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Histoires traditionnelles belges pour jeunes lecteurs.
Si nous pouvions remonter le temps et passer vers la fin d'un jour d'été dans un de nos anciens villages, nous y serions témoins d'un spectacle fort intéressant et qui, chose regrettable, a rarement tenté le pinceau d'un peintre. Ils sont cinq, six, huit ou dix enfants, quelquefois moins, rarement plus, accroupis et muets. L'un d'eux parle... et quels sons étranges résonnent alors à nos oreilles : "Il fit couper la tête...Il devint seigneur de..."
Ce sont des histoires qu'il conte à ses jeunes auditeurs, histoires émouvantes, parfois lugubres, qui font délicieusement frissonner ces derniers. C'est une habitude des enfants de jadis, dernier vestige peut-être des veillées de famille, ou simplement besoin de satisfaire l'imagination quand la télévision n'existait pas encore. On y aurait vu, par les soirs d'été, des groupes de jeunes écoutant attentivement un des leurs.
Un recueil de contes belges qui saura ravir les petits comme les grands.
EXTRAIT :
La chevauchée du cheval Bayard
Le soir tombe sur l’Ardenne. Çà et là, de maigres lumières s’allument dans les villages. Les gens sont rentrés dans leurs chaumières.
Soudain, un grondement fait vibrer le sol, frissonner les forêts.
- Écoutez !
Dans les chaumières, toute vie reste suspendue un instant. Un vieux cesse de tresser son panier ; des enfants angoissés retiennent leur respiration.
- Écoutez !
On dirait un sourd roulement sur le sol, lointain, mais qui grandit. Ce n’est pas la tempête.
- Écoutez !
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Seitenzahl: 28
Veröffentlichungsjahr: 2015
Le soir tombe sur l’Ardenne. Çà et là, de maigres lumières s’allument dans les villages. Les gens sont rentrés dans leurs chaumières. Soudain, un grondement fait vibrer le sol, frissonner les forêts.
– Écoutez !
Dans les chaumières, toute vie reste suspendue un instant. Un vieux cesse de tresser son panier ; des enfants angoissés retiennent leur respiration.
– Écoutez !
On dirait un sourd roulement sur le sol, lointain, mais qui grandit. Ce n’est pas la tempête.
– Écoutez !
Un homme a ouvert la porte pour mieux entendre. Il reste un instant l’oreille penchée sur la nuit, puis d’une voix grave, il annonce : « Les fils Aymon ! ». Sur les visages crispés d’angoisse se marque maintenant la sympathie inquiète. Oui, ce sont eux ! Cette fois, le bruit est bien distinct. Ce roulement mystérieux, c’est le tremblement de la terre ardennaise sous la galopade fantastique, dans les ténèbres, du cheval Bayard qui emporte les quatre frères traqués par l’empereur.
– Ils ont échappé encore une fois ! Leurs ennemis sont loin.
Eux, ils vont, pleins d’assurance. Bayard les emporte sur le grand chemin ferré. Ils peuvent défier leur ennemi ! Certes, Charlemagne est puissant ; ses chevaliers sont redoutables, son armée est immense. Pourquoi donc s’est-il montré injuste envers eux ?
Chevaucher, combattre un contre cent, mourir ; mais ne pas s’humilier, ni céder à l’injustice ! Eux aussi, ils sont forts. Et ils ont des alliés. Ils ont Bayard, leur coursier, à côté de qui les plus nobles destriers ne sont que lourds chevaux de labour.
Bayard s’est désaltéré à tous les ruisseaux, à toutes les rivières de Wallonie.
Il y a puisé cette force mystérieuse qui bouillonne dans ses flancs ; la rapidité fabuleuse de ses pattes qui le font voler comme la tempête sur les immenses étendues des plateaux, franchir tous les obstacles, fleuves ou précipices ; la force de son sabot puissant qui, s’appuyant sur la roche pour un élan, y laisse son empreinte ou la fend. Après chacun de ses bonds prodigieux, Bayard, doté d’une force nouvelle, repart, laissant l’ennemi devant l’obstacle infranchissable.
Les frères Aymon ont aussi comme alliée l’Ardenne, leur terre à laquelle ils tiennent plus que tout. Elle a ses cachettes que personne ne connaît s’il n’a, depuis son enfance, couru dans les bois et les plaines ardennaises.
Les espions de Charlemagne n’ont qu’à bien se tenir. Les Ardennais seront toujours muets pour protéger les fugitifs.
Les soldats de Charlemagne pourront questionner, même en menaçant, jamais les Ardennais ne les trahiront.
L’aube arrive. Les fuyards se lèvent du lit de mousse où ils se sont reposés. Alerte ! Aussitôt, ils sont en selle et Bayard fait feu des quatre pieds pour une nouvelle chevauchée. Hue, Bayard ! Les quatre cavaliers font corps avec le cheval, et le sol ardennais fuit derrière eux dans la course endiablée. Bayard file à travers les bois et les clairières. Soudain, Bayard hennit, il a senti l’odeur d’autres chevaux. Là-bas, à droite, en bordure de la forêt, des lueurs d’acier passent entre les branches. Un groupe de cavaliers surgit au galop. Bayard sent les rênes qui l’invitent à marcher contre eux ; la voix puissante de Renaud a retenti. Allez ! Ils ne sont qu’une centaine ! Bientôt le choc se produit. Bayard est dans la mêlée ; il voit rouler pêle-mêle sur le sol des ennemis, des cuirasses, des casques.
Par intervalles, le cri familier : « Ardenne ! » résonne à ses oreilles. Il galope, caracole, fonce à travers une muraille d’hommes d’armes qui s’écroulent l’un après l’autre.