Heidi, réveille-toi ! - Robert Salmon - E-Book

Heidi, réveille-toi ! E-Book

Robert Salmon

0,0

Beschreibung

Des dangers menacent la réussite suisse. Quels sont les scénarios pour demain ?

« Les Suisses se lèvent tôt, mais se réveillent tard. »

Les temps changent à une vitesse vertigineuse et la Suisse apparaît comme un îlot de prospérité jalousé et perdu dans l’océan de la mondialisation.

Heidi réveille-toi a pour ambition d’alerter des dangers qui menacent la réussite suisse et de favoriser une prise de conscience salutaire.

Un effort soutenu de prospective est aujourd’hui vital car c’est dans les périodes fastes que le changement doit prendre corps.

Une veille systématique permet d’anticiper les risques et de gérer les futures crises. Ce livre en donne les clés. L’histoire jugera les hommes politiques, non seulement sur la préservation d’un certain nombre d’acquis, mais également sur la vision inspirée d’une Suisse tournée vers l’avenir.

Heidi réveille-toi s’adresse à tous les citoyens actifs, aux décideurs, à la génération montante, bref à tous ceux qui refusent le statu quo et feront la Suisse de demain. À quand le Département Fédéral du futur ?

Cet ouvrage se veut un acte citoyen pour une prise de conscience salutaire

EXTRAIT

Il y a deux façons de cuire une grenouille. La première est de s’assurer qu’aucun activiste proche de Brigitte Bardot ou de PETA n’est présent et de jeter directement le batracien dans une casserole d’eau bouillante. Si cette option est choisie, la grenouille va tout faire pour essayer de s’en extraire.
La seconde façon consiste à mettre la grenouille dans la même casserole, mais dans de l’eau tiède, puis d’accroître progressivement la température. Au début, la grenouille, se sentira à son aise mais progressivement s’endormira pour finalement se laisser cuire.

CE QU’EN PENSE LA CRITIQUE

- « Entre le pamphlet, l’étude historique et sociale, le constat politique, Heidi réveille-toi ! interroge le lecteur sur l’insolente bonne santé d’une petite Confédération qui pourrait bien, dans un avenir proche, ne plus être capable de relever les défis qui se présentent à elle, perdue dans une mondialisation toujours plus rude. » Bernadette Richard, Le quotidien jurassien

A PROPOS DES AUTEURS

Robert SALMON

Ancien Vice-Président et Directeur Général de la prospective stratégique du groupe L’Oréal. Membre du Global Advisory Council de la World Future Society. Conseiller et auteur entre autres de Sauvez demain, préfacé par Nicolas Hulot, 21 défis pour le XXIe siècle et L’intelligence compétitive.

Christopher H. CORDEY

CEO de futuratinow.com, cabinet conseil en prospective stratégique. Professeur en leadership du changement, prospective et responsabilité sociale. Fondateur du Sustainable Luxury Forum. Artiste. Membre de l'Association of Professional Futurists.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern

Seitenzahl: 97

Veröffentlichungsjahr: 2016

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



« Les Suisses se lèvent tôt, mais se réveillent tard. »

Jean-Pascal Delamuraz, ancien conseiller fédéral

Préambule

« Quand on sait ce qu’on sait, quand on voit ce qu’on voit, on a raison de penser ce qu’on pense. »

Pierre Dac

Heidi réveille-toi a pour ambition d’alerter des dangers qui menacent la réussite suisse et ainsi de favoriser une prise de conscience salutaire. Cet ouvrage se veut un acte citoyen. Notre manifeste, parfois aux allures de pamphlet, ne se prive pas de « coups de gueule » face à certaines attitudes de nos compatriotes, soit trop sûrs d’eux, soit trop perméables à des pressions extérieures pas toujours justifiées.

La neutralité, la démocratie directe, le sens du travail de nos compatriotes, leur capacité d’innovation, une gestion sage et prudente, ont été autant de vertus qui ont construit l’indiscutable succès du modèle actuel.

Mais il n’est pas du tout certain que les recettes du passé pourront se prolonger indéfiniment. Les temps changent à une vitesse vertigineuse et la Suisse apparaît comme un îlot de prospérité jalousé, dépecé et perdu dans l’océan de la mondialisation. Or l’avenir du pays dépend aussi des autres, et nos concitoyens ont trop tendance à l’oublier. Pour preuve, les attaques de plus en plus dures contre certaines pratiques qui ont favorisé la bonne santé de la Suisse, comme les aspects fiscaux et le secret bancaire, longtemps acceptées et tolérées, mais aujourd’hui indésirables.

Pointer du doigt une petite nation en pleine forme est un exercice jouissif dont certains pays ne se privent pas. Ce détournement d’attention, principalement destiné à leurs opinions publiques, leur évite souvent d’affronter leurs vrais problèmes. Ils devraient d’abord balayer devant leur propre porte…

Ainsi, aujourd’hui, l’Union européenne, en proie à une inquiétante stagnation et à une pratique trop technocratique, déçoit les espoirs qui présidèrent à sa construction. La bouteille est à moitié pleine mais les difficultés la font voir à moitié vide. Il est patent que Bruxelles est perçu comme trop éloigné des aspirations des différents peuples.

Heidi réveille-toi s’adresse donc à tous les responsables sociaux, économiques et politiques, aux citoyens actifs, à la génération montante, à la Suisse de demain. Bref, à tous ceux qui refusent le statu quo, la posture de souffre-douleur, et veulent une Suisse affirmée et tournée vers l’avenir. Et ce, en écho aux récents propos du président de la Confédération, Ueli Maurer, pour qui aujourd’hui la Suisse est David face à Goliath.

Les acquis ne valent pas pour toujours. La mémoire suisse garde le souvenir que le pays fut un temps si pauvre que ses hommes émigraient, rejoignant il est vrai pour certains les régiments au service des Rois de France et du Pape.

Il nous est apparu pertinent, nécessaire et flagrant de crier ATTENTION DANGER ! Une remise en cause profonde est nécessaire car mieux vaut prévenir que guérir, et faire l’autruche : ne pas voir, ne pas agir, risque de léser le futur…

Par exemple, il ne faudrait pas que la lenteur induite par la démocratie directe devienne un facteur paralysant dans un monde dont les évolutions exigent la réactivité. Et que pèsera un minuscule pays face aux gigantesques regroupements entrepris à l’échelle de la planète ?

L’immense défi de la Suisse à ce jour est de faire évoluer les mentalités de sa population attentiste, sans grandes préoccupations matérielles et plutôt confiante, mais surtout de sa jeunesse, souvent dorée, peu engagée civiquement et qui se dit mal écoutée. Une tâche guère aisée mais pourtant indispensable pour la survie de notre pays.

D’aucuns pourraient penser que le Suisse est un premier de classe, voire un surdoué… Et pourtant d’ici 2030, il ne s’agira plus de conserver, de perpétuer, de défendre, mais bien plus – si nous voulons une « Suisse ferme, forte, stable, sûre et consciente de sa valeur ! » – d’affirmer notre originalité, de décider plus rapidement, de revitaliser l’esprit pionnier, de prendre des risques et d’élaborer ensemble une vision dynamique et conquérante…

Un effort soutenu de prospective est aujourd’hui vital. Une veille systématique permettrait d’anticiper les risques et de gérer les futures crises. Un impératif qui semble pourtant bien sous-estimé. Ce livre en donne quelques clés.

C’est dans les périodes de prospérité que le changement doit s’amorcer. L’histoire juge souvent les hommes politiques, non seulement à l’aune de la préservation d’un certain nombre d’acquis, de l’invention d’une « nouvelle sobriété », mais surtout de cette vision inspirée que beaucoup de nos concitoyens attendent.

Non à une Suisse sans… vision !

À quand le Département Fédéral du futur ?

Chapitre 1

Bienvenue en Heidiland

« La Suisse, ça n’est pas si formidable : ôtez les montagnes, qu’est-ce qui reste ? »

Anonyme

Il y a deux façons de cuire une grenouille. La première est de s’assurer qu’aucun activiste proche de Brigitte Bardot ou de PETA n’est présent et de jeter directement le batracien dans une casserole d’eau bouillante. Si cette option est choisie, la grenouille va tout faire pour essayer de s’en extraire.

La seconde façon consiste à mettre la grenouille dans la même casserole, mais dans de l’eau tiède, puis d’accroître progressivement la température. Au début, la grenouille, se sentira à son aise mais progressivement s’endormira pour finalement se laisser cuire.

Cette parabole racontée par Peter Senge est assez symptomatique de certaines entreprises, voire de certains États prospères, qui se laissent endormir et même griser par le succès. La réaction de ces organismes peut parfois s’apparenter à celle de la grenouille : s’ils ne réagissent pas aux changements qui se produisent, la perte de compétitivité voire de leadership est programmée, la mort à petit feu peut s’ensuivre, et tout cela… sans s’en apercevoir. Les pièges du succès ne guetteraient-ils pas Heidiland ?

La Suisse est un merveilleux petit pays au milieu d’une Europe qui doute d’elle-même. Un îlot de prospérité, avec ses beaux paysages alpins, ses superbes lacs, ses villes et villages pleins de charme et où tout fonctionne. Un pays à la criminalité croissante mais encore maîtrisée. Un chômage quasi inexistant. Un aimant pour les multinationales attirées par un climat de paix sociale et où le niveau de charges sociales est quatre fois inférieur à celui de la France. Sans oublier une fiscalité excessivement attrayante et des infrastructures actuellement encore dans le top 5.

La Suisse montre cependant des signes de fatigue au vu du stress démographique que, lui, « petit pays du milieu », doit subir au fil du temps.

Les Suisses sont reconnus pour être sérieux, ingénieux, austères, éduqués et travailleurs. Ce devrait être un coin de paradis sur cette terre où l’environnement est sans cesse en évolution et où la mondialisation a complètement changé la donne. Mais le futur ne sera plus désormais la reconduction du passé et ce à quoi nous étions habitués. « Révolte au paradis », comme l’énonce Robert Schwarz d’Avenir Suisse.

La cohésion du pays est assez unique si on a bien conscience que cohabitent relativement harmonieusement trois cultures significativement différentes, alémanique, romande francophone et italienne et même quatre avec la culture romanche.

Certes il y a de fréquentes frictions, mais l’originale structure avec ses trois étages fédéral, cantonal et municipal permet d’éviter l’essentiel des conflits dus aux différences culturelles.

La Suisse et ses citoyens ont une véritable aversion pour les conflits. La recherche de consensus est un trait très ancré dans l’âme suisse.

Le meilleur exemple en est le fameux droit de recours de l’étudiant qui s’estime mal jugé ou mal noté dans un concours ou un examen. Un aéropage impressionnant peut être mis en place pour prendre en compte la revendication. Ceci paraîtra insensé à beaucoup.

Le pays est prospère et envié certes, mais tout est conçu, mis en œuvre pour fixer, figer, reproduire, et probablement éviter l’évolution. Subir le changement en lieu et place de façonner le futur ! Force est de convenir que cela a jusqu’ici très bien fonctionné.

Pourtant une sourde inquiétude est en train de gagner les esprits dans ce monde troublé, si véloce, aux inégalités croissantes, et où la nouvelle normalité s’appelle la volatilité. De surcroît, au cœur d’une Union européenne au bord de la crise de nerf, minée par le chômage des jeunes, contrôlant à peine la montée des nationalismes. Cette Europe en plein désarroi apparaît aujourd’hui comme une structure technocratique trop éloignée des réalités des pays qui la compose, sans vision, inapte à relever les défis de ce monde devenu très complexe.

Mais que deviendra la Suisse, si son partenaire principal, l’Europe, se délite ? Que deviendra la Suisse si la France, son troisième partenaire commercial en Europe, n’a pas le courage de se réformer et disparaît de la liste des grandes puissances.

La globalisation, l’irrésistible montée économique et politique des marchés émergents, stimulée par l’ubiquité technologique, requièrent un besoin impératif de nouvelles approches innovatrices auxquelles le pays ne semble pas bien préparé.

Bienvenue en Heidiland.

Bienvenue au pays du « Tip Top », du « formidable ! », de l’UBS, de l’éthique de la FIFA, de l’excellence et de la surqualité, du « pourquoi-changer-alors-que-tout-va-bien » et du « on-est-les-meilleurs ».

La Suisse serait-elle tombée dans les pièges du succès ?

Chapitre 2

Quelques vérités sur la Suisse d’hier mais quid d’aujourd’hui ?

« La moitié de la Suisse est l’enfer, et l’autre moitié le paradis. »

Voltaire

Par sa neutralité, qui fut durablement un atout indiscutable, la Suisse a été un refuge calme et paisible au milieu d’une Europe où pendant des décennies, voire des siècles, les rivalités et les guerres ont fait rage. Chaque pays avait avantage à trouver à ses portes un havre de paix sécurisant et sécurisé ; mais aujourd’hui avec l’évolution du monde, la mise en place de l’Union européenne qui rend le continent désormais à l’abri de conflits, tels que l’on en a connus pendant les deux guerres mondiales et la guerre froide, cette notion de neutralité a perdu beaucoup de sa pertinence.

Déjà avant la sévère crise de 2008, des journaux helvétiques faisaient état d’interrogations sur la place du pays sur l’échiquier mondial, se posant même la question du rôle que ce « pays d’immigration intéressant », de bientôt 9,5 millions d’habitants d’ici 2030, pouvait jouer à l’avenir. Agir ou subir ?

Les plans, les budgets, les comparaisons d’une année à l’autre, les contrôles, prétendent opérer un processus évolutif, répétitif, réducteur d’incertitudes. Alors comment faire, puisque le futur ne sera pas une répétition, une reproduction du passé, pour affronter demain, avec ses complexités et ses incertitudes, et ne pas seulement « manager » le passé.

Les huit secrets d’Heidi qui irritent tant les autres

La Suisse est l’un des pays les plus riches du monde mais reste un nain politique, et probablement que nous nous en contentons. Nous sommes l’exception et le rapport annuel de l’IMD nous situe à la première place en terme de compétitivité comme celui du World Economic Forum avec une note de 5.72/7. Alors qu’en matière d’innovation, la Suisse conserve sa première place dans The Global Innovation Index 2013 publié par Cornell/Insead/WIPO. Pour couronner le tout, la Suisse glane la première place dans le Country Brand Index (CBI) publié par Futurebrand, en étant même considérée comme « une nation modèle pour une nouvelle ère ».

Quant au Nation Brands Index (NBI) utilisé par Présence Suisse – l’organe de « sauvegarde des intérêts de la Suisse à l’étranger » (de sauvegarde, vous avez bien lu) ; l’honneur est sauf, car nous y avons regagné en 2012 la huitième place perdue en 2011.

Alors qu’avons-nous de plus que les autres ? Quels sont les secrets de cette réussite, qui fait de ce pays de huit millions d’habitants un si beau bouc émissaire ?

À défaut des sept nains de Blanche Neige, souvent élégamment disposés dans le jardin du Suisse moyen, nous rejoignons Gerd Habermann dans sa narration des huit secrets que beaucoup nous envie.