Assainissement des halles centrales - Préfecture Département de la Seine - E-Book

Assainissement des halles centrales E-Book

Préfecture Département de la Seine

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Beschreibung

Extrait : "Vous avez décidé, dans le courant du mois de juillet dernier, la formation d'une Commission chargée d'examiner les questions qui se rattachent à l'assainissement des Halles centrales, et d'indiquer les moyens les plus efficaces pour obtenir cet assainissement. La Commission était ainsi composée à l'origine : MM. LALANNE, inspecteur général des Ponts et Chaussées, président. POGGIALE, docteur-médecin, membre de la Commission des logements insalubres ;..."

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Veröffentlichungsjahr: 2016

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PREMIÈRE PARTIE Rapport à M. le Préfet de la Seine sur les travaux de la commission chargée d’examiner les questions qui se rattachent à l’assainissement des Halles centrales
Origine et composition de la Commission

Paris, le 1er mai 1875.

MONSIEUR LE PRÉFET,

Vous avez décidé, dans le courant du mois de juillet dernier, la formation d’une Commission chargée d’examiner les questions qui se rattachent à l’assainissement des Halles centrales, et d’indiquer les moyens les plus efficaces pour obtenir cet assainissement.

La Commission était ainsi composée à l’origine :

MM. LALANNE, inspecteur général des Ponts et Chaussées, président.

MM. POGGIALE, docteur-médecin, membre de la Commission des logements insalubres ;

MM. VÉE, ingénieur civil, membre de la même Commission ;

MM. MAGNE, inspecteur général des travaux d’architecture ;

MM. RADIGON, architecte du 1er arrondissement ;

MM. BIOLLAY, inspecteur général des perceptions municipales ;

MM. WORMS, docteur-médecin de la Préfecture de la Seine ;

MM. DE BÉTHUNE, sous-chef du 1er bureau des travaux d’architecture à la Préfecture de la Seine, Secrétaire.

Plus tard, et sur la demande de la Commission elle-même, vous avez bien voulu vous concerter avec M. le Préfet de police pour l’adjonction de nouveaux membres présentés par M. votre collègue, et qui sont :

MM. BOUCHARDAT, membre du conseil de salubrité ;

MM. PALIARD, architecte contrôleur des services de la Préfecture de police ;

MM. MATHIEU, chef du 1er bureau de la 2e division de cette Préfecture.

L’absence de plusieurs membres n’avait pas permis à la Commission de se réunir avant le commencement de novembre dernier. À partir de cette époque, elle a poursuivi régulièrement l’étude des questions qui lui étaient soumises.

Ses travaux sont terminés aujourd’hui ; les résultats en sont consignés dans les procès-verbaux des onze séances générales qu’elle a tenues, et surtout dans les pièces annexes des séances, pièces qui sont, pour la plupart, des rapports élaborés au sein des commissions partielles entre lesquelles s’est partagée successivement la Commission entière.

Ma tâche doit donc se borner à résumer l’ensemble de ces travaux et à mettre en relief les points principaux sur lesquels ils ont porté.

Point de départ et programme sommaire des travaux de la Commission

Le rapport de M. le Directeur des travaux de Paris, en date du 19 juin 1874, rapport dont la Commission a pris connaissance dès sa première réunion, lui a fait connaître la mission spéciale dont elle était chargée et les antécédents qui ont donné naissance à cette mission.

L’insalubrité de certaines parties des Halles, dit M. Alphand, et notamment des sous-sols des pavillons affectés à la vente des volailles, à l’emmagasinement des fromages et du beurre, a déjà été signalée à plusieurs reprises. Les cheminées d’aérage, établies en 1868 aux quatre angles de chacun des pavillons, ont été l’objet de nombreuses modifications, ayant pour but d’amener une évacuation plus complète de l’air infecté, sans que l’on soit parvenu, jusqu’à présent, à obtenir des résultats satisfaisants. Cependant les plaintes nombreuses que cet état de choses soulevait avant la guerre se sont renouvelées depuis lors, et la Préfecture de police, la Commission des logements insalubres, des membres du Conseil municipal, se sont accordés à réclamer une ventilation meilleure et des moyens d’assainissement. Des propositions en assez grand nombre avaient été faites dans ce but à la Direction des travaux de Paris, soit par des inventeurs, soit par des maisons industrielles qui s’occupent spécialement de ce genre de travaux. La Commission a été instituée d’abord pour examiner les différents systèmes proposés ; ensuite pour étudier les questions complexes qui se rattachent à l’assainissement des Halles, et pour déterminer la manière la plus efficace d’obtenir cet assainissement. La Commission devait d’ailleurs se préoccuper des moyens à employer, non seulement au point de vue pratique, mais encore en ayant égard à la dépense qu’ils peuvent comporter.

Telle est la substance de ce rapport, qui établissait nettement la nature et l’étendue de la mission qui nous était confiée.

Description générale des Halles centrales

Suivant la résolution qu’elle avait prise dès sa première séance, la Commission entière a procédé deux fois à la visite des Halles ; elle s’est arrêtée surtout dans les pavillons où des causes particulières d’infection avaient été signalées. En outre, presque tous les membres, opérant individuellement, se sont rendu compte par eux-mêmes, à différentes heures et à plusieurs reprises, de l’état réel des choses, tout en faisant la part de l’atténuation que la saison d’hiver apporte naturellement à des inconvénients que les grandes chaleurs peuvent rendre insupportables.

Les Halles centrales occupent, dans le 1er arrondissement, à 425 mètres environ de la rive droite de la Seine, un vaste espace rectangulaire de 312 mètres de long sur 120 mètres de large. L’axe longitudinal du rectangle est orienté parallèlement à la ligne des quais la plus voisine, de l’ouest à l’est en inclinant d’environ 20 degrés vers le sud. Une ceinture de voies publiques (les rues Vauvilliers à l’ouest, Pierre-Lescot à l’est, de Rambuteau au nord, Berger au sud) isolent les Halles des constructions les plus voisines. La rue du Pont-Neuf, prolongée jusqu’à la place de la Pointe-Saint-Eustache, divise ce grand établissement public en deux massifs principaux d’inégale superficie, partagés eux-mêmes par une avenue longitudinale, qui suit l’axe du rectangle, et par trois avenues transversales, en dix pavillons de grandeurs différentes. Des numéros impairs commençant par le chiffre 3, à partir de l’ouest, et finissant à 11, vers l’est, désignent les cinq pavillons de la rangée du nord ; les numéros pairs, de 4 à 12, sont pareillement affectés, de l’ouest à l’est, aux cinq pavillons de la rangée du sud. Les numéros 1 et 2 avaient été réservés, dans le plan primitif, à deux pavillons projetés entre la rue Vauvilliers et la rue circulaire formant ceinture autour de l’édifice en tour ronde de la Halle au blé (rue de Viarmes).

Sur les dix pavillons existants, les quatre plus grands portent les numéros 3 et 9 au nord, 4 et 10 au sud ; ils sont plus larges en façade, surmontés d’un comble plus élevé. La superficie de chacun d’eux est de 2 900 mètres ; elle n’est que de 2 270 mètres pour chacun des six autres. Nulle part, d’ailleurs, la hauteur libre au-dessus du sol n’est inférieure à 10 mètres, et la hauteur moyenne est d’environ 15 mètres. L’air circule librement non seulement tout autour de ces constructions rectangulaires de 52 mètres de long sur 52 mètres et 42 mètres de large, mais encore à l’intérieur, où il pénètre par les nombreuses ouvertures pratiquées dans les parois, pour s’échapper ensuite à travers les vides ménagés en dessous du comble. Les parties souterraines seules laissent à désirer sous le rapport de la ventilation. Les vastes caves qui occupent l’étendue entière des pavillons sont recouvertes par une suite de voûtes d’arêtes, de 4 mètres de hauteur au sommet et de 6 mètres d’ouverture, supportées par des colonnes en fonte également espacées, qui ont été calculées de manière à résister aux poids qui les chargent, tout en apportant aussi peu de gêne que possible à la circulation des personnes et à la manutention des denrées.

Sous la grande rue longitudinale qui traverse les Halles de l’ouest à l’Est, et sous les trois rues transversales bordées de pavillons des deux côtés, le sol de la partie souterraine a été descendu d’un mètre plus bas que sous les pavillons. Cette partie de l’étage souterrain, disposée en prévision de l’établissement de voies de raccordement destinées à relier les Halles centrales aux gares du nord de Paris, est séparée des autres caves et porte, dans le service, le nom de chemin de fer, malgré l’absence des voies primitivement prévues. De larges escaliers, à descente douce, établissent la communication entre le rez-de-chaussée et le sous-sol de chacun des pavillons.

Le rez-de-chaussée de tous les pavillons où la vente se fait au détail est partagé en boutiques au-devant desquelles ont été ménagées des allées de 2 mètres de largeur. La moindre superficie d’un étalage est de 1 mètre sur 2. Pour la vente en détail de la boucherie, les boutiques ont 3 mètres sur 3 ; la plupart des autres boutiques ont 2 mètres sur 2 mètres. « Un marché ne doit pas être autre chose, d’après nos usages, qu’un parallélogramme rectangle divisible par compartiments de 2 mètres ; il faut 2 mètres sur 2 mètres pour les boutiques ; il faut 2 mètres pour les passages… C’est cette considération qui a conduit à l’espacement de 6 mètres, multiple de 2 mètres, entre les colonnes ou points d’appui des Halles, de manière à former deux rangs de boutiques et un passage intermédiaire. Mais, en outre, une halle ou un marché doit être considéré comme un vaste parapluie. Le problème est donc de couvrir le plus grand espace possible avec des supports aussi légers et aussi peu nombreux que possible. »

Mais la question se complique de considérations essentielles relativement à l’introduction de la lumière et de l’air sous de vastes abris.

« L’air doit entrer par le pourtour et sortir par le milieu. Le jour doit pénétrer par des baies verticales à l’exclusion des châssis rampants sur les toits ; autrement le soleil, dardant sur ces châssis de combles, échaufferait rapidement l’air intérieur et transformerait les abris en serres chaudes.

Afin de ne point gêner, par des courants d’air, les marchandes qui stationnent ou les chalands qui circulent dans les pavillons des Halles, ce n’est qu’au-dessus du mur de brique de 2 mètres 60 centimètres de hauteur, qui forme l’enceinte générale des pavillons, entre les colonnes du pourtour, que commence le système de ventilation.

L’air et la lumière entrent de tous côtés par des baies ouvertes autour de l’édifice. Seulement, pour rendre le courant moins rapide et ne pas permettre à la lumière de jouer avec trop d’intensité dans l’intérieur, ces baies ont été à demi fermées par des lames de persiennes en cristal dépoli, posées dans de petits coulisseaux en fonte ; et, afin d’éviter les ruptures, effets possibles de la dilatation ou d’une vibration quelconque, ces lames sont maintenues dans des rainures par de petites lamelles en caoutchouc. Ce genre de persiennes a le double avantage d’adoucir les rayons solaires et de ne point intercepter la lumière.

Une vaste lanterne à un seul étage d’arcades au-dessus des pavillons les plus petits, à deux étages au-dessus des plus grands, sert d’issue à l’air tamisé entre les lames des persiennes inférieures ».

Les aménagements propres à chaque nature de commerce ont été l’objet de soins tout particuliers.

Les boutiques des bouchers, en raison du volume de la marchandise et de la manutention qu’elle nécessite, sont, par exception, plus grandes que toutes les autres ; elles ont 3 mètres sur 3 mètres ; elles sont garnies de billots, d’étaux, de tables-comptoir et de balances.

Les boutiques des marchandes de légumes sont entourées seulement d’une cloison en bois enchâssée dans des bâtis en fer avec adossements à claires-voies et tablettes, afin de laisser aux marchandes la faculté de faire leurs étalages suivant les produits des diverses saisons, très variés de forme, de pesanteur et d’aspect. À la halle aux poissons, les dispositions ne sont plus les mêmes. Quarante-deux groupes de tables de marbre blanc sont disposés symétriquement et comprennent chacun quatre places. Chacune de ces tables, posée en pente pour l’exposition du poisson et l’écoulement des eaux, est munie d’un robinet versant l’eau à volonté et permettant de tenir l’étalage dans un état constant de fraîcheur et de propreté. Chaque place de vente pour le poisson d’eau douce est pourvue, en outre, de bassins alimentés d’eau courante, où le poisson peut séjourner vivant jusqu’au moment de la vente. Quelques places munies de tables en marbre gris, fortes et épaisses, sont disposées pour la vente de la saline ; près de ces places est une pompe donnant de l’eau de puits nécessaire à cette denrée. En outre, on trouve dans la cave de ce pavillon une vaste cuve d’eau courante, divisée en compartiments fermés par des grillages, laquelle sert soit aux provisions de poisson, soit au dépôt des arrivages en dehors des heures de vente.

Les boutiques pour la volaille et le gibier se composent de quatre colonnettes reliées sur trois faces par une partie pleine en bois, d’un mètre de haut dans le bas, ou par des traverses formant couronnement dans le haut. Au-dessus des parties pleines sont des panneaux de treillages en fer galvanisé, à larges mailles, pour les séparations entre les places. Comme ces séparations sont mobiles, quelques marchandes occupent deux compartiments réunis. Des tablettes, des crochets à différentes hauteurs et un comptoir recouvert en marbre sur le devant complètent l’aménagement des places. Ce comptoir forme en même temps un cajon à deux étages pour les lapins et les pigeons vivants. »

L’eau et le gaz jouent un grand rôle dans l’aménagement intérieur des Halles. On n’y a pas établi de fontaines jaillissantes, qui ont le double inconvénient d’entretenir trop d’humidité « et de n’être pas commodes pour le service. Huit fontaines à robinet sont établies dans chacun des pavillons d’angle, et quelques autres, suivant les besoins, dans les autres pavillons des deux corps de Halles. Ces fontaines ne donnent de l’eau qu’à volonté, selon les besoins du commerce.

En outre, des boîtes en fonte contenant des robinets avec amorces de tuyaux munis d’un pas de vis pour recevoir les douilles taraudées des tuyaux d’arrosage sont établies en tête de chaque ligne de places. Le robinet, lorsqu’il n’est pas employé aux lavages et aux arrosages généraux, lance l’eau dans les gargouilles ou caniveaux couverts emmanchés sur les boîtes, et on opère le nettoyage. En outre, les eaux de puits étant nécessaires pour certaines opérations, telles que la malaxation des beurres, le dessalage de la saline, le lavage des triperies et issues de veaux, trois puits munis de pompes sont établis sur des points convenables. »

Plus de 1 300 becs de gaz éclairent toutes les parties de l’édifice.

« Les canaux qui répandent l’eau et le gaz se branchent directement sur les conduites des eaux de la ville de Paris et du gaz de la Compagnie parisienne. Afin de prévenir toute interruption dans le service des fontaines et des robinets des boutiques de poisson, un réservoir central a été établi, lequel est assez vaste pour fournir d’eau tous les jets distributeurs des Halles pendant plusieurs jours, pour le cas où des réparations inévitables entraîneraient le chômage momentané des conduites principales. La réparation et l’entretien de ces canaux ne présentent, du reste, aucune difficulté, la canalisation générale ayant lieu par une longue série de tuyaux suspendus aux voûtes des caves d’une manière apparente et facilement accessible. »

Parmi les sous-sols, il en est deux qui ne renferment pas de divisions fixes et permanentes ; ce sont ceux des pavillons 3 et 6 consacrés, le premier, au dépôt des viandes placées sur des tables mobiles ; le second, au dépôt des paniers et des caisses de fruits, pour les facteurs de la vente en gros des fruits et légumes, ainsi que des denrées mises en fourrière pour contraventions sur la voie publique. Le sous-sol du pavillon n° 6 renferme aussi, dans une enceinte close de barrières mobiles, les denrées invendues le jour même et qui doivent être étalées de nouveau le lendemain sur le carreau des Halles.

Les huit autres sous-sols sont tous pourvus de resserres fixes, ayant généralement 4 mètres superficiels (2 mètres sur 2 mètres), entourées par des treillis en fer de 2 mètres de hauteur, closes à leur partie supérieure. Dans le pavillon n° 9, où l’on emmagasine, outre la saline, les paniers, mannes et tonneaux qui servent à la transporter, les resserres atteignent 6 mètres de long sur 2 mètres de large.

Le pavement a été construit sans pente dans les sous-sols des pavillons 7, 8 et 11. Il en résulte un grave inconvénient, surtout pour le dernier, où se trouve la tuerie de la volaille, qui exige des lavages fréquents pour l’enlèvement des matières sanguinolentes. Cette défectuosité s’explique par ce fait que l’affectation des sous-sols aux diverses destinations qu’ils comportent s’est faite peu à peu, avec la gêne et l’incertitude résultant de la suppression des pavillons 1 et 2. Aussi la Monographie des Halles ne donne-t-elle pas, à beaucoup près, sur les sous-sols, des détails aussi étendus que sur les rez-de-chaussée des pavillons.

Quatre escaliers établissent la communication entre chacun des sous-sols et le rez-de-chaussée correspondant, sauf aux pavillons 9 et 10, où l’on n’en a établi qu’un.

Il n’existe dans les sous-sols qu’un seul cabinet d’aisances, au pavillon n° 4.

Des tables d’abatage pour la volaille se trouvent dans les sous-sols des pavillons 4 et 11.

La manipulation des têtes de mouton, pour l’extraction des cervelles, exige aussi un développement considérable de tables fixes qui sont installées dans le sous-sol du pavillon 5.

L’ouvrage auquel est empruntée la description qui précède ne donne aucun détail précis sur la manière dont les habiles architectes, auteurs de l’œuvre magistrale à laquelle leur nom restera attaché, entendaient assurer le renouvellement de l’air dans les sous-sols. « Les châssis de jonction des arêtiers (des voûtes d’arêtes) sont garnis de grilles ou de vitres-dalles de 3 centimètres d’épaisseur, de manière à donner aux caves soit de l’air, soit du jour, sans préjudice des soupiraux percés dans la pierre des soubassements, au pourtour des pavillons, et des trémies en fonte mariées à l’appareil des voûtes vers les murs de face extérieurs. » Ces grilles, ces soupiraux et ces trémies sont d’une insuffisance que l’on ne tarda pas à reconnaître, et à laquelle on avait cherché depuis longtemps à remédier par l’établissement de grandes cheminées d’appel, qui devaient puiser l’air vicié dans les sous-sols, où la ventilation était plus particulièrement nécessaire, et le rejeter au-dessus des combles. Les causes qui s’opposaient à la complète réussite de ces moyens supplémentaires de ventilation ont été, de la part de la Commission, l’objet d’une étude approfondie ; et les moyens de corriger le système actuel et d’assurer le renouvellement de l’air sont indiqués d’une manière précise dans le travail d’une sous-commission spécialement chargée de cette étude. (Voir le rapport présenté par M. Léonce Vée, annexe K aux procès-verbaux des séances.)

Discussion relative à l’insalubrité des Halles

Mais, pour ne pas intervertir l’ordre que la Commission a voulu suivre dans ses travaux, il convient d’aborder avant tout la question préjudicielle qui n’a pas tardé à l’occuper dès ses premières réunions.

Les plaintes formulées jusqu’à ce jour contre l’insalubrité des Halles n’ont réellement signalé que des émanations désagréables à l’odorat. La Commission a reconnu l’existence de ces émanations, qui se produisent principalement dans les sous-sols des pavillons 4, 5, 11 et 12. Aucun fait précis n’a été, d’ailleurs, articulé à l’appui de l’opinion qu’elles sont réellement malsaines. Or il résulte d’observations déjà anciennes, que la santé de personnes habituellement exposées à certaines émanations infectes paraît ne pas en souffrir. Un rapport fait en 1810 par MM. Deyeux, Parmentier et Pariset, sur le clos d’équarrissage qui existait à cette époque à la Gare, parle avec surprise de l’état de santé brillante où se trouvait la famille attachée à ce travail. Cependant l’équarrisseur, sa femme et ses cinq enfants, séjournaient toute l’année dans leur clos et couchaient dans le lieu même où il fut impossible aux membres de la Commission de pénétrer, à cause de l’excessive infection qui s’en exhalait. Parent-Duchatelet, qui cite ce rapport, a procédé lui-même à des investigations sur l’influence que les émanations infectes exercent sur la santé de ceux qui y sont constamment exposés, et il a recueilli un ensemble remarquable de faits et d’expériences qui l’ont conduit à des résultats entièrement négatifs. Se passe-t-il quelque chose de semblable en ce qui concerne l’agglomération des Halles ? Ou bien les exhalaisons désagréables dont on se plaint à bon droit ont-elles une influence appréciable sur la santé soit des personnes que leurs affaires ou leur profession y retiennent, soit de la population du quartier ?

La question une fois posée devait être résolue par la Commission elle-même. Elle a été étudiée à fond par une Sous-Commission composée de MM. les docteurs Poggiale et Worms et de M. Biollay, Or il résulte de l’enquête à laquelle s’est livrée la Sous-Commission une coïncidence remarquable avec les résultats négatifs observés par Parent-Duchatelet.

Les personnes qui passent une partie de leur existence dans les sous-sols des Halles, tout en avouant que les mauvaises odeurs qu’on y respire deviennent intolérables pendant les chaleurs, déclarent unanimement qu’elles ne sont pas plus que d’autres exposées aux maladies. On ne peut constater parmi elles aucune affection morbide prédominante. Les agents employés à divers titres par l’administration au nettoyage et à la surveillance des différentes parties des Halles paraissent également n’être placés sous aucune influence fâcheuse. Leur santé est généralement très bonne, et les épidémies passent pour ainsi dire inaperçues pour eux.

L’influence des Halles ne se fait pas sentir davantage sur la santé des habitants du quartier. Car, d’abord, le nombre des décès pour 10 000 habitants, résultant des relevés mensuels publiés par la Préfecture de la Seine, pendant cinquante-neuf mois, du 1er janvier 1868 au 31 décembre 1873, est, pour le 4e arrondissement, notablement moindre que pour la ville entière. Quatre fois seulement, en décembre 1868, en juillet 1870, en décembre 1872 et en décembre 1873, la mortalité y a excédé la mortalité générale des vingt arrondissements réunis ; et cette anomalie s’est présentée trois fois au cœur de l’hiver, à l’époque où les émanations des sous-sols sont à peine sensibles. Les épidémies, d’un autre côté, ne paraissent pas trouver dans le quartier des Halles un milieu plus favorable pour éclore et pour se propager. En 1865 et en 1873, le chiffre des décès cholériques y a été notablement inférieur à la moyenne générale de Paris ; et les rues où l’on a constaté le plus grand nombre de cas mortels ne sont pas les plus voisines des Halles.