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Ce livre s'adresse à des croisiéristes en navigation sur la Saône et le Rhône. Après une brève synthèse de la géologie et de l'hydrologie, il présente l'histoire et le patrimoine des villes riveraines des deux voies d'eau, entre la Bourgogne et la Camargue. Les aménagements créés par la Compagnie Nationale du Rhône pour améliorer la navigation et produire de l'énergie hydroélectrique sont décrits également. Un chapitre spécifique est consacré au réchauffement climatique et à l'élévation du niveau marin qui va impacter le delta du Rhône d'ici la fin du siècle. Enfin, le dernier chapitre démontre que la voie d'eau est un acteur majeur, mais fragile, de lutte contre la pollution, les émissions de CO2 et le réchauffement climatique. Ce livre est présenté en version bilingue: français/anglais. This book is aimed at cruise passengers navigating on the Saône and the Rhône. After a brief summary of geology and hydrology, it presents the history and heritage of the towns bordering the two waterways, between Burgundy and the Camargue in France. The facilities created by the Compagnie Nationale du Rhône to improve navigation and produce hydroelectic energy are also described. A specific chapter is devoted to global warming and the rise in sea level which will impact the Rhône delta by the end of the century. Finally, the last chapter demonstrates that the waterwaterway is a major, but fragile, player in the fight against pollution, CO2 emissions and global warming.
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Seitenzahl: 307
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Dans le cadre d’une démarche éco-responsable, cet ouvrage est proposé dans les deux versions, imprimée et numérique (e-book). Pour éviter le gaspillage de papier, le stock est volontairement réduit, le livre étant imprimé à la demande, après commande.
Titres déjà parus en langue française, du même auteur, chez l’éditeur Nombre 7 (Nîmes, France) / Titles already published in French, by the same author.
Habiter ou abandonner le littoral d’ici 2100, prospective et propositions pour l’Occitanie (publié en 2020) ;
Ces îles de Méditerranée qui n’en étaient pas il y a 20 000 ans (publié en 2020) ;
La vie des îles autour du monde, naissance, histoire, présent, futur probable … (publié en 2021) ;
Cités déjà englouties, littoraux bientôt submergés (publié en 2022) ;
Vingt mille kilomètres sous les mers (préface de Jean Verne, arrière-petit-fils de Jules Verne, ouvrage publié en 2023).
En préparation, ouvrage à paraître prochainement en langue anglaise / In preparation, book to be published soon in English :
Still living on the coast in the 22nd century
Préambule
Avertissement au lecteur
Chapitre 1 : Tracé des deux voies d’eau, principales villes traversées et vignobles proches
Les étapes sur la Saône
Les escales le long du Rhône
Les vignobles
Chapitre 2 : Géologie et géomorphologie fluviale
Rappels sur les ères géologiques
Géologie de la vallée de la Saône
Synthèse géologique de la vallée du Rhône
Description de la dynamique fluviale par Charles Lenthéric en 1892
Morphologie, transport solide et sédimentation
Chapitre 3 : Hydrologie des deux voies d’eau et notions d’hydraulique fluviale
Complémentarité de la Saône et du Rhône
Synthèse hydrologique sur le bassin de la Saône
Synthèse hydrologique sur le bassin du Rhône
Notions d’hydraulique fluviale et écoulements sous-terrains
Chapitre 4 : Histoire, patrimoine le long des voies d’eau
Saint-Jean-de-Losne, canal de Bourgogne
Verdun sur le Doubs
Chalon-sur-Saône, canal du Centre
Tournus
Mâcon
Montmerle, Fareins et Grelonges
Villefranche-sur-Saône
Trévoux
De Trévoux jusqu’à Lyon, tracé sinueux et existence de plusieurs îles.
La Saône à Lyon
Lyon, la confluence
Sur le Rhône, au sud de Lyon, vers Vienne et Saint-Romain-en-Gal
Condrieu et les Roches-de-Condrieu, en vis-à-vis de part et d’autre du fleuve
Serrières
Saint-Vallier, Tain l’Hermitage
Tournon, Valence
Viviers
Pont-Saint-Esprit
Avignon
Villeneuve-lez-Avignon
Tarascon, Beaucaire
Arles
Port-Saint-Louis-du-Rhône
Les traversées du Rhône à l’aval d’Arles
Fos-sur-mer et l’Anse Saint-Gervais
Chapitre 5 : Aménagements réalisés sur le Rhône pour la navigation et la production d’énergie hydro-électrique
Etat du Rhône à la fin du XIX
e
siècle
Les missions historiques de la CNR
Environnement et protection de la nature
Surveillance et entretien des ouvrages
Chapitre 6 : Prélèvements d’eau en rive droite, irrigation et développement touristique du Languedoc-Roussillon (région Occitanie)
La création de la CNARBRL
La mission Racine en Languedoc-Roussillon
Chapitre 7 : Focus sur le delta du Rhône : la Camargue et sa vulnérabilité à la submersion marine
Historique de la formation et des aménagements en Camargue
Risques de submersion marine du delta
Prise en compte du réchauffement climatique et de l’élévation prévisible future du niveau marin
Simulation de la submersion marine dans le delta du Rhône
Sixième Rapport du GIEC (20/03/2023)
Chapitre 8 : Le Rhône, acteur majeur de lutte contre la pollution, les émissions de CO
2
et le réchauffement climatique
Comparaison du CO
2
émis dans l’atmosphère selon le type de transport
Comparaison des émissions de CO
2
selon les modes de production d’énergie
Futur projet de centrale osmotique à l’embouchure du Rhône
Le Rhône : bon exemple, mais fragile à moyen terme
ANNEXE / APPENDIX 1 : Traduction en anglais / English translation
Preamble
Chapter 1 : Route of the two waterways, main towns crossed and nearby vineyards
Chapter 2 : Geology and fluvial geomorphology
Chapter 3 : Hydrology, river hydraulics
Chapter 4 : History, heritage along the two waterways
Chapter 5 : Developments carried out for navigation and the production of hydroelectric power on the Rhône
Chapter 6 : Right bank water abstraction, irrigation and tourism development in Languedoc-Roussillon (Occitanie region)
Chapter 7 : Focus on the Rhone delta: the Camargue and its vulnerability to marine submersion
Chapter 8 : The Rhône, a major player in the fight against pollution, CO2 emissions and global warming
ANNEXE / APPENDIX 2 : Bibliographie / Bibliography
Crédit des cartes et illustrations
Remerciements
L’auteur
À mes ancêtres bateliers,
et mes autres aïeux,
dont certains vécurent
le long de ces voies d’eau,
à Tournus, Mâcon, Fareins, Lyon,
Vernaison, Irigny, Saint-Vallier, Tain l’Hermitage, …
Depuis plusieurs décennies, on trouve en librairie d’excellents ouvrages de navigation de plaisance sur la Saône et le Rhône, en particulier ceux des éditions du Breil ou les guides Vagnon. Citons aussi le livre La France au fil de l’eau, guide du tourisme fluvial, rédigé par VNF (Voies Navigables de France). Ce dernier titre présente également la gastronomie et le tourisme « fluvestre1 ».
Par ailleurs, les livres qui décrivent les villes traversées par ces voies d’eau sont nombreux eux aussi, et certains rappellent l’histoire et présentent également le patrimoine.
Signalons enfin le site internet capsurlerhone.fr2 qui a mis en ligne l’histoire de 2000 ans de navigation sur le Rhône et l’axe Rhône-Saône.
D’autres ouvrages abordent très en détail l’hydrologie et la géomorphologie du Rhône, comme par exemple Pour saluer le Rhône (Bravard, et al., 2016). Sur la Saône, dès 1962, il existait une carte3 de navigation, mais pour l’archéologie, ce sont les livres de Louis Bonnamour qui font référence (Bonnamour, 2000 ; 2009 ; 2012), ainsi que les publications d’Annie Dumont pour la morphologie et la dynamique fluviale (Dumont, 2002).
Il existe aussi des études récentes sur le Rhône, en particulier, celle qui évalue le réchauffement de l’eau depuis 50 ans, ou encore l’étude publiée fin 2022 qui souligne la baisse sensible du débit d’étiage du fleuve, en raison du réchauffement climatique (BRLi, 2022).
Mais à notre connaissance, hormis un ouvrage publié par Charles Lenthéric4 en 1892, il n’existe pas de livre de synthèse de plusieurs disciplines (géologie, géomorphologie, hydrologie, archéologie, histoire du patrimoine des villes traversées par les voies d’eau, histoire de la batellerie, aménagements hydrauliques réalisés au XXe siècle, bilan carbone et lutte contre le réchauffement climatique, etc.) facilement accessible pour des lecteurs, curieux, mais non spécialistes de toutes ces thématiques, intéressés par les eaux intérieures qu’ils découvrent lors de navigations touristiques sur la Saône et/ou le Rhône ou en flânant le long des berges.
C’est le but de ce livre : donner une vision synthétique et actualisée dans un ouvrage de format modeste, pratique en voyage ou en croisière, permettant de suivre les tracés des deux voies d’eau, depuis la Bourgogne, à Saint-Jean-de-Losne sur la Saône, puis en descendant vers Chalon-sur-Saône et Mâcon, pour arriver à Lyon, confluence avec le Rhône, se poursuivant à l’aval de Lyon en passant par Vienne et Saint-Romain-en-Gal, Tain-l’Hermitqge, Valence-Tournon, Avignon, Beaucaire et Tarascon, puis Arles et Port-Saint-Louis-du-Rhône, avant d’atteindre la Camargue et la Méditerranée à Fos-sur-Mer.
Cet ouvrage comprend huit chapitres :
1. Le premier présente rapidement les tracés de la Saône et du Rhône, en listant les principales villes traversées par les deux voies d’eau, ainsi que les vignobles renommés autour de ces villes;
2. Le deuxième chapitre est relatif à la géologie et à la dynamique fluviale ;
3. L’hydrologie et les crues historiques des deux voies d’eau sont présentées dans le troisième chapitre ;
4. L’histoire et le patrimoine des principales villes traversées par la Saône et le Rhône sont ensuite résumés dans le chapitre quatre ;
5. Le cinquième chapitre présente la Compagnie Nationale du Rhône (CNR, Lyon) qui a aménagé le fleuve depuis le premier tiers du XXe siècle, pour le rendre plus facilement navigable, tout en produisant de l’énergie hydro-électrique. Certains textes de ce chapitre ont été rédigés avec la collaboration de Gilles Tratapel5.
6. Le chapitre suivant évoque l’œuvre de Philippe Lamour, qui est à l’origine du développement de la région Languedoc-Roussillon à partir de 1955, grâce à l’irrigation à partir de l’eau prélevée en rive droite du Rhône. Ce sont aussi ces prélèvements d’eau dans le fleuve, qui ont permis la création des stations littorales (La Grande-Motte, le Cap d’Agde, etc.), dans le cadre de la mission Racine6 mise en œuvre à partir de 1963 ;
7. Le septième chapitre est un focus sur la Camargue, dans le delta entre Grand-Rhône et Petit-Rhône. Sa vulnérabilité à l’élévation du niveau marin en raison du réchauffement climatique est présentée en détail ;
8. Enfin, en conclusion de l’ouvrage, le huitième chapitre confirme que le Rhône est un acteur majeur pour lutter contre le réchauffement climatique, d’une part car la navigation de commerce fluvial permet de réduire le nombre de poids lourds, forts émetteur de CO2 sur l’autoroute A7, et d’autre part en raison de la production d’énergie renouvelable grâce au débit du fleuve et son profil en long. C’est aussi dans ce dernier chapitre que le futur projet de production d’énergie osmotique dans la zone du coin salé à l’embouchure est expliqué.
Les chapitres 2 et 3 traitent respectivement de la géologie et de l’hydrologie des vallées de la Saône et du Rhône.
Certains lecteurs qui s’intéressent plus aux villes traversées par les voies d’eau qu’à ces deux disciplines très spécialisées, peuvent ignorer ces deux chapitres et reprendre leur lecture à partir du chapitre 4 qui regroupe une synthèse de l’histoire et du patrimoine.
Soulignons que même si cet ouvrage a été rédigé initialement en langue française, une traduction partielle en anglais est donnée en Annexe 1, pour permettre aux touristes anglophones en croisière sur la Saône et le Rhône de découvrir facilement les sujets traités lors de leurs navigations culturelles.
Finally, it should be noted that although this book was initially written in French, a partial translation into English is given in Appendix 1, to enable English-speaking tourists cruising on the Saône and the Rhône to easily discover the subjects dealt with during their cultural cruises.
1 Voies navigables de France s'attache à développer un tourisme « fluvestre », c'est-à-dire englobant toutes activités touristiques et de loisirs se pratiquant sur et le long des fleuves et canaux (tourisme fluvial, mais aussi itinérance à vélo, randonnée pédestre, balade équestre, paddle, kayak, etc.).
2https://www.capsurlerhone.fr/thematique/navigation-rhone-laxe-rhone-saone/
3 SALAGNAC R., (1962), La Saône de Lyon à Corre (jonction au Canal de l’Est), carte de navigation, Lyon
4 Charles Lenthéric, polytechnicien et inspecteur général des Ponts et Chaussées, membre de l’Académie de Nîmes, a publié Le Rhône, histoire d’un fleuve, à la fin du XIXe siècle.
5 Gilles Tratapel fut le Responsable d’activité Cours d’eau Environnement à la CNR, Direction de l’Ingénierie Technique, Département Génie civil et Environnement.
6 La mission interministérielle d’aménagement touristique du littoral du Languedoc-Roussillon, également connue sous le nom de « Mission Racine » (du nom de son président, le conseiller d’État Pierre Racine), est une structure administrative française créée par décret du 18 juin 1963, pour conduire de grands travaux d'infrastructure en vue de développer le littoral de la Méditerranée dans les départements du Gard, de l’Hérault, de l’Aude et des Pyrénées-Orientales. Cette mission a été lancée à l'initiative de la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (DATAR).
La carte donnée à la page suivante montre le tracé de l’ensemble des deux voies d’eau, la Saône en bleu clair et le Rhône en bleu foncé. Pour le Rhône, le tronçon en pointillé à l’amont de Lyon, n’est pas navigable pour les bateaux de grand gabarit7. Les villes principales que nous évoquerons dans la suite de ce livre sont : Saint-Jean-de-Losne (à la jonction avec le canal de Bourgogne), Verdun-sur-le Doubs, Chalon-sur-Saône (avec la jonction au canal du Centre), Tournus, Mâcon, Fareins, Trévoux, Lyon avant la confluence avec le Rhône. Ensuite seront présentées les villes implantées le long du Rhône dans lesquelles nous ferons une étape : Lyon à partir de la confluence avec la Saône, Vienne (rive gauche) et Saint-Romain-en-Gal (rive droite), Serrières, Saint-Vallier, Tain-l’Hermitage, Tournon (rive droite), Valence (rive gauche), Viviers (rive droite), Avignon (rive gauche) et Villeneuve-lez-Avignon (rive droite), Tarascon (rive gauche), Beaucaire (rive droite), Arles, ainsi que Port-Saint-Louis-du-Rhône (rive gauche) et Fos-sur-Mer. Dans la suite de cet ouvrage, nous ne citerons pas les autres villes sur la Saône en amont de Saint-Jean-de-Losne, ni sur le Rhône en amont de Lyon.
La Saône (tracé en bleu clair) et le Rhône (tracé en bleu foncé), ajoutés sur fond de carte (Source Wikimedia Commons)
7 Bateaux fluviaux de plus de 1000 tonnes de capacité, d’une longueur de 110 m et d’une largeur de 11,40 m.
À Saint-Jean-de-Losne, nous évoquerons l’histoire de la « gare d’eau » et celle de la création du canal de Bourgogne ;
À Verdun-sur-le-Doubs, nous décrirons la confluence avec le Doubs, principal affluent de la Saône ;
À Chalon-sur-Saône, nous présenterons la jonction avec le canal du Centre et nous évoquerons le Musée Nicéphore Niepce, l’inventeur de la photographie ;
À Tournus, nous décrirons l’Abbaye Saint-Philibert, chef d’œuvre de l’art roman ;
Nous ferons ensuite une escale à Mâcon, proche du Beaujolais et de l’Abbaye de Cluny. Rappelons que Mâcon est la ville natale de Lamartine ;
Plus à l’aval, nous nous arrêterons à Montmerle-sur-Saône et Fareins (rive gauche) et à Saint-Georges-de-Reneins (rive droite), pour reconstituer l’histoire du prieuré de Grelonges sur une île de la Saône aujourd’hui disparue ;
À Trévoux, nous rappellerons l’historique de la création du Parlement de Dombes sous François 1
er
;
À Lyon, nous nous arrêterons tout d’abord à l’île Barbe à l’amont de la ville, puis dans le « Vieux Lyon », le quartier médiéval et Renaissance autour de la Cathédrale Saint-Jean en rive droite de la Saône. Nous décrirons aussi la confluence et son nouveau quartier avec le Musée des Confluences.
Au sud de Lyon, il sera prévu une halte dans la ville romaine de Vienne en rive gauche du Rhône et Saint-Romain-en-Gal, en face en rive droite ;
Nous ferons également une escale à Serrières ;
Nous nous arrêterons à Saint-Vallier et Tain-l’Hermitage, puis nous évoquerons Tournon en rive droite, en face de Tain. Plus à l’aval, nous ferons une étape à Valence (rive gauche).
Encore plus au sud, nous nous arrêterons à Viviers, ancienne capitale de la province du Vivarais,
Vivariensis Pagus
, qui appartenait à la province royale du Languedoc jusqu’en 1789 ;
Avignon, l’étape suivante est incontournable en raison de son riche passé et de son patrimoine remarquable, comme le fameux pont d’Avignon ou encore le Château des Papes et les remparts médiévaux ;
Nous nous rendrons ensuite à Villeneuve-lez-Avignon en rive droite, pour rappeler l’histoire de la Tour Philippe-le-Bel ;
Plus au sud, les villes de Tarascon (rive gauche) et Beaucaire (rive droite) sont intéressantes à connaitre elles-aussi et nous nous y attarderons ;
La ville d’Arles sera l’escale suivante, en particulier pour rappeler sa naissance à l’Antiquité ;
Avant le débouché en mer, nous évoquerons le dernier port fluvial en rive gauche sur le fleuve, à Port-Saint-Louis-du-Rhône ;
Un peu plus au sud, nous décrirons les traversées du fleuve, avec le bac du Barcarin sur le Grand-Rhône et celui du Sauvage sur le Petit-Rhône ;
La dernière étape sera Fos-sur-mer, pour évoquer le canal de Marius creusé à l’époque romaine afin de faciliter l’accès aux villes portuaires ;
Dans le delta du Rhône, la Camargue fera l’objet d’un chapitre spécifique, dans lequel la vulnérabilité au réchauffement climatique et à l’élévation du niveau marin sera expliquée en détail.
Les vallées de la Saône et du Rhône sont des régions viticoles qui produisent des vins réputés. Ils sont décrits dans les pages ci-après. Les lecteurs croisiéristes amateurs de bon vin pourront passer aux « travaux pratiques » en dégustant parfois lors des escales ou à bord des bateaux à passagers. À consommer avec modération est une phrase passée aujourd’hui dans le langage courant, quand on évoque le vin. En fait, c’est probablement Saint Bernard, le fondateur de l’ordre des Cisterciens qui serait à l’origine de cette consigne donnée aux moines : moderate bibendum est. Dans son Dictionnaire amoureux du Vin, Bernard Pivot8 cite cette phrase quand il décrit les moines-viticulteurs. (Pivot, 2006). Pour la suite de la présentation des vignobles et des vins rencontrés le long des vallées de la Saône et du Rhône, nous emprunterons aussi parfois d’autres citations à Bernard Pivot. Par ailleurs, nous nous inspirerons d’une chronique9 spécialisée sur la dégustation du vin, co-rédigée par le journaliste œnologue Guillaume Puzo et le chef de cuisine Bruno Ménard.
La Bourgogne viticole est située entre les villes de Mâcon et d’Auxerre. Avec ses 30 000 hectares de production, le vignoble bourguignon représente 4% du vignoble français en appellation protégée. Dans cette région, les cépages évoluent sur des sols argilo-calcaires. Cette situation géographique, climatique et géologique, est idéale pour le pinot noir (40%) et le chardonnay (51%), qui sont les deux principaux cépages de la région. On note également la présence d’autres cépages comme le gamay (dans le Mâconnais), l’aligoté, ou le sauvignon parfois. Le vignoble bourguignon est classé de façon hiérarchique en quatre niveaux d’appellations : régionales (Bourgogne), communales comme le vosne-romanée en Côte de Nuits, les premiers crus comme le meursault Perrières en Côte de Beaune, et les grands crus comme le corton-charlemagne en Côte de Beaune également.
À l’est de ce vignoble s’écoule la Saône et à l’ouest, les monts du Beaujolais10 le dominent.
« Douces collines et vallées serpentines forment un paysage très français, aux ardeurs tempérées, avec de brusques échappatoires et des digressions rêveuses, la forêt en altitude servant de toile de fond. Avec ses magnifiques villages en pierres dorées, le Beaujolais du Sud – ou bas Beaujolais – est plus touristique que le Beaujolais du Nord, mais plus on s’éloigne de Lyon, plus on se rapproche de Mâcon, meilleur est le vin. En gros : au sud le beaujolais simple, au centre le beaujolais-villages, au nord la plupart des crus ». (Pivot, 2006).
Le sous-sol est principalement fait de granite décomposé, sableux que l’on appelle gorrhe, mais certains secteurs sont argilo-calcaires, comme en Bourgogne.
Le grand cépage rouge de la région est le gamay11. En blanc, le seul cépage autorisé est le chardonnay. Il n’existe aucun classement pour ces deux régions. Dans le Beaujolais, les crus jouissent de la meilleure réputation, particulièrement ceux de Moulin-à-Vent, de Morgon, de Fleury et de Côte de Brouilly.
Présent dans la région dès l’Antiquité, le vignoble de la vallée du Rhône connaît une impulsion commerciale au 1er siècle avec les Romains, qui développèrent la culture de la vigne. « Vins des papes » dès le XIVe siècle, les vins des Côtes du Rhône (ancien nom de la région viticole) acquièrent ainsi leur renommée internationale.
Le climat méditerranéen (avec son mistral qui s’engouffre dans la vallée), conjugué avec la diversité des sols (coteaux très escarpés pour le nord, petites collines aux reliefs doux pour le sud), font de la vallée du Rhône, un terroir riche et varié, qui produit des vins dont l’identité est très marquée.
On distingue la vallée du Rhône septentrionale (du nord de Vienne à Valence) et la vallée du Rhône méridionale (au sud, de Montélimar à Avignon). De nombreux cépages composent les vins avec, pour les plus connus : syrah, grenache noir ou mourvèdre pour les rouges, viognier, marsanne, roussanne, bourboulenc ou clairette pour les blancs. Les crus les plus réputés sont, pour les rouges, les côtes-rôtie, les hermitages et les châteauneuf-du-pape. Et pour les blancs, les condrieux et la clairette-de-die.
Pour certains vins renommés de la vallée du Rhône, citons à nouveau Bernard Pivot et son Dictionnaire amoureux du Vin. Il écrit en effet :
« Il allait de soi que dans une famille chrétienne, on ne débouchait une bouteille de châteauneuf-du-pape que le dimanche. Ainsi passait-on en quelques heures du curé qui prêchait la tempérance, ou du missionnaire qui avait partagé la faim et la soif de peuplades que Dieu et ses prêtres martyrs avaient autrefois détournées de l’anthropophagie, au pape rouge à déguster avec le gigot dominical. Costaud le saint-père, de la concentration, épicé, poivré. Très aromatique quand le pape est jeune ; bouqueté cuir et tabac avec le grand âge. Il y avait toujours quelqu’un pour dire : avec un lièvre, il serait encore meilleur ! J’en avais conclu que les papes d’Avignon chassaient dans les vignes ».
« Longtemps, le condrieu a eu la réputation de ne pas voyager. Ou si mal qu’il en était vite dénaturé. Il y a cinquante ans, on disait qu’il ne pouvait guère pousser au-delà de Lyon. À Tournus, il se troublait. À Chalon-sur-Saône, il tournait de l’œil. À Dijon, il était mourant. À Avallon, on ne l’avalait pas car il était mort. Sauf exception, Paris était pour lui inaccessible. Imagine-t-on la détresse d’un artiste qu’un sort injuste empêche de s’afficher dans la capitale ? »
(Pivot, 2006).
A la fin du XIXe siècle, la Compagnie des Salins du Midi avait planté en vignes les plages entre Aigues-Mortes et les Saintes-Maries-de-la-Mer, ainsi que le lido entre Sète et Marseillan. Pour commercialiser ses vins, la marque Listel fut créée en 1955. Le sol est composé uniquement de sables d'origine marine et éolienne. Ils sont dépourvus d’argile et de limon. Avec un sol constitué de sable seulement, ces vins possèdent une grande richesse et une véritable singularité.
Au cours de leurs navigations sur la Saône et le Rhône, les lecteurs-croisiéristes apprécieront probablement les beaux paysages des vignobles. Ils pourront également déguster12 certains des vins décrits dans les pages précédentes. Mais rappelons la consigne de Saint-Bernard donnée jadis aux moines : moderate bibendum est.
8 Né à Lyon en 1935, Bernard Pivot est journaliste et écrivain. Il a passé son enfance dans le Beaujolais. De 2014 à 2019, il a présidé l’académie Goncourt.
9 Voir le site : https://avis-vin.lefigaro.fr/connaitre-deguster/tout-savoir-sur-le-vin
10 Le nom vient de la capitale historique : Beaujeu.
11 Ce cépage gamay révèle ses arômes de fruits rouges très tôt, après une cuvaison raccourcie. Il est à l’origine de la réputation du « beaujolais nouveau ». Bernard Pivot explique que « pour comprendre le succès phénoménal du beaujolais nouveau, il faut être meilleur psychologue qu’œnologue. Novembre est le mois le plus triste de l’année. Temps froid, mouillé, venteux. L’été et les vacances ne sont plus que des photos. Le 1er ou le 2, on a visité les cimetières. Le 11 on célèbre la victoire de millions de morts. Il y a toujours des grèves. Noël paraît encore très loin. On s’ennuie. On a le moral dans les chaussettes. Et voilà que, le troisième jeudi, déboule un vin gai, hardi, aux joues rouges, à la bouche de printemps, qu’on déguste moins qu’on ne lampe comme un élixir de jeunesse et de bonne humeur. Dans la mélancolie de l’automne, une envie de fête populaire s’exprime à travers le beaujolais nouveau. Sa chance est d’arriver au bon moment ».
12 Avant de déguster, le lecteur-croisiériste, pourra se souvenir de la citation « On ne boit pas, on donne un baiser à son verre et le vin vous rend une caresse » (Michel de Montaigne)
Avant de décrire la géologie des vallées du Rhône et de la Saône, rappelons brièvement dans le tableau ci-après, la sous-décomposition des ères géologiques, depuis il y a 66 millions d’années, jusqu’à notre époque contemporaine :
Quaternaire
Holocène et Anthropocène
De -10 000 ans à aujourd’hui
Pléistocène (Paléolithique)
De -2,58 millions d’années (Ma) à -11 700 ans
Cénozoïque
Néogène
Pliocène
De -5,33 à -2,58 millions d’années
Miocène
De -23,3 à -5,33 millions d’années
Paléogène
Oligocène
De -33,9 à -23,3 millions d’années
Eocène
De -56 à -33,9 millions d’années
Paléocène
De -66 à -56 millions d’années
Le Pléistocène est la première époque du Quaternaire et l'avant-dernière sur l'échelle des temps géologiques. Elle s'étend de 2,58 millions d'années (Ma) à 11 700 ans avant le présent. Au début du Pléistocène les faunes marines et terrestres étaient proches de nos faunes actuelles. Le genre Homo était probablement déjà présent à la fin du Pliocène en Afrique. La maîtrise du feu est attestée à partir de 400 000 ans environ avant notre période contemporaine ;
Le Paléolithique est la première et la plus longue période de la Préhistoire, durant laquelle les humains sont tous des chasseurs-cueilleurs. Elle est presque contemporaine du Pléistocène. Les humains du Paléolithique sont la plupart du temps nomades, se déplaçant au gré des saisons en fonction des ressources alimentaires disponibles, qu'elles soient végétales ou animales. La densité de population est très faible, en particulier pendant les périodes glaciaires, caractérisées par un climat plus sec. Le Paléolithique commence avec l’apparition des premiers outils lithiques, il y a 3,3 millions d'années en Afrique. Il s'achève il y a 11 700 ans avec la fin de la dernière période glaciaire, qui ouvre la voie au Mésolithique en Europe et dans de nombreuses régions du monde. Le Paléolithique couvre donc environ 98 % de la durée de la Préhistoire, qui s'achève avec l'apparition de l'écriture vers 3 300 ans av. J.-C. en Mésopotamie. Le Paléolithique, le Mésolithique et le Néolithique se succèdent dans cet ordre et forment l’âge de la pierre. (Bon, 2016). Le terme « Paléolithique » vient du grec παλαιός / palaios (ancien) et λίθος / lithos (pierre). Il peut donc se traduire littéralement par « ancienne pierre ». Le terme a été inventé en 1865 par le préhistorien John Lubbock13 pour désigner l'âge de la pierre taillée, par opposition à l'âge de la pierre polie ou Néolithique, « nouvelle pierre », qui s’étend environ sur la période de 5800 à 2500 ans avant notre ère.
L’Holocène est l’époque géologique s’étendant sur les 10 000 dernières années, toujours en cours de nos jours. C’est une période interglaciaire relativement chaude, qui suit le dernier âge glaciaire du Pléistocène (dénommé Würm dans les Alpes).
Pour certains auteurs, l’Anthropocène aurait succédé à l’Holocène à la fin du XVIIIe siècle, en raison de l’invention de la machine à vapeur et de la révolution industrielle à partir de laquelle l’influence de l’être humain sur la biosphère a atteint un tel niveau qu’elle est devenue une « force géologique » majeure capable de marquer la lithosphère (qui est la couche externe de la croûte terrestre constituée de plaques mobiles). (Lorius et al., 2011).
Les descriptions de la géologie des deux vallées de la Saône d’une part et du Rhône, d’autre part, sont issues du site : http://geolfrance.brgm.fr/.
La vallée de la Saône se présente comme une plaine, et plus précisément un glacis qui descend depuis le pied des côtes, vers 220 m, vers la Saône vers 180 m. Comme la Bresse, elle repose sur plusieurs centaines de mètres de vases déposées par un grand lac disparu de l’époque Pliocène : le lac de Bresse a occupé la région au cours de plusieurs périodes glaciaires du Pléistocène, dont en particulier les glaciations de Mindel et de Riss14.
À l'Oligocène (34 Ma à 23 Ma), les fortes poussées de la plaque africaine à l'origine de l'orogenèse alpine diminuent, une période dite de relaxation s'installe. Les contraintes de collisions s'estompent. Cette phase de détente va entrainer la formation d'un rift nord-sud au cours duquel de grands blocs s'enfoncent lentement le long des failles existantes pour donner naissance aux fossés d’effondrement de l'Alsace, de la vallée de la Saône et de la Bresse, de la vallée de la Grosne, du Bas-Dauphiné et plus à l'ouest des Limagnes (vallées de la Loire et de l’Allier). Dans ces bassins d'effondrement très profonds, les rivières vont déposer des sédiments détritiques (plus de 1000 mètres par endroits dans le bassin de la Saône). Par contrecoup, les bordures des bassins d'effondrement se relèvent, c'est pendant cette période également que le seuil de Bourgogne se soulève.
Un ouvrage très intéressant, publié en 2002, explique la morphologie et la dynamique fluviale de la Saône. En voici un extrait :
« La Saône draine une plaine tertiaire orientée nord-sud (de la Haute-Saône jusqu’à la région lyonnaise), limitée à l’est par le Jura, à l’ouest par les reliefs des côtes chalonnaise et mâconnaise. Cette plaine de Saône remplit le fossé bressan des géologues, fossé tectonique qui se forme au cours de l’Eocène et de l’Oligocène, puis se comble progressivement. La dernière phase de remplissage est située au cours du Plio-Pléistocène (Dumont, 2002).
Puis, au cours du Quaternaire, le système ou réseau de la Saône se met en place à travers la plaine ainsi formée :
« Un système fluviatile s’est incisé selon un tracé proche de celui d’aujourd’hui et des vicissitudes sont tributaires des avancées glaciaires alpines, jurassiennes et vosgiennes. Les premiers stades nous échappent faute de sédiments capables d’apporter une information et une datation (Rat, 1984).
Dans son ouvrage rédigé en 2002, Annie Dumont rapporte aussi les débats d’expert entre différentes hypothèses pour la dynamique fluviale:
« La présence de nombreux sites archéologiques repérés dans les berges au XIXe siècle, les fouilles subaquatiques récentes de vestiges en place dans le lit mineur, ainsi que la correspondance presque systématique entre la liste des hauts-fonds détectés dans les archives du XIXe siècle avec la cartographie des sites connus, incitent également à croire en la permanence et en la stabilité du profil en long de la rivière, et donc du chenal actif actuel, au moins depuis l’Âge du Bronze et plus probablement depuis le Néolithique. D’après J.-P. Bravard, « une pente faible et la très forte cohésion des matériaux formant les berges ont ainsi favorisé une stabilité quasi-parfaite du lit de la Saône à l’Holocène » (Bravard, 1997).
Cependant, C. Petit, dans sa thèse sur la Bresse au Plio-Pléistocène, émet une hypothèse différente : pour lui, le déplacement de la Saône vers l’ouest, constaté au cours du Quaternaire, semble se poursuivre durant les périodes historiques (Petit, 1993). Mais cette hypothèse repose seulement sur deux observations dont l’interprétation peut être remise en cause.
Ces discussions entre spécialistes sont intéressantes, mais elles sortent du cadre de notre ouvrage qui s’adresse principalement à des lecteurs-croisiéristes curieux de découvrir la voie d’eau.
Au cours des ères géologiques passées, que nous venons de présenter brièvement au début du présent chapitre, la vallée du Rhône a subi des influences marines, continentales et fluviales accompagnées de mouvements tectoniques consécutifs à la surrection15 des Alpes. La vallée du Rhône existe depuis le Miocène (-23,3 à -5,3 Ma).
Avant cette période, les matériaux sédimentaires du Mésozoïque (-245 Ma à -65 Ma) datant des périodes Trias et Jurassique ont été recouverts par les sédiments du Crétacé et du Cénozoïque. Quelques affleurements disséminés dans la vallée du Rhône se retrouvent encore aujourd’hui :
Trias (-245 Ma à -205 Ma) : affleurements dans la région de Valence ;
Jurassique (-205 Ma à -135 Ma) : affleurements dans le massif de Suzette-Gigondas à l’ouest d’orange, dans la montagne de Crussol près de Saint-Péray ;
Crétacé (-335 Ma à -65 Ma) : à l’étage Urgonien
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, la mer dépose des couches importantes de sédiments calcaire (400 m), qui vont former les massifs crétacés de Marsanne, du Vercors, des Alpilles et du Lubéron. A l’Aptien
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, elle dépose différents calcaires et marnes dans la région de Vaison, Apt et des grès calcaero-marneux dans le Tricastin.
À la fin du Crétacé, la mer se retire et on entre alors dans une période continentale jusqu’au Miocène. Cette régression s’accompagne de dépôts sédimentaires détritiques fluviatiles, lacustres ou saumâtres, compartimentés à la morphologie des différents bassins.
Au Cénozoïque ou ère tertiaire (-66 Ma à -1,8 Ma), les Alpes se soulèvent et se plissent. Parallèlement aux phases de régressions et transgressions marines qui se succèdent, des plissements transversaux est-ouest se mettent en place. Ils résultent des poussées des différentes phases de formations alpines au cours de l’ère tertiaire dans toute la vallée du Rhône :
Au sud de Donzère, et en rive droite du Rhône, ce sont des plis pyrénéo provençaux à l’Eocène supérieur ;
En rive gauche du Rhône, des plis plus importants forment les reliefs du Mont Ventoux et des chaînes du Lubéron et des Alpilles. Ils sont liés à la phase pyrénéo-provençale, mais à une période différente (Oligocène, fin Miocène) ;
À l’ouest du Ventoux, se forme le massif de Suzette-Gigondas, avec les dentelles de Montmirail, qui sont constituées de calcaires déposés au Jurassique, surélevés lors de la formation des Alpes.
Jusqu’au Miocène, l’évolution est hétérogène (fluviatile, lacustre,…), variable selon les endroits :
Calcaires lacustres, marnes dans le bassin de Crest, d’Apt et du Tricastin ;
Dépôts sédimentaires détritiques, sables fluviatiles, calcaires lacustres un peu partout ;
Calcaires marneux, grès, marnes grises dans les bassins d’effondrement.
À partir du Miocène (–23,5 à -5,3 Ma), la mer revient et l’évolution sédimentaire va devenir plus homogène.
Au Miocène, la plaque tectonique africaine qui était à l’origine de la formation des Alpes change de cap, les Alpes poursuivent leur surrection, mais le domaine rhodanien, jusque-là en compression, subit une extension et s’affaisse. La mer Méditerranée envahit cette dépression progressivement jusqu’à l’actuelle ville de Lyon, et même un peu au-delà. Au Burdigalien (-20 Ma), elle progresse, jusqu’au bassin de Crest, puis elle communique avec la Savoie et la Suisse et envahit le Bas-Dauphiné. De nombreux cours d’eau qui descendent des reliefs des Alpes en surrection charrient vers la mer, de grandes quantités de matériaux détritiques, graviers, sables et argiles qui vont se consolider en conglomérats et en grès argilo-calcaires qu’on appelle des « molasses ». Les cours d’eau qui descendent du Massif Central charrient eux aussi des matériaux, mais en plus faible quantité. Au cours des années, les creux et reliefs marins qui forment les bassins miocènes sont comblés par des centaines de mètres d’épaisseur de sables, d’argiles et de marnes. La mer recule peu à peu.
À la fin du Miocène, la série éponyme, constituée de couches sédimentaires différentes (cailloutis, marnes et argiles alluvionnaires,…) va atteindre 1000 mètres d’épaisseur. Ces dépôts remplissent les bassins du Bas-Dauphiné, de Crest, de Visan-Valréas, de Carpentras et du sud du Lubéron. De nos jours, ils forment les collines qui accueillent les vignobles de Valréas, Visan, Vinsobres, Rasteau et Cairanne.
Puis, suite à de nouveaux mouvements tectoniques18 de -5,8 Ma à -5,3 Ma, La Méditerranée se ferme au droit du détroit de Gibraltar et s’assèche partiellement. Vers 5,3 Ma, suite à un nouveau séisme provoqué par le frottement entre les plaques Afrique et Eurasie, Gibraltar s’ouvre à nouveau entre la Méditerranée et l’Atlantique, le niveau marin remonte et un bras de mer envahit les vallées qui vont se combler d’alluvions jusqu’au sud de l’actuelle ville de Lyon. Des marnes de teinte bleue se déposent. Elles affleurent à l’est de Croze-Hermitage et dans les régions de Rasteau et Vinsobre. Le Miocène s’achève par une phase d’émersion consécutive aux mouvements tectoniques qui affectent la région.
La formation des Alpes s’achève au cours du Pliocène, il y a 3 Ma. La mer se retire et de nombreux lacs se forment, puis se comblent progressivement. Le Rhône et ses affluents vont alors charrier des masses considérables de matériaux détritiques, qui vont former de hautes terrasses dans la région de Châteauneuf-du-Pape en rive gauche du Rhône et de Lirac, en rive droite.
Enfin au quaternaire, au cours des deux derniers millions d’années, la tectonique alpine est réduite. Les Alpes, les Pyrénées, les Vosges et le Massif Central se couvrent de glaciers pendant les différentes périodes glaciaires19. Au Villafranchien20 (-1,8 Ma à -0,7 Ma), les fleuves puisant charrient à nouveau d’importants volumes de matériaux (galets, graviers, sables arrachés aux reliefs), que l’on retrouve jusqu’aux abords de Montpellier, sous forme de nappes de galets essentiellement alpins. Les périodes glaciaires vont alors former de grandes terrasses étendues, riches en cailloutis grossiers, qui vont s’étager à différentes altitudes. En rive gauche du Rhône, on retrouve ces colluvions au pied du Massif des Dentelles de Montmirail, de Gigondas, Vacqueyras, Rasteau et Cairanne ainsi que des alluvions quaternaires du Rhône à Châteauneuf-du-Pape, Tavel et Lirac.
À la fin du XIXe siècle, soit une cinquantaine d’années avant l’aménagement du fleuve par la CNR, l’auteur Charles Lenthéric a rédigé une belle synthèse de la dynamique fluviale en décrivant le profil en long d’un fleuve comme le Rhône, depuis sa source en Suisse, jusqu’à son delta en Camargue :
« Tous les fleuves ont une pente variable, mais continue, depuis leur source jusqu’à la mer. Cette déclivité du lit présente toujours la forme d’une courbe parabolique d’une régularité presque parfaite.
Le fleuve est à pentes rapides dans la partie supérieure de son cours. Tous les torrents tributaires du cours d’eau principal corrodent les gorges qui leur