Poésies graffées de l'instinct - Jean-Marc Ortéga - E-Book

Poésies graffées de l'instinct E-Book

Jean-Marc Ortéga

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Beschreibung

Les poésies graffées de l'instinct font parties de la série des Spontanées et des Intuitives. C'est un ensemble de peintures acoquinées à des poésies, des pigments colorés et des mots perdus. Ce recueil poursuit les recherches de l'auteur : être pleinement dans le geste et le mot, le corps et l'esprit en harmonie, court-circuiter le mental afin que le naturel, l'essence de l'être, puisse nous apparaître et se manifester. Directement.

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Seitenzahl: 92

Veröffentlichungsjahr: 2024

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A Sabine

Je dédie aussi ce livre à tous les êtres sensibles dotés de chaleur d’âme, (j’y inclus donc les humains, les animaux, les fleurs qui se pâment au soleil et les radiateurs) qui nous inspirent, puis nous émoustillent et nous aiguillonnent pour enfin nous permettent d’agir pour la paix.

Dessinez la beauté, écrivez des poèmes, dansez la vie, chantez l’amour, au lieu de faire la guerre.

C’est ma prière.

Avant-propos : instinctif ou spontané ?

Afin que cette nouvelle série de tableaux et de poèmes soit abordée dans une claire lumière, j’aimerais commencer par établir une distinction entre mon travail au long cours sur le spontané et mes travaux plus récents d’une dizaine d’années sur l’instinctif, le naturel.

Voici ma vision des choses.

Une personne spontanée serait une personne qui exprime sans détour, directement ce qu’elle est en train de vivre, de penser, de ressentir… Comme le ferait peut-être un enfant. Le spontané surgit, fait irruption instantanément dans le réel. Comme une apparition. Une fulgurance.

Il n’y a ni commencement, ni fin... Cela apparaît et disparaît quasiment instantanément.

C’est l’essence de l’instant présent.

D’où la difficulté de « saisir » ces instantanés ectoplasmiques, comme le ferait un polaroid…

Le poème et la peinture spontanée m’apparaissent à un moment précis, et j’ai bien conscience que ces phénomènes subtils sont du même ordre que lorsqu’un nuage passe devant le soleil, le sous-bois se rafraîchit aussitôt, un oiseau se tait, une feuille a un frisson… puis l’irréel s’efface et le flot de la beauté ordinaire reprend son cours.

Dans mes peintures spontanées, comme dans l’art corporel du Mouvement Spontané, ça se passe ainsi : un courant d’air, un changement de lumière, une porte qui claque ! et le mot, le coup de pinceau ou le geste apparaissent et se manifestent… pour aussitôt disparaître, retourner au néant dont ils sont issus…

La série de poèmes que j’ai nommé « disruptives », à dessein, appartiennent aussi à la même spontanéité de la vie. La vie, les mots et les gestes font irruption et nous percutent de façon inattendue.

Tout l’art du spontané consiste à se placer « à l’origine », comme le préconisai le sage Lao Tseu, juste le moment originel, juste avant que les phénomènes commencent à se manifester.

Toute la science de l’artiste consisterait alors à savoir se placer dans un état de conscience modifié permettant de vivre le processus créatif à l’origine des phénomènes, puis se laisser flotter dans la vacuité et s’abandonner à la manifestation du naturel, du spontané.

L’instinct serait plutôt relatif à un mouvement intérieur qui surgit vivement et auquel on attribue des actes non réfléchis, involontaires, des sentiments indélibérés.

L’instinctif, c’est ce qui croît naturellement, sans être cultivé.

C’est aussi, par extension, ce que l'on fait quand on se laisse aller à son propre mouvement, à son impulsion naturelle sans se laisser freiner ou entraver par les blocages du conformisme, de la raison, de la réflexion, de la volonté. Ce que nous exprimons est alors libre et non déterminé, sans contrainte.

Cela procède donc d'un instinct, d'une impulsion, voire d’une pulsion. Une personne dont la conduite est régie par l'instinct, agit de façon intuitive.

Si on examine le sentiment, par exemple, on constate qu’il comporte déjà la trace d’une expérience, d’un vécu antérieur, d’une réflexion…

Par contre l’émotion, comme la peur ou la surprise, est instantanée, elle jaillit directement sans passer par le mental (circuit court Thalamus – Amygdale) : le corps « a peur » et a le réflexe instinctif de donner un coup de volant pour éviter de basculer dans le précipice, pour se sauver… après, j’ai peur, nous dit Paul Ekman, grand psychologue des émotions.

L’instinct ? C’est le corps qui exprime, les entrailles qui parlent.

Et cette expression instinctive nous raconte quelque chose qui vient des profondeurs.

Il y a un instinct de survie, un instinct violent relié à la nature sauvage, à la survie.

Parfois, en peignant de l’instinctif, j’ai eu l’impression de pousser intérieurement comme un vagissement, un cri qui existerait avant l’élaboration de toute forme de langage (c’est en tout cas ce que ma voisine m’a fait remarquer avec un regard réprobateur du genre « Ça va chez vous ? Sûr ? Vous voulez en parler ?»)

Le beau poète Christian Bobin le montre dans La plus que vive. Cet élan pulsionnel, c’est vrai, dit-il, peut être violent ou brutal… mais pas seulement.

Il y a d’autres instincts comme l’instinct maternel, enveloppant, rassurant, rempli de cette substance magique qui imprègne toute la nature et qui se nomme l’amour.

Eh oui, il y a également la douceur, la tendresse, la gentillesse et l’amour.

Ainsi, vous trouverez dans ces peintures la forme sauvage, instinctive et violente, mais aussi la forme tendre, instinctive et douce. Le yin et le yang, le masculin et le féminin alternent et se marient subtilement.

Me connaissant mieux maintenant, vous imaginez bien que je ne suis pour rien dans ces choix.

Ni dans les horreurs saignantes, ni dans les délicatesses romantiques. Ça sort comme ça sort…

Enfin, souvenons-nous qu’à une époque proche, le courant des impressionnistes, dont faisait partie Claude Monet, a été très critiqué. Il se disait que c’était une peinture imprécise, pas très bien définie et dont l’objet consisterait à partager des sentiments, des impressions. Quelle horreur !

Aussi, en osant la comparaison, pour mes instinctives, c’est encore pire, c’est-à-dire c’est encore plus imprécis et ce ne sont pas des sentiments véritablement qui impressionnent la toile ou qui s’y impriment, mais des sensations crues, des pulsions jaillissantes, une force brute qui porte le sceau de la vie intense.

J’ai renoncé depuis longtemps à essayer de saisir la fulgurance et la fugacité de ces purs-sangs indomptables qui jaillissent du plus profond de l’être, à saisir l’insaisissable.

Aujourd’hui, je tente juste d’éprouver, encore et encore, la manière d’être dans le jaillissement du spontané, ou de l’instinctif, à l’instant même où il se produit… et ramener de cette brève expérience une trace sensible sous la forme d’un coup de pinceau ou d’un chapelet de mots poétiques.

Je tente.

Jean-Marc Ortéga

Prologue. Les mouvements du « pinceau » créent des artefacts, des altérations structurelles accidentelles qui surviennent lors de l’expérience de l’instant. J’utilise parfois « le lancer de peinture » pour faire des « rasantes ». Cela me permet une abstraction picturale aléatoire, un expressionisme qui sait se défaire de la considération esthétique. Peut-être à la différence des maîtres Jackson Pollock, Elaine Hamilton ou Willem De Kooning de l’Acting Painting, l’essentiel est le mouvement dansé du corps spontané. Le « pinceau » ici est nu, c’est-à-dire à poil, à trois poils, ou à poil unique, une éponge défoncée par un satyre éthylique, un hoquet inattendu, un regard devenu flou, un marché sur la toile en allant vite pisser, les récriminations ronchonnantes et obsédantes de ma concierge, ou bien un brutal pétage de plomb effervescent qui libère le geste instinctif et d’insoupçonnables micro-éclaboussures. Je trie ensuite les belles et les bof … Et je ne garde que les bof.

Table

Les animoglobines : la vie coagulée

1 Le cheval fou

2 Le chien qui a la rage

3 Le loup hurlant

4 Fier espadon

5 Les amants écorchés

6 Mon corps minuscule

7 Le scarabée désuni

8 La métamorphose de l’hippocampe

9 Amours de crabes

10 L’assassinat de l’opéra

11 La chauve-souris désaimée

12 Le paon nu

13 Les larmes et le granite

14 La décapitation des marguerites

15 Le rampant ensanglanté

16 Cigogne zigouillée

17 Quand la toile gratte

18 Et si…

19 Les enseignements de la limace

20 La goutte de trop

21 Le mal-aimé

22 S’élancer

Les cicatrices de vie : chronique des maux

23

Où est ma maman ?

24 Fleur de sang

25 Ailes écorchées

26 Coup de langue

27 La vie ébouriffée

28 Le vent s’époumonne

29 Quand le monde pleut

30 Nostos algos

31 Les doigts pianotent

Les respirales : ma vie de serpentin

32 Le ronronnement du vivant

33 Le rêveur solitaire

34 Un souffle de passage

35 L’alliance des chairs

36 La mort est une claque

37 La lampe magique

38 Errance et perdition

39 La vie est une vis sans fin

Les griffures : écorcher le vivant

40 Quand le chagrin griffe

41 Le sexe et les entrailles

42 La rêveuse à bulle

43 Un sang d’encre

44 Coups d'ongles rageurs

Les gribouillis : scribouiller l’existence

45 L’enfant perdu

46 Quand mon crayon fait le fou

47 Mélancolie du soir

48 Fier et droit

49 Décidée et vindicative

50 L’éclair de Zeus

51 Cœur en chasse

52 Les alliances pourpres

Les embrumées : une vie dans le brouillard

53 Élans mêlés

54 L’oiseau dépenaillé

55 Folle orchidée

56 L'œuf accidenté

57 Une colombe dans l’orage

58 Les malheurs d’un marteau piqueur

59 Le cœur noyé

60 L’esprit chiffonné

61 L’aigle en perdition

62 La marmite bouillonnante

63 La licorne et le feu

64 Les âmes égarées

65 Révérence ratées

66 Cœur fléché

67 Le gel et les cheveux fous

68 Équarrissage d'autruche

69 Cœur de brume

70 La quête des joues roses

71 Insecte en rut

72 Un coup d'éponge sur la blessure

73 L’homme suspendu

74 Poissons de feu

75 Une balançoire hésitante

Les aquar’ailes : vif la vie

76 Quand l’existence plane

77 Mousseuse neuronale

78 Vers de vie

79 Le pré-enfant

80 Se battre et s’aimer

Les emberlificotis : la vie en face

82 Le douloureux aigri

83 Le gentil innocent

84 La mélancolique éperdue

85 Le sérieux atrabilaire

86 L’homme interloqué

87 La fâchée rancunière

88 Le sourire intérieur

89 La femme froide

89 L’art de la quiétude

90 Le méchant haineux

91 Le timide craintif

92 La joyeuse délurée

93 La rage

Bibliographie

Les animoglobines : courts et pathétiques extraits d’une vie coagulée

Voici des peintures saignantes qui prolongent la série des boucheries (Cf. Poésies peintes et spontanées)