Chants révolutionnaires - Eugène Pottier - E-Book

Chants révolutionnaires E-Book

Eugène Pottier

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Beschreibung

Extrait : " À NAPOLÉON IER — À mon ami le Docteur GOUPIL, membre de la Commune, Les Droits de l'Homme avaient tracé, Son nouvel orbite à la terre, Ton aventure militaire, La replongea dans le passé, Ton crime fut héréditaire, Et Décembre t'a dépassé, La Commune te mit par terre, Mais depuis on t'a ramassé!..."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes. 

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Seitenzahl: 105

Veröffentlichungsjahr: 2015

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EAN : 9782335048100

©Ligaran 2015

Préface

Pottier fut et demeurera un des plus vaillants glorificateurs de la Commune de Paris, le chantre incomparable des souffrances et des révoltes du prolétariat.

Mais ce qui surtout le caractérise, c’est sa confiance inébranlable en l’avenir.

C’est en vain que les Cavaignac et autres Lamoricière ont, en Juin 1848, couché sur les rouges pavés de Paris les quatorze mille ouvriers que la brutale fermeture des ateliers nationaux leur avait offerts comme autant de cibles humaines ; c’est en vain que les héroïques efforts des derniers combattants de Mai 1871 sont venus se briser contre la « plus belle armée du monde », ainsi qu’osait s’exprimer Thiers-le-Sinistre, après le massacré épouvantable de plus de trente mille prisonniers, durant la semaine sanglante : reprenant sa plume vengeresse, Pottier, que la mort a épargné, offre à la classe ouvrière, qui pleure ses fils les plus nobles, un chant de combat et de revanche que l’univers prolétarien a adopté : nous entendons parler de l’Internationale !

Son ardent amour pour l’humanité a fait de Pottier l’inlassable adversaire des préjugés et des haines qui divisent les nations. En son poème contre la guerre il s’écrie, s’adressant aux peuples :

On chauffe à blanc votre colère,
Peuples sans solidarité,
Mis au régime cellulaire
De la nationalité.

Et puis plus loin, dans sa Grève des Femmes :

Puisque la guerre inassouvie,
Entasse morts et mutilés,
Nous, sur les portes de la vie,
Dès ce soir posons les scellés !

Puis il s’indigne contre l’exploitation de l’homme par l’homme, contre toutes les infamies qui déshonorent la société capitaliste et, levant l’étendard de la révolte, il exulte :

Devant toi, misère sauvage,
Devant toi, pesant esclavage,
L’insurgé
Se dresse, le fusil chargé !

Et dans ce livre, que l’amicale initiative de son collègue de la Commune de Paris, le citoyen Goupil, est parvenue à répandre et à populariser, le barde vigoureux, le militant sans peur ni reproche que fut Pottier, dresse, ses protestations hardies contre la Trinité criminelle qui constitue la plus formidable oppression dont les êtreshumains aient eu à souffrir : la Religion, le Militarisme et la Propriété individuelle !

En le lisant et en le faisant lire, les travailleurs ne paieront au poète qui les aima jusqu’à son dernier souffle, qu’un très faible tribut de la reconnaissance qu’ils lui doivent.

Député du Tarn.

Député de Paris

Eugène Pottier Franc-Maçon

Connaissant de longue date, – j’arrive bientôt au Cinquantenaire de mon initiation. – l’esprit de solidarité qui unit les enfants de la Grande famille, j’ai pensé qu’il était de notre devoir de l’associer à l’œuvre entreprise en faveur de notre F ∴ Pottier et de nos sœurs : sa veuve et sa fille, empêchées toutes les deux de subvenir aux nécessités de la vie, l’une par l’âge, l’autre par la maladie, et, pour faire connaître EUGÈNE POTTIER FRANC-MAÇON, j’ai demandé au dévoué secrétaire-trésorier du Comité Pottier, au F ∴ Élie May, pour la joindre à ce livre, la note suivante, relatant ses souvenirs sur l’initiation Maçonnique de l’auteur des Chants révolutionnaires.

Le Président du Comité Pottier :

Ancien Grand Maître du Rite écossais réformé, supprimé par l’Empire,

Ancien Vénérable de la Loge l’Alliance, fraternelle, Membre de la Logé La Justice n° 133, Or. de Paris.

Son Initiation

J’ai eu le grand honneur d’initier Eugène Pottier à la Franc-Maçonnerie.

C’était en 1875 : un groupe de proscrits de la Commune venait de fonder, à New-York, la Loge Les Égalitaires.

La place d’Eugène Pottier était toute marquée au milieu de nous.

J’ai conservé soigneusement sa demande d’admission et, pour répondre au désir du Président du Comité, il me semble qu’il n’y a rien de mieux à faire que de la publier textuellement.

Tous commentaires seraient, en effet, superflus et ne feraient qu’affaiblir la force de cette l’éloquente profession de foi de mon ami Eugène Pottier.

C’est lui qui parle, c’est lui qui se révèle ici tel qu’il fut. Je n’ajouterai pas un mot !…

Le Secrétaire-Trésorier du Comité Pottier,

Vénérable d’honneur de la R ∴ L ∴ Les Trinitaires, O ∴ de Paris,

Membre du Conseil fédéral de la Grande Loge de France.

Demande d’admission d’Eugène Pottier

New-York, 2 décembre 1875.

« Citoyens,

Je demande à participer aux travaux de la Maçonnerie et à être admis dans votre Loge.

Je sais qu’elle est composée d’un groupe de libre-penseurs qui, ayant fait table rase des traditions et ne reconnaissant rien de supérieur à la Raison humaine, emploient consciencieusement la leur à la recherche de la Vérité et de la Justice.

Je crois comme tous que le bonheur de l’Humanité ne peut avoir d’autres bases. La Science, dégagée de toute entrave dogmatique, marche de jour en jour à la découverte des lois de notre nature et prépare ainsi le code social ; l’Humanité, pour entrer dans sa voie normale, doit se créer à notre propre image, c’est-à-dire devenir comme l’homme, une et multiple une par l’action, multiple par les organes.

Cette transformation de l’universel conflit en Harmonie universelle, ne peut s’opérer que dans une phase d’égalité réelle ; non pas égalité mensongère de droits, mais égalité de lumière et de bien-être.

Ces quelques mots me serviront de profession de foi, et je crois que ma vie en prouve la sincérité.

Je suis né à Paris, le 4 octobre 1816, d’une, mère dévote et d’un père bonapartiste. À l’école des frères jusqu’à dix ans et à l’école primaire jusqu’à douze, – c’est à mes lectures de jeune homme que je dois d’être sorti de cette double ornière sans m’y embourber.

En 1832 j’étais républicain, en 1840 socialiste. J’ai pris une part obscure aux révolutions de 1848 : février et juin.

Du coup d’État au 4 septembre je demeurai intransigeant : pactiser avec les assassins du Droit, c’est se prostituer.

Après plus de trente ans de prolétariat, je m’établis dessinateur en 1864. Les dessinateurs industriels n’avaient pas alors de chambre syndicale. À mon instigation, ils en fondèrent une qui comptait cinq cents membres avant la guerre et qui adhéra en bloc à la fédération de l’Internationale.

C’est à ma coopération à ce mouvement que je dus d’être élu membre de la Commune dans le IIearrondissement. Jusqu’au 28 mai j’y exerçai les fonctions de maire. Après la prise de la mairie par les Versaillais je me repliai sur le XIearrondissement.

J’avais accepté sans réserve le programme de la Révolution du 18 mars :

Autonomie de la Commune.
Émancipation du travailleur.

Je crois, dans toute cette période, avoir accompli mon devoir.

Dans la lutte où tous les citoyens dévoués ontperdu leur vie ou leur liberté, je n’estime favorisé de n’avoir perdu que ma fortune. J’ai passé deux ans d’exil à Londres et deux ans à Boston, tâchant d’honorer par le travail pauvreté et la proscription.

C’est à Paris, dans les derniers jours de la lutte, quand j’ai vu, au milieu des transports d’enthousiasme, le spectacle grandiose de la Maçonnerie adhérant à la Commune et plantant ses bannières sur nos murailles éventrées d’obus ; c’est alors que je me suis juré d’être un jour un des compagnons de cette phalange laborieuse.

Je me présente à son chantier.

Embauchez-moi !

238, East 30th Street. »

Appréciation de Jules Vallès

(Extrait du Cri du Peuple du 29 novembre 1883)

Celui-ci est un vieux camarade, un camarade des grands jours. Il était du temps de la Commune, il a été exilé comme le fut Hugo. Comme Hugo, il est poète aussi, mais poète inconnu, perdu dans l’ombre.

Ses vers ne frappent point sur le bouclier d’Austerlitz ou le poitrail des cuirassiers de Waterloo ; ils ne s’envolent pas d’un coup d’aile sur la montagne où Olympio rêve et gémit. Ils ne se perchent ni sur la crinière des casques, ni sur la crête des nuées ; ils restent dans la rue, la rue pauvre.

Mais je ne sais pas si quelques-uns des cris que pousse, du coin de la borne, ce Juvénal de faubourg, n’ont pas une éloquence aussi poignante, et même né donnent pas une émotion plus juste que les plus admirables strophes des Châtiments.

Certes, il n’y a pas à comparer ce soldat du centre au tambour-major de l’épopée ; mais sur le terrain, un petit fantassin qui, caché dans les herbes, tire juste, vaut mieux qu’un tambour-major qui tire trop haut.

Puis, par la largeur même de son génie, Hugo est trop au-dessus des foules pour pouvoir parler à tous les coins de leur cœur.

Il faut la voix d’un frère de travail et de souffrance.

Celui dont je parle a travaillé et a souffert ; c’est pourquoi il a su peindre, avec une déchirante simplicité, la vie de peine et de labeur.

C’est de cet autre côté maintenant qu’il faut tourner ses regards et sa pensée – du côté de la grande armée anonyme que le capital accule dans la famine et dans la mort.

Laissez là les porteurs d’armure et les traîneurs de tonnerre ; on a assez léché leurs éperons ! Parlons de l’atelier et non de la caserne, ne flattons pas la croupe encore fumante des canons, mais escortons de nos clameurs de pitié ou de colère ceux que la machine mutile, affame, écrase, – ceux qui ne peuvent plus trouver à gagner leur pain, parce que leur métier est perdu ou parce qu’on les trouve trop vieux quand ils demandent, comme une aumône, le droit de crever à la peine !

Pottier, mon vieil ami, tu es le Tyrtée d’une bataille sans éclairs qui sa livre entre les murs d’usine calcinés et noirs, ou entre les cloisons des maisons gâtées, où le plomb à ordures fait autant de victimes que le plomb à fusil !

Reste le poète de ce monde qui ne fait pas de tirades et se drape dans des guenilles pour tout de bon, et tu auras ouvert à la misère murée un horizon et à la poésie populaire un champ nouveau.

Elle est là, cette poésie, sous la casquette du vagabond qui finira au bagne, ou sous la coiffe honnête de la mère qui n’a plus de lait pour nourrir son petit : crime et détresse se coudoient dans la fatalité sociale. Crie cela aux heureux ! et jette, comme des cartouches, tes vers désolés dans la blouse de ceux qui, las de subir l’injustice et le supplice, sont gens à se révolter, car ils ont besoin qu’on les encourage et méritent qu’on les salue pendant qu’ils combattent et avant qu’ils meurent !

JULES VALLÈS.

ISonnets
À Napoléon Ier

À mon ami le Docteur GOUPIL, membre de la Commune.

Les Droits de l’Homme avaient tracé
Son nouvel orbite à la terre.
Ton aventure militaire
La replongea dans le passé.
Ton crime fut héréditaire
Et Décembre t’a dépassé.
La Commune te mit par terre,
Mais depuis on t’a ramassé !
Ô bandit de la grande espèce,
S’il faut que l’avenir connaisse
Tes forfaits et ton nom flétri,
Viens, forçat, qu’on te reboulonne,
Et, debout, sur cette colonne
Reste toujours au pilori !

18 brumaire an 91.

Abondance

À Ferdinand GAMBON, membre de la Commune de Paris.

Toute une mer d’épis ondulé et les sillons
Portent à la famine un défi ; l’été brille,
De chauds arômes d’ambre emplissent les rayons ;
Les blés murs, pleins et lourds, attendent la faucille.
Les moineaux, les mulots festinent ; les grillons
Poussent un chœur strident comme un feu qui pétillé.
La brute semble croire à ce que nous croyons,
On entend tout chanter l’Abondance en famille,
Du sein de la nourrice ; il coule en ce beau jour
Une inondation d’existence et d’amour.
Tout est fécondité, tout pullule et foisonne !
Mais, rentrant au faubourg, mon pied heurte en chemin
Un enfant et sa mère en haillons…. morts, de faim !
Qu’en dites-vous, blés mûrs, et qui donc vous moissonné ?

Paris, juillet 1883.

La toile d’araignée

À Félix PYAT.

De sa rosace immense encombrant le ciel bleu
Il est un monstre amorphe, intangible et farouche ;
Ce cauchemar du vide affole ce qu’il touche
Et répand un venin qui met la terre en feu.
Ce parasite ignore et le temps et le lieu,
Rend l’univers bancal et la nature louche,
Et, liant la raison comme une faible mouche,
Il lui boit le cerveau. Ce vampire, c’est Dieu !
Ce néant a fourbi les griffes de nos maîtres,