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Vous importe-t-il énormément de savoir l'origine exacte du mot Alsace? J'espère que non, car il me faut vous avouer qu'elle est encore douteuse. Pour certains “Ellsass” signifie pays de l'Ill ; pour d'autres les appellations Alesacianes, Alisâzas, Elisâsun, étaient employées par les Alamans pour désigner la région et les peuplades de la rive gauche du Rhin. Dans le doute, évitons de nous prononcer. Si nous ne connaissons pas le mot, nous connaissons au moins la chose : approximativement, l'Alsace est comprise entre la ligne des Vosges et le Rhin, la trouée de Belfort et le cours de la Lauter. Sa superficie est d'environ 800,000 hectares.
La légende, qui se souvient sans doute de la géologie, nous affirme qu'elle fut d'abord un lac où s'épanouissait une vie mystérieuse. Il s'écoula. Dans le sol fertile et dans les vallées, les hommes se multiplièrent. Avaient-ils ou non le crâne allongé? Grave question qui passionne d'autres que les anthropologues. De là dépend, paraît-il, si les populations premières de l'Alsace sont d'origine celte ou germanique.
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Veröffentlichungsjahr: 2022
PARANDRÉ LICHTENBERGER
Orné de douze planches en couleurs et une carte
1912
© 2022 Librorium Editions
ISBN : 9782383834908
AVANT-PROPOS
CHAPITRE I L'ALSACE : UN COUP D'ŒIL DANS L'HISTOIRE
CHAPITRE II L'ALSACE, “LE JARDIN DE LA FRANCE”
CHAPITRE III STRASBOURG
CHAPITRE IV LES CIGOGNES
CHAPITRE V LE CARACTÈRE ALSACIEN
CHAPITRE VI “L'ALSACE À TABLE”
CHAPITRE VII FIGURES DE LÉGENDE
CHAPITRE VIII FRIEDLI ET TRINELE (Récit d'autrefois)[2]
CHAPITRE IX LE SOUVENIR
CHAPITRE X NOËL D'ALSACE
CARTE D'ALSACE
AVANT-PROPOS
L'automne dernier un capitaine posait cette question à cinquante conscrits : “Qu'est-ce que l'Alsace?” Trente-huit répondirent à peu près convenablement. Douze, c'est-à-dire le quart, ignoraient de quoi il s'agissait. Peut-être que cette ignorance est regrettable à toutes sortes d'égards et même un peu déshonorante.
Puisse ce petit livre dénué de toute autre ambition faire revivre à ceux qui connaissent l'Alsace quelques-unes de leurs impressions ; puisse-t-il donner aux autres une idée sommaire de ce qu'elle nous suggère, faire entrevoir au moins le charme si particulier de cette région qui nous tient de si près par tant de liens.
S'il y réussit tant soit peu, c'est peut-être à cause de tout ce que les voix multiples qui montent de cette terre ajoutent à celle de l'auteur. Il tient aussi à associer dans sa reconnaissance tant d'écrivains, sans cesse plus nombreux, qui chacun pour sa part nous ont rendu plus proches l'âme et la vie de l'Alsace. Grâces soient rendues aux vivants et aux morts : aux historiens et aux érudits tels que MM. Charles Grad, Rodolphe Reuss, Georges Delahache, Charles Gérard ; aux purs littérateurs tels que MM. Maurice Barrès, Edouard Schuré, Georges Ducrocq, Paul Acker, Carlos Fischer ; à tant d'écrivains, de connaisseurs, d'amateurs pieux, de lettrés délicats dont les travaux ou les conseils m'ont facilité la tâche : Mesdames Marie Diémer, Gévin-Cassal, E. Herrmann, Röhrich, E. Wust, MM. Bucher, Dollinger, Maurice Engelhardt, Florent-Matter, H. Haug, Kaufmann, Laugel, Stœber, etc. Et je ne veux pas oublier ces deux périodiques admirables entre tous : La Revue Alsacienne Illustrée et Les Marches de l'Est.
C'est à ces sources, à bien d'autres encore que j'ai puisé ; c'est à elles que ce petit livre doit ce qu'il peut avoir de bon.
A. L.
EN ALSACE
Vous importe-t-il énormément de savoir l'origine exacte du mot Alsace? J'espère que non, car il me faut vous avouer qu'elle est encore douteuse. Pour certains “Ellsass” signifie pays de l'Ill ; pour d'autres les appellations Alesacianes, Alisâzas, Elisâsun, étaient employées par les Alamans pour désigner la région et les peuplades de la rive gauche du Rhin. Dans le doute, évitons de nous prononcer. Si nous ne connaissons pas le mot, nous connaissons au moins la chose : approximativement, l'Alsace est comprise entre la ligne des Vosges et le Rhin, la trouée de Belfort et le cours de la Lauter. Sa superficie est d'environ 800,000 hectares.
La légende, qui se souvient sans doute de la géologie, nous affirme qu'elle fut d'abord un lac où s'épanouissait une vie mystérieuse. Il s'écoula. Dans le sol fertile et dans les vallées, les hommes se multiplièrent. Avaient-ils ou non le crâne allongé? Grave question qui passionne d'autres que les anthropologues. De là dépend, paraît-il, si les populations premières de l'Alsace sont d'origine celte ou germanique.
Ce qui est vraisemblable, c'est que ces “murs païens,” ces monuments cyclopéens de grosses pierres non cimentées, dont aujourd'hui encore nous trouvons les traces dans les Vosges, furent bâtis par les autochtones pour se défendre contre les barbares de l'Est. Les premiers textes historiques où il est question de l'Alsace nous la montrent ce qu'elle demeurera : le point de contact, c'est-à-dire souvent le champ de bataille entre la civilisation celto-latine et la Germanie. En 58 avant Jésus-Christ, Jules César, appelé par les indigènes, y défait Arioviste près de Rougemont sur les bords de la rivière de Saint-Nicolas. La voici province romaine ; elle le restera quatre cents ans : la multiplicité des noms de lieu et des ruines atteste la profondeur de l'empreinte reçue.
En 403, les Romains évacuèrent l'Alsace. Ce fut l'invasion des Alamans. Les Francs les soumirent. Pendant plusieurs siècles, le duché d'Alsace se rattacha à l'Austrasie, c'est-à-dire à la monarchie mérovingienne. A la fin du IXe siècle elle échoit à Louis Germanique, et, pour longtemps, elle est entraînée dans l'orbe du St. Empire romain germanique.
Le moyen-âge est pour l'Alsace une période troublée et féconde. Sous la suzeraineté plus ou moins nominale de l'empereur qui est loin, une vie locale active, sinon toujours pacifique, s'y développe. Des châteaux fortifiés, des donjons, des monastères, des églises se dressent de toutes parts. La population des villes profite des querelles des grands pour revendiquer ses droits. En vain de fréquentes invasions, en vain des luttes intestines bouleversent sans cesse le pays. Une race solide s'y constitue avec une civilisation originale, un développement de richesse matérielle et artistique qui est bien à elle. Favorablement accueilli à Mulhouse et à Strasbourg, le protestantisme y accroît l'esprit démocratique. Des relations amicales relient les villes libres de la plaine de l'Ill aux républiques suisses ; une anecdote célèbre les symbolise : celle de la bouillie chaude envoyée par la municipalité de Zurich à celle de Strasbourg et mangée tiède encore à son arrivée, tant la distance était brève et rapides les communications.
Au début du XVIIe siècle, la guerre de Trente ans est l'occasion de ravages atroces. Aussi l'hostilité grandit contre la domination autrichienne, et l'Alsace adhère en majeure partie à cette coalition des petits États protestants qui font bloc avec la France et la Suède contre la monarchie des Habsbourg.
Est-il exact qu'au lit de mort du père Joseph le cardinal de Richelieu se soit précipité pour encore annoncer à son “Éminence grise” la nouvelle si ardemment souhaitée : “Père Joseph, Brisach est à nous!” L'histoire le nie ; mais l'instant était proche où l'Alsace allait être absorbée dans la monarchie française.