Goodbye Poutine - Collectif - E-Book

Goodbye Poutine E-Book

Collectif

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Beschreibung

24 février 2022. La Russie envahit l’Ukraine.
Cette agression n’était-elle pas prévisible ?
Malgré des signaux évidents, frappé de cécité, volontaire ou non, le monde refusait la réalité. L’autocrate Vladimir Poutine poursuit son obsession : rétablir à la fois l’Empire russe et l’Union soviétique.
Depuis près de quinze ans les avertissements de nombreux Russes clairvoyants ou d’observateurs avisés étaient restés lettre morte. Et les précédentes opérations néo-impérialistes du Kremlin (Géorgie, Ukraine, Syrie) n’avaient pas réussi à guérir l’aveuglement des leaders occidentaux. Aujourd’hui, ils ont enfin réalisé à quel point la Russie est devenue dangereuse pour le monde libre.
Sous la direction de la politologue Hélène Blanc, les regards croisés de vingt-sept des meilleurs experts de l’Union européenne, de la Russie et de l’Ukraine décryptent la crise la plus grave qu’ait connue l’Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale. Leurs éclairages pluriels sont précieux pour notre avenir commun.
Ce livre-évènement permet de mieux comprendre les objectifs, les enjeux réels de cette guerre et de tordre le cou à une désinformation savamment distillée par le Kremlin et ses relais.
Cette fois, malgré son double jeu et son double langage, le masque de Poutine est tombé. Définitivement !
Goodbye Poutine !

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Ouvrage collectif sous la direction éditoriale

d’Hélène Blanc

GOODBYE POUTINE

 

 

Du KGB aux Crimes de guerre

GINKGOéditeur

À ma famille.

À la Moldave Renata Lesnik, ma consoeur et amie. Dissidente ex-Soviétique, Femme d’honneur, combattante de la liberté contre tous les totalitarismes et toutes les dictatures.

À ma grande amie, Nathalie Pasternak, autre femme d’honneur et de conviction, combattante de la liberté pour l’Ukraine… Elle fut longtemps la voix de la communauté ukrainienne de France et de l’Ukraine de ses ancêtres.

À Geneviève, Eta, Reynald et Pascal.

À Elsa, Lady et Kali…

En forme d’hommage

Chaque année, dans le monde, des civils meurent, victimes du despotisme, de la barbarie ou de l’aveuglement des Hommes.

Ce document, élaboré en état d’urgence, est dédié à tous ceux qui risquent leur vie pour la Liberté.

À commencer par l’admirable peuple ukrainien, digne descendant des cosaques, ces hommes libres.

Liste des contributeurs

Guillaume Ancel, lieutenant-colonel, géopolitologueAntoine Arjakovsky, historienAlain Besançon, historien, de l’InstitutHélène Blanc, politologue-criminologueAndriy Boborykine, journalisteHenry Bogdan, historienJacques Chevchenko, historienCyrille Clément, observateur du monde slaveBrice Couturier, journalisteNicolas Cuzin, historienEmmanuel Dupuy, directeur de l’IPSE, enseignantGilles Dutertre, lieutenant-colonel (e.r), historienAnna Jaillard, journalisteWladimir Kozyk, historienVytautas Landsbergis, ancien président de Lituanie indépendantePhilippe de Lara, géopolitologue, philosopheIaroslav Lebedynsky, historien, enseignant à l’InalcoRenata Lesnik, dissidente soviétique moldave, politologue-criminologue, expert du monde slaveAlexandre Melnik, historien, géopolitologue, enseignantNikita Petrov, historien, de l’ONG MémorialTimothy Snyder, historien, université de YaleNicolas Tenzer, enseignant à Sciences Po, ParisFrançoise Thom, historienneGénéral Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de RDNOlivier Vedrine, géopolitologue, rédacteur en chef de Russian MonitorGérard Vespierre, géopolitologueThierry Wolton, écrivain, journaliste

(…) « Il n’est de Justice que dans la Vérité.Il n’est de Bonheur que dans la Justice.(…) La Vérité est en marche et rien de l’arrêtera ! »

Emile Zola

« Nous sommes un peuple exceptionnel. Nous appartenons aux nations qui donnent l’impression de ne pas faire partie de l’Humanité et de n’exister que pour donner au monde quelque terrible leçon… »

Piotr Tchaadaev

« À force d’admirer Staline, nous risquons de revivre une période similaire... »

Ludmilla Alexéeva,Militante russe des Droits de l’Homme.

Avant-Propos

Perseverare Poutinicum

24 février 2023. Un an déjà que, sans déclaration de guerre, l’armée russe a envahi l’Ukraine pour « désukrainiser », « dénazifier » et surtout « désataniser » le président ukrainien, – « l’antéchrist », dixit le Patriarche Kyrill –, son gouvernement, la population et tout raser sous un déluge de bombes et de missiles. Pourquoi ?

L’une des causes invoquées serait la possible adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Pourtant, le dirigeant russe sait pertinemment que la question n’était aucunement d’actualité.

Vladimir Poutine cultivait ce sombre projet depuis des années. Enfin, persuadé de la division de l’Europe, de la faiblesse de l’OTAN et des liens distendus entre UE et USA, il s’est décidé à franchir le Rubicon. Ce Staline version light a ouvert la boîte de Pandore qu’il sera extrêmement difficile de refermer. Totalement radicalisé, muré dans une obsession paranoïaque, aveugle, Poutine le Soviétique se venge de toutes les frustrations, des humiliations, des affronts qu’il a crus, à tort ou à raison, dirigés contre la Russie et d’abord contre sa personne…

Il se venge en bloc de son enfance misérable, de sa petite taille, de ces belles étudiantes qui repoussaient en riant ses avances à l’université, de sa carrière médiocre au KGB qu’il a terminée avec le simple grade de lieutenant-colonel. Ses représailles à l’égard de l’Ukraine constituent-elles une revanche contre la Guerre froide perdue par l’Union soviétique ? Eh bien non puisque Poutine a déclaré en 2018 : « La Russie n’a pas perdu la Guerre froide puisque celle-ci n’est pas terminée » Significatif ! En revanche, Vladimir Poutine tire vengeance de la disparition de l’Empire russe, de l’implosion de l’URSS, des révolutions de couleur : celle des Roses en Géorgie, celles, victorieuses, du peuple ukrainien, la révolution Orange et l’Euromaïdan, (dues à l’ingérence de Vladimir Poutine dans les affaires intérieures de l’Ukraine). Sans oublier celle des Tulipes au Kirghizstan qui renversa le président Akaïev. Depuis, le dirigeant russe redoute par-dessus tout que le peuple russe ne soit contaminé par le virus de la démocratie.

Vladimir Poutine fait aussi payer à l’Ukraine les velléités d’indépendance de ces républiques ex-soviétiques et de l’ancien Bloc communiste qui ont adhéré à l’OTAN et à l’UE, s’évadant ainsi de la zone d’influence russe. Il venge l’intervention de l’Alliance atlantique au Kosovo. Il venge aussi la mort de son ami Khadafi. Il prend sa revanche sur les manipulations, les erreurs, les fautes des Américains, de l’OTAN et de l’Occident…

Il faut reconnaître que le Kremlin cultive avec brio l’art de se victimiser. Il prétend être isolé, encerclé, menacé (par qui?), assiégé dans sa forteresse. Il affirme redouter des attaques ukrainiennes, occidentales ou otaniennes. Il a donc anticipé. Or, personne ne commettrait la folie d’attaquer une telle puissance nucléaire. Et la propagande poutinienne qui prétend que les Américains auraient promis aux Soviétiques de ne pas étendre l’OTAN vers l’Est, fut formellement démentie par Gorbatchev en personne, alors président de l’URSS. Jamais aucun accord écrit n’est venu confirmer cette prétendue « promesse » verbale.

Petites mises au point: l’historien Alain Besançon, de l’Institut, rappelle que la Russie ne possède pas de frontières naturelles. Elle peut donc déclencher, quand bon lui semble, une expansion territoriale tous azimuts. D’autre part, encercler ce territoire immense qui s’étend sur neuf fuseaux horaires, est manifestement impossible. Muré dans son narcissisme blessé, dans sa vision paranoïaque, s’estimant propriétaire de l’Ukraine, Vladimir Poutine a donc décidé de la recoloniser, au mieux, de l’anéantir au pire. Sourd aux arguments rationnels, il veut une victoire à tout prix. Son auteur préféré du XXe siècle, Ivan Ilyine, ne préconise-t-il pas de « gouverner par la terreur »? Stratégie favorite de Lénine et Staline.

À propos de Staline, Vladimir Poutine semble se croire revenu à la Seconde Guerre mondiale, au combat héroïque de l’URSS contre les nazis. Une victoire mythique qui, après Yalta, a sensiblement élargi l’espace soviétique, sa zone d’influence, accru la puissance de l’URSS et le prestige personnel de Joseph Staline. Qui sait ? Peut-être Poutine se rêve-t-il, au XXIe siècle, en réincarnation de Staline, son idole ?

Depuis avril 2014, après l’annexion illégale de la république autonome de Crimée, non reconnue par l’Union européenne, le Kremlin a fait la guerre aux Ukrainiens par séparatistes interposés. En février 2022, s’imaginant encore au siècle des conquêtes territoriales, Vladimir Poutine s’est autorisé à violer, une fois de plus, le Droit international. En dépit des accords de Minsk, peu respectés – principalement destinés à faire accepter un maximum de concessions à l’Ukrainien Porochenko –, lancé dans une fuite en avant, le dirigeant russe s’entête contre toute raison. Son objectif n’a pas changé.

Peu à peu, la propagande russe devenue incroyablement agressive a repris le langage de la Guerre ou plutôt de la Paix froide : « Corrompu, faible, décadent, dépravé, l’Occident a perdu tout principe, toutes valeurs. » D’après Poutine, l’autocratie russe reste la seule à incarner les vraies valeurs ! Comment le croire quand on sait que ce pays, dont la population se voit privée de tous ses droits fondamentaux, dont les élites ont pactisé avec le « milieu mafieux », est en proie à une corruption colossale. Il est plus que temps de prendre conscience que Poutine est parti en croisade, en « Guerre sainte » contre l’Occident qualifié, tout récemment, « de repaire de nazis ». (Des « nazis » qui haïssent tout ce qui est russe et refusent de se soumettre à Moscou.)

En dépit de ses menaces verbales, presque personne ne voulait croire que Vladimir Poutine attaquerait l’Ukraine. Pas même beaucoup d’Ukrainiens. Et pourtant…

Pendant près de vingt ans, une poignée d’experts intègres a pourtant tenté d’alerter sur le danger Poutine. Tandis que les poutinolâtres, eux, s’ingéniaient, contre vents et marées, à nous faire prendre « des Russies pour des lanternes » non par idéalisme ou idéologie, mais par vénalité. Même en pleine guerre, certains s’obstinent encore alors qu’ils devraient faire profil bas. Surréaliste!

Depuis deux décennies, insidieusement, la Russie a semé la discorde, la division entre Européens au travers de relations bilatérales. Pour affaiblir l’Europe et mieux la phagocyter. Derrière Vladimir Poutine, se profile un vieux rêve : les dirigeants russes voudraient, à terme, dominer l’Europe. Partisan du multilatéralisme, Vladimir Poutine veut « libérer » les Européens des Américains pour instaurer un nouvel ordre mondial. Le sien !

Dominer l’Europe ? Contre toute attente, cette guerre sanglante prouve que, pour le moment, la Fédération de Russie n’en a pas les moyens. Confrontée au patriotisme ukrainien, la force armée russe n’apparaît plus comme la seconde du monde. Depuis l’automne 2022, sur le terrain, elle subit des échecs. Son comportement barbare, inhumain, qui ne respecte ni le droit international, ni les Conventions de Genève, ni les lois de la guerre, est indigne d’un pays civilisé. Une menace pour le monde libre.

Les politiques occidentales « d’apaisement » furent un échec. Les visées impérialistes du Kremlin sur l’Ukraine ont-elles enfin guéri la « cécité » des dirigeants occidentaux ? Peut-être. Mais pour combien de temps ?

À l’évidence, une fois la paix regagnée, il faudra inévitablement s’interroger sur l’avenir de la Russie et reconsidérer nos relations avec la Fédération de Russie. Celles-ci devront, désormais, être conçues en termes d’égalité et non de vassalité.

En temps de paix – à quel prix ! – la relation UE-Russie redeviendra-t-elle jamais « normale » ? Combien de temps faudra-t-il pour restaurer une toute relative forme de confiance.

Force est de constater que la Fédération de Russie gouvernée par le tchékiste Vladimir Poutine, devenu un criminel de guerre, n’est plus une alliée, ni même un partenaire. Plutôt un ennemi déclaré aux portes de l’Europe. À nous d’en anticiper, avec lucidité, les conséquences. À nous d’envisager l’après-Poutine. Mais tant que le KGB gouvernera la Russie, point de salut pour le reste du monde.

Alors, trêve de mystifications. Adieu, le mythe d’une « Russie démocratique », régime potemkine que les Russes eux-mêmes ont baptisé démocrature ou, pour le dire autrement: une dictature camouflée en démocratie, donc soluble dans la morale internationale.

Vladimir Poutine ? Ses discours anachroniques, sa rhétorique belliqueuse, son interprétation mensongère de l’Histoire pour légitimer des actions injustifiables, impardonnables, ses postures schizophrènes, sa vision paranoïaque du monde, son cynisme sans limites, prouvent qu’il a perdu tout contact avec le réel, entraînant son grand pays vers l’abîme.

Dans le Donbass, des combats décisifs font rage. Tout se terminera probablement autour de la Crimée, d’Odessa et de Sébastopol. Ce qui se joue actuellement c’est la paix de l’Europe. La liberté de l’Ukraine garantit aussi la nôtre. C’est pourquoi elle ne doit pas perdre cette guerre. Si elle la perdait, l’Europe se retrouverait alors en première ligne. Raison de plus pour aider les Ukrainiens et se placer du bon côté de l’Histoire…

Cette fois, le masque est tombé définitivement ! Goodbye Poutine !

Hélène BlancCriminologue, politologue, spécialiste de la Russie et du monde slave.Février 2023.

PREMIÈRE PARTIEEUROPE - OCCIDENT - RUSSIE

1. Choisir son camp à l’heure de vérité

En règle générale, l’être humain est davantage tourné vers son confort personnel que vers le sacrifice pour autrui. Or, il existe des circonstances exceptionnelles qui nous placent devant des choix existentiels. Primordiaux.

La guerre en Ukraine, déclenchée au mépris de la loi internationale par le régime criminel de Poutine, en est un : c’est l’heure de vérité. Qui dépasse largement les aspects militaires d’un affrontement entre deux pays. Qui en appelle à notre conscience.

Au fond, chacun de nous doit choisir entre le Mal qui prolifère et le Bien qui résiste. Il faut :

- soit continuer de végéter dans le cocon de notre train-train quotidien, tenter de sanctuariser nos « acquis sociaux » et protéger notre pouvoir d’achat.

- soit trouver la force de sacrifier une partie de notre confort et sortir d’une vision étriquée, égoïste, purement matérialiste pour découvrir l’horizon d’un monde meilleur.

Capituler. Ou résister.

Déposer les armes. Ou combattre.

Essayer de sauver notre peau, nous avouant à nous-mêmes notre propre lâcheté. Ou prendre des risques et conserver une forme d’honneur.

Abandonner l’Ukraine, un pays voisin, proche, doté d’une forte identité culturelle, ayant opté pour l’indépendance et la démocratie, c’est choisir la première option. À savoir, reconnaître la petitesse de notre esprit et, in fine, une déchéance morale certaine !

Poursuivre, renforcer notre combat aux côtés de l’Ukraine pour la conduire à la victoire contre la Russie de Poutine qui incarne l’ultranationalisme, l’arbitraire, la violence, la corruption et le vacuum juridique, c’est choisir la seconde option. C’est-à-dire donner un sens – noble – à notre vie et croire en ce qu’il y a de meilleur en l’humain, même quand il n’y croit plus lui-même.

Entendons-nous bien : il ne s’agit pas de quelques centimes d’augmentation à la pompe, mais de la liberté de vivre en démocratie que les Français perdraient en cas de victoire de Poutine.

Car Poutine ne s’arrêterait pas en Ukraine.

S’il remportait la victoire, au lieu de l’accalmie naïvement attendue par certains, le monde entier se transformerait en poudrière de sanglants affrontements sans fin.

En fait, le triomphe de Poutine serait synonyme de l’effondrement de la civilisation occidentale, née à Athènes au Ve siècle avant J-C, et reposant sur le socle de valeurs intrinsèques : la liberté individuelle, la dignité humaine, le respect de la Loi. La chute de Kiev jetterait ces valeurs aux poubelles de l’Histoire. Et l’Occident, qui fut le phare de l’Humanité des siècles durant, en sortirait par la petite porte.

Deux perceptions de la vie

Au-delà du combat entre démocratie et autocratie, à travers la guerre en Ukraine nous assistons au choc de deux perceptions antinomiques, de la vie humaine. Et de deux civilisations opposées.

D’un côté, la vision de l’Homme qui naît pour vivre debout, libre, et choisir son destin.

De l’autre, la réduction de l’Homme à un rouage soumis au bon vouloir d’une machine étatique qui broie sa liberté et sa vie.

La première hypothèse présente l’espoir de percevoir l’Humanité dans sa dimension globale, indépendamment des différences qui séparent inéluctablement les humains : âge, couleur de peau, opinions politiques, religions, statuts sociaux, etc.

Cela se nomme l’universalisme.

La seconde hypothèse fait le constat, triste et amer, selon lequel l’Humanité serait à jamais compartimentée en nations et en ethnies, cloisonnées dans leurs identités immuables, condamnées à se confronter avec violence.

Cela se nomme le nationalisme. Voire l’ultranationalisme. Voilà le véritable enjeu de ce qui se passe en Ukraine.

À chacun de nous de faire son choix. Choisir son camp. Maintenant. Sans attendre. Ce choix fondamental engagera notre existence et le sens de notre vie qui n’est qu’un court passage sur cette terre.

Alexandre Melnik,professeur de géopolitique à ICN Business School

Dernière parution : Le monde nous appartient. La géopolitique, c’est la vie, aux éditions « Connaissances et savoirs », 2019.

2. Entretien d’Hélène Blanc et Renata Lesnik avec Nikita Petrov

La Russie et l’UE

Ces dernières années, le Kremlin ne cesse de critiquer vertement l’Occident, l’Europe et surtout l’Union européenne.

Il suffit de parcourir la presse pro-gouvernementale russe, de se brancher sur les radios ou les chaînes de télévision totalement sous contrôle de l’État-KGB – donc sous influence – pour se rendre compte de la méfiance et de la haine désormais voués à l’Occident par les dirigeants et élites russes. La rhétorique officielle déverse à plaisir « sa » vision d’un Occident décadent, corrompu, dépravé, totalement pourri, ayant perdu tous repères et toutes valeurs. On se croirait au bon vieux temps de l’État-Parti soviétique, seule l’idéologie a changé. Désormais, il ne s’agit plus de communisme, mais de national-tchékisme s’appuyant sur le militarisme. Le Kremlin rabâche à plaisir son profond dégoût d’une Europe ignorante, naïve, corruptible, faible et vulnérable puisqu’elle ne possède pas d’armée.

En outre, l’UE s’est mise en état de double dépendance : politique et énergétique. Avoir réussi à soumettre l’Europe en douceur, sans recourir à la force, amuse follement Moscou. Sont-ils bêtes ces Européens… Ils n’ont rien vu venir ! Ou pas voulu voir. Ce qui revient au même.

Quant aux États-Unis, ils sont redevenus l’ennemi numéro un de la Fédération de Russie. Par ailleurs, l’anti-atlantisme de certains Européens est si inconditionnel qu’ils préfèrent se jeter dans les bras d’un dictateur russe plutôt que dans ceux d’un démocrate américain, même si aucune démocratie au monde ne peut prétendre à l’exemplarité.

À l’intérieur du pays, la réactivation, par Vladimir Poutine et son clan, d’un supranationalisme militant, agressif, exacerbé, a également ranimé les pires travers historiques de la société : antisémitisme, xénophobie, racisme, homophobie. Autre observation : qu’on le veuille ou pas, la société russe s’avère de plus en plus violente mais ce fait ne semble guère préoccuper les prédateurs du Kremlin.

L’historien Nikita Petrov, ancien vice-président de Mémorial, qui participe régulièrement à des colloques scientifiques en France, est l’un des rares Russes favorables à l’Union européenne.

— Nikita, certains, en France, ont lancé l’idée d’intégrer la Russie et l’Ukraine à l’Union européenne. Qu’en pensez-vous ?

« Je trouve l’ idée d’une Union de l’Europe plutôt bonne. Je ne sais pas si, pour exister, elle a réellement besoin d’une Constitution. Mais en matière de solidarité entre États-membres, de coordination sociale, politique, économique, une telle Union est indispensable. Et en matière de solidarité euro-atlantique contre le néo-totalitarisme russe, elle est vitale ! Sans l’Union, l’Europe n’est pas défendue. Après tout, ce qui la sauva autrefois face au Bloc de l’Est, c’est précisément son union ! Mais, aujourd’ hui, la Russie n’a pas sa place au sein de l’UE… Et si des voix s’ élèvent parfois pour ouvrir ce débat, – des voix évidemment téléguidées par Moscou –, à ma connaissance, la Russie ne demande rien de tel… »

— Effectivement, la Russie ne l’a jamais demandé. D’aucuns s’en chargent à sa place. D’ailleurs, pourquoi rejoindrait-elle une Europe qu’elle stigmatise à longueur de temps ?

On constate que même les Russes favorables, dans le passé, à un éventuel partenariat Russie-UE préfèrent garder leurs distances. De plus, la guerre russo-ukrainienne a tout remis en question…

L’historien Jacques Chevchenko, quant à lui, se dit sidéré de constater que de pseudos « intellectuels français », probablement des idiots utiles mais présumés sérieux, puissent lancer l’idée d’une intégration de la Russie à l’UE. Projet peu crédible en effet. Sauf si l’on projette de désunir sciemment l’Union européenne afin de mieux la soumettre. Ou de la faire disparaître…

En effet, si la Russie intégrait à long terme la Communauté européenne, elle la ferait exploser sous son poids, son immensité, la nature de son régime – le national-tchékisme –, sa population, ses ressources naturelles, mais surtout parce que les onze pays d’Europe centrale et orientale, réfugiés dans l’Union et l’OTAN pour fuir la menace et la zone d’influence russes, refuseraient tout net de retomber sous la coupe de Moscou. Ce serait le meilleur moyen de morceler « involontairement » l’Union européenne, ce qui réjouirait sans nul doute le Kremlin. (Diviser pour régner reste toujours aussi efficace.)

Sans compter que la Russie est loin de partager les principes et les valeurs qui fondent cette communauté depuis près de soixante-dix ans. Ce qui ne semble guère gêner certains dirigeants européens. Notamment, les responsables politiques des extrémismes français. Au contraire !

L’économiste Grigori Yavlinski, ancien leader du Parti réformateur libéral Yabloko, ne comprend pas l’attitude de ces politiques : « La majorité des responsables politiques européens pensent que les Russes ne sont pas prêts pour la démocratie, qu’ il leur faut un État fort. Ils ne font rien pour contribuer à la naissance d’une société civile et ne veulent pas entendre les voix des journalistes, des experts et des chercheurs. Du temps de l’URSS, nous pensions que nous allions nous engager dans votre direction. Mais c’est vous qui avez commencé à devenir comme nous ! »

Nikita Petrov, lui, va plus loin : « Ce qui me navre c’est l’ habileté avec laquelle la Russie parvient à semer la discorde entre l’Europe et les États-Unis. Jusqu’ à Jacques Chirac, elle avait presque réussi à détruire la solidarité euro-atlantique. Avec Medvédev et Poutine, se réalise enfin le vieux rêve soviétique. Au risque de me répéter, je dois insister : en principe, les dirigeants russes ne recherchent pas la confrontation directe. Ils ne veulent pas la guerre (excepté au Caucase où, oficiellement, ils sont censés combattre le terrorisme intégriste, ce qui n’est vrai qu’en partie car il s’agit d’abord d’une guerre coloniale, d’une guerre de reconquête – ou bien en Géorgie, en Syrie pour soutenir Assad). Leur obsession : reformer un semblant d’empire. Quel qu’en soit le coût. Fut-ce même au prix d’une ou plusieurs guerres. À long terme, ils veulent tout simplement dominer le monde. À commencer par l’Europe… »

Autre chose : la Russie n’a pas de frontières naturelles. Elle peut donc déclencher n’importe quand une expansion territoriale tous azimuts. Ainsi, elle veut faire main basse sur le Pôle Nord. Le 2 août 2007, en effet, une mission plantait le drapeau russe au fond de l’océan Arctique. Il est vrai que le cercle polaire contient le quart des gisements mondiaux de pétrole (jusqu’à dix milliards de tonnes selon les experts) ainsi que d’énormes réserves de gaz et de diamants. De quoi donner l’envie, comme d’habitude, de mettre le monde devant le fait accompli.

Mais, début 2023, le Canada a fait valoir ses prétentions sur cette zone. Une pomme de discorde entre Canada et Russie ? Affaire à suivre car la Russie reste un État de force…

Pour conclure, la grande politologue russe Lilia Chevtsova déplore l’attitude irresponsable de l’UE qui n’a eu aucun scrupule à renforcer le régime russe : « L’Union européenne a adopté le « reset » en proposant à la Russie « un partenariat au nom de lamodernisation » sans trop chercher à savoir ce que le Kremlin entendait par ce terme de « modernisation ». Les capitales occidentales n’ont eu et n’ont toujours aucune illusion sur ce qui se passe en Russie. Mais les dirigeants occidentaux sont arrivés à la conclusion erronée que la Russie ne représentait pas une menace. Donc, il fallait rechercher, avec le Kremlin, un compromis facilitant la réalisation des intérêts occidentaux. Et si ce compromis aidait le régime dictatorial, totalement corrompu de la Russie à survivre, tant pis. Ça passerait par pertes et profits… »

Pour sa part, lors d’une interview récente, l’ancien chef de l’État lituanien, Vytautas Landsbergis, premier président élu au suffrage universel en 1990, compare l’évolution de l’Europe et de la Russie : « La politique de « reset » adoptée par les États-Unis consistait à se rapprocher du Kremlin en renonçant à l’irriter avec des allusions « aux droits civiques et à des considérations démocratiques ». En dépit de ces concessions, la realpolitik américaine a échoué sur toute la ligne :

La Russie et l’Europe ont pris de mauvaises directions. L’Europe, à la vision matérialiste et consumériste, soumise à la fausse religion duprofit, de la croissance et dubien-être matériel, semble incapable de mesurer la dégradation de sa situation.

Ainsi, vit-elle en errant au milieu des décombres de son matérialisme.

Quant à la Russie, elle semble profondément enlisée dans le marais fatal de ses propres complexes, de ses peurs et de sa colère, ce qui l’empêche de se tourner vers un avenir meilleur. Tout au contraire, ce vaste et dangereux pays, soumis à un pouvoir satrapique, est retombé dans une nostalgie traditionnelle, le chaos et l’esprit de revanche. Il régresse manifestement.

Devenue totalement étrangère aux réalités ou à la mission positive de l’Homme et de l’État, la Russie n’a pas abandonné son ancienne mentalité de conquête et de domination du monde… " »

Hélène Blanc et Renata Lesnik

3. La kremlinophilie française :un mal incurable ?

La kremlinophilie française à droite et à gauche se fonde sur un substrat complexe mais extrêmement solide, ce que nous pouvons constater aujourd’hui. Les poutinolâtres français semblent aussi imperméables à la réalité que leur idole, dont ils épousent toutes les obsessions et à laquelle ils trouvent toutes les excuses. Ils avalent et régurgitent les plus énormes bobards de la propagande du Kremlin, sont prêts à croire que la Russie est menacée par l’OTAN, que l’Ukraine agresse la Russie, que « la Crimée a toujours été russe », que « Poutine est démonisé », que « la Russie est un partenaire incontournable ». C’est une croyance qui ressemble à celle qui cimente une secte autour de son gourou.

À la base, on trouve une russophilie sentimentale datant de l’alliance franco-russe, charriant divers clichés sur la spiritualité russe, l’âme russe prétendument mystérieuse, Dostoïevski (mal compris), Tolstoï (qui l’a lu ?), les ballets russes, etc. Les admirateurs français de la Russie ont intériorisé certains lieux communs slavophiles, notamment celui selon lequel le Russe, du fait de son âme mystique, est dispensé de se plier aux règles de la morale commune. La couche suivante de notre sédiment est l’antiaméricanisme, un sentiment fort répandu en France, qui s’explique par l’impact de la propagande communiste d’après-guerre, elle-même amplifiée par le souvenir de l’humiliation de la défaite de 1940 et de la position inconfortable des Français de Londres pendant la guerre. La propagande de Vichy contre les « Anglo-Saxons » a laissé des traces, d’autant plus qu’elle a immédiatement été reprise par la propagande communiste. Derrière cette thématique antiaméricaine il y a aussi la peur de la modernité et de la mondialisation, phénomène attribué aux États-Unis, alors qu’il est antérieur à l’existence même des États-Unis. En outre, la France se sent une proximité structurelle avec la Russie. Économiquement et politiquement, c’est un pays étatisé, avec des penchants centralisateurs jacobins et un fort tropisme antilibéral, dans lequel se rejoignent la droite et la gauche.

Quant à la séduction qu’exerce le régime de Poutine aujourd’hui, plusieurs causes convergent.

Nous laisserons de côté un élément très important, l’argent russe qui irrigue nos décideurs, nos médias, nos think tanks ; qu’il nous suffise de rappeler à ce propos que Poutine s’est vanté auprès d’un ministre des Affaires étrangères européen que la Russie pouvait acheter n’ importe qui aux États-Unis et en Europe. Nous laisserons aussi de côté la vanité française que les dirigeants du Kremlin exploitent avec un succès inchangé depuis le 18 décembre 1917, lorsque Trotski, alors commissaire du peuple aux Affaires étrangères, fit état de sa francophilie devant l’ambassadeur de France Joseph Noulens : il parla de « son attachement envers la France, déclarant qu’ il mettait notre peuple au-dessus de tous les autres ».1

Nous nous intéresserons aux facteurs politiques et psychologiques à l’origine de ce kremlino-tropisme.

Il y a, d’abord, une remise en cause de la démocratie et des élites. Le dégoût de la politique française porte nombre de Français à chercher des contre-modèles à l’étranger. Le climat actuel rappelle beaucoup celui des années 1930, lorsque le rejet du parlementarisme poussait les uns à s’enthousiasmer pour Staline, les autres pour Mussolini ou Hitler. Certains Français avaient l’impression d’être si mal gouvernés chez eux qu’ils s’imaginaient qu’ils se porteraient mieux sous une poigne étrangère. On a aujourd’hui en France la même nostalgie d’un « homme fort » que durant ces années lugubres. La propagande russe qui imprègne nos réseaux sociaux ne cesse de cultiver ce rejet des élites, des médias dits « mainstream », des institutions démocratiques, en promouvant une perception apocalyptique de la situation en France qui appellerait un homme providentiel, bien sûr aligné sur Moscou. Combien de fois n’entend-on pas, dans les transports, sur les marchés : « La France est foutue » ? Du coup, on rêve d’un leader charismatique qui sauvera la patrie. C’est ainsi que Jean-Marie Le Pen aime à afficher son admiration pour Poutine : « Je pense que le président Poutine est une chance pour la paix du monde, c’est une chance que ce soit un homme équilibré, compétent, d’expérience et patriote qui soit à la tête de ce pays. »2 « Il faudrait [en France] un homme d’État [comme Poutine] qui s’ élève au-dessus des pâquerettes », rêve tout haut le député Claude Goasguen3. Cet état d’esprit est particulièrement sensible depuis l’intervention russe en Syrie. Caroline Galactéros, actuellement la conseillère diplomatique de Zemmour, se livre dans une tribune du Figaro à un vibrant éloge des hommes à poigne tels Vladimir Poutine, Slobodan Milosevic ou Saddam Hussein qui « tiennent pour indispensable la centralité de la décision et l’autorité sur leur “peuple” qu’ ils […] entendent guider vers un horizon de puissance et d’ influence peut-être contestable mais au moins défini et clair. Pour eux, le collectif est plus que la somme des intérêts particuliers ; il doit incarner quelque chose de plus grand que soi »4.

Autre catégorie tombant sous le charme du Kremlin : nos prétendus « réalistes », tel Hubert Védrine qui ne cesse de rêver à « l’alliance de revers » contre les États-Unis : « L’ hégémonisme américain : autre raison, en 1985, de retrouver, à l’est de l’Europe, un contrepoids, un partenaire fréquentable, fort et équilibrant. »5 Et Hubert Védrine accuse « l’État profond » américain d’« avoir voulu garder la Russie comme ennemie après la guerre froide », ce qui, soit dit en passant, n’est nullement le cas, nous n’en serions pas où nous en sommes aujourd’hui si les États-Unis avaient prêté une attention sérieuse à la Russie pendant les années 2000.

Mais c’est surtout la fascination pour la force qui est à la base du kremlino-tropisme de nos hommes politiques se réclamant du « réalisme ». Robert Musil a noté très justement : « L’ homme qui se pose en politicien réaliste ne tient pour réelles que les bassesses de l’ homme, seules valeurs qui lui semblent sûres ; il n’agit pas par conviction et ne table que sur la contrainte et la ruse. » Les « réalistes », tout comme les dirigeants du Kremlin, sont persuadés qu’une politique cynique sera forcément plus efficace qu’une politique orientée vers la recherche de la justice et du bien. Cette philosophie peut déboucher sur des conséquences funestes. Georges Bernanos observe en août 1940 que l’invocation du « réalisme », cette « toxine que l’esprit de dictature sécrète, pour les autres »6, sert à justifier la collaboration après la défaite de 1940.

Sous couleur de partir en guerre contre le « politiquement correct », contre la prétendue « pensée unique », la propagande du Kremlin favorise l’émergence d’un conformisme de l’anticonformisme, d’une « pensée unique » en miroir, où il est de règle de stigmatiser la mondialisation, l’hégémonisme américain, la bureaucratie de Bruxelles, la décadence des mœurs, l’islamisation, etc. C’est une propagande tous azimuts : à la droite elle présente la Russie comme la championne des « valeurs traditionnelles », de la « souveraineté » des États, de la « civilisation européenne », de la « protection des chrétiens d’Orient » ; vers la gauche elle recycle sans complexe le tiers-mondisme antieuropéen dont elle se sert au Mali pour discréditer la France. La vision manichéenne complotiste exportée de Moscou, amplifiée par les réseaux sociaux, est quasi irrésistible en notre époque d’inculture assumée et de paresse intellectuelle, quand la raison laisse place aux passions les plus primitives, la peur et la haine : il y a les méchants d’un côté, Américains, globalistes, multinationales, qui tirent les ficelles dans les coulisses, et les vaillants résistants derrière Poutine, dressés contre l’Amérique comme Astérix contre l’Empire romain. Cet univers de BD trouve beaucoup d’adeptes en France.

La propagande du Kremlin réussit de manière étonnante à faire communier dans les mêmes haines et les mêmes phobies Français et Russes. Ainsi, la haine de l’Ukraine s’est étonnamment clonée des médias russes à la droite française. Il a suffi à la propagande russe de faire accroire que le Maïdan était un projet américain pour qu’une bonne partie de la droite française devienne ukrainophobe. On distingue une ukrainophobie « bon chic bon genre », fréquente dans les pages du Figaro : « Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’ être un Empire. Elle cesse d’ être une menace pour l’ hégémonie des États-Unis » (Hadrien Desuin). « Le parti pris pro-occidental a durablement coupé l’Ukraine de son environnement oriental tout en n’ étant pas encore intégrée à son voisinage occidental. Au milieu du gué, le parti de Maïdan a fini isolé. Avant de couler… Deux ans après le départ de Victor Ianoukovitch, c’est une véritable Berezina. Tout ça pour ça ! […] L’État ukrainien s’enfonce lentement mais sûrement. Les prêts garantis par le FMI et l’UE sont détournés. La faillite ukrainienne est quasi inéluctable… » Et de rappeler que « dans le sillage des faucons américains, beaucoup de pays européens se sont enthousiasmés pour la nouvelle révolution ukrainienne » (Éléonore de Vulpillières). Thème également entonné par Nicolas Sarkozy, qui ne rougit pas de reprendre mot pour mot la ligne du Kremlin. À l’en croire, les États-Unis sont les seuls responsables du conflit ukrainien : « La séparation entre l’Europe et la Russie est un drame. Que les Américains la souhaitent, c’est leur droit et c’est leur problème […], mais nous ne voulons pas de la résurgence d’une Guerre froide entre l’Europe et la Russie. »

Le général Jean-Bernard Pinatel justifie l’annexion de la Crimée en des termes que l’on ne cesse d’entendre dans la bouche du président russe : « Poutine ne fait que répondre par un coup de force à un autre coup de force qui s’est produit en Ukraine avec la complicité des Européens et l’appui des États-Unis […]. Comment pour Poutine ne pas réagir à cette provocation qui n’ était pas la première. »

Puis on a l’ukrainophobie hystérique charriée par les réseaux sociaux, celle exprimée par Éric Zemmour avec des accents à la Céline : « La chimère d’une Ukraine unifiée ruinée mais portée à bout de bras par l’Europe a vécu. Son cadavre bouge encore mais plus pour longtemps