Fantasmagories sentimentales - Jean-Marc Ortéga - E-Book

Fantasmagories sentimentales E-Book

Jean-Marc Ortéga

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Beschreibung

Un voyage intime au coeur des soubresauts exaltants, douloureux ou extatiques de la vie... Un témoignage personnel de ce qui fait de nous des êtres humains sensibles, imparfaits, géniaux romantiques... oui, romantiques. Notre salut est dans la dimension onirique, fantasmatique, poétique et romantique de notre vie.

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Seitenzahl: 91

Veröffentlichungsjahr: 2019

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A Joaquim, Apolline et Théo

Table

La vie est une femme fatale

J’ai froid, j’ai peur, je t’aime

Stupide promenade

Le thé a foncé

Aller sans savoir

Vague à l'œil

Nos deux bouches scellées

Fantasmagories de l’aube

Sur ta peau lactescente

Au gré du vent

De la vie à la pelle

Du silence à l’ombre

Ode aux sens

La lutte intérieure

L’ange a montré la voie

Sur la pointe des pieds

Les arbres blancs

Les gros yeux

Le guetteur

Au cœur de la fracture de l’être

Prêt pour le passage

Le chant de l’air

Le cœur serré

Des larmes amères

Les sons de l'autre rive

L'âme brouillée

Trognon de vie

Des mots réchauffés

Lointaines réminiscences

Le lac étale

Les âmes naufragées

L’intérieur en furie

Triste dimanche soir

Comme un regard qui fuit

L’écrit glisse

Evanescences lactées

Sang létal

A vot’ bon cœur m’ssieurs dame

Sans raison apparente

Les jours de pluie

L’air épaissi de l’ombre

La noirceur du soir

Silence plat

Au bout de ta main ma main

Rousses cerises

L’anonyme ami

Main dans la main et l’inverse

Pâle état d’âme

La main séraphine

L'ange et le cœur brisé

Ta magie de l'aube

Sans toi

Les branches ont tremblées

Vertueuses herbeuses

Le grand arbre triste

Douce tourmente

Passion d'absence

L’ondoiement crémeux des nuages

La mouette muette

Oups ! Je coule

L'océan fait des bonds

Le temps de voir

Ode aux saisons de la nature

Ondulation du matin

Le corps bleui

Les pieds avancent vite

Les doigts écoutent

Le marcheur

L'oiseau amoureux du monde

Grains de folie

Ça bouge un peu

Epices et chatouilles

Regard absent

La feuille, le chat et l’enfermé

Turbulences dans mon thé vert

Cruel duel

Hâle d’été

Je recueille du ciel

Zigzag garanti

A l'abri du beau

Oscillante ritournelle

Heureuse rencontre

Tu échappes, vive

Frimousse mousseline

Tes dents adamantines

Libre, enfin

Ma cousine Aglaé

Dans les remous du drap

Les faces effacées

Mon âme égarée

Alangui là

Apolline enchantée

Le violon de Joaquim

Théo et le doigt de Dieu

Les petits pas hésitent

Dans ma tête du vent

Paupières abaissées

La main vague

Dans les replis de soi

Lien-Liane

Comment t'écrire

Le silence sans toi

Amour agonisant

Le cœur à l’abri

Maintenant on se connaît

Spirituelle essence

La forêt bruit

Sous l’herbe drue

Un souffle sévère

Tendres souffles

Le songe de la première fois

L'instant doré

Le cœur trouble

Avalokiteshvara

Je vois loin

Jusqu'à ce que ta nuit revienne

Les âmes fêlées

Violence inachevée

Fascination d'automne

Combat sauvage

La vie est une femme fatale

Dans les rues fraîches du printemps,

De long rais ocrés d’air éclairent

Les gris visages des passants,

Soudainement auréolés

D’une douce et fine lumière,

Translucide et mandarinée.

Une cristalline beauté,

Avance, lente et nonchalante,

Les hanches en roulis, ondulante,

Brune, comme si de rien n’était.

Face à elle, une blonde en noir,

Qui n’en finit pas d’être blonde,

Est plantée, drue, dans le trottoir,

Délicatement un peu ronde.

Certains jours, je suspends mon pas

Et, quand je m’arrête, je vois

La vie en vérité, son âme :

La vie est une femme fatale.

Je réalise, à ce moment,

Que ces femmes aux minois malins,

Sont comme une essence, comme un sang

Qui navigue en moi joliment,

Alanguissant sirop carmin

Qui me permet d’être vivant.

Il y a des jours étonnants

Où la lumière n’a pas de fin.

Les choses apparaissent vraiment.

Heureuse ellipse de l’Esprit

Qui soutient les rêves au matin,

Les enracinant dans la vie.

Dans les rues fraîches de mon rêve,

Campées sur leurs jambes jumelles,

La brune et la blonde m’observent

D’un unique regard, irréelles.

Puis, subitement elles s’élancent,

Et, d’une belle élégance,

D’un long saut agile et joyeux

Se jettent, charnelles, sur mon ombre

Qui, sous elles, surprise s’effondre,

Contre mon corps leurs corps se collent,

Et avant de toucher le sol,

Juste avant, je tombe.

Amoureux.

J’ai froid, j’ai peur, je t’aime

C’est le matin. Je me débats dans la crème d’un rêve Composée d’incertaines réminiscences, collantes et glissantes.

Pesantes. C’est un peu comme si je nageais dans un soda sucré.

Quelques notes violines et fragiles tourbillonnent, erratiques, ralenties par le froid.

Puis, soudainement, sans doute pressentant un danger invisible, une panique muette semble s’emparer de ces notes délicates qui, comme d’affolés feux follets, maintenant se mettent à jouer au flipper dans ma tête.

Un coup de tonnerre fracasse le ciel bleu de mon songe.

La cristallerie de ma rêverie vole en éclats.

Rabat-joie, un vent lugubre siffle la fin de la partie, la fin du rêve, la fin de tout espoir.

Une fois de plus mon évasion a échouée.

Brutaux, mes démons me ramènent dans la cellule étroite de mon esprit tourmenté, dans les creux sombres de la prison de mon lit.

Je m’y effondre, m’y englouti, m’y noie. Liquide.

Au bout d’un long moment, tel un somnambule, je me redresse, les yeux fermés, dans les draps froissés et glacés. Je retarde le moment de les ouvrir.

Je n’aime pas ça, les ouvrir.

Un silence froid plombe mon éveil comme lorsque que mon père est mort.

Visqueuse et poisseuse, une brume jaunâtre flotte dans l'air lent du matin.

J’ai peur. J’ai peur du noir. Mais j’ai encore plus peur de ce qu’il fait de moi.

Tête baissée, buté je glisse un regard par la fenêtre étroite, ouverte sur la fin de l’hiver. Fait froid.

C’est ça le froid… j’ai oublié de la fermer… A moins que je ne l’ai fait exprès…

Au dehors, la nuit hallucinée n’arrive pas à émettre la moindre petite lueur qui me ferait espérer l’arrivée du jour.

Sur le sol, il me semble voir rouler des virevoltants, ces sortes de plantes en boule, desséchées, qui traversent les rues désertes des villes fantômes dans les westerns ou les films d’horreur.

Le ciel amati semble fait d’une immense tôle de fer gris et rouillé, parsemé de marbrures noirâtres, ressemblant à d’inquiétantes griffures… Ses plaies saignent noir et carmin, d’un sang acide qui trace de balafrantes mutilations.

Mon ciel est blessé. Il ne va pas tenir. Il est si lourd… si lourd… J’ai peur qu’il tombe par terre.

Puis, subrepticement, dans le brouillard épais de mes sentiments confus, je perçois un bruit faible et sourd qui pulse, entêtant, comme un sinistre tam-tam augurant le pire.

Je réalise que c’est juste un papillon noir qui, comme ivre, tape au carreau… Se cogne, se cogne, et se cogne encore.

Intrigué, je m’extirpe des draps de plomb de mon lit humide et me traîne, mollement, jusqu’à lui.

Je colle ma joue contre la vitre glacée et, en fermant les yeux, je tente de sentir ce qu’il s’exténue à me hurler muettement.

Qu’essaie-t-il de dire ?

Je tente de sentir sa respiration minuscule, son cœur qui bat comme les ailes d'un colibri.

Essaie-il de me dire quelque chose d’important, de vital ?

Ou est-il en train de me jeter un sort ?

Oui, c’est plutôt ça. Son regard noir, envoutant de haine, me fixe, fascinant et méchant.

Son souffle empoisonné traverse la fine vitre, mince rempart, pour s’immiscer insidieusement entre les plis de mon être affaibli.

Je sens un vent vénéneux me traverser, percer mes os friables.

De microscopiques cristaux de peur piquètent mon âme surgelée, presque cassante.

Et, à ce moment, étrangement, je me souviens de tous les nœuds que je n'ai su défaire dans ma vie. Je les visualise tels des nœuds marins d’une infinie complexité, et j'éprouve alors une impression si pénible que je vacille.

Ma tête bourdonne et palpite... comme ce têtu de papillon qui me torture, qui tape, et tape, insistant, au carreau de mon esprit qui est sur le point de se rompre…

La tension est extrême…

Puis, c’est la chute brutale, l’effondrement.

Sonné, tremblant, désemparé, je recule, tente d’échapper puis, désorienté, je me tourne vers le lit-refuge…

Et là, surpris, je la voie !

Silence givré, comme un cristal fêlé. Temps suspendu. Mon cœur toussote… cale, puis repart… Puis cale.

C’est là que ma vie est morte. Condoléances.

Fugitive, une étrange pensée me traverse : je me souviens j’ai souvent eu peur d’avoir les yeux fermés toute ma vie pour les ouvrir juste au moment de mourir…

Je secoue la tête et cette étrange pensée se dissous.

Je tente alors, hésitant, un autre regard…

Oui. Elle est bien posée là, alignée, presque en lévitation, sur le lit immaculé. Sa chevelure forme comme une aura rousse et dorée, ondulant au ralenti.

Emouvante, elle l’est en cet instant. Infiniment.

Simplement et sereinement assise, à demi-souriante et à demi-réservée, elle me regarde, les sourcils inquiets.

Une lueur de tendresse brille au fond de ses sombres pupilles, mais son iris clairement bleuté la ceint et l’emmitoufle comme on protège une flamme ténue sous le vent.

Pourtant quand j'ai croisé son regard aimant, étrangement j’ai ressenti de la violence, la violence de l'absence, la violence de l’inaccessible.

Un long moment de vide nous a figés dans une incompréhensible confrontation… C’est dur pour moi, là, de recevoir son amour. C’est même douloureux.

Précipitamment, je détourne mon regard, comme si j'étais un rat en fuite... Mon cœur bégaie quelques battements sporadiques, mon corps tremble très violemment.

Et, lui tournant le dos, je suis là, désespérément suffoquant... Son amour m’asphyxie… Je reste hagard… titubant intérieurement. Perdu.

Puis, émergeant faiblement de la brume confuse de ma souffrance, mon esprit redevient peu à peu moins flou, puis plus clair, limpide.

Et ça fait mal ! Je prends conscience que cette violence est la mienne, que cette absence est la mienne, que cette noirceur est en moi…

Je reviens au réel, à elle, à moi… « À nous » s’ouvre peu à peu…

Résistant. Pétrifié, je tente de tourner lentement mon âme vers elle… mon corps suit.

Aussi, quand elle pose à nouveau, et doucement, ses yeux sur moi, je la sens vulnérable et pourtant forte, espérante.

Je sens qu’elle met toute sa force, tout son courage, tout son être, pour me sauver, me repêcher du fond de mes abysses sombres… avant que je ne coule définitivement, irrémédiablement.

Le cœur ému, tout juste émergeant de ma noyade intérieure, encore hébété, je ne la vois pas s’approcher, comme flottante, jusqu’à moi…