Guinée - Moustapha Ditinn Barry - E-Book

Guinée E-Book

Moustapha Ditinn Barry

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Beschreibung

"Guinée – L’insoutenable vie du paradis" vous propose une réflexion approfondie sur l’évolution sociopolitique de la Guinée depuis son indépendance. À travers une rétrospective historique, Moustapha met en lumière les dérives des régimes successifs, soulignant la mauvaise gouvernance, la corruption et l’emprise des élites politiques et religieuses. Il dévoile les paradoxes d’un pays aux ressources naturelles abondantes, mais frappé par la pauvreté et les inégalités. Cet ouvrage se veut un appel à la prise de conscience collective, en vue d’un changement effectif et durable.

À PROPOS DE L'AUTEUR 

Dès son plus jeune âge, Moustapha Ditinn Barry a été imprégné des valeurs fondamentales de l’Islam et du respect des traditions. Parvenant à concilier études coraniques et cursus scolaire français, il a su élargir sa vision du monde tout en demeurant profondément attaché à ses racines. Son implication politique et sociale, ainsi que sa lutte contre les dérives l’ont conduit à défendre l’importance de l’engagement civique et de la pensée critique.

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Seitenzahl: 122

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Moustapha Ditinn Barry

Guinée

L’insoutenable vie du paradis

Essai

© Lys Bleu Éditions – Moustapha Ditinn Barry

ISBN : 979-10-422-5569-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Remerciements

Je souhaite exprimer ma profonde gratitude à Dieu, dont la guidance et les bénédictions ont illuminé mon chemin tout au long de ce travail. Mes remerciements vont tout particulièrement à mes parents, ma famille, mes enfants ainsi qu’à tous mes amis.

Je tiens également à exprimer ma reconnaissance à mes enseignants, mes camarades de classe et à tous les encadreurs qui m’ont soutenu depuis l’école primaire jusqu’à la dernière formation suivie, sans oublier tous mes maîtres coraniques. Chaque rencontre, qu’elle ait été brève ou prolongée, a contribué à mon apprentissage et à mon développement personnel. Sans vous, je ne serais pas la personne que je suis aujourd’hui.

Je remercie sincèrement ceux qui, d’une manière ou d’une autre, m’ont confronté à des défis ou causé des difficultés. Ces épreuves m’ont permis de tirer des leçons précieuses et de renforcer mon caractère. Votre impact, bien que difficile sur le moment, a été essentiel à mon évolution.

Je n’oublie pas mes anciens collègues et collaborateurs d’Afribone Guinée, avec qui j’ai partagé des expériences enrichissantes et des moments de complicité inoubliables. Vous avez été des piliers essentiels dans l’élaboration de ce livre.

Je suis également reconnaissant envers mes amis proches qui ont su m’apporter réconfort, joie et encouragement pendant les périodes difficiles. Votre amitié est inestimable, et je vous en suis profondément reconnaissant. Vous saurez tous vous reconnaître.

Un grand merci à toutes les personnes qui m’ont accueilli et accompagné dans ma ville de cœur, Buzançais. Votre accueil chaleureux et votre soutien ont joué un rôle crucial dans la réalisation de ce projet. Je suis profondément touché par votre générosité.

Enfin, je tiens à exprimer ma gratitude à mes enfants, qui me soutiennent chaque jour dans mon travail sur ce livre. Leur amour inconditionnel, leurs sourires et leur présence sont des sources constantes de courage et de motivation. Ils m’inspirent à persévérer et à donner le meilleur de moi-même, même dans les moments les plus difficiles.

À toutes ces personnes, je dis un grand merci. Vous avez toutes, d’une manière ou d’une autre, contribué à la réalisation de ce livre, et je vous en suis éternellement reconnaissant. Que Dieu vous bénisse abondamment pour tout le bien que vous avez apporté ou continuez à apporter dans ma vie.

Bienvenue dans un pays où le peuple préfère revivre son passé plutôt que de vivre son présent et où l’avenir n’a aucune importance à leurs yeux.

Bienvenue au paradis des démons, l’enfer des génies : un pays où les morts ont plus d’importance que les vivants, où la médiocrité et l’ignorance sont valorisées, tandis que la compétence est réprimandée. Le courage y est découragé et la paresse célébrée.

Un pays où l’honnêteté, le patriotisme deviennent une malédiction tandis que la malhonnêteté, la dilapidation du bien commun est perçue comme bénédiction.

Un pays où ceux qui luttent contre l’oppression sont les pires ennemis des opprimés tandis que ceux qui oppriment et exploitent le peuple en sont les alliés.

Un pays où les têtes sont au service de l’argent et non l’argent au service des idées.

Un pays marqué par l’inversion des valeurs et de tous les paradoxes.

Avant de commencer, je voudrais partager avec vous cette conviction profonde qui m’anime.

Le véritable bonheur ne se mesure pas à la quantité de richesses que l’on possède ou à la facilité de la vie par rapport aux autres, mais plutôt à la qualité de l’environnement où le bonheur est partagé par tous et où la prospérité est collective. Vivre dans un milieu où chacun peut s’épanouir et où les richesses sont équitablement distribuées crée une société harmonieuse où le bien-être de l’un renforce celui de l’autre.

Ton bonheur personnel, ta sécurité et ta santé sont profondément interconnectés avec ceux des personnes qui t’entourent. Si ton entourage vit dans la précarité, sans accès à la santé, à l’éducation ou à la sécurité, cela finit inévitablement par affecter ta propre qualité de vie. Par exemple, dans une communauté où les soins de santé sont insuffisants, les risques pour ta propre santé augmentent. De même, une communauté marquée par l’insécurité met en péril ta propre tranquillité.

Ainsi, le bonheur durable se construit dans une société où chacun a la possibilité de prospérer, où les réussites sont partagées et où les souffrances sont atténuées par un effort collectif. Pour être véritablement heureux, il est indispensable de vivre dans un environnement où le bien-être de tous est une priorité, car ton bonheur est indissociable de celui de la communauté.

Introduction

Ce livre est le reflet d’un constat personnel et d’une analyse approfondie de la situation de la Guinée fondée sur mon vécu, mes observations et les idées rassemblées au fil des années. J’y explore les défis, les espoirs et les réalités de notre pays avec l’intention de susciter la réflexion et d’encourager un changement positif. Ce travail ne prétend pas être exhaustif ni parfait ; il vise simplement à provoquer une prise de conscience tant individuelle que collective sur les problèmes de société auxquels notre pays est confronté. Comme toute œuvre humaine, il n’est ni parfait ni complet : il est le fruit de mes expériences et de mes perceptions personnelles, il invite à être complété, discuté et enrichi par les contributions d’autres personnes.

Ce livre est une invitation à regarder notre pays et nos pratiques quotidiennes avec un regard critique, mais constructif, à reconnaître les défis que nous devons surmonter et à célébrer les progrès que nous pouvons accomplir ensemble. J’invite chaque lecteur à le parcourir de manière dépassionnée et à observer ce qui se passe autour de nous et ailleurs afin de mieux cerner nos problèmes du quotidien. J’encourage donc chacun à apporter ses propres idées, critiques, recommandations et corrections là où cela semble nécessaire. J’espère également que ceux qui trouveront cette réflexion incomplète se sentiront libres d’apporter leurs contributions pour étoffer ce travail dans l’espoir qu’ensemble nous pourrons aider à faire avancer la Guinée dans la bonne direction dans l’intérêt de tous les Guinéens.

Chapitre 1

Brève histoire politique post-indépendance

L’indépendance de la Guinée, obtenue en 1958 sous la direction de Sékou Touré, a marqué un tournant décisif dans l’histoire du pays. Cependant, les espoirs d’une nation libre et prospère ont rapidement été étouffés par une succession de régimes autoritaires, de coups d’État et de transitions politiques instables. Ce chapitre explore les principales étapes de l’histoire politique guinéenne après l’indépendance, en mettant en lumière les régimes qui ont façonné le pays, les périodes de répression et les rares moments d’espoir démocratique.

1.1. Régime de Sékou Touré (1958-1984)

Ahmed Sékou Touré, figure charismatique du mouvement indépendantiste africain, est devenu le premier président de la République de Guinée après le référendum de 1958, où le peuple de guinée a massivement rejeté l’adhésion à la Communauté française proposée par Charles de Gaulle. Ce choix audacieux a conduit à une rupture immédiate avec la France, plaçant la Guinée en position d’isolement international. Néanmoins, Sékou Touré a réussi à capitaliser sur ce défi, en devenant un symbole de la lutte pour la liberté en Afrique.

Rapidement après l’indépendance, Sékou Touré a consolidé son pouvoir en instaurant un régime à parti unique. Le Parti démocratique de Guinée (PDG) est devenu l’instrument de contrôle total du pays, avec une concentration du pouvoir entre les mains de Sékou Touré et de son cercle proche. Le slogan du régime, « L’Unité nationale », est devenu le prétexte pour éliminer toute forme de dissidence. Sous couvert de préserver l’unité et l’indépendance du pays, le régime a mis en place un appareil de répression sans précédent.

Le régime de Sékou Touré est tristement célèbre pour sa répression sévère des opposants politiques. Les arrestations arbitraires, les tortures, les exécutions sommaires et les disparitions ont marqué cette période. Le Camp Boiro, tristement célèbre, est devenu le symbole de la terreur d’État, où des milliers de Guinéens ont été emprisonnés, torturés et tués sous l’accusation de comploter contre le régime. La politique de terreur instaurée par Sékou Touré a non seulement brisé l’opposition politique, mais a également instauré un climat de méfiance généralisée dans la société Guinéenne.

Sur le plan économique, Sékou Touré a adopté une politique socialiste, nationalisant les industries et les ressources du pays. Mais, la mauvaise gestion, le manque d’investissements étrangers en raison de l’isolement diplomatique et les politiques économiques rigides ont conduit à une détérioration rapide de l’économie. La Guinée, bien que riche en ressources naturelles, a vu son potentiel économique inexploité et sa population appauvrie.

La mort de Sékou Touré en 1984 a marqué la fin d’une ère, mais son héritage a laissé des cicatrices profondes dans la société guinéenne. Son régime a non seulement détruit les structures démocratiques naissantes, mais il a également laissé un pays divisé, appauvri, et marqué par la peur et la répression. La transition qui a suivi sa mort n’a pas apporté l’espoir de la liberté, mais a plutôt jeté les bases d’une nouvelle dictature militaire.

1.2. Régime de Lansana Conté (1984-2008)

Après la mort de Sékou Touré, la Guinée a plongé dans une nouvelle période d’instabilité. En avril 1984, moins d’une semaine après la disparition de Sékou Touré, un coup d’État militaire, dirigé par le colonel Lansana Conté, renverse le gouvernement intérimaire. Lansana Conté, tout en promettant des réformes, instaure rapidement une dictature militaire. Le Comité militaire de Redressement national (CMRN) devient l’organe de pouvoir et Lansana Conté s’empare de la présidence.

Ce régime a été très vite marqué par des violences dirigées contre les dignitaires de l’ancien régime qu’il avait renversé. Après un coup d’État avorté dirige par colonel Diara Traoré en 1985, une vague de répression s’est abattue sur les partisans présumés de ce dernier, ainsi que sur la communauté ethnique à laquelle il appartenait. Ces violences ont pris une dimension ethnique, car Diara Traoré était originaire de la communauté Malinké, une communauté qui avait été influente sous le régime précédent de Sékou Touré. Les représailles ont visé non seulement les acteurs politiques liés au régime déchu, mais aussi de nombreux civils de la même ethnie touchant plusieurs personnes innocentes.

Les purges politiques et les violences qui ont suivi le coup d’État manqué visaient à consolider le pouvoir de Conté et à éliminer les menaces potentielles à son régime. Cette période a laissé une empreinte durable sur la Guinée, marquée par la méfiance entre différentes communautés et la répression des opposants politiques.

Au début des années 1990, sous la pression internationale, Lansana Conté engage une série de réformes visant à libéraliser l’économie et à ouvrir le système politique. Le multipartisme est officiellement rétabli en 1992, et des élections présidentielles sont organisées en 1993. Toutefois, ces réformes se révèlent en grande partie superficielles. Les élections sont marquées par des fraudes et des irrégularités massives, permettant à Conté de consolider son pouvoir.

Malgré les promesses de réformes, le régime de Lansana Conté est marqué par une corruption endémique. Les ressources de l’État sont pillées par une élite proche du pouvoir, tandis que la population continue de s’enfoncer dans la pauvreté. L’autoritarisme de Conté s’intensifie au fil des années, avec une répression accrue des opposants politiques et des journalistes. L’économie guinéenne, déjà affaiblie, souffre d’une mauvaise gestion chronique et d’une corruption systématique, aggravant la situation du pays.

Conté a établi un réseau clientéliste en distribuant des ressources et des postes aux loyalistes. La corruption est devenue endémique, permettant au président de maintenir le soutien des élites économiques et politiques.

Il a régulièrement utilisé les divisions ethniques pour renforcer son pouvoir, en favorisant certaines communautés au détriment d’autres et en exploitant les rivalités ethniques pour diviser l’opposition.

La ruine de l’économie, la corruption endémique et la mauvaise gouvernance ont engendré une vague de mécontentement populaire qui a culminé en janvier et février 2007 par des manifestations sociales et syndicales d’une ampleur inédite. Ces manifestations, soutenues par divers acteurs politiques à travers l’ensemble du territoire national, ont été le reflet d’une frustration accumulée face à un régime incapable de répondre aux besoins fondamentaux de la population.

La situation a atteint un point critique lorsque les forces de sécurité, dans une tentative désespérée de réprimer le mouvement, ont ouvert le feu sur les manifestants, entraînant un bain de sang particulièrement brutal au « Pont 8 novembre » à Conakry, où de nombreux Guinéens ont tragiquement perdu la vie. Cette répression sanglante a accentué la crise, obligeant le régime à céder sous la pression populaire.

En dépit des dispositions constitutionnelles, un Premier ministre, chef de gouvernement à la personne de Lansana Kouyate, diplomate a été nommé en réponse à ces événements, dans une tentative de calmer la situation. Ce compromis, bien qu’en dehors du cadre légal prévu par la Constitution, visait à apaiser les tensions et à offrir une porte de sortie à une crise qui menaçait de plonger le pays dans le chaos total. Cet épisode a laissé des cicatrices profondes dans la mémoire collective et a mis en lumière les failles structurelles du système politique guinéen.

La santé déclinante de Lansana Conté dans les années 2000 affaiblit encore davantage son régime. Conté meurt en décembre 2008, laissant derrière lui un pays en crise, avec une économie en ruine et une population désillusionnée. Sa mort ouvre la voie à une nouvelle phase d’instabilité, marquée par un coup d’État militaire et une transition incertaine.

1.3. La transition sous Moussa Dadis Camara (2008-2009)

À la mort de Lansana Conté, un coup d’État militaire est rapidement organisé par un groupe d’officiers de l’armée sous la bannière du CNDD (commute national pour la démocratie et le développement), portant au pouvoir le capitaine Moussa Dadis Camara. Charismatique et adulé, Dadis Camara se présente comme un réformateur venu sauver le pays de la corruption et de la mauvaise gouvernance. Cependant, son règne est rapidement marqué par des actions imprévisibles et autoritaires. Sa volonté manifeste de se maintenir au pouvoir plonge le pays dans une crise profonde.