glacé

qui pénétrait violemment mes sens.

Confronté à l’opacité de mon être sous-exposé

depuis mon origine sur terre,

je me sentais comme une ombre dans la nuit, à peine visible, incertaine.

Porté par la divagation de mon âme errante,

un manque insu commençait à fleurir

sur le grain hérissé de ma peau.

Je sentais sur ma chair que l'ombre ne me suffisait plus.

J’avais besoin de lumière.

J’avais soif de sève vitale.

Avidement.

Aussi, un jour indu, j’ai grand ouvert ma fenêtre

et le soleil s’est rué brutalement dans mon être offert,

éblouissant jusqu’à l’os mes sentiments délicats

et mes pensées-dentelles les plus timorées.

Depuis, tout est cramé. En une seconde de vie.

Une croix a été tracée à la cendre sur mon front

me rappelant l'éphémérité de la vie.

Mon être profond s’est souvenu de sa fragilité

et de son inexistence intrinsèque.

On a mis très justement sur ma tombe :

mort subitement d’un éblouissement sublime.

Tendre éveil

Dans l’éclat du matin, la lumière est belle et douce.

C’est comme une mère qui réveille ses enfants,

en chuchotant des petits sourires,

tout doucement, avec une infinie tendresse.

On dit que l’amour est inaudible

pourtant j’entends ses vocalises,

ses bercements délicats,

ses notes bleues, légères et chantantes,

dans le silence de la lumière du matin.

Fleurs de sagesse

Quand la mort viendra me prendre, je resterai tranquille.

Les fleurs sur mon balcon ne resteront-elles pas tranquilles, elles ?

Les fleurs nous enseignent comment mourir.

Quand il pleut

Quand il pleut fort et que je me retrouve tout trempé,

je ris de mon être dégoulinant, éclaboussé d’une fraîcheur glacée.

C’est le moment de faire des grimaces dans le miroir des flaques et d’y sauter à pieds joints pour éclabousser les chats qui passent.

Plus je suis mouillé, plus je chante à tue-tête des chansons éraillées qui n’existent pas.

Plus je suis ruisselant, plus mes jambes tricotent des danses étranges.

Réalisant le sens du moment, je me dis que je suis sacrément baptisé !

Le front humide, je sens la fraîche haleine du vent.

Au bout d’un long moment, je ralentis mes élucubrations, je rentre à l’intérieur, dans le silence, et retrouve ma chère immobilité.

Puis, m’adossant contre un mur, je m’assois sur le trottoir et j’attends.

Certains passants inquiets me questionnent gentiment.