Dans la tête des HP - Jérémy Michel - E-Book

Dans la tête des HP E-Book

Jérémy Michel

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Beschreibung

Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi certaines personnes changent souvent de centre d’intérêt ? Pourquoi elles éprouvent des difficultés à réaliser des choses simples alors qu’elles sont à l’aise dans des domaines complexes ? En clair, pourquoi elles ne parviennent pas à débrancher leur cerveau... et se sentent en décalage avec le monde qui les entoure ?

Brisant les étiquettes, les auteurs, fondateurs de l’Académie des HP, portent un regard original et inédit sur la question du Haut Potentiel par le biais d’une toute nouvelle approche basée sur les neurosciences. Le modèle développé dans ce livre est plus qu’une révélation, il a déjà fait ses preuves auprès de nombreuses personnes. À travers des exemples du quotidien, les auteurs couplent théorie et pratique dans le but d’apporter des solutions concrètes pour (ré)apprivoiser son cerveau, apprendre à vivre en harmonie avec soi-même et avec les autres. Ce livre est à mettre entre toutes les mains : au-delà des HP, il s’adresse à tous les proches, enseignants, collègues, managers, psys, coachs... qui cherchent des clés pour mieux analyser certaines situations et interagir pleinement et efficacement avec les Hauts Potentiels et autres Hyper-Préfrontaux.

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Seitenzahl: 183

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Dans la tête des

HP

La Renaissance du Livre

Drève Richelle, 159 – 1410 Waterloo

www.renaissancedulivre.be

Dans la tête des HP

Édition : Anne Delandmeter

Correction : André Tourneux

Couverture et mise en pages : Martine d’Andrimont | ARTIFICE CONCEPT

e-ISBN : 9782507057633

Dépôt légal : D/2022/12.763/15

Tous droits réservés. Aucun élément de cette publication ne peut être reproduit, introduit dans une banque de données ni publié sous quelque forme que ce soit, soit électronique, soit mécanique ou de toute autre manière, sans l’accord écrit et préalable de l’éditeur.

Patrick Gros Jérémy Michel

Dans la tête des

HP

Du haut-potentiel à hyper-préfrontal

À Mathilde, grâce à qui j’ai pu écrire ce livre, et à mon fils, Pierrick, pour qui je l’ai écrit

Patrick Gros

Au Grand Bonheur, et à celle qui le co-écrit

Jérémy Michel

INTRODUCTION

Introspection, détection, libération

Patrick Gros

Je me suis souvent perdu dans les méandres de mon cerveau. Le GPS constamment en panne, j’allais dans toutes les directions et aucune à la fois. Il m’arrivait de tourner en rond ou de partir si loin que personne ne savait où j’étais. Dans mon monde, il ne pouvait pas exister un seul trajet, et surtout il m’était impossible de prendre mécaniquement deux fois le même chemin, sans m’interroger sur la pertinence de ce choix. Chaque pas était une remise en question perpétuelle.

Quand la plupart de mes copains prenaient des autoroutes toutes tracées, je me dépatouillais dans mes chemins de traverse, jalonnés de mille et une pensées sur l’intérêt de ce parcours, tout en jalousant l’assurance de mes amis à garder le cap sans en dévier ni le questionner.

Je ne me sentais pas comme eux. Ils m’acceptaient, mais comme on donne le couvert à l’étranger qui frappe à la porte un soir d’hiver. Je n’appartenais pas à leur clan, je n’arrivais pas à accéder à leurs codes, je ne les comprenais pas et, pis encore, je ne me comprenais plus.

Il m’est arrivé tant de fois d’implorer mon cerveau de devenir « normal », de ressembler aux autres, de mettre un terme à cette différence, de trouver LA voie dans mon océan de nuances. Leurs vies semblaient si douces, si paisibles tandis que la mienne me secouait dans des montagnes russes interminables. J’étais toujours affublé de ce cerveau bouillonnant qui ne cessait de m’interpeller, de me parler, de me questionner, de me réveiller, de me blesser, de me solliciter, de me héler, de m’appeler, de me gratter... sans jamais pouvoir le stopper ! J’avais mal, mal à m’en arracher les neurones.

Le regard posé sur moi par ma famille, mes proches, mes professeurs, mes collègues... et finalement tous ceux que je croisais, commençait à refléter mes souffrances. Je n’arrivais pas à m’expliquer ni à leur expliquer pourquoi je réagissais comme cela. Pourquoi chaque geste ou chaque parole faisaient l’objet d’analyses infinies, de raisonnements et contre-raisonnements et d’une remise en cause constante de ce qui était établi. J’entendais souvent à la maison : « Quand vas-tu cesser de te torturer et de nous ennuyer avec tes questions et ton comportement ? Tu es de plus en plus bizarre. Nous allons finir par te prendre un rendez-vous chez le docteur. » Ce n’est pas d’un médecin dont j’avais besoin mais plutôt d’un mode d’emploi. Quelque chose qui me permettrait de comprendre mon fonctionnement ou qui je suis, d’expliquer pourquoi je fais ce que je fais et pourquoi je pose ces questions. J’avais besoin d’apprivoiser mes pensées, mes émotions et mes actions. Après tout, il existe bien des notices pour les grille-pain ou les réveils. Mais pour moi, je n’en trouvais pas. Et si de mode d’emploi il n’y avait point, je ne devais pas être normal…

Pendant de longues années, j’ai cherché à comprendre comment arrêter mon cerveau et, n’y parvenant pas, à lui proposer une brève pause ou un armistice le temps d’une paix passagère, ou mieux encore à co-créer un bouton on-off. En vain.

Je n’étais pas comme les autres, sans savoir pourquoi. Je m’accommodais difficilement de ce cerveau en ébullition constante. Il fallait bien vivre avec, alors nous cohabitions. Avec ses hauts et ses bas. Je jouais parfois avec lui pour m’en échapper, il se jouait de moi pour me rattraper. J’avais pris perpétuité, jusqu’au jour où…

Quarante ans venaient de sonner à mon horloge. D’errements en certitudes, j’avais construit ma vie. Parfois curieux, de temps en temps taiseux, je m’expliquais facilement des choses qui paraissaient compliquées pour autrui. Je passais aussi des heures bloqué sur un exercice quand d’autres l’achevaient en deux minutes. J’adorais me plonger dans le fonctionnement des microprocesseurs puis découvrir, le jour suivant, les différentes façons de faire voler un hélicoptère. Je m’engouffrais dans le montage de maquettes puis, à peine achevées, j’écumais, à la vitesse de la lumière, les informations sur la vie des éléphants d’Afrique ou m’attelais à des puzzles composés de plus en plus de pièces. Pour autant, je pouvais rester coi devant une simple porte à ouvrir ou passer des heures à effectuer des recherches sur internet pour l’achat anodin d’un tabouret.

C’est d’ailleurs en cherchant sur le web un livre sur la cuisine vietnamienne, qu’à la 1.247e page ouverte, je suis tombé sur une publicité invitant à passer un test WAIS-IV1. Interloqué par le nom, qui aurait pu être celui d’un vaisseau spatial, j’ai continué à cliquer pour m’informer. Sans vraiment discerner encore aujourd’hui ce qui m’attirait dans cette annonce, je trouvais amusant de passer ces épreuves. Conforté par mon médecin, je m’y suis inscrit. Je n’ai pas été déçu.

Je me souviendrai longtemps de cette phrase prononcée au moment où l’on me tendait la feuille de résultats : « Vous êtes ce que l’on appelle un Haut Potentiel, un HP2. »

Je ne savais pas encore exactement ce que c’était. Au moins j’étais, enfin, quelque chose ou quelqu’un de répertorié, de connu. Je m’étais senti si seul jusqu’à ce jour et ce test me révélait des données pour décoder ma personnalité. Ce n’était pas encore le mode d’emploi tant espéré mais au moins ma caractéristique figurait dans un manuel.

J’étais passé à côté de cela pendant quatre décennies. Combien de nuits sans sommeil aurais-je pu éviter, combien de jours de doute aurais-je pu m’épargner ? Ce test me guidait vers la lumière, comme s’il venait d’installer un nouvel éclairage dans ma tête. Pour l’une des premières fois, je respirais calmement, presque apaisé.

Cela a été une révélation, une libération. Comprendre enfin que j’étais, certes, différent mais que ce n’était pas grave. Quel bonheur ! Quel soulagement ! Je vous rassure, mon cerveau tournait en ébullition, peut-être même plus encore que d’habitude. Les questions ne s’interrompaient pas, mais elles me paraissaient, soudainement, « normales ». Paradoxalement, je n’ai probablement jamais paru plus décalé que ce jour-là. Pris dans le tourbillon de cette (re)naissance, je répétais en continu et à haute voix dans la rue « je suis comme vous, je suis comme vous… je ne suis pas fou, je suis haut potentiel ». J’étais toujours le même homme mais j’empruntais enfin le chemin de la compréhension de mon fonctionnement interne.

Je n’avais pas encore mon mode d’emploi mais je réalisais que je pouvais me regarder différemment. Je recevais l’autorisation de ne plus me penser « cassé ». Et j’apprenais que je n’étais pas seul. J’allais donc élaborer mon propre mode d’emploi et, mieux, j’allais aider d’autres à découvrir le leur. J’avais trouvé ma mission de vie. Dans la foulée, j’ai changé de profession, je suis devenu coach et j’ai pris l’engagement d’amener les HP3 et leur entourage à mieux se comprendre. Ce livre s’inscrit tout naturellement dans mon cheminement.

Je me suis fondé sur mon expérience personnelle et ma pratique de coach pour développer un modèle inédit de compréhension du fonctionnement des HP, basé sur la programmation neuro-linguistique (PNL)4 et les neurosciences.

Mon objectif est de proposer une nouvelle grille de lecture du HP et de son cerveau, afin qu’il puisse trouver des pistes pour apprivoiser son mode de fonctionnement et piloter son intelligence.

Mon modèle, présenté dans ce livre, vise à lutter contre les étiquettes en ce qu’elles privent la personne de sa responsabilité et de son pouvoir d’agir. Être HP n’est ni une condamnation ni une absolution. Ce modèle a donc pour vocation de balayer des préjugés encore trop prégnants sur les HP, comme ceux liés à leur pensée en arborescence, leur hypersensibilité et leur procrastination.

Le monde est rempli de HP heureux et mon présupposé est que la clé pour en faire partie est de se comprendre soi-même pour pouvoir agir en conséquence.

Si ce livre contribue en plus à ne plus confondre identité et comportement, à évacuer certaines croyances bloquantes et à aller vers plus d’harmonie avec soi-même et les autres, ce sera ma cerise sur le gâteau.

« J’aurais gagné du temps »

Jérémy Michel

Il y a des rencontres plus importantes que d’autres. Des hasards qui font parfois bien les choses. Je n’étais à la recherche de personne, et pourtant j’ai trouvé ce qui me faisait défaut depuis tout petit sans le savoir : une explication, une compréhension de mon fonctionnement.

Patrick et moi étions tous les deux en formation de coaching et, au détour d’une conversation, je lui ai parlé de ma façon d’appréhender certaines situations de la vie quotidienne, somme toute banales, en lui faisant part de mes questionnements, tout en lui affirmant que « tout le monde faisait comme ça ».

Je me souviendrai toute ma vie de son regard, de ses yeux percutant mon cerveau, de ses mots qui venaient s’engouffrer dans mes veines quand, après m’avoir écouté, Patrick m’a répondu : « Non, Jérémy, tout le monde ne réagit pas de cette façon », en me donnant quelques exemples que vous trouverez dans ce livre.

D’un coup, mon passé est remonté : mon incapacité à faire mes lacets jusqu’à l’âge de 15 ans, âge où j’ai commencé à subir mes premiers échecs scolaires. Je me suis remémoré mon enfance et l’ensemble de ces règles que tous semblaient connaître sauf moi ; les engueulades pour mon insolence ; mes difficultés à expliquer certaines choses ; mes envies continues de pratiquer différents sports ; mon incapacité à choisir ; ces nuits entières passées à faire ce que j’aimais et mon inertie devant des actions que je jugeais sans intérêt. Je me suis souvenu de mes liens d’amitié avec des personnes toujours plus âgées que moi, de mes difficultés à m’endormir, de mon impossibilité à me sentir à l’aise dans certains endroits, de ces reproches que j’entendais à « vouloir aller plus vite que la musique », des regards sur moi quand je posais trop de questions, et surtout… de ce cerveau qui ne s’arrête jamais de me parler !

Me sentant troublé dans cet échange avec Patrick, j’ai insisté en lui affirmant que cela devait être pareil chez tout le monde, que le cerveau de tous était toujours branché sur ce qui se passe, s’est passé et/ou se passera. Qu’il était inconcevable de ne pas regarder autour de soi… bref d’être toujours en mouvement cérébral ! Penser, c’est vivre, non ?

Poussés par ma curiosité et entraînés par sa vision du HP, nous avons mis en commun nos réflexions et nos idées, nous entraidant et mobilisant nos forces respectives. Patrick a développé son modèle à l’épreuve de nos expériences personnelles et professionnelles. Ce livre est le résultat de ces échanges.

Patrick avait de l’avance sur moi. Il a, comme évoqué dans son introduction, été détecté HP il y a quelques années. De mon côté, lors de nos séances de recherche, de mises à l’épreuve de son modèle et d’écriture, j’ai pris peu à peu conscience de l’existence de l’Hyper-Préfrontalité et cela a été pour moi l’occasion d’un nouveau départ, l’acquisition d’une nouvelle boussole. J’arrive à concevoir que tout le monde ne pense pas (forcément) comme tout le monde.

Je ne sais pas ce que c’est d’être HP, je ne le suis d’ailleurs peut-être pas. Je n’ai pas fait de test de QI et j’ai tellement la trouille de me planter que je n’en passerai pas. Et d’ailleurs pourquoi en passer un puisque je me sens maintenant à l’aise dans des situations qui, jusqu’à cette rencontre avec Patrick, me causaient troubles, angoisses et questionnements sur moi.

Travailler ensemble sur ce projet m’a lavé de beaucoup d’inquiétudes, m’a nettoyé de nombreuses images négatives en faisant notamment disparaître ma perception de n’être qu’un nul, un imbécile ou un fou. Ce modèle, à l’épreuve de ma vie, m’a apporté de la sérénité, de la confiance et a renforcé mes liens avec ma femme et mes enfants, dont un a été détecté HP. Il ne serait pas surprenant, me dit-on, que les deux autres se retrouvent aussi dans les lignes qui précèdent et qui suivent.

À la lecture de ce livre, je vous souhaite de vivre cette même expérience. Si j’avais eu la chance de connaître ces modes de fonctionnement plus jeune, d’apprivoiser plus tôt l’Hyper-Préfrontalité, ma vie et celle de mon entourage en auraient été simplifiées, apaisées. J’aurais gagné du temps et, surtout, je me serais mieux aimé.

1. WAIS-IV – Échelle d’intelligence de Wechsler pour adultes.

2. Tout au long de ce livre, le terme « haut potentiel » ou « HP » est utilisé de façon générique pour faciliter la lecture. Il est autant féminin que masculin. Il est évident qu’aucun humain n’est la copie d’un autre et donc que chaque HP a sa propre identité.

3. Pour faciliter la lecture, HP sera utilisé en place de « haut potentiel » tout au long de ce livre.

4. La PNL, ou programmation neuro-linguistique, est un outil de développement personnel et d’accompagnement au changement élaboré dans les années 1970 aux États-Unis par John Grinder et Richard Bandler.

CHAPITRE 1 Le HP : définition(s) ?

Définition et détection du HP

À l’origine, la définition du Haut Potentiel se résumait à un score de 130 ou plus au test du Quotient Intellectuel5. Les HP représentaient les 2 % de la population les plus « intelligents », une caste qui ne pouvait que réussir. Vu sous cet angle, seul un manque de travail, de motivation ou de sérieux pouvait mettre un HP en situation d’échec et lui seul pouvait en être tenu pour responsable.

Ces vingt dernières années, des psychologues ou autres coachs se sont de plus en plus vu adresser des enfants en situation d’échecs scolaires malgré un QI supérieur à 130. Ils ont donc, sur la base de leur travail, développé une nouvelle approche6, définissant alors le HP non seulement comme ayant un QI supérieur à 130 mais aussi ayant un « mode de fonctionnement différent ».

Ce mode de fonctionnement comprenait, par exemple, la tendance à la procrastination, l’hypersensibilité ou encore une estime de soi fragilisée par ses échecs scolaires. En somme, il s’agissait d’une liste de caractéristiques qui amenaient alors incompréhension et malheur dans la vie du HP.

Dès lors, être HP ne prémunit plus de l’échec scolaire mais en devient même une cause. Or cette approche ne pouvait qu’être biaisée : la casuistique entraîne une généralisation du HP en tenant compte des cas dont les problématiques les amènent à solliciter l’aide des spécialistes. Elle ne prend pas en considération d’éventuels HP qui ne se trouveraient pas en situation d’échec et qui n’auraient donc jamais été reçus en consultation.

Ce courant a ensuite encore évolué pour ne garder, comme critère de détection du HP, que le mode de fonctionnement différent, sans tenir compte du résultat au test de QI.

Test de QI ou pas ?

Écarter le test de QI des critères de détection du HP n’est pas dénué de sens mais pas sans danger non plus. S’agissant du seul outil quantitatif et standardisé connu pour évaluer le fonctionnement cognitif, le test de QI permet une certaine forme d’objectivité dans la détection du HP. C’est pour cette raison que ces tests servent toujours de base pour les institutions dans les procédures de reconnaissance de besoins scolaires spécifiques par exemple. Néanmoins, un test de QI reste un test auquel le HP n’est pas à l’abri de sous-performer, globalement ou en partie, justement, nous le verrons plus loin, en raison de son mode de fonctionnement. En outre, ne pas tenir compte de cette part subjective du vécu du HP en exigeant un test de QI avant toute reconnaissance de ses besoins revient, pour une institution comme un établissement scolaire, à ne donner un mouchoir à un élève qui pleure qu’après réception de l’avis de décès de son grand-père. Si un résultat homogène supérieur à 130 peut être un indicateur fiable d’un mode de fonctionnement différent, un score inférieur ou considéré comme trop hétérogène ne doit pas de facto exclure la possibilité de se trouver face à un HP.

En excluant le test de QI, ce courant ne garde donc qu’une liste de caractéristiques générales qu’un entretien qualitatif permettrait de reconnaître chez une personne afin de déterminer si, oui ou non, elle entre dans la « case » HP.

La définition du HP se confond alors avec ces caractéristiques plus ou moins communes. Ce ne sont pourtant que des indices, des premières possibilités de détection pour éveiller une attention particulière si certaines attitudes se répètent ou si elles deviennent problématiques.

Caractéristiques du HP

L’organisme « Haut Potentiel Québec »7, par exemple, propose cette liste de caractéristiques : « Sur le plan intellectuel, on retrouve souvent plusieurs des éléments suivants :• une grande curiosité,• une grande capacité d’attention sur les sujets qui l’intéressent,• un langage élaboré, structuré, dès le plus jeune âge : ils n’ont pas ou très peu « parlé bébé »,• un intérêt pour les jeux qui demandent de la réflexion,• l’envie d’apprendre à lire avant l’âge « classique »,• un grand intérêt pour les questions métaphysiques : la vie, la mort, l’Univers, les dinosaures…,• un grand intérêt pour les lectures « encyclopédiques »,• un changement rapide des champs d’intérêts dès qu’ils sont maîtrisés ou une fois dépassé le point de compétence,• une grande mémoire,• un grand sens de l’observation et du détail,• une pensée créatrice, divergente qui pourrait générer un manque d’organisation.Sur le plan affectif ou émotionnel, on recense chez le HP plusieurs des facteurs ci-après :• une très grande sensibilité émotionnelle face à l’injustice, aux reproches, à l’échec,• une tendance à la négociation, due notamment à un profond besoin d’équité,• une hyperesthésie des sens, qu’elle soit visuelle, auditive, olfactive…,• une motivation liée à l’intérêt,• un besoin de sommeil inférieur à la moyenne,• un sens de l’humour parfois particulier,• une grande empathie,• des peurs non « conventionnelles » pour leur âge, comme la peur de la mort vers 3 ans ou celle de la fin du monde car le soleil explosera un jour,• une préférence pour lier des amitiés avec des enfants plus âgés ou des adultes,• une faible tolérance à l’autorité « brute » ; ces personnes demanderont sans arrêt la justification d’une règle surtout si elle n’a aucun sens à leurs yeux,• un esprit critique très développé,• un perfectionnisme qui apporte doute, peur de l’échec et/ou procrastination.Sur le plan scolaire, on remarque souvent des traits communs repris ci-dessous :• une absence apparente de méthodologie ; par exemple les enfants préfèrent utiliser « leur » méthode et pas les méthodes scolaires et ils auront besoin d’aide sur ce point,• une grande capacité ET rapidité d’apprentissage ; le besoin de répétition est faible ou inexistant,• de possibles difficultés en calligraphie (surtout chez les garçons),• une forte résistance à l’apprentissage dit « par-cœur »,• un ennui (rêverie ou agitation) qui peut être confondu avec du TDA(H)8 alors que l’attention est présente,• une difficulté à justifier un résultat, à argumenter ; ces personnes voient mentalement, mais éprouvent de grandes difficultés à expliquer leur raisonnement, leur réflexion,• des résultats en dents de scie : à l’école, cela pourra être en fonction des matières, des enseignants (liés à l’affectif),• une excellente expression orale pour un écrit « catastrophique ».

Un HP possède rarement toutes ces caractéristiques et une personne qui présenterait ces signes peut aussi ne pas être HP.

Devant tant d’incertitudes et d’imprécisions, la détection s’avère alors éminemment subjective.

Devant une liste de descriptions aussi génériques, un peu comme un horoscope qui semble coller à tout un chacun, il est possible de se fourvoyer. Le risque est grand d’étiqueter, soi ou son enfant par exemple, HP au moindre signe de procrastination, d’échec scolaire ou d’hypersensibilité (notion elle-même également subjective).

À l’inverse, le HP en questionnement sur son identité pourra se dire que ces caractéristiques sont présentes chez tout le monde et en conclure qu’il n’est pas plus HP que n’importe qui.

Ce flou en termes de définition et de détection, combiné à l’ultramédiatisation de la notion du HP ces dernières années, remplit les rues et les réseaux sociaux de HP parfois erronément autoproclamés et de HP qui s’ignorent.

À bas les étiquettes !

Être HP (ou se croire HP, et/ou se trouver dans des situations de questionnement) n’est ni une condamnation à souffrir, ni une absolution, une excuse à réagir n’importe comment, n’importe quand, avec n’importe qui, en famille, en société, au travail ou ailleurs. Le HP ne dispose pas automatiquement d’un ticket gagnant pour vivre mieux, mais il n’a pas non plus vocation à être mal dans sa peau. Il aspire à être lui-même, avec ses qualités et ses défauts, avec ses atouts et ses faiblesses, avec ses apprentissages, ses expériences et ses croyances.

Vers une nouvelle définition du HP au vu des neurosciences

Les définitions du HP que l’on trouve dans la littérature se bornent le plus souvent à constater les effets externes d’un mode de fonctionnement particulier, les caractéristiques du HP.

Aucune n’en explique l’origine et encore moins ses rouages internes en répondant à la question de ce qui se passe réellement dans la tête du HP entraînant ces caractéristiques.

Le HP aurait une pensée en arborescence ? Pourquoi et qu’est-ce que cela signifie exactement ? Pourquoi un QI de 134 impliquerait-il hypersensibilité et/ou procrastination ? Pourquoi un HP, considéré comme intelligent, raterait-il à l’école ?

Les avancées en neurosciences et en imagerie cérébrale ont permis de mesurer, chez le HP, une plus grande connectivité neuronale, notamment dans le cortex préfrontal.

L’Approche neurocognitive et comportementale (ANC) créée par le Dr Jacques Fradin9