Isaac de Ninive - Collectif - E-Book

Isaac de Ninive E-Book

Collectif

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Beschreibung

EditorialLes pre­miers temps du chris­tia­nisme sont l’un des domaines les plus tra­vaillés aujourd’hui. Les carac­té­riser est parfois dif­ficile. Le terme de judéo-​​christianisme, qui était le titre des Ren­contres de patris­tique de Car­cas­sonne de l’été 2009, dont nous publions les textes, est parfois énig­ma­tique et ne fait pas l’unanimité des cher­cheurs. En un article d’ou­verture, Simon Claude Mimouni pré­sente un appré­ciable état de la question et précise les rap­ports entre judaïsme et chris­tia­nisme dans les pre­miers siècles. La triple défi­nition que pro­posait Jean Daniélou est tou­jours d’actualité et éclaire les dif­fé­rentes contri­bu­tions à ce numéro. Dans sa Théo­logie du judéo-​​christianisme le célèbre patro­logue disait que le terme de judéo-​​christianisme « peut désigner d’abord des Juifs qui ont reconnu dans le Christ un pro­phète ou un messie, mais non le Fils de Dieu, et qui consti­tuent un groupe inter­mé­diaire entre juifs et chré­tiens ». C’est appa­remment le cas de l’auteur du Roman clé­mentin ou encore des ébio­nites que pré­sentent res­pec­ti­vement Bernard Pou­deron et Gilles Dorival. La deuxième défi­nition désigne « la com­mu­nauté de Jéru­salem, dominée par Jacques ». C’est peut-​​être à cette com­mu­nauté que se rat­tachent ceux qui espé­raient la recons­truction du Temple et qu’évoque Fran­çoise The­lamon. La troi­sième renvoie à « une forme de pensée qui n’implique pas de lien avec la com­mu­nauté juive, mais qui s’exprime dans des cadres empruntés au judaïsme. Le mot a alors un sens plus large et désigne les chré­tiens venus du judaïsme », comme l’explique Marcel Metzger. Toute une lit­té­rature inter­mé­diaire entre judaïsme et chris­tia­nisme s’est éga­lement déve­loppée, celle des apo­cryphes que pré­sentent Daniel Vigne et Rémy Gou­nelle. S’y ajoutent dif­fé­rents groupes judéo-​​chrétiens : les nâsara… qu’étudie Marlène Kanaan. C’est à ce milieu fort diver­sifié, que nous introduit ce numéro de Connais­sance des Pères de l’Église, ce milieu où ont vécu le Christ, les Apôtres et les pre­mières géné­ra­tions chré­tiennes, issues le plus souvent du judaïsme ou reprenant ses cadres, en les réinterprétant.
Marie-​​Anne VANNIER

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« La prière pure n’est jamais exempte d’impressions et de pensées matérielles. Sinon, il ne s’agirait plus de prière, mais d’une révélation qui serait arrivée. C’est uniquement à l’étape des révélations que la pensée est privée d’images et de ressemblances, et qu’elle se tient au-delà des impressions et de la matière, comme l’a dit Évagre : “L’intellect qui regarde Dieu au temps de la prière est libre des impressions et de la matière”, ce qui en fait une révélation au-delà de la parole. Sinon, toute prière vocale, dans la mesure où la pensée y demeure pure, ne peut pas être au-delà des impressions. Il ne dépend pas de nous que des pensées étrangères circulent ou ne circulent pas en nous au temps de la prière ; mais s’y arrêter pour les méditer ou ne pas s’y arrêter, cela dépend de nous […]. L’ouvrage du priant est de se tenir dans la vigilance, afin de garder pure sa pensée, et de la détacher sans cesse de ce qui la lie aux objets, jusqu’à ce qu’il atteigne la conduite spirituelle et qu’en priant, il soit élevé au-delà de la lutte, parce que sa pensée aura été élevée au-delà de toutes les formes du monde présent. »

ISAAC LE SYRIEN, Œuvres spirituelles II, Centurie III,

§ 11, Bellefontaine, Spiritualité orientale n° 81, 2003,

pp. 201-202.

Sommaire

Isaac de Ninive

CPE n° 119

Éditorial — Marie-Anne VANNIER

Isaac de Ninive — Sebastian BROCK

Solitude, humilité et souvenir de la mort. Quelques éléments de la doctrine ascétique d’Isaac de Ninive — Hilarion ALFEYEV

L’importance du corps dans la prière selon l’enseignement d’Isaac de Ninive — Sabino CHIALÀ

La dette d’Isaac de Ninive envers Évagre le Pontique — Paul GÉHIN

Le couvent de Rabban Shapour et le renouveau monastique en Perse — Florence JULLIEN

In memoriam Dom André Louf

Actualité des Pères de l’Église

Éditorial

Isaac de Ninive, appelé aussi Isaac le Syrien, est un auteur que l’on redécouvre aujourd’hui et qui est l’un des plus importants des Pères syriaques. De plus, comme le souligne Sebastian Brock dans son article d’ouverture, on ne sait que depuis peu qu’il vivait aux VIIe- VIIIe siècles, c’est-à-dire à la fin de la patristique orientale, alors qu’on avait tendance, auparavant, à le situer au VIe siècle. D’autre part, la deuxième partie de son œuvre : les 41 Discours ont été découverts récemment et identifiés par Sebastian Brock dans un manuscrit de la Bodleian Library. Ils ont été traduits en français[1] par Dom André Louf qui vient de nous quitter.

Ce numéro de Connaissance des Pères de l’Église, dont Colette Pasquet est le maître d’œuvre, est donc une première dans la présentation d’Isaac, d’autant que les meilleurs spécialistes de l’auteur, Sebastian Brock, Mgr Hilarion Alfeyev[2] et Sabino Chialà, ont accepté d’y apporter leur contribution, sans oublier Paul Géhin qui précise l’influence d’Évagre, non seulement sur le vocabulaire, mais aussi sur la pensée d’Isaac.

L’article de Mgr Hilarion est une contribution fondamentale à l’étude de notre auteur. Il y explique qu’« Isaac se révèle comme l’un des auteurs les plus originaux, non seulement dans la tradition syrienne-orientale, mais aussi dans la littérature mystique chrétienne universelle. Son originalité ne vient pas d’une quelconque opposition à la tradition commune, mais elle est due plutôt à un langage nouveau, et même, en bien des cas, à des solutions nouvelles aux problèmes anciens » (p. 14). Ainsi présente-t-il la solitude comme expression de l’union à Dieu, l’humilité comme l’écho de la kénose… C’est à l’intériorité qu’Isaac invite, comme le fait également ressortir Sabino Chialà. De plus, l’anthropologie qu’il propose n’est pas dualiste, mais proche de la vision hébraïque, elle met l’accent sur l’unité de l’être humain.

Afin de situer Isaac dans le contexte qui a été le sien, Florence Jullien présente le couvent de Rabban Shapour où a vécu Isaac.

Avec ce dossier sur Isaac, nous pénétrons dans la patristique syriaque et envisageons un auteur dont la pensée a encore une réelle actualité et qui n’est pas sans faire penser à Eckhart par l’accent qu’il met sur l’intériorité.

Marie-Anne VANNIER

[1].Œuvres spirituelles II, 41 Discours récemment découverts, Bellefontaine, Spiritualité orientale n° 81, 2003.

[2]. H. Alfeyev, L’Univers spirituel d’Isaac le Syrien, Bellefontaine, Spiritualité orientale n° 76, 2001.