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Extrait : "LE ROI, entouré de ses courtisans ; RUTTEN. LE ROI : Mes amis, je vous ai annoncé, il y a déjà longtemps, les fiançailles de ma chère Elsbeth avec le prince de Mantoue. Je vous annonce aujourd'hui l'arrivée de ce prince ; ce soir peut-être, demain au plus tard, il sera dans ce palais. Que ce soit un jour de fête pour tout le monde ; que les prisons s'ouvrent, et que le peuple passe la nuit dans les divertissements. Rutten, où est ma fille."À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN : Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants : ● Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin. ● Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.
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Seitenzahl: 56
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LE ROI DE BAVIÈRE.
LE PRINCE DE MANTOUE.
MARINONI, son aide-de-camp.
RUTTEN, secrétaire du roi.
FANTASIO, jeune homme de la ville.
HARTMAN, jeune homme de la ville.
FACIO, jeune homme de la ville.
OFFICIERS, PAGES, etc.
ELSBETH, fille du roi de Bavière.
LA GOUVERNANTE D’ELSBETH.
(Munich.)
À la cour
Le roi, entouré de ses courtisans ; Rutten.
Mes amis, je vous ai annoncé, il y a déjà longtemps, les fiançailles de ma chère Elsbeth avec le prince de Mantoue. Je vous annonce aujourd’hui l’arrivée de ce prince ; ce soir peut-être, demain au plus tard, il sera dans ce palais. Que ce soit un jour de fête pour tout le monde ; que les prisons s’ouvrent, et que le peuple passe la nuit dans les divertissements. Rutten, où est ma fille ?
Les courtisans se retirent.
Sire, elle est dans le parc, avec sa gouvernante.
Pourquoi ne l’ai-je pas encore vue aujourd’hui ? Est-elle triste ou gaie de ce mariage qui s’apprête ?
Il m’a paru que le visage de la princesse était voilé de quelque mélancolie. Quelle est la jeune fille qui ne rêve pas la veille de ses noces ? La mort de Saint-Jean l’a contrariée.
Y penses-tu ? la mort de mon bouffon ? d’un plaisant de cour bossu et presque aveugle ?
La princesse l’aimait.
Dis-moi, Rutten, tu as vu le prince ; quel homme est-ce ? Hélas ! je lui donne ce que j’ai de plus précieux au monde, et je ne le connais point.
Je suis demeuré fort peu de temps à Mantoue.
Parle franchement. Par quels yeux puis-je voir la vérité, si ce n’est par les tiens ?
En vérité, sire, je ne saurais rien dire sur le caractère et l’esprit du noble prince.
En est-il ainsi ? Tu hésites ? toi, courtisan ! De combien d’éloges l’air de cette chambre serait déjà rempli, de combien d’hyperboles et de métaphores flatteuses, si le prince qui sera demain mon gendre t’avait paru digne de ce titre ! Me serais-je trompé, mon ami ? Aurais-je fait en lui un mauvais choix ?
Sire, le prince passe pour le meilleur des rois.
La politique est une fine toile d’araignée, dans laquelle se débattent bien des pauvres mouches mutilées ; je ne sacrifierai le bonheur de ma fille à aucun intérêt.
Ils sortent.
Une rue
Spark, Hartman et Facio, buvant autour d’une table.
Puisque c’est aujourd’hui le mariage de la princesse, buvons, fumons, et fâchons de faire du tapage.
Il serait bon de nous mêler à tout ce peuple qui court les rues, et d’éteindre quelques lampions sur de bonnes têtes de bourgeois.
Allons donc ! fumons tranquillement.
Je ne ferai rien tranquillement ; dussé-je me faire battant de cloche et me pendre dans le bourdon de l’église, il faut que je carillonne un jour de fête. Où diable est donc Fantasio ?
Attendons-le ; ne faisons rien sans lui.
Bah ! il nous retrouvera toujours. Il est à se griser dans quelque trou de la rue Basse. Holà, ohé ! un dernier coup !
Il lève son verre.
Messieurs, je viens vous prier de vouloir bien aller plus loin, si vous ne voulez point être dérangés dans votre gaîté.
Pourquoi, mon capitaine ?
La princesse est dans ce moment sur la terrasse que vous voyez, et vous comprenez aisément qu’il n’est pas convenable que vos cris arrivent jusqu’à elle.
Il sort.
Voilà qui est intolérable !
Qu’est-ce que cela nous fait de rire ici ou ailleurs ?
Qui est-ce qui nous dit qu’ailleurs il nous sera permis de rire ? Vous verrez qu’il sortira un drôle en habit vert, de tous les pavés de la ville, pour nous prier d’aller rire dans la lune.
Entre Marinoni, couvert d’un manteau.
La princesse n’a jamais fait un acte de despotisme de sa vie. Que Dieu la conserve ! Si elle ne veut pas qu’on rie, c’est qu’elle est triste, ou qu’elle chante ; laissons-la en repos.
Humph ! voilà un manteau rabattu qui flaire quelque nouvelle. Le gobe-mouche a envie de nous aborder.
Je suis étranger, messieurs ; à quelle occasion cette fête ?
La princesse Elsbeth se marie.
Ah ! ah ! c’est une belle femme, à ce que je présume ?
Comme vous êtes un bel homme, vous l’avez dit.
Aimée de son peuple, si j’ose le dire, car il me paraît que tout est illuminé.
Tu ne te trompes pas, brave étranger, tous ces lampions allumés que tu vois, comme tu l’as remarqué sagement, ne sont pas autre chose qu’une illumination.
Je voulais demander par là si la princesse est la cause de ces signes de joie.
L’unique cause, puissant rhéteur. Nous aurions beau nous marier tous, il n’y aurait aucune espèce de joie dans cette ville ingrate.
Heureuse la princesse qui sait se faire aimer de son peuple !
Des lampions allumés ne font pas le bonheur d’un peuple, cher homme primitif. Cela n’empêche pas la susdite princesse d’être fantasque comme une bergeronnette.
En vérité ? vous avez dit fantasque ?
Je l’ai dit, cher inconnu, je me suis servi de ce mot.
Marinoni salue et se retire.
À qui diantre en veut ce baragouineur d’italien ? Le voilà qui nous quitte pour aborder un autre groupe. Il sent l’espion d’une lieue.
Il ne sent rien du tout ; il est bête à faire plaisir.
Voilà Fantasio qui arrive.
Qu’a-t-il donc ? il se dandine comme un conseiller de justice. Ou je me trompe fort, ou quelque lubie mûrit dans sa cervelle.
Eh bien ! ami, que ferons-nous de cette belle soirée ?
Tout absolument, hors un roman nouveau.
Je disais qu’il faudrait se lancer dans cette canaille, et nous divertir un peu.
L’important serait d’avoir des nez de carton et des pétards.
Prendre la taille aux filles, tirer les bourgeois par la queue et casser les lanternes. Allons, partons, voilà qui est dit.
Il était une fois un roi de Perse…
Viens donc, Fantasio.
Je n’en suis pas, je n’en suis pas !
Pourquoi ?
Donnez-moi un verre de ça.
Il boit.
Tu as le mois de mai sur les joues.
C’est vrai ; et le mois de janvier dans le cœur. Ma tête est comme une vieille cheminée sans feu : il n’y a que du vent et des cendres. Ouf !
Il s’assoit.