Balade guerrière - Victor Petit - E-Book

Balade guerrière E-Book

Victor Petit

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Beschreibung

Victor Petit n'a pas encore 20 ans quand les Allemands envahissent la France. Diplômé de l'Ecole Nationale Professionnelle d'Armentières en juillet 1938, il fabrique des pièces d'avion chez Breguet Aviation à Vélizy-Villacoublay quand l'usine est menacée et qu'il reçoit l'ordre de détruire une partie du matériel et évacuer les prorotypes du Be 482. Il traverse avec des camarades la France à vélo pour rejoindre Anglet puis l'Angleterre. Le navire est détourné et accoste finalement au Maroc. Suivant le convoi Breguet, Victor gagne l'Algérie par voie ferrée. Sur place commence pour lui la vie d'expatrié. Il trouve rapidement du travail avant que les chantiers de jeunesse puis le débarquement de novembre 42 ne le poussent à s'engager dans l'armée de l'air et à se porter volontaire pour former les rangs du tout jeune 1er RCP. Entraînement, brevet de parachutiste et Cherchell le mèneront à un court passage au SR du BCRA puis à retrouver le régiment en Sicile. Blessé au cours des durs combats des Vosges d'octobre 44, sa convalescence s'achèvera à l'hôpital Bellan à Paris.

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Seitenzahl: 107

Veröffentlichungsjahr: 2019

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Remerciements

Au colonel Sébastien Chenebeau, chef de corps du 1er RCP, mes relecteurs, mes proches et amis qui m’ont apporté leur soutien dans l’aboutissement de ce projet.

Cet ouvrage est dédié à mon grand-père, aux vieilles suspentes et aux chasseurs parachutistes morts dans les combats de la libération.

Vaincre ou mourir,devise du 1er régiment de chasseurs parachutistes

Prends garde aux rapaces qui fondent du ciel, refrain du régiment

TABLE DES MATIERES

Préface

Avant-propos

Les premiers temps

Quitter la France

Vers l’Angleterre

L’Afrique du Nord

Les chantiers de jeunesse

L’engagement

La campagne de France

La fin

Epilogue

Annexes

La fée de l’oasis

Marche du 1

er

RCP

Bibliographie

Préface

La Deuxième Guerre mondiale, après la malheureuse défaite de 40, a vu une cohorte de héros anonymes se lever. Victor Petit appartient à cette phalange qui, n’écoutant que son devoir et poussé par l’intrépidité de ses vingt ans, a répondu à l’appel des armes. Le patriotisme, c’est certain, l’a animé. La soif d’action couplée à l’esprit de sacrifice l’a conduit vers le bureau de recrutement pour ces troupes étranges mais dont la réputation n’était déjà plus à faire, les aéroportés, encore appelées en France infanterie de l’air.

Que de nobles motivations !

Les premiers paras français n’ont pas encore été employés quand Victor Petit s’y engage et ce sont les Allemands qui, les premiers, ont fait usage avec succès de ces audacieux soldats de l’insolite. Les premiers commandos français déjà créés gagnent rapidement une réputation d’intrépidité sur les nombreux théâtres d’opérations périphériques où ils sont envoyés. De leur côté, les Américains préparent une grande armée aéroportée, entraînant dans leur sillage les troupes de l’armée d’Afrique qui ont repris le combat. Avec elles, ils ont bien l’intention de venir à bout de la forteresse Europe.

Victor Petit, plein de ressources, est déjà un homme de la 3ème dimension, pour utiliser un terme anachronique à l’époque, commençant à travailler chez Breguet où il approche les chasseurs en construction. Il possède le goût du travail bien fait et son épopée pour rejoindre l’Afrique du Nord démontrera son opiniâtreté et son goût de l’aventure en sillonnant ces contrées puis l’Italie et l’Est de la France au son du clairon.

Ces mémoires ne sont pas une ode à la guerre. Personne ne pouvait y échapper dans ces temps troublés de danger et de souffrance. Il suit donc son époque et répond à l’appel pressant de la patrie à reconquérir. La guerre a un visage attirant pour un jeune homme : le décorum militaire qui l’entoure en étouffe les aspects les plus sombres quand la mort rôde au détour de la piste, quand la force mécanique décuple le pouvoir de destruction. Peu s’y complaisent mais les événements s’entrechoquent et c’est en connaissance de cause que le soldat est happé par le devoir. Sûr de lui, il s’engage sans arrière-pensée dans la guerre. Si elle peut montrer alors son visage horrible, elle révèle aussi les caractères, les âmes s’élèvent et l’héroïsme est monnaie courante.

Les paras du 1er ne font pas exception à la règle. Ils recherchaient, en 1943, la tourmente et la bagarre, ce dont les autres ne veulent pas, selon le poème de l’aspirant Zirnheld. Cela leur sera un temps refusé. Après un long entraînement en Afrique du Nord, ils sont brinqueballés de la Sicile à Rome puis en France après le débarquement de Provence, jusqu’au moment suprême de l’engagement pour libérer une parcelle de leur très chère terre de France. Ils n’ont pas prêté le serment de libérer Strasbourg mais l’arc de triomphe qui figure sur leurs fanions ne laisse pas de doute sur leur volonté de vaincre, ou de mourir. Telle la devise qu’ils se sont donnée. Ceux qui sont tombés pendant la dure campagne des Vosges n’ont pas freiné l’ascension du 1er RCP au firmament de la gloire. Victor Petit est de ceux-là quand, dans les premiers jours, il est frappé par une balle ennemie. C’est une épreuve pour lui mais un sacrifice nécessaire pour le salut de la patrie. Héros par le combat mené, il entre dans la légende dorée du 1er RCP.

La courte carrière de Victor Petit nous donne à voir le vrai visage de la guerre : son injustice, ses moments parfois heureux, souvent malheureux. L’insouciance est présente dans ce récit simple et direct tout autant que le sérieux qui sied à la situation. Une vie de soldat telle que la sienne, aussi éphémère, nous dévoile paradoxalement sa richesse. Il a été confronté au danger, certainement aussi à la peur, bien qu’elle transparaisse peu dans le récit, démontrant ainsi la hauteur morale de l’engagement contracté. Son témoignage éclaire l’avenir et nous prouve, s’il le fallait encore, que les paras d’hier et d’aujourd’hui sont toujours poussés par un noble idéal. Les mots du colonel Geille, la veille de l’engagement dans les Vosges, le résument si simplement : la victoire ou la mort.

Colonel Chenebeau, chef de corps du 1er RCP, 2017-2019

Avant-propos

Mon grand-père Victor ne parlait pas beaucoup de la guerre. Il évoquait parfois quelques anecdotes qui le faisaient sourire, de petites histoires de son exil forcé. Il s’agissait souvent de scènes de jeunes de 20 ans qui se retrouvent du jour au lendemain dans une guerre et un tourbillon d’événements qui les dépassent. Elles lui semblaient sans doute banales et il les racontait avec une certaine insouciance, voire une sorte de nostalgie, peut-être pour prendre plus de distance et dédramatiser les circonstances. Peut-être ne s’était-il pas bien rendu compte de tout ce qu’il se passait autour de lui. Par sa jeunesse, il a dû vivre ces choses sans décalage, sans recul sur l’instant.

Il avait toujours cette pudeur et cette digne retenue qui caractérisent nos anciens. Il n’était pas du genre à s’épancher et raconter ses campagnes, comme on dit dans le jargon. Il restait plutôt évasif sur le sujet, racontait en souriant mais sans s’éterniser. Puis il passait à autre chose. Je ne suis maintes fois demandé s’il m’en aurait parlé davantage si j’avais insisté. Peut-être aurais-je dû provoquer le moment, déclencher ses aveux à un instant précis. J’aurais peut-être dû le prendre à part ou le déranger dans sa routine en le sortant de ses mots croisés ou de sa lecture du moment. Peut-être aurait-il changé de sujet ou apprécié ce moment pour finalement partager pleinement des souvenirs qu’il n’avait gardés que pour lui.

Lecteur assidu et très bon cruciverbiste, il était passionné d’aviation et féru d’histoire militaire. La grande bibliothèque du salon était bien garnie : guerre de 14-18, de 39-45, Indochine, Algérie, guerre froide, espionnage, magazine le fana de l’aviation, … la liste est longue. Il avait de quoi occuper ses journées, plongé dans ses lectures, tranquillement installé dans un des vieux fauteuils en cuir, face à la cheminée. Il aimait les livres et en recevait d’ailleurs régulièrement aux occasions qui ponctuent l’année, à Noël, la fête des pères, son anniversaire ou de façon inopinée, à la sortie d’un ouvrage particulier. Je me m’étais jamais rendu compte du nombre qu’il possédait jusqu’à ce que j’obtienne après sa mort le feu vert familial pour faire le point et en récupérer la plupart. Je mesure encore leur volume et leur poids à chaque mutation, au moment de faire les cartons.

J’ai appris son décès par ma mère, qui essayait en vain de me joindre alors que j’étais en rotation avec ma compagnie au CENTAC1 à Mailly-le-Camp. Ceux qui sont passé en RCA, région Champagne Ardenne pour les profanes, savent de quoi je parle. Il y a encore aujourd’hui des zones du camp qui ne sont pas couvertes par les opérateurs téléphoniques. Imaginez le réseau en 2006.

Il faisait froid en ce mois de février. Je venais de passer les écrits du concours de l’EMIA2 quelques semaines auparavant. La compagnie effectuait son entraînement sous la neige. Les températures, glaciales, étaient descendues jusqu’à moins 15 degrés dans le VAB, fidèle à sa réputation de congélateur l’hiver. Le téléphone vibre, un message d’appel s’affiche. Pas ou peu de réseau. Mes parents savent que je suis sur le terrain et j’en conclu que cet appel doit être important. Extraction rapide du véhicule en quête d’un point haut. Le message vocal est fort et hachuré, impossible à comprendre. Je rappelle mais nous sommes coupés. J’arrive finalement à avoir la liaison et apprends la triste nouvelle.

Je rends compte dans la foulée à mon chef de section qui me donne l’autorisation de quitter la rotation pour rentrer au plus vite. Direction la gare de Mourmelon. Je ne me souviens plus du voyage, si ce n’est du service de semaine qui m’attend avec la P4 en gare du Mans pour me ramener au régiment. Je prends ensuite le chemin de la Touraine, d’abord chez mes parents puis ensuite à Preuilly-sur-Claise, où résident mes grands-parents.

Sur place, toute la famille est présente. Comme toujours à l’occasion de ce type d’événement, c’est le moment de retrouver des cousins éloignés, non vus depuis des années. De nombreux anciens combattants et autorités militaires du département sont également présents.

Ce n’est qu’après son décès que que mon père a mis au jour la plus grande partie de la documentation relatant de la période de la guerre. Papiers divers, documents militaires, photos et négatifs ont peu à peu refait surface au hasard des rangements et recherches.

C’est par hasard lors d’une permission au printemps 2010 que j’ai trouvé l’original de son brevet de parachutiste. La maison était vide depuis quelques temps déjà car ma grand-mère avait dû être placée en maison de retraite. Malade, elle n’a pu s’assumer longtemps seule et la mort de son mari n’a fait qu’accélérer la chute de sa santé. Mariés en septembre 1945, ils avaient fêté leurs 60 ans de mariage pendant l’été 2005, alors que j’étais en mission de courte durée au Sénégal. Un être disparaît et c’est toute une vie qui s’écroule.

La maison familiale dans laquelle mon père et ses sœurs, puis la génération de cousins dont je fais partie ont passé leurs vacances d’été et de nombreux Noël, avait été relativement préservée du grand nettoyage par le vide et de la répartition des biens qui suivent un décès. Rien ou presque n’avait bougé. Mes parents, géographiquement les plus proches, venaient de temps en temps ouvrir la maison, faire le point du courrier et s’assurer du bon entretien du jardin.

Pendant cette journée, je sortais et disposais sur le tapis du salon les livres de la bibliothèque, style années 70. Le premier constat est qu’il serait impossible de tout prendre. Il fallait se résoudre à sélectionner une partie et se séparer du reste. Quel crève-cœur ! Je décidais quels livres allaient être sauvés et lesquels allaient être jetés en trois piles distinctes. Je garderai ceux de la première. La troisième irait malheureusement à la benne. L’avenir des livres de la seconde était en suspens. C’étaient les livres pour lesquels j’étais indécis, le tas le plus volumineux. Je tranchais après une seconde revue. J’en gardai finalement une bonne partie et mis les autres sur le côté.

Sans pour autant faire un rangement de bibliothécaire, Victor organisait ses livres selon un certain ordre, une certaine thématique. La bibliothèque était aussi bien organisée et ordonnée que son établi et ses outils. Chaque place a sa chose et chaque chose a sa place. J’ai dû hériter de cette qualité, pour ne pas dire un peu maniaque, car je fais de même avec mes livres, disques compacts ou vinyls, quitte à passer pour un toqué. C’est plus simple pour s’y retrouver.

La sélection se poursuit. Mon père trie de son côté les papiers, assurance, succession, actes de la maison, et se demande sûrement comment nous allons pouvoir charger la voiture avec ma sélection et ce qu’il compte prendre de son côté.

Je sors du rayon un épais livre à la couverture verte ; au titre écrit en rouge : Histoire des parachutistes. Feuilleté quelques années auparavant, je n’avais jamais pris le temps de m’y arrêter plus longtemps. Avant de le poser, il va de soi, sur le premier tas, je m’y attarde quelques instants. Je prends une pause pour regarder en diagonale les vieilles photos des pionniers de l’infanterie de l’air, les Sauvagnac, Faure, Geille et consorts. Ces glorieux noms que je connaissais pour les avoir entendus prononcer par mon grand-père mais sur lesquels je peinais à mettre un visage et une histoire. Sous-officier au 2e RIMa jusqu’à mon entrée à l’EMIA, j’étais plus au fait des grands anciens de la coloniale, des Delayen, Château-Jobert ou Bigeard, que des paras métro, aussi prestigieux soient-ils.