Dans l'ombre du silence - Olivier Chasson - E-Book

Dans l'ombre du silence E-Book

Olivier Chasson

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Beschreibung

Olivier Chasson plonge au cœur des parcours rapides et déchirants des jeunes confrontés à des situations précaires, propulsés par les réseaux sociaux et des rencontres nocturnes. À travers ses expériences personnelles, il retrace le cheminement qui a conduit à la création du centre de Pontourny, tout en explorant les séquelles émotionnelles de l’abandon et de la perte d’estime de soi, ainsi que l’endoctrinement de certains jeunes par des idéologies radicales. Pour lui, le centre de Pontourny est un havre unique, toujours prêt à venir en aide à ceux qui s’y rendent.


À PROPOS DE L’AUTEUR

Auteur engagé depuis plus de trente ans dans le secteur social, Olivier Chasson est actuellement à la tête d’une association dédiée à la protection de l’enfance. Son expérience diversifiée dans des domaines tels que les centres EPIDE, les foyers logement et les centres éducatifs fermés lui permet de mettre à profit son dévouement pour le bien-être des autres.

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Seitenzahl: 336

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Olivier Chasson

Dans l’ombre du silence

Essai

© Lys Bleu Éditions – Olivier Chasson

ISBN : 979-10-377-9901-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Préface

Un espace, un tout ou rien autour de moi, du mouvement, des paroles, puis au loin des crépitements et un peu d’agitation. Beaucoup de cris se répètent… tel un refrain continu.

Un refrain qui ne cesse de tourner en rond, répétition sur répétition, l’entendre est impossible même en me rapprochant. Curieusement, ces cris viennent à moi, des formes humaines m’encerclent… Un cercle que je ne peux échapper, j’en deviens la cible – une cible facile à atteindre. Un seul bras tendu peut me toucher ! Sentant le parfum de leur attention venimeuse, toujours cet enchaînement de paroles qui tourne et pénètre tout mon être, cela n’en finit pas, un climat cauchemardesque inévitable, un cauchemar qui devient une obsession se transformant en un nuage noir grandissant plus la peur me gagne.

Comme seul instant de survie, la tête dans les genoux, je deviens transparente.

« Peur de la nuit, peur du jour… crainte de la vie. »

Une âme perdue, je suis là, patiemment perdue dans le temps de l’insolence permanente, je marche, je cours, j’essaie de me rattraper à la vie ! Un destin perdu qui devrait être accompli, un amour-propre emmené dans l’oubli… Je viens, repars et reviens tel un slogan dans la foule, je repousse les canons qui me touchent, pourtant je ris – je parle fort pour que l’on ne m’oublie pas.

On me met en marge, on me laisse seule… Cela devient un ennui, je veux vivre, vivre, être une femme libre. M’accomplir dans la vie sans être trahi par autrui, sans avoir d’ennemis – les gens de mon âge me renient, mais en soi je n’ai pas eu le temps de montrer ma folie. Je n’ai toujours rien accompli, me reste-t-il de l’envie ?

Je vois le jour me sourire timidement et la nuit m’affaiblir, quel destin que celui de devenir une « insoumise » ! Je souhaite briser le silence de ces mensonges incessants qui se répètent et deviennent permanents – on me voit comme je ne me vois pas ! Et je suis devenue ce que la vie veut de moi.

Ce n’est sans doute pas si compliqué de provoquer le bonheur, j’ai souvent pu le toucher du bout de mes doigts, cela paraissait fou, intense et malheureusement éphémère… Est-ce finalement important d’être heureuse à temps complet ? La quête du bonheur est tant convoitée, tant voulue, je cours juste derrière pour goûter à ces vertus. Cette situation de détresse se transforme en épuisement de soi.

Plus je tombe et plus je pense apprendre, je cherche à créer une estime de moi que je n’ai pas ! Je commence aussi à mettre un pied dans une forme de logique qui pourrait se traduire et être de l’épanouissement personnel…

Aujourd’hui, j’ai décidé d’être heureuse et ce sera le travail de ma nouvelle vie !

Merci Louise, ma fille !

De ces prospères photos,

Remplies d’orgueil,

Jaillissent des mots,

De nos doigts honteux.

Les phrases s’enchaînent,

Dans l’inégalité des propos,

Chacun imagine, exprime, se dévoile,

Aux souhaits souvent non désirés.

Soudain l’infini funeste,

Viens glacer l’azur,

Emplissant les yeux humides,

De leurs ombrages nocturnes…

Préambule

« En politique, on ne flétrit le mensonge d’hier que pour flatter le mensonge d’aujourd’hui. »

Jean Rostand

Je suis Olivier Martineau, ancien chef du service pédagogique au centre de Pontourny. Beaucoup en ont parlé, certains ont même écrit sans jamais nous questionner vraiment, nous les cadres de cet établissement. Loyaux et tenus à une réelle discrétion, nous n’avons jamais voulu entrer dans les tourments des polémiques ou autres thèses qui entouraient ce centre et notre manière d’y travailler. Aujourd’hui, il est l’heure d’y apporter une vision différente sous un autre prisme que celui d’extérieurs venus y recueillir des informations pour faire recette sur un plateau télé, ou vendre des livres en disant « J’y étais ! », qui déterminent leurs postures de sachants, sans en avoir eu la totale envergure. Et de fait, à cause de ce projet avorté, eux-mêmes ont été freinés dans leur élan. Il est toujours si facile de rester en arrière des événements et de venir y apporter un éclairage quand tout est fini, ou bien lorsque l’on intervient ponctuellement sur des temps tellement « bordés » que la vision ne peut être aucunement celle d’un quotidien.

Lorsqu’une expérience est vécue, elle a plusieurs temps. De ce fait, chaque seconde qui passe amène un point de réflexion supplémentaire. Nous avons donc eu le temps de réfléchir longuement et de croiser nos idées avant d’écrire, alors que d’autres se sont empressés. Cela fait plus de cinq ans que nous avons participé à cette expérience qu’était le CPIC (Centre de Prévention et d’Insertion à la Citoyenneté), plus vulgairement appelé le centre de « déradicalisation ». Pour tout dire, je n’ai pas été partant au début pour intégrer la petite équipe de direction de ce centre. Si je suis venu, c’est parce que le futur directeur, Olivier Chasson, devenu mon meilleur ami par la suite, a su trouver les mots pour me convaincre de travailler à ses côtés. Aujourd’hui, je reste fier d’avoir pu œuvrer avec ce que nous étions les uns et les autres, malgré nos différences et nos divergences. Mais pour tout dire, cela ne pouvait être autrement, il avait fallu faire vite pour que les caméras et autres médias se régalent du spectacle d’un radeau déjà médusé avant même d’avoir pris la mer. Je suis ce que l’on peut appeler un patriote.

Contrairement à ce que l’on peut penser, un patriote peut rester apolitique, et pour cause ! Si l’on aime son pays, on en défend les valeurs républicaines de laïcité et du « vivre-ensemble ». Après l’acharnement de l’islam politique et intégriste, notre cher « vivre ensemble » a pu se poser des questions quant à sa pérennité jusqu’à atteindre le paroxysme de l’abjection lors des attentats qui ont déclenché le début de notre « expérience interdite ». Pendant cette expérience, souvent rabaissé, voire insulté pour ce que j’étais ou avais été, je savais que si j’étais là, c’était avant tout parce que mon parcours de vie était la représentation d’un savoir-faire correspondant aux attentes d’un gouvernement en quête d’une recherche pour endiguer des événements qui nous avaient tous marqués : les attentats de Charlie Hebdo, de l’Hyper Cacher et du Bataclan. Ancien militaire de carrière, puis militaire de réserve opérationnelle (y compris lorsque j’étais en poste au CPIC), j’ai toujours été attaché à la défense et aux valeurs fortes de la France. Spécialiste dans plusieurs domaines techniques, j’étais de ces soldats polyvalents et volontaires. J’ai donc participé à de nombreuses missions, parfois même à celles considérées comme les plus dures.

Après une reconversion, j’ai finalement été recruté par les EPIDE (Établissements Publiques d’Insertion de la Défense), acronyme changé aujourd’hui en « Établissement pour l’Insertion dans l’Emploi », dans lesquels j’ai eu le bonheur de passer six ans, tout d’abord en tant qu’éducateur référent, puis comme coordinateur des services. Je ne vais pas développer tous ces sujets, car ils le seront par l’auteur de ce livre. Néanmoins, il est clair et revendiqué de ma part que les outils transférés de l’EPIDE au CPIC, même si parfois totalement inadaptés pour certains, me paraissaient tout aussi justifiés. Les EPIDE, outils reconnus de l’insertion rapide vers une réussite sociale et professionnelle avec une approche à empreintes civique et militaire, ont fait leurs preuves. Fruit d’un ascenseur social à la française, j’ai aussi lu quelque part que certains cadres n’étaient pas diplômés et n’avaient donc pas légitimité à diriger cette aventure hors norme, du fait d’un manque de diplômes. Heureusement pour nous, la France donne encore sa chance au savoir-faire de certains autodidactes dont la plus-value réside avant tout dans leur vécu. Ce qui n’était pas du tout notre cas, puisqu’en plus de notre vécu, nous avons eu le plaisir de participer aux formations les plus sérieuses dans le domaine des compétences managériales et sociales. Bien sûr que oui, nous l’avions cette légitimité à piloter cet avion de reconnaissance ! Il allait d’ailleurs présager d’une nouvelle approche sur une problématique jusque-là totalement ignorée, voire volontairement mise de côté, sous couvert de ne pas froisser une frange de la population dont on s’est finalement aperçu qu’elle imposait la peur et son mode de vie. La lutte contre la radicalisation par son approche sociopédagogique était donc, à ce moment-là, en mode embryonnaire. Donc oui, issu du sérail militaire après être rentré sans aucun diplôme dans une armée de Terre bienveillante pour ceux qui offrent leur vie à la protection de la nation, j’ai eu la chance de suivre un cursus à la fois militaire, scolaire et technique très élaboré qui a fait de moi le titulaire d’un brevet de technicien supérieur, cursus doublé d’une formation spécialisée pour être pédagogue en école militaire nationale, puis titulaire d’un brevet de chef de section et enfin d’attestation de stage des commandants d’unités de réserve opérationnelles. Des formations profanes pour les anciens de la structure reprise par nos soins, mais dont tout le monde connaît et reconnaît l’aplomb managérial. Porter atteinte à cela serait donc porter atteinte à tout le savoir-faire d’une armée réputée sérieuse par le monde. J’ai gravi chaque échelon de cette hiérarchie, parfois avec des temps d’arrêt, mais pour ceux qui connaissent de quoi sont faites nos formations, l’on peut déterminer quel meneur d’hommes et de projets aboutis je pouvais être. Malheureusement, nous, les cadres du CPIC, avons vécu sur des planches tellement savonnées que certains ne tenaient surtout pas à savoir qu’ils pouvaient ne pas détenir toute la vérité ou que leur vérité n’était pas celle attendue. Ce centre a tellement poussé les personnels dans leurs retranchements à tous niveaux confondus que certains en ont oublié l’objectivité nécessaire au regard de la situation vécue. Pour autant, comment leur en vouloir ?

Par ailleurs, professeur de sport de combat, détenteur d’un savoir sécuritaire, nommé responsable pédagogique, j’ai aussi rapidement été désigné responsable de la supervision et de la protection du centre. Cette responsabilité imposait de préserver les consignes données par le ministère à ce sujet, elles étaient nombreuses, complexes, et pour certaines, il n’était pas question de les faire connaître aux personnels du centre. Tout cela participait donc à la structuration d’un centre hautement sécurisé, mais scruté par de nombreux responsables de par le monde, et à ce titre, il était clair qu’une grande confidentialité devait être maintenue. Lorsque l’on a affaire à des éducateurs issus d’un système précédemment enfermé sur lui-même, autorisant toutes les dérives horaires et éducatives, l’imposition d’un cadre de travail structuré, régulé, soumis à des codes vestimentaires et à une doctrine commune, n’était forcément pas un exercice simple. Il était donc normal que le « grincement » des tongs ou autres chaussures ouvertes liées à un code dit « roots », bien aimé de nos chers détracteurs, se fasse entendre à des kilomètres à la ronde ! Jusqu’à en écrire un livre à l’encontre de ceux qui étaient les garants de la tenue de ces mêmes règles. Pourtant en vouloir à qui que ce soit est bien difficile aujourd’hui. Nous aurions juste aimé avoir du temps et… de l’occupation ! Car oui, pour le politiquement correct, il nous a aussi fallu nous adapter à une population loin d’être celle pour laquelle nous avions passé des semaines à disserter. Le questionnement dans le vide était un exercice destructeur, là où le pire de la personne humaine s’exprime ; ce moment de vide où, pour exister, certains sont prêts à dévaloriser, refuser, et finalement perdre la dignité nécessaire à une telle entreprise. Ah ça oui, ce radeau de la Méduse, nous étions bien dessus ! Mais revenons en arrière… Il y a tout de même eu une vraie réflexion de fond. Comment participer à la lutte contre l’endoctrinement face à de jeunes gens, tous tellement certains de leur vérité ? On nous a demandé beaucoup de travail en ce sens et, lorsque je me questionnais sur l’approche globale des outils à mettre en place pour aider à lutter contre la radicalisation, les dirigeants parisiens n’étaient clairement pas sur cet axe-là, d’ailleurs très peu en renfort sur les phases de besoins réels. Comment motiver des personnels lorsque leurs contrats eux-mêmes ne sont pas encore écrits et que le directeur en place est obligé de leur faire des avances sur salaires prenant sur les caisses du centre ? Ce simple ratage a été le point de départ de bien des discordes. Quant aux éducateurs de l’ancienne structure, ceux qui n’avaient pas pu fuir pour trouver un emploi ailleurs, et qui, faute de mieux, avaient validé leur embauche au CPIC, disant que ce projet les intéressait, eux étaient encore sur des errements ancestraux qui ne pouvaient pas être dans l’axe du chemin à prendre. De quoi parle-t-on ? De l’islamisme ultra, celui qui n’entend pas, celui qui ne veut rien de l’État qui pourtant les nourrit par le biais de systèmes administratifs, rien hormis une foi indicible pour quelque chose que, bien souvent, ils ne connaissent qu’à peine. Ma vie m’a porté jusqu’en terre d’islam. J’y ai eu une autre compréhension que celle qu’on veut nous montrer, une compréhension souvent tronquée et portée par des gens dont la vision ne reste que franco-française.

L’islam est une approche complexe, fine et intelligente. J’ai eu cette chance d’y faire des affaires autrefois, mais il est évident qu’on ne peut pas communiquer et partager si l’on ne fait pas un pas l’un vers l’autre. Un problème vieux comme le monde. Pour réussir à m’intégrer dans mon pays d’adoption, il m’a donc fallu apprendre les rudiments de la langue et surtout les codes de communication. J’ai donc lu. Et un jour, un article m’a interpellé. Il était écrit par un reporter du pays où je vivais qui a été mis en prison par la suite pour son écrit. Il parlait de la schizophrénie de son pays liée à une religion d’une autre époque, totalement inadaptée à la vie d’aujourd’hui. Au CPIC, nous n’avions aucun « arabisant », mis à part l’aumônier musulman intervenant ponctuellement et moi, qui étais bien loin de la connaissance exacte de cette culture que j’avais appréhendée seulement quelques années, dans mon monde « d’expat ». De là, il est facile de comprendre que la méthode choisie allait être bien ardue à mettre en place. J’ai toujours défendu le fait qu’à la place d’une approche frontale, imposant des valeurs inconnues à cet ennemi de l’intérieur, peut-être aurait-il mieux valu déconstruire petit à petit. Et même si ma loyauté au système me dictait de suivre le chemin décidé, il m’arrivait parfois d’imaginer une autre manière de faire. Oui, mais comment ? Nous avons tous « planché » sur ça, avec nos avis tous différents, en essayant toutefois de nous intéresser à l’essentiel : les jeunes gens qui intégreraient ce centre, déjà appelé le « Guantanamo français » par nos détracteurs. Outre les problématiques pédagogiques ou éducatives, notre principal « échec », s’il en est un, est de ne pas avoir eu de ligne de conduite au départ, et surtout, ne pas avoir eu des personnels tous voués à la cause et au respect des valeurs. Malheureusement, la majorité des intervenants étaient bien plus préoccupés par leurs conditions de vie et leur microcosme local que de trouver une solution pour lutter efficacement contre ce venin mortel qu’est la radicalisation islamiste. Certains aujourd’hui ont vite oublié leur réaction sur l’instant… Peur d’être repérés, peur d’être suivis, peur de la fatwa… Peur de leur propre ombre parfois ! Mais peut-on leur en vouloir ? L’inconnu fait toujours peur, et la plupart des professionnels en poste n’avaient pas voyagé beaucoup, ou uniquement sur des temps de congés scolaires.

Je suis l’un des rares à ne pas avoir eu peur. Finalement, rien de bien anormal à cela, je connaissais déjà cette problématique existante hors de nos frontières et j’avais pu lutter contre l’agresseur, car oui, il ne s’agissait pas d’enfants de chœur, en tout cas sur le papier. Certains aujourd’hui ont oublié les menaces d’égorgement à leur encontre : « Je te découperai comme un simple poulet », comme ils ont oublié leur incapacité à prendre en compte l’ultra violence. En plus de ça, certains ont oublié qu’ils ont pu lâchement abandonner tel ou tel collègue en fragilité, voire clairement en danger de mort sur l’instant. Nous étions un peuple français traumatisé par des événements hors du commun. Nous étions ce même peuple à l’intérieur de la structure, dans notre petit microcosme, refaisant nos erreurs assises sur nos divergences politico-éducatives. Parlons-en des politiques ! Nous avons eu la chance de croiser les plus grands grâce à cette aventure. En effet, les politiciens de tous bords avaient envie de venir voir, de se montrer en action, ou dans la destruction. Comme ces deux chargées de mission, dont je parlerai plus loin, qui, en à peine quelques minutes, ont pu faire un rapport dévastateur à notre encontre ! Tous avaient donc envie de venir se pavaner, enfin avant que tout ne se « plante ». Avant que nous ne devenions les parias d’un centre décrié et laissé à l’abandon du jour au lendemain, ce centre abandonné par tous, où les conditions psychologiques allaient très vite se dégrader jusqu’à devenir invivables pour tous. Pour autant, la réussite n’était pas bien loin, ne faut-il pas insister sur le positif quand il y en a ? Aussi bien à la construction du projet que lors de la vie en collectivité avec les bénéficiaires. Personne n’a jamais parlé des rapports humains constructifs, de la parole libérée qui animait les interventions communes, d’une collectivité diversifiée et pourtant réunie sur bien des événements, ou lors des moments de la vie quotidienne. Ne faut-il pas plutôt se rappeler les longues discussions philosophiques entre les bénéficiaires et les « mécréants » que nous étions ? Finalement, des moments d’échanges, souvent très apaisés. Combien de fois ai-je pu avoir ces jeunes gens face à moi ? Ils avaient confiance en une certaine forme d’échanges qui, dans une continuité, j’en reste persuadé, auraient pu faire naître de nombreuses réussites de part et d’autre. J’ai été cité de façon vindicative sur la manière dont j’ai pu décider une jeune fille en recherche d’identité, totalement voilée au départ, mais dont le réel problème était son intimité et la vision qu’elle avait d’elle-même. Comment ces personnes qui n’étaient pas présentes à ce moment-là ont-elles pu juger le travail effectué ? Il aura fallu un réel échange bienveillant pour en arriver à ce que finalement cette jeune fille, en s’engageant vers ce changement, puisse intégrer ce groupe de bénéficiaires. Ce livre retrace donc la vision de ce CPIC qui n’a finalement pas accueilli la population pour laquelle il était dédié. Ce livre met en lumière les programmes et les actions entreprises sous la responsabilité d’un directeur souvent critiqué, mais dont jamais la force et la volonté de réussir n’ont été érodées par les diverses attaques de l’extérieur ou de l’intérieur. Ce livre retrace la vie de ce centre avec des éléments factuels dont aucun acteur extérieur ne peut se prévaloir puisqu’il n’y avait pas accès. Ce livre retrace une histoire humaine incroyable qui a laissé des marques dans la vie de chaque intervenant ou bénéficiaire, bonnes ou mauvaises, mais qui incontestablement auront changé notre manière de voir le monde.

Olivier Martineau

Au cours de cette journée ou le soleil tape au plus fort, sous une chaleur insupportable au plus chaud de celle-ci j’adopte la solution de la tradition espagnole, et rester chez moi derrière le volet fermé, je ne vais pas m’adonner à la coutume de la sieste avec qui je n’ai que très peu d’attirance.

Comme a pu dire Paulo Coelho dans le « Pèlerin de COMPOSTEL », il évoque la relation entre Dieu et les hommes, il pourra affirmer que dans la tradition il existe toujours une relation à dieu, mais souvent par une voie complètement différente de celle que nous suivons sur la route de saint Jacques – tout en croisant des mages, des prêtres, des gitans, des saints qui font des miracles et des démons… Les hommes ont chacun leur chemin qui les mène à Dieu (encore faut-il croire en Dieu !).

La recherche de dieu est une quête intérieure à chacun, pour certains cela peut passer par l’extase, des rituels de tradition que nous pouvons retrouver dans certains cas liés à l’embrigadement sectaire de l’islam radical – tous les chemins ne sont pas identiques… Mais ils les amènent tous au même endroit vers la même quête, le même dieu !

« Dieu n’est pas vengeance, Dieu est amour, son unique punition consiste à obliger celui qui a interrompu une œuvre d’amour à la poursuivre. »

Nous pouvons retrouver dans certaines religions monothéistes des orientations qui permettent à la réflexion de soi sur soi, des instants ou la personne qui se présente, qui est seule et dans le doute pourra se laisser aller et prendre ce chemin pour le mener à sa quête qui n’est toujours celle qu’elle souhaitait « le chemin que tu es en train de faire est le chemin du pouvoir, et seuls les exercices de pouvoir te seront enseignés. Le voyage qui, au début, était torture parce que tu ne souhaitais qu’arriver, commencé à se transformer en plaisir, le plaisir de la quête et de l’aventure. Ainsi, tu nourris tes rêves, qui sont essentiels ». Voilà une très jolie phrase que j’ai pu entendre et entendre et même lire…

Il est dans l’écriture des différentes religions et le rapport à dieu, des rapports avec le combat, la guerre, la conquête de territoire au détriment de la vie – Dans la religion catholique nous pouvons entendre qu’il y a un bon combat, un bon combat qui est celui qui est engagé parce que notre cœur, notre soi intérieur le demande, auparavant les orientations, les choix héroïques de certains chevaliers de conquérir des terres étaient plus simple et facile que de nos jours. – Aujourd’hui, le monde n’est nullement identique et il évolue sans cesse et le bon combat de notre temps c’est déplacé des terrains et champs de bataille pour être une bataille à l’intérieur de nous-mêmes. De nos jours, le bon combat est celui qui s’est engagé au nom de nos rêves, quand ils explosent en nous de toute leur vigueur nécessaire pour nous soulager – une partie de notre jeunesse et aussi des plus âgés non pas appris à lutter, lorsqu’ils sont accompagnés dans cette démarche et qu’après des efforts souvent obligés, ils finissent par l’apprendre, et ils ont se courage au combat que la foi leur a dicté.

Certains se retournent contre eux et au bout du compte deviennent leur principal ennemi, leurs rêves infantiles difficiles à réaliser, ou le fruit de leur méconnaissance et des réalités de la vie, ils vont tuer leurs rêves d’enfance au détriment du « bon combat ». Ils pourront associer à cette mort de leurs rêves le fait de leurs incertitudes de la vie. Ils vont se juger, se jauger par rapport aux autres et donc à eux.

Lorsque nous renonçons à nos rêves d’enfants ou voir d’adolescents, nous ne pouvons trouver la paix intérieure nécessaire à notre construction, à nos souhaits, envies, à nos besoins pour avancer et surtout exister dans ce monde qui va de plus en plus vite – pour trouver cette paix nous traversons la période de voir la mort de nos rêves, mes voir partir, s’éloigner de nous ! Ces rêves qui commencent à pourrir en nous et nous donnent des maux et infestent notre atmosphère. Pour certains, ils peuvent devenir cruels envers les personnes de leur entourage et passer à des actes de violence verbale ou se retourner sur eux cette violence – quand la déception liée à l’échec de ne pouvoir réussir, quand ils ne peuvent éviter le « combat », quand le seul legs qui leur reste se concentrer sur le fait d’avoir autour d’eux un air de moins en moins respirable, et que même certains peuvent désirer la mort comme délivrance de leurs incertitudes… Je suis souvent resté silencieux de longues minutes à essayer de comprendre ce que peut représenter le « bon combat » dans une vie ? Ma vision des choses était certainement orientée et exerçait une pression liée à mon enfance, liée à mon parcours, à mes rencontres et expériences, - mais je reste là souvent à essayer de comprendre pourquoi ?

« Comme un Martyr, je regarde ces désirs invisibles, dans cette rivière à franchir, en cette nuit, pour ne pas être visible – comme une indifférence, je capte aveugle cette créature, dans cette torture immense, j’aperçois qu’elle est pure, comme un ouvrage, je bois ces paroles… Comme une blessure, je te devine, dans cette aveugle coupure, mais tu restes divine… Aujourd’hui je connais le pire sans pouvoir le dire. »

J’ai pu poser ces mots dans mon premier recueil de poèmes en 2021 « Les cent pas de l’ours ». Aujourd’hui, je tombe dessus et je peux admettre que ces maux sont ceux que j’ai pu entendre de certaines ou certaines – ces mots qui ont le sens de la quête sans fin de se laisser aller, guider… abandonner ! L’abandon, cette chose qui ne les quitte pas depuis de longues années, depuis toujours.

Ils ont cette sensation d’abandon, pour certains, ils ont été abandonnés et sont » invisibles » à nos yeux. Ne se retrouver en aucun groupe, être à côté de ce monde fou qui ne veut pas les accepter, ce monde qui opprime, ce monde qui ne veut pas les comprendre et les juge sans savoir.

Ils vont se mettre de côté et se construire ce monde à eux, virtuel dans leur rivière à franchir qui semble n’être que l’eau pure de la vie, l’eau de dieu ! Ils vont dans leurs nuits revivre et se créer un monde à eux qui va les convenir et les tenir « sécurisant » capté par ces créateurs du net qui vont les hypnotiser et les rendre aveugles à la réalité de leurs échanges.

Ils aperçoivent cette lueur, cet ouvrage qui se dessine à leurs yeux et envahit leurs cœurs fragiles – ce cœur ouvert à accepter n’importe qui serait leur donner un soupçon de sensibilité, de compréhension, d’humanitude ! Leur dire simplement « tu existes à mes yeux » et là ! Ils vont se rapprocher à ces mots. Encore ce dimanche 16 octobre 2022 M6 va diffuser un reportage à charge sur la protection de l’enfance comme en 2020 février juste avant la crise de la COVID. Ils stigmatiser les établissements, le travail de prise en charge, les éducateurs et démontrer l’inefficacité des missions avec une absence des départements et du gouvernement pour faire PEUR ! Ils vont faire des ponts et autres parallèles pour bien pointer du doigt que les jeunes sont violents et acteur de la violence de l’institution, que les jeunes se droguent, et que la prostitution est existante devant des éducateurs impuissants et non diplômés.

Certes, rien n’est simple et facile dans la prise en charge au sein des MECS et autres établissements de la protection de l’enfance, certes aujourd’hui et depuis plusieurs années il y a une mutation des situations des jeunes placés – un changement des souhaits des éducateurs, une autre vision globale de la prise en charge et les départements qui mettent la pression sans cesse sur les directions - toutes ces mutations ont favorisé des changements et complexités dans la prise en charge, mais la volonté est toujours là ! L’envie est toujours présente ! Et cela ne sert à rien de venir pointer du doigt certains points sensibles dont nous sommes conscients et œuvrons au quotidien pour améliorer le suivi. Nous traversons une crise globale, un moment de souffrance globalisée ou nous retrouvons du personnel éducatif en souffrance, en grande précarité… Certains éducateurs se retrouvent dans des situations personnelles plus que critiques, en accumulant des problèmes financiers, personnel et psychologique – dans mon expérience de direction au sein de la protection de l’enfance, j’ai pu voir, toucher du doigt et encore. Aujourd’hui en 2023, je vois et j’accompagne quand cela est possible, quand les salariés acceptent d’être aidés et surtout accepte de reconnaître leur situation en courbant l’échine et tendre la main ! Pas simple quand vous êtes en posture d’accompagnant, en posture d’éduquant, en posture d’exemple d’être soit même en échec ! Si je reviens rapidement en arrière de deux années, ces deux dernières années où nous avons tous vécu la crise de la COVID, nous avons tous connu des situations compliquées, dans la protection de l’enfance au sein de nos établissements, nous avons travaillé sans relâche, sans repos, sans congés… sans reconnaissance de notre gouvernement et surtout de notre hiérarchie et dirigeant associatif, j’étais au sein d’une grosse association regroupant plus de 3000 salariés et 95 établissements – je dirigeais un ensemblier de service et une MECS, placement familial, service MNA, accueil d’urgence et autres ! J’ai vu de mes propres yeux et entendu des salariés me dirent « monsieur le directeur, je ne veux pas mourir ! Je veux rentrer chez moi ! » oui, des salariés en pleurent, des arrêts maladie en cascade, des chefs de service à cran avec les mesures de l’ARS qui changeaient deux, trois, quatre fois par jour et nos jeunes en décalage de la situation – au sein d’une MECS (Maison pour enfant à caractère social) j’ai pu faire jusqu’à 16 semaines d’astreintes de suite entre mars 2020 et août 2020 – avec une absence totale de la tête de l’association, des situations ubuesques où notre DG était chez lui et nous 7 jours 7 sur le terrain – sur un accueil d’urgence une nuit un veilleur m’appelle en urgence pour intervenir, à peine arrivée au moment de monter les escaliers pour accéder au service d’urgence, les jeunes m’attendaient dans le noir et me sautent dessus en criant « enculé on va te filer le COVID » ils me touchaient et me crachaient dessus ! Et cela n’est qu’une expérience, il y en a eu des dizaines et des dizaines plus terrible les unes que les autres pendant cette période et je vais dans un prochain ouvrage revenir sur la protection de l’enfance et sur cette période et revenir sur ce qui fait débat cette semaine du 24 au 28 octobre 2022 entre des articles dans la Presse Sud-Ouest fera une page entière le mercredi 26 octobre et le lendemain un direct sur France Inter au 7 h 30 concernant cette nouvelle phrase « file dans ta chambre » est c’est une forme de violence ou pas ? Est-ce que l’on doit interdire à l’enfant l’amener à la frustration ou pas ? Quand nous pensons que nos penseurs du moment passent leur temps et investissent les chaînes de radio et plateaux télévisions comme des pages entières dans la presse sur cette « phrase », je ne comprends rien à notre société ! Et à juste titre, j’ai entendu une psy qui pouvait évoquer que 80 % de ces personnes ne sont pas des professionnels et seulement des charlatans et beaux parleurs – au sein de la protection de l’enfance, nous sommes pour notre part au cœur de ce problème sociétal « l’éducation » cette situation et utilisation de cette « phrase » est prenante dans les MECS – il se peut et arrive que nous puissions solliciter un jeune à se rendre dans sa chambre avec une explication au sens donné ! Nous pouvons nous apercevoir dans certaines situations avec des carences affectives prononcées que les jeunes évoquent cette situation comme une réprimande grave et un rejet.

Au sein de la famille, l’accompagnement de mots déposés à cette phrase est rarement utilisé, beaucoup de parents vont utiliser cette phrase comme une échappatoire et exutoire personnel, éprouvant une frustration devant les mots ou maux déposés par leurs enfants et une incapacité de répondre à leur tour par des mots, il y a dans beaucoup de cas certainement une souffrance de l’enfant, impossible de sa part de verbaliser autrement que par un acte ou violence qui va entraîner un rejet et donc une confirmation que la société ne veut pas de lui. Un non-sens ? Non, une réalité actuelle.

Ces interactions provoquent des situations abandonniques avec cette jeunesse qui peut mal vivre ces injonctions sans explication, juste pour satisfaire le monde des adultes qui sont incapables de mettre un cadre, de dire les choses, de verbaliser une crise… Que sommes-nous devenus ? À quel moment tout a basculé ?

Un jardin ou rien ne bouge,

Au calme des cieux,

Il est comme ce lac rouge,

Aux rives audacieuses.

Un jardin aux longues pensées,

Avec ses craintes et soucis,

Il pleure ces tristes soirées,

Qui l’amène au bout de la nuit.

Un jardin orné de pierres immobiles,

Qui s’émerveille du soleil,

À voir les poissons qui scintillent,

Dans leur plus simple appareil.

Un jardin de regrets,

Avec sa froideur,

Un jardin où l’on naît,

Un jardin où l’on meurt…

En silence dans l’ignorance du monde !

Nous retrouvons et récupérons énormément de ces situations au sein de nos établissements comme les MECS et des jeunes brisés, nous ne pouvons pas expliquer cette situation et de leur côté ils expriment cette multiplicité d’abandon comme une fatalité de leur existence personnelle. J’ai le souvenir en écrivant une chose qui m’a marqué et resté encore aujourd’hui une base de travail et réflexion : le gouvernement va mettre dans un premier temps des instances au sein des départements pour se pencher sur les fins de parcours des jeunes et les échecs de notre système de la protection de l’enfance et la globalité du système social en France. Le secrétaire d’État donc sollicitera les présidents et présidentes de région à organiser des réunions avec les associations sur le thème des « sorties sèches » les jeunes qui quittent notre système et non pas de solutions – nos jeunes que nous accueillons, soutenons, aidons, accompagnons, nourrissons et d’un seul coup il faut tout arrêter, car ils ont 18 ans dans certaines région de France et d’autres acceptent de prolonger par le biais de contrat jeunes majeur jusqu’à 21 pour les plus généreux, mais cela reste à la marge. Certes nous devons malheureusement avoir une date butoir acter une fin de prise en charge, nous ne pouvons sans fin les garder au sein des MECS (Maison pour enfant à caractère sociale) ou dans des services de type APMN « accompagnement personnalisé en milieu naturel » comme en Charente – Maritime ou cela est possible.

Il faut se réinventer et donc œuvrer à revoir notre système et créer des passerelles, comme les APMN (Accompagnement personnalisé en milieu naturel) alors « en milieu naturel » n’est très adapté au sein d’une association de Charente-Maritime le CAFIC ils ont pensé autrement et créer un service AELI (Accompagnement en logement individualisé) terme plus approprié il me semble que le milieu naturel ! avec des salariés en suivi comme un CIP (Chargé d’insertion professionnelle) les accompagner à être autonome sur le sujet de la mobilité en leur faisant passer le permis AM ou ancien BSR pour conduire un scooter – et se scooter est mis à disposition par l’association cela permettant de pouvoir se déplacer pour aller suivre une scolarité ou une formation ou alors son emploi et envisager sereinement de penser au permis B.

Il faut malgré tout avoir un personnel assidu et présent derrière le jeune suivi pour éviter les échecs de parcours – le tout avec une étroite coordination avec les services du département (c’est actuellement le cas sur la Charente-Maritime). La présidente est attentive aux établissements sociaux comme la direction de la DEF « direction enfance famille » ! Dans les trois établissements que je dirige comprenant 7 services différents, nous avons l’écoute des salariés de la DEF du département entre autres sur les orientations et sollicitations de Contrat Jeune Majeur. Tous les départements ne sont pas identiques dans leurs politiques sociales et surtout les salariés des DEF non plus ! Et là c’est terrible que certains ne viennent que pour le salaire ou soient maltraitant avec les jeunes et sans cœur ! Sur le Rhône-Alpes au sein d’une association plus axée sur le chiffre que sur l’enfant, j’ai une expérience de Direction de pôle – un jour une éducatrice du département nous a déposé un jeune de 16 ans avec un sac poubelle ou il y avait quelques fringues sales dedans… Sur une chaise dans un couloir de la MECS ! C’était une situation complexe de par ce jeune perdu et agité par les mouvements et successions de logements proposés ! Oui c’était un jeune dur au demeurant, voir violent avec un dossier comprenant une multitude de plaintes contre lui, certes mais je jeune homme n’a pas souhaité venir au monde pour se retrouver aujourd’hui ici dans ces conditions ! On ne naît pas mauvais, on le devient… Quand vous êtes pris en charge par la protection de l’enfance, il s’avère que nous nous devons d’être un peu au minimum à l’écoute et nous nous devons d’être là pour vous « protéger » je ne pointe aucune dérive pouvant faire les choux gras de certains journaleux avides de relier à BFMTV ou CNEWS ces infos pour encore une fois revoir M6 sur des reportages hallucinants et dégradants pour nos jeunes et nos salariés qui font ce qu’ils peuvent…

Ce jeune était là seul posé sur une chaise ! Elle est partie son éducatrice sans nous prévenir… Elle nous dira plus tard « je n’en pouvais plus avec lui ! » je peux la comprendre, mais elle aurait pu rester un moment pour nous rencontrer et lui dire qu’elle n’y arrivait plus ! Je pense qu’il pouvait l’entendre et même cet échange aurait pu être constructif aussi ! Nous l’avons retrouvé seul sans un mot… Comme je les appelle « des escargots qui portent leur maison sur le dos… un simple sac plastique et que l’on déplace de lieu en lieu sans rarement les investir et demander leur choix ». Il intégrera l’accueil d’urgence et à peine 10 jours après il posera les premiers actes de violence sur le personnel – nous avions à l’époque un bon chef de service certes « mon ami Olivier » qui a quitté cette Mecs et accueil d’urgence pour aller retrouver sa famille et région dans la Sarthe au sein d’une autre Mecs… Il a cette approche auprès des enfants délicate et sensible pour leurs permettre de verbaliser et leur donner de l’attention… cette chaleur humaine !

Il a tout tenté avec ce jeune qui nous fera tout ! Vraiment tout ! Jusqu’à nous agresser avec un couteau… Il sera au quotidien dans violence, alcool, drogue, maltraitance sur les autres jeunes… Un jour je lui propose de l’emmener quelques jours dans un autre établissement en campagne dans la Bresse, il est d’accord de venir avec moi (car nous notre structure MECS était au centre d’un petit village et proche de Lyon avec toutes ces tentations et lien familiaux) au détour d’un rond-point à Villeurbanne, il va sauter de la voiture en marche ! Oui après avoir tenté de la faire alors que je roulais à plus de 100 sur une 4 voie… Pendant que je conduisais, il appelait des personnes pour venir me bloquer et le récupérer ! Il sautera et je n’aurais plus de nouvelles de lui… Puis quelques semaines après les gendarmes l’ont rattrapé et incarcéré pour multiples violences ! C’est malheureusement ainsi… Nous n’avons rien pu faire avec lui, il est arrivé trop tard et trop éloigné d’une possible insertion ! Des situations complexes comme celle-ci, nous en rencontrons trop souvent.

La plupart des jeunes garçons ou filles arrivaient au sein de cette Mecs ou Accueil d’urgence à partir de 16 voire 17 ans, nous n’avions que peu de temps pour les poser, investir les lieux et envisager une suite ! Donc ils pouvaient exprimer que :

« Encore une MECS de merde et rien pour moi, de toute façon vous allez me foutre dehors dès que j’aurais 18 ans donc allez-vous faire foutre ! » Ils ont raison…

Il y avait un directeur de MECS qui m’avait contacté et envoyé un jeune de son établissement pour l’accueillir dans un de nos accueils d’urgence, car il avait fumé dans sa chambre à plusieurs reprises ! Donc une sanction de 15 jours dans un accueil d’urgence ! Terrible pour le jeune… encore une traduction de l’abandon. On l’a gardé 1 mois sans aucun problème ! Il y a cette disparité des directions, des règlements intérieurs des MECS, des cultures et des passions de notre mission, de vie…

Les CEF (Centre éducatif fermé).