Être humain - Béatrice Vivien - E-Book

Être humain E-Book

Béatrice Vivien

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Beschreibung

Deux yeux colorés, une bouche, des membres actifs, autant de moyens de communication pour entamer de vraies relations. L'effervescence actuelle provoque trop de frissons. Après avoir plongé dans le passé pour y voir plus clair, vous allez découvrir les moyens de sortir de cette médisance, du monde virtuel et de l'influence financière. Par des rencontres atypiques, des méthodes de recul et de l'écoute, ce livre vous offre des recettes pour estimer tous ces êtres aux coeurs battants, dotés de sentiments, et un vaste choix de conseils en zénitude. Comment profiter pleinement de notre existence ensemble ? Le présent guide remonte le passé pour apprendre à mieux vivre notre futur. C'est une prise d'altitude pour observer ce qu'il se passe sur Terre, entre les hommes. Ce tome décrit les êtres pour qu'ils deviennent humains. Une fois les connexions complexes comprises, elles peuvent être optimisées pour une belle cohabitation. Appliquons la formule suivante : " la somme de nombreuses petites actions, fait de grandes choses". Est-ce que les animaux peuvent nous montrer la voie ? Le final va vous projeter dans une multitude de solutions et de meilleurs conseils pour agir seul ou avec de l'aide, afin d'obtenir un résultat au goût de bonheur. Tous ces faits divers s'envoleront en laissant place à l'écoute, l'empathie et la sérénité : prendre soin de soi. Mieux nous connaissons nos racines et notre façon d'être, plus sûr est le chemin de l'avenir.

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Veröffentlichungsjahr: 2024

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Aux victimes et aux témoins de violences,

Aux aidants et aux familles, pour leur combat,

À tous les praticiens, créateurs de bien-être.

De la même autrice :

50 ans, 50 emplois, BoD, janvier 2023

Travaillons en souriant, BoD, septembre 2023.

CONSTATS ET CONSEILS

INTRODUCTION

UNE ANIMOSITÉ HUMAINE

1. Les images choquantes marquent les enfants à vie.

2. Respecter les consignes, c'est aussi pour soi-même.

3. Trop de violences subies malgré la loi.

4. On récolte les conséquences de nos actes.

DES HOMMES DANS L’HISTOIRE

5. La course à la nourriture.

6. Les différences attirent.

7. La puissance du groupe avérée.

8. Une seule personne au pouvoir douteux.

9. Reconstruire sur de bonnes bases.

10. Un racisme pointé du doigt pour ne pas réitérer.

PEUR DE LA DIFFÉRENCE

11. Voir au-delà des apparences.

12. Terroriser pour fidéliser.

13. L'homme a pris le soin de nommer ses craintes.

14. Le sida est l’affaire de tous.

15. Même punie, l'homophobie reste sous-jacente.

PROPRIÉTÉ PRIVÉE, DÉFENSE D'ENTRER

16. Les sévices sur mineurs sont interdits.

17. Rompre le silence révèle tous les délits.

18. Se méfier des inconnus tombant à pic.

19. Dénoncer le harcèlement scolaire, 3020 un appel gratuit.

20. Déposer plainte pour contrer le cyber harceleur.

21. Une association contre un abus, est un bon début.

POURQUOI PAS UN CHAPEAU !

22. Sécuriser, protéger les mineurs ayant accès à Internet.

23. Parents, ouvrez les yeux face à l'addiction des jeux.

24. Le sommeil n'est pas qu’un truc de vieux.

25. Stopper les écrans après le dîner.

C'EST QUOI LE STRESS ?

26. Le corps est une usine naturelle de stress.

27. Reconnaître l'état de mauvais stress permanent.

28. Rompre l’héritage génétique.

29. Se prémunir pour éloigner nos peurs.

30. Des connexions cérébrales complexes.

31. L’humour fait table rase du quotidien.

32. Le travail manuel précis extériorise le stress.

ATTENTION DANGER !

33. La surmédiatisation augmente la violence.

34. Association sport, fête et alcool : mauvais cocktail.

35. Ne pas entrer dans leur bulle de cruauté.

36. La science au service de la justice des hommes.

37. Interdiction au jugement hâtif !

ARGENT SANS ODEUR, EN VIRTUEL : ENNUIS RÉELS

38. Sans les lire, supprimer les messages douteux.

39. Des arnaqueurs financiers de tout temps, vigilance.

40. Le numérique, une porte ouverte aux infractions.

41. Entre pub et influenceurs, l’argent reste moteur.

42. Dans tous domaines, l’argent est éphémère.

DES LOIS, ET ON FILE DROIT…

43. Les règles des humains sont régies par les lois.

44. Se créer une ligne de conduite en sécurité.

45. Napoléon I

er

, ce roi institutionnel.

46. Impossible de se soustraire aux lois rédigées

LE BONJOUR AMORCE UN DIALOGUE

47. Se respecter soi-même est un pas vers autrui.

48. Se découvrir et se faire confiance.

49. À défaut, communiquez sans parole.

50. Différents mais ensemble.

51. Les couleurs unissent.

COHABITATIONS SUR UNE MÊME PLANÈTE

52. Petit homme en pesanteur.

53. Des tensions envolées.

54. De petites mains pour de grands soins.

55. Des mortels connectés.

56. Prendre modèle sur nos prédécesseurs.

57. Les bêtes, sources d’inspiration au bonheur.

MAINS SUR LE COEUR ET ENTRAIDE

58. Aussi disparates, des passions rassemblent.

59. Une histoire de bien-être à domicile.

60. Des associations pour un trop-plein d’empathie.

61. Se faire aider ne signifie pas avouer ses faiblesses.

62. Persévérer, ne jamais rien lâcher.

63. Les enfants nous montrent la voie.

INTRODUCTION

Notre planète abrite une population bouillonnante. Des êtres aux besoins et envies dissemblables, ayant des goûts et ressentis aux antipodes, pour un résultat étrange. Ce monde devrait être bleu comme l'eau pure, ou blanc comme le symbole de la paix. Seulement, après un état des lieux via ma palette d’écrivaine, j’ai répertorié des actes obscurs ayant causé des sacrifiés et des abandonnés en manque d’humanisme. Vous allez parcourir ces pages, tel un roman sombre donnant des frissons, pour atteindre un dénouement apportant des solutions. Après notre passage, la navigation étant devenue très difficile, on rame pour retrouver les couleurs de la gaîté.

Loin d’être des ermites, nous sommes entourés de personnes aux passés différents. Issus de générations variées, nous avons hérité d’une sensibilité inégale pouvant donner un regard opposé sur la condition humaine. Dans des veines coulent parfois, des peurs enfouies, de la jalousie, ainsi que des histoires d’argent et d’amour.

Point par point, les grandes phases du récit de l'humanité sont abordées pour amorcer la compréhension. Mère de quatre enfants, dont mes deux petits derniers, Tom et Lola sont mes moteurs, la réalité des choses se dévoilera au fur et à mesure qu’ils grandiront.

À l’image d’un drone prenant de l’altitude, il faut savoir sortir du cadre pour y voir plus clair et analyser les problématiques rencontrées. Via des contextes précis, vous découvrirez des personnalités importantes et leurs choix de vie. Un moyen de cerner autrui, qui pourra vous éclairer sur vos façons d'être, en fonction de vos rencontres. Comment remonter le fil du passé pour réussir à prendre soin des autres mais surtout de soi-même ? Une adaptation à toute épreuve existentielle, puisque le but est de se sentir mieux ensemble et trouver la voie guidant vers l’amour des hommes.

J’aime jouer sur les mots, établir un parallèle avec les animaux, décrypter les maux des vivants pour caresser l’espoir qu’un jour Homo Sapiens deviendra bon. Ce livre rassemble le maximum d'astuces pour faire en sorte que tous ces faits divers s'envolent en laissant place à de l'écoute, de l'empathie et de la sérénité.

Être humain est un titre à tiroirs voulant éviter de broyer du noir. Un peu d'histoire pour mieux nous percevoir dans le miroir et tous lancés sur une belle trajectoire qu’il serait possible de nommer : croire en l'espoir d'une victoire.

Soyez les bienvenus dans le monde réel d’Aline, au cœur des hommes vivants, de l’authenticité et de la bienveillance.

UNE ANIMOSITÉ HUMAINE

Quatrième déménagement mais seconde acquisition pour mes parents. En 1974, Claude et Marie avaient jeté leur dévolu sur une habitation urbaine, gratifiée d’une immense parcelle de terre fertile. Je ne me souviens pas d’une quelconque lamentation de ces changements de domicile successifs, seulement d’une amélioration de confort au sein du foyer.

La rue commerçante desservait l'entrée de notre ruelle, avec une servitude de passage pour les voisins habitant tout au fond. La première maison de gauche appartenait à un petit pépé tout ridé de quatre-vingt-quatorze ans, néanmoins très sympathique. De drôles de traits sur le visage mais de l’amour plein le cœur. Il endossait le rôle de nounou temporaire pour Éric, mon cadet de cinq ans. Il hébergeait deux locataires : une jeune coiffeuse au carré très brun. La seconde était une institutrice aux cheveux frisés, aux lunettes dotées de verres très épais, que j'ai eue pendant deux années scolaires.

À suivre du même côté, brillait un mini-jardinet dont seule Marie détenait le secret pour conserver sa floraison en toute saison. En face, notre nid douillet : une habitation simple avec nos chambres à l’étage. Claude, salarié en plomberie, travaillait à une dizaine de minutes à pied. Le rêve.

Après avoir longé les maisons voisines, l'impasse devenait une longue ruelle débouchant sur l'ensemble des parcelles dont la nôtre, tout au fond. Un jour, il faudra que j'y retourne pour voir si un lotissement n'y a pas poussé par hasard. Le week-end, nous allions tous au jardin, parfois avec une assiette remplie d'épluchures à donner aux poules ou aux lapins. Au retour, les enfants ramenaient la récolte du moment composée de magnifiques légumes, et les adultes la brouette chargée de quelques outils.

En tant qu’aînée, je me souviens de mes dix ans. Sandrine avait sept ans, brune aux cheveux taillés à la Mireille Mathieu. Doté de bouclettes châtain, Éric cinq ans était une petite frimousse sage. En guise de temps libre, nous passions notre enfance, cloîtrés au grenier, bien loin des loisirs actuels. Dans le garage attenant, Claude avait installé son établi, ses boîtes remplies de clous ou autres vis, mais aussi tout son outillage électrique.

Au-dessus de cet espace personnel, son trésor, il avait aménagé un faux plafond. Un de mes oncles encore menuisier à l'époque, avait confectionné un ensemble comprenant une table et deux chaises en bois. Marie avait pris soin de peindre les dossiers en rose et en vert d’eau, et le reste en blanc laqué, sans doute le reste de l'intérieur des placards.

Monsieur Paul, représentant en tapisserie et en moquette, habitait la seconde maison. Quand les nouvelles collections sortaient, le voisin se pointait à la maison. Vous avez certainement déjà vu ces énormes catalogues d'échantillons, d'immenses pages de 50 cm par 50 cm, liées entre-elles par de grosses vis dorées. Plus gros que des reliures notariales, néanmoins tout aussi inviolables. Donc, deux fois par an, il sonnait à notre porte.

— Maman ! C'est Monsieur Paul…

Nous étions tous trois excités de l’avoir entraperçu par la fenêtre du salon.

— Oui, j'arrive. (Elle avait ouvert la porte d'entrée.)

— Waouh…

— Les enfants, laissez-nous le temps de nous poser quand même… Voulez-vous rentrer un moment ? Un café peut-être…

— Non, c'est gentil à vous. Je dois continuer mon travail. (Il nous avait transmis l’objet de sa visite.)

— Vraiment ?

Étalé à nos pieds, l’avant-dernier catalogue transformait le salon en un lieu de découverte.

— Oui, je sais qu’ils l’adorent, c'est pour eux et moi ça me débarrasse.

— Comme vous voulez, merci encore.

— Merci Monsieur Paul, disions-nous tous en cœur avec déjà le nez dans ces bouts de moquette.

— Les enfants, attendez votre père quand même. Ce soir, il vous enlèvera les grosses agrafes.

— D'accord maman.

— Moi j'adore celle-ci, tentait Éric, en essayant de réserver son morceau avant nous.

— Je préfère celle-là, elle est plus douce, déclarait Sandrine.

— Mais cette couleur est sympa…

On s'amuse d'un rien quand on est enfant. Une fois le soir venu, papa dégrafait les échantillons et nous nous les partagions au fur et à mesure. Le lendemain, ils prenaient place sur notre plancher en bois de sapin. Un véritable puzzle aux différentes épaisseurs ou un patchwork d'un camaïeu de couleurs douteuses. Petit marteau et petites pointes gentiment prêtés par papa : « Attention à vos doigts ! »

L’absence de pelouse ne nous permettait pas de nous défouler. Cependant, les leçons terminées, avant le dîner, nous montions dans notre salon improvisé. Le week-end, pendant que maman cuisinait ou que papa bricolait, nous imaginions des scènes de vie que l'on pourrait qualifier maintenant de pièces de théâtre. Nous déguisions notre frère avec nos robes trop petites. C’est vrai qu’elles lui saillaient bien ! C'est dingue l'imagination des enfants. De vieilles étagères à notre hauteur, de la dînette, des publicités découpées pour mimer les courses, une petite caisse enregistreuse et d’anciens porte-monnaie élimés faisaient nos grands bonheurs.

Notre père avait construit une cabane abritant des animaux destinés à nos assiettes. Par habitude, à l'issue des repas, Marie emmenait nos déchets végétaux au jardin. Elle vérifiait le niveau d'eau et de graines dans les gamelles des lapins et des poules.

Après une visite dominicale familiale, elle est revenue en courant. Toutes les belles cerises blanches devant être ramassées en semaine, avaient disparu. La responsabilité des oiseaux était hors de cause. À l'époque, ces derniers jetaient plutôt leur dévolu sur les cœurs de pigeon ou les burlats aux couleurs plus attrayantes. Claude n'avait pas besoin de mettre de filet pour protéger les bigarreaux blancs. Seulement, les fautifs à deux jambes avaient laissé toutes les queues dans le cerisier.

Puis, il arrivait parfois à maman de maugréer en ramassant des étrons soigneusement déposés sur notre dernière marche ou dans le parterre de fleurs.

En fin de journée ou le week-end terminé, nous avions droit aux passages trop rapides des conducteurs se rendant chez le voisin. En plein été caniculaire, cela provoquait de gros nuages de poussière. De fait, la fenêtre de la cuisine donnant sur l'impasse devait toujours rester fermée. C’est dans ce contexte que chaque sortie du domicile faisait l’objet d’une double inspection, visuelle et sonore.

Après une énième séance de jardinage, nous rentrions les bras chargés à la maison. Ce jour-là, Éric était devant moi, au pas de la porte, tenant de beaux choux-fleurs. Un crissement de pneus provenant du début de la ruelle… Une crainte, mon cœur s'est affolé. Un bref coup d'œil et en une fraction de seconde, j'ai poussé mon petit frère du mieux que j'ai pu contre la façade, en évitant de lui faire mal. Je venais de lui sauver la vie. Au même moment, les parents fermant la file indienne avaient laissé tomber la brouette et autres salades, pour se précipiter sur Sandrine et se protéger à leur tour. Au format jambon blanc plaqué contre le pain, interloqués, nous épousions tous le mur de la maison, nos cœurs battants.

Mère aux petits contrats de travail, Marie venait nous chercher à la sortie de l'école. Après le sacrosaint goûter, souvent composé de tartines beurrées parsemées de quelques copeaux de chocolat ou de confiture maison, elle veillait à l’exécution de nos devoirs. Puis, chacun vaquait à ses occupations : maman en cuisine et nous dans notre précieux grenier. Un soir de 1978, l’année de la mort de Claude François, papa est rentré un peu plus tard qu’à l’habitude.

— Ah, mais qu'est-ce qui t'arrive ? a déclaré Marie tout affolée en laissant casserole chaude et cuillère.

— À la sortie du boulot, je suis tombé sur trois types qui m'ont tapé dessus.

— Viens dans la salle de bains, tu pisses le sang, a-t-elle ajouté le tirant par le bras.

Avec notre estomac gargouillant, nous savions que l'heure du dîner était arrivée. Nous avons déboulé dans le couloir. Interloqués, en spectateurs devant l'arcade sourcilière ouverte de notre père, et maman tentant d’effacer les traces séchées sur son visage.

— Ce n'est pas un spectacle pour vous ici, allez mettre la table, le repas est prêt.

Nos talons virés, leur conversation continuait :

— Que s'est-il passé ? As-tu reconnu quelqu'un ? Il faut aller porter plainte.

— J'ai cru reconnaître le beau-frère du voisin.

— Mais qu'ont tous ces voisins ?

Je revois maman pester en nettoyant la veste de mon père.

1. Les images choquantes marquent les enfants à vie.

C’était la goutte d’eau de trop. Ces événements mis bout à bout ont poussé mes parents à prendre une décision : déménager. Après ces cinq années, aucun souvenir d'un quelconque carton, ni de camion. Une occultation d'un pan de ma vie. Une interrogation persistait sur ces relations bizarres entre adultes. Mes seuls souvenirs sont les virages pour atteindre notre nouveau domicile.

Changement de commune et deux ans plus tard le collège. Deux bâtiments rassemblaient les classes de sixièmes jusqu'à celles des troisièmes. Des locaux inconnus, un nombre indéterminé d’élèves et des professeurs un peu insistants, les peurs de tout petit sixième… Comme tous les novices, de surcroît quand on est l'aînée des petits-enfants de la famille, c’est le GRAND chamboulement.

Petite précision : le sport et moi n’avons jamais fait bon ménage. Alors découvrir que deux profs s'étaient partagé les disciplines sportives, était énorme. Un dédié à l'extérieur avec tout l'athlétisme et les sports collectifs, puis le second pour l’intérieur avec notamment la gymnastique. Ce dernier, grand brun, longiligne et cheveux raides, affichait toujours le sourire, mais était plus sec dans ses directives.

La pluie du jour annonçait une certaine morosité. Dans un bâtiment vieux comme Hérode, une salle parquetée était dédiée à sa prédilection, la gym au sol. Cette pièce était beaucoup trop étroite pour les vingt-quatre élèves. Donc, une fois les tapis rangés, camaïeu de rose, bleu et gris, on ne voyait plus la couleur du parquet abîmé.

— Maintenant que vous êtes installés, vous redressez votre torse en repliant vos bras.

— Comme cela…

— Vous vous retrouvez donc sur vos coudes. Soulevez les jambes droites à cinquante centimètres du sol.

— Aline, droites les jambes.

— Je ne peux pas faire mieux, monsieur.

— En position debout, vos jambes sont droites. Ce n'est pas difficile quand même !

— Maintenant, vous allez les bouger en alternance de haut en bas. Il décomptait depuis quarante sur un rythme soutenu.

Il continuait ainsi pendant toute la séance avec les jambes l'une par-dessus l'autre, en ajoutant des séries si les gémissements des élèves étaient trop insistés. Au moment des pompes, il s'approchait pour appuyer sur quelques dos pour accentuer la pression. Garçons, filles, on était tous dans le même état : éreintés. Réduits à regarder la météo dès qu'on se levait pour espérer du soleil, et ainsi rester dehors. Ce prof était un véritable tortionnaire. Pendant plus de trois jours, nous avions des crampes au ventre, des cuisses douloureuses, les chaises étaient devenues trop dures. Le moindre passage de la position assise à celle de debout, nécessitait l'aide d'un appui. Une pratique à bannir.

À l'âge adulte, j'ai appris par mon kinésithérapeute et par un professeur de fitness, que tout sport intense nécessite une hydratation et un étirement musculaire pour un relâchement. Les douleurs ultérieures seront ainsi évitées. Je pense que mon dégoût du sport vient de cette fameuse année de sixième.

Un enfant ça bouge énormément et les heures de sport sont attendues pour respirer. Un défouloir pour enfin se lâcher. En primaire, le matériel sportif comprend pour l’essentiel des ballons de tous diamètres, des cerceaux de couleurs et des cordes plus ou moins souples. Celui du collège s’enrichit de ceux utilisés lors des jeux olympiques : le javelot, le disque, les poids aux formats sexués, le marteau…

Mon second professeur, la petite quarantaine, moustachu et athlétique, était sympa. Les termes employés, les mouvements démontrés, il asseyait son autorité tout en douceur… Je me revois encore à la première séance de découverte du lancer de poids.

— Les enfants, je trace un trait au sol pour établir une limite – la craie blanche diminuait à mesure de son avancée – de ce côté les élèves et chaque lanceur ne devra pas dépasser cette ligne. Observez-la dans son élan, sa position.

— Oui monsieur.

— Je compte sur votre vigilance face à chaque tentative de lancer. Je vous montre…

Les lancers initiaux étaient un peu mous, mais la technique était là. Les premiers émois de progrès. Puis le relâchement de la jeunesse et le cri. L'effroi. Une élève était au sol, les mains sur ses yeux. Les morceaux de sa monture de lunettes jonchaient le sol. Elle venait de recevoir le poids. Le professeur a écarté le groupe d’élèves et a désigné un collégien pour faire appeler les secours via le secrétariat. Au final, elle perdit un œil. Borgne à vie, un œil ne repousse pas, ni ne cicatrise. À l'âge de onze ans, on n’a pas encore conscience qu'une seconde d'inattention est fatale ! Première leçon de respect de la discipline sportive.

2. Respecter les consignes, c'est aussi pour soi-même.

Afin de générer moins de frais, mes parents ont décidé de changer de collège. Ces deux dernières années se sont déroulées à proximité du travail paternel. Ma sœur et moi nous levions à la même heure que papa, ça piquait les yeux mais le covoiturage était sympathique, et plus divertissant qu’en car.

Dès lors, il suffisait de traverser la rue pour accéder aux espaces dédiés aux sports. Une grande salle dans laquelle j’ai découvert le passionnant volley-ball. Seulement, comme chaque matière enseignée sur une année, il faut être évalué sur plusieurs disciplines sportives.

La piste d’athlétisme a été le théâtre de bien de faits que j’aurai voulu oublier. La vitesse n’était pas ma tasse de thé, je préférais l’endurance. La course des cent dix mètres haies était laborieuse. Bref, si je réussissais à passer, mes pieds accrochaient toutes les haies en gênant dangereusement la progression des élèves et je finissais au sol. La professeure intervenait.

— Aline, si tu prends de l'élan, tu lèves ta jambe droite suffisamment haute et la gauche va se fléchir d'elle-même. Ensuite, on enchaîne avec les suivantes.

— Compris.

— Tu vas à l'autre bout du terrain et tu fonces…

Pendant l’entraînement des autres, dans mon couloir, j'entamais donc l'accélération de ma course…

— Allez, tu y es presque… Mais qu'est-ce que tu fais ?

Je venais de stopper net devant ces haies en bois, pétrifiée. Tel un cheval refusant son obstacle. Je les voyais me cogner ou mon corps se briser dessus. Impossible d'avancer plus loin, c'était audessus de mes forces. La prof dépitée s'est avancée avec un air méprisant.

— Je ne peux pas, j'ai peur.

— Ce ne sont que des haies, elles ne vont pas te manger quand même. Allez… En me tirant, elle m'a entraînée à l'entrée du couloir.

— On court ensemble et tu franchis les haies à mesure.

En me tenant la main gauche, nous courions à la même allure. Elle, dans le couloir vide et moi, avec les obstacles ! Arrivées à hauteur des haies, elle ne ralentissait pas. Incapable de lever la jambe droite, j'ai buté dans la haie. La main droite de la professeure de sport m’avait retenue. Sa course continuait et je me suis fracassée sur la seconde haie. Étalée sur le bitume rose du terrain, le genou en sang, les mains tremblantes et toujours cette peur au ventre. Devant le spectacle, mes compagnons de classe gloussaient sans vergogne.

— Comment peut-on être aussi gourde ? Décidément, après les agrès et la gymnastique au sol, le sport n'est vraiment pas fait pour toi. À partir de la semaine prochaine, tu changeras de groupe. Je ne veux plus te voir dans mes cours.

Ce collège scindait en groupes les niveaux des élèves. Tout justes adolescents et déjà catalogués ! Difficile d’effacer les railleries de mes camarades de classe.

Aujourd'hui, les obstacles ne me font plus peur. Ils sont même devenus un leitmotiv. Un fait est sûr : je suis un être humain, pas une machine. Sur la longueur, on peut tenir un rythme soutenu. À titre de comparaison, une autruche adulte arrive à garder une vitesse de 40 km/heure pendant uniquement trente minutes, avec un pic maximum de 70 km/heure. Qui dit mieux pour un bipède ?

À la fin d’un premier trimestre scolaire, les élèves se sont vus, entendus, côtoyés et frottés. Les paroles lâchées peuvent témoigner de leur aisance.

— Les cruches, je les laisse en carafe.

— Pas de pot pour elle.

— Non seulement elle était conne, mais en plus elle était moche.

— Tu n'y vas pas par quatre chemins.

— Les mots existent et je les emploie.

Après les paroles, les actes. C'est alors que d'autres jeux sont mis en place soit dans le coin des toilettes ou soit un peu à l'écart de la cour de récréation.

Pour continuer, le téléphone portable est vecteur de rituels encore plus vicieux. Pour ne pas rester seul, il suffit d’appartenir à un groupe en relevant un défi hyper-simple. Les jeux du Momo ou le challenge de la baleine bleue sont de bien jolis noms cachant les pires souffrances juvéniles. Une identification à ceux voulant devenir de futurs copains. Faux-semblant. Pris dans cet engrenage, les challenges sont toujours plus élevés mais pas insurmontables. La peur fait monter l'adrénaline. Ce petit côté pervers du booste chimique, l'excitation et l'envie de recommencer : déjà un ressenti de manque. Aucune interdiction, seule la preuve d’un grand courage. Les derniers jeux sont comme des drogues et le compétiteur ne remarque même plus qu'il joue avec sa propre vie.

Dans le désir des jeunes et leurs tendances à vouloir s'échapper, les modes changent et évoluent. Certains sont passés par la glue, le shit… De nos jours, c'est le protoxyde d'azote, celui qui rend les gens hilares (les bombes de crème chantilly en contiennent). Avec une consommation multi-journalière, de jeunes utilisateurs vont commencer à ressentir un fourmillement accompagné de sensations bizarres. C'est le moment de tout arrêter et de filer aux urgences, seule de la vitamine B12 en intramusculaire peut contrer rapidement ces effets secondaires. À défaut, ces jeunes addicts pourraient avoir les muscles des jambes paralysés à vie. En 2021, près de 15 % des cas graves ont impacté des mineurs.

Heureusement, je n'ai pas connu ces dernières violences. Notre père nous déposait à nos écoles respectives. En premier Sandrine au lycée public un peu plus éloigné du centre-ville, Éric au collège puis en dernier, bibi. Le lycée privé jouxtant la mairie, était comme le prolongement du rocher qui maintenait un de ces versants : un véritable pilier. Une chapelle, les terrains de sport intra-muros, le réfectoire, l'internat, les différentes zones entre les baccalauréats généraux et techniques. De vieilles pierres à l'accueil lui donnaient un air guindé, derrière, un abri au personnel enseignant et administratif.

Ce vendredi matin-là, je n'ai pas compris tout de suite ce qui se tramait. Seulement le constat d'une agitation plus forte qu'à l'habitude, comme si la fourmilière avait trouvé un morceau de sucre. Puis, certains se sont mis à courir. Poursuivie, puis entraînée par un petit groupe comme pour entrer dans une ronde d'un fest-noz, nous avons couru de plus en plus vite. Je me suis retrouvée enfermée dans les toilettes situées derrière le réfectoire avec cette horrible odeur caractéristique des boules puantes. Un savant mélange de poudre de soufre, de limaille de fer et d'acide chlorhydrique.

Les cris s'éloignant, mouchoir sur le nez, j'ai entrepris de sortir de ma cachette. Par surprise, j'ai pris une douche froide. De concert, deux terminales sans mot dire, avaient pris soin de viser ma tête avec des bouteilles en plastique embusquées à hauteur. Un séchage au soleil s’imposait.

Bepc en poche, ce lycée de taille a révélé les premiers vrais bizutages. Pas le choix, il fallait accepter les rituels de passage, même softs. Dans les textes de lois, ils sont nommés comme des soumissions librement consenties. Ces brimades étaient légères par rapport aux nuits de séquestrations de quelques bizutés, aux ingestions forcées de mets que vous ne donneriez même pas à votre animal de compagnie, aux autres injures humiliantes et viols en réunion. Acte puni par la loi Gralon depuis 1998, un délit passible de six mois de prison et sept mille cinq cents euros d'amende.

3. Trop de violences subies malgré la loi.

Faut-il réellement une raison à tout acte répréhensible ? Parfois, la méchanceté est gratuite. Quel plaisir a-t-on de faire le mal autour de soi ?

Puisque chacun a son point de vue, il suffit certainement d’affirmer le sien pour obtenir gain de cause. Quoi de mieux que de se battre pour des droits légitimes ? Le début des manifestations des gilets jaunes a été la hausse du prix du carburant. Un mois après, son prix était revenu au plus bas. Malheureusement, les samedis ont continué à être la terreur des commerçants des centres-villes. Au-delà des casses et dégradations en tous genres, des morts, des blessés graves, c'était la colère des employeurs qui par nécessité, devaient licencier pour cause de baisse de chiffre d'affaires.

À suivre, l'emploi des saisonniers a été annulé. Avoir recours au chômage partiel signifie que l'État n’aide les entreprises qu'à hauteur de 30 % et reste à payer 70 % des charges et salaires sans la présence de leur employé. Lors de manifestations, les gérants des magasins de proximité ont reconnu les conjoints de leurs salariés. On marche sur la tête. La direction s’est vue dans l’obligation de supprimer des primes de fin d’année ainsi que les subventions aux clubs sportifs de leur commune.

Le combat légitime des gilets jaunes a laissé des dégâts surdimensionnés par rapport à la cause première. Plus de mille personnes ont été jugées en comparution immédiate. Quand on leur a demandé pourquoi, ils ont tous répondu : « on n'a pas réfléchi que cela pouvait être aussi grave. » Petite, j’ai toujours essayé, en vain, de tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler. Ma grand-mère me le répétait souvent pour éviter de sortir des bêtises. Pour ne rien regretter, des réflexions s’imposent pour tout.

Comme je le dis fréquemment à mes enfants, chaque action mérite une pensée en amont. Si je fais cela, est-ce que les parents seront contents ? Est-ce que c'est bien ? Réfléchir avant toute prise de décision.

4. On récolte les conséquences de nos actes.

Sur cette planète, on ne peut pas aimer tout le monde. Mais occulter la réalité n’est pas mieux. Cela me fait penser à ma grossesse gémellaire, en 2013. Obligée de rester alitée pendant près de sept mois, j'avais tous les appels téléphoniques publicitaires, de démarchage et de surcroît les visites à domicile.

Ce jour-là, au bruit de la sonnette, mon canapé a été obligé de me lâcher. En me traînant jusqu’à l’entrée, j’ai ouvert à un couple souriant, valise et brochure colorée en mains. Des Témoins de Jéhovah m'ont surprise, un peu vaseuse, mal réveillée et non coiffée. Trois visites successives en quinze jours avec le même discours pour appâter la brebis.

— Vous êtes seule ?

— Oui.

— Avez-vous besoin d'aide ?

— Pour l'instant non – seulement de repos.

— Votre belle maison, c'est Dieu qui vous l'a offerte…

Leurs livres arboraient des images de bonheur familial, d'herbe bien verte et de déjeuners champêtres paisibles, loin du réel.

Quelques années plus tard, mes enfants avaient quatre ans. Avec Lola, nous cheminions dans les ruelles pour déposer une lettre à La Poste.

— Maman, c'est quoi un être humain ?

— Un être est un individu ou une créature vivante. Par exemple, un animal vit.

— Un insecte aussi ?

— Oui, Lola, même une petite mouche est un être vivant.

— Et le mot humain ?

— C’est ce qui désigne un homme, une femme ou encore des enfants. Les êtres humains désignent l’ensemble des hommes et femmes, vivant sur Terre. Attends… (J’ai mis ma main sur son torse.) Fais une pause, il faut traverser la rue.

En appliquant à la lettre le rituel pour s'assurer de l'absence de véhicule, nous avons traversé en continuant notre conversation, la main de Lola serrant plus fort la mienne.

— Et pourtant il y en a qui ont la peau foncée comme le crayon de couleur marron dans ma trousse.

— On est tous différents, parce que sur notre grande planète, des hommes ont grandi dans des pays lointains. Si la peau est de teintes différentes ; c'est pareil pour la taille, le monde dispose de grands et de petits…

— Comme Mimie Mathy ?

— Oui, ma chérie. Si tous nos cheveux, nos yeux ont diverses couleurs, c'est dû à la génétique.

— Comme tes cheveux blancs… (Quelle délicatesse enfantine !)

— Avec l’âge, la couleur du cheveu disparaît petit à petit…

— C'est quoi la « génétite » ? m’a-t-elle demandé en s'appliquant à mettre l'enveloppe dans la fente de la boîte jaune.

— La génétique, Lola, tique. C'est une chose microscopique dans notre corps, qui fait qu'on est tous différents, même si nous avons tous deux yeux, deux mains, une bouche…

— Deux jambes, deux bras… Maman regarde, a-t-elle dit en désignant du doigt un véhicule de gendarmerie au coin de la rue, ils ont peut-être vu des gens qui ont fait des bêtises…

— Après, il y a des hommes qui sont gentils…

— Et d'autres méchants…

— Tu vois, on peut être tous différents avec le même nombre de pieds, mais il y en a qui ne sont pas aussi agréables que toi…

Et là, elle m'a lâché la main pour se poser devant moi. Un arrêt gros câlin, joue posée contre mon ventre, et ses mains entourant mes jambes.

Avec des idées divergentes, des principes opposés, il est parfois nécessaire de mettre de l'eau dans son vin pour s'entendre avec ses voisins, les commerçants, ses collègues… Ne pas ajouter de l’huile sur le feu.

Dans une entreprise, lors d’un anniversaire, d’une fête ou d’un évènement familial, il est de coutume d’apporter des petites douceurs. Un plaisir partagé. Certaines mauvaises pies ont toujours eu pour passe-temps de démonter les bonnes intentions. Ces pince-sans-rire s’en mettaient plein la panse sur le dos des auteurs des bonnes actions.

Peut-on qualifier un être humain de mauvais ?

DES HOMMES DANS L’HISTOIRE

Tels des électrons, cette Terre est le lieu d'interactions. Une attirance ou une répulsion et tout prend une autre dimension… Comment fonctionne le monde ?

De son éternelle scène de théâtre, Michel Boujenah a dit : « On ne peut pas savoir où on va, si on oublie d’où on vient. » Se souvenir pour comprendre ce qui ne va pas. Comme dans un EHPAD doté d'un centre d'activités naturelles tirées d'occupations utiles (Cantou), les individus atteints de la maladie d'Alzheimer tournent en rond. Malgré cela, ils ne sont pas désorientés puisqu’il n’y a pas de cul-de-sac.

— Où suis-je ? peut dire le résident Y.

— Au côté administratif de la maison de retraite Monsieur Y.

— Je veux rentrer chez moi.

— Je vous y raccompagne…

Pour éviter ce genre de problème récurrent, a minima un Cantou est identifié par un cercle de circulation. L'îlot central peut être le centre de soins, repère du personnel soignant au rôle majeur de ces établissements. À cette image, il faut revenir sur nos pas, afin d'analyser notre passé et interpréter les faits.

Trente-cinq ans auparavant, mon ancien neveu environ âgé de quatre ans, avait ouvert la porte d'entrée à une personne venant acheter un véhicule d’occasion entre particuliers.

— Dis papa, pourquoi le monsieur a la tête à l'envers ?

— Mon petit bonhomme, il n'a pas la tête à l'envers…

— Mais…

— Il est chauve et a une très grosse barbe…

— Quand même, il est tout sale !

— Il n'est pas sale, il a seulement la peau noire.

Dans un petit village de six cent cinquante âmes, c'était la première fois qu'il voyait un homme de couleur.

Les adultes connaissent les différences mais les enfants sont d'éternels curieux. Au même âge, Lola m’interrogeait.

— Maman, on est beaucoup de gens sur la planète, comment peut-on être si différents ?

— Lola, même si tu as l'impression que nous sommes tous différents, seul 0,01 % nous différencie de nos voisins

— Ah bon ! C’est presque zéro.

— Nous sommes également proches des singes, et plus particulièrement du chimpanzé.

— Des singes ! Pourquoi ?

— C'est compliqué de tout t'expliquer surtout à ton âge…

— Oui, c'est vrai.

— Sache que chaque naissance est issue d’un mélange d'ADN faisant de nous un être humain différent. D'une autre apparence certes, seulement au final, on est presque pareils.

Dans son enfance, l’homme grandit avec une éducation parentale, puis scolaire avec l'apprentissage du bien et du mal. C’est dans les origines de son existence qu’on peut aborder la naissance de la méchanceté. Les livres d'histoire manquent parfois de peps pour un engouement des lecteurs.

Depuis toujours, l'homme a chassé, a couru après ses proies et a pêché du poisson pour survivre. De cette Préhistoire, reste pour quelques-uns, cet irrésistible besoin de courir, faire du sport pour ressentir les bienfaits de l'adrénaline véhiculée aux hémisphères, et servant de moteur pour le reste de la journée.

Le sport ne faisait pas partie du quotidien de mes parents étant donné que leur métier demandait beaucoup d’efforts physiques. Faire comme les copines ? Donc, à mes neuf ans, j’ai été inscrite à des cours de gymnastique. C’était sans compter sur ma souplesse apparentée à celle d’un verre de lampe. Mon corps n’a pas adhéré à ce sport. Pas à ma place parmi ces enfants habillés de justaucorps et chaussés de ballerines.

Mon ancienne collègue Karine est triathlète. Elle passe très souvent ses week-ends à sillonner le pays pour des entraînements, de surcroît, dans des cadres idylliques aux paysages naturels magnifiques.

Bien entendu, mon travail ne consiste pas à aller tuer les bisons, seulement d'effectuer les tâches qui m'ont été confiées et qui m'aident à arrondir mes fins de mois pour acheter de quoi manger.