Houphouët et Gbagbo, quelles différences ? - Zohi Bawa - E-Book

Houphouët et Gbagbo, quelles différences ? E-Book

Zohi Bawa

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Beschreibung

Houphouët et Gbagbo, quelles différences ? compare deux figures marquantes de la politique ivoirienne : Félix Houphouët-Boigny, premier président de la République, et Laurent Gbagbo, son opposant historique. Houphouët a dirigé la Côte d’Ivoire pendant 33 ans, tandis que Gbagbo, arrivé au pouvoir en 2000, a tenté sans succès d’unifier un pays profondément divisé. L’étude examine l’impact de leurs politiques sur la société ivoirienne et explore comment leurs origines culturelles respectives ont influencé leur manière de gouverner. La conclusion interroge l’avenir de la Côte d’Ivoire, en particulier après la crise postélectorale de 2010.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Zohi Bawa, diplômé de l’EHESS de Paris, est le président fondateur du CILTRA. Expert en résolution des conflits, il est l’initiateur du concept de « Médiation à l’Africaine » et a collaboré avec l’OUA pour promouvoir la paix sur le continent. En 2014, il a proposé les théories du « Pardon Sans Condition » et du « Jumelage Intranational » pour la réconciliation en Côte d’Ivoire. Son premier ouvrage, Pour une Afrique apaisée, le cas de la Côte d’Ivoire, publié en 2021, explore cette problématique essentielle.

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Seitenzahl: 79

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Zohi Bawa

Houphouët et Gbagbo,

quelles différences ?

Essai

© Lys Bleu Éditions – Zohi Bawa

ISBN : 979-10-422-6983-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Je dédie cet ouvrage à toute ma famille,

principalement à mon épouse

Zohi Gbannety Rose, née Doua.

À tous mes enfants

et à toute la famille Zohi.

Félix Houphouët-Boigny

Félix Houphouët-Boigny est un homme politique français, puis homme d’État ivoirien, né Dia Houphouët le 18 octobre 1905 à N’Gokro et mort le 7 décembre 1993 à Yamoussoukro.

Nommé 1er ministre de la Côte d’Ivoire le 1er mai 1959, Houphouët restera à ce poste jusqu’au 3 novembre 1960.

Devenu président de la République de Côte d’Ivoire le 27 novembre 1960, Félix Houphouët-Boigny sera réélu successivement les 7 novembre 1965, 29 novembre 1970, 16 novembre 1975, 12 octobre 1980, 27 octobre 1985 et 28 octobre 1990. Mort en 1993, Félix Houphouët-Boigny sera resté à la tête de la République de Côte d’Ivoire plus de 33 ans.

Laurent Gbagbo

Laurent Gbagbo, né Koudou Laurent Gbagbo le 31 mai 1945 à Gagnoa, est un historien, écrivain et homme d’État ivoirien. Fondateur du Front Populaire Ivoirien (FPI), il est connu comme un opposant de Félix Houphouët-Boigny.

Élu président de la République de Côte d’Ivoire en octobre 2000, Laurent Gbagbo prend la tête d’un pays profondément divisé. À la suite de ce qu’il est convenu d’appeler la « crise post-électorale » de 2010, le Président Laurent Gbagbo est arrêté le 11 avril 2011, puis déporté à la Cour Pénale Internationale (CPI).

Jugé, acquitté puis libéré, Laurent Gbagbo rentre dans son pays en 2021 et décide d’abandonner son parti, le Front Populaire Ivoirien (FPI) pour créer un nouveau parti politique dénommé Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) qu’il compte utiliser pour continuer son combat politique.

Introduction

La vie politique de la Côte d’Ivoire a été marquée depuis l’indépendance de ce pays en 1960 par deux grandes figures : Félix Houphouët-Boigny et Laurent Gbagbo.

Le premier a dirigé le pays pendant plus de trois décennies, de 1960 jusqu’en 1993, date de sa disparition. Malgré les critiques que l’on peut formuler à son égard et à l’égard de la politique qu’il a menée durant ce long règne, le peuple de Côte d’Ivoire reconnaît en Félix Houphouët-Boigny un grand homme d’État, un président et un homme politique d’une très grande envergure.

Le second, Laurent Gbagbo, est connu comme le plus grand opposant au régime d’Houphouët-Boigny. Après le premier coup d’État de décembre 1999 qui emportât le pouvoir du Président Henri Konan Bédié, Gbagbo accède au pouvoir d’état en 2000 à la suite d’une élection présidentielle controversée. Il hérite ainsi d’un pays divisé et en crise. Pendant près de 10 longues années, le Président Laurent Gbagbo va essayer de réconcilier les Ivoiriens en vain. L’homme sera arrêté, déporté et injustement emprisonné à La Haye à la Cour Pénale Internationale (CPI) de 2011 à 2021. Mais malgré ces longues et éprouvantes années de détention, le Président Laurent Gbagbo est resté dans le cœur des Ivoiriens.

Ce que l’histoire retiendra de ces deux grands leaders politiques ivoiriens, c’est incontestablement qu’ils ont inscrit à jamais leurs noms respectifs dans le « marbre » du pays des Éléphants d’Afrique.

L’on sait que Laurent Gbagbo a farouchement combattu le régime de Félix Houphouët-Boigny. Mais qu’est-ce qui oppose vraiment les deux hommes ? Houphouët et Gbagbo, quelles différences ?

Gbagbo n’est pas Houphouët ! En effet, tout tend à séparer les deux hommes : leurs origines culturelles, mais aussi leurs visions politiques.

Houphouët-Boigny est Baoulé. Les Baoulés en Côte d’Ivoire appartiennent à la grande famille des Akans venus du Ghana il y a plus de douze siècles. Ce groupe est de régime matriarcal. Le régime matriarcal est un mode de filiation dans lequel l’ascendance maternelle est prise en compte pour la transmission du nom, des privilèges, de l’appartenance à un clan ou à une classe1. Laurent Gbagbo, lui, appartient à l’ethnie Bété issue du grand groupe Krou venu de l’ouest du pays. Et ce groupe est de régime patriarcal. Dans le régime patriarcal, la forme de la famille et de l’organisation sociale est basée sur le mâle, c’est-à-dire sur le patriarche.2

L’appartenance de ces deux leaders politiques ivoiriens à chacune des deux modes d’organisations sociales très différentes semble avoir exercé une grande influence sur la façon dont l’un et l’autre ont dirigé le pays. En effet, le peuple Baoulé issu du régime matriarcal d’une part et le peuple Bété issu du régime patriarcal d’autre part ont des conceptions différentes de la notion du pouvoir et de l’exercice de ce pouvoir. Et cela va donc influencer leurs manières de diriger la Côte d’Ivoire dont ils deviennent successivement présidents de la République, en 1960 pour Félix Houphouët-Boigny, et en 2000 pour Laurent Gbagbo.

Par ailleurs, les modèles de société proposés par les deux dirigeants diffèrent également. On peut considérer que le président Félix Houphouët-Boigny a construit son modèle politique sur le capitalisme, alors que le président Laurent Gbagbo a plutôt eu une vision politique plus proche du socialisme.

Cependant, Houphouët et Gbagbo ont quelque chose d’essentiellement important en commun : l’amour de son pays pour l’un, Félix Houphouët-Boigny, et l’amour de son peuple pour l’autre, Laurent Gbagbo. Houphouët a aimé passionnément la Côte d’Ivoire, son pays et Gbagbo a aimé énormément son peuple, les Ivoiriens. Le président Félix Houphouët-Boigny a tellement aimé son pays qu’il vendît son âme au diable pour à tout prix construire ce qu’il a appelé « l’Éléphant d’Afrique ». Cette idée sera développée dans la partie consacrée aux conséquences de la politique menée par le Président Houphouët-Boigny, notamment par rapport à la présence française dans la vie économique et politique de la Côte d’Ivoire. Le président Laurent Gbagbo, de son côté, a tellement aimé son peuple qu’il réveillât le monstre qui s’était assoupi, mais qui ne dormait pas. La responsabilité du Président Gbagbo sera également évoquée dans cette partie de l’étude, notamment par rapport aux erreurs qu’il a commises dans sa politique de vouloir à tout prix réconcilier les Ivoiriens.

Enfin, après sa libération de la prison de La Haye aux Pays-Bas où il fut détenu près de dix longues années, le Président Laurent Gbagbo semble se lancer dans un nouveau combat dont les enjeux dépassent les frontières de la Côte d’Ivoire. Visiblement attendu par toute une jeunesse africaine consciente de ces enjeux et des défis à relever pour libérer le continent du joug de l’impérialisme occidental, que peut faire le leader charismatique Koudou Laurent Gbagbo ? De cet ultime combat, très probablement le dernier de sa vie politique, Laurent Gbagbo sortira-t-il victorieux ? En tout cas, Le Woody de Mama a décidé de mener ce dernier combat : « Je suis un soldat, et je suis au garde-à-vous », dira-t-il.

La culture sépare les deux hommes !

Partie I

Houphouët et Gbagbo, le choc des cultures

Houphouët-Boigny, le président de la République de Côte d’Ivoire se considère comme un chef de tribu et assimile le pays dont il est le président, à une basale ethnie, à l’ethnie Baoulé, son ethnie d’origine. Pourquoi ?

Chapitre 1

Houphouët, le chef de tribu

1. La question de la succession du président

de la République de Côte d’Ivoire

Pendant la très longue conférence de presse qu’il tint en octobre 1985, à l’Hôtel Ivoire, à Abidjan (Côte d’Ivoire), peut-être la plus longue conférence de presse jamais réalisée (5 heures 30 minutes), le Président Félix Houphouët-Boigny a essayé de répondre aux questions de près de 150 journalistes venus du monde entier pour l’interroger. Parmi les nombreux sujets abordés à cette conférence se trouve la fameuse question de sa succession. Et la question posée par un journaliste au Président est la suivante : avez-vous pensé, Monsieur le Président, à votre succession ? La question semblait très importante aux yeux de beaucoup d’observateurs, mais également aux yeux de nombreux hommes politiques ivoiriens. Et pourtant l’on constate que cette question fondamentale reste « tabou » dans le pays, car personne en Côte d’Ivoire n’ose l’aborder ouvertement. Seuls quelques journalistes « téméraires » osent poser la question à Houphouët-Boigny. Et à cette fameuse question, le Président répond inlassablement : « Au pays Baoulé, de son vivant, personne ne parle de la succession du Chef».

Houphouët-Boigny ignorait-il le fait que beaucoup de personnes brûlaient d’envie de lui poser cette question ? Non, le Président ne pouvait pas ignorer cela. Alors pour quelles raisons aurait-il donc décidé de taire sa réponse à cette question ?

Dans « Houphouët parle », le Président déclare ceci, je cite : « Que n’a-t-on pas dit et écrit durant ces cinq années ! Mais je suis à l’écoute de mon peuple. Pendant cinq ans, des cadres, mais surtout de vieux sages du pays profond, ont défilé devant moi et m’ont expédié des lettres. Tous m’ont rappelé que je suis ici le chef coutumier… »3 fin de citation.