Hors De Contrôle - Sawyer Bennett - E-Book

Hors De Contrôle E-Book

Sawyer Bennett

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Beschreibung

Renner Caldwell est sur le point de retrouver l’homme qu’elle a rencontré des années plus tôt sans jamais le revoir. Elle n’est pas prête à affronter le fait qu’il n’a jamais cessé de penser à elle, tout comme elle n’a jamais cessé de penser à lui. Il s’agit du quatrième tome de cette série de romance contemporaine. Cillian O’Braidagh est le leader sexy du groupe de rock irlandais Over The Edge. Sa célébrité grandissante et sa voix sulfureuse font de lui le fantasme de toutes les femmes. Sans parler de sa détermination à toute épreuve. Pour faire simple : ce que Cillian veut, Cillian l’obtient toujours. Et il veut Renner, car il voit dans cette beauté aux cheveux de feu quelque chose qu’il doit posséder.

Renner Caldwell a toute sa vie de planifiée. Elle a une relation idéale, un travail parfait et tout se passe à merveille dans son monde. Lorsqu’un malheureux événement se produit, elle prend le premier avion en direction de l’Irlande pour panser ses blessures et se remettre sur le droit chemin. Cillian O’Braidagh est le leader sexy du groupe de rock irlandais Over The Edge. Sa célébrité grandissante et sa voix sulfureuse font de lui le fantasme de toutes les femmes. Sans parler de sa détermination à toute épreuve. Pour faire simple : ce que Cillian veut, Cillian l’obtient toujours. Et il veut Renner, car il voit dans cette beauté aux cheveux de feu quelque chose qu’il doit posséder. Si leur relation n’était qu’une histoire de sexe et de rock ’n’ roll, il leur serait facile de se laisser aller à leurs désirs. Seulement, ce qui les lie est loin de n’être que physique. Les mensonges, tromperies et tragédies cachées les empêcheront-ils d'atteindre le véritable amour ? Ou est-il possible que ces contretemps permettent à Renner de retrouver l’homme qui cherche à lui apprendre qu’il peut être bon de lâcher prise ? Note de Sawyer Bennett : Ce roman fait partie de la saga Hors Série mais peut-être lu indépendamment des autres livres. Rien dans les livres précédents ou suivants ne diminuera votre compréhension de ce roman. Il s’agit d’un livre de Romance contemporaine, New adult.

PUBLISHER: TEKTIME

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Table des Matières

PROLOGUE

CHAPITRE 1

CHAPITRE 2

CHAPITRE 3

CHAPITRE 4

CHAPITRE 5

CHAPITRE 6

CHAPITRE 7

CHAPITRE 8

CHAPITRE 9

CHAPITRE 10

CHAPITRE 11

CHAPITRE 12

CHAPITRE 13

CHAPITRE 14

CHAPITRE 15

CHAPITRE 16

CHAPITRE 17

CHAPITRE 18

CHAPITRE 19

CHAPITRE 20

CHAPITRE 21

CHAPITRE 22

CHAPITRE 23

CHAPITRE 24

CHAPITRE 25

CHAPITRE 26

CHAPITRE 27

Sawyer Bennett

Hors de Contrôle

© 2023 - Sawyer Bennett

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Valentin Foucher

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Valentin Foucher

[email protected]

Tous Droits Réservés

Copyright © 2013 par Sawyer Bennett

Publié par Big Dog Books, LLC

Ce livre est une œuvre de fiction. Les noms, personnages, lieux et événements sont le fruit de l’imagination de l’auteur ou sont utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des événements, des lieux ou des personnes, vivantes ou non, ayant existé serait entièrement fortuite.

Aucun extrait de ce livre ne peut être reproduit sous quelque forme que ce soit, de manière électronique ou mécanique, y compris par système de stockage et de récupération d’information, sans l’autorisation expresse écrite de l’auteur. La seule exception concerne les journalistes qui peuvent en citer de courts extraits dans une critique.

Retrouver Sawyer sur le web !

www.sawyerbennett.com

www.twitter.com/bennettbooks

www.facebook.com/bennettbooks

Remerciements

Je voudrais tout d’abord remercier mon amie dublinoise Lindsey Melia. Elle a lu Hors de Contrôle dès le premier jet pour s’assurer qu’il était fidèle au beau pays d’Irlande et à la ville dynamique de Dublin. Merci de m’avoir aidée avec l’argot, le ton et de m’avoir fait tomber amoureuse de Dublin sans jamais y être allée. J’espère t’y voir un jour !

Merci à Brenda Gayle Massey d’avoir trouvé le nom du groupe de Cillian. Tous mes remerciements à mes incroyables abonnés sur Facebook et Twitter et à tous les blogueurs qui travaillent sans relâche à promouvoir les auteurs indépendants. Est-ce mal que, la plupart du temps, je préfère discuter avec vous tous plutôt que d’écrire ? C’est ce qui fait que j’adore ce travail au lieu de simplement l’apprécier !

Je remercie tout particulièrement Meagan Chieppor et Alex Johnson, les deux mannequins sur la couverture. Vous avez été incroyablement professionnels et avez superbement représenté mes personnages. Un grand merci à Keith Papke de Original Mind Productions, notre formidable photographe. J’aimerais que vous puissiez voir toutes les fabuleuses photos qu’il a prises de ce couple. En outre, j’adresse un grand merci à Jeanne Frazier de Vitalink, pour son soutien et son enthousiasme extraordinaires et pour avoir contribué à rendre la séance photo pour la couverture spectaculaire. Mike Steele, également de Vitalink, pour avoir réalisé une superbe couverture et pour avoir conçu le magnifique logo du groupe Over The Edge. Tu as un talent fou ! Et à Mary-Ann Grooms, de Vitalink, pour avoir contribué à mettre tout cela en place.

Un grand merci au Hibernian de North Raleigh, en particulier son propriétaire, Niall Hanley, et son directeur général, Gerry McDermott, pour nous avoir permis d’utiliser leur magnifique bar-restaurant pour notre séance photo. Oh, et aussi pour avoir le meilleur fish and chips de tous les États-Unis !

Toutes ces personnes merveilleuses ont contribué à la réalisation de ce livre mais je n’aurais pas pu l’écrire sans l’amour et le soutien de mon mari, Shawn. Je t’aime, bébé !

PROLOGUE

Renner

Il y a cinq ans

C’est ma dernière nuit à Dublin et même si j’ai passé un très bon séjour avec ma cousine Cady et sa meilleure amie Teagan, je suis contente de rentrer à la maison. Mon père et ma mère me manquent. Il me tarde même de voir mon casse-pieds de frère, Flynn, et mes cousins Nix et Linc - mais je ne leur avouerais jamais ça. J’ai vécu toute ma vie dans l’ombre des garçons Caldwell et cela m’a fait du bien d’être entourée de filles pour une fois.

J’ai passé tout l’été ici, au sein de la famille de ma mère. Elle est née et a grandi à Dublin mais vit aux États-Unis depuis l’université. Ce voyage est un cadeau de mes parents pour avoir obtenu mon baccalauréat et je me suis bien plus amusée qu’il ne devrait l’être permis pour une fille de bientôt dix-huit ans. Cady et Teagan ont tout fait pour qu’on s’éclate et je me prépare une nouvelle fois à sortir pour flirter et admirer les beaux gosses irlandais.

Malheureusement, Teagan est partie pour de courtes vacances à Londres avec ses parents, c’est donc à moi de garder un œil sur Cady ce soir. Elles sont toutes les deux plus téméraires que moi mais comme je n’ai que Cady à surveiller, cela ne devrait pas être trop difficile cette fois.

Alors que je termine d’appliquer mon maquillage, la porte de ma chambre s’ouvre et Cady entre pour s’asseoir sur mon lit. Elle est sexy dans un jean moulant et un t-shirt sans manches noué au niveau du ventre qui découvre plusieurs centimètres de peau. Je jette un coup d’œil à ma tenue et j’ai presque l’impression d’être une vieille institutrice en comparaison. Je porte un pantalon kaki, un chemisier en soie blanc et un cardigan vert pâle avec des boutons en nacre. Au moins, le cardigan rend mes yeux verts un peu plus clairs et c’est déjà ça, non ?

Je me tourne vers Cady en attachant ma montre.

– Alors, qu’est-ce qu’on fait ce soir ?

Cady s’allonge sur le dos et fait une grosse bulle avec son chewing-gum. Quand elle éclate, elle le ramène dans sa bouche et répond :

– Ma chère Renner, la véritable question est que n’allons-nous pas faire ce soir ? Je ressens le besoin de m’attirer quelques ennuis.

Je lève les yeux au ciel mais souris en écoutant sa voix mélodieuse. C’est une diablesse pleine de malice. Ses cheveux foncés - presque noirs - tombent sur ses épaules où ils deviennent d’un blond décoloré. Oncle Keefe menace toujours de se faufiler dans sa chambre la nuit pour couper les pointes de ses cheveux afin qu’ils soient tous de la même couleur. Mais il ne fait que la taquiner. Il laisse Cady faire ce qu’elle veut et elle aime lui rappeler qu’elle a de bonnes notes à l’école et qu’elle n’a jamais été arrêtée une seule fois de sa courte vie. D’ailleurs, l’idée que Cady se fait de s’attirer des ennuis consiste à m’apporter des bières en douce dans la boîte de nuit où nous allons probablement nous rendre ce soir et flirter outrageusement avec n’importe quel type prêt à s’intéresser à elle.

Je me lève et m’écarte de ma coiffeuse pour me diriger vers le miroir ancien dans le coin. Je l’observe et ne peux m’empêcher de soupirer. J’ai l’air d’avoir quinze ans dans ma tenue. Si notre but ce soir est de flirter sans vergogne, aucun garçon ne s’intéressera à moi habillée comme ça.

– Tu veux que je te prête des vêtements ? propose Cady derrière moi, lisant dans mes pensées.

Je jette un coup d’œil par-dessus mon épaule et elle me regarde avec insistance pendant que je m’observe dans le miroir sur pied.

Pendant une fraction de seconde, je songe à accepter son offre. À me laisser aller un peu, pour une nuit seulement. Peut-être montrer un peu de décolleté ou une partie de mes jambes. Mais l’instant est fugace et je lui fais signe de la tête. Le fait est que je ne suis pas aussi courageuse que Cady. Je ne me sens pas à l’aise dans mon corps ou dans mon apparence. J’espère qu’un jour je pourrais avoir plus confiance en moi mais pour l’instant, je devrai me contenter de rester dans son ombre.

Cady saute du lit et m’attrape la main.

– Eh bien… viens alors. On dit au revoir à P’pa et M’man et on y va.

***

– Tu es sûre que c’est le bon endroit ? demandé-je alors que nous entrons dans le pub miteux.

Je grimace alors que mes chaussures collent au sol à chacun de mes pas. J’espère que c’est juste de la bière renversée et non pas un quelconque fluide corporel.

– Oui, répond Cady avec un sourire. C’est bien ici.

D’ordinaire, ce n’est pas le genre de pub où Cady m’emmènerait mais elle m’a annoncé que le groupe d’un ami jouait ici ce soir et qu’elle voulait le voir. Nous parvenons à nous frayer un chemin jusqu’au bar et Cady nous commande deux Beamish Stout. Le barman m’accorde à peine à regard mais jette à Cady un coup d’œil intéressé.

– Tiens, ma belle, dit-il en posant les pintes.

Cady lui fait un clin d’œil et me conduit à une table près de la scène. Un morceau de papier où est écrit « Réservé - Cady » repose dessus.

– C’est quoi le nom du groupe ? demandé-je.

– Over The Edge, répond-elle en jetant un coup d’œil tout autour pour observer le décor.

– Tu as une table de réservée. Tu es une groupie ou quoi ?

Cady rit et boit une gorgée de sa bière.

– Non. Mais P’pa et M’man ont recueilli Cillian pendant quelques années quand ses parents avaient des problèmes et je suis comme une petite sœur pour lui. Il m’a prévenu qu’il nous réserverait une table.

– Hey ! Killian, ce n’est pas une bière, ça ?

Cady me regarde comme si j’étais une imbécile.

– T’es bien une Américaine. C’est Cillian avec un ‘C’. Killian avec un K est la version anglaise du nom irlandais et je crois que t’as raison… vous autres américains avez une bière qui s’appelle comme ça.

Je lui fais un sourire taquin et prends place à table à côté d’elle. Je jette un œil autour de moi et vois que le pub est plutôt bien rempli d’un groupe éclectique de personnes. Je n’ai aucune idée du genre de musique que joue Cillian mais si je devais deviner, le nombre impressionnant d’Irlandais tatoués et percés me ferait pencher pour du rock ou du punk.

Nous discutons un peu mais très vite, toutes les lumières du pub s’éteignent et plongent la scène devant laquelle nous sommes assises dans l’obscurité totale. Des murmures s’installent au sein de la foule puis le silence est rompu par un sifflement strident provenant de quelqu’un à l’arrière. J’entends le clac, clac, clac du batteur invisible qui frappe ses baguettes l’une contre l’autre. Puis la scène explose d’un grand bruit alors que le groupe entame sa première chanson.

Comme on pouvait s’y attendre, les premiers accords de guitare sont durs, sauvages et nerveux et me rappellent un peu le rock métal que Flynn faisait retentir dans sa chambre à la maison.

Plusieurs lampes sont allumées au sol et inondent les membres du groupe d’une sorte de flou lumineux. Je ne peux voir aucun de leurs traits, juste les contours de leur corps ombragés par la lumière douce. Je n’ai aucune idée de qui est l’ami de Cady, Cillian, mais je suis sûre que ce n’est pas le bassiste. Il s’agit clairement d’une femme car je peux distinguer un corps aux courbes féminines et des cheveux longs tombant jusqu’aux hanches qui se balancent d’avant en arrière dans la pénombre.

Soudain, un des projecteurs se braque sur le guitariste principal au moment où les paroles commencent. Il arrête de jouer de la guitare, la balance sur sa hanche et saisit le microphone devant lui. La musique ralentit et s’adoucit, et je suis fascinée alors qu’il commence à chanter.

Il est grand et maigre… presque dégingandé. Il est jeune… peut-être juste quelques années de plus que moi. Il est Noir-Irlandais… un terme qu’utilisent les Américains pour désigner les Irlandais qui ont les cheveux foncés, le teint olive et les yeux foncés. Ses cheveux sont longs et hirsutes, ils tombent sur ses yeux lorsqu’il chante et frôlent ses épaules. Je constate qu’il est vêtu d’un jean noir délavé, rentré dans des bottes militaires de la même couleur, d’un t-shirt blanc et d’une chemise rouge à carreaux. Alors qu’il tient le micro à deux mains, je remarque que les bracelets en cuir autour de ses poignets cachent en partie des tatouages.

Il est, tout simplement, le mec le plus sexy que j’ai jamais vu de toute ma vie et je suis sûre que c’est entièrement lié au fait qu’il soit sur scène en train de chanter avec la voix la plus sensuelle et suave que j’ai jamais entendue.

Elle descend, descend, descend…

Je la pousse plus bas, plus bas, plus bas…

Son haleine chaude, ses lèvres humides…

Elle descend, descend, descend…

Mon visage devient rouge écrevisse en écoutant les paroles.

Cady se penche vers moi mais elle doit pratiquement crier pour que je l’entende.

– Cillian est doué, hein ?

Je me contente de hocher la tête. Cela répond à ma question… Cillian est le chanteur du groupe.

Je prends une nouvelle gorgée de ma bière et me perds dans sa musique, dans l’atmosphère et la fougue de Cillian.

Ses lèvres effleurent le micro alors qu’il chante et je ne peux pas m’empêcher de me demander quelle serait la sensation si elles glissaient contre les miennes de la même manière. À un moment donné, il regarde notre table et un sourire se dessine sur son visage en voyant Cady. Elle lui fait signe et son sourire s’agrandit. Son regard s’éloigne de Cady de manière désinvolte pour observer les gens autour. Ses yeux me frôlent, passent sur moi et je suis déçue. Mais juste au moment où ce bref regard me quitte, ses yeux reviennent sur les miens. Je peux voir ses sourcils se soulever sous sa frange hirsute, puis un sourire presque sensuel s’afficher sur son visage. Je sens la rougeur qui tâche encore mon visage devenir plus vive et commencer à descendre le long de mon cou sous son regard inquisiteur.

Mais je maintiens son regard.

Je me force à ne pas laisser ma timidité l’emporter. Je prétends qu’il ne chante que pour moi.

Et son regard ne me quitte plus pendant le reste de la chanson.

***

Over The Edge a terminé sa dernière chanson et les gens se pressent pour sortir du bar. J’ai l’impression d’avoir bu cinq Mochachinos car je vibre encore sous l’emprise de la séduction. Toute la nuit, Cillian m’a fixée pendant qu’il chantait. Pas d’une manière effrayante. Il regardait un peu partout, profitait des clients du bar qui se balançaient au rythme de sa musique. Mais son regard revenait souvent se poser sur moi pendant de longs moments. C’était généralement lorsqu’il chantait quelque chose de super sexy et je ne vais pas mentir - la sensation d’avoir quelqu’un qui ne chante que pour vous est grisante.

La musique de Cillian est brute, la plupart des chansons sont jouées dans une frénésie presque sauvage. Sa voix est grave et légèrement éraillée, ce qui lui permet de crier des paroles rauques tout en les faisant sonner de telle façon qu’on se ferait ensevelir avec plaisir sous ses mots. Certaines de ses chansons sont plus lentes, presque des ballades et je remarque que sa voix perd un peu de son côté enroué pour devenir plus riche… plus douce. Peu importe ce qu’il chante, je trouve sa voix envoûtante.

Nous attendons à l’extérieur du bar où jouait OTE, qui, je viens juste de le remarquer, s’appelle simplement Le Bar de Mac. Cady veut voir Cillian et franchement, j’ai aussi envie de le voir de plus près. Mes nerfs sont en ébullition à l’idée de le rencontrer. Je suis à la fois nerveuse, terrifiée et excitée, des sentiments qui me donnent presque envie de vomir.

Mon stress s’emballe lorsqu’un grand sourire s’affiche sur le visage de Cady alors qu’elle aperçoit quelqu’un derrière moi. Elle me contourne avec un cri. Je me retourne pour la voir se jeter dans les bras de l’homme qui m’a dévisagée toute la nuit. Il l’attrape et lui fait un gros câlin, soulevant son corps loin du sol. Elle enroule ses bras autour de lui et enfouit son nez dans son cou. Il lui rend son étreinte mais lève les yeux pour capturer les miens et un petit sourire en coin se dessine sur ses lèvres.

Après que Cillian ait reposé Cady sur la terre ferme, elle lui prend la main et le traîne jusqu’à moi. Encore une fois, ses yeux sombres attirent les miens comme des aimants et mon corps se réchauffe puis picote d’anticipation.

– Cillian… voici ma cousine Renner Caldwell. Renner… voici mon ami et, comme tu le sais déjà bien sûr, le plus grand des musiciens, Cillian O’Bradaigh.

– Salut, déclaré-je. Tu étais super ce soir. J’ai passé un bon moment à te regarder.

– Moi aussi, répond-il avec un sourire de prédateur, faisant manifestement référence au fait qu’il m’ait dévisagée depuis la scène toute la soirée.

Je jette un coup d’œil à Cady qui lève les yeux au ciel en réponse à sa tentative flagrante de drague.

– Cady, pourquoi tu ne m’as pas dit que ta cousine amerloque était aussi belle ?

Cillian pose la question à Cady mais me fixe pendant tout ce temps. Mon pouls commence à s’emballer.

Cady soupire bruyamment.

– Arrête de faire l’imbécile, Cillian. Tout le bar a bien compris que tu t’intéressais à elle vu comment tu l’as dévisagée toute la soirée.

Je suis gênée que Cady le rappelle à l’ordre comme ça mais cela n’a pas l’air de déranger Cillian le moins du monde car il répond avec un sourire malicieux :

– Je ne fais qu’exprimer mon intérêt, c’est tout.

– Espèce d’idiot, grogne Cady.

Cillian et moi échangeons un regard et il comprend que je m’intéresse aussi à lui.

– Alors… ça vous dit de venir à une fête avec moi ce soir ?

***

Je ne m’étais pas autant amusée depuis que je suis arrivée en Irlande au début de l’été. Cillian nous a emmenées à une fête dans la maison d’un des membres de son groupe que je n’ai pas encore eu l’occasion de rencontrer. Toute la soirée, il est resté à mes côtés. Il m’a présentée à certains de ses amis et finalement, son bras s’est enroulé autour de ma taille pour me serrer contre lui. Je profite de cette sensation, d’autant plus que cela fait longtemps que je n’ai pas eu de petit ami. C’est d’autant plus agréable que Cillian est un homme qui attire clairement les femmes. D’autres filles le draguent ouvertement mais lui ne semble remarquer que moi.

Je finis ma bière et Cillian part m’en chercher une autre. J’en profite pour jeter un rapide coup d’œil dans la pièce pour trouver Cady et je la vois jouer au beer pong dans la cuisine. Elle n’a pas l’air trop saoule et je lui en suis reconnaissante. Je n’ai pas envie de l’aider à rentrer à la maison alors qu’elle titube.

Quand Cillian revient, ses mains sont vides. Avant que je puisse dire quoi que ce soit, il saisit mon poignet pour m’entraîner dans un couloir et dans une chambre. Après avoir fermé la porte, il se tourne vers moi et prend mon visage entre ses mains. Je sais que je devrais m’inquiéter de ce que tout cela signifie mais je suis enivrée, non seulement par la bière mais par l’excitation de me trouver seule avec lui. Je me sens audacieuse et téméraire, deux sentiments qui me sont étrangers.

Il s’approche, se penche et murmure contre mes lèvres :

– J’ai eu envie de t’embrasser toute la nuit et j’en ai assez d’attendre.

Il n’attend pas que je réponde. Il ne se soucie pas de savoir si je veux la même chose. Il se contente de presser ses lèvres contre les miennes et, vu que je veux bel et bien la même chose, ma bouche s’ouvre volontiers.

Cillian m’embrasse lentement et passionnément et je suis perdue. Mes mains remontent vers sa poitrine et mes doigts s’enroulent dans son t-shirt. Il s’écarte un peu et murmure contre ma bouche :

– Cailín álainn.

Je ne sais pas ce qu’il a dit mais je reconnais la langue gaélique. On dirait qu’il a dit « colline auline » et avec son accent irlandais, je trouve que ce sont les mots les plus beaux que j’ai jamais entendus. Avant que je puisse demander leur traduction, il m’embrasse à nouveau et d’un seul coup, ce qu’ils signifient n’a plus d’importance.

Ses lèvres sont douces mais dominatrices. Sa langue n’est pas timide et s’empare de ma bouche comme si elle lui avait toujours appartenu. Des sentiments que je n’ai jamais éprouvés parcourent mon corps. Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine et mon existence entière semble se résumer au fait que je suis dans les bras de Cillian.

Mon jeune corps demande à connaître la suite mais le fait que je sois vierge me rend un peu réticente quant à la tournure que prennent les choses. J’ai embrassé bien des fois mon ex-petit ami au lycée mais il savait que je n’avais pas l’intention d’aller plus loin avec lui. Du coup, il n’a jamais vraiment essayé autre chose que quelques baisers intenses et des pelotages maladroits. C’est probablement la raison qui l’a poussé à rompre avec moi juste avant la remise des diplômes… parce que je ne voulais pas coucher avec lui.

Peu importe.

La bouche de Cillian sur la mienne ne ressemble à rien de ce que j’ai connu et pour la toute première fois… je me demande réellement à quoi ressemble une relation sexuelle. Ses baisers sont entêtants et me remplissent d’un désir dont j’ignorais l’existence. Lorsque l’une de ses mains glisse doucement jusqu’à ma poitrine, un petit gémissement s’échappe de ma bouche sans que je puisse l’arrêter. Mon gémissement semble susciter un grognement de la part de Cillian et notre baiser s’intensifie.

Enhardies, ses mains commencent à se balader un peu plus loin, et je me surprends à vouloir qu’il s’empare de chaque centimètre de mon corps.

Du moins, c’est ce que je veux au début. Mes inhibitions sont diminuées par l’alcool et mon bon sens est brouillé par l’exaltation d’embrasser un musicien sexy. Mais quand une de ses mains s’occupe de défaire le bouton de mon pantalon, je commence à sortir du brouillard créé par la luxure.

Ma main couvre la sienne et je murmure :

– Attends.

Cillian retire lentement sa main et fait un pas en arrière. Ses yeux scrutent mon visage.

– Ça va trop vite pour toi ?

Je hoche la tête, le regard rivé au sol.

– Je suis désolée. Je ne peux pas.

– Ne sois pas désolée, cailín álainn. Sois toi-même.

Il me sourit chaleureusement et n’a pas l’air fâché du tout.

– Pas de problème.

Cillian dépose un baiser sur mon front et me prend la main pour me ramener à la fête. J’ai la tête qui tourne car bon sang, j’avais envie qu’il aille plus loin. Je me mordille la lèvre et me demande si j’ai fait une erreur… si je n’ai pas raté l’unique occasion de devenir une femme de la manière la plus pécheresse qui soit. De m’abandonner à un magnifique musicien irlandais que je ne reverrais probablement jamais.

Mais non… Je me souviens des derniers mots de Cillian. Sois toi-même.

Et je sais que j’ai pris la bonne décision, une décision qu’il semble respecter.

En me ramenant auprès de Cady, Cillian m’annonce qu’il revient et se fond dans la foule.

– Vous étiez où tous les deux ? me demande Cady en m’attrapant le bras.

– Hum…

– Vous n’avez pas… Lui et toi vous n’avez pas…?

– Mon Dieu, non, Cady. On s’est juste… embrassés.

– Il t’a embrassée ? Je vais le tuer.

– Non, sûrement pas, l’avertis-je. Et puis… c’était sympa, il s’est comporté en gentleman.

Cady émet un long grognement.

– Cillian ? Un gentleman ? Cet idiot ne veut rien d’autre que s’envoyer en l’air, Ren. Je l’adore mais il n’est pas fait pour toi.

– Comment sais-tu qu’il n’est pas pour moi ?

– Eh bien… déjà… tu vis aux États-Unis. Il vit ici. Mais surtout, il ne prend pas les filles au sérieux. Il ne se préoccupe que de… tu sais… de coucher.

Cillian n’avait pas l’air d’être comme ça avec moi. Il ne m’a pas draguée de façon ouvertement sexuelle et ses baisers, bien que torrides, étaient respectueux. Il s’est arrêté quand je le lui ai demandé, il ne m’a pas fait culpabiliser et ne m’a pas traitée d’allumeuse.

Cady jette un coup d’œil à sa montre.

– Mince… on doit y aller. Papa va nous tuer s’il voit qu’on est dehors si tard.

– Oncle Keefe va nous tuer parce qu’on a bu.

– Nan. On aura toutes les deux dix-huit ans dans quelques mois. Et puis, tant qu’on rentre saines et sauves à la maison, on pourra l’amadouer facilement.

Elle me prend la main et m’entraîne vers la porte. Je cherche à m’éloigner d’elle pour dire au revoir à Cillian. Je veux lui donner mon adresse e-mail et lui demander de rester en contact. Pendant que je pense à ça, mes yeux parcourent la fête, cherchant désespérément cette tête sombre et hirsute.

Puis je le vois… dans un coin… les bras autour d’une autre fille, à l’embrasser passionnément. Ses mains sont sur sa taille, il tire ses hanches contre les siennes.

Mon cœur s’effondre sous la déception. Je suis déçue par Cillian, qu’il ait pu si facilement oublier notre baiser, et je suis déçue par moi-même de l’avoir arrêté. Mais surtout, je suis déçue que tout cela me dérange car demain, je serai dans un avion pour les États-Unis et je ne le reverrai plus jamais.

Cady me tire une nouvelle fois par la main et m’entraîne vers la sortie - pendant que je regarde Cillian embrasser cette fille.

Elle avait raison. Je n’étais rien pour lui. Quand je lui ai dit non, il ne m’a pas forcée ou harcelée pour que je cède. Et pourquoi l’aurait-il fait ? Il lui suffisait de claquer des doigts pour avoir n’importe quelle autre fille de cette fête dans ses bras en quelques secondes.

Et c’est exactement ce qu’il a fait.

Soudain, mon désir de rentrer chez moi est décuplé. Il y a quelques minutes, j’avais envie de sentir le corps de Cillian contre le mien, maintenant j’ai juste envie de retourner dans le New Jersey et de me blottir dans les bras de ma mère.

CHAPITRE 1

Renner

Aujourd’hui

– Je suis désolée d’être en retard, Oncle Keefe, crié-je à l’attention du grand bonhomme derrière le bar au moment où je me glisse sous le battant du comptoir.

Je me penche en-dessous et en sors un tablier noir que je noue autour de ma taille.

– Tu n’es pas en retard, Renner, me répond-il avec son accent irlandais. Tu es en avance de cinq minutes.

Je lui lance un sourire malicieux.

– Oui, mais je suis en avance de quinze minutes d’habitude donc techniquement je suis en retard de dix minutes.

Oncle Keefe me donne une petite tape sur le menton et rit.

– Tu es une fille bien, Renner. Toujours si responsable.

Ouaip. C’est bien moi… une fille responsable. J’ai l’habitude d’être en avance partout où je vais, je paie toujours mes factures cinq jours avant la date d’échéance, je planifie tout car je déteste les surprises et il m’arrive d’être aussi intéressante qu’une brique. J’avais espéré que ma décision de vivre en Irlande pour trouver quoi faire de ma vie me rendrait un peu plus débridée. Après tout, ce n’était pas rien de déménager ici, loin de la sécurité de ma famille.

Au moins, j’ai décidé de m’installer en Irlande de façon spontanée, c’est déjà ça. C’est probablement la seule chose spontanée que j’ai faite dans ma vie.

Et une nouvelle vie est exactement ce dont j’ai besoin.

Cela fait maintenant trois semaines que je vis à Dublin et, pour l’instant, je suis serveuse au bar-restaurant de mon oncle Keefe, l’Hibernian. C’est un endroit merveilleux avec plus de mille-trois-cents mètres carré de plancher en acajou foncé, quatre zones de bar distinctes, des coins tranquilles pour se détendre en sirotant une pinte et même une grande scène à l’arrière où certains des meilleurs groupes d’Europe viennent jouer. L’Hibernian est pratiquement un monument qui se trouve au centre de Temple Bar, juste à côté de la rivière Liffey et c’est un lieu de rencontre populaire pour les locaux comme les touristes.Oncle Keefe en est le propriétaire depuis près de vingt ans maintenant et il en vit très bien. Il n’a même pas hésité lorsque je lui ai demandé si je pouvais travailler ici. Il s’est contenté de répondre : « Bien sûr que tu peux, ma p’tite », et en un clin d’œil, j’avais un nouveau travail.

Je m’assure que mon tablier contient quelques stylos et un carnet pour les commandes avant de repasser sous le battant du comptoir.

– Tu veux que je m’occupe encore de la Section Une ce soir, Oncle Keefe ?

– Absolument, tu es mignonne. Il y a une fête privée à l’arrière et j’aurai peut-être besoin de toi pour m’aider tout à l’heure.

– Pas de problème.

Je ne suis pas ravie d’apporter mon aide pour la fête privée. Celles où j’ai apporté mon aide jusqu’à maintenant n’étaient composées que de bandes d’ivrognes qui essayaient de me peloter chaque fois que je passais, ce qui est extrêmement agaçant quand on essaie de maintenir plusieurs pintes en équilibre sur un plateau.

Mais dans l’ensemble, j’apprécie travailler ici. Les gens sont pour la plupart très sympathiques et Oncle Keefe dirige son entreprise de manière à ce que tout se déroule sans accroche. Ce qui signifie que je peux toujours apporter les boissons ou la nourriture à leur table à temps, ce qui rend les clients heureux. Quand j’étais hôtesse de l’air pour Delta, il ne se passait jamais un vol sans qu’au moins un passager ne pique une crise à propos de quelque chose.

Bien sûr, le simple fait de penser à mon travail chez Delta détruit ma bonne humeur. Mon visage brûle de honte et de rage quand je pense aux circonstances de mon licenciement. La situation était tout à fait injuste - ce n’était absolument pas ma faute - et pourtant, voilà où j’en suis… sans mon emploi d’hôtesse de l’air et réfugiée en Irlande pour échapper à ma mortification.

Je secoue la tête mentalement pour me remettre dans le bain et tente de penser à toutes les bonnes choses dans ma vie. Je vis en ce moment dans un pays magnifique, j’occupe un emploi que j’apprécie beaucoup - pour l’instant - et je suis entourée de membres de ma famille qui tiennent à moi. Je ne sais vraiment pas ce que j’aurais fait si Oncle Keefe ne m’avait pas offert ce travail et accueilli à bras ouverts.

En m’approchant d’une de mes tables, je souris chaleureusement à la famille qui y est assise. Un mari, sa femme et deux jeunes enfants consultent le menu mais lèvent les yeux lorsque je m’approche.

– Bonjour. Bienvenue au Hibernian. Je suis Renner et je serai votre serveuse ce soir. Puis-je vous apporter des boissons pour commencer ?

Le mari me regarde, un peu étonné.

– Vous êtes américaine ?

Mon sourire s’élargit, toujours heureuse de rencontrer des compatriotes.

– C’est exact. New Jersey. Et vous ?

Il se tourne pour sourire à sa femme et lui prend la main.

– Nous venons de Californie. C’est notre lune de miel à retardement, pour ainsi dire. Nous n’avions pas les moyens d’en avoir une quand nous nous sommes mariés alors cinq ans et deux enfants plus tard, nous y voilà.

– C’est génial. Mieux vaut tard que jamais, n’est-ce pas ?

La femme rit.

– C’est vrai. Kevin m’a promis l’Irlande il y a des années de cela et nous y sommes enfin. Comment vous êtes-vous retrouvée ici ?

Il est hors de question que je raconte à cette charmante famille tous les malheurs qui me sont arrivés alors je fais simple.

– Je prends juste un peu de temps pour me ressourcer et j’ai décidé que Dublin était l’endroit pour le faire. Heureusement, ma mère est originaire d’ici et mon oncle Keefe est le propriétaire de ce pub donc il m’a offert une place.

– Dublin est une ville formidable. Nous avons vraiment apprécié notre séjour ici.

Nous discutons pendant quelques minutes de plus, puis je prends leurs commandes de boissons. Je réprime le rire qui manque de m’échapper lorsque le mari commande une Smithwick’s et prononce mal le nom.

– Ah… vous êtes un vrai Amerloque, lui dis-je de mon meilleur accent irlandais. J’ai passé mes trois premiers jours ici à l’appeler Smith-wicks avant qu’on me dise gentiment que ça se prononce Smitt-icks. Mon oncle Keefe se moque encore de moi à cause de ça.

Le mari rit de bon cœur.

– Merci de m’avoir prévenu. C’est parti pour une Smitt-icks !

Je lance un clin d’œil à la famille et m’en vais m’occuper de leurs boissons. Si le reste de la soirée est à l’image de cette première table, la nuit devrait être agréable.

***

J’apporte de la monnaie à une table d’étudiants et les salue quand ils partent. Ma section est presque morte à présent étant donné que la Section Une est à l’entrée du pub, là où les clients les moins turbulents ont tendance à se trouver.

En me dirigeant vers l’arrière, je retrouve Maureen pour voir si elle a besoin d’aide.

– Je veux bien, soupire-t-elle. La fête à l’arrière n’a pas l’air d’être prête de se terminer et j’aurais bien besoin d’un coup de main.

Je l’aide à remplir nos plateaux de boissons et nous retournons à la fête. Quand nous entrons, les gens sont partout et je fais de mon mieux pour me frayer un chemin dans la foule en suivant Maureen. Le bruit est intense, entre le juke-box qui joue dans le coin et le rugissement de plus de cinquante irlandais ivres qui rient et racontent des histoires.

Nous nous dirigeons vers une table à l’arrière où le plus gros groupe semble être rassemblé. Je souris alors que Maureen leur crie :

– Bougez vos derrières ou vous n’aurez pas votre bière ce soir.

Les gens s’écartent du chemin et un ivrogne tombe sur ses fesses. Je lui fais un sourire compatissant et quelqu’un l’aide à se relever.

Maintenant que la voie jusqu’à la table est dégagée, j’abaisse mon plateau et le pose sur le bord, utilisant ma main libre pour poser les pintes sur la table. Je ne prends pas la peine de regarder les fêtards et je suppose que chacun trouvera la bière qui lui appartient.

Alors que je pose le dernier verre, j’entends :

– Merci pour la bière, ma belle.

Cette voix.

Ce n’est pas possible… pas après toutes ces années. Ce doux accent irlandais, cette voix suave.

Se pourrait-il que…

Lentement, je lève les yeux vers l’homme qui vient de parler et je suis clouée sur place par la paire d’iris chocolat fixée sur moi. Ses cheveux sont plus courts, taillés de près sur les côtés mais plus longs sur le dessus et élégamment hérissés dans une douzaine de directions différentes. Deux piercings en forme d’arceau ornent le côté gauche de sa lèvre inférieure et reposent côte à côte. Il a l’air différent tout en étant le même. Légèrement plus âgé, nettement plus musclé, il a toujours des yeux qui brillent de sensualité.

Cillian O’Bradaigh.

– De rien, balbutié-je avant de prendre mon plateau.

Sa main serpente et s’enroule autour de mon poignet.

– Ne pars pas tout de suite, chérie. Reste prendre un verre avec nous.

Mon cœur se calme un peu et je suis soulagée de réaliser qu’il ne semble pas me reconnaître. Mes yeux se tournent vers la femme assise à côté de lui. Elle a de longs cheveux noirs qui lui tombent dans le dos et ses bras sont couverts de tatouages. Elle est blottie contre lui, un bras posé de manière possessive sur sa poitrine. Elle me fixe du regard, ses yeux se déplaçant doucement vers la main qui me retient toujours.

– Hum… je ne peux pas. Je travaille, mais j’espère que la bière vous plaira.

J’essaye de libérer mon poignet de son emprise mais il ne me lâche pas. Il se penche en avant, délogeant ainsi la fille accrochée à lui. Elle a l’air furieuse et croise ses bras contre sa poitrine pour signaler sa colère.

Je jette un coup d’œil à Cillian, il me regarde toujours avec intensité.

– Juste une bière… tu peux sûrement prendre un peu de temps.

Je me sers de mon autre main pour retirer ses doigts.

– Je ne peux vraiment pas mais merci pour l’invitation.

Un éclat traverse ses yeux et je peux voir qu’il n’a pas l’habitude qu’on lui dise non.

– Une autre fois alors ?

Je ne réponds pas mais prends mon plateau pour sortir de la pièce, mon cœur battant la chamade. Je suis vraiment heureuse qu’il ne m’ait pas reconnue car cela aurait été encore plus gênant.

Une fois retrouvée la sécurité du bar de l’entrée, je m’occupe en aidant à nettoyer. Je ne veux pas que Maureen me demande de l’aider à nouveau et je sors un balai pour commencer la tâche fastidieuse de balayer le sol afin que l’homme de ménage puisse passer la serpillère.

Je n’arrive pas à croire que je sois tombée sur Cillian O’Bradaigh. J’ai beaucoup pensé à lui ces cinq dernières années, généralement aux moments les plus inopportuns. Par exemple, lorsque j’ai perdu ma virginité avec mon petit ami à l’université, je me suis demandé, pendant qu’il me faisait l’amour, si Cillian le ferait de la même manière ou si ce serait mieux. J’ai dû, par culpabilité, chasser ces pensées de ma tête et je me suis inquiétée pendant des semaines d’avoir été « infidèle » car j’avais pensé à un autre homme pendant que j’étais intime avec mon petit ami.

Cady m’a tenue au courant à propos de Cillian. Oh, pas parce qu’elle pensait que je nourrissais des sentiments pour lui mais parce qu’elle me l’avait présenté cette nuit-là, il y a longtemps, et qu’elle pensait que je serais intéressée par sa progression.

Enfin, progression est un euphémisme.

Apparemment, peu de temps après mon départ, Oncle Keefe a commencé à laisser son groupe jouer au Hibernian un soir par semaine. Après avoir entendu la musique de Cillian, je n’ai pas été surprise qu’ils possèdent un nombre croissant de fans. Selon Cady, il n’a pas fallu longtemps pour qu’un producteur de musique remette sa carte à Cillian et lui demande une démo.

Je déteste l’admettre, mais en dehors des rares nouvelles de Cady sur le succès de Cillian, j’ai effectué mes propres recherches sur Google plus d’une fois. L’année après l’avoir rencontré, OTE a sorti un single qui s’est retrouvé en tête du hit-parade irlandais, ce qui les a amenés à jouer dans de plus grandes salles. Rapidement, ils ont assuré la première partie de grands groupes et j’ai même vu qu’ils avaient fait une tournée sur la côte ouest des États-Unis l’année dernière. Ils ne sont toujours pas entrés dans le hit-parade américain mais d’après ce que j’ai lu, ils sont extrêmement célèbres dans toute l’Union Européenne.

Je ne suis pas surprise qu’il ne m’ait pas reconnue. Il faut voir les choses en face… je ne suis rien pour lui, une jeune fille d’à peine dix-huit ans avec qui il a passé quelques heures un soir, cinq ans plus tôt. Il n’y a aucune raison pour que je me sois distinguée et, franchement, je préférerais oublier cette époque. J’ai grandi et je suis passée à autre chose.

Non… Rien chez Cillian O’Bradaigh ne m’intéresse le moins du monde car il n’est vraiment pas mon genre. Tout le monde sait que Renner Caldwell est responsable. Elle arrive au travail en avance, elle paie ses factures cinq jours avant leur échéance et elle ne s’intéresserait jamais, ô grand jamais à un musicien. C’est beaucoup trop risqué, beaucoup trop fou et cela ne correspond pas à l’idée qu’elle se fait de la relation parfaite.

En m’approchant du bar, je sors les pourboires de mon tablier et commence à les compter. Les pourboires sont décents ici, même s’il est d’usage de ne pas donner plus de dix pour cent en Europe. C’est parce que notre salaire de base est bien meilleur que celui que l’on perçoit aux États-Unis. Mais nous recevons beaucoup de touristes américains et ils ont tendance à donner un peu plus, ce qui me permet de gagner pas mal d’argent. En tout cas, c’est suffisant pour louer un petit appartement et payer mes factures sans avoir à puiser dans mes économies.

Au moment où je compte le dernier Euro, une voix déclare derrière moi :

– Alors, que fait une jolie Américaine comme toi à travailler au Hibernian ?

En tournant, je découvre Cillian qui se tient juste derrière moi. Il a les mains dans ses poches arrières et se tient de manière décontractée, comme si rien au monde ne pouvait l’atteindre. Malgré sa désinvolture, ses yeux sont pleins de vitalité. Ils me mettent mal à l’aise.

– Oh, j’essaie juste quelque chose de nouveau.

Je tente de paraître détendue et insensible à sa présence mais je suis sûre qu’il peut entendre le tremblement dans ma voix.

Il s’approche et je n’ai nulle part où aller car mon dos est appuyé contre le bar. Ses jointures glissent le long de mon bras nu, un geste qui me donne des frissons presque dévastateurs. Son regard se pose sur sa propre main tandis qu’elle descend le long de mon bras et un air presque rêveur s’affiche sur son visage. Lorsque ses jointures atteignent le bout de mes doigts, sa main retombe et ses yeux se lèvent sur moi.

– Veux-tu prendre un verre avec moi ce soir ? Je suppose que tu as fini de travailler maintenant.

Mon cœur cogne dans ma poitrine et je peux encore sentir le contact de sa main sur mon bras.

– Hum… non merci. Je suis fatiguée et je dois rentrer chez moi.

Il fait un pas de plus vers moi et seuls quelques centimètres nous séparent.

– Et si je te raccompagnais chez toi, dans ce cas ?

Sa voix m’enveloppe comme une couverture chaude et je dois littéralement me retenir pour ne pas me blottir contre lui. Il est fâcheusement magnétique et le fait que je connaisse la magie de ses lèvres n’aide aucunement.

– Non, merci.

Je glisse de deux pas sur ma gauche et m’écarte de sa proximité écrasante pour retourner derrière le bar. En retirant mon tablier, je le jette en dessous et lui lance un regard. Il m’observe avec malice, ses avant-bras posés sur le bar.

– Tu sais qui je suis, ma chérie ? Je ne propose pas à beaucoup de femmes de les raccompagner chez elle.