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Beschreibung

Par les pays, les mers et les frontières, écoutez les récits des traversées infernales des exilés grâce aux voix des écrivains.

Ce recueil veut vous donner des voix à entendre. Ces voix racontent les traversées, - de pays, de mers, de frontières ou d’enfers - qui, presque toujours, aboutissent à l’exil. Ces voix sont celles d’hommes et de femmes qui ont vécu, subi ou accompagné les fuites, les cheminements, les tortures et les rêves, brisés parfois. Et qui les écrivent. Ces voix sont celles d’écrivains (d’Irak, de Syrie, du Nigeria, du Congo, d’Espagne, de Belgique ou d’ailleurs) qui disent, de toute la force de leurs mots écorchés, la puissance de l’espoir. Et l’irréductible besoin de fraternité. Les droits d'auteurs issus de la vente de cet ouvrage seront reversés à Médecins du Monde pour ses programmes destinés aux personnes migrantes en Belgique.

Un recueil de récits et de témoignages interpellant qui rassemble différents regards et les sensibilités pour décrire les cheminements et les rêves parfois brisés de ceux qui ont fui ! Les droits d'auteur de cet ouvrage seront versés à Médecins du Monde.

EXTRAIT

De la jetée de la Punta del Santo à Tarifa, on voit arriver, jour après jour, des hommes, des femmes, des enfants, enveloppés dans des couvertures rouges, et dont les gilets de sauvetage orange font ressortir les grands yeux, blancs, aux regards perdus. Quand ils sont nombreux, des journalistes accrédités, des autorités locales et des groupes de curieux sont là. Dans le meilleur des cas, ils descendent la passerelle des bateaux de sauvetage, le pas titubant, encore nauséeux du mal de mer, incrédules après la dure traversée du Détroit. Épuisés. Ils sont escortés par des Guardias civiles et des membres du personnel sanitaire. Certains parlent un peu d’anglais mais la plupart se taisent, baissent la tête. Attendent.
Plus tard, quand les curieux et les journalistes seront partis, quand les projecteurs des bateaux de sauvetage seront éteints et que les autorités locales s’en seront allées, des silhouettes portant des masques et des gants bleus en latex, descendront les autres. Ceux qui n’ont plus rien à partager, à dire, à craindre. Ceux que la mer a pris. Ceux qui n’y sont pas arrivé.
Si la mer était un cimetière, elle serait pleine de croix, de souvenirs de familles, d’individus rudement trainés pendant des milliers de kilomètres, là en bas, sur le fond. Si la mer avait une voix, son cri de douleur serait insupportable.
Qui sont tous ces gens ?
Pourquoi risquent-ils leur vie et la perdent souvent ?
Qui étaient-ils avant que nous leur volions leur identité pour les appeler migrants ?
Comment était leur vie, leur village, leur ville ?
Quelle musique aimaient-ils ? Quels paysages voyaient-ils dont leurs pupilles ont désormais la nostalgie ?
Un chœur de voix, de sensibilités, de regards surgit comme une grappe de vie dans ce recueil. Des traversées et des mots. Des voyages sans fin, qui révèlent un nouvel horizon.

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Des traversées et des mots

Auteurs : Xavier Deutsch, Salim, Ali Talib, Françoise Lalande, Homam Daoud, Lisette Lombé, Serge Bagamboula, Abdullah Maksour, Slimane Benaïssa, Kelechi Johnbosco Kc, Zaid Alsefoo, Fatiha Saïdi, Aliette Griz, Hazim Kamaledin, Pedro Romero, Kokou Boris Don Bright Agbotame, Geneviève Damas

Traducteurs : Christine Defoin, Xavier Luffin, Anne Verbeke

Préfacier : Víctor del Árbol

Pour la présente édition :

© 2019, éditions Mardaga

B-1050 Bruxelles (Belgique)

www.editionsmardaga.com

Cet ouvrage a été réalisé dans le cadre du projet Écritures Migrantes de la Foire du Livre de Bruxelles. Son but est de donner une voix à des auteurs qui, muselés par les circonstances de la vie, se retrouvent chez nous en Belgique, à l’issue d’un périple presque toujours chaotique.

Partenaires : Foire du Livre de Bruxelles, Médecins du Monde, Amnesty International, Fédération Wallonie-Bruxelles, Universités Populaires du Théâtre, TraduQtiv, Refugees got Talent, Bibliothèque communale Hergé et Lejeune Legal.

Les droits d’auteurs issus de la vente de cet ouvrage seront reversés à Médecins du Monde pour ses programmes destinés aux personnes migrantes en Belgique.

Illustration de couverture : Nicolas Sabathier, inspiré d’un tableau du peintre Kelechi Johnbosco Kc

Éditrice : Astrid Simonis

Dépôt légal : 2019/0024/7

ISBN : 9782804707149

Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle du présent ouvrage, par quelque procédé que ce soit, est strictement interdite.

Collectif d’auteurs

Des traversées et des mots

Écritures migrantes

Préface

De la jetée de la Punta del Santo à Tarifa, on voit arriver, jour après jour, des hommes, des femmes, des enfants, enveloppés dans des couvertures rouges, et dont les gilets de sauvetage orange font ressortir les grands yeux, blancs, aux regards perdus. Quand ils sont nombreux, des journalistes accrédités, des autorités locales et des groupes de curieux sont là. Dans le meilleur des cas, ils descendent la passerelle des bateaux de sauvetage, le pas titubant, encore nauséeux du mal de mer, incrédules après la dure traversée du Détroit. Épuisés. Ils sont escortés par des Guardias civiles et des membres du personnel sanitaire. Certains parlent un peu d’anglais mais la plupart se taisent, baissent la tête. Attendent.

Plus tard, quand les curieux et les journalistes seront partis, quand les projecteurs des bateaux de sauvetage seront éteints et que les autorités locales s’en seront allées, des silhouettes portant des masques et des gants bleus en latex, descendront les autres. Ceux qui n’ont plus rien à partager, à dire, à craindre. Ceux que la mer a pris. Ceux qui n’y sont pas arrivé.

Si la mer était un cimetière, elle serait pleine de croix, de souvenirs de familles, d’individus rudement trainés pendant des milliers de kilomètres, là en bas, sur le fond. Si la mer avait une voix, son cri de douleur serait insupportable.

Qui sont tous ces gens ?

Pourquoi risquent-ils leur vie et la perdent souvent ?

Qui étaient-ils avant que nous leur volions leur identité pour les appeler migrants ?

Comment était leur vie, leur village, leur ville ?

Quelle musique aimaient-ils ? Quels paysages voyaient-ils dont leurs pupilles ont désormais la nostalgie ?

Un chœur de voix, de sensibilités, de regards surgit comme une grappe de vie dans ce recueil. Des traversées et des mots. Des voyages sans fin, qui révèlent un nouvel horizon.

Aucun arbre ne peut vivre sans ses racines. Ils le verront.

Et aucun être humain ne peut oublier qui il a été pour savoir qui il continue à être. C’est pour cela que nous écrivons. C’est pour cela que nous lisons. Pour avancer sans oublier.

Avant d’être des étrangers, ils étaient des personnes. Ils s’appelaient Kamel, Yusuf, Fatima, Saika… Ils appartenaient à une communauté, ils étaient pâtissiers, tourneurs, professeurs, avocates, infirmières, pompiers, musiciens, acteurs, journalistes… Avant d’être des étrangers en terre étrangère, ils étaient des amis et des connaissances, dans les paysages de l’enfance, des époux, des fils, des voisins. Avant le cauchemar, ils avaient des rêves. Comme vous. Comme moi. Jusqu’à ce que quelque chose les déracine et les pousse vers l’inconnu.

Le livre parle de ces voix-là, celles d’hommes et de femmes qui ont arraché leur étiquette de migrants pour se présenter, avec leur nom, prénom et histoire personnelle. C’est de leur talent, de leur sentiment, de leur pouvoir de conviction que nous parlent leurs textes à la saisissante beauté poétique, à l’indéracinable espérance, à la dureté de celui qui ne cherche pas la compassion mais la compréhension.

Nous avons toujours été mots. Une poignée d’entre eux pour nous expliquer, nous comprendre, parce que nous sommes frères et parce qu’un jour, peut-être, la mer changera le sens du courant.

Je vous salue de Tarifa où un gamin joue à se cacher de ses copains dans l’épave d’une barque, échouée sur le rivage depuis un moment. Parce que, en fin de compte, la vie gagne toujours.

Toujours.

Víctor del Árbol

Traduit de l’espagnol par Christine Defoin

Introduction

Quand vous organisez une Foire du livre, vous entraînez la convergence de milliers de mots qui s’échangent. Vous vous battez pour que les gens lisent plus, ou lisent encore, ou lisent pour le plaisir. Ou lisent mieux. Vous provoquez des rencontres inattendues. Vous scrutez la réaction du public, des lecteurs, de vos visiteurs. Un enfant, une famille, un ami, un inconnu. D’année en année, vous finissez par les connaître, ces amoureux des mots qui se bousculent amicalement pour découvrir des histoires et repartir avec des piles de livres sous les bras.

Les autrices et les auteurs, vous les connaissez aussi. Vous les saluez au passage dans les allées, vous les invitez à partager un repas, vous leur parlez de ce qu’ils sont, de ce qu’ils aiment, de ce que vous aimez en eux. Vous découvrez les éditeurs, leurs raisons de faire ce métier souvent compliqué, leur enthousiasme à défendre leurs ouvrages avec conviction. Et puis, vous finissez par connaître les autres acteurs : les libraires – toujours le cœur à l’ouvrage –, les bibliothécaires – ces passionnés qui donnent du temps –, les enseignants – ces porteurs de flambeaux –, les traducteurs – ces passeurs de mots, créateurs de l’ombre –. Un « petit » monde d’initiés qui se réunit chaque année, grâce à vous, pour générer d’innombrables interactions magiques.

Alors, bien sûr, vous pensez aux absents, ceux qui ne viennent pas, ceux qui n’osent pas, ceux qui ne peuvent pas. Pourtant, notre site de Tour et Taxis n’est qu’à dix minutes de marche de la Gare du nord, cinq en bus. Il nous arrive d’ailleurs d’affréter des navettes pour faciliter le trajet. La station de métro la plus proche ? Yser ou Ribaucourt. Il suffit de longer le canal.

Mais, moins d’un kilomètre nous sépare du Parc Maximilien, ce lieu de refuge et de fortune devenu le symbole du rassemblement, de la citoyenneté, de la solidarité. Était-il possible alors de réunir autant d’auteurs, de traducteurs, d’éditeurs, de citoyens et de rester les bras croisés ?

Nous nous sommes donc concertés et nous avons voulu, à notre manière, ajouter une pierre à l’édifice de la citoyenneté et de la solidarité construit par ceux qui se mobilisent pour proposer davantage d’entraide. Nous ne voulions pas mener un débat politique malgré le fait que nous avions nos propres convictions. Mais il y a, dans la multitude des parcours de vie, des mauvaises loteries. Naître au mauvais endroit, au mauvais moment, ce n’est pas rare. Qui peut en être tenu pour responsable ? On parle ici de femmes et d’hommes, d’enfants, qui se sont retrouvés sur la route, à fuir, à chercher une solution. Sans imaginer que leur sort serait un jour lié à une question de statistiques ou de dossiers à gérer.

Et comme la Foire du Livre de Bruxelles croit au pouvoir universel de la transmission, par l’écriture et par les mots, et qu’elle se doit aussi d’être l’endroit où l’on approche des écritures nouvelles, nous avons voulu faire en sorte que les lecteurs et les lectrices puissent découvrir des artistes, des écrivains, des autrices, des poètes, des dramaturges avant de voir en eux le réfugié ou le migrant. Nous avons endossé avec enthousiasme et fraternité le rôle de « révélateur de talents ».