InqEnqIncEnc – Les Inquiétantes Enquêtes d’Incoming Encounters - S.01 – ép.09 - Sherdan de Sheratan - E-Book

InqEnqIncEnc – Les Inquiétantes Enquêtes d’Incoming Encounters - S.01 – ép.09 E-Book

Sherdan de Sheratan

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Beschreibung

Après des aventures hautes en couleur dans le comté de Westmeath, Denis Hurvoas est loin d'être au bout de ses surprises dans cette nouvelle enquête frissonnante.
Grèce. Parapougki, hameau de cent âmes à tout juste quarante kilomètres au nord-ouest de Kalamata.

Élena, une belle jeune femme, qui porte des lunettes noires pour dissimuler sa cécité, se fait embaucher à l’entretien les oliviers. Elle se promène tranquillement dans l’oliveraie, lorsque surgit derrière elle une silhouette menaçante, celle d’Ioúlios Vrachopoulos, un macho notoire.
Sans tarder, il se jette sur elle. S’ensuit une longue et déchirante plainte...
Question de point de vue est le 9e épisode de la série InqEnqIncEnc - Les Inquiétantes Enquêtes de l'Agence Incoming Encounters.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Sherdan de Sheratan est né en 1972 et a toujours été fasciné par l’imaginaire. Connu pour sa saga Aventures Arcanes, l'auteur travaille actuellement sur une série d'enquêtes fantastiques : InqEnqIncEnc – Les Inquiétantes Enquêtes de l'Agence Incoming Encounters, un feuilleton littéraire divisé en épisodes mêlant légendes urbaines, créatures surnaturelles, paranormal et bien plus si affinités...



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S.01 – ép.09 : Question de point de vue

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Catégorie : Feuilleton fantastique

www.compagnie-litteraire.com

Six semaines auparavant

Tous les villageois la dévisageaient avec un mélange de méfiance et de curiosité, mais Élena n’en avait cure. Elle marchait d’un pas assuré avec une classe peu commune chez une saisonnière venue aider à l’entretien des oliviers en plein milieu du mois de mai. Au départ, le propriétaire de l’oliveraie l’avait regardée se présenter pour l’emploi avec un air sceptique. En effet, sa canne blanche et ses lunettes noires ne laissaient aucune place au doute : elle était aveugle et pouvait donc poser pas mal de problèmes à son potentiel employeur.

Cependant, sa voix douce et chaude, sa peau cuivrée par le soleil, son opulente chevelure qui dépassait de son chapeau de paille rustique et ses formes avantageuses avaient eu tôt fait de convaincre l’homme qui lui faisait face. Elle avait l’habitude de duper les brutes et les machos qui pullulaient dans le Péloponnèse et avait appris depuis longtemps à user de ses charmes sans pour autant suggérer que son interlocuteur pût avoir la moindre chance avec elle.

Parapougki avait tout pour la séduire. Ce hameau niché à la bordure de la Messénie, à tout juste quarante kilomètres au nord-ouest de Kalamata, était peuplé d’à peine une centaine d’âmes. C’était un village rural, au climat aride, où les habitants gagnaient leur pitance à la sueur de leur front en récoltant à la main les kalamons. Ces belles olives violettes et charnues, originaires de la région de Kalamata, servaient à préparer de délicieuses tapenades ou se croquaient entières, marinées dans du vinaigre ou de l’huile d’olive.

Élena bénéficia d’un traitement de faveur en raison de son handicap : une chambre particulière dans la demeure du propriétaire en lieu et place des granges aménagées où séjournaient habituellement les saisonniers. Cette chambre était indépendante du corps de ferme et débouchait directement sur la cour. Elle dut néanmoins se mettre dès le lendemain au travail, mais d’ici là elle avait le temps de faire quelques courses à Desyllas, à moins d’un kilomètre de l’exploitation.

Élena aimait le vent qui soufflait dans les hauteurs, amenant avec lui le parfum de la lointaine mer Ionienne mêlé à celui du bois des oliviers, du thym sauvage, de la pierre cuisant au soleil de Grèce et des épices dont les matriarches assaisonnaient les plats préparés pour leurs maris qui ne rentreraient pas avant la tombée de la nuit.

Elle ne se souvenait plus depuis combien de temps elle n’était pas revenue dans la région. Si les maisons et les gens avaient changé, la route demeurait la même, hormis cette hideuse et pestilentielle couche de goudron collant qui la recouvrait. Elle ne comprenait pas pourquoi les hommes s’évertuaient à employer cette répugnante substance pour protéger les roues de leurs précieuses voitures. Elle avait toujours préféré sentir les gravillons et le sable chaud sous ses pieds nus quand elle déambulait entre la Messénie et la Laconie. Et Pylos lui manquait tellement…

***

Le mois de juin était maintenant bien entamé et le travail devenait de plus en plus pénible. En vue de la récolte de décembre, il fallait inspecter chaque arbre et s’assurer qu’aucun d’entre eux n’était malade ou parasité. Ensuite, il fallait les entretenir en les taillant de façon à faire en sorte que le soleil pénétrât bien dans leurs frondaisons, garantissant ainsi une fructification abondante. Et lorsqu’il n’y avait plus de bons soins à prodiguer aux arbres centenaires, les olives de l’année dernière devaient encore être conditionnées à la main avant d’être expédiées aux quatre coins du monde. La jeune femme ne chômait donc pas.

Bien évidemment, les ouvriers se précipitaient régulièrement pour l’assister, mais Élena leur signifia fermement qu’elle n’avait nullement besoin de leur aide. Elle savait très bien que tous ces jeunes hommes robustes aux muscles souples qui roulaient sous leur peau halitueuse burinée par le soleil ne cherchaient qu’à la séduire, mais elle n’avait aucune envie de s’attirer de nouveau des ennuis.

Élena se montrait extrêmement discrète, mais elle savait très bien qu’en raison de sa beauté tous les regards convergeaient vers elle dès qu’elle franchissait le seuil de la luxueuse ferme de son employeur. Ceux des hommes, lubriques, ne la dérangeaient guère, mais ceux des femmes, envieux, voire haineux, la mettaient toujours mal à l’aise.

La soirée de ce vendredi quatorze juin était chaude. Même si les nuages occultaient de temps à autre le soleil, le thermomètre affichait encore près de vingt-huit degrés. La jeune femme décida donc d’aller se promener dans l’oliveraie pour se changer les idées et quérir la fraîcheur à l’ombre des frondaisons. Il était un peu plus de vingt-deux heures et le soleil embrasait d’or rose et de topaze les collines avoisinantes. La garrigue qui les recouvrait commençait à s’agiter sous les pattes des lièvres et des campagnols qui pointaient leurs museaux hors de leurs terriers en quête de nourriture.

Élena s’assit au pied d’un olivier majestueux et se mit à rêvasser, insoucieuse de la nuit qui tombait. C’est la contemplation de la Voie lactée qui lui fit prendre conscience qu’elle s’était assoupie. La nuit était très avancée et la jeune femme se dit qu’elle n’aurait peut-être pas dû autant s’attarder. Elle se releva et vit que l’astre nocturne gibbeux, croissant, précurseur de la pleine lune, était sur le point de se coucher. À l’opposé, une ligne bleu clair barrait l’horizon, annonçant le retour du soleil. Nul ne devait savoir qu’elle feignait la cécité, aussi se maudit-elle de son imprudence :

« Mince, mince, mince! Quelle idiote je suis! »

Elle le dit à voix haute, puis se releva prestement lorsqu’elle perçut nettement le craquement des pas sur les feuilles séchées. Inquiète, elle tourna la tête dans la direction d’où provenait le bruit.

« Il y a quelqu’un? » demanda-t-elle sur un ton déterminé afin de dissimuler sa peur, mais elle n’obtint que le silence en guise de réponse. Sentant son cœur s’emballer, elle marcha d’un pas précipité entre les arbres vers les rares lumières de Parapougki qui étaient encore allumées.

D’autres bruits de craquement derrière elle la firent sursauter. Elle s’immobilisa, aux aguets, et demanda de nouveau :

« Il y a quelqu’un? Montrez-vous! »

Il lui sembla sentir un mouvement latéral entre les oliviers. Telle une biche aux abois, elle scruta le couvert des arbres, qui lui parut bien sombre dans une nuit pourtant si claire. Les troncs torturés ressemblaient à des hommes qui se tordaient de douleur, aussi pressa-t-elle encore le pas en essayant de chasser cette analogie de son esprit.

La jeune femme allait passer un olivier lorsque surgit de derrière son tronc une silhouette menaçante. Élena poussa un cri de surprise et s’arrêta net à seulement un mètre de l’importun.

« Bah alors, sublime Élena! On se promène toute seule aussi tard? »

Elle reconnut la voix d’Ioúlios Vrachopoulos. Ce travailleur saisonnier originaire d’Olympie était arrivé il y a une quinzaine de jours et lui faisait des avances insistantes qui lui déplaisaient beaucoup, car elle ressentait toute la violence qu’il peinait à refréner. Âgé d’une petite trentaine d’années, il avait une carrure de colosse et s’était déjà battu avec plusieurs ouvriers pour des motifs futiles. Ses cheveux noirs de jais et sa pilosité simiesque qui débordait de son col de chemise accentuaient son côté bestial, mais le pire était son regard si noir qu’il était difficile de distinguer les pupilles de ses iris. Ioúlios faisait peur à tout le monde, mais comme il abattait le travail de quatre hommes à lui tout seul, il bénéficiait des faveurs du patron, qui fermait volontiers les yeux sur ses incartades. Il était la dernière personne avec laquelle Élena aurait voulu se retrouver seule.

—La nuit est belle, n’est-ce pas? dit-il en s’avançant d’un pas lent, tel un prédateur tentant d’amadouer sa proie.

—Oui… elle est magnifique, répondit l’intéressée en se reculant pour se maintenir à distance de lui.

—Tu sais que je te trouve vraiment à mon goût, Élena? lâcha-t-il sur un ton faussement désinvolte.

Mais la jeune femme perçut un éclat inquiétant dans le regard ténébreux et se recula encore.

—Allons! Cesse de faire ta mijaurée. Je sais très bien que tu as envie de t’amuser un peu…

—Absolument pas, Ioúlios. Je veux seulement rentrer pour me reposer quelques heures.