Deux contes - Maurice Maeterlinck - E-Book

Deux contes E-Book

Maurice Maeterlinck

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Beschreibung

Les Deux contes que nous publions ici ( Le massacre des innocents, Onirologie) ont paru dans des périodiques.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Maurice Maeterlinck, né le 29 août 1862 à Gand (Belgique) et mort le 6 mai 1949 à Nice (France), est un écrivain francophone belge, prix Nobel de littérature en 1911.

Figure de proue du symbolisme belge, il reste aujourd'hui célèbre pour son mélodrame Pelléas et Mélisande (1892), sommet du théâtre symboliste mis en musique par Debussy en 1902, pour sa pièce pour enfants L’Oiseau bleu (1908), et pour son essai inspiré par la biologie La Vie des abeilles (1901), œuvre au centre du cycle d'essais La Vie de la nature, composé également de L'Intelligence des fleurs (1910), La Vie des termites (1926), La Vie de l’espace (1928) et La Vie des fourmis (1930).

Il est aussi l'auteur de treize essais mystiques inspirés par Ruysbroeck l'Admirable et réunis dans Le Trésor des humbles (1896), de poèmes recueillis dans Serres chaudes (1889), ou encore de Trois petits drames pour marionnettes (1894, trilogie formée par Alladine et Palomides, Intérieur, et La Mort de Tintagiles).

Son œuvre fait preuve d'un éclectisme littéraire et artistique (importance de la musique dans son œuvre théâtrale) propre à l'idéal symboliste.

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MAURICE MAETERLINCK

Deux contes

– 1918 –

 

 

A PARIS

Chez Georges Crès et Cie, Éditeurs 116, Boulevard Saint-Germain, 116 MCMEVIII

Les deux contes que nous publions ici ont paru dans des périodiques ; l'un dans « La Pléiade » (Paris, mars 1886) et l'autre dans la « Revue Générale » (Bruxelles, juin 1889). Le premier a été réimprimé plusieurs fois, et son texte, légèrement modifié par l'auteur, figure dans ce livre émouvant : « Les Débris de la Guerre  » (Paris, Fasquelle, 1917, in-18). On nous saura gré, nous voulons le croire, de trouver à la suite le texte d' « Onirologie », cette œuvre de jeunesse, fort ignorée, ayant l'attrait de l'inédit et offrant, de plus, une curieuse analogie avec les admirables pages publiées récemment par Maurice Maeterlinck, sous ce titre : « L'Hôte inconnu ».

Les Editeurs.

 

LE MASSACRE DES INNOCENTS

Ce « Massacre des Innocents » parut pour la première fois en 1886, dans une petite revue : « La Pléiade », que quelques amis et moi avions fondée au Quartier Latin, et qui mourut d'inanition après son sixième numéro. Si je fais place ici à ces modestes pages d'un dédut sans éclat, — car je n'avais rien imprimé jusqu'à ce jour, — ce n'est pas que je m'abuse sur les mérites de cette œuvre de jeunesse, où je m'étais simplement appliqué à reproduire de mon mieux les divers épisodes d'un tableau du musée de Bruxelles, peint au XVIe siècle par Pieter Breughel-le-Vieux. mais il m'a semblé que les événements avaient transformé cet humble exercice littéraire en une sorte de vision symbolique : car il n'est que trop vraisemblable que des scènes analogues ont dû se répéter dans plus d'un de nos malheureux villages des Flandres ou de Wallonie ; et que pour les décrire telles qu'elles viennent de se passer, il n'y aurait qu'à changer le nom des bourreaux et probablement, hélas ! à en accentuer la cruauté, l'injustice et l'horreur. m. m.

 

 

Ce vendredi, 26 du mois de décembre, vers l'heure du souper, un petit vacher vint à Bethléem en criant terriblement.

Des paysans qui buvaient de la cervoise en l'auberge du Lion-Bleu ouvrirent les volets pour regarder dans le verger du village, et virent l'enfant qui accourait sur la neige. Ils reconnurent que c'était le fils de Korneliz et lui crièrent par la fenêtre : « Qu'est-ce qu'il y a ? Allez-vous coucher ! » mais il répondit avec épouvante que les Espagnols étaient arrivés, qu'ils avaient incendié la ferme, pendu sa mère, dans les noyers, et lié ses neuf petites sœurs au tronc d’un grand arbre.

Ces paysans sortirent brusquement de l'auberge, entourèrent l'enfant et l'interrogèrent. Il leur dit encore que les soldats étaient à cheval et vêtus de fer, qu'ils avaient enlevé les bêtes de son oncle Petrus Krayer et entreraient bientôt en forêt avec les moutons et les vaches.

Tous coururent au Soleil-d'Or, où Korneliz et son beau-frère buvaient aussi leur pot de cervoise, et l'aubergiste s'élança dans le village en criant que les Espagnols approchaient.

Alors il y eut une grande rumeur en Bethléem. Ces femmes ouvrirent les fenêtres et les paysans sortirent de leurs maisons avec des lumières qu'ils éteignirent lorsqu'ils furent dans le verger, où il faisait clair comme à midi, à cause de la neige et de la pleine lune.

Ils s'assemblèrent autour de Korneliz et de Krayer, sur la place, devant les auberges. Plusieurs avaient apporté leurs fourches et leurs râteaux, et se parlaient avec terreur sous les arbres. mais comme ils ne savaient que faire, l'un d'eux courut chercher le curé, à qui appartenait la ferme de Korneliz. Il sortit de sa maison avec le sacristain en apportant les clefs de l'église. Tous le suivirent dans le cimetière, et il leur cria du haut de la tour qu'il y avait des nuages rouges du côté de sa ferme, bien que le ciel fût bleu et plein d'étoiles sur tout le reste de la campagne.

Ayant délibéré longtemps dans le cimetière, ils décidèrent de se cacher dans le bois que les Espagnols devaient traverser et de les attaquer s'ils n'étaient pas très nombreux, afin de reprendre le bétail de Petrus Krayer et le du tin qu'ils avaient fait à la ferme.

Ils s'armèrent de fourches et de bêches, et les femmes restèrent autour de l'église avec le curé.

En cherchant un endroit favorable à leur embuscade, ils arrivèrent près d'un moulin, aux limites de la forêt, et virent brûler la ferme au milieu des étoiles. Ils s'installèrent là, devant une mare couverte de glace, sous d’énormes chênes.

Un berger, que l'on appelait le nain Roux, monta au sommet de la colline pour avertir le meunier, qui avait arrêté son moulin en voyant les flammes à l'horizon. Cependant il laissa entrer le paysan, et tous deux se mirent à une fenêtre pour regarder au loin.

La lune brillait devant eux sur l’incendie, et ils aperçurent une longue foule qui marchait sur la neige. Quand ils l'eurent contemplée, le nain descendit vers ceux qui étaient dans la forêt, et ils distinguèrent lentement quatre cavaliers, au-dessus d’un troupeau qui semblait brouter la plaine.

Comme ils regardaient au bord de la mare, et sous les arbres éclairés de neige, le sacristain leur montra une haie de buis, derrière laquelle ils se cachèrent.

Ces bêtes et les Espagnols s'avancèrent sur la glace, et les moutons, en arrivant à la haie, broutaient déjà la verdure, lorsque Kornelis creva les buissons, et les autres le suivirent dans la clarté avec leurs fourches. Il y eut alors un grand massacre sur l'étang au milieu des brebis amoncelées et des vaches qui contemplaient la bataille et la lune.