Esquisse de la puissance occulte - Ligaran - E-Book

Esquisse de la puissance occulte E-Book

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Extrait : "Je vais tâcher de rapporter succinctement mes impressions politiques depuis la manifestation d'une puissance occulte en 1820. Je tracerai sommairement la marche victorieuse de son génie jusqu'aux barricades en 1830 ; et sans m'arrêter sur les ruines d'une auguste dynastie, je signalerai les principaux faits caractéristiques de ce génie, qu'il me sera permis de qualifier carlo-révolutionnaire ; puisque S.M. Charles X a été le passif mobile d'une hypocrite ambition."

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Seitenzahl: 131

Veröffentlichungsjahr: 2015

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EAN : 9782335050110

©Ligaran 2015

Au lecteur

ÉPÎTRE DÉDICATOIRE.

HONORABLE LECTEUR,

Lorsqu’on reçoit une missive dont l’auteur est inconnu, on se demande tout d’abord : qui est-ce qui écrit ?

Qu’il me soit permis, en vous adressant ce petit travail sous les auspices de la presse, de prévenir une légitime curiosité en me déclarant militaire.

En effet, admis au service de Napoléon, au sortir de l’adolescence, mon âge ne m’a permis d’assister qu’aux funérailles de l’empire, et j’ose dire que c’était avec le crêpe au cœur et la larme à l’œil ; car j’avais l’âme rayonnante de la gloire de nos armes et entièrement dévouée au génie de la France.

S.M. Lous XVIII, reconnaissant dans mes regrets la franchise des affections hybernoises, daigna m’admettre de nouveau au service du pays ; et, me comblant de bonté à une époque de circonspection, m’accorde le commandement d’une compagnie avec ces douces paroles d’une vieille tradition : Monsieur, chez le gentilhomme irlandais, la fidélité est innée.

En combinant ces paroles royales avec celles qui m’ont été adressées en 1820, j’ai dû découvrir de bonne heure et le point de départ et la marche oblique d’une puissance occulte : « Monsieur le capitaine, vous êtes au bout de votre carrière, vous pouvez vous retirer dans vos foyers. » Colonel, lui dis-je, je tiens moins à l’avancement qu’au service du roi et du pays.

Aussi, ce n’est qu’après vingt-deux années de grade que je suis parvenu à dégainer à la force du poignet l’épée d’officier supérieur.

Cette épée réduite en tronçon par les attaques réitérées de la puissance occulte, j’ai cru devoir battre en retraite dès que j’ai pu me retirer avec les honneurs de la guerre. Toutefois, m’arment de nouveau, moins avec ma lame brisée qu’avec ma plume métallique, je me permets de reparaître encore sous les bannières des honnêtes gens.

À cet effet, je m’occupe depuis quelques mois de la recherche de documents sur les manœuvres de la puissance qui fait une guerre nocturne à la civilisation française, et, dans l’espoir d’être plus ou moins utile, j’ose dès à présent détacher en éclaireur cette avant-garde, un mince volume, espérant qu’elle me découvrira quelques renseignements qui soient de nature à faciliter ma marche et encourager mes efforts.

En l’adressant par la voie d’une respectueuse dédicace aux personnes d’un esprit mâle, honnête, consciencieux, c’est oser lui présager la puissante protection des hommes au cœur français, et entourer mon esquisse historique de la bienveillance du gouvernement et des patriotiques sympathies des âmes généreuses, aussi hostiles au machiavélisme qu’elles sont dévouées au progrès de la civilisation, à la liberté et à l’ordre public.

Dans cet espoir et fier de vos suffrages, je suis avec respect,

Honorable lecteur,

Votre très humble et très obéissant serviteur, D’ESMOND.

Montluçon, le 1er mai 1844.

Avant-propos

La révolution de 1830 a laissé une trop profonde impression, sinon sur le globe entier, du moins sur l’Europe, et surtout sur la circonscription française, pour que les personnes pensantes de toutes conditions ne s’en enquièrent avec un vif intérêt.

Aussi, au dire de beaucoup de gens consciencieux, cette subversion de l’ordre des choses, établie par la restauration, n’a été que le résultat de trois journées de résistance à la force publique.

Par cela même que l’erreur est toujours contagieuse, qu’elle est aussi tenace que la vérité, et parfois davantage (surtout lorsqu’elle tient du merveilleux), il importe d’arrêter sa croissance avant qu’elle n’ait pris la consistance et l’aplomb de la réalité dont elle usurpe le caractère et prend les apparences, digne hommage que le faux ne laisse jamais que de rendre au vrai.

C’est dans ce but d’un intérêt historique que je me suis livré à crayonner une rapide esquisse d’une conspiration à jamais mémorable, espérant toutefois qu’elle jouira, sous les auspices d’un bienveillant accueil, du privilège de tant d’autres productions dont la nouveauté réduit ou couvre les imperfections.

Quoique mon plan paraisse trop resserré pour répondre aux vues larges de beaucoup de personnes qui aiment à voir les choses sous toutes leurs faces et dans tout leur développement, la plupart des lecteurs ne me sauront pas mauvais gré d’avoir réduit les dimensions de mon tableau à celles d’un mince volume, et de m’être borné à satisfaire leur légitime curiosité.

Mon point de départ remonte à 1820 ; je traverse les barricades et je m’arrête à 1843, bien qu’il puisse se faire que les bornes qui doivent limiter les évènements ne soient pas définitivement posées.

Toutefois, le héros de cette conspiration révolutionnaire échappe à toutes mes recherches ; il n’en reste que l’impression, son vaste génie, et la formidable phalange de sa puissance occulte.

Et bien que l’histoire et la tradition nous rapportent les traits de quelques génies, bons et mauvais, qui ont exercé leur influence sur la destinée des peuples comme sur la fortune des individus, il nous sera permis de croire que jamais génie n’a fait preuve d’autant de persévérance que celui qui a dirigé la conspiration contre la vieille monarchie française.

Les encyclopédistes refusent à ces esprits mystérieux les vertus qui semblent caractériser l’intelligence supérieure qui a présidé à la révolution de 1830 ; ils prétendent qu’ils ne sauraient manier longtemps les affaires où il faut attention, combinaison et persévérance.

De là nous devons conclure que notre génie révolutionnaire est bien supérieur, et que nous devons le saluer comme suprême intelligence de l’homme, ou une intelligence incréée et créateur qui diffère de l’esprit proprement dit, en ce qu’elle n’a pas de développement progressif, qu’elle se manifeste tout d’un jet, sans l’appui ni de l’expérience ni des sciences acquises ; aussi, ne raisonne-t-elle pas, mais captive la puissance du raisonnement ; c’est, si je puis me servir de la comparaison, une flamme pure qui se produit et embrase par un effet instantané et qui se soutient par la seule puissance de sa nature incréée.

Toute conception hardie, transcendante, sans précédent, et qui ne peut être le résultat de la réflexion, ou s’acquérir par les sens, et dont la communication opère sur les esprits une manifestation lucide qui captive et entraîne, cette conception est celle du génie ; puissance mystérieuse qui agit en bien et en mal, selon qu’elle est le bon ou le mauvais génie. Disons encore que cette puissance nous semble une participation de celle de l’âme ; viennent ensuite les esprits par ordre hiérarchique, qui en sont moins des participations que des manifestations, ayant plus ou moins besoin du secours des sens pour effectuer leurs opérations.

Après ces données, nous pouvons admettre qu’aussitôt la communication faite de la vaste conception du génie révolutionnaire, les esprits privilégiés s’y sont ralliés et ont formé le noyau de la conjuration, autour duquel sont venus se grouper les esprits secondaires ; puis ceux-ci attirent les capacités de troisième ordre, et ainsi de suite ; toutes se précipitant vers le centre d’attraction, l’agrégation révolutionnaire se forme, se renforce et se développe sans que les éléments de cette phalange puissent apprécier ou concevoir le point de départ, ou centre d’action, qui a dû se perdre dans l’obscurité d’un profond mystère.

Tel paraît avoir été le principe et le développement de la conspiration mystérieuse dont l’action a détruit l’organisation sociale de la restauration.

Il en résulte que le génie directeur restera longtemps un être mystérieux ; que les initiés ou conjurés, constituent une puissance occulte qui active le grand personnel de l’association, au gré de l’intelligence motrice.

Chapitre I

Idée préliminaire de cet ouvrage. – L’esprit de l’armée est celui de la nation. – Conséquence d’une bonne coordonnance des pouvoirs. – Premières manœuvres du génie révolutionnaire. – Son premier succès. – Ses bannières et l’adhésion de la couronne. – Leur ultra-blancheur. – Ultra-dévotion des conspirateurs. – Ils gagnent la confiance du monarque. – Ils l’enivrent d’encens. – Régénération de la Grèce. – Succès dans l’Algérie. – Les conspirateurs remuent les esprits des corps législatifs. – Leur esprit machiavélique. – Leurs conseils au roi. – Manœuvres de leur police. – Les pétards ; les piqûres ; les incendiaires. – Incurie des administrations préfecturales et communales. – L’influence d’un berceau.

Ce beau système périra quand la puissance législative sera plus corrompue que la puissance exécutive.

MONTESQUIEU.

Je vais tâcher de rapporter succinctement mes impressions politiques depuis la manifestation d’une puissance occulte en 1820. Je tracerai sommairement la marche victorieuse de son génie jusqu’aux barricades en 1830 ; et sans m’arrêter sur les ruines d’une auguste dynastie, je signalerai les principaux faits caractéristiques de ce génie, qu’il me sera permis de qualifier carlo-révolutionnaire ; puisque S.M. Charles X a été le passif mobile d’une hypocrite ambition. Aussi, je ne me dissimule pas que je m’impose une tâche qui nécessiterait une habitude d’observation peu en rapport avec l’esprit qui convient, de nos jours, à la fortune militaire.

Ce qui m’importe à moi, qui ai sacrifié mes intérêts à l’honneur et aux principes que j’ai crus éminemment français, c’est de mettre de côté les incriminations passionnées, d’être toujours consciencieux, d’écrire suivant les suggestions de mes propres observations et sous les inspirations du patriotisme, bien que ce sentiment soit intempestif et puisse blesser certaines susceptibilités ombrageuses.

Quoi qu’il en soit, je me ferai un devoir de ne point transgresser une des règles de l’ordre social, celle qui conduit la plume aux choses plutôt qu’aux personnes ; bien, toutefois, que l’on ne soit pas tenu de ménager avec grande précaution la sensibilité douteuse de ceux que l’histoire est appelée à flétrir au nom de l’honneur français.

D’abord, comme militaire, je pose en fait avéré que l’esprit de l’armée fut toujours celui de la nation, et, par cela même, il dut éprouver au même degré d’intensité les sensations particulières aux diverses phases de sa civilisation. Que le pouvoir directeur fût absolutiste ou celui d’un chef entouré d’un corps délibérant, ou celui d’un système de gouvernement plus populaire encore, la puissance féciale fut toujours en harmonie avec celle de l’ordre civil.

Toutes les institutions de l’État prospérant sous l’influence de cette heureuse coordonnance des pouvoirs, ont dû perpétuer et faire prospérer la fortune publique et privée.

Cependant, cet état de choses qui promettait des jours prospères et sans nuages, un avenir heureux, fut troublé en 1820. À cette époque de triste souvenir, un malin esprit parcourt nos provinces, s’insinue jusque dans les rangs de l’armée, s’empare des intelligences remuantes, les charge d’une mission qui promet aux apôtres d’un ordre subversif un vaste champ à exploiter, des fruits délicieux et plus beaux que les pommes des Hespérides, enfin une mine riche en trésors.

Tous les ordres de l’État sont bientôt circonvenus par le génie supérieur et créateur qui s’était mis à la tête de cette entreprise, de cette conspiration moins obscure qu’occulte, et d’autant plus propre à grossir les rangs de ses partisans, qu’elle portait ostensiblement sur ses bannières une glorieuse inscription ; le mot d’ordre du christianisme : Civilisation ! !

Le roi très chrétien a dû souscrire à des démonstrations qui furent en rapport direct avec l’esprit qui a toujours animé le cœur des rois de France.

Plus blanc que le drapeau sans tache, celui des conspirateurs se distinguait par son ultra-blancheur. Le roi fut moins royaliste que les infatigables serviteurs de son auguste dynastie ; le pape moins orthodoxe que ces pieux pénitents que l’on voyait assidus aux offices divins et suivre les processions, éclairés par le génie de Laverne, et par le cierge de propitiation gagner ainsi la confiance du prince au nom de Dieu ; l’enivrer de l’encens d’une fausse dévotion ; faire battre son cœur très chrétien par l’expression de leurs vœux pour la palingénésie sociale de la Grèce, pour la liberté des Hellènes ; ces idées étaient d’une heureuse inspiration !

Puis, sitôt que les armes françaises eurent brisé les fers de l’esclavage sur le berceau de la civilisation, et anéanti la piraterie des mécréants barbares de l’Algérie, au nom de la liberté du commerce, les conspirateurs ne manquèrent pas de remuer les esprits dans l’enceinte de la représentation nationale, et sous la protection de la liberté parlementaire, de ternir, ou du moins de jeter de l’ombre sur la gloire du prince en dénaturant les intentions de son gouvernement.

La duplicité de ces menées subversives répondait parfaitement à l’esprit machiavélique qui se répandait également dans tous les corps de l’État, et dont le métropole fut toujours un foyer d’éléments séditieux que la puissance occulte alimentait par des conseils insidieux et propres à surprendre la religion du roi : Agissez, sire, avec vigueur, contre une garde nationale qui prend de jour en jour l’attitude d’un ennemi armé ; frappez ces émeutiers qui manifestent dans les rues l’esprit démagogique qui les anime contre votre maison et l’ordre public.

Pendant que tout avançait ainsi au gré de l’ambition révolutionnaire, que les pétards faisaient leur détonation, que les femmes, atteintes de piqûres d’aiguilles, criaient à l’assassin et faisaient panser leurs blessures, les affiliés de la police de campagne jouaient leur rôle, et, munis de matières incendiaires, infestaient les provinces. Aussi, les meules et les fermes, en proie à ce nouveau moyen d’exaspérer les masses contre le gouvernement du roi, éclairaient au loin les traces de la police occulte.

Nous ne nous étendrons pas sur l’incurie et le laisser-aller de la police préfecturale et communale, pendant les manœuvres d’une machination qui eut pour point de départ le frêle berceau d’un enfant qui semblait intercepter des vues ambitieuses qui, se dirigeant de bas en haut, se portaient vers le trône de saint Louis, au mépris de la constitution de l’État et des vœux de la nation.

Chapitre II

La naissance de Henri de France. – Expression de la reconnaissance publique. – Campagne de 1823. – Succès. – Retour de l’armée. – Arcs de triomphe. – Les accents de la joie. – Le vieux refrein. – Les faux-frères et les inspections générales. – Manifestation d’opinion libérale. – Le crime de tendance. – Épuration régimentaire. – Difficulté d’accusation. – Puissance de l’hypocrisie. – Commission d’enquête. – Fâcheuses promotions dans l’armée. – Langage subversif à la tribune. – Préoccupations du roi. – Victoire de Navarin. – Émancipation des Hellènes. – Le matérialisme est mauvais juge de l’esprit chevaleresque. – Charles X attache la prospérité publique aux progrès de la civilisation et à la liberté du commerce.

Quoi qu’il en soit des machinations occultes et des protestations contre la naissance d’un enfant de France, la foi publique et universelle entoura d’un religieux respect le berceau de Henri Dieudonné. Les basiliques de nos cités, comme les humbles chapelles de nos hameaux, les temples et les synagogues, ont également entonné des accents de reconnaissance envers le Dieu de saint Louis, qui venait de restituer à la France le sang de ses rois, naguère jaillissant sous le poignard de Louvel.

Aussi, malgré les menées sourdes et clandestines de la puissance occulte, qui tendaient à faire échouer le projet de la délivrance d’un roi captif, et dont la réalisation devait réchauffer les sympathies d’une vieille amitié et garantir la prépondérance de deux peuples amis, un Bourbon, jaloux de perpétuer la gloire de nos armes, et puissant par l’amour des Français, déploie le drapeau de nos pères, et, suivi de 100 000 hommes, franchit les Pyrénées, promène nos bannières jusqu’aux colonnes d’Hercule. L’Espagne est sauvée, l’hydre révolutionnaire succombe sous nos baïonnettes encore rayonnantes de la gloire de l’empire ; et l’armée, fière d’avoir rendu à l’ancienne alliée de la France sa liberté sociale en dépit d’une administration circonvenue par l’égoïsme, repasse les monts et rentre dans sa patrie sous des arcs de triomphe, parés de lis et de lauriers, emblèmes des vertus militaires et de la civilisation française.