Convaincre pour vaincre - Bertrand Hourcade - E-Book

Convaincre pour vaincre E-Book

Bertrand Hourcade

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Beschreibung

Convaincre ou vaincre ? Et comment ? Si d'aucuns n'hésitent pas à vaincre par tous les moyens, il existe pourtant un moyen loyal qui peut grandement contribuer à dominer l'adversaire : c'est le recours à la culture générale par l'entremise de la citation. Le but de ce livre est l'utilisation de lac citation comme effet de levier, moyen de pression et arme décisive dans la confrontation orale. La citation vient en renfort de la parole dans l'art de la répartie. Dans le débat d'idées où il faut simultanément être rapide, spirituel et pertinent, pareille prouesse ne peut se produire que par une préparation approfondie. Ainsi, ce livre fournit des idées sur la manière d'utiliser les citations, ces missiles meurtriers, pour réduire l'adversaire en faisant preuve de vivacité de réaction, d'esprit et d'à-propos.

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Du même auteur

Dictionnaire de l’anglais des métiers du tourisme, Pocket, Paris, 1995

Cours de pratique du français oral, Messeiller, Neuchâtel, 1996

Dictionnaire du Rugby : français-anglais, anglais-français, La Maison du dictionnaire, Paris, 1998

Dictionnaire explicatif des verbes français, La Maison du dictionnaire, Paris, 1998

Le Village magique, roman, Les Iles futures, Pully, 2001

Les Roses du château, nouvelles, Les Iles futures, Pully, 2004, BOD 2020

Pratique de la conjugaison expliquée, Voxlingua, Leysin, 2006, BOD 2020

Comment écrire une composition : 50 modèles pour structurer un texte, Voxlingua, 2006, BOD 2020

Explanatory Dictionary of Spanish verbs, Voxlingua, 2006 ; BOD 2020

Práctica de la conjugación española, Voxlingua, 2006 ; BOD 2020

Le Don du pardon, pièce de théâtre, Voxlingua, 2006 ; BOD 2020

Voyage au pays des couleurs, conte, Voxlingua, 2008

Anthologie de théorie littéraire : du classicisme au surréalisme, Voxlingua, 2009

Anthologie de poésie française, Voxlingua, 2009 ; BOD 2020

Marée blanche à Biarritz, roman, Voxlingua, 2013 ; BOD 2020

Fatwa, roman, Bibracte, 2019

« Il est une bonne chose de lire des livres de citations, car les citations lorsqu'elles sont gravées dans la mémoire vous donnent de bonnes pensées. »

Churchill

Table des matières

Introduction

Chapitre I : convaincre

L’utilisation de la citation

L’adaptation de la citation

La joute verbale

Les types de citation

Citer avec discernement

Chapitre II : citations commentées

Chapitre III : citations par thème

A.

vices humains

Ambition

Arbitraire

Arrivisme

Avarice

Colère

Corruption

Cruauté

Cupidité

Démagogie

Despotisme

Égoïsme

Envie

Gaspillage

Haine

Ignorance

Impatience

Incompétence

Inconstance

Indécision

Injustice

Intolérance

Jalousie

Luxure

Maladresse

Manipulation

Médiocrité

Négligence

Obstination

Orgueil

Paresse

Partialité

Pessimisme

Peur

Racisme

Rancune

Suffisance

Superficialité

Tyrannie

Vengeance

Violence

B.

modes du discours

Agressivité

Arrogance

Calomnie

Grossièreté

Humour

Hypocrisie

Ironie

Médisance

Mensonge

Mépris

Sarcasme

Chapitre IV : citations par auteur

Alain

Anatole France

Balzac

Baudelaire

Beaumarchais

Bergson

Bernanos

Boileau

Chamfort

Chateaubriand

Claudel

Clémenceau

Cocteau

Corneille

De Gaulle

Destouches 159

Diderot

Dumas père et fils

Edmond Rostand

Flaubert

Florian

Fontenelle

Gide

Hugo

Jules Renard

La Bruyère

La Fontaine

La Rochefoucauld

Lamartine

Malraux

Marivaux

Molière

Montaigne

Montesquieu

Montherlant

Musset

Pascal

Pasteur

Péguy

Proust 169

Rabelais

Racine

Rivarol

Ronsard

Rousseau

Sartre

Valéry

Vauvenargues

Voltaire

Chapitre V : citations diverses

Chapitre VI : adages

Conclusion

Introduction

Convaincre ou vaincre ? D’aucuns n’hésitent pas et choisissent de vaincre à tout prix, la fin justifiant les moyens. Et au diable l’honnêteté, l’honneur, la morale ! Il faut vaincre et donc convaincre le plus grand nombre, même par le biais de voies fallacieuses, frauduleuses, illégales.

Il leur importe peu que l’adhésion acquise ne soit que ponctuelle : le but est atteint, du moins temporairement, jusqu’à la prochaine décision à prendre, la prochaine élection à emporter, la prochaine révolution à fomenter !

Pourtant, la conviction des cœurs est seule capable d’apaiser les débats et de pacifier les esprits. Il est un moyen – parmi d’autres – qui peut aider grandement à dominer l’adversaire, tout en restant intègre et ne pas recourir à des procédés répréhensibles : c’est le recours à la culture générale par l’entremise de la citation.

L’utilisation de la citation comme effet de levier, moyen de pression, arme décisive, tel est le but que s’est fixé ce livre. Utiliser une citation est chose courante, surtout dans le domaine de l’écriture, dans le calme de son bureau lors de la rédaction de courriers ou de la création de pamphlets, de mémoires, d’ouvrages de toutes sortes. Loin de la force brute, loin de la rhétorique débridée, le recours à la force de l’écriture est celui de tous ceux qui pensent comme Balzac lorsqu’il disait de Napoléon : ce qu’il a commencé par l’épée, je l’achèverai par la plume.

Mais ici, il est question d’utiliser la citation comme effet de levier, moyen de pression ou arme décisive dans le contexte de la confrontation orale dans le débat d’idées. La citation doit venir en renfort de la parole. Cette utilisation orale est hautement plus difficile que dans le domaine de l’écriture du fait qu’il faut l’utiliser d’une manière immédiate. Il faut y faire montre d’un ensemble de qualités simultanément et pareille prouesse ne peut se produire que par une préparation approfondie.

Outre certains conseils concernant la manière d’utiliser les citations, ce livre fournit des idées et des munitions (les citations) pour ceux qui veulent dominer leur adversaire par le seul fait de leur valeur intellectuelle et de leur connaissance culturelle. Fi des combines, des mensonges, des faux-semblants !

Charles de Gaulle, qui s’y connaissait en citations, a écrit la suivante que l’on peut méditer en prélude au présent ouvrage :

La véritable école du Commandement est la culture générale.

Ce livre qui compte plus de 1400 citations se veut un outil apte à aider ceux qui veulent pratiquer l’Art d’avoir toujours raison de Schopenhauer. Il pourrait être utile de revoir les grands principes de cet ouvrage avant d’utiliser les munitions entreposées dans celui-ci.

Chapitre I

CONVAINCRE POUR VAINCRE

A moi Comte, deux mots !

Qui, en entendant cette apostrophe célèbre, ne ressent l’impérieux désir d’en découdre, l’appel pressant à châtier l’adversaire, l’attirance irrésistible à le combattre ? La concision des répliques, la justesse des mots, la force des idées, la dynamique persuasive font de ce combat oral dans la scène 2 de l’acte II du Cid de Corneille un modèle d’affrontement verbal où l’intensité du dialogue n’a d’égale que l’attitude flamboyante et pleine de panache des deux adversaires !

L’art de la répartie

Dans cette scène du Cid, les deux adversaires maîtrisent à un niveau exceptionnel l’art de la répartie sans lequel il est impossible de briller dans la conversation. Cet art comprend trois éléments : la promptitude de réaction, l’esprit, l’à-propos. Utiliser simultanément ces trois éléments relève de la haute voltige. Être rapide, spirituel et pertinent nécessite non seulement des qualités innées mais également une préparation intense.

Celui qui manque de répartie souffre de l’esprit d’escalier, c’est-à-dire que l’idée de la répartie ne vient pas au bon moment mais arrive très souvent une fois l’occasion passée. Répondre du tac au tac n’est pas donné à tout le monde et ceux qui se hissent à ce niveau en combinant maîtrise de soi, agressivité mesurée et vivacité, - le tout saupoudré d’une dose d’humour, d’esprit ou d’ironie selon les situations - font peur aux autres.

Si l’on devait choisir un auteur particulièrement enclin à mettre en évidence l’art de la réplique, notre choix irait automatiquement vers le grand Corneille dont le talent déployé dans ses célèbres stichomythies en fait un orfèvre hors pair.. Il suffit de lire les purs joyaux que sont les scènes 2 et 4 de l’acte II du Cid pour assister à un feu d’artifices de répliques magnifiques.

C’est logiquement dans le théâtre que l’on voit surtout se déployer cet art de la réplique. La conversation des personnages, les conflits de personnalités amènent les protagonistes à se confronter dans des scènes d’une violence verbale inouïe. A côté de la galerie des héros cornéliens, on doit ajouter bien évidemment Cyrano, ce héros au cœur tendre, pourfendeur des préjugés et défenseur des libertés et Figaro, héraut du bas peuple et escrimeur fin et subtil contre l’aristocratie.

Voici quelques exemples de répliques éloquentes :

Dans l’acte III, scène 5 du Barbier de Séville, se produit un vif accrochage entre Bartholo et Figaro :

Bartholo:

- Vous le prenez bien haut, monsieur! Sachez que, quand je dispute avec un fat, je ne lui cède jamais.

Figaro:

- Nous différons en cela, monsieur; moi, je lui cède toujours.

Figaro retourne l’argument de Bartholo contre Bartholo lui-même en en prenant le contrepied total tout en gardant la forme de la réplique adverse.

Dans Cyrano de Bergerac, l’affrontement verbal précédant le duel entre le vicomte et Cyrano donne lieu à l’échange suivant, lorsque le vicomte, suffoqué par l’attitude de Cyrano, essaie de le railler en l’accusant d’être …

Un hobereau qui… qui… n’a même pas de gants ! Et qui sort sans rubans, sans bouffettes, sans ganses !

Cyrano

- Moi, c’est moralement que j’ai mes élégances.

En un vers, Cyrano disqualifie l’attaque du vicomte en se plaçant à un niveau supérieur où l’autre ne peut pas atteindre.

Le même procédé est utilisé un peu plus loin, lorsque le vicomte excédé par l’attitude hautaine de Cyrano, lui lâche une bordée d’injures :

Le vicomte

- Maraud, faquin, butor de pied plat ridicule.

Cyrano, ôtant son chapeau et saluant comme si le vicomte venait de se présenter

- Ah ?… Et moi, Cyrano-Savinien-Hercule de Bergerac.

Un autre exemple est un vif échange entre une opposante à Churchill et ce dernier à la Chambre des Lords :

La femme :

- Si j’étais mariée avec vous, je verserais du poison dans votre verre.

Churchill :

- Madame, si j’étais mariée avec vous, je le boirais.

Ici, Churchill a retourné l’argument contre l’adversaire en épousant sa logique jusqu’au bout.

Dans un style semblable, Fontenelle, à quatre-vingt-dix ans, courtisait une jeune fille qui lui déclara : « Arrêtez ou je crie ! ». Il lui répondit : « Ah oui, criez, cela nous fera honneur ! »

La différence entre ces cinq exemples est que les trois premiers sont issus d’œuvres fictives alors que les deux derniers sont bien réels.

L’art de citer

L’art de citer fait partie intégrante du débat d’idées. Il coexiste avec l’art de la répartie dont il peut être l’un des piliers les plus solides pour asseoir une idée, consolider une position dans l’argumentation ou faire la différence entre deux positions antagonistes.

L’art de citer n’est pas moins difficile que l’art de la répartie, si l’on entend par là le fait de placer la bonne citation au bon moment dans le flot de la discussion ou de la controverse.

Les citations sont omniprésentes dans notre vie quotidienne : on peut y être confronté en tout temps, notamment par l’entremise des médias : les journalistes s’en font souvent le relais de diverses manières : les pages des journaux, les tribunes, les éditoriaux foisonnent d’allusions littéraires, de références aux grands penseurs, de citations de noms célèbres.

D’autre part, dans la simple conversation de tous les jours avec un voisin, un collègue, un parent, ou toute autre personne que le hasard met sur notre chemin, peuvent à tout moment surgir des allusions, des proverbes, des formules chocs de grands hommes, qui sont d’ailleurs souvent déconnectés de leur auteur ou de leur contexte initial.

Qui n’aimerait pas ainsi faire feu de tout bois dans la conversation et asséner avec force une pensée en l’étayant d’une phrase lourde provenant d’un grand penseur ? Dans le cours d’une discussion sur la non-violence, glisser une citation pertinente de Gandhi au bon moment peut infléchir la discussion dans le sens du citateur.

C’est donc dans un esprit de conviction lors d’un débat que l’on fera recours aux citations. Loin de vouloir simplement impressionner l’adversaire ou l’audience, il s’agit au contraire d’œuvrer logiquement, d’utiliser les citations pour étayer ses propres affirmations, parfois même d’utiliser l’action, la carrière ou le bilan du penseur cité pour corroborer sa propre pensée.

Certaines citations à valeur universelle ont réussi à exister hors de leur contexte originel par la seule force de la puissance de leurs idées. Leur vitalité est reflétée par la fréquence de leur utilisation. On remarquera notamment de telles citations dans le domaine des définitions, des morales de fables, des proverbes.

Afin d’avoir le maximum d’efficacité possible, on a sélectionné les citations de ce livre par rapport à certaines caractéristiques qui font que cet ouvrage n’est pas simplement une compilation de citations appréciées de l’auteur, pas plus qu’il n’est une compilation de citations célèbres. Ces citations contiennent donc une ou plusieurs des caractéristiques suivantes :

- la concision extrême

- le ton hardi ou provoquant

- le potentiel polémique de l’idée

- l’aspect formel de l’affirmation

Malgré ces critères de sélection, devant la masse énorme de citations, un choix nécessairement arbitraire était nécessaire. Nous avons mis le maximum de citations connues qui nous semblaient évidentes. Certaines autres moins connues méritent leur place par l’originalité de leur pensée ou par leur portée générale.

L’UTILISATION DE LA CITATION

Une citation peut être utilisée de différentes manières.

La citation comme idée ou comme forme

Elle peut être intéressante pour l’idée qu’elle véhicule, sans tenir compte du moule dans lequel elle est couchée. On peut alors la paraphraser à volonté. A contrario, elle peut être surtout intéressante pour sa forme qui peut prendre le pas sur l’idée, auquel cas on parlera de citation pastiche.

La citation intégrale ou partielle

Par ailleurs, une citation peut être utilisée dans son intégralité, ce qui indique un intérêt à la fois pour son idée et sa forme. Si elle peut être utilisée dans son intégralité, elle peut aussi l’être partiellement. Ce sont deux aspects qui ont tous deux leur raison d’être.

La citation comme idée

Une citation est d’abord une idée. Si c’est une idée forte, elle prendra naturellement sa place dans l’argumentation et pourra occuper une place majeure dans le débat. Si l’on cite, il faut citer correctement et fidèlement. C’est à partir du respect de la citation que celle-ci revêtira sa force de conviction.

La citation paraphrasée

On a tous mémorisé un certain nombre de citations qui nous plaisent particulièrement. Mais il faut reconnaître qu’on ne peut mémoriser toutes celles qui croisent notre route. On peut alors éviter cet effort de mémorisation si l’on décide de reprendre simplement l’idée de la citation.

Il faut placer cette idée au moment où elle peut corroborer un raisonnement. Mentionner le nom de l’auteur dans une phrase telle que : « Selon Voltaire, … » indique bien qu’on ne le cite pas dans le texte mais dans l’idée. Cela importe peu dans la mesure où une idée peut avoir un impact énorme et qu’il est bien difficile de tuer une bonne idée.

Ainsi donc, l’idée dérivée d’une citation peut avoir un impact très fort si elle n’est pas dénaturée dans l’opération.

La citation intégrale

Si l’on cite un auteur, il faut être sûr de son texte. Habituellement on mentionne les mots « citation » ou « citer », indiquant par là même qu’il s’agit bien du texte exact de l’auteur. L’adversaire peut alors contester la citation s’il pense qu’elle est inexacte. Dans ce cas, l’utilisation maladroite ou inexacte d’une citation peut se révéler totalement contre-productive.

On peut toujours se protéger en prenant des précautions du genre : « D’après Voltaire, si je ne me trompe, … ».

La citation partielle

Citer partiellement une citation peut s’avérer un moyen d’attirer l’audience vers soi. Un bon orateur, avec force gestes, peut très bien inciter le public à compléter les citations commencées. Cela met certainement une partie du public dans une disposition d’esprit plus ouverte.

Ainsi, nombreux sont ceux qui, à la suspension de la voix de l’interlocuteur après le fameux : Qu’importe le flacon, … se hâteront d’ajouter benoîtement la fin du vers : pourvu qu’on ait l’ivresse.

Voilà qui est fort bien, mais en fait fort imprudent si l’on connaît le distique entier du poète :

Aimer est le grand mot ! Qu’importe la maîtresse !

Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse.

On peut facilement se laisser entraîner ou même se faire piéger dans ce labyrinthe culturel si l’on ne le connaît pas.

Citer sans connaître le vrai contexte d’une citation arrive souvent mais peut se terminer en catastrophe. Aujourd’hui, Musset ne serait pas en odeur de sainteté auprès de la bien-pensance politiquement correcte avec ce seul distique. Et qui le cite sans bien le connaître peut facilement se faire entraîner là où il ne veut pas et risquer de se faire ridiculiser.

L’ADAPTATION DE LA CITATION

Ainsi, comme on peut le voir, les manières d’utiliser les citations sont fort nombreuses. Pour clôturer ce sujet, il faut encore se pencher sur le phénomène de l’adaptation de la citation.

Une citation connue peut être adaptée de différentes façons, en la modifiant légèrement, selon le goût, le besoin ou parfois la mémoire plus ou moins défaillante du citateur.

Dans un débat, une citation n’a pas besoin d’être nécessairement citée in extenso. Dans le cas d’un trou de mémoire, on peut néanmoins y faire allusion et l’expliciter sans la citer.

Tout l’art réside autant dans le moment choisi pour dégainer sa citation que dans la façon dont elle est amenée.

En réalité, le contexte d’origine d’une citation n’a pas souvent besoin d’être intimement partagé par le citateur. On peut utiliser certaines citations en se dissociant complètement de l’époque où elles ont été créées. Prenons un exemple :

Boileau a ainsi traité un de ses ennemis :

J’appelle un chat un chat et Rollet un fripon.

Il est courant aujourd’hui d’entendre :

J’appelle un chat un chat.

Par cela, on veut dire qu’on n’hésite à nommer clairement les choses, même si cela peut avoir des conséquences négatives.

Mais on entend également :

J’appelle un chat un chat et X un fripon.

Ce faisant, on adapte la citation au contexte voulu. Généralement on prend pour cible une personnalité connue et controversée, soit dans son entourage immédiat (directeur, chef, supérieur, collègue, etc.) ou dans le contexte national politique ou social et international (chefs d’état, politiciens, grands patrons, chef religieux, syndicalistes, artistes, etc.).

Certaines citations sont donc manipulables à l’envi. Une citation telle que celle de Boileau est datée de par son allusion à un personnage du XVIIe siècle, mais son idée centrale est tellement claire et forte qu’en changeant le nom de la personne citée, on retrouve toute la pertinence de la citation dans tout autre contexte.

Une restriction toutefois, si l’on tient à respecter les règles et l’esprit de la culture : comme beaucoup d’autres, la citation de Boileau ci-dessus est en fait un alexandrin de pure facture. Pour honorer le grand versificateur qu’était Boileau, on se doit de lui rendre un alexandrin parfait, c’est-à-dire que le mot Rollet doit être remplacé par un nom à deux syllabes. Ainsi, dans le contexte politique français, trouve-t-on maints exemples qui rentrent à merveille dans cet alexandrin :

J’appelle un chat et un chat et Giscard / Chirac / Sarko / Hollande / Macron … un fripon.

L’utilisation de l’abréviation Sarko se justifie au nom de la licence poétique (autorisée par les règles). Quant à Hollande, les puristes pourront apprécier à quel point le « e muet final » de ce nom se combine merveilleusement bien avec la voyelle initiale du mot suivant « un », réalisant par là même une liaison parfaite. Quelles immenses joies permet l’art de citer !

LA JOUTE VERBALE

Les arguments principaux

Parmi les nombreux types d’argument qu’il faut connaître, on remarquera parmi les plus importants les trois suivants :

L’argumentum ad rem

C’est une réponse à une question sur l’objet en discussion : elle est directe, pertinente et sans détour. C’est le genre d’argument qu’un débat parfait développerait à volonté. Cependant, un débatteur en difficulté aura tendance trop souvent à minoriser, écarter ou ignorer ces arguments, s’écartant alors du débat loyal pour chercher plus à vaincre qu’à convaincre.

L’argumentum ad hominem

C’est attaquer l’adversaire en mettant en évidence la contradiction qui existe entre la position qu’il défend en théorie et le comportement qu’il adopte dans sa propre vie : faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais. On appuie sur les incohérences entre ses idées et ses actions, ses engagements et son vécu pour ainsi le disqualifier.

Si l’on arrive donc à identifier et à révéler de telles incohérences, il est sûr qu’enfoncer un coin entre ce que dit et ce que fait l’adversaire peut certainement avoir une influence négative sur la crédibilité accordée à l’adversaire. Cependant cet argument reste limité dans son efficacité car il n’influe pas directement sur le problème de fond et le fait que l’adversaire ne s’applique par à lui-même ce qu’il prêche par ailleurs ne signifie pas son message est faux.

L’argumentum ad personam

C’est une attaque directe contre l’adversaire en tant qu’individu : on ne s’intéresse plus au fond du débat (souvent par infériorité intellectuelle) et on focalise ses critiques sur des aspects personnels de l’adversaire en critiquant son physique, sa façon de vivre, ses mœurs, ses origines, voire en tombant dans l’insulte.